République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1842
Proposition de motion de MM. Eric Stauffer, Henry Rappaz, Sébastien Brunny pour favoriser le transport modal au détriment du transport individuel et ainsi améliorer la qualité de l'air dans notre canton

Débat

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion a été déposée le 1er septembre 2008. Nous sommes en novembre 2010, et elle arrive finalement en traitement en séance plénière. Que demandait cette motion à l'époque ? (Brouhaha.) Si des députés ne sont pas intéressés, il y a une buvette; vous verrez que c'est très agréable d'y aller... (L'orateur est interpellé. Commentaires.) Je veux dire que le niveau de bruit qu'il y a dans ce parlement... (Commentaires. Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...est juste insupportable.

Une voix. La tournée, la tournée !

M. Eric Stauffer. Allez ! Allez !

Le président. Mesdames et Messieurs, Monsieur le député qui avez la parole, l'un des grands privilèges d'être le président de ce parlement, c'est que, pendant un an, il exerce le pouvoir de police. Je vous serais donc extrêmement reconnaissant de bien vouloir me laisser essayer de faire régner un minimum d'ordre. Je vous remercie donc de continuer dans le calme et la dignité qui vous vont si bien.

M. Eric Stauffer. Dans le calme et la sérénité, c'est tout ce qu'on demande, Monsieur le président ! Libre à vous d'exercer le pouvoir qui vous a été conféré ! Je poursuis: cette motion, en 2008, relevait dans ses considérants «que le trafic routier est de plus en plus dense dans le canton de Genève et que la circulation devient impossible - c'était en 2008 ! - que les places de stationnement sont insuffisantes et que la réalisation de nouveaux projets de parkings est difficile sur le territoire genevois», etc. Et la motion contenait l'invite suivante: «invite le conseil d'Etat à revoir le plan d'action des parcs-relais 2007-2010 - on fera un petit amendement pour faire du 2011-2015, bien sûr, parce qu'on est peu lents dans ce parlement - en travaillant avec plus d'efficience avec les instances partenaires transfrontalières à la création de parkings-relais sur leur territoire en fixant des objectifs ainsi que des délais à leur réalisation; à tout mettre en oeuvre afin de pouvoir rapidement utiliser le parking du téléphérique du Salève et de disposer ainsi d'environ 250 places supplémentaires dans le secteur». On se réjouit d'entendre la conseillère d'Etat sur ce qu'est devenu ce parking au téléphérique du Salève ! Je poursuis: «à inciter, par une campagne d'information appropriée, les pendulaires vaudois et frontaliers à utiliser les parkings P+R construits pour eux; à augmenter les tarifs dans les parkings P+R pour les pendulaires afin qu'ils paient au minimum le même tarif que les résidents genevois.»

C'était en 2008, Mesdames et Messieurs ! En 2010, nous sommes toujours dans la même configuration ! Les Français, à part les belles promesses qu'on va vous faire... Vous allez les entendre dans quelques minutes, de la part du gouvernement, qui dira: «Mais, il y a des plans qui sont prévus !» Ils vont parsemer quelques places par-ci, par-là, pour faire des P+R pour le CEVA. Alors, le CEVA, déjà, il n'est pas sorti de terre, et puis, deuxièmement, on attend toujours que les communes d'Ambilly, de St-Julien-en-Genevois, de Gex - j'en passe et des meilleures - fassent des parkings sur leur territoire ! Mais elles n'en n'ont juste pas envie ! Pourquoi devraient-ils financer des parkings alors qu'ils touchent la bagatelle d'environ 200 millions de francs suisses par année pour les infrastructures - accord de 1973: 3,5% du salaire brut. Et qu'est-ce qu'ils font avec cela ? Eh bien, on n'a jamais vu des communes françaises aussi riches ! Dans chaque petite commune, vous avez une piscine municipale...

Le président. Il vous reste dix secondes, Monsieur le député !

M. Eric Stauffer. Il me reste dix secondes: merci, Monsieur le président ! ...une piscine municipale, une bibliothèque municipale... Mais alors, les parkings, on s'en fout ! Finalement, cette motion ne sert à rien, on va directement la mettre à la poubelle ! (L'orateur déchire la proposition de motion et en jette les morceaux derrière lui.) De toute façon c'est le sort que vous allez lui réserver, mais enfin, le doute est toujours permis, chers députés. Encore une fois, on se retrouvera bien aux élections pour voir qui veut défendre les Genevois et, surtout, qui veut protéger l'air, la qualité de l'air dans le canton de Genève ! Je vous donne d'ores et déjà rendez-vous au mois de mars 2011 ! (Exclamations.)

M. Daniel Zaugg (L). En politique, prêcher un convaincu, c'est d'habitude une perte de temps. En effet, s'il est de votre bord, vous n'allez pas gagner une seule voix; s'il est du bord opposé, vous avez très peu de chance de le faire changer d'avis. La cible d'un message politique qui se respecte, c'est donc de convaincre les indécis, les personnes qui ne savent pas, qui ne se sont pas encore vraiment fait une opinion. Et savez-vous comment on fait pour convaincre une personne ? La meilleure façon de convaincre une personne, c'est de lui faire croire que vous êtes comme lui, que vous partagez ses soucis, que vous pensez comme lui ! Alors, sur ce coup-là, le MCG - je dois le dire - fait très fort. Dans l'une des invites, il nous dit: il faut inciter les frontaliers à utiliser les P+R construits pour eux. C'est un objectif extrêmement louable; on le fait d'ailleurs déjà puisqu'on leur offre des tarifs préférentiels. Dans l'invite suivante, le MCG nous demande d'augmenter les tarifs appliqués aux pendulaires, pour les amener au niveau des tarifs payés par les Genevois. Vous voyez une contradiction ? Non, non, ce n'est pas une contradiction, c'est une stratégie, Mesdames et Messieurs les députés ! C'est une stratégie, parce que, qu'est-ce que va se dire un indécis ? Un indécis va se dire: mais ces gens-là ne savent pas ce qu'ils se veulent ! Ils sont comme moi ! (Rire.) C'est des gens bien ! (Commentaires.) Bon, s'il n'est toujours pas convaincu, notre indécis, on a encore la motion 1964 qu'on traitera un peu plus tard et qui, elle, demande de baisser les tarifs pour le Genevois; ainsi, la palette des possibilités est entièrement couverte.

Alors, je ne sais pas si l'indécis est convaincu. Mesdames et Messieurs du MCG, moi je le suis en tout cas: je suis totalement convaincu que vous nagez en pleine confusion et que vous n'avez toujours pas compris ce qu'est un P+R. Un P+R, Mesdames et Messieurs, c'est destiné aux pendulaires, pour qu'ils laissent leur voiture au parking et n'encombrent pas nos routes.

Les autres invites étant de la même eau dans cette motion, je n'entrerai même pas en matière. Je ne m'accorderai que sur un point avec M. Stauffer: effectivement, cette motion ne mérite pas beaucoup mieux que ceci. (L'orateur déchire la proposition de motion.) Et le parti libéral vous dit: laissons ces gens qui ne savent pas ce qu'ils veulent tourner en rond et refusons cette motion !

M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, le titre de la motion m'a - comme vous, certainement - fortement interpellé: «Pour favoriser le transport modal au détriment du transport individuel.» D'entrée, j'imagine une sorte de surf intersidéral... (Rires.) ...qui sert au transport modal. Je connaissais le transfert modal - d'ailleurs, ils en parlent au troisième considérant - le transport modal, ça vient de sortir ! J'ai trouvé cela assez intéressant.

La deuxième chose, c'est qu'on est encore sur un papier... (Remarque.) ...on est encore sur un papier anti-frontaliers. Alors, nous allons encore vous dire: Non à la haine ! Et je me rends compte - je vais le dire avec toute la haine qui va me caractériser - qu'au fait, Monsieur le président, j'ai l'impression que le MCG, c'est mes frontaliers à moi. (Rires.) C'est un peu un souci, j'ai toujours les mêmes ennuis: ils reviennent avec les mêmes choses, et on entonne les mêmes rengaines. Et, dans cette salle, je suis aussi monomaniaque que le MCG avec les frontaliers, en adoptant des positions anti-MCG un peu fatigantes mais néanmoins nécessaires.

On se retrouve ici avec une motion qui parle de qualité de l'air: la qualité de l'air relève du département de Mme Rochat. Alors, quand vos enfants se retrouvent avec de l'asthme, quand les personnes âgées meurent dans les EMS parce qu'elles n'arrivent plus à respirer, c'est le département de Mme Rochat ! (Rires.) Et puis, de l'autre côté, on ne cherche pas et on va devoir appliquer... Monsieur Gros, je vous en prie, séchez vos larmes ! (Rires.) Je pense que, effectivement, c'est émouvant, c'est terrible, etc. Néanmoins, s'agissant du département de Mme Rochat, nous avons des problèmes sérieux de qualité de l'air. Nous avons réellement des problèmes de qualité de l'air, et c'est toute la thématique que le nouveau gouvernement a voulu entièrement grouper à l'endroit le plus logique. C'est donc à la police qu'il faut demander de faire ce travail-là ! (Rires.) Tout le travail que vous demandez, il faut le demander à la police, parce que, si l'on veut améliorer la qualité de l'air, le gouvernement a décidé que c'était la police qui s'en chargeait !

J'attends de voir comment cela va se passer. Et puis, comme les travaux à Genève sont en ce moment organisés par le département de M. Mark Muller, j'aimerais vous dire qu'«on n'est pas rendus», parce que, tant qu'on ne nous aura pas mis des policiers pour faire la circulation et que les travaux ne seront pas mieux organisés qu'aujourd'hui, malheureusement, le département de Mme Künzler ne pourra pas travailler ! En effet, en attendant, tant que ses collègues pensent que le boulot, c'est de rester non présent, ici, dans cette salle, et qu'en plus de cela c'est ne pas assumer ses responsabilités, on est mal barrés ! (Applaudissements. Exclamations. Un instant s'écoule.)

Le président. Oh ! (Rires.) La parole est à M. le député François Gillet.

M. François Gillet (PDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, difficile d'enchaîner après Christian Bavarel... Je dois vous avouer qu'après une première lecture rapide de cette motion - qui a effectivement de nobles intentions, notamment celles d'améliorer la qualité de l'air dans ce canton, de privilégier les P+R - c'est vrai que le PDC était assez ouvert à l'idée d'aller dans ce sens.

Maintenant, quand on lit d'un peu plus près, à la fois le titre - ça a été dit - et les invites, c'est vrai qu'on peut s'interroger. Bon, je crois que tout le monde a compris que le MCG parlait du transfert modal; nous soutenons aussi cette idée, nous l'avons dit tout à l'heure, il est essentiel d'aller dans cette direction. Nous soutenons également les P+R, mais c'est vrai qu'il y a un certain nombre de contradictions dans les invites, qui ne sont tout simplement pas sérieuses.

Je rappelle - je l'ai dit tout à l'heure - que nous avions enfin reçu le plan directeur du stationnement. Je crois que dans le cadre de l'étude de ce plan directeur nous aurons également à nous pencher sur la question des P+R. Ça n'est pas en discriminant les frontaliers - que nous cherchons précisément à inciter à emprunter les transports publics - que nous allons résoudre cette question.

Mesdames et Messieurs les députés, j'ai bon espoir que nous travaillerons avec sérieux sur cet objet. Et j'espère que, lorsque les commissaires MCG travailleront en commission, ils ne seront pas contredits par la suite en séance plénière.

J'espère que nous arriverons effectivement à développer ce transfert modal et à promouvoir les parcs et relais, mais pas à travers cette motion que nous vous invitons à rejeter.

M. Mauro Poggia (MCG). Chers collègues, très touchant ! Quelle sincérité dans l'interprétation ! M. Daniel Zaugg nous donne un enseignement sur la méthode politique de conviction, M. Bavarel persifle - comme à son habitude - et M. Gillet, pour le PDC, nous dit qu'il est tout à fait d'accord avec nous mais que, finalement, il trouvera une autre voie que celle que nous lui proposons pour arriver au but que nous proposons. (Remarque.) Bien.

Vous savez, tout cela prêterait à sourire si nous n'étions dans un parlement qui est censé non seulement administrer une république, mais aussi essayer de voir un peu plus loin que le bout de son nez et prévoir ce que sera la Genève de demain. En 2008, le MCG - peut-être maladroitement, avec des termes pas très appropriés, je vous le concède, c'était évidemment «transfert modal» que l'on voulait dire - vous a mis le doigt sur un problème qui était déjà réel et qui l'est d'autant plus aujourd'hui. On aurait attendu de votre part une écoute attentive, peut-être de rechercher ce qu'il y avait de constructif dans cette proposition.

Vous savez, la différence entre vous et nous, c'est que nous, au MCG, lorsque vous proposez quelques chose d'intelligent - et cela vous arrive - nous le soutenons; alors que vous, lorsque nous proposons quelque chose qui vaut la peine d'être soutenu, vous le refusez, pas parce que c'est mauvais mais parce qu'il vient du MCG. Je trouve cette attitude déplorable, mais vous allez payer cash le prix de votre arrogance le moment où les électeurs auront à faire les comptes ! Alors, vous allez voir... (Remarque.) Non, je ne vous fais pas la leçon ! Je ne suis pas ici pour faire la leçon, je suis simplement ici... (Commentaires.) ...pour regretter une attitude qui est finalement au détriment de ceux qui nous ont mis là où nous siégeons.

Cette motion qui vous est proposée vous dit simplement: «Essayons de voir comment l'on peut inciter les automobilistes, et tout particulièrement les pendulaires, à utiliser ces P+R.» Alors, renvoyons cette proposition à la commission des transports ! Et c'est ma proposition. (Applaudissements.)

M. Michel Ducret (R). Eh bien, c'est un vrai régal de prendre la parole derrière quelqu'un qui vous menace: «Vous payerez cash !» Eh bien, nous paierons peut-être cash, Mesdames et Messieurs les députés, le fait d'avoir une certaine cohérence dans les propositions que nous faisons. Car, en effet, il y a une chose qui est certaine: depuis des années - et bien avant que ce mouvement qui nous menace n'apparaisse sur les bancs de ce Grand Conseil - notre politique en matière de déplacement est faite de constantes. Elle n'est pas faite d'un texte qui dit une chose un jour et d'un texte qui dit quelque chose de différent un autre jour.

Mesdames et Messieurs, cette motion 1842 - malgré son titre foireux - a des considérants tout à fait intéressants. Le problème, c'est que les mêmes déposants, le même groupement, Mesdames et Messieurs, dépose ou fait des théories complètement contraires à tous les considérants qui figurent là, fait des exposés complètement contraires à tout ce qui est ici dans les invites ! Par exemple, quand on parle de P+R, c'est très intéressant tout ce qu'il y a là-dedans; la seule chose qui est oubliée - et peut-être essentielle - c'est que ces P+R, Mesdames et Messieurs, il faut qu'ils soient desservis par des transports publics. Mais alors, là, il n'y a pas un mot ! Eventuellement pour aller au Salève, mais c'est tout ce qu'il y a ! Les transports publics: il n'y a rien !

Or, quand on dit - comme les déposants de la motion 1842 - que les transports publics doivent desservir les P+R, et quand on dit aussi qu'il faut mettre les P+R en France et pas en Suisse... Mesdames et Messieurs, comment va-t-on en France et comment va-t-on de France au centre de Genève ? Eh bien, il y a un projet que le peuple Genevois a voulu, qui s'appelle le CEVA...

C'est bête, mais alors, ça, c'est bête ! En effet, précisément, le transport public qui permet de faire ce qui est demandé dans la motion, quel groupement ne le voulait pas en particulier ? Le groupe du MCG et, particulièrement, Me Poggia qui nous a fait la leçon tout à l'heure.

Voilà, Monsieur Poggia - Monsieur le président, vous transmettrez au groupe MCG, vous transmettrez à M. Poggia - voilà pourquoi nous n'avons pas peur d'aller devant nos électeurs et d'être cohérents, depuis des années, avec une politique crédible, et pas avec des salades - des salades qui ne valent effectivement que ceci... (L'orateur déchire la proposition de motion.) ...juste des confettis ! Merci, Mesdames et Messieurs les députés.

Mme Loly Bolay (S). Ce soir, moi je trouve que vous êtes quand même injustes, très injustes même, avec le MCG. (Commentaires.) Eh oui ! Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même eu un léger mieux, je regrette ! Il y a une année, le MCG nous disait quoi ? Il nous disait que, pour respirer l'air de Genève, il fallait fermer les frontières. (Exclamations.) On ne dit plus cela dans cette motion, Mesdames et Messieurs les députés ! Donc vous êtes injustes ! Très injustes !

Une voix. Un peu !

Mme Loly Bolay. Moi, je trouve qu'effectivement on a enfin pris en compte, au MCG, qu'il y a, parmi les frontaliers, 35 000 ou 33 000 Suisses qui habitent de l'autre côté. Quand même, ça compte ! On commence donc à moduler. C'est un pas en avant dans la bonne direction ! Continuez comme ça, la prochaine fois vous voterez avec nous !

Mais, en tout cas, le parti socialiste ne votera pas cette motion. Pour plusieurs raisons: d'abord parce que, de nouveau, vous faites de la discrimination envers une certaine catégorie de personnes; ensuite, parce que vous dites de nouveau - je vous l'ai indiqué hier soir, Monsieur Stauffer - des contrevérités. Les Genevois et les pendulaires, les frontaliers... Enfin, j'imagine que vous mettez les Vaudois dans la même catégorie... Ou n'y a-t-il que les frontaliers de la France ? Enfin, Monsieur le président, vous lui demanderez à l'occasion. Les Genevois et les pendulaires paient le même tarif - vous lui direz, Monsieur le président. Les frontaliers et les Genevois qui utilisent un P+R sont soumis au même tarif, ils ne paient pas moins les uns que les autres, il n'y a pas de tarifs différenciés.

Le parti socialiste, malgré le fait que le MCG commence un peu à moduler son discours, en tout cas dans cette motion, la refusera tout de même.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député Eric Stauffer, à qui il reste cinquante secondes.

M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, encore une fois, je vais être bref: vous vous moquez... (Rires. Exclamations.) Vous vous moquez des citoyens genevois ! (Exclamations. Applaudissements. Le président agite la cloche.) Vous vous moquez des citoyens genevois ! Nous, tout ce qu'on demande, c'est ni de fermer les frontières, ni de discriminer Pierre, Paul ou Jacques. On veut juste que nos amis français construisent des parkings-relais sur leur territoire ! Il n'y a pas de parkings-relais - pas autant qu'il y en a à Genève - sur le territoire français ! C'est tout ce qu'on demande ! C'est du bon sens ! C'est pour éviter que, dans ces petits villages, il y ait, du coup, 10 000 véhicules qui passent sur des routes qui ne sont pas adaptées, proches des écoles, où les gens roulent très vite. Récemment, il y a eu un accident à une petite douane du réseau routier secondaire: cinq voitures se sont rentrées dedans tellement elles roulaient vite. (Commentaires.) En conclusion, Mesdames et Messieurs, force est de constater que pour le parti radical, pour M. Ducret à tout le moins... Il n'a pas de problème de bouchon, lui ! (Rire. Brouhaha.)

Le président. Monsieur le député Stauffer, je vous rappelle que chacune des personnes dans cette salle a - comme vous - été élue; et qu'elle mérite au moins autant de respect que vous attendez qu'elle en ait vis-à-vis de vous. La parole est à M. le député Pierre Weiss, à qui il reste vingt secondes.

M. Pierre Weiss (L). Merci, Monsieur le président. Mme Bolay a dit l'essentiel, je dirai simplement qu'on ne doit pas parler d'amis français quand on déteste les Français. (Commentaires.) Et j'ajouterai pour M. Poggia, envers qui j'ai tout le respect qui lui est dû... (Protestations. Brouhaha.) Il convient, Monsieur Poggia, quand on... (Exclamations. Brouhaha.)

Le président. Monsieur Weiss, adressez-vous à moi ! Parlez-moi, Monsieur Weiss !

M. Pierre Weiss. Monsieur le président, j'imagine que vous ne manquerez pas de dire à M. Poggia que, quand on fait la morale aux autres, il conviendrait d'être exact dans ce que l'on affirme. Et ce qu'a dit Mme Bolay est parfaitement exact: il n'y a aucune différence de tarif entre ce qui est demandé aux usagers des P+R, qu'ils soient Français, Vaudois ou résidents genevois. Pour faire la morale, il faut être soi-même impeccable, ce n'est pas encore le cas de tout le monde ici !

Le président. Bien, dans la joie et la bonne humeur, je transmets la parole à Mme la conseillère d'Etat Michèle Künzler, dont je vous serai reconnaissant d'écouter les propos.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Cette motion peut aller en commission, mais, de toute façon, ces réponses sur les P+R, vous les aurez. D'une part - on l'a déjà dit - le plan directeur du stationnement apporte les réponses concernant le réseau local. D'autre part, dans ce qui a été voté par la commission des transports et par celle des finances, il y a déjà tout ce qui est prévu au niveau du projet d'agglomération n° 1 s'agissant des parcs-relais situés en France voisine. Par ailleurs, depuis cette motion, il y a déjà eu, sur le territoire suisse, le P+R de Sous-Moulin, qui a été récemment augmenté de 400 places; d'autres places ont été construites. En France voisine, cet hiver, il y aura la mise en service d'un P+R de 250 places à Challex, puis un à Veigy pour desservir toute la route d'Hermance et celle de Vésenaz. Il y a donc déjà des efforts qui sont effectués. La commune de Gaillard a un projet très important de parking. (Commentaires.) C'est un projet interne à la commune, destiné à améliorer la ville de Gaillard. Voilà les projets qui sont en route, les autres sont existants.

Ce que j'ai aussi fait depuis que j'ai été élue, c'est de demander qu'on augmente le prix du parking P+R à 150 F. Le prix est très longtemps resté le même et il y avait effectivement une raison de l'augmenter à 150 F pour tous les parkings P+R qui marchent - il y en a certains qui ne marchent pas du tout parce qu'ils sont à des endroits peu stratégiques. On va essayer de les faire un peu moins chers pour que, peut-être, il y ait des utilisateurs. Les parkings à forte utilisation vont être augmentés à 150 F, ce qui fait quand même 1800 F par an. C'est une somme importante, et c'est en tout cas plus que ce que paie un autochtone pour son macaron plus un abonnement de bus.

Voilà les actions que nous avons menées. Le nouveau projet concernant les plans d'action pour les P+R est en préparation et vous sera présenté bientôt. Les réponses, vous les avez donc déjà: le plan directeur du stationnement, vous l'avez déjà; et le plan d'action P+R vous sera soumis très bientôt. Les réponses sont déjà là - c'est normal après deux ans «de stationnement» de cette motion à l'ordre du jour. Vos questions ont déjà trouvé des réponses. Je n'irai pas jusqu'à ajouter: «Mettez-la au vieux papier, s'il vous plaît !»

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous allons devoir voter sur une demande de renvoi à la commission des transports, puis, si le vote est négatif, nous nous prononcerons sur cette motion.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1842 à la commission des transports est rejeté par 72 non contre 16 oui.

Le président. Le renvoi de cette motion à la commission des transports est refusé. Nous allons donc maintenant voter sur la motion.

M. Eric Stauffer. Je demande le vote nominal !

Le président. Etes-vous soutenu... C'est bien. Nous sommes donc en procédure de vote nominal... (Commentaires. Brouhaha.) Je vous suis reconnaissant, les uns et les autres, de la qualité de vos conseils. Mais, en l'occurrence, il fallait dix personnes, et dix personnes ont levé la main. Le vote nominal est donc accepté.

Mise aux voix à l'appel nominal, la proposition de motion 1842 est rejetée par 73 non contre 16 oui.

Appel nominal