République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1995
Proposition de motion de Mmes et M. Roger Deneys, Irène Buche, Marie Salima Moyard, Christine Serdaly Morgan, Lydia Schneider Hausser, Jacqueline Roiz : Renforçons la sécurité routière grâce à une meilleure complémentarité entre transports publics et vélos : pour que les vélos puissent être transportés dans les trams en dehors des heures de pointe

Débat

M. Antoine Droin (S). On sait que dans certaines grandes villes comme Zurich, Bâle, Berne - ou Copenhague et Strasbourg, en dehors de la Suisse - il est possible de prendre son vélo dans les transports publics. A Genève, et je cite les propos des TPG qui figurent en page 3 de la motion: «Les vélos repliés rendus peu volumineux et assimilables à des bagages à main sont admis et transportés gratuitement à bord des véhicules pour autant qu'ils ne causent aucune gêne aux autres voyageurs. Les vélos non pliables peuvent être transportés dans les véhicules TPG les samedis, dimanches et jours fériés, sur toutes les lignes régionales - A à Z - et uniquement sur celles-ci.»

Cela veut dire que c'est parfaitement interdit au centre-ville, ce qui est très dommage, car il faut savoir qu'une partie de la population vit à la périphérie du centre-ville. Certaines personnes pourraient utiliser leur vélo, par exemple lorsque leur voiture est en panne; de même que des jeunes qui rentreraient tardivement seraient enchantés de pouvoir mettre leur vélo dans les transports publics. Il ne faut pas oublier non plus qu'en ville de Genève les 36% de la population n'ont pas de voiture. Ces personnes sans voiture pourraient aussi être intéressées, à un moment ou à un autre, par la possibilité de mettre leur vélo dans les transports publics. C'est pour cette raison que notre parti a déposé cette motion.

Par conséquent, nous vous invitons non seulement à la soutenir, mais à la renvoyer à la commission des transports.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. André Python. (Le président est interpellé.) Pour les motions, c'est à la fin qu'on vote, Monsieur le député !

M. André Python (MCG). Suite à l'acceptation de l'initiative 144 par le peuple, des pistes cyclables et des bandes cyclables vont bientôt couvrir tout le canton. Les cyclistes ont déjà largement pris possession des trottoirs et des voies piétonnes; ne les laissons pas prendre l'un des rares lieux où le piéton peut encore être en sûreté, sans risquer de se prendre les jambes dans les pédales ou les roues des vélos ! Par ailleurs, sur certaines lignes de trams, il est difficile de définir quelle est l'heure de pointe... Le groupe MCG vous demande donc de rejeter cette motion.

M. Stéphane Florey (UDC). Monsieur le président... (L'orateur est interpellé.) Non, pas du tout ! (Rires.) Transporter les vélos dans les trams induit un certain danger... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Voilà pourquoi c'est interdit, principalement dans les trams, car rien n'est prévu pour fixer les vélos. En cas de freinage en urgence, si un vélo part... je ne vous explique pas les dégâts que cela pourrait causer.

Ensuite, il faudrait déterminer ce qu'est, de nos jours, une heure de pointe dans un tram ! Dès leur sortie du dépôt - et jusqu'à leur rentrée - les trams sont aussitôt bondés, les usagers sont déjà très nombreux et il n'y a plus de place pour les vélos.

Comme l'a indiqué M. Droin, les vélos ne sont acceptés que les dimanches, sur les lignes de campagne. Pour quelle raison ? Parce que ce sont des lignes très peu fréquentées et qu'il a été admis qu'il fallait pouvoir, en cas de crevaison ou de pluie, dépanner des cyclistes en les admettant dans le bus. Or ce n'est pas possible dans les trams, car, comme je viens de l'expliquer, les vélos peuvent présenter un danger en cas de freinage d'urgence.

C'est la raison pour laquelle nous refuserons cette motion, et je vous invite vivement à faire de même.

M. Roger Deneys (S). Je vous remercie par avance de bien vouloir accepter de renvoyer cette motion à la commission des transports. (Brouhaha.)

C'est vrai que cette problématique peut paraître anecdotique, voire irréelle à certains d'entre vous, mais c'est une possibilité qui existe dans d'autres villes en Suisse et en Europe. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) A mon avis, cette motion mérite au moins d'être étudiée pour savoir s'il serait possible d'offrir cette opportunité à Genève.

Je reconnais toutefois bien volontiers un défaut majeur à ma proposition: je suggère d'admettre les vélos en dehors des heures de pointe - mais on sait que, pour les trams à Genève, l'heure de pointe, malheureusement, commence à 6h du matin et finit à 23h... Je vous propose néanmoins d'étudier cette possibilité en commission des transports. Il me semble que, comme cela se fait dans d'autres villes suisses ou, par exemple, comme cela se fait dans le métro à Copenhague, nous pourrions au moins effectuer un essai. Soyons pragmatiques: si nous nous rendons compte qu'il faut y renoncer, nous y renoncerons, mais étudions d'abord cette possibilité !

Il me semble par ailleurs que c'est un élément de sécurité pour les jeunes qui se déplacent à vélo et qui, parfois, rentrent tard chez eux; ils aimeraient sans doute mieux pouvoir prendre le bus que de rentrer en zigzaguant au bord de la route après une soirée très festive. Au nom de la sécurité publique - je vous rappelle le nombre de morts que les routes genevoises connaissent - et en pensant aux jeunes de notre canton, je vous invite à, au moins, accorder une certaine écoute à cette proposition et, donc, à la renvoyer en commission. Je vous remercie.

M. Hugo Zbinden (Ve). Nous les Verts estimons que l'invite de cette motion est tout à fait justifiée. En effet, cela peut être très pratique ou très utile de pouvoir mettre son vélo dans un tram ou dans un bus, par exemple en cas de crevaison, ou si l'on est avec des enfants, ou si l'on est surpris par un orage. Cette possibilité est offerte dans d'autres villes, il n'y a donc pas de raison que cela ne se fasse pas aussi à Genève. Les TPG ne sont malheureusement pas très souples, et je pense qu'il devrait y avoir matière à améliorer les choses pour les cyclistes. C'est la raison pour laquelle nous soutenons le renvoi de cette motion en commission.

Permettez-moi d'ajouter que nous - les Verts - n'avons pas vraiment apprécié certains considérants et l'exposé des motifs de cette motion, ni, surtout, le titre. Car il peut laisser croire que la seule manière, à Genève, de se déplacer à vélo en sécurité, c'est de l'embarquer dans un tram ! Certes, le trafic représente un certain risque pour tous les usagers de la route, mais affirmer que le vélo est particulièrement dangereux, c'est une erreur ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Et cela va surtout à l'encontre de tous nos efforts pour encourager l'utilisation du vélo.

M. Florian Gander (MCG). Quand je lis l'intitulé de cette motion: «Renforçons la sécurité routière grâce à une meilleure complémentarité entre transports publics et vélos...», laissez-moi rire ! Apprenons peut-être aux cyclistes à conduire ! Et à s'arrêter aux feux rouges ! Et à respecter les règles de la circulation ! (Commentaires.) Je suis mort de rire quand je vois une motion - qui va nous faire encore perdre un temps fou - préconiser de mettre des vélos dans un tram ! Mais de qui se moque-t-on ?

Je suis désolé, cette motion n'a rien à faire ici ! Si les cyclistes veulent utiliser leur vélo pour aller en discothèque et boire, eh bien, qu'ils fassent comme les conducteurs de moto ou de voiture: s'ils boivent, ils n'ont qu'à rentrer en taxi ou en transports en commun ! Et ils laissent leur vélo sur place. Sinon, à ce moment-là, moi je décide ce soir de faire la fête, je prends mon scooter, et puis, quand je rentre, je le mets dans le tram ! (Rires.) Non mais, il faut arrêter ! De qui se moque-t-on ? C'est vraiment, de nouveau, une motion qui vient du côté socialiste, et que je ne peux pas comprendre !

Je vous demande juste, Mesdames et Messieurs, de refuser purement et simplement cette motion ! Et nous refuserons aussi le renvoi en commission ! (Commentaires. Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Michel Ducret.

Des voix. Ah !

M. Michel Ducret (R). Mesdames et Messieurs les députés, vous voudrez bien m'excuser, mais, pour des raisons indépendantes de ma volonté, ma prononciation est un peu difficile. (L'orateur porte un pansement sur le visage.)

Il est vrai que, les soirs où l'on a un peu trop bu, on aimerait pouvoir accrocher sa voiture derrière un tram pour rentrer à la maison sans risque... C'est aussi une bonne suggestion que je vous invite à considérer, Mesdames et Messieurs les socialistes. Ce serait bien de penser aussi aux automobilistes... Et l'on pourrait peindre l'avant des trams en rouge, ça ferait «Nez Rouge», c'est très sympathique !

Quand on dit que les autres villes de Suisse... D'abord, ce n'est pas vrai. Sur les réseaux urbains, les vélos ne sont pas acceptés ! Les vélos ne sont acceptés que sur les réseaux régionaux. C'est extrêmement différent ! Il se trouve que les transports régionaux dans les villes de Berne, de Bâle et de Zurich rentrent en ville, mais ce n'est pas le cas sur les transports urbains.

Ensuite, vous avez parlé du métro... Excusez-moi, mais le gabarit entre en ligne de compte ! Je vous rappelle simplement que les trams font 2,20 mètres de large et que les métros font souvent 3,65 mètres. C'est tout à fait différent en termes de place et d'accessibilité !

Venons-en maintenant au fond. A Genève, nous avons déjà les vélos sur les trottoirs et dans les rues piétonnes; les vélos roulent à fond, les vélos sont sur nos pieds, les vélos brûlent les feux rouges, les vélos roulent à contre-sens... Bref, les vélos sont partout !

Je vous rappelle que - et c'est extraordinaire - le peuple vient d'accepter l'initiative 140 pour faciliter la circulation des vélos. Mais alors, tout d'un coup, les cyclistes ne veulent plus pédaler ! (Rires.) On a aussi inventé le vélo électrique... Mais maintenant, ils veulent pouvoir utiliser les trams ! Parce qu'il n'y a pas de toit sur le vélo ! Evidemment, c'est difficile de tenir un parapluie quand on est sur un vélo électrique... Alors il faut pouvoir prendre le tram quand il pleut. Bien sûr, le moment intéressant, pour prendre le tram, c'est lorsqu'il fait mauvais temps ! Le cycliste entre dans le tram et prend la place de trois usagers... Tout en ne payant qu'un billet ! (Exclamations.) Son vélo est bien dégoulinant et va «dégueulasser» les sièges - excusez ce terme, Monsieur le président ! Il va salir les sièges et salir les habits des autres usagers qui, la prochaine fois, préféreront prendre leur voiture - ou le taxi, s'ils en ont les moyens.

Une voix. Le vélo !

M. Michel Ducret. Ou bien ils iront à vélo, eux ! Mais vraiment à vélo !

Le président. Monsieur le député, il vous reste vingt secondes !

M. Michel Ducret. Donc, résultat des courses, c'est une mesure tout à fait contre-productive et qui serait très négative pour encourager l'usage des transports publics.

Mesdames et Messieurs les députés, pour d'obscures raisons qui m'échappent totalement, le groupe PLR soutient malgré tout le renvoi de cette motion en commission... (Exclamations.) J'ai pas compris... Je n'ai pas compris pourquoi ! Mais...

Le président. Monsieur le député, vous devez conclure !

M. Michel Ducret. Mais, pour ma part, je ne voterai en tout cas pas ce renvoi. Et je demande le rejet immédiat de cette proposition.

Des voix. Ah !

M. François Gillet (PDC). Cela va être difficile... (Rires.) J'aimerais tout d'abord vous dire qu'au PDC nous ne sommes pas des anti-cyclistes primaires... (Exclamations.) Et j'ajouterai à l'endroit de mes deux préopinants que j'arriverai aux mêmes conclusions que les leurs, mais en passant par un chemin différent.

Nous, au PDC, et vous le savez, nous croyons à la complémentarité des modes de transport, nous avons du reste activement soutenu l'initiative 144. Il nous paraît cependant que l'enjeu est maintenant d'améliorer la sécurité des cyclistes non pas en leur ouvrant tout grand les portes des trams, mais en améliorant le réseau, en améliorant la sécurité du réseau, en le complétant et en l'aménageant. C'est là l'enjeu, Mesdames et Messieurs les députés !

Nous pensons, s'agissant des trams, que l'entrée en vigueur du concept des lignes est le défi à relever. Vous le savez, une petite révolution se prépare à ce sujet pour la fin de l'année: nous espérons que le report modal se fera massivement et que davantage d'usagers emprunteront le tram. Si cela fonctionne, nous pouvons imaginer que les heures creuses seront plus rares, ce qui laissera peu de place pour les vélos. Je rappelle au passage qu'il est aussi important, dans les trams, de laisser de la place disponible pour les poussettes, qui doivent également pouvoir accéder au tram à tout moment.

Par conséquent, oui à la promotion des vélos à Genève, mais non à cette proposition qui ne paraît effectivement pas la plus adaptée à la situation. Le PDC refusera donc cette motion.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Patrick Lussi, à qui il reste une minute vingt.

M. Patrick Lussi (UDC). Merci, Monsieur le président. Je serai bref. Je profite de cette occasion pour dire - une fois de plus - une chose qui va vous fâcher: le vélo est sans doute le moyen de locomotion le plus discriminatoire de notre société ! (Exclamations.) En effet, si vous n'êtes pas jeune, pas en bonne santé, si vous manquez de souffle, si vous n'avez pas ci, si vous n'avez pas ça, eh bien, ça limite l'usage du vélo ! De plus, quand la pluie arrive, il faut rentrer à pied... A propos de discrimination, je rappelle qu'en général les gens n'ont pas le choix - du reste, mon préopinant a relevé tout à l'heure avec humour que, lorsqu'un automobiliste prend sa voiture, il n'a pas le choix de changer de mode transport. Soit on va à pied, soit on utilise les transports publics, soit on prend sa voiture.

Mesdames et Messieurs les députés, j'ai eu l'occasion il y a quelque temps - car j'utilise les transports publics - de voir, à midi et demi, place du 1er-Août - et vous allez encore me dire que j'en veux aux jeunes - eh bien, j'ai vu un jeune entrer avec son vélo dans un bus bondé: il a bousculé tout le monde, notamment une dame avec une poussette. Et, bien entendu, pour ne pas risquer un esclandre, voire une rixe, personne n'a rien osé lui dire ! Mesdames et Messieurs les députés, cette proposition peut vous sembler être une bonne idée, or son application serait désastreuse.

Le président. Monsieur le député, il vous faut conclure !

M. Patrick Lussi. L'UDC vous demande donc de rejeter purement et simplement cette proposition de motion.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est au cycliste Alain Meylan.

Des voix. Ah !

M. Alain Meylan (L). Monsieur le président, comme vous l'avez dit en préambule, j'ai effectivement l'occasion de me déplacer à vélo. Mais c'est un choix: soit je me déplace à vélo, et à ce moment-là je compte sur lui pour rentrer; soit je décide d'utiliser les transports publics, ou un véhicule individuel motorisé, qu'il s'agisse d'un scooter ou d'une voiture. Et je crois qu'il faut en rester là. Sous réserve de remettre en question l'initiative 144 ! Ce que je suis prêt à faire si les députés des bancs d'en face sont d'accord. Car il ne sert à rien d'imaginer réaliser des pistes cyclables qui vont coûter des dizaines de millions, comme cela a été dit récemment, alors qu'il existe, à côté, une ligne de tram qui pourrait servir de piste cyclable. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Là, nous serions en parfaite contradiction par rapport à tout ce qu'on a fait.

Il me semble donc que cette proposition de motion ne peut pas être soutenue, à moins - à moins ! - que le Conseil d'Etat ne réalise ce qu'il a prévu dans le discours de Saint-Pierre ! Si vous relisez attentivement ce discours, vous verrez que le Conseil d'Etat a prévu des trams commerciaux, c'est-à-dire des trams qui pourraient transporter de la marchandise. (Brouhaha.) Cela figure dans le discours de Saint-Pierre ! Et s'il est possible de convoyer de la marchandise par ce biais, alors pourquoi ne pas, à ce moment-là, permettre aux cyclistes de mettre leur vélo dans ces trams dits «de marchandises» ? Pourquoi pas ? Je le redis: cela figure dans le discours de Saint-Pierre du Conseil d'Etat.

J'attendrai donc la réponse de Mme la conseillère d'Etat sur ce point. Si elle nous répond qu'elle pense pouvoir d'ici à quelques mois mettre à disposition des entreprises ce moyen de transport de marchandises, et, pourquoi pas, envisager de transporter des vélos, il faudra peut-être aussi prévoir une manière de fixer les vélos et les casques - cela va bientôt être obligatoire pour les vélos électriques - pourquoi pas... Mais non, arrêtons.

Je crois que cette motion a suscité assez de discussions. Elle était fort sympathique, mais rejetons-la !

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Roger Deneys, à qui il reste une minute trente.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, on ne mène pas une politique publique avec des anecdotes ! (Commentaires.) Cette problématique... (Commentaires. Le président agite la cloche.) ...est une réalité.

Et vous avez beau gloser et suggérer que les gens prennent un taxi pour rentrer chez eux en fin de soirée, la possibilité de mettre un vélo dans un transport public est offerte dans beaucoup de grandes villes. Mon collègue Manuel Tornare m'a rappelé pertinemment qu'à Berlin il était possible... (Brouhaha.) ...de transporter, dans tous les trams, les vélos, quand c'était nécessaire ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Et, la réalité, c'est qu'il n'y aura pas d'invasion de vélos dans les trams, ça n'est le cas nulle part ! Il s'agit juste d'offrir une possibilité. Et si elle permet de sauver ne serait-ce qu'une vie, elle vaut la peine d'être étudiée ! (Brouhaha.)

Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à renvoyer à la commission des transports cette proposition de motion, qui est basée sur des expériences pratiquées au quotidien dans d'autres villes. Je comprends bien vos doutes, je comprends bien vos craintes, mais, au moins, étudions cette problématique, afin de pouvoir nous prononcer sur la base de chiffres concrets. Sachons ainsi combien il pourrait y avoir de vélos dans les trams ! Si c'est moi qui vous donne des chiffres, je sais bien que vous ne me croirez pas; il serait bien plus utile...

Le président. Monsieur le député, il vous faut conclure !

M. Roger Deneys. ...qu'un expert puisse vous donner des informations à ce sujet ! Il ne s'agit pas d'une question de démagogie, mais d'une question de pragmatisme. Donc renvoyons cette motion à la commission des transports, je vous en remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Olivier Sauty, à qui il reste une minute vingt.

M. Olivier Sauty (MCG). Merci, Monsieur le président, je n'aurai pas besoin de tout ce temps ! En quelques mots, je dirai que, personnellement, je ne suis pas un adepte de la vélosophie. Quoi qu'il en soit, le MCG vous invite à refuser fermement cette motion ainsi que son renvoi à la commission des transports. Car, si d'aventure elle était acceptée, on ouvrirait la boîte de Pandore ! Si demain les vélos étaient autorisés dans les trams, j'ai l'intime conviction que les groupes d'en face nous proposeraient sous peu de faire des pistes cyclables dans les trams ! Je vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à refuser cette motion.

Des voix. Très bien ! Bravo !

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Plusieurs solutions sont possibles. Mais il a sans doute échappé au député motionnaire que le règlement des TPG a été modifié après le dépôt de sa motion. Il est actuellement possible, les dimanches et les jours fériés, de mettre son vélo dans le tram ou le bus; il faut cependant payer un billet supplémentaire pour le vélo, élément qui a réfréné l'expansion de cette façon de se déplacer.

Cela soulève cependant d'autres problèmes, comme le manque de place pendant les heures de pointe, heures qui s'étendent de plus en plus. Comme il l'a été relevé, cela peut faire courir des risques aux autres voyageurs - il est vrai qu'il n'est pas forcément agréable pour les usagers des TPG d'être heurtés par un vélo - et cela peut aussi augmenter la durée du parcours, car il n'est pas toujours facile de charger un vélo dans un bus. Quoi qu'il en soit, les TPG offrent maintenant cette possibilité durant les dimanches et les jours fériés.

De toute façon, la solution d'avenir, ce n'est pas de pouvoir mettre son propre vélo dans le tram - à moins d'avoir un vélo pliable - mais de passer au vélo en libre-service, solution que nous proposerons en fin d'année prochaine ou en 2013. L'avenir, ce sera de prendre le tram et, à sa descente, de pouvoir disposer d'un vélo; l'avenir, c'est, de la propriété, de passer à l'usage. C'est cela la modernité. Et exceptionnellement, le dimanche, les cyclistes peuvent déjà mettre leur propre vélo dans un moyen de transport collectif, le règlement ayant été assoupli à la demande des usagers. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)

Je pense qu'on peut à la fois refuser cette motion et donner gain de cause aux motionnaires, puisque le règlement des TPG a déjà anticipé leur demande autant que faire se peut.

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Avant de passer au vote, je voudrais vous dire, Mesdames et Messieurs les députés, que je vais prendre congé de vous dans quelques jours, mon année de présidence prenant fin. J'ai beaucoup aimé exercer cette fonction; d'ailleurs, je ne suis pas certain d'ouvrir les candidatures pour ma succession... Si j'ai pu effectuer ma tâche, c'est grâce à l'équipe de présidence élargie dont j'ai bénéficié. Je tiens à remercier particulièrement Pierre Losio, Elisabeth Chatelain, Fabiano Forte, Eric Bertinat, Antoine Droin et Charles Selleger, qui m'ont aidé... à gérer les problèmes que me crée Eric Stauffer ! (Exclamations. Rires. Sifflets.)

Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes en procédure de vote: nous nous prononçons sur le renvoi de cet objet à la commission des transports.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1995 à la commission des transports est rejeté par 45 non contre 30 oui et 2 abstentions. (Commentaires et exclamations durant la procédure de vote.)

Le président. Je vous soumets cette proposition de motion.

Mise aux voix, la proposition de motion 1995 est rejetée par 47 non contre 15 oui et 7 abstentions.