République et canton de Genève

Grand Conseil

54e législature

No 13/II

Vendredi 26 mars 1999,

nuit

La séance est ouverte à 20 h 30.

Assistent à la séance : Mmes et MM. Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat, Guy-Olivier Segond, Gérard Ramseyer, Carlo Lamprecht, Micheline Calmy-Rey et Laurent Moutinot, conseillers d'Etat.

1. Exhortation.

Le président donne lecture de l'exhortation.

2. Personnes excusées.

Le président. Ont fait excuser leur absence à cette séance : M. Robert Cramer, conseiller d'Etat, ainsi que Mmes et MM. Madeleine Bernasconi, Bénédict Fontanet, Luc Gilly, Michel Halpérin, Yvonne Humbert, Pierre Meyll et Danielle Oppliger, députés.

3. Discussion et approbation de l'ordre du jour.

Le président. Je vous propose de reprendre le projet de loi sur les taxis, en commençant par l'intervention de Mme Guichard. Nous traiterons ensuite des problèmes urgents, comme le Grand Conseil l'a décidé. Ensuite, nous poursuivrons l'ordre du jour normalement et nous arrêterons nos travaux vers 23 h - 23 h 30, au plus tard.

4. Annonces et dépôts :

a) de projets de lois;

Néant.

b) de propositions de motions;

Le président. La proposition de motion suivante est parvenue à la présidence :

M 1272
de Mme et MM. Alberto Velasco (S), Erica Deuber-Pauli (AG), Gilles Godinat (AG) et Pierre-Alain Champod (S) : Qu'en est-il des droits humains dans les établissements médico-sociaux genevois ? ( )   M1272

Elle figurera à l'ordre du jour d'une prochaine séance.

c) de propositions de résolutions;

Néant.

d) de demandes d'interpellations;

Le président. Nous avons reçu la demande d'interpellation suivante :

I 2008
de M. René Longet (S) : Suite donnée par le Conseil d'Etat aux rapports rendus par la commission externe d'évaluation des politiques publiques. ( )   I2008

Cosignataires : Christian Brunier, Régis de Battista, Laurence Fehlmann-Rielle, Albert Rodrik, Marianne Grobet-Wellner.

Elle figurera à l'ordre du jour d'une prochaine séance. 

e) de questions écrites.

Néant.

PL 7867-B
a) Projet de loi du Conseil d'Etat sur les services des taxis (H 1 30). ( -) PL7867
 Mémorial 1998 : Projet, 3681. Renvoi en commission, 3753.
 Mémorial 1999 : Rapport, 1473. Renvoi en commission, 1541.
Rapport de M. Jean-Marc Odier ®, commission des transports
Rapport oral de Mme Nelly Guichard (DC), commission des transports
P 1200-A
b) Pétition concernant la nouvelle loi sur les taxis. ( -) P1200
Rapport de M. Jean-Marc Odier (R), commission des transports
Rapport oral de Mme Nelly Guichard (DC), commission des transports

5. Rapport de la commission des transports chargée d'étudier les objets suivants :

Introduction

Suite aux nombreux problèmes rencontrés plus de six ans après l'acceptation de l'initiative populaire "; Pour des taxis égaux ", qui promettait notamment des taxis moins chers grâce à la libéralisation du marché, le projet de loi PL 7867, renvoyé pour étude à la Commission des transports le 25 juin 1998, vise à remettre de l'ordre dans une profession qui fait face à des difficultés sociales bien réelles et dont la qualité du service rendu au public diminue, en réintroduisant un numerus clausus des permis de stationnement et en introduisant un brevet d'exploitant pour améliorer la formation des chauffeurs indépendants.

Quant à la pétition 1200, signée par 622 chauffeurs de taxi, et également renvoyée à notre commission le 11 juin 1998, elle confirme la nécessité et l'urgence de légiférer pour mettre fin à la situation professionnelle décrite par ses auteurs comme catastrophique.

Présidée par Mme Nelly Guichard, à qui revient entre autres mérites celui d'avoir su conserver son calme en dépit de l'audition parfois longue et ardue de certains représentants de la profession, la Commission des transports s'est réunie à 17 reprises entre le 22 septembre 1998 et le 2 mars 1999.

M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat chargé du Département de justice et police et des transports. M. Nicolas Bolle, secrétaire adjoint du département précité, a assisté à toutes les séances. Quant aux deux experts chargés de l'audit sur les taxis genevois à l'origine du projet de loi du Conseil d'Etat, à savoir Me François Bellanger, professeur et avocat, et M. Christian Ebenegger, économiste, ils ont été auditionnés et ont par la suite également assisté aux travaux de la commission. Le concours des deux experts précités a été très précieux pour répondre aux innombrables questions des commissaires et pour rédiger les nombreuses variantes, suivies des amendements finalement apportés par notre commission au projet de loi initial.

Les procès-verbaux ont été tenus par Mme Sandrine Baume, ainsi que M. Lionel Ricou pour la séance du 6 octobre 1998. Le rapporteur saisit cette opportunité pour exprimer aux personnes susnommées, les remerciements des commissaires pour leur active et précieuse collaboration aux travaux de la Commission des transports.

La commission a reçu au cours de ses travaux un nombre important de courriers des milieux professionnels de toutes parts. Bien que cette volumineuse correspondance ne soit pas toute ou en partie jointe au rapport, la commission a étudié et s'est déterminée sur chaque nouvel élément qui lui est parvenu.

Résumé des auditions

Une douzaine de personnes, représentant à titres divers plus de 10 fédérations, associations ou sociétés, ont été entendues. Les personnes auditionnées ont pu très longuement exposer leur point de vue et faire valoir leurs observations sur les différents articles du projet de loi et sur les modifications souhaitées. Ce travail préliminaire, aussi important que fastidieux, a été fort utile pour une bonne compréhension des réels problèmes rencontrés par la profession, et pour la suite des travaux. Les observations et commentaires des personnes auditionnées peuvent se résumer comme suit :

1. 1. M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat chargé du DJPT, a tout d'abord expliqué que le projet de loi du Conseil d'Etat - issu d'un audit sur les taxis genevois (effectué entre les mois de décembre 1995 et juillet 1996 par les deux experts mandatés par le DJPT ), suivi de 3 états généraux des taxis (organisés par le DJPT les 3 octobre 1996, 22 novembre 1996 et 3 juin 1997), puis d'une Commission de travail (composée d'un représentant de chaque association professionnelle et des deux experts) chargée de poursuivre la réflexion et de rédiger un projet de loi, et enfin d'une procédure de consultation élargie auprès des milieux de l'économie et du tourisme (effectuée en février - mars 1998) - poursuivait quatre objectifs essentiels, à savoir : favoriser le développement de la profession en diminuant le coût pour les utilisateurs, améliorer le niveau de formation des chauffeurs et créer un véritable statut professionnel qui fait actuellement défaut, mettre un terme à l'utilisation désordonnée d'une partie du domaine public en réduisant le nombre des permis de stationnement, et enfin simplifier la réglementation actuelle et l'adapter au fonctionnement réel de la profession.

S'agissant plus particulièrement de la réintroduction d'un numerus clausus des permis de stationnement, M. Gérard Ramseyer a insisté sur le fait que le système proposé par le projet de loi du Conseil d'Etat était intéressant à plus d'un titre. Il prévoyait en effet de confier la gestion des droits de stationnement à une association professionnelle faîtière qui serait seule habilitée à racheter les permis de stationnement des chauffeurs qui cessent leur activité et à revendre lesdits permis à des chauffeurs indépendants ou à des personnes physiques ou morales détentrices d'une autorisation d'exploiter un service de taxis qui en font la demande. L'attribution des permis aurait ainsi lieu en fonction de critères objectifs qui garantiraient l'égalité de traitement entre les concurrents. L'interdiction de toute cession en dehors du contrôle de l'association éviterait toute possibilité de fraude ou de spéculation et garantirait un fonctionnement transparent et équitable du marché, à la différence de la situation qui prévalait avant l'initiative populaire "; Pour des taxis égaux ".

M. Gérard Ramseyer a encore relevé que le projet de loi du Conseil d'Etat proposait de régler le problème des taxis français, de permettre aussi bien à une personne physique qu'à une personne morale d'exploiter un service de taxis et d'être titulaire du permis de stationnement, de remplacer le système des contraventions pénales par un système plus moderne d'amendes administratives, de mieux préciser les obligations spécifiques à la charge des taxis au bénéfice d'un permis de stationnement.

2. MM. Severino Maurutto, Michel Genier, Yves Racine, Jean-Pierre Hoffer et Georges Voirol, membres du comité de la Fédération professionnelle des taxis genevois (ci-après : FPTG) - fédération dont les membres sont l'Association genevoise des entreprises de taxis (ci-après : AGET), l'Association des taxis genevois lésés (ci-après : ATGL), la Société coopérative des concessionnaires indépendants de taxis (ci-après : SCCIT) et l'Union des artisans taxis de Genève (ci-après : UATG) - ont insisté sur le fait que le projet de loi PL 7867 était le fruit d'une très longue et très large consultation de la profession. Depuis 1992, époque où deux blocs s'affrontaient (à savoir les chauffeurs avec et sans permis de stationnement), la profession avait réussi un processus d'unification fondamental qui avait précisément permis la constitution de la FPTG. A leur avis, la fédération concurrente - à savoir la Fédération des taxis indépendants de Genève (ci-après : FTIG) - ne regroupait en définitive que l'Association genevoise des artisans taxis (ci-après : AGAT), et trois centrales de diffusion d'ordres de courses (soit la Centrale de la coopérative 3 202 202, la Centrale des taxis des Bergues et la Centrale AA New Cab SA) qui défendaient des intérêts particuliers et totalement différents de ceux des exploitants de services de taxis. Les représentants de la FPTG ont encore insisté sur le fait que la profession se trouvait dans une situation sociale particulièrement grave et qu'ils étaient pour leur part prêts à assumer, grâce à un autofinancement qui ne coûterait rien à l'Etat, la tâche de gestion des permis de stationnement telle qu'elle était prévue par le projet de loi du Conseil d'Etat, projet qu'ils ne pouvaient bien entendu que soutenir dans son ensemble. Ils étaient toutefois opposés à l'obligation d'avoir une couleur unique pour les taxis avec permis de stationnement tout en reconnaissant la nécessité de mieux les distinguer des taxis sans permis de stationnement. La FPTG relève que dans sa volonté d'organiser la profession, un de ses principes majeurs était de se doter d'une convention collective. Après négociations, une convention collective signée entre la FPTG et l'AECTG (Association des employés chauffeurs de taxis genevois) est entrée en vigueur en janvier 1998.

3. MM. Marc Dervaux, Nacer Lezhari, Faustino Garcia et Jeronimo Soares, représentants de la FTIG, ont tout d'abord confirmé que leur fédération était bien composée de l'AGAT et des trois centrales 3 202 202, Taxis des Bergues et AA New Cab SA. Ils ont ensuite précisé que s'ils étaient favorables à l'idée d'introduire un numerus clausus, ce dernier ne devait concerner que la formation des chauffeurs et non le nombre des permis de stationnement. S'agissant de la formation, ils ont relevé qu'elle devait être la même pour tous les chauffeurs, qu'ils soient employés ou indépendants. Pour le surplus, les représentants de la FTIG se sont encore déclarés opposés à plusieurs dispositions du projet de loi du Conseil d'Etat (notamment les articles 22, alinéa 3, concernant l'obligation d'afficher les tarifs et le nom du chauffeur à la vue des passagers, 24, alinéa 3, concernant l'obligation d'avoir en permanence un compteur et une enseigne, 25, alinéa 1, concernant l'obligation d'avoir une couleur unique, 26, alinéa 1, concernant la taxe annuelle, 27, alinéa 3, concernant les tarifs, 28, alinéa 2, concernant le respect de la concurrence et 29 à 32, concernant les mesures et sanctions administratives) et ont conclu que s'il était louable de prévoir une régulation de la profession, sa gestion par une association faîtière n'était pas une réelle opportunité, puisque le DJPT intervenait à différents niveaux et que nombre d'options étaient décidées par le Conseil d'Etat.

4. MM. Mohammed Al Kaar, Cyril Erb et Angelo Busco, représentants de l'Association des artisans des taxis genevois (ci-après : AATG), ont tout d'abord relevé que le projet de loi du Conseil d'Etat avait été rédigé sans que leur association soit consultée. A leur avis, ce projet de loi visait à éliminer tous les artisans. Ils ont par ailleurs signalé le fait qu'il n'y avait pas de salariés dans la profession, mais uniquement des "; loueurs de plaques de voitures ". Pour le surplus, les représentants de l'AATG ont estimé qu'il ne devait y avoir qu'un seul permis pour toute la profession (que le chauffeur soit indépendant ou "; loueur de plaques "), qu'il fallait réintroduire un numerus clausus et distribuer les plaques supplémentaires exclusivement aux artisans, et enfin que l'on ne devait pas sanctionner les chauffeurs de taxis plus sévèrement que les autres automobilistes. Pour illustrer leurs propos, les représentants de l'AATG ont évoqué différents cas particuliers de chauffeurs qui auraient été victimes de "; racket " de la part de "; loueurs de plaques ".

5. Me François Bellanger et M. Christian Ebenegger ont apporté des éclaircissements bienvenus suite aux premières auditions.

M. Christian Ebenegger a tout d'abord rappelé que la demande globale de taxis a été croissante de 1991 à 1993, puis s'est stabilisée en 1994 avant de décroître fortement pour se situer à nouveau au niveau de 1991, et que l'offre globale n'a quant à elle pas cessé d'augmenter depuis la libéralisation du marché en 1992. Les chauffeurs de taxis réalisent un gain mensuel moyen net d'environ 3 500 F, ce qui entraîne des problèmes sociaux, liés notamment à une absence de prévoyance professionnelle chez de nombreux chauffeurs, et qui explique que bon nombre d'entre eux continuent à travailler bien au-delà de 65 ans.

M. Christian Ebenegger a ensuite relevé que l'audit a permis de calculer qu'il y avait un excédent de 138 véhicules sur le marché genevois. Face à ce déséquilibre entre l'offre (soit le nombre de taxis sur la voie publique) et la demande (soit la demande de taxis du public), qui entraîne des tensions et des perturbations, il convenait, du côté de la demande, d'inciter le public à accroître sa demande de service de taxis, d'améliorer la qualité du service, de réviser la politique des prix et de faire jouer les mécanismes de concurrence entre les centrales de diffusion d'ordres de courses et, du côté de l'offre, de limiter le nombre des taxis sur la voie publique en améliorant la formation et en confiant à une association faîtière la formation, la gestion des permis de stationnement et la prévoyance professionnelle.

M. Christian Ebenegger a enfin signalé que l'AATG avait bien été consultée dans le cadre de l'audit, mais qu'elle avait finalement décidé de quitter la commission chargée de l'élaboration du projet de loi.

Me François Bellanger a également souligné que le projet de loi était le fruit d'une très longue et très vaste consultation de la profession et qu'il tentait de réaliser quatre objectifs, à savoir : améliorer la qualité des services de taxis, diminuer le coût des courses des taxis, améliorer les conditions de travail des chauffeurs et assurer la complémentarité entre les transports en commun et les taxis. Pour atteindre ces objectifs, il avait fallu tenir compte des contraintes juridiques dès lors que le droit fédéral ne permettait pas d'introduire un numerus clausus des chauffeurs, mais uniquement d'augmenter le niveau de formation des chauffeurs et de limiter le nombre des véhicules qui stationnent sur la voie publique. Pour contrôler le nombre des taxis, le projet de loi utilisait les deux seuls moyens admis par le droit fédéral, soit l'introduction d'un brevet d'exploitant pour les chauffeurs indépendants et l'introduction d'un numerus clausus des permis de stationnement.

S'agissant des conditions d'accès à la profession, Me François Bellanger a relevé que le projet de loi prévoyait deux niveaux différents, à savoir les chauffeurs employés et les chauffeurs indépendants, ces derniers pouvant exploiter un service de taxis avec ou sans permis de stationnement.

S'agissant ensuite de la limitation des permis de stationnement, Me François Bellanger a rappelé que le projet de loi proposait un contrôle du nombre de véhicules pouvant stationner sur la voie publique, ainsi qu'une mise à jour annuelle du nombre des véhicules. Le projet de loi excluait en revanche le retour à l'ancien système qui permettait la vente du permis de stationnement d'un chauffeur à l'autre et donc la spéculation. Dans le système proposé, pour avoir un permis de stationnement, un chauffeur indépendant devait d'abord obtenir un droit de stationnement auprès de l'association faîtière. Cette dernière attribuait les droits de stationnement en fonction de critères objectifs. En d'autres termes, le projet de loi prévoyait que l'association faîtière devait acheter obligatoirement le droit de stationnement (au prix fixé par la loi, qui correspondait au chiffre d'affaires moyen d'un chauffeur sur une année) et qu'elle revendait le droit de stationnement au prix fixé par la loi (soit 105 % du prix d'achat). Cette différence de 5 % était censée couvrir les frais de l'association faîtière. Une fois encore, le système triangulaire proposé avait le mérite d'éviter tout contact entre les chauffeurs, ce qui excluait les risques de spéculation.

Me François Bellanger a enfin remarqué que l'opposition au projet de loi provenait d'une minorité et que la pomme de discorde se situait au niveau du contrôle sur les permis de stationnement. Les opposants préféraient d'autres solutions - totalement inacceptables - visant soit à empêcher les chauffeurs étrangers, soit à éliminer les grands garages.

6. M. Pelayo Monte, représentant de la Compagnie Taxis Ambassador, a exposé que la compagnie précitée était en réalité une centrale de diffusion d'ordres de courses qui regroupait 65 véhicules dont les chauffeurs portaient le costume, parlaient plusieurs langues et disposaient d'une limousine, conformément aux exigences de la clientèle. La centrale effectuait une permanence téléphonique 24 heures sur 24 et les taxis de la compagnie travaillaient notamment pour les hôtels, les organisations internationales, les banques et les restaurants. M. Pelayo Monte a estimé, d'une manière générale, que le projet de loi était salutaire dans la mesure où il cherchait à améliorer la formation et à limiter le nombre des taxis. Il a en revanche émis des réserves au sujet des articles 24 et 25 concernant l'obligation d'avoir en permanence un compteur et une enseigne, ainsi que l'obligation d'avoir une couleur unique. Les articles précités n'étaient pas compatibles avec un service de limousines. Selon M. Pelayo Monte, 35 à 40 % des chauffeurs affiliés aux Taxis Ambassador n'étaient pas au bénéfice d'un permis de stationnement, ce qui signifiait que la compagnie louait des places de parking privées à différents hôtels.

Trois premières options prises par la commission

Suite aux auditions précitées, et avant même de voter l'entrée en matière, notre commission - convaincue de la nécessité de légiférer à nouveau pour régler à la fois les problèmes sociaux bien réels de la profession et les désordres grandissants sur les stations occupées par des taxis en surnombre - a procédé à un large tour de table afin de déterminer s'il fallait améliorer la formation des chauffeurs au moyen d'un brevet d'exploitant et limiter à nouveau le nombre des permis de stationnement sur la voie publique, comme le permet le droit fédéral.

1. Compte tenu des explications fournies par les experts, selon lesquels la seule introduction d'un brevet d'exploitant ne suffirait de toute évidence pas à assainir la profession (en raison du fait que si les exigences sont trop élevées pour l'obtention du brevet d'exploitant, le Tribunal fédéral risque de déclarer la loi inconstitutionnelle), notre commission s'est très rapidement ralliée, à une très nette majorité, à l'idée de limiter les permis de stationnement (oui : 2 AG, 3 S, 2 R, 2 DC ; non : 2 VE et 2 L), comme la profession le demande d'ailleurs elle-même pratiquement à l'unanimité.

2. Après cette première décision de principe, notre commission s'est penchée sur la question de savoir s'il fallait ou non confier la gestion des permis de stationnement à une association professionnelle faîtière, comme le proposait le projet de loi du Conseil d'Etat. Après une brève discussion, notre commission a écarté, à l'unanimité, l'idée de confier la gestion des permis de stationnement à une association faîtière, partant du principe que l'histoire pour le moins mouvementée des taxis genevois (qui a déjà occupé des centaines de pages du Mémorial des séances du Grand Conseil, que ce soit lors de différentes pétitions en 1968 et 1972, lors de l'élaboration de la loi de 1979 ou encore lors de l'initiative populaire "; Pour des taxis égaux " et du contre-projet en 1992) de même que les auditions des différentes associations de la branche devaient inciter à la plus grande prudence, quand bien même la création de la FPTG et son travail constructif pour la profession constituaient des signes de regroupement et d'apaisement particulièrement bienvenus.

3. Après une brève discussion, notre commission a encore accepté, à l'unanimité, l'idée d'améliorer la formation des chauffeurs par l'introduction d'un brevet d'exploitant, dont le principe est très largement admis par la profession.

Suite à cette troisième décision de principe, notre commission a voté, à l'unanimité, l'entrée en matière du projet de loi PL 7867.

Principaux amendements proposés par la commission

Après avoir opté pour l'introduction d'un brevet d'exploitant, la réintroduction d'un numerus clausus des permis de stationnement et la gestion desdits permis par le DJPT, notre commission a entamé une première lecture du projet de loi, non sans se heurter rapidement aux trois principaux problèmes suivants :

Indépendamment de la double barrière prévue à l'entrée de la profession (brevet d'exploitant et numerus clausus des permis de stationnement), est-il possible d'accélérer l'assainissement du marché et de réduire rapidement le nombre des permis de stationnement sans attendre les départs naturels (retraite ou décès) en introduisant des dispositions incitatives (création d'un fonds pour encourager les chauffeurs plus âgés à quitter la profession) ?

Suite à la fermeture du marché par la réintroduction d'un numerus clausus (fermeture qui donne automatiquement une valeur aux permis de stationnement), est-il encore possible d'admettre la transmissibilité des permis de stationnement - et, dans l'affirmative, à quelles conditions (à titre onéreux ou uniquement en cas de décès) - sans retomber dans les abus dénoncés sous l'empire de la loi 1979, abus qui ont précisément provoqué l'initiative populaire "; Pour des taxis égaux " ?

Les autorisations d'exploiter et les permis de stationnement peuvent-ils être délivrés aux personnes morales avec le risque de permettre de détourner la loi (notamment par des transferts d'actions) si les permis de stationnement ne sont pas librement transmissibles ?

Afin de permettre à notre commission de se déterminer en toute connaissance de cause, les experts ont été invités à rédiger différentes propositions en fonction des problèmes précités.

Trois variantes ont été soumises à la commission :

La première variante proposait un régime restrictif selon lequel les permis de stationnement - dont le nombre était limité - étaient exclusivement délivrés à des personnes physiques et ne pouvaient pas être transmis (sous réserve de la dévolution des permis en cas de décès du titulaire).

Cette première variante orientait d'une certaine façon le marché, dès lors qu'elle excluait les personnes morales, fragilisait les entreprises dont la survie ne dépendait pratiquement que d'une seule personne physique, et ne tenait pas compte de la valeur économique des permis de stationnement provoquée par la fermeture du marché.

La deuxième variante proposait un régime intermédiaire, relativement proche du projet de loi du Conseil d'Etat, selon lequel les permis de stationnement - dont le nombre était limité - pouvaient être délivrés à des personnes physiques ou morales et être transmis de façon restreinte par l'intermédiaire du département (qui devait racheter les permis de stationnement à ceux qui quittaient la profession et les revendre à ceux qui souhaitaient y entrer).

La troisième variante proposait un régime libéral, totalement nouveau, selon lequel les permis de stationnement - dont le nombre était limité - pouvaient être délivrés à des personnes physiques ou morales et étaient librement et directement transmissibles entre titulaires, selon les règles d'un marché évolutif et ouvert (à la différence des transferts occultes dans un marché fermé qui avaient été dénoncés sous l'empire de la loi de 1979) et cela sans la moindre intervention de l'Etat.

Cette troisième variante tenait compte de la valeur économique des permis de stationnement et respectait intégralement la liberté d'entreprise. Elle admettait en outre une certaine commercialisation de l'utilisation du domaine public. Elle était enfin accompagnée d'une disposition transitoire complémentaire prévoyant l'introduction d'une indemnité de départ entièrement financée par la profession à travers la taxe annuelle, afin d'accélérer l'assainissement de la profession.

Après une longue discussion au sujet des trois variantes précitées et de leurs combinaisons possibles, notre commission a finalement pris la triple décision suivante :

Titularité des permis de stationnement uniquement pour les personnes physiques (oui : 3 AdG, 3 S, 2 Ve ; non : 2 DC, 2 R, 2 L).

Introduction d'un régime d'indemnisation géré par le DJPT (oui : 1 AdG, 2 DC, 2 R, 2 L ; non : 1 AdG, 3 S, 2 Ve ; abstention : 1 AdG).

Introduction de dispositions transitoires permettant de financer l'assainissement du marché par la profession (oui : 1 AdG, 2 S, 1 Ve, 2 DC, 2 R, 2 L ; non : 0 ; abstention : 2 AdG, 1 S, 1 Ve).

Les experts ont ensuite été invités à rédiger les amendements nécessaires pour supprimer les articles 11, 12 et 14 du projet de loi du Conseil d'Etat concernant la gestion des permis par une association professionnelle faîtière et la location de véhicules avec permis de stationnement, et pour modifier principalement les articles 6 et 8 pour supprimer les personnes morales, 10 pour supprimer les personnes morales et introduire un nouvel alinéa permettant au DJPT de déroger à la liste d'attente et de remettre en bloc à un seul exploitant tout ou partie des permis de stationnement remis par un autre exploitant (étant précisé que le DJPT devait procéder à un appel d'offres public lorsque le nombre de permis était supérieur à dix), et 11 du projet de loi du Conseil d'Etat pour introduire une indemnité en contrepartie de chaque permis remis pour annulation.

Dans la mesure où notre commission propose la suppression de plusieurs articles du projet de loi du Conseil d'Etat, ce qui entraîne une nouvelle numérotation, la suite du présent rapport utilise la nouvelle numérotation, tout en ajoutant à chaque fois, entre parenthèses, l'ancien numéro.

Ces nouveaux amendements ont été examinés attentivement par notre commission qui a finalement estimé qu'il fallait faire une distinction entre le régime ordinaire et le régime transitoire.

Dans le régime ordinaire :

Les permis de stationnement sont annulés en cas de cessation d'activité sans versement d'une indemnité (cf. le commentaire de l'article 10).

La délivrance d'un permis de stationnement est exclusivement soumise au paiement d'un émolument ; aucune taxe n'est perçue.

Le produit de la taxe perçue annuellement pour chaque permis de stationnement est affecté à l'amélioration des conditions sociales de la profession (cf. le commentaire des articles 25 et 38).

Dans les dispositions transitoires, jusqu'à l'assainissement du marché :

En contrepartie de l'annulation des permis de stationnement, le DJPT verse une indemnité, pour autant que le titulaire du permis ait travaillé pendant un certain nombre d'années comme chauffeur de taxi ou que le permis de stationnement ait été exploité pendant un certain nombre d'années (cf. le commentaire de l'article 38, alinéas 2 et 3).

L'indemnité est financée exclusivement par la taxe payée annuellement pour chaque permis de stationnement (cf. le commentaire de l'article 38, alinéa 4).

Un accord de prestation peut être conclu avec les milieux professionnels afin d'accélérer le processus d'assainissement (cf. le commentaire de l'article 38, alinéa 5).

Les autorisations du chauffeur ou de l'exploitant qui restitue l'intégralité de ses permis de stationnement sont annulées. Il ne bénéficie plus d'une dérogation à l'obligation d'obtenir le brevet d'exploitant et doit attendre 2 ans avant de pouvoir redemander un permis (cf. le commentaire de l'article 38, alinéa 6).

La délivrance d'un permis de stationnement est exclusivement soumise au paiement d'un émolument. Aucune taxe n'est perçue.

Après un nouveau débat, les propositions précitées ont été acceptées par notre commission qui a voté les articles 10 à 13 (11 à 14) à l'unanimité.

Pour les raisons exposées dans le commentaire de l'article 24, alinéa 1 (25, alinéa 1), l'obligation pour les taxis avec permis de stationnement d'avoir une couleur unique a finalement été abandonnée (oui : 8 ; abstention : 3). Quant à l'alinéa 3 de l'article 24 concernant l'accord de prestation, il a été adopté à l'unanimité.

L'article 25 (26) concernant l'introduction du "; splitting " de la taxe (cf. le commentaire de l'article 25) a également été accepté à l'unanimité.

Enfin, l'article 38, entièrement nouveau, concernant le régime transitoire, a finalement été adopté à l'unanimité (sous réserve de 2 abstentions concernant l'alinéa 4), moyennant quelques légères modifications dont le détail est exposé dans le commentaire de la disposition visée.

Ultime consultation des milieux intéressés

Après avoir terminé la première lecture du projet de loi et adopté les différents amendements précités, notre commission a estimé nécessaire de procéder, par lettre du 10 février 1999, à une ultime consultation écrite des principaux milieux intéressés, à savoir la FPTG, la FTIG et l'Association des employés chauffeurs de taxis de Genève (ci-après : AECTG), en leur soumettant le projet de loi amendé.

La FPTG n'a formulé que deux propositions visant, d'une part à modifier l'article 26, alinéa 3 (27, al. 3) de telle sorte que les tarifs soient fixés chaque année et non pas tous les deux ans (afin de pouvoir répercuter rapidement les modifications de taux de la TVA), et d'autre part, à modifier l'article 38, alinéa 2 (42, al. 2) en abaissant à 10 ans la limite d'âge qui avait été fixée à 15 ans par la commission en première lecture, et en élaborant une échelle progressive d'indemnisations, avec un minimum de 30 000 F après 10 ans et un maximum de 40 000 F après 15 ans (en lieu et place de la prime unique de 40 000 F qui avait été fixée en première lecture par la commission).

Ultime coup de théâtre, ce n'est pas la FTIG qui a répondu à la lettre du 10 février 1999, mais une toute nouvelle fédération, fraîchement baptisée Fédération des artisans taxis du canton de Genève (ci-après : FATG) et issue du mariage de deux anciennes soeurs pas véritablement amies, la FTIG, présidée par M. Marc Dervaux, et l'AATG, présidée par M. Mohamad Al Kaar. Selon les informations dignes de foi dont dispose notre commission, il n'y avait, en tout et pour tout, qu'une cinquantaine de personnes lors de l'assemblée générale de la FATG (dont une bonne partie de représentants des centrales de diffusion d'ordres de course et non d'artisans chauffeurs de taxis). Quant aux différentes propositions formulées par la FATG, qui a entièrement réécrit le projet de loi, elles visent pour l'essentiel à supprimer totalement les grands garages et à introduire un salaire minimum pour les employés.

S'agissant enfin de l'AECTG, elle a formulé quatre propositions visant à modifier les articles 14 (15) pour exiger des chauffeurs une bonne connaissance de la langue française, 21, alinéa 4 (22, al. 4) pour préciser que les courses doivent être effectuées en suivant l'itinéraire le moins cher, sauf demande expresse du client, 24, alinéa 2 (25, al. 3) pour préciser que "; la distribution des taxis sur toutes les stations " (phrase rajoutée en première lecture par notre commission) "; ne peut pas être garantie à toutes les heures ", et enfin 36, alinéa 5 (37, al. 5) pour permettre aux employés de longue date d'être mis au bénéfice d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant.

Les propositions précitées ont été discutées lors de la deuxième lecture du projet de loi.

Notre commission a tout d'abord rejeté l'ensemble des propositions formulées par la FATG, partant du principe qu'elles émanaient d'une infime minorité de la profession et qu'elles étaient juridiquement totalement inacceptables. Notre commission a également rejeté les première et quatrième propositions formulées par l'AECTG, pour les raisons exposées dans le commentaire de l'article 14 (15) et, s'agissant de l'article 36, alinéa 5 (37, al. 5), en raison du fait que la situation visée ne concerne que 2 ou 3 cas.

Notre commission a en revanche accepté les deux propositions formulées par la FPTG, pour les raisons indiquées dans le commentaire des articles 26, alinéa 3 (27, al. 3) et 38, alinéa 2 (42, al. 2), ainsi que les deuxième et troisième propositions formulées par l'AECTG, pour les raisons indiquées dans le commentaire des articles 21, alinéa 4 (22, al. 4) et 24, alinéa 2 (25, al. 3).

A l'issue de la troisième lecture, le projet de loi a finalement été adopté dans son ensemble à une très large majorité de notre commission (oui : 3 AdG, 3 S, 2 Ve, 2 R, 1 DC ; abstention : 3 L).

Commentaire du projet de loi et des propositions d'amendement

Article 1 (1) But

Soucieuse de ne pas limiter le but de la loi au seul exercice de la profession de taxi, mais de l'élargir plus globalement au mode de transport par taxi, notre commission propose non seulement de compléter l'alinéa 1, en mentionnant expressément "; l'exploitation des services de taxis " en plus de "; l'exercice de la profession de taxi ", mais encore de rajouter un alinéa 3, pour bien préciser que les services de taxis doivent répondre aux objectifs du plan directeur des transports et aux besoins de la population.

Art. 2 (2) Champ d'application

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

Deux modifications ont été apportées à l'alinéa 2. La première consiste à remplacer l'expression "; compteur horométrique " par "; compteur agréé par le département " afin de tenir compte de l'évolution de la technique (cette modification terminologique vaut également pour les autres articles du projet de loi qui faisaient référence aux compteurs horométriques). La deuxième consiste à remplacer l'expression "; prix de location " par "; prix du service " qui est plus précise.

Art. 3 (3) Chauffeurs

En remplaçant l'expression "; peut conduire un véhicule portant l'inscription taxi " par "; peut exploiter un taxi ", l'idée est de renforcer le principe selon lequel seul le titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur employé ou de chauffeur indépendant peut conduire - et donc exploiter - un taxi (quelle que soit "; l'inscription " ou le signe distinctif).

Art. 4 (4) Carte professionnelle de chauffeur employé

Al. 1

Grâce à cette carte et à la suppression du délai de 3 ans imposé par la loi actuellement en vigueur pour obtenir un permis de stationnement, les chauffeurs qui choisiront de ne pas exercer le métier comme indépendant auront un réel statut d'employé salarié qui n'existe pratiquement pas aujourd'hui. Il convient encore de souligner qu'une convention collective des taxis a d'ores et déjà été signée entre la FPTG et l'AECTG.

Al. 2

La lettre b concernant les garanties de moralité et de comportement - qui correspond à une clause générale que l'on retrouve dans d'autres lois régissant d'autres professions soumises à autorisation et qui existe déjà dans la législation actuellement en vigueur sur les services de taxis - doit bien entendu être maintenue.

Art. 5 (5) Carte professionnelle de chauffeur indépendant

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

La lettre b, selon laquelle le requérant doit être Suisse ou au bénéfice du droit de séjourner en Suisse, tout en étant exempté des mesures de limitation d'accès à l'emploi, doit être maintenue dès lors qu'elle tient compte de la jurisprudence du Tribunal fédéral qui assimile certains titulaires de permis B, notamment les conjoints étrangers d'un Suisse ou d'une Suissesse, aux titulaires de permis C (ATF du 4 juillet 1997, publié dans la Semaine Judiciaire 1998, page 45).

La lettre c, qui correspond à la législation actuellement en vigueur, doit également être maintenue, pour les mêmes raisons que celles mentionnées dans le cadre du commentaire de l'article 4, alinéa 2.

Art. 6 (6) Autorisation d'exploiter un service de taxis

Al. 1

Il est logique de considérer comme "; entreprise " l'exploitant d'un service de taxis avec deux véhicules, dès lors qu'il s'agit déjà d'une PME avec plusieurs employés. La fin de la phrase a été complétée pour bien souligner qu'il s'agit d'une autorisation d'exploiter.

Al. 2 à 3

A la lettre b, considérant qu'il est plus aisé de faire la preuve positive d'une situation que l'inverse la notion d'insolvabilité est remplacée par : "; offre des garanties de solvabilité ".

Comme exposé plus longuement ci-dessus sous chiffre IV et ci-dessous dans le cadre du commentaire de l'article 8, notre commission n'a pas voulu permettre aux personnes morales d'être titulaires d'un permis de stationnement. Ce choix, important, a également impliqué une modification de l'article 6, alinéa 2, qui doit réserver aux seules personnes physiques la possibilité d'obtenir l'autorisation d'exploiter un service de taxis, et la suppression de l'alinéa 3, qui visait le changement du chef d'entreprise responsable d'une personne morale. De ce fait, l'alinéa 4 est devenu alinéa 3.

Art. 7 (7) Taxis étrangers et d'autres cantons

Cette disposition, qui s'inscrit dans la suite logique du règlement du Conseil d'Etat sur les taxis français, du 5 février 1997 (règlement dont la constitutionnalité a d'ores et déjà été confirmée par le Tribunal fédéral dans un arrêt du 30 avril 1998) est particulièrement bienvenue et contribuera à clarifier dans la loi la situation des taxis étrangers ou d'autres cantons.

Art. 8 (8) Permis de stationnement

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

Comme exposé ci-dessus sous chiffre IV ainsi que dans le cadre du commentaire de l'article 6, alinéas 2 à 3, notre commission a estimé - après en avoir longuement débattu et relevé qu'à l'heure actuelle, aucune entreprise de taxis (pas même les grands garages) ne s'était constituée en personne morale - qu'il ne fallait pas permettre aux personnes morales d'être titulaires d'un permis de stationnement et que la gestion desdits permis ne devait pas être effectuée par une association professionnelle faîtière, mais par le département. L'élimination des personnes morales a toutefois été accompagnée de deux assouplissements en faveur des grands garages (cf. le commentaire des articles 9, alinéas 5 et 6, et 12)

Ce double choix implique donc une modification de l'alinéa 2, qui précise désormais que le permis est délivré au titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant ou d'une autorisation d'exploiter un service de taxis.

Al. 3

Compte tenu des options prises par notre commission, qui a d'une part modifié l'article 12 (13) afin d'élargir la liste des personnes à qui le permis de stationnement peut être cédé en cas de succession (cf. le commentaire de l'article 12) et qui a d'autre part supprimé l'article 14 du projet de loi du Conseil d'Etat (qui admettait la location d'un véhicule avec permis de stationnement à un titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant sans permis de stationnement), tout en introduisant, à l'article 11, disposition selon laquelle la location de plaques minéralogiques liées à un permis de stationnement est interdite (cf. le commentaire de l'article 11), il convient de modifier l'alinéa 3 pour bien souligner que le permis de stationnement est strictement personnel et intransmissible, sous réserve de l'article 12 concernant les cas de succession.

Art. 9 (10) Limitation des permis de stationnement

Al. 1

La modification apportée vise à insister sur le fait que le nombre maximal des permis de stationnement sur la voie publique est limité non seulement en vue d'assurer une utilisation optimale du domaine public, mais encore un bon fonctionnement des services de taxis.

Al. 2

Dès l'instant où notre commission n'a pas retenu la proposition de confier la gestion des permis de stationnement à une association professionnelle faîtière, il est préférable de préciser que le nombre des permis de stationnement est adapté tous les ans par le Conseil d'Etat "; sur préavis des milieux professionnels concernés " (en lieu et place de "; sur proposition de l'association professionnelle faîtière "). Cette modification terminologique vaut également pour les autres articles du projet de loi du Conseil d'Etat qui faisaient référence à "; l'association professionnelle faîtière ".

Quant aux critères objectifs énumérés à l'alinéa 2, il convient de rajouter celui des "; besoins des usagers ", conformément au but élargi de la loi (cf. le commentaire de l'article 1).

Le terme "; réadapté " n'implique pas forcément que l'on augmente ou que l'on diminue le nombre des permis de stationnement, de sorte que le Conseil d'Etat pourra parfaitement, certaines années, décider d'en rester au statu quo.

Il convient encore de rappeler que le chiffre optimal des permis de stationnement pourra être déterminé sur la base du modèle mathématique et informatique développé lors de l'audit sur les taxis.

Al. 3

Indépendamment d'une légère amélioration de nature purement rédactionnelle, qui concerne le début de la phrase, l'alinéa 3 a encore dû être modifié - en raison des options prises par notre commission - pour préciser que c'est le département (et non l'association professionnelle faîtière) qui délivre les permis de stationnement et que ces derniers ne peuvent être octroyés qu'à une personne physique (et non à une personne morale).

Al. 4

La rédaction de l'alinéa 4 a également dû être reformulée pour tenir compte du fait que c'est le département et non l'association professionnelle faîtière qui, dans l'hypothèse visée, ne doit pas délivrer de nouveaux permis.

Cela étant, l'idée d'introduire une limite d'âge pour être inscrit sur la liste d'attente visée à l'alinéa 5, afin d'éviter de devoir délivrer des permis de stationnement à des chauffeurs qui conduisent ensuite jusqu'à un âge avancé, a été délibérément écartée en raison des explications fournies par les experts, qui ont rappelé qu'une telle limitation avait été déclarée inconstitutionnelle par le Tribunal administratif genevois (dans un arrêt non publié du 28 août 1989 dans la cause W.). Quant à une limite d'âge pour exercer la profession de chauffeur de taxi, elle serait très certainement considérée par le Tribunal fédéral comme une mesure de politique économique contraire à la Constitution fédérale.

Al. 5

Indépendamment du fait que c'est le département (et non l'association professionnelle faîtière) qui est chargé d'établir la liste d'attente, le début de la phrase (qui commençait par "; Si la demande de droit de stationnement excède le nombre de droit disponible .... "), a été supprimé pour tenir compte du fait que la liste d'attente doit en réalité être établie dès l'entrée en vigueur de la loi et indépendamment de la condition initialement prévue dans le projet de loi du Conseil d'Etat.

S'agissant des critères retenus pour établir la liste d'attente (à savoir la durée de travail effective dans la profession, le temps écoulé depuis l'obtention du brevet d'exploitant, ainsi qu'une répartition équitable des permis entre les nouveaux brevetés, les indépendants et les exploitants), il convient de relever que l'ordre dans lequel ils sont énumérés est sans signification particulière. Ces critères devront être précisés dans le règlement d'exécution de la loi et faire l'objet d'une pondération (en fonction de l'attribution d'un certain nombre de points positifs et négatifs aux candidats). L'utilisation de ces critères permettra d'éviter les erreurs commises dans le cadre du système en vigueur avant l'initiative "; Pour des taxis égaux ", d'assurer l'égalité de traitement entre les différents demandeurs de permis (en fonction de toutes les circonstances particulières de chaque cas) et de maintenir un équilibre historique et nécessaire entre les artisans et les grandes entreprises.

Al. 6

Compte tenu des différents choix opérés par notre commission, il est apparu nécessaire, pour assurer la continuité du service public de transport par taxis, d'introduire un alinéa entièrement nouveau. Ce dernier permet au DJPT de déroger à la liste d'attente prévue à l'alinéa 5 et d'autoriser la délivrance, à un seul exploitant, des permis de stationnement remis en vue de leur annulation par un autre exploitant, afin de pouvoir conserver à Genève de grandes entreprises de taxis qui sont pratiquement les seules à assurer véritablement le service 24 heures sur 24, et qui ne peuvent mettre les permis de stationnement qu'au nom d'une personne physique. A l'instar de l'avis exprimé à réitérées reprises par le Grand Conseil (notamment lors de l'élaboration de la loi de 1979), notre commission est persuadée qu'il est indispensable d'éviter le démantèlement des grandes entreprises de taxis, entreprises dont la pérennité doit absolument être assurée. Cette clause dérogatoire à la liste d'attente, qui permettra de remettre en bloc des permis de stationnement, constitue un palliatif à une partie des difficultés qu'entraîne la titularité des permis par les seules personnes physiques. Lorsque le nombre de permis remis en bloc est supérieur à 10, le DJPT devra procéder à un appel d'offres public, ce qui permettra de fixer des obligations (par exemple imposer un service de nuit) en échange des permis octroyés.

Al. 7

L'alinéa 7, qui reprend l'alinéa 6 du projet de loi du Conseil d'Etat, n'appelle pas de commentaire particulier, sinon qu'il permettra de préciser dans le règlement d'exécution de la loi les critères relatifs à la tenue de la liste d'attente et de fixer le nombre des permis de stationnement.

Art. 10 (11) Annulation des permis de stationnement

Compte tenu des choix opérés par notre commission de rendre les permis de stationnement personnels et intransmissibles (et donc de ne pas admettre le système proposé par le projet de loi du Conseil d'Etat, qui aurait permis le rachat et la revente des permis de stationnement par le biais d'une association professionnelle faîtière), il a fallu préciser expressément, dans une disposition entièrement nouvelle (y compris sa note marginale), que le titulaire d'un ou de plusieurs permis de stationnement qui cesse son activité doit, sous réserve de l'article 12 concernant la cession des permis de stationnement en cas de décès, remettre la totalité de ses permis au département qui procède à leur annulation, sans indemnité.

Art. 11 (14) Location de plaques

Compte tenu des risques manifestes d'abus, notre commission a non seulement estimé nécessaire de supprimer l'article 14 du projet de loi du Conseil d'Etat, qui aurait permis la location d'un véhicule avec permis de stationnement, mais encore de préciser expressément dans une disposition entièrement nouvelle (y compris sa note marginale) que la location des plaques minéralogiques liées à un permis de stationnement est interdite. L'introduction d'une telle clause exprime la volonté de la commission de clarifier les différents statuts professionnels et d'exclure les situations d'inégalité. Cette disposition méritera, pour être suivie des effets escomptés, d'être contrôlée de manière précise auprès de chaque catégorie d'intervenants.

Art. 12 (13) Dévolution et cession des permis de stationnement

Compte tenu des choix opérés par notre commission concernant la titularité des permis de stationnement par les seules personnes physiques et la gestion desdits permis par le DJPT, l'article 12 (13) a dû être entièrement remanié pour ne concerner en définitive que le décès d'une personne physique titulaire d'un ou de plusieurs permis de stationnement. S'il est indispensable de permettre à un héritier en ligne directe ou collatérale d'une personne physique titulaire d'un ou de plusieurs permis de stationnement de devenir titulaire de ces permis pour autant qu'il le demande et qu'il dispose d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant ou qu'il soit détenteur d'une autorisation d'exploiter lors de l'ouverture de la succession, il convient encore d'ajouter le conjoint survivant, afin d'assurer encore mieux la pérennité des entreprises de taxis, dont le rôle très important a déjà été souligné ci-dessus (cf. le commentaire de l'article 9, alinéa 6).

Art. 13 (9) Autorisations exceptionnelles

Il est important de permettre au DJPT, lors de certaines manifestations exceptionnelles comme Telecom, d'accorder des autorisations temporaires et limitées aux stations les plus importantes pour le public dans ces occasions (comme l'aéroport, la gare ou Palexpo). Il faut en effet savoir que lors de certaines grandes manifestations, plusieurs centaines de véhicules avec des plaques 9000V circulent à Genève et font une concurrence manifeste aux taxis genevois. Les chauffeurs qui louent ces véhicules 9000V ne sont généralement pas titulaires d'un permis professionnel, ne possèdent pas de tachygraphe et ne déclarent pas leur revenu aux impôts.

Art. 14 (15) Examens pour la carte professionnelle de chauffeur employé

Sans aller jusqu'à exiger une bonne connaissance du français (dès lors qu'une telle barrière pourrait faire l'objet d'une lecture discriminatoire et que les examens supposent de toute manière une connaissance suffisante de la langue française), le remplacement de l'expression "; les rudiments d'une langue étrangère " par "; les rudiments d'une seconde langue " souligne assez subtilement que le candidat doit en réalité avoir une connaissance suffisante du français, ne serait-ce que pour comprendre les questions qui lui sont posées dans le cadre des examens. Quant aux rudiments d'une seconde langue (exigence qui n'existe pas à l'heure actuelle et qui a été expressément souhaitée par les milieux de l'économie et du tourisme), il appartiendra au règlement d'exécution de la loi de préciser qu'il s'agit actuellement de l'anglais.

Par rapport au système actuellement en vigueur, l'examen permettra encore d'avoir des exigences plus précises au niveau des connaissances théoriques et pratiques de la topographie.

Art. 15 (16) Brevet d'exploitant de taxi

Al. 1

Pas de commentaire en dehors du fait (déjà relevé ci-dessus sous chiffre III) que l'introduction du brevet d'exploitant constitue, avec la réintroduction du numerus clausus des permis de stationnement, l'un des deux instruments destinés à assainir la profession.

Al. 2

Pour les mêmes raisons que celles exposées ci-dessus dans le cadre du commentaire de l'article 14 (15), l'expression "; les rudiments d'une langue étrangère " a été remplacée par "; les rudiments d'une seconde langue ".

Pour le surplus, il appartiendra au règlement d'exécution de la loi de fixer le détail du programme, conformément aux remarques formulées par le Conseil d'Etat dans l'exposé des motifs du projet de loi PL 7867.

Art. 16 (17) Organisation des examens et équivalences

Al. 1

Il est raisonnable de permettre au DJPT d'organiser lui-même les examens, ou de confier cette tâche aux milieux professionnels sous sa surveillance. A noter que l'expression "; association professionnelle faîtière " a été remplacée par "; milieux professionnels ", compte tenu du choix de notre commission de ne pas viser expressément une association faîtière.

Al. 2

Il n'est pas possible de dispenser les candidats de tous les examens, dès lors que les titulaires d'un brevet fédéral ou d'un brevet d'exploitant délivré par d'autres cantons devront en tout cas passer l'examen relatif aux connaissances théoriques et pratiques de la topographie de la ville et du canton de Genève.

Art. 17 (18) Obligation d'informer

Quand bien même l'obligation d'informer visait en priorité les personnes morales au bénéfice d'une autorisation, il semble utile de la maintenir pour les personnes physiques, compte tenu du principe de la bonne foi.

Art. 18 (19) Révocation des autorisations

Pas de commentaire dès lors qu'il s'agit d'une clause standard qui existe dans plusieurs lois régissant d'autres professions.

Art. 19 (20) Emoluments

Pas de commentaire dès lors qu'il s'agit d'une clause standard qui existe dans plusieurs lois régissant d'autres professions.

Art. 20 (21) Complémentarité des transports

Al. 1

La complémentarité des taxis par rapport aux transports individuels et collectifs (déjà soulignée dans le commentaire de l'article 1) est importante dès lors que c'est précisément parce que les taxis rendent un service au public et jouent un rôle complémentaire qu'ils peuvent bénéficier de certains avantages, dont l'accès le plus large possible aux voies réservées aux transports en commun et aux rues marchandes ou piétonnes.

Al. 2

Il est intéressant, dans le cadre d'une saine politique des transports, d'envisager la possibilité de créer des taxis semi-collectifs, comme il en existe dans de nombreuses villes étrangères. Il appartiendra au Conseil d'Etat de fixer, dans le règlement d'exécution de la loi, la question du tarif et de la prise en charge, afin de favoriser le développement des transports semi-collectifs et de rendre possible l'usage par plusieurs personnes d'un même taxi, de manière organisée.

Art. 21 (22) Obligations des chauffeurs

Al. 1

L'expression "; tenue correcte ", qui existe déjà dans le règlement d'exécution de la loi actuellement en vigueur, constitue une notion juridique indéterminée, qui nécessite une certaine appréciation de la part de l'autorité administrative et qui doit être conservée afin de pouvoir sanctionner les abus manifestes, bien entendu sous le contrôle du Tribunal administratif.

Al. 2

Il est indispensable, pour des motifs de contrôle et de protection des clients, que les chauffeurs de taxis aient, sur demande de la police ou des clients, l'obligation de s'identifier au moyen de la carte professionnelle.

Al. 3

Il est également primordial (en dépit de certaines réticences manifestées lors des auditions) que les tarifs pratiqués par le taxi, le prix de la course, le nom du chauffeur et le numéro d'autorisation soient affichés à la vue des passagers, dès lors qu'il s'agit des éléments de référence en cas de réclamation.

Al. 4

Cette obligation est particulièrement importante pour protéger les passagers qui ne connaissent pas la ville. Elle a d'ailleurs été modifiée pour préciser que les courses sont effectuées en suivant l'itinéraire "; le meilleur marché " (au lieu de "; le plus court ou le plus rapide "), sauf demande expresse du client.

Al. 5

Dans la mesure où le projet de loi ne fait pas usage de la faculté conférée aux cantons d'adopter une réglementation plus sévère que celle prévue par le droit fédéral, qui régit de manière très détaillée la durée du travail, de la conduite et du repos des chauffeurs de taxi, un simple rappel des obligations découlant du droit fédéral suffit.

Al. 6

Cette clause de délégation législative permettra au Conseil d'Etat de compléter, dans le règlement d'exécution de la loi, les obligations imposées aux chauffeurs, et de reprendre plusieurs dispositions qui existent déjà dans le règlement actuellement en vigueur.

Art. 22 (23) Obligations des exploitants

Al. 1

L'idée formulée par un commissaire de modifier l'alinéa 1 pour inciter davantage les milieux professionnels à signer une convention collective n'a finalement pas été retenue, compte tenu des difficultés de faire d'une convention collective une obligation légale et sachant pour le surplus qu'une telle convention a d'ores et déjà été conclue récemment entre la FPTG et l'AECTG.

Al. 2

Cet alinéa, qui reprend intégralement le contenu de l'article 11 de loi actuellement en vigueur, doit être conservé pour prévenir les cas de fraude (à la loi sur les services de taxis ou à la législation fédérale concernant les heures de travail et de repos). Dans ce cadre-là, il est important de donner à l'autorité les moyens d'investigation nécessaires (décomptes, fiches de salaires). Afin de renforcer le fait que les exploitants sont de réels patrons, le mot "; employeurs " a été rajouté dans la deuxième phrase de l'alinéa 2.

Al. 3

Pas de commentaire.

Art. 23 (24) Véhicules

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

En dépit de l'avis exprimé par certaines personnes auditionnées, cette disposition est importante pour éviter les ambiguïtés entre les limousines de luxe et les taxis, pour permettre les contrôles et pour lutter contre les abus dont les clients (notamment étrangers) sont trop souvent victimes avec les conséquences désastreuses que cela entraîne au niveau de l'accueil dans notre canton. Les professionnels doivent absolument choisir entre une activité de taxi (avec les obligations que cela comporte au niveau du compteur, des tarifs et de l'obligation d'accepter les courses) et une activité de limousine et ce choix ne doit pas être fait à la tête du client. Le Conseil d'Etat pourra bien entendu accorder des dérogations dans le règlement d'exécution de la loi, afin de permettre notamment aux chauffeurs de taxis de partir en vacances avec leur véhicule en enlevant la "; bonbonne ". Suite à la modification apportée à l'article 2, alinéa 2, l'expression "; compteurs horométriques " a été remplacée par "; compteurs agréés par le département ".

Al. 3

Pas de commentaire particulier en dehors du remplacement de l'expression "; compteurs horométriques " par "; compteurs ".

Art. 24 (25) Obligations particulières

Compte tenu des nombreuses réticences manifestées par la profession à l'égard de l'obligation, pour les taxis avec permis de stationnement, d'avoir une couleur unique (obligation prévue par l'article 25, alinéa 1, du projet de loi du Conseil d'Etat), notre commission a finalement renoncé (comme exposé ci-dessus sous chiffre IV) à conserver cette disposition qui aurait été relativement délicate à mettre en oeuvre dans le contexte actuel, tant au niveau technique (problème lié à la difficulté d'avoir une couleur homogène selon les marques de véhicules), qu'économique (coût relativement important lors de l'acquisition d'un véhicule et difficulté en cas de revente) ou juridique (disposition transitoire à prévoir).

Cela ne signifie pas pour autant qu'il ne faille pas chercher à améliorer la distinction qui existe actuellement entre les taxis avec permis de stationnement (qui ont une "; bonbonne " jaune) et sans permis de stationnement (qui ont une "; bonbonne " bleue et jaune). Afin d'assurer une distinction plus claire entre ces deux catégories, le règlement d'exécution de la loi pourra imposer aux taxis sans permis de stationnement une "; bonbonne " de couleur totalement différente de celles des taxis avec permis de stationnement.

La suppression de l'alinéa 1 entraîne donc un décalage des alinéas 2 et 3 (qui deviennent les alinéas 1 et 2), l'alinéa 3 étant quant à lui entièrement nouveau.

Al. 1

Les refus de courses émanant de chauffeurs de taxis au bénéfice d'un permis de stationnement doivent être combattus avec énergie, dès lors qu'ils donnent une image déplorable de la profession et du service qu'elle doit rendre au public. L'obligation d'accepter toutes les courses, quel que soit le lieu de destination dans le canton, ne doit par conséquent pas être limitée aux seuls cas où la prise en charge a lieu sur une station réservée aux taxis, comme le prévoyait le projet de loi du Conseil d'Etat, mais s'applique aux autres cas (notamment lorsque le taxi est hélé dans la rue).

Al. 2

L'expression "; association professionnelle faîtière " a été remplacée par "; milieux professionnels ". Suite à une remarque formulée par un commissaire qui déplorait le fait que certaines stations sont mal desservies et qui aurait souhaité une présence plus marquée des taxis sur les stations (obligation d'une part difficile à imposer et surtout à contrôler en pratique, et d'autre part, de nature à provoquer une inégalité de traitement entre chauffeurs employés et indépendants), l'alinéa 2 a finalement été complété par "; et, dans la mesure du possible, une distribution des taxis sur toutes les stations ", complément qui indique donc un souhait et non une obligation. A noter par rapport aux inquiétudes d'éventuelles inégalités de traitement, que les salariés ont la possibilité de s'en plaindre directement auprès du département.

Al. 3

Indépendamment de la délégation de compétences classique généralement accordée au Conseil d'Etat (cf. article 33) pour préciser certains points dans le règlement d'exécution de la loi, notre commission a estimé utile de prévoir, dans un alinéa entièrement nouveau, la possibilité pour le Gouvernement de définir dans un accord de prestation soumis à l'approbation du Grand Conseil sous forme de résolution, d'autres obligations ou avantages liés à la détention des permis de stationnement.

Art. 25 (26) Taxe et émolument

Compte tenu des principaux choix opérés par notre commission, l'article 25 (26) a été passablement modifié (y compris sa note marginale), notamment pour tenir compte du fait que la taxe ne vise plus, pour l'essentiel, à financer la gestion des permis de stationnement par l'association professionnelle faîtière (comme le prévoyait initialement l'article 40 du projet de loi du Conseil d'Etat), mais à améliorer les conditions sociales de la profession (cf. également le commentaire de l'article 38).

Al. 1

L'expression "; le département peut percevoir " a tout d'abord été remplacée par "; le département perçoit ", pour éviter tout problème d'interprétation. En raison du "; splitting " de la taxe, le montant maximal de cette dernière a été ramené de 1 500 F à 1 300 F, étant rappelé que cette somme est affectée "; après consultation des milieux professionnels " à l'amélioration des conditions sociales de la profession.

Al. 2

En raison du "; splitting " précité, il est prévu que le département perçoit un émolument annuel de 200 F par permis de stationnement, somme qui permettra non seulement au département de percevoir le montant de 145 F actuellement prélevé en contrepartie de l'usage accru du domaine public (montant qui est ensuite rétrocédé aux communes), mais encore de disposer de ressources supplémentaires.

Al. 3

Pas de commentaire dès lors qu'il s'agit d'une clause d'indexation standard que l'on retrouve dans d'autres lois.

Al. 4

Dès lors que l'alinéa 1 prévoit un montant maximal de la taxe de 1 300 F, il convient de prévoir une clause de délégation en faveur du Conseil d'Etat qui devra fixer, dans le règlement d'exécution de la loi, le montant de la taxe et les conditions d'utilisation de son produit.

Art. 26 (27) Tarifs

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

La suppression de la limite de taxe est particulièrement bienvenue dès lors qu'après avoir été repoussée à plusieurs reprises pour englober l'aéroport et PALEXPO, puis l'autoroute de contournement, elle n'est plus conforme à la réalité démographique et géographique du canton. Ce sont donc bien les tarifs (au pluriel) qui sont identiques pour l'ensemble du canton.

Al. 3

L'expression "; association professionnelle faîtière " a été remplacée par "; milieux professionnels ". Quant à l'intervention ponctuelle et limitée du Conseil d'Etat en ce qui concerne le plafond des tarifs, elle existe dans la loi actuellement en vigueur et demeure indispensable pour des raisons de protection du consommateur. Compte tenu de l'avantage dont bénéficient les taxis avec permis de stationnement, il est logique de permettre au Conseil d'Etat de fixer, pour ces derniers, un tarif inférieur. Enfin, une fixation tous les ans (et non tous les 2 ans) semble préférable, notamment pour pouvoir répercuter plus rapidement les éventuelles augmentations à venir de la TVA.

Al. 4

Cet alinéa, qui existe dans le règlement actuellement en vigueur, a été modifié afin de préciser qu'il vise tous les abonnés d'une "; même " centrale.

Art. 27 (28) Respect de la concurrence

Cet article, qui donne en quelque sorte un mandat au DJPT tout en ayant un effet dissuasif vis-à-vis de la profession, n'appelle pas de commentaire particulier, en dehors du fait qu'il a été précisé que c'est bien entendu la commission "; fédérale " qui est visée.

Art. 28 (29) Attributions spéciales de la police

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

Afin d'éviter d'éventuels abus, la formule "; la police saisit " a été remplacée par "; la police peut saisir ", comme le prévoit d'ailleurs l'article 15, alinéa 2, de la loi actuellement en vigueur, qui n'a pas donné lieu à des abus et qui ne concerne que les violations graves aux règles de la circulation.

Al. 3

Pas de commentaire.

Art. 29 (30) Suspension et retrait de la carte professionnelle

Al. 1

Pas de commentaire.

Al. 2

Alors que l'article 16, alinéa 2, de la loi actuellement en vigueur prévoit que la carte professionnelle de chauffeur de taxi est retirée définitivement aux chauffeurs incorrigibles, la solution du délai de 2 ans est plus appropriée et plus conforme au principe de la proportionnalité.

Art. 30 (31) Suspension et retrait de l'autorisation d'exploiter ou du permis de stationnement

Pas de commentaire.

Art. 31 (32) Amende administrative

Le remplacement du système de contraventions pénales par le système plus moderne d'amendes administratives (d'ores et déjà prévu dans d'autres lois régissant différentes professions) est une bonne chose et évite les doubles recours au Tribunal de police contre une contravention et au Tribunal administratif contre un retrait ou une suspension d'autorisation ou de permis.

Al. 1

Le montant maximal de l'amende administrative a été maintenu à 20 000 F à l'instar d'autres lois et en dépit du fait qu'elle peut s'ajouter à un retrait de l'autorisation d'exploiter ou du permis de stationnement, voire encore à un retrait du permis de conduire et à une contravention en cas de violation des dispositions de la loi fédérale sur la circulation routière.

Al. 2

Pas de commentaire.

Al. 3

L'alinéa 3 correspond à une clause standard que l'on retrouve dans d'autres lois. Il doit être maintenu en dépit du fait qu'une personne morale ne peut être ni titulaire de l'autorisation d'exploiter un service de taxis, ni titulaire d'un permis de stationnement. Il permet notamment de rendre les sociétés ou les entreprises (qui existent néanmoins) solidairement responsables du paiement des amendes.

Art. 32 (33) Tribunal administratif

Pas de commentaire.

Art. 33 (34) Dispositions d'application

Pas de commentaire.

Art. 34 (35) Clause abrogatoire

Pas de commentaire.

Art. 35 (36) Entrée en vigueur

Pas de commentaire.

Art. 36 (37) Chauffeurs et exploitants déjà au bénéfice d'une autorisation

Pas de commentaire en dehors du fait que la note marginale a été légèrement modifiée et que cette disposition transitoire est indispensable pour assurer une transition entre deux lois, conformément au principe de proportionnalité.

Art. 37 (39) Permis de stationnement

Pas de commentaire.

Art. 38 (40) Annulation des permis de stationnement en excédent

Comme exposé ci-dessus sous chiffre IV, cette disposition, entièrement nouvelle (y compris sa note marginale), résulte des principaux choix opérés par notre commission concernant la réintroduction d'un numerus clausus des permis de stationnement et le caractère strictement personnel et intransmissible (sous réserve de l'article 12) desdits permis, et de sa volonté d'assainir rapidement la profession.

Al. 1

Afin d'assainir la profession, il convient de prévoir, dans des dispositions transitoires, la procédure relative à l'annulation des permis de stationnement en excédent.

Al. 2

Afin d'accélérer l'assainissement de la profession et d'inciter les chauffeurs de taxi âgés à sortir de la profession, il est prévu que le titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement qui remet son ou ses permis de stationnement au DJPT en vue de leur annulation reçoit une indemnité forfaitaire par permis, pour autant qu'il ait travaillé pendant 10 ans au moins comme chauffeur de taxi ou que le permis de stationnement ait été exploité pendant 10 ans au moins. La durée de 10 ans doit correspondre à 10 ans de travail, qui peuvent être interrompus.

Al. 3

L'indemnité sera progressive, avec un minimum de 30 000 F par permis après 10 ans, et un maximum de 40 000 F par permis après 15 ans.

Al. 4

Afin d'être encore plus incitative, l'indemnité n'est pas soumise aux impôts cantonaux ou communaux. Son financement est intégralement assuré par la taxe annuelle prévue à l'article 25, alinéa 1, et ne coûte par conséquent rien à l'Etat. Si les demandes d'indemnité sont supérieures au montant dont dispose le DJPT, ce dernier établit une liste d'attente, selon l'ordre chronologique des demandes et l'âge des titulaires et verse alors les indemnités sans intérêts en fonction de cette liste.

Al. 5

Là également, notre commission a estimé qu'il était intéressant de permettre, le cas échéant, au DJPT de conclure un accord de prestation avec les milieux professionnels concernés, soumis à l'approbation du Grand Conseil sous forme de résolution, afin d'organiser un paiement plus rapide des indemnités.

Al. 6

Il est encore important de préciser que la carte professionnelle et/ou l'autorisation d'exploiter du titulaire de permis de stationnement qui remet la totalité de ses permis de stationnement au DJPT est annulée et que, dans ce cas, la dérogation prévue à l'article 36, alinéa 4, ne s'applique pas et le DJPT ne peut pas entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de 2 ans à compter du jour de l'entrée en force de la décision d'annulation. Le chauffeur qui reçoit l'indemnité de "; sortie de la profession " ne doit en effet pas pouvoir immédiatement revenir sur le marché.

Art. 39 (42) Modification à d'autres lois

Pas de commentaire.

tableau

Pétition 1200

Marquant la fin des travaux de la commission, le rapport projet de loi 7867-A, permet au Grand Conseil de voter le projet de loi 7867 et de donner ainsi satisfaction aux déposants de la pétition 1200 dont la demande, bien comprise des commissaires, exprime la nécessité pour la profession de se doter au plus vite de la nouvelle loi.

La commission vous propose donc, Mesdames et Messieurs les députés, de déposer la pétition 1200 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignements.

Pétition(1200)

concernant la nouvelle loi sur les taxis

Nous soussignés, exploitants d'un service de taxis, demandons à Mesdames et Messieurs les députés, de bien vouloir mettre fin à la situation catastrophique de notre profession, en votant dans les plus brefs délais le projet de loi (H 1 30).

Cette nouvelle loi permettra non seulement d'améliorer la situation de TOUS LES CHAUFFEURS DE TAXIS (artisans, employeurs et employés), mais elle prévoit également d'améliorer la formation professionnelle et de gérer le domaine public par la Fédération professionnelle des taxis genevois. Elle mettra donc fin à la distribution incessante de nouvelles concessions (il y avait 682 taxis en 1991, il y en a 940 en 1997), sans toutefois être trop rigide, puisque la situation sera évaluée chaque année. D'autre part, elle améliorera l'éthique de la profession et procurera un meilleur service à la population.

N.B. : 622 signatures

Severino Maurutto, F.P.T.G., Case postale 306, 1215 Genève 15

Conclusions

De la naissance du transport professionnel de personnes en 1902 à nos jours, le débat sur cette activité n'a été qu'un perpétuel recommencement. Régulation ou libéralisation des permis de stationnement, répartition des permis entre artisans et garages, transmissibilité ou non des permis, telles ont été les options fluctuant la politique cyclique des autorités qui, il faut bien le dire, n'avaient pas grande marge de manoeuvre.

L'expérience de 1992 à ce jour démontre les limites d'un système entièrement libre sans aucune règle de contingentement qui se révèlent d'autant plus aisément dans une activité où l'on peut débuter extrêmement rapidement pour ne pas dire du jour au lendemain. Afin de rassurer les votants de l'initiative pour des taxis égaux en 1992 qui pourraient douter de ce retour à une limitation du nombre de permis de stationnement, il est important de relever que ce sont, entre autres, les déposants de l'initiative qui demandent aujourd'hui de légiférer dans le sens du nouveau projet de loi. Cette observation démontre qu'aucune disposition légale n'est immuable, mais surtout que l'on revient sur un vote populaire à la demande des auteurs de l'initiative de 1992.

Aujourd'hui, ce projet de loi est le fruit d'un travail constructif mené dans la profession depuis 1995 par le département. De ce travail, il ressort bien évidemment les habituelles options de "; gouvernail ", mais surtout le regroupement d'une large majorité des professionnels, employés, indépendants et garages dans une fédération. Une fédération qui n'a d'ailleurs pas tardé à démontrer sa volonté de donner des bases saines à la profession en adoptant une convention collective de travail régissant les rapports de services entre employeurs et employés. Quant au projet de loi en lui-même, il affine la structure de base de la profession, notamment par les points suivants :

les statuts d'employé, d'indépendant, et d'exploitant ;

les conditions liées au permis de stationnement ;

la formation ;

une amélioration des conditions sociales de la profession.

Ces différentes améliorations permettent d'envisager l'avenir de la profession avec confiance, dans une perspective évolutive à la satisfaction de tous, y compris des utilisateurs. Pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer à l'attention des protagonistes qu'un développement positif de l'activité "; taxi " dans notre région ne peut se produire qu'à condition de maintenir les efforts de dialogue et de volonté d'aller ensemble de l'avant. Le rôle de l'Etat est déterminant. Dans la phase d'élaboration du projet de loi, le département, par la volonté de son président M. le conseiller d'Etat Gérard Ramseyer, a entrepris un excellent travail de préparation. Après la phase parlementaire, veiller à la bonne application de la loi reviendra à nouveau au département, auquel nous ne pouvons que recommander de continuer, comme il l'a fait dans la phase de préparation, à porter une attention soutenue à tous les niveaux de cette activité.

Tel qu'amendé par notre commission, le projet de loi sur les services de taxis constitue, qu'on le veuille ou non, un compromis raisonnable qui tient compte de nombreux facteurs, parmi lesquels il convient notamment de citer le poids certain de l'histoire des taxis genevois, le regroupement relativement récent et fragile de la majorité de la profession autour de la FPTG, qui doit encore affronter l'épreuve du temps, ainsi que, bien entendu, la composition actuelle du Grand Conseil.

Si certains commissaires auraient idéalement souhaité une loi plus novatrice, qui aurait notamment donné plus d'autonomie à la profession et autorisé la délivrance des autorisations d'exploiter et des permis de stationnement aux personnes morales, l'absolue nécessité - admise par toutes les parties en cause - de légiférer rapidement l'a finalement emporté, de telle sorte que le projet de loi adopté à une confortable majorité de notre commission, avec un très large soutien des milieux professionnels concernés (y compris les grandes entreprises), permettra non seulement d'assainir relativement rapidement la profession (grâce à la réintroduction d'un numerus clausus des permis de stationnement, à l'introduction d'un brevet d'exploitant, ainsi qu'aux mesures incitatives prévues dans les dispositions transitoires pour encourager les chauffeurs les plus âgés à quitter le métier), mais également d'assurer la pérennité des grandes entreprises de taxis (grâce aux amendements apportés au projet de loi concernant la possibilité de délivrer, en bloc, plusieurs permis de stationnement et grâce à l'élargissement des possibilités de cession des permis de stationnement en cas de décès), dont le rôle est essentiel s'agissant du service 24 heures sur 24.

Au bénéfice des explications qui précèdent, notre commission vous invite donc, Mesdames et Messieurs les députés, à accepter le projet de loi dans la version issue de ses travaux.

Projet de loi(7867)

sur les services de taxis (H 1 30)

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèvedécrète ce qui suit :

Art. 1 But

1 La loi a pour objet d'assurer un exercice de la profession de taxi et une exploitation des services de taxis conformes, notamment, aux exigences de la sécurité publique, de la moralité publique et de la loyauté dans les transactions commerciales ainsi qu'aux règles relatives à l'utilisation du domaine public.

2 Il est tenu compte de la fonction complémentaire des taxis par rapport aux transports individuels et collectifs et de leur rôle en matière de tourisme.

3 Le Conseil d'Etat veille à ce que par leur organisation et leur exploitation, les services de taxis répondent aux objectifs du plan directeur des transports et aux besoins de la population.

Art. 2 Champ d'application

1 Est soumis à la loi le transport professionnel des personnes au moyen de taxis.

2 Sont des taxis, les véhicules avec chauffeur équipés d'un compteur agréé par le département, dont le prix du service est calculé dans les limites d'un tarif officiel.

Art. 3 Chauffeurs

Seul le titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur employé ou de chauffeur indépendant peut exploiter un taxi.

Art. 4 Carte professionnelle de chauffeur employé

1 La carte professionnelle de chauffeur employé confère au chauffeur le droit d'exercer son activité comme employé.

2 L'autorisation, strictement personnelle et intransmissible est délivrée par le département lorsque le requérant :

Art. 5 Carte professionnelle de chauffeur indépendant

1 La carte professionnelle de chauffeur indépendant confère au chauffeur le droit d'exercer son activité comme indépendant avec un seul véhicule.

2 L'autorisation, strictement personnelle et intransmissible, est délivrée par le département lorsque le requérant :

Art. 6 Autorisation d'exploiter un service de taxis

1 L'exploitation d'un service de taxis sous la forme d'une entreprise de taxis avec deux ou plusieurs véhicules est subordonnée à l'obtention préalable d'une autorisation d'exploiter.

2 L'autorisation, strictement personnelle et intransmissible, est délivrée par le département à une personne physique lorsqu'elle :

3 Si une personne physique se consacre à la direction d'une entreprise de taxis exploitant en permanence au moins trois véhicules ou souffre d'une invalidité interdisant la conduite d'un taxi, le département peut renoncer à l'exigence de la carte professionnelle si le requérant remplit les conditions fixées à l'article 5, alinéa 2, lettre a à d.

Art. 7 Taxis étrangers et d'autres cantons

1 Les taxis d'autres cantons n'ont le droit de charger des clients sur le territoire genevois que s'ils ont été expressément commandés à l'avance par ces clients.

2 Sous réserve des conventions internationales, les taxis étrangers n'ont pas le droit de charger des clients sur le territoire genevois.

3 En l'absence de convention internationale, le Conseil d'Etat peut autoriser le chargement de clients à l'Aéroport de Genève-Cointrin en fixant les conditions de cette autorisation.

Art. 8 Permis de stationnement

1 Le stationnement d'un véhicule sur les places réservées aux taxis sur le domaine public est subordonné à l'obtention préalable d'un permis de stationnement délivré par le département.

2 Le permis est délivré au titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant ou d'une autorisation d'exploiter un service de taxis.

3 Le permis est strictement personnel et intransmissible, sous réserve de l'article 12.

Art. 9 Limitation des permis de stationnement

1 Le nombre maximal des permis de stationnement sur la voie publique est limité en vue d'assurer une utilisation optimale du domaine public et un bon fonctionnement des services de taxis.

2 Il est réadapté tous les ans par le Conseil d'Etat, sur préavis des milieux professionnels concernés, sur la base de critères objectifs, liés, notamment, aux conditions d'utilisation du domaine public, à l'évolution du trafic automobile et aux besoins des usagers.

3 Lorsque le nombre de permis émis est inférieur au nombre maximal de permis de stationnement prévu à l'alinéa 1, le département doit, sous réserve des alinéas 4 et 5, octroyer un permis à une personne physique qui remplit les conditions légales de délivrance et en fait la demande.

4 Tant que le nombre maximal de permis prévu à l'alinéa 1 est inférieur au nombre de permis déjà émis, le département ne délivre pas de nouveaux permis.

5 L'octroi des permis est effectué sur la base d'une liste d'attente établie par le département et fondée sur des critères objectifs prenant en compte, pour chaque demande, la durée de travail effective dans la profession, le temps écoulé depuis l'obtention du brevet d'exploitant, ainsi qu'une répartition équitable des permis entre les nouveaux brevetés, les indépendants et les exploitants.

6 Pour assurer la continuité du service public de transport par taxi, le département peut déroger à la liste d'attente prévue à l'alinéa 5 et autoriser la délivrance à un seul exploitant des permis de stationnement remis en vue de leur annulation par un autre exploitant.

Le département procède à un appel d'offre public le nombre de permis est supérieur à dix.

7 Le Conseil d'Etat fixe les conditions d'adaptation du nombre maximal de permis de stationnement.

Art. 10 Annulation des permis de stationnement

Le titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement qui cesse son activité doit, sous réserve de l'article 12, remettre la totalité de ces permis au département qui procède à leur annulation.

Art. 11 Location de plaques

La location des plaques minéralogiques liées à un permis de stationnement est interdite.

Art. 12 Dévolution et cession des permis de stationnement

Le conjoint survivant ou un héritier en ligne directe ou collatérale d'une personne physique titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement devient titulaire de ces permis, s'il le requiert, pour autant qu'il dispose d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant ou qu'il soit détenteur d'une autorisation d'exploiter lors de l'ouverture de la succession.

Art. 13 Autorisations exceptionnelles

1 Le département peut accorder des permis de stationnement temporaires, limités à certaines places réservées aux taxis, à l'occasion de manifestations importantes entraînant un fort accroissement de la demande de taxis.

2 Le département perçoit un émolument conformément à l'article 19.

Art. 14 Examens pour la carte professionnelle de chauffeur employé

L'obtention de la carte professionnelle de chauffeur employé est subordonnée à la réussite d'examens pour vérifier que les candidats possèdent les connaissances nécessaires au regard des buts poursuivis par la loi. En particulier, les examens portent sur la connaissance théorique et pratique de la topographie de la ville et canton, les obligations résultant de la loi, le maniement du compteur et les rudiments d'une seconde langue.

Art. 15 Brevet d'exploitant de taxi

1 L'obtention du brevet d'exploitant est subordonnée à la réussite d'examens pour vérifier que les candidats possèdent les capacités et connaissances suffisantes pour exploiter un service de taxis en tant qu'indépendant, avec un ou plusieurs véhicules.

2 Le Conseil d'Etat fixe le niveau des exigences requises pour le brevet et le programme des cours qui devront porter, notamment sur la connaissance théorique et pratique de la topographie de la ville et du canton, les obligations résultant de la loi, le maniement du compteur, les rudiments d'une seconde langue, la sécurité routière, la technique automobile, la comptabilité, le droit, ainsi que l'administration, l'organisation et la gestion d'une entreprise.

Art. 16 Organisation des examens et équivalences

1 Le département organise les examens ou confie cette tâche aux milieux professionnels sous sa surveillance.

2 Le département peut dispenser les titulaires d'une carte professionnelle de chauffeur employé, d'un brevet fédéral ou d'un brevet d'exploitant délivré par d'autres cantons, de passer une partie des examens.

Art. 17 Obligation d'informer

Les titulaires d'une autorisation prévue par la loi sont tenus d'informer sans délai le département de tous les faits qui peuvent affecter les conditions de l'autorisation.

Art. 18 Révocation des autorisations

Le département révoque les autorisations prévues par le Chapitre II lorsque :

Art. 19 Emoluments

1 L'examen des demandes d'autorisation donne lieu à la perception d'émoluments mis à la charge des requérants.

2 Le département est habilité à percevoir les émoluments dès le dépôt de la requête et à différer l'examen de celle-ci en cas de non-paiement.

3 Les émoluments restent acquis ou dus au département en cas de refus de l'autorisation ou de retrait de la requête.

4 Le montant des émoluments est fixé par le Conseil d'Etat, dans une limite comprise entre F 50 et F 500.

5 La limite maximale fixée à l'alinéa 4 est adaptée à l'évolution du coût de la vie, calculée à partir de la date d'entrée en vigueur de la loi, selon l'indice genevois des prix à la consommation.

Art. 20 Complémentarité des transports

1 Pour favoriser une meilleure complémentarité entre les transports privés et publics et pour permettre un meilleur service aux usagers, le département assure aux taxis l'accès le plus large possible aux voies réservées aux transports en commun et aux rues marchandes ou piétonnes.

2 Le Conseil d'Etat fixe les conditions du transport semi-collectif de personnes au moyen de taxis.

Art. 21 Obligations des chauffeurs

1 Les chauffeurs sont tenus par un devoir général de courtoisie tant à l'égard de leurs clients, du public, de leurs collègues que des agents des services de police. Ils doivent avoir une conduite et une tenue correcte.

2 Les chauffeurs doivent en tout temps pouvoir présenter leur carte professionnelle et s'identifier auprès des clients.

3 Les tarifs pratiqués par le taxi, le prix de la course, le nom du chauffeur et le numéro d'autorisation sont affichés à la vue des passagers.

4 Les courses sont effectuées en suivant l'itinéraire le meilleur marché, sauf demande expresse du client.

5 Les chauffeurs se conforment strictement aux dispositions fédérales concernant la circulation des véhicules automobiles et le temps de travail et de repos.

6 Le Conseil d'Etat fixe les règles de comportement et les autres obligations des chauffeurs.

Art. 22 Obligations des exploitants

1 Les exploitants veillent au respect par leurs chauffeurs des dispositions fédérales, de la loi et de ses dispositions d'application.

2 Les exploitants sont tenus de se prêter aux contrôles exercés par la police. Ils doivent tenir à jour une documentation complète concernant leur personnel et satisfaire à leurs obligations d'employeurs, notamment en matière de législation sociale et du travail.

3 Le Conseil d'Etat fixe les obligations des exploitants relatives à leur personnel et à l'utilisation des véhicules.

Art. 23 Véhicules

1 Les véhicules utilisés pour le service de taxis présentent toutes les garanties de sécurité, de commodité et de propreté.

2 Sous réserve de dérogations fixées par le Conseil d'Etat, les véhicules doivent être équipés en permanence de modèles de compteur et de témoins lumineux agréés par le département.

3 Le Conseil d'Etat fixe les exigences techniques pour les compteurs et les témoins lumineux ainsi que les conditions de leur installation, utilisation et contrôle.

Art. 24 Obligations particulières

1 Les taxis doivent accepter toutes les courses, quel que soit le lieu de destination dans le canton.

2 Les milieux professionnels organisent sous la surveillance du département, d'entente avec les chauffeurs indépendants, les exploitants et les centrales d'ordre de course, un service au public 24 heures sur 24 et, dans la mesure du possible, une distribution des taxis sur toutes les stations.

3 Le Conseil d'Etat peut définir dans un accord de prestation soumis à l'approbation du Grand Conseil sous forme de résolution d'autres obligations ou avantages liés à la détention des permis de stationnement.

Art. 25 Taxe et émoluments

1 En contrepartie de l'avantage conféré par le permis de stationnement, le département perçoit annuellement une taxe d'un montant maximal de 1 300 F par permis de stationnement qui est affectée, après consultation des milieux professionnels, à l'amélioration des conditions sociales de la profession.

2 Le département perçoit un émolument annuel de 200 F par permis de stationnement.

3 Les montants fixés aux alinéas 1 et 2 sont adaptés à l'évolution du coût de la vie, calculée à partir de la date d'entrée en vigueur de la loi, selon l'indice genevois des prix a la consommation.

4 Le Conseil d'Etat fixe le montant de la taxe et les conditions d'utilisation de son produit.

Art. 26 Définition des tarifs

1 Les tarifs des taxis sont fixés librement dans les limites imposées par le Conseil d'Etat, conformément au présent article.

2 Les tarifs sont identiques pour l'ensemble du territoire du canton.

3 Après consultation des milieux professionnels, le Conseil d'Etat fixe tous les ans les montants maximaux, TVA incluse, autorisés pour la prise en charge, le kilomètre parcouru, le temps d'attente et les bagages.

Le Conseil d'Etat peut imposer un tarif inférieur, notamment pour la prise en charge et le kilomètre parcouru, pour les taxis au bénéfice d'un permis de stationnement.

4 Tous les abonnés d'une même centrale de diffusion d'ordres de course doivent pratiquer le même tarif.

Art. 27 Respect de la concurrence

1 Le département peut consulter la Commission fédérale de la concurrence s'il constate des distorsions de concurrence résultant, notamment, de la limitation du nombre de permis de stationnement ou d'un accord tarifaire entre les exploitants ou les centrales de diffusion d'ordres.

2 Le département prend les mesures nécessaires pour rétablir la concurrence. En particulier, le département peut proposer au Conseil d'Etat une baisse des tarifs maximaux prévus à l'article 26.

Art. 28 Attributions spéciales de la police

1 Lorsque la police constate que des véhicules utilisés comme taxis ou que des chauffeurs ne sont pas admis à circuler, elle les empêche de continuer la course, saisit le permis de circulation et/ou la carte professionnelle. Si nécessaire, elle peut aussi saisir le véhicule.

2 La police peut saisir sur-le-champ le permis de conduire et la carte professionnelle de tout chauffeur qui commet une violation grave aux règles de la circulation, aux dispositions de la loi ou de ses dispositions d'application.

3 Les pièces saisies sont transmises au département pour le prononcé des mesures justifiées par les circonstances.

Art. 29 Suspension et retrait de la carte professionnelle

1 En cas de manquement aux devoirs imposés par la loi ou ses dispositions d'exécution par un chauffeur, le département peut, en tenant compte de la gravité de l'infraction ou de sa réitération, prononcer les sanctions suivantes à l'encontre du chauffeur :

2 Lorsqu'il a prononcé le retrait d'une carte professionnelle, le département ne peut entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de deux ans à compter du jour où la décision est entrée en force.

Art. 30 Suspension et retrait de l'autorisation d'exploiter ou du permis de stationnement

1 En cas d'infraction à la législation ou aux conditions particulières de l'autorisation d'exploiter ou du permis de stationnement, le département peut, en tenant compte de la gravité de l'infraction ou de sa réitération, prononcer les sanctions suivantes à l'encontre du titulaire de l'autorisation ou du permis :

2 Lorsqu'il a prononcé la retrait d'une autorisation d'exploiter ou d'un permis de stationnement, le département ne peut entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de deux ans à compter du jour où la décision est entrée en force.

Art. 31 Amende administrative

1 Indépendamment du prononcé des sanctions ou mesures prévues aux articles 29 et 30, le département peut infliger une amende administrative de 100 F à 20 000 F à toute personne ayant enfreint les prescriptions de la loi ou de ses dispositions d'exécution.

2 L'amende peut être infligée par un officier de police lorsqu'elle n'excède pas 200 F.

3 Lorsqu'une infraction a été commise dans la gestion d'une personne morale, d'une société en commandite, d'une société en nom collectif ou d'une entreprise à raison individuelle, les sanctions sont applicables aux personnes qui ont agi ou auraient dû agir en son nom. La personne morale, la société ou le propriétaire de l'entreprise individuelle répond solidairement des amendes. Les sanctions sont applicables directement aux sociétés et entreprises précitées lorsqu'il n'apparaît pas de prime abord quelles sont les personnes responsables.

Art. 32 Tribunal administratif

Les décisions du département relatives à l'application de la loi et de ses dispositions d'exécution sont susceptibles de recours au Tribunal administratif.

Art. 33 Dispositions d'applications

Le Conseil d'Etat édicte les dispositions nécessaires pour l'application de la loi et fixe les émoluments.

Art. 34 Clause abrogatoire

La loi sur les services de taxis, du 14 septembre 1979 (H 1 30) est abrogée.

Art. 35 Entrée en vigueur

Le Conseil d'Etat fixe la date d'entrée en vigueur de la loi.

Art. 36 Chauffeurs et exploitants déjà au bénéfice d'une autorisation

1 Les chauffeurs, suisses ou au bénéfice du droit de séjourner en Suisse tout en étant exempté des mesures de limitation d'accès à l'emploi, qui, lors de l'entrée en vigueur de la loi, sont au bénéfice d'une carte professionnelle délivrée conformément à l'article 8 de la loi du 14 septembre 1979 depuis plus de trois ans et qui exercent de manière effective leur activité de taxi comme indépendant, reçoivent la carte professionnelle de chauffeur indépendant prévue à l'article 5.

2 Les chauffeurs qui, lors de l'entrée en vigueur de la loi, ne remplissent pas les conditions fixées à l'alinéa 1, mais sont au bénéfice d'une carte professionnelle délivrée conformément à l'article 8 de la loi du 14 septembre 1979 et exercent de manière effective leur activité de taxi, reçoivent la carte professionnelle de chauffeur employé prévue à l'article 4.

3 Les personnes physiques qui, lors de l'entrée en vigueur de la loi, sont au bénéfice d'une autorisation d'exploiter délivrée conformément à l'article 2 de la loi du 14 septembre 1979 sur les taxis reçoivent l'autorisation d'exploiter prévue à l'article 6.

4 Les personnes physiques qui remplissent les conditions prévues aux alinéas 1 ou 3 sont dispensées de l'obligation d'obtenir un brevet d'exploitant.

5 Le département peut accorder des dérogations aux personnes visées à l'alinéa 2 pour tenir compte de situations particulières ou de cas de rigueur.

6 Le département ne perçoit pas d'émoluments pour les autorisations délivrées conformément au présent article.

Art. 37 Permis de stationnement

Les titulaires d'un ou plusieurs permis de stationnement délivrés conformément à la loi du 14 septembre 1979 sur les taxis lors de l'entrée en vigueur de la loi reçoivent dès cette date un ou plusieurs permis de stationnement conformes à l'article 9.

Art. 38 Annulation des permis de stationnement en excédent

1 Jusqu'à ce que le nombre de permis de stationnement émis avant la date d'entrée en vigueur de la loi soit égal au nombre maximal prévu à l'article 9, le régime légal prévu par l'article 10 de la loi est remplacé par les alinéas 2 à 5 de la présente disposition.

2 Le titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement qui remet son ou ses permis de stationnement au département en vue de leur annulation reçoit une indemnité pour autant qu'il ait travaillé pendant 10 ans au moins comme chauffeur de taxi ou que le permis de stationnement ait été exploité pendant 10 ans au moins.

3 L'indemnité est progressive de 10 ans à 15 ans de travail ou d'exploitation. Le montant minimal est de 30 000 F et maximal de 40 000 F par permis. Le Conseil d'Etat fixe le barème.

4 Le paiement de l'indemnité, qui n'est pas soumise aux impôts cantonaux ou communaux, est financé par la taxe perçue selon l'article 25, alinéa 1, de la loi. Lorsque les demandes d'indemnité sont supérieures au montant dont dispose le département, celui-ci établit une liste d'attente selon l'ordre chronologique des demandes et l'âge des titulaires. Il verse les indemnités sans intérêts en fonction de cette liste.

5 Le département est autorisé à conclure un accord de prestation avec les milieux professionnels concernés, soumis à l'approbation du Grand Conseil sous forme de résolution, afin d'organiser un paiement plus rapide des indemnités au moyen de la taxe prévue à l'article 25, alinéa 1, de la loi.

6 La carte professionnelle et/ou l'autorisation d'exploiter du titulaire de permis de stationnement qui remet la totalité de ses permis de stationnement au département est annulée. Dans ce cas, la dérogation prévue à l'article 36, alinéa 4, de la loi ne s'applique pas et le département ne peut entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de deux ans à compter du jour de l'entrée en force de la décision d'annulation.

Art. 39 Modification à une autre loi (E 5 05)

La loi sur le Tribunal administratif et le Tribunal des conflits, du 29 mai 1970, est modifiée comme suit :

Art. 8, al. 1, ch. 43 (modifié)

Premier débat

Mme Nelly Guichard (PDC), rapporteuse. Suite au vote en début de la séance précédente et pour répondre aux questions de plusieurs députés, la commission s'est réunie et a voté les amendements ci-après, afin de préciser divers points de ce projet de loi. L'un des amendements, présenté par plusieurs groupes hier soir, répond à un souci exprimé par la majorité de ce Grand Conseil concernant les conditions de travail des employés chauffeurs de taxi. Bien que les débats en commission aient été quelque peu difficiles et longs pour certains de mes collègues qui ont préféré quitter la séance, nous avons néanmoins trouvé un terrain consensuel. Les amendements proposés ne remettent pas en cause le projet de loi qui vous est présenté ; ils apportent des précisions sur certains articles. Je les cite :

Art. 4, al. 1

«1La carte professionnelle de chauffeur employé confère au chauffeur le droit d'exercer son activité comme employé d'un service de taxi.»

Art. 22, al. 4 (nouveau)

«4Les employeurs appliquent les conditions usuelles dans la profession, notamment salariales.»

Art. 33, al. 2 (nouveau)

«2Le Conseil d'Etat adresse un rapport annuel au Grand Conseil sur l'application de la loi.»

Ce dernier alinéa permettra aux députés d'avoir un rapport sur le fonctionnement de cette loi, afin de répondre aux questions de tout bord au sujet de son application. Cela évitera également que cette loi ne soit bafouée comme l'était souvent la loi précédente.

M. Gérard Ramseyer. La commission des transports, ce soir, n'a rien changé à la loi telle que votée par la commission ; elle a simplement souhaité préciser trois articles au travers de trois amendements :

Le premier précise le contenu de la carte professionnelle de chauffeur employé; le second traite des obligations des exploitants et employeurs, dans le sens du souci développé hier soir par M. le député Charles Beer; le troisième fixe les devoirs du Conseil d'Etat vis-à-vis de votre Grand Conseil.

La commission des transports a enfin souhaité que je fasse une déclaration pour préciser et clarifier le contenu de l'article 9, alinéa 5. J'indique donc ce qui suit : la répartition équitable des permis signifie que les nouveaux permis doivent être attribués en priorité aux nouveaux brevetés qui n'en ont pas, ensuite aux indépendants qui souhaitent en obtenir un deuxième et, enfin, aux exploitants. Cette répartition correspond à la structure artisanale de la profession.

Au bénéfice de ce qui précède, je me permets d'espérer que ce Grand Conseil donnera son aval à la nouvelle loi sur le service de taxis.

M. Christian Grobet (AdG). Le projet de loi issu de la commission a fait l'objet d'un travail extrêmement important; il suscite néanmoins certaines réserves de notre part en raison d'imprécisions dans le texte de cette loi. Nous avons notamment indiqué très clairement que nous souhaitions que le statut des employés soit mieux défini pour éviter les abus actuels.

Par ailleurs, nous avons également exprimé, avec d'autres, quelques inquiétudes quant à la distribution future des permis de stationnement, une fois leur nombre diminué. Afin d'éviter de longs débats en séance plénière, la commission s'est réunie tout à l'heure; le débat a été tout à fait positif même s'il n'a pas été suivi jusqu'au bout par l'ensemble des membres de la commission. Les précisions indiquées par Mme la présidente de la commission ont fait l'objet d'un accord entre le département de justice et police et les experts, accord que nous avons voté.

Toutefois, afin d'éviter tout reproche, j'annonce d'ores et déjà qu'à la fin du deuxième débat, nous proposerons l'adjonction d'un article supplémentaire sous forme d'amendement...

Une voix. Mauvaise foi ! (Protestations.)

M. John Dupraz. Saboteur !

M. Christian Grobet. Vos injures nous laissent totalement indifférents. Monsieur Dupraz, au lieu de boire des coups de rouge... (Rires.) ...il eût mieux valu rester en commission pour suivre les débats et comprendre les préoccupations qui sont les nôtres. (Le président agite la cloche.)

J'aimerais souligner que lors de la séance - je n'en fais grief à personne, puisque cette commission s'est réunie à très bref délai - personne n'était en possession de la convention collective de travail de la profession, qui est un élément évidemment essentiel de ce débat, ni des amendements présentés par la présidente de la commission.

Il faut d'abord relever que cette convention collective de travail n'a pas, aujourd'hui, force obligatoire et qu'elle ne s'applique pas forcément à toute la profession. Vu les abus qui ont eu cours dans cette profession, nous souhaitons que cette convention collective entre en vigueur le plus rapidement possible pour qu'elle soit applicable à toute la profession. C'est la raison pour laquelle il est stipulé, dans notre amendement final, que le Conseil d'Etat réunisse les partenaires sociaux dans le but d'élaborer... (L'orateur est interpellé par M. Vaucher.) ...je m'étonne, Monsieur Vaucher, vous qui d'habitude faites l'éloge des relations entre les partenaires sociaux, d'entendre de telles remarques de votre part. Je le répète : notre but est que cette convention collective soit applicable à toute la profession.

Deuxièmement, nous demandons que la question salariale soit réglée, car, à la lecture de cette convention collective, nous avons vu que ce point n'avait absolument pas été traité. Il nous a été dit que certains préféraient la solution salariale de la convention collective plutôt qu'un salaire minimum qui serait prévu dans la loi à titre indicatif. Mais nous constatons que la convention collective ne mentionne aucun salaire, mais comporte un avenant qui indique ce qui suit : «Il a été convenu d'un commun accord que les conditions de rémunération actuelle restent inchangées.» Les experts nous ont indiqué qu'il n'y avait pas de convention collective antérieure à celle comportant cet avenant et que par «conditions de rémunération actuelle», il fallait comprendre les conditions de rémunération appliquées sur la base de contrats individuels.

D'autre part, l'alinéa 2 de cet avenant indique que le problème des salaires sera étudié après la votation par le Grand Conseil de la prochaine loi H 1 30 sur les services de taxis et l'élaboration de son règlement d'application. Par voie de conséquence, la question des salaires n'est aujourd'hui pas réglée; elle devrait l'être d'ici une année, ce qui nous paraît un délai raisonnable.

Je tiens à dire que l'Alliance de gauche approuve les amendements proposés par le département de justice et police, dont Mme la présidente de la commission a donné lecture. Néanmoins, à la fin du deuxième débat, nous proposerons un article 39 supplémentaire dans le sens de ce que je viens d'indiquer.

M. John Dupraz (R). Monsieur Grobet, vous êtes bien mal placé pour nous donner des leçons. Nous avons trop souvent été complices ou adversaires en politique...

M. Claude Blanc. Trop souvent complices, Dupraz ! (Rires.)

M. John Dupraz. ...pour cela. Votre attitude relève davantage du comportement du voyou politique que du jeune homme de famille bien élevé... Moi, Monsieur Grobet, je ne suis pas un traître... Je n'ai pas changé de parti, et je trouve que vous n'êtes pas en position de nous donner des leçons de morale.

J'ai dit hier soir à ce Grand Conseil, au nom du groupe radical, que nous pouvions très bien régler le problème des quatre amendements, lors de la discussion en deuxième débat. Monsieur Grobet, vous êtes responsable de la situation actuelle, car - pour retarder les débats - vous avez exigé le renvoi en commission, ce qui a provoqué, à juste titre, la manifestation des taxis, qui attendent cette loi avec impatience. Alors, vous êtes bien malvenu de nous donner des leçons. Balayez devant votre porte avant de regarder ce qui se passe chez les autres !

Mesdames et Messieurs les députés, le groupe radical souscrit aux trois amendements proposés par le Conseil d'Etat. Nous voterons ce projet de loi ainsi que nous l'avons dit hier... (L'orateur est interpellé par M. Hausser. Le président agite la cloche.) Eh, le toubib des gens qui ne sont pas malades et qui est incapable de les soigner, tais-toi un peu s'il te plaît ! (Rires, applaudissements.)

Nous l'avons déjà dit hier soir : nous sommes prêts à voter ce projet tel qu'il ressort des travaux de la commission et tel qu'amendé par M. Beer - qui nous paraît une proposition intelligente. Le contenu de la convention collective, c'est l'affaire des partenaires sociaux; s'il y a abus d'un côté ou de l'autre, le Conseil d'Etat aura la sagesse d'y mettre de l'ordre et de trouver les solutions adéquates.

Mesdames et Messieurs les députés, le groupe radical suivra les amendements du Conseil d'Etat et votera ce projet de loi, en espérant qu'il soit appliqué et qu'il règle enfin le délicat problème des taxis.

Mme Anne Briol (Ve). Nous avons souligné hier soir que nous voterions ce projet de loi à certaines conditions. La première est une répartition équitable des permis de stationnement entre les différents acteurs de la profession, répartition qui ne serait pas défavorable aux artisans. La déclaration du Conseil d'Etat au début de cette séance nous a rassurés, puisqu'il nous a garanti que la priorité serait donnée aux nouveaux chauffeurs, c'est-à-dire aux chauffeurs indépendants.

Deuxièmement, nous avons demandé à être régulièrement tenus au courant de l'application de la loi, annuellement. L'amendement voté en commission et accepté par le Conseil d'Etat, de même que par un certain nombre de groupes, nous satisfait également, puisqu'il demande qu'un rapport soit présenté annuellement au Grand Conseil. Cela nous permettra de faire le point d'ici une année sur l'application de cette loi et, si nécessaire, d'y apporter des modifications.

Troisièmement, nous demandons que les employeurs appliquent les conditions en usage dans la profession, comme M. Beer l'a dit hier soir. La commission a décidé de soutenir cet amendement qui est, à notre sens, suffisant.

Si ces amendements sont acceptés, nous voterons ce projet de loi. Nous dresserons le bilan dans un an, afin d'y apporter, le cas échéant, les modifications qui s'imposeront.

M. Bernard Annen (L). Permettez à un signataire de l'extension du champ d'application d'une convention collective, signée cette semaine encore, de pouvoir s'exprimer.

Mesdames et Messieurs, l'exigence de force obligatoire signalée par M. Grobet n'existe plus. Cette terminologie a été remplacée aujourd'hui par : l'extension du champ d'application de convention collective de travail, qui fait l'objet d'un consensus entre délégués syndicaux et patronaux, sans les indépendants. En effet, il n'est pas possible d'y intégrer ces derniers. Il ne faut donc pas mélanger les genres. Ce sont les employés et les patrons de la profession concernée qui doivent débattre de la convention ; il ne faut pas faire d'amalgame. Si le gouvernement est incité à procéder à une extension du champ d'application par une motion, cela ne me choque pas, mais dans une loi, c'est absurde. Tout simplement parce que la législation fédérale impose un certain nombre de règles pour permettre l'extension du champ d'application d'une convention collective de travail.

En lisant les «Feuille d'avis officielle» de la semaine dernière, vous verrez que pour certains métiers de la métallurgie et du bâtiment nous avons obtenu l'extension du champ d'application des conventions collectives, mais en répondant à un certain nombre de règles. Par conséquent, je ne vois pas comment on pourrait aujourd'hui faire en sorte que le parlement exige l'extension du champ d'application d'une CCT dont les règles n'existent pas. Nous pouvons donc inciter la négociation et pas plus.

Un amendement de ce type dans ce projet de loi n'est qu'une mesure dilatoire ! Mais cela n'étonnera personne dans ce parlement, puisque c'est la stratégie dite «Grobet» qui lui permet de retarder les décisions, comme cela a été le cas hier. En effet, le parlement aurait pu voter, hier, un projet de loi qui présente, de toute évidence, une notion d'urgence. Les personnes qui se trouvent à la tribune aujourd'hui ne sont pas là pour entendre les périphrases de M. Grobet. Elles veulent simplement qu'une loi soit acceptée très rapidement.

L'extension du champ d'application de convention collective de travail n'a rien à voir avec la loi. C'est uniquement une affaire entre partenaires sociaux. Il existe une législation fédérale en la matière et ce n'est pas un parlement cantonal qui peut s'occuper de ces questions.

La proposition de M. Grobet ne fera que retarder l'application de cette loi. Ce n'est certainement pas ce que les personnes qui se trouvent à la tribune attendent; ils veulent qu'un consensus soit trouvé aujourd'hui. En soutenant la proposition du gouvernement, nous serions enfin en mesure de réglementer cette profession. (Applaudissements à la tribune du public.) (Le président agite la cloche.)

Le président. Les personnes qui se trouvent à la tribune sont priées de ne pas manifester. Ne m'obligez pas à faire évacuer la tribune ! Je vous prie de rester silencieux et d'écouter les débats. Je demande aux députés de bien vouloir s'adresser à la présidence et à la salle et non à la tribune.

M. Pierre Vanek (AdG). Monsieur Annen, vous nous avez servi à l'instant un beau baratin... (Protestations.) On écoute, s'il vous plaît ! (Le président agite la cloche.)

M. John Dupraz. Solidarité !

M. Pierre Vanek. Monsieur le président, mettez ce gaillard dehors, pour que l'on puisse causer ! (Rires.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je crois que vous donnez une piètre image du parlement. Je vous prie de rester à vos places, d'écouter les arguments des uns et des autres et de parler chacun à votre tour. Vous pouvez continuer, Monsieur Vanek.

M. John Dupraz. Le PdT, c'est fini ! (Commentaires.)

M. Claude Blanc. C'est la vérité !

Une voix. Tu la fermes, Dupraz !

M. Pierre Vanek. Merci, Monsieur le président. Je pense qu'effectivement il y a lieu d'essayer d'échanger des arguments intelligents et d'écouter. Monsieur Dupraz, je vous prie de vous taire ou je demande au président de vous faire évacuer.

Le président. Si vous voyiez l'allure que vous avez, vous cesseriez vos gamineries immédiatement... Je vous prie de rester sereins. Monsieur Dupraz, je vous prie de faire silence !

M. Pierre Vanek. Dupraz, je peux parler plus fort que vous et me faire entendre avec ou sans micro. Je considère que votre comportement ce soir ainsi que celui de certaines personnes, qui prônent l'urgence de voter cette loi rapidement mais qui multiplient les manoeuvres d'obstruction et les invectives, sont effectivement indignes de parlementaires. Entre parenthèses, Monsieur Dupraz, je trouve inadmissible que vous ayez traité mon collègue, Christian Grobet, de voyou, alors qu'il vient de travailler deux heures en commission de manière constructive sur ce projet de loi... (Rires.) D'ailleurs, votre intervention n'apportait rien. Vous vous êtes contenté de lancer des invectives... Monsieur Dupraz, je crois que vous n'êtes pas en mesure de bien comprendre ce que vous racontez à ce stade de la soirée !

Monsieur le président, je m'adresse à vous : j'aimerais que les personnes qui tiennent de tels propos soient priées de se retirer ou soient rappelées à l'ordre. Ces pratiques sont inadmissibles !

Le président. Monsieur Vanek, laissez-moi présider le parlement, et venez-en à la loi sur les taxis !

M. Pierre Vanek. J'y viens, mais vous m'accorderez que j'ai le droit de dire que le règlement n'autorise pas les insultes comme M. Dupraz l'a fait - je m'abstiendrai donc d'en faire autant à son égard.

Monsieur Annen vous avez tenu des discours enflammés en disant qu'on voulait faire perdre du temps et qu'il fallait voter cette loi en urgence. Nous allons le faire ce soir... (Applaudissements.) ...avec, toutefois, un certain nombre d'amendements qui ont été discutés en commission, sans les députés de vos bancs qui ont trouvé normal de se retirer en disant grosso modo qu'ils «n'en avaient rien à foutre» de l'aboutissement de ce projet de loi ! (Chahut.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous prie instamment de faire silence. (Le chahut redouble.) Ne m'obligez pas à interrompre cette séance !

Une voix. Vive la démocratie !

M. Pierre Vanek. Monsieur le président, j'ai le grave défaut de hausser le ton quand on ne s'entend plus.

Le président. Bien, je suspends la séance pendant dix minutes.

La séance est suspendue à 21 h 5.

La séance est reprise à 21 h 15.

Le président. Avant de reprendre les débats, Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais vous dire qu'il n'est pas possible de travailler dans des conditions pareilles. A la première incartade, insulte ou intervention hors sujet, je n'hésiterai pas à vous rappeler à l'ordre et à utiliser les articles 90 et 91 de notre règlement. Ce n'est tout simplement pas acceptable ! Certains députés ont donné, tout à l'heure, une image tout à fait déplorable de notre parlement. Je vous invite à y réfléchir et à changer d'attitude. (Applaudissements.)

Bien, nous sommes toujours en débat d'entrée en matière. Quelques députés doivent encore intervenir. Ceux qui veulent s'exprimer sont priés de s'annoncer. Après cela, nous voterons la prise en considération de ce projet et nous passerons au deuxième débat.

Monsieur Vanek, vous avez la parole.

M. Pierre Vanek (AdG). Je reviens sur le fait que le renvoi en commission a été utile; nous avons travaillé en concertation avec le département qui a fait une déclaration rassurante sur un point important; nous avons adopté trois amendements significatifs qui vous ont été présentés par la rapporteuse ad hoc, Mme Guichard. Nous voterons ces amendements ainsi que le projet de loi ce soir. C'est une manière de travailler intelligente; je regrette qu'un certain nombre de députés aient estimé qu'il n'y avait pas lieu - même dans des conditions difficiles : une heure entre deux séances du Grand Conseil - de se concerter pour faire en sorte d'adopter au plus vite ce projet de loi, afin de calmer les inquiétudes des uns et des autres. Il faut éviter tout situation de polémique qui risquerait de relancer le débat sur la place publique et donner lieu à un référendum. Il faut que cette loi puisse entrer en vigueur le plus rapidement possible.

Monsieur Annen, vous avez donné une leçon d'actualisation de droit à mon collègue Grobet en expliquant qu'il ne fallait pas parler de force obligatoire de convention collective mais d'extension du champ d'application. Ce sont des points techniques mineurs que vous auriez pu expliquer en commission, si vous aviez été là, mais nous sommes prêts à les entendre. Selon vous, ces éléments n'ont pas leur place dans la loi : on peut en discuter. Il est en effet possible de donner des indications au Conseil d'Etat sous forme de motion.

Une voix. Plus fort !

M. Pierre Vanek. Non, je ne parlerai pas plus fort ! C'est vous qui vous tairez pour m'écouter ! (Rires.)

Une motion n'a pas d'effet contraignant. Elle demande au Conseil d'Etat de rendre un rapport dans les six mois, ce qui permet de lui demander - et non d'exiger - d'intervenir sur certains points de la loi. Le Conseil d'Etat est censé faire appliquer la loi et il le fait de son mieux. Monsieur Annen, vous avez dit que vous ne seriez pas opposé et même que vous voteriez une motion comportant quelques bases par rapport à cette convention demandant au Conseil d'Etat d'oeuvrer pour l'application de cette loi. Nous pouvons effectivement envisager de ne pas présenter cet amendement et voter ce projet de loi ce soir, ce qui est important, car beaucoup de personnes sont inquiètes. Le dépôt d'une motion implique qu'elle figure à un ordre du jour ultérieur du Grand Conseil, soit un retard de deux mois. Mais on peut parfaitement se rallier à l'idée d'une motion - je vous prends au mot, Monsieur Annen - qui reprendrait cet amendement. Et je compte sur vous pour la voter, comme vos collègues de parti, qui seraient bien inspirés de vous suivre.

M. Christian Brunier (S). Après des mois de travail complexe en commission et un vote quasi unanime, plusieurs chauffeurs de taxi ont posé un certain nombre de questions - justifiées ou non - qui nous ont plongés dans le doute sur certains aspects.

Les politiques doivent parfois faire preuve d'humilité et apprendre à exprimer leurs doutes. (Rires.) C'est pourquoi nous avons demandé hier soir le retour en commission de ce projet de loi à la condition qu'il soit traité en urgence tant la situation des chauffeurs de taxi est douloureuse.

M. John Dupraz. Menteur !

M. Claude Blanc. On est obligé d'accepter ça, Monsieur le président ?

Une voix. C'est touchant !

M. Christian Brunier. Nous avons souligné hier soir les avantages de ce projet de loi : je n'y reviendrai pas. Mais nous avions trois doutes essentiels... (L'orateur est interpellé.) Je crois que certains députés n'ont pas tout compris durant la pause !

Le président. Monsieur Brunier, il s'agit de la loi sur les taxis. Vous êtes prié de vous exprimer là-dessus et sur rien d'autre. (Rires.)

M. Christian Brunier. Nos doutes portaient principalement sur le respect des conditions de travail de la branche, sur la clarification de la terminologie : répartition équitable des permis de stationnement entre les exploitants et les indépendants et sur l'évaluation régulière des effets de cette loi, afin d'en corriger les éventuels dysfonctionnements.

Nous avons donc eu une séance de commission en urgence pour tenter de trouver un accord permettant l'approbation de cette loi ce soir, tout en répondant à une partie de nos questions. L'objectif a été atteint, puisque le président du département, M. Ramseyer, la majorité parlementaire et la présidente de la commission ont trouvé un compromis à travers un certain nombre d'amendements et à travers la déclaration du conseiller d'Etat responsable du département. Nous regrettons simplement que les commissaires de l'Entente aient choisi de quitter la salle.

Cette loi n'est certainement pas parfaite et méritera d'être encore améliorée dans les années à venir. Les ambiguïtés n'ont certainement pas toutes été levées; l'évolution de la loi et le suivi du dossier nous permettront d'en corriger les défauts dans le futur.

Néanmoins, nous voterons ce soir ce projet de loi amendé, car il permet assurément d'assainir cette profession qui vit une situation inacceptable.

M. Pierre Ducrest (L). A environ vingt-quatre heures près, nous reprenons les mêmes débats qu'hier soir sur la loi sur les taxis, ce qui donne lieu de rappeler la position du groupe libéral.

En 1992, nous étions partisans du contre-projet qui n'a pas été suivi puisque l'initiative a été votée. Nous étions visionnaires, et les faits ont démontré qu'il devient urgent de légiférer, car il y a actuellement pléthore de taxis. Ce projet a été renvoyé hier soir en commission, et nous devons le voter ce soir, tel quel : c'est grand-guignolesque !

Hier soir, nous avions proposé un amendement consistant à rajouter les personnes morales dans l'article 6 du projet de loi concerné, mais nous ne le proposerons pas ce soir. Nous nous réservons d'intervenir plus tard, dans une loi spécifique, pour revenir à une plus grande égalité entre les personnes physiques et les personnes morales en matière de taxis. Nous avions dit que nous voterions le texte tel qu'issu des travaux de la commission. Ce texte a été modifié par trois amendements de toilettage proposés par le Conseil d'Etat. Nous avons du reste quitté la séance de commission tout à l'heure, car la cause, pour nous, était déjà entendue. Les propos de ce soir le prouvent. Par contre, nous refuserons tout autre amendement, quelle que soit son origine, en dehors du texte tel qu'amendé ce soir.

M. Charles Beer (S). L'amendement proposé tout à l'heure, même s'il est atténué et repris sous forme de motion - il est en effet mieux à sa place que dans une loi - ne pose pas de problème particulier. Il ne faut pas s'emporter sans raison dans la mesure où ce qui est en cause ici, ce sont les risques d'un dumping social et salarial et un démantèlement des conditions de travail dans cette profession. La préoccupation du législateur que nous sommes d'éviter, avec les moyens qui sont les siens, ce dumping social et salarial me paraît découler du bon sens.

Quels sont les moyens à disposition ? En droit cantonal, ils sont limités, c'est le contrat-type de travail auquel on peut déroger. Il reste évidemment les conventions collectives de travail dont le champ d'application peut être étendu, le cas échéant. Cette extension relève exclusivement du Conseil fédéral et le Conseil d'Etat peut en faciliter la demande et prendre certaines initiatives comme nous avons eu l'occasion de le voir dans d'autres secteurs d'activité. Il est important, en la circonstance, qu'il prenne toutes ses responsabilités et qu'il joue un rôle moteur.

Parmi les autres possibilités à notre disposition, citons l'amendement retenu par rapport aux usages professionnels. Je ne vois pas ce qu'il peut avoir de choquant. D'autant plus que le rôle de l'office cantonal de conciliation est discuté en commission judiciaire. Cet office a précisément la vocation, au nom du Conseil d'Etat, de prévenir un certain nombre de risques notamment de conflits, mais également de détérioration des conditions de travail qui peuvent poser des problèmes graves pour la paix sociale.

Reprenons donc tous ces éléments sous forme de motion, mais ayons quand même le courage de dire que si la marge de manoeuvre est étroite pour le canton et pour le parlement, il n'en demeure pas moins que la volonté de ces deux instances est absolument essentielle. C'est pourquoi il conviendra quand même de voter dans ce sens tout à l'heure.

M. Jean-Claude Vaudroz (PDC). La commission des transports a travaillé de longues semaines et consacré plus de dix-sept séances à ce projet. Aujourd'hui, nous avons tous pu constater qu'il n'est pas totalement parfait. Plusieurs points ont été soulevés : le respect des conventions collectives, les problèmes tarifaires ou l'obligation de fixer une «bonbonne» en permanence. Ces éléments nous ont été signalés après le vote de commission. Il a également été question des sanctions pénales ou administratives et du permis unique. Tout cela montre effectivement - nous sommes d'accord sur ce point - que ce projet, malgré l'unanimité des membres de la commission, doit encore être amélioré.

Toutefois, les membres de la commission des transports étaient également d'accord d'admettre, pratiquement à l'unanimité, qu'une solution devait être trouvée extrêmement rapidement - même s'il s'agissait d'un projet provisoire - pour tenter de régulariser la problématique due à la pléthore de taxis, ce qui perturbe finalement l'ensemble des travailleurs, employés et indépendants.

Dans le cadre de la séance extraordinaire d'aujourd'hui, un certain nombre d'amendements nous sont présentés qui visent à améliorer les conventions collectives et à en assurer le respect. Il est également demandé au Conseil d'Etat de nous faire un rapport au bout d'un an; cela nous permettra de poursuivre nos travaux et d'améliorer véritablement cette loi, car nous connaîtrons mieux les problèmes concrets de ce secteur.

Le parti démocrate-chrétien n'envisage pas d'entrer en matière sur d'autres amendements que ceux proposés à l'issue de la séance de commission d'aujourd'hui, car cela nous obligerait à renvoyer ce projet en commission pour les étudier. Le parti démocrate-chrétien votera donc ce soir ce projet de loi avec les trois amendements proposés, à l'exclusion de tout autre amendement.

Par ailleurs, le parti démocrate-chrétien s'engage très formellement à collaborer avec le département qui nous a proposé de créer une sorte de commission permettant de suivre l'évolution de cette loi, dans son application. Nous espérons ainsi améliorer véritablement ce projet de loi.

Une voix. C'est du blabla !

M. Bernard Annen (L). Je pense que l'interruption de séance a porté ses fruits, et je me plais à constater qu'il y a un terrain d'entente possible. En effet, tout le monde est d'accord de demander au Conseil d'Etat, par le biais d'une motion ou d'une résolution, de favoriser une démarche allant dans le sens que vous préconisez : une extension du champ d'application et de la convention collective. Tout le monde peut être d'accord sur ces éléments, car c'est une condition essentielle à la paix sociale dans ce pays à laquelle tout le monde est terriblement attaché.

Il y a quelques contestations cependant, puisque - ce ne sont pas les conseillers nationaux qui vont me contredire - en matière d'accords bilatéraux, il y a ce qu'on appelle les mesures d'accompagnement. Le patronat et les syndicats divergent pour faire admettre les conditions nécessaires permettant d'obtenir l'extension du champ d'application; mais cela fait partie des négociations. Aujourd'hui, les procédures existantes permettent cette extension avec des majorités différentes de celles qui sont contestées, ou qui sont en train de se négocier aujourd'hui.

Le problème qui nous occupe ce soir est de savoir si cette exigence doit figurer dans une loi cantonale ou pas. Nous ne pouvons que le refuser - je me plais à constater que tout le monde est d'accord avec moi. Si cette exigence devait figurer dans la loi, la seule et unique conséquence serait la suivante : ceux qui voudront contester cette loi devront faire recours auprès du Tribunal fédéral, ce qui reportera son entrée en vigueur.

Mesdames et Messieurs, si vous voulez éviter un référendum - ce que je peux concevoir - vous n'y parviendrez pas en essayant de trouver un consensus pour introduire un tel amendement qui donnerait alors la possibilité aux patrons ou aux employés de faire recours au Tribunal fédéral et qui retarderait ainsi l'entrée en vigueur de cette loi. C'est sur ce point, à mon avis, que réside l'erreur.

Monsieur Vanek, je vais vous répondre très clairement : oui, mon groupe soutiendra votre motion pour autant que celle-ci aille dans le sens que je vais vous indiquer. On ne peut pas, en effet, dans une motion ou une résolution - peu importe la décision de l'application qu'en fera le Conseil d'Etat - imposer quoi que ce soit. On pourra simplement «inciter» à négocier et seul le résultat de la négociation nous importe : usage social ou extension du champ d'application - nous sommes d'accord sur ce point. Mais on ne peut pas préjuger de l'issue d'une négociation dans un parlement comme le nôtre.

Mesdames et Messieurs, nous allons accepter les amendements proposés, même si nos commissaires ont manifesté quelques réserves en commission. Aujourd'hui, c'est l'intérêt général qui l'emporte. Notre groupe soutiendra ces amendements quelque peu cosmétiques, et nous n'allons pas engager un combat à ce sujet. Nous voterons donc ce projet si M. Grobet retire son amendement, s'agissant de l'extension du champ d'application des conventions collectives.

M. Christian Grobet (AdG). Comme M. Vaudroz, je me réjouis que le calme soit revenu dans cette assemblée et que l'on puisse s'entendre.

Suite aux interventions de M. Vaudroz et de M. Annen, je constate que nous ne sommes finalement pas très éloignés les uns des autres. Notre groupe n'est pas totalement satisfait du projet de loi issu des travaux de la commission. Nous sommes toutefois conscients qu'il est extrêmement difficile, quel que soit le domaine, de légiférer d'une manière totalement satisfaisante du premier coup ; c'est dire, Monsieur Vaudroz, que la loi parfaite n'existe pas mais qu'il est toujours possible de l'améliorer.

Nous avons la même position que celle du groupe démocrate-chrétien : nous tenons à ce que cette loi soit adoptée. Nous nous réjouissons qu'elle soit complétée par les amendements dont Mme Guichard a donné lecture tout à l'heure, parce que ces amendements touchent un point auquel nous étions particulièrement sensibles ; c'est un début de réponse important. Cela démontre que le renvoi de commission en commission se justifiait mais, comme le groupe démocrate-chrétien, nous nous réservons - précisément sur la base du rapport annuel que le Conseil d'Etat devra présenter à ce Grand Conseil - de proposer, le cas échéant, des adaptations à cette loi.

Nous avons pris acte du fait que M. le conseiller d'Etat Ramseyer avait fait part de son intention de mettre sur pied une commission de suivi qui, à notre sens, devrait être composée notamment de membres des différents secteurs de la profession pour que ces milieux puissent s'exprimer, concernant l'application de la loi. Pour ne pas perturber les travaux de ce soir et aboutir, nous avons même renoncé à formuler un amendement stipulant que cette commission devait être créée, parce que nous avons confiance en la parole de M. Ramseyer. (L'orateur est interpellé.) Parfaitement !

Dans le cadre des travaux de la commission auxquels vous n'avez pas assisté, Monsieur Blanc, nous avons eu une parfaite collaboration avec le département et des experts qui nous ont, d'une séance à l'autre, donné des textes amendés en fonction des suggestions formulées par la commission. Sans l'appui du département, nous aurions été totalement incapables de vous présenter ce soir le projet de loi tel qu'il vous a été soumis. Je tiens à remercier ici publiquement les experts qui nous ont assistés.

Monsieur Annen, je crois que nous ne sommes pas loin de nous entendre sur la question des conventions collectives. Je ne doute pas qu'en votre qualité de représentant des syndicats patronaux vous soyez aussi attaché que nous au développement de cette institution que sont les conventions collectives. Nous sommes conscients, comme vous, qu'il n'est pas possible de rédiger des conventions collectives sans que certaines conditions soient réunies. C'est précisément parce que nous souhaitons, aujourd'hui, trouver un maximum de consensus sur cette loi, que nous avons immédiatement suggéré, après votre intervention, de formuler notre proposition sous forme de motion, dont le texte vous sera soumis sous peu, plutôt que sous forme d'un article de loi.

Je tiens à ajouter, en tant que juriste, que même s'il y avait eu un recours de droit public contre un article de loi, cela n'aurait pas entraîné la suspension du reste de la loi. Vous savez qu'en matière de recours - vous connaissez, je pense, les principes du recours de droit public au Tribunal fédéral - le recours n'a pas d'effet suspensif automatique, contrairement à ce qu'il en est sur le plan cantonal; il faut l'obtenir du Tribunal fédéral. Je peux vous dire que si vous n'attaquez qu'un article d'un projet de loi, le Tribunal fédéral ne va pas accorder l'effet suspensif sur l'ensemble de la loi. Il ne l'accorde, éventuellement, que sur la disposition mise en cause.

Cela étant et sans vouloir faire du droit, l'extension obligatoire des conventions collectives ne pouvait pas être obtenue par cet article, puisque cela ne relève pas de la compétence du Grand Conseil. Cet article était plutôt une demande adressée au Conseil fédéral, mais vous avez cependant raison de dire que la place d'une demande est plus judicieuse dans une motion que dans une loi.

Pour cette raison et dans l'espoir d'obtenir une large majorité sur une question qui nous tient à coeur, comme vous - je suis persuadé que vous ne voulez pas de dumping social non plus - nous vous proposons un texte qui, nous l'espérons, vous conviendra. Dans le cas contraire, vous pourrez proposer des amendements. Nous voulons ainsi vous montrer à quel point nous sommes ouverts et désireux d'arriver à un accord aussi large que possible sur cette question fondamentale, parce qu'il appartiendra ensuite au Conseil d'Etat, avec cette large majorité, de donner suite à cette motion.

M. Claude Blanc (PDC). J'ai entendu avec beaucoup de délices le discours de repenti de M. Grobet... Hier, il a essayé par tous les moyens de mettre en doute les différents aspects de cette loi; il a proposé des amendements, tous plus farfelus les uns que les autres, en sachant pertinemment qu'ils n'étaient pas applicables. Je l'ai entendu tout à l'heure dans la salle Nicolas Bogueret, où il «évangélisait» quelques membres de l'Alternative, dire textuellement ceci : «On peut toujours essayer d'ajouter un article, ceux qui ne seront pas d'accord iront au Tribunal fédéral.» Je reconnais bien là M. Grobet comme il a toujours agi quand il gouvernait; il avait toujours en tête de commettre un abus de droit pour obliger l'adversaire...

Le président. Monsieur Blanc, s'il vous plaît, nous parlons de la loi sur les taxis et pas des activités anciennes des membres du gouvernement. Revenez sur le sujet !

M. Claude Blanc. Monsieur le président, je suis d'accord avec vous qu'il faut de l'ordre dans ces débats, mais vous n'avez tout de même pas le pouvoir d'empêcher les députés de dire ce qu'ils pensent globalement de la tactique utilisée.

Le président. Non, mais par contre j'ai le devoir de vous rappeler que nous traitons du sujet de la loi sur les taxis !

M. Claude Blanc. La tactique utilisée consiste à essayer d'introduire un amendement dans cette loi sur les taxis pour obliger ceux qui ne sont pas d'accord à aller au Tribunal fédéral. M. Grobet vient maintenant en repentance, et j'en suis heureux, mais je voudrais quand même rappeler que si nous en sommes là, c'est qu'hier soir, après avoir fait un cirque épouvantable, ce projet a été renvoyé en commission. Alors maintenant, parce que les chauffeurs de taxi ont «gueulé» tout à l'heure dans la rue, vous venez, tout penaud, nous dire que nous avons peut-être raison et que M. Ramseyer est peut-être le meilleur des conseillers d'Etat que nous ayons jamais eus... (Rires et applaudissements.) Personnellement, je n'en ai jamais douté... (Les rires redoublent.) ...mais c'est vraiment une première dans la bouche de M. Grobet !

Je me rends aux arguments des uns et des autres : je prends acte de la repentance de M. Grobet et de ses troupes, je vois qu'ils se mettent à plat ventre, et je les en remercie ! (Applaudissements.)

Mis aux voix, ce projet est adopté en premier débat.

Deuxième débat

Mis aux voix, le titre et le préambule sont adoptés, de même que les articles 1 à 3.

Art. 4

Le président. Je mets aux voix l'amendement proposé par Mme la députée Guichard, qui consiste à ajouter «d'un service de taxi» à l'alinéa 1 de l'article 4, comme suit :

«1La carte professionnelle de chauffeur employé confère au chauffeur le droit d'exercer son activité comme employé d'un service de taxi.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mis aux voix, l'article 4 ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'article 5 est adopté, de même que les articles 6 à 8.

Art. 9

M. Bernard Clerc (AdG). J'aimerais signaler une erreur dans le texte qui nous a été soumis. A la fin de l'alinéa 6, il est écrit : «Le département procède à un appel d'offre public le nombre de permis est supérieur à dix.» Il me semble qu'il faut rajouter «lorsque» pour donner un sens à cette phrase. Je vois que la commission a beaucoup travaillé... (Remarques et rires.)

Le président. Je mets aux voix l'amendement proposé par M. Clerc à l'alinéa 6 de l'article 9, qui se lit donc comme suit :

«6...Le département procède à un appel d'offre lorsque le nombre de permis est supérieur à dix.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mis aux voix, l'article 9 ainsi amendé est adopté

Mis aux voix, l'article 10 est adopté, de même que les articles 11 à 13.

Art.14

M. Bernard Clerc (AdG). Je constate encore que la commission a fort bien travaillé... A l'article 14, 5e ligne, il est écrit : «...les examens portent sur la connaissance théorique et pratique de la topographie de la ville et canton...». Je pense qu'il faut rajouter : «...et du canton...». (Brouhaha.)

Le président. Je mets donc aux voix l'amendement de M. Clerc, à qui je demande, par ailleurs, de bien vouloir le remettre au Bureau, par écrit.

Une voix. C'est une correction !

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mis aux voix, l'article 14 ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'article 15 est adopté, de même que les articles 16 à 21.

Art. 22

Le président. Je mets aux voix l'amendement proposé par Mme Guichard à l'article 22, qui consiste à ajouter un alinéa 4, nouveau, qui se lit ainsi :

«4Les employeurs appliquent les conditions usuelles dans la profession, notamment salariales.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mis aux voix, l'article 22 ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'article 23 est adopté, de même que les articles 24 à 32.

Art. 33

Le président. Je mets aux voix, l'amendement proposé par Mme la députée Guichard consistant à ajouter un 2e alinéa à l'article 33, qui se lit ainsi :

«2Le Conseil d'Etat adresse un rapport annuel au Grand Conseil sur l'application de la loi.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mis aux voix, l'article 33 ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'article 34 est adopté, de même que les articles 35 à 39.

Troisième débat

Ce projet est adopté en troisième débat, par article et dans son ensemble.

(Vifs applaudissements.)

La loi est ainsi conçue :

Loi(7867)

sur les services de taxis (H 1 30)

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèvedécrète ce qui suit :

Art. 1 But

1 La loi a pour objet d'assurer un exercice de la profession de taxi et une exploitation des services de taxis conformes, notamment, aux exigences de la sécurité publique, de la moralité publique et de la loyauté dans les transactions commerciales ainsi qu'aux règles relatives à l'utilisation du domaine public.

2 Il est tenu compte de la fonction complémentaire des taxis par rapport aux transports individuels et collectifs et de leur rôle en matière de tourisme.

3 Le Conseil d'Etat veille à ce que par leur organisation et leur exploitation, les services de taxis répondent aux objectifs du plan directeur des transports et aux besoins de la population.

Art. 2 Champ d'application

1 Est soumis à la loi le transport professionnel des personnes au moyen de taxis.

2 Sont des taxis, les véhicules avec chauffeur équipés d'un compteur agréé par le département, dont le prix du service est calculé dans les limites d'un tarif officiel.

Art. 3 Chauffeurs

Seul le titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur employé ou de chauffeur indépendant peut exploiter un taxi.

Art. 4 Carte professionnelle de chauffeur employé

1 La carte professionnelle de chauffeur employé confère au chauffeur le droit d'exercer son activité comme employé d'un service de taxi.

2 L'autorisation, strictement personnelle et intransmissible est délivrée par le département lorsque le requérant :

Art. 5 Carte professionnelle de chauffeur indépendant

1 La carte professionnelle de chauffeur indépendant confère au chauffeur le droit d'exercer son activité comme indépendant avec un seul véhicule.

2 L'autorisation, strictement personnelle et intransmissible, est délivrée par le département lorsque le requérant :

Art. 6 Autorisation d'exploiter un service de taxis

1 L'exploitation d'un service de taxis sous la forme d'une entreprise de taxis avec deux ou plusieurs véhicules est subordonnée à l'obtention préalable d'une autorisation d'exploiter.

2 L'autorisation, strictement personnelle et intransmissible, est délivrée par le département à une personne physique lorsqu'elle :

3 Si une personne physique se consacre à la direction d'une entreprise de taxis exploitant en permanence au moins trois véhicules ou souffre d'une invalidité interdisant la conduite d'un taxi, le département peut renoncer à l'exigence de la carte professionnelle si le requérant remplit les conditions fixées à l'article 5, alinéa 2, lettre a à d.

Art. 7 Taxis étrangers et d'autres cantons

1 Les taxis d'autres cantons n'ont le droit de charger des clients sur le territoire genevois que s'ils ont été expressément commandés à l'avance par ces clients.

2 Sous réserve des conventions internationales, les taxis étrangers n'ont pas le droit de charger des clients sur le territoire genevois.

3 En l'absence de convention internationale, le Conseil d'Etat peut autoriser le chargement de clients à l'Aéroport de Genève-Cointrin en fixant les conditions de cette autorisation.

Art. 8 Permis de stationnement

1 Le stationnement d'un véhicule sur les places réservées aux taxis sur le domaine public est subordonné à l'obtention préalable d'un permis de stationnement délivré par le département.

2 Le permis est délivré au titulaire d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant ou d'une autorisation d'exploiter un service de taxis.

3 Le permis est strictement personnel et intransmissible, sous réserve de l'article 12.

Art. 9 Limitation des permis de stationnement

1 Le nombre maximal des permis de stationnement sur la voie publique est limité en vue d'assurer une utilisation optimale du domaine public et un bon fonctionnement des services de taxis.

2 Il est réadapté tous les ans par le Conseil d'Etat, sur préavis des milieux professionnels concernés, sur la base de critères objectifs, liés, notamment, aux conditions d'utilisation du domaine public, à l'évolution du trafic automobile et aux besoins des usagers.

3 Lorsque le nombre de permis émis est inférieur au nombre maximal de permis de stationnement prévu à l'alinéa 1, le département doit, sous réserve des alinéas 4 et 5, octroyer un permis à une personne physique qui remplit les conditions légales de délivrance et en fait la demande.

4 Tant que le nombre maximal de permis prévu à l'alinéa 1 est inférieur au nombre de permis déjà émis, le département ne délivre pas de nouveaux permis.

5 L'octroi des permis est effectué sur la base d'une liste d'attente établie par le département et fondée sur des critères objectifs prenant en compte, pour chaque demande, la durée de travail effective dans la profession, le temps écoulé depuis l'obtention du brevet d'exploitant, ainsi qu'une répartition équitable des permis entre les nouveaux brevetés, les indépendants et les exploitants.

6 Pour assurer la continuité du service public de transport par taxi, le département peut déroger à la liste d'attente prévue à l'alinéa 5 et autoriser la délivrance à un seul exploitant des permis de stationnement remis en vue de leur annulation par un autre exploitant.

Le département procède à un appel d'offre public lorsque le nombre de permis est supérieur à dix.

7 Le Conseil d'Etat fixe les conditions d'adaptation du nombre maximal de permis de stationnement.

Art. 10 Annulation des permis de stationnement

Le titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement qui cesse son activité doit, sous réserve de l'article 12, remettre la totalité de ces permis au département qui procède à leur annulation.

Art. 11 Location de plaques

La location des plaques minéralogiques liées à un permis de stationnement est interdite.

Art. 12 Dévolution et cession des permis de stationnement

Le conjoint survivant ou un héritier en ligne directe ou collatérale d'une personne physique titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement devient titulaire de ces permis, s'il le requiert, pour autant qu'il dispose d'une carte professionnelle de chauffeur indépendant ou qu'il soit détenteur d'une autorisation d'exploiter lors de l'ouverture de la succession.

Art. 13 Autorisations exceptionnelles

1 Le département peut accorder des permis de stationnement temporaires, limités à certaines places réservées aux taxis, à l'occasion de manifestations importantes entraînant un fort accroissement de la demande de taxis.

2 Le département perçoit un émolument conformément à l'article 19.

Art. 14 Examens pour la carte professionnelle de chauffeur employé

L'obtention de la carte professionnelle de chauffeur employé est subordonnée à la réussite d'examens pour vérifier que les candidats possèdent les connaissances nécessaires au regard des buts poursuivis par la loi. En particulier, les examens portent sur la connaissance théorique et pratique de la topographie de la ville et du canton, les obligations résultant de la loi, le maniement du compteur et les rudiments d'une seconde langue.

Art. 15 Brevet d'exploitant de taxi

1 L'obtention du brevet d'exploitant est subordonnée à la réussite d'examens pour vérifier que les candidats possèdent les capacités et connaissances suffisantes pour exploiter un service de taxis en tant qu'indépendant, avec un ou plusieurs véhicules.

2 Le Conseil d'Etat fixe le niveau des exigences requises pour le brevet et le programme des cours qui devront porter, notamment sur la connaissance théorique et pratique de la topographie de la ville et du canton, les obligations résultant de la loi, le maniement du compteur, les rudiments d'une seconde langue, la sécurité routière, la technique automobile, la comptabilité, le droit, ainsi que l'administration, l'organisation et la gestion d'une entreprise.

Art. 16 Organisation des examens et équivalences

1 Le département organise les examens ou confie cette tâche aux milieux professionnels sous sa surveillance.

2 Le département peut dispenser les titulaires d'une carte professionnelle de chauffeur employé, d'un brevet fédéral ou d'un brevet d'exploitant délivré par d'autres cantons, de passer une partie des examens.

Art. 17 Obligation d'informer

Les titulaires d'une autorisation prévue par la loi sont tenus d'informer sans délai le département de tous les faits qui peuvent affecter les conditions de l'autorisation.

Art. 18 Révocation des autorisations

Le département révoque les autorisations prévues par le Chapitre II lorsque :

Art. 19 Emoluments

1 L'examen des demandes d'autorisation donne lieu à la perception d'émoluments mis à la charge des requérants.

2 Le département est habilité à percevoir les émoluments dès le dépôt de la requête et à différer l'examen de celle-ci en cas de non-paiement.

3 Les émoluments restent acquis ou dus au département en cas de refus de l'autorisation ou de retrait de la requête.

4 Le montant des émoluments est fixé par le Conseil d'Etat, dans une limite comprise entre F 50 et F 500.

5 La limite maximale fixée à l'alinéa 4 est adaptée à l'évolution du coût de la vie, calculée à partir de la date d'entrée en vigueur de la loi, selon l'indice genevois des prix à la consommation.

Art. 20 Complémentarité des transports

1 Pour favoriser une meilleure complémentarité entre les transports privés et publics et pour permettre un meilleur service aux usagers, le département assure aux taxis l'accès le plus large possible aux voies réservées aux transports en commun et aux rues marchandes ou piétonnes.

2 Le Conseil d'Etat fixe les conditions du transport semi-collectif de personnes au moyen de taxis.

Art. 21 Obligations des chauffeurs

1 Les chauffeurs sont tenus par un devoir général de courtoisie tant à l'égard de leurs clients, du public, de leurs collègues que des agents des services de police. Ils doivent avoir une conduite et une tenue correcte.

2 Les chauffeurs doivent en tout temps pouvoir présenter leur carte professionnelle et s'identifier auprès des clients.

3 Les tarifs pratiqués par le taxi, le prix de la course, le nom du chauffeur et le numéro d'autorisation sont affichés à la vue des passagers.

4 Les courses sont effectuées en suivant l'itinéraire le meilleur marché, sauf demande expresse du client.

5 Les chauffeurs se conforment strictement aux dispositions fédérales concernant la circulation des véhicules automobiles et le temps de travail et de repos.

6 Le Conseil d'Etat fixe les règles de comportement et les autres obligations des chauffeurs.

Art. 22 Obligations des exploitants

1 Les exploitants veillent au respect par leurs chauffeurs des dispositions fédérales, de la loi et de ses dispositions d'application.

2 Les exploitants sont tenus de se prêter aux contrôles exercés par la police. Ils doivent tenir à jour une documentation complète concernant leur personnel et satisfaire à leurs obligations d'employeurs, notamment en matière de législation sociale et du travail.

3 Le Conseil d'Etat fixe les obligations des exploitants relatives à leur personnel et à l'utilisation des véhicules.

4 Les employeurs appliquent les conditions usuelles dans la profession, notamment salariales.

Art. 23 Véhicules

1 Les véhicules utilisés pour le service de taxis présentent toutes les garanties de sécurité, de commodité et de propreté.

2 Sous réserve de dérogations fixées par le Conseil d'Etat, les véhicules doivent être équipés en permanence de modèles de compteur et de témoins lumineux agréés par le département.

3 Le Conseil d'Etat fixe les exigences techniques pour les compteurs et les témoins lumineux ainsi que les conditions de leur installation, utilisation et contrôle.

Art. 24 Obligations particulières

1 Les taxis doivent accepter toutes les courses, quel que soit le lieu de destination dans le canton.

2 Les milieux professionnels organisent sous la surveillance du département, d'entente avec les chauffeurs indépendants, les exploitants et les centrales d'ordre de course, un service au public 24 heures sur 24 et, dans la mesure du possible, une distribution des taxis sur toutes les stations.

3 Le Conseil d'Etat peut définir dans un accord de prestation soumis à l'approbation du Grand Conseil sous forme de résolution d'autres obligations ou avantages liés à la détention des permis de stationnement.

Art. 25 Taxe et émoluments

1 En contrepartie de l'avantage conféré par le permis de stationnement, le département perçoit annuellement une taxe d'un montant maximal de 1 300 F par permis de stationnement qui est affectée, après consultation des milieux professionnels, à l'amélioration des conditions sociales de la profession.

2 Le département perçoit un émolument annuel de 200 F par permis de stationnement.

3 Les montants fixés aux alinéas 1 et 2 sont adaptés à l'évolution du coût de la vie, calculée à partir de la date d'entrée en vigueur de la loi, selon l'indice genevois des prix a la consommation.

4 Le Conseil d'Etat fixe le montant de la taxe et les conditions d'utilisation de son produit.

Art. 26 Définition des tarifs

1 Les tarifs des taxis sont fixés librement dans les limites imposées par le Conseil d'Etat, conformément au présent article.

2 Les tarifs sont identiques pour l'ensemble du territoire du canton.

3 Après consultation des milieux professionnels, le Conseil d'Etat fixe tous les ans les montants maximaux, TVA incluse, autorisés pour la prise en charge, le kilomètre parcouru, le temps d'attente et les bagages.

Le Conseil d'Etat peut imposer un tarif inférieur, notamment pour la prise en charge et le kilomètre parcouru, pour les taxis au bénéfice d'un permis de stationnement.

4 Tous les abonnés d'une même centrale de diffusion d'ordres de course doivent pratiquer le même tarif.

Art. 27 Respect de la concurrence

1 Le département peut consulter la Commission fédérale de la concurrence s'il constate des distorsions de concurrence résultant, notamment, de la limitation du nombre de permis de stationnement ou d'un accord tarifaire entre les exploitants ou les centrales de diffusion d'ordres.

2 Le département prend les mesures nécessaires pour rétablir la concurrence. En particulier, le département peut proposer au Conseil d'Etat une baisse des tarifs maximaux prévus à l'article 26.

Art. 28 Attributions spéciales de la police

1 Lorsque la police constate que des véhicules utilisés comme taxis ou que des chauffeurs ne sont pas admis à circuler, elle les empêche de continuer la course, saisit le permis de circulation et/ou la carte professionnelle. Si nécessaire, elle peut aussi saisir le véhicule.

2 La police peut saisir sur-le-champ le permis de conduire et la carte professionnelle de tout chauffeur qui commet une violation grave aux règles de la circulation, aux dispositions de la loi ou de ses dispositions d'application.

3 Les pièces saisies sont transmises au département pour le prononcé des mesures justifiées par les circonstances.

Art. 29 Suspension et retrait de la carte professionnelle

1 En cas de manquement aux devoirs imposés par la loi ou ses dispositions d'exécution par un chauffeur, le département peut, en tenant compte de la gravité de l'infraction ou de sa réitération, prononcer les sanctions suivantes à l'encontre du chauffeur :

2 Lorsqu'il a prononcé le retrait d'une carte professionnelle, le département ne peut entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de deux ans à compter du jour où la décision est entrée en force.

Art. 30 Suspension et retrait de l'autorisation d'exploiter ou du permis de stationnement

1 En cas d'infraction à la législation ou aux conditions particulières de l'autorisation d'exploiter ou du permis de stationnement, le département peut, en tenant compte de la gravité de l'infraction ou de sa réitération, prononcer les sanctions suivantes à l'encontre du titulaire de l'autorisation ou du permis :

2 Lorsqu'il a prononcé la retrait d'une autorisation d'exploiter ou d'un permis de stationnement, le département ne peut entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de deux ans à compter du jour où la décision est entrée en force.

Art. 31 Amende administrative

1 Indépendamment du prononcé des sanctions ou mesures prévues aux articles 29 et 30, le département peut infliger une amende administrative de 100 F à 20 000 F à toute personne ayant enfreint les prescriptions de la loi ou de ses dispositions d'exécution.

2 L'amende peut être infligée par un officier de police lorsqu'elle n'excède pas 200 F.

3 Lorsqu'une infraction a été commise dans la gestion d'une personne morale, d'une société en commandite, d'une société en nom collectif ou d'une entreprise à raison individuelle, les sanctions sont applicables aux personnes qui ont agi ou auraient dû agir en son nom. La personne morale, la société ou le propriétaire de l'entreprise individuelle répond solidairement des amendes. Les sanctions sont applicables directement aux sociétés et entreprises précitées lorsqu'il n'apparaît pas de prime abord quelles sont les personnes responsables.

Art. 32 Tribunal administratif

Les décisions du département relatives à l'application de la loi et de ses dispositions d'exécution sont susceptibles de recours au Tribunal administratif.

Art. 33 Dispositions d'applications

1 Le Conseil d'Etat édicte les dispositions nécessaires pour l'application de la loi et fixe les émoluments.

2 Le Conseil d'Etat adresse un rapport annuel au Grand Conseil sur l'application de la loi.

Art. 34 Clause abrogatoire

La loi sur les services de taxis, du 14 septembre 1979 (H 1 30) est abrogée.

Art. 35 Entrée en vigueur

Le Conseil d'Etat fixe la date d'entrée en vigueur de la loi.

Art. 36 Chauffeurs et exploitants déjà au bénéfice d'une autorisation

1 Les chauffeurs, suisses ou au bénéfice du droit de séjourner en Suisse tout en étant exempté des mesures de limitation d'accès à l'emploi, qui, lors de l'entrée en vigueur de la loi, sont au bénéfice d'une carte professionnelle délivrée conformément à l'article 8 de la loi du 14 septembre 1979 depuis plus de trois ans et qui exercent de manière effective leur activité de taxi comme indépendant, reçoivent la carte professionnelle de chauffeur indépendant prévue à l'article 5.

2 Les chauffeurs qui, lors de l'entrée en vigueur de la loi, ne remplissent pas les conditions fixées à l'alinéa 1, mais sont au bénéfice d'une carte professionnelle délivrée conformément à l'article 8 de la loi du 14 septembre 1979 et exercent de manière effective leur activité de taxi, reçoivent la carte professionnelle de chauffeur employé prévue à l'article 4.

3 Les personnes physiques qui, lors de l'entrée en vigueur de la loi, sont au bénéfice d'une autorisation d'exploiter délivrée conformément à l'article 2 de la loi du 14 septembre 1979 sur les taxis reçoivent l'autorisation d'exploiter prévue à l'article 6.

4 Les personnes physiques qui remplissent les conditions prévues aux alinéas 1 ou 3 sont dispensées de l'obligation d'obtenir un brevet d'exploitant.

5 Le département peut accorder des dérogations aux personnes visées à l'alinéa 2 pour tenir compte de situations particulières ou de cas de rigueur.

6 Le département ne perçoit pas d'émoluments pour les autorisations délivrées conformément au présent article.

Art. 37 Permis de stationnement

Les titulaires d'un ou plusieurs permis de stationnement délivrés conformément à la loi du 14 septembre 1979 sur les taxis lors de l'entrée en vigueur de la loi reçoivent dès cette date un ou plusieurs permis de stationnement conformes à l'article 9.

Art. 38 Annulation des permis de stationnement en excédent

1 Jusqu'à ce que le nombre de permis de stationnement émis avant la date d'entrée en vigueur de la loi soit égal au nombre maximal prévu à l'article 9, le régime légal prévu par l'article 10 de la loi est remplacé par les alinéas 2 à 5 de la présente disposition.

2 Le titulaire d'un ou plusieurs permis de stationnement qui remet son ou ses permis de stationnement au département en vue de leur annulation reçoit une indemnité pour autant qu'il ait travaillé pendant 10 ans au moins comme chauffeur de taxi ou que le permis de stationnement ait été exploité pendant 10 ans au moins.

3 L'indemnité est progressive de 10 ans à 15 ans de travail ou d'exploitation. Le montant minimal est de 30 000 F et maximal de 40 000 F par permis. Le Conseil d'Etat fixe le barème.

4 Le paiement de l'indemnité, qui n'est pas soumise aux impôts cantonaux ou communaux, est financé par la taxe perçue selon l'article 25, alinéa 1, de la loi. Lorsque les demandes d'indemnité sont supérieures au montant dont dispose le département, celui-ci établit une liste d'attente selon l'ordre chronologique des demandes et l'âge des titulaires. Il verse les indemnités sans intérêts en fonction de cette liste.

5 Le département est autorisé à conclure un accord de prestation avec les milieux professionnels concernés, soumis à l'approbation du Grand Conseil sous forme de résolution, afin d'organiser un paiement plus rapide des indemnités au moyen de la taxe prévue à l'article 25, alinéa 1, de la loi.

6 La carte professionnelle et/ou l'autorisation d'exploiter du titulaire de permis de stationnement qui remet la totalité de ses permis de stationnement au département est annulée. Dans ce cas, la dérogation prévue à l'article 36, alinéa 4, de la loi ne s'applique pas et le département ne peut entrer en matière sur une nouvelle demande d'autorisation pendant un délai de deux ans à compter du jour de l'entrée en force de la décision d'annulation.

Art. 39 Modification à une autre loi (E 5 05)

La loi sur le Tribunal administratif et le Tribunal des conflits, du 29 mai 1970, est modifiée comme suit :

Art. 8, al. 1, ch. 43 (modifié)

P 1200-A

Mis aux voix, le classement de la pétition est adopté.

Le président. Nous passons à la motion présentée par M. Beer et M. Grobet. Cette motion comporte des considérants et une invite. Ce texte va vous être distribué. Nous le voterons plus tard, lorsque vous aurez pu en prendre connaissance. Je prie les auteurs de la motion de bien vouloir ajouter un exposé des motifs, même succinct, que nous soumettrons à votre approbation.

Mme Françoise Schenk-Gottret (S). Au nom des commissaires, j'aimerais adresser mes remerciements à Mme Nelly Guichard, présidente de la commission des transports, pour sa patience et son efficacité. (Applaudissements.)

Mme Janine Berberat (L). Monsieur le président, j'aimerais rappeler une décision prise par le Bureau au début de votre présidence : lorsque l'ordre du jour est modifié, il faut que l'objet concerné soit déposé sur la place des députés au moment de la demande de modification. Or, vous nous parlez d'une motion qui va être traitée ce soir en urgence sans que nous en ayons pris connaissance.

Si vous voulez être logique avec vous-même, vous devez appliquer la décision que vous avez prise au début de votre présidence, vous ne devez pas accepter cette proposition !

Le président. C'est pour cette raison, Madame, que je vous propose de distribuer cette motion une fois retranscrite, pour que nous puissions la traiter.

M. Bernard Annen (L). Je m'adresse aux auteurs de cette motion, que je me ferai un plaisir de signer suivant sa teneur. (Brouhaha.)

Le président. Monsieur Hausser, je crois que vous n'avez pas entendu ce qui a été dit tout à l'heure ! Je vous prie de faire silence.

M. Bernard Annen. M. Beer ne me contredira pas sur le fait que cette motion est moins urgente que la loi que nous venons de voter. Je trouve qu'il serait dommage de rédiger un texte, excessivement important, à la hâte et de le soumettre en votation aux députés dont les esprits sont un peu échauffés, à cette heure tardive.

Objectivement, le caractère d'urgence n'existe pas. Je suis prêt à examiner cette motion avec vous; je ne cherche pas à me dérober à mes promesses de tout à l'heure, mais si nous voulons que la motion de M. Grobet obtienne une large majorité, il serait préférable d'attendre ce texte pour la prochaine session.

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, il est vrai que la situation est un peu particulière. Des amendements ont été présentés pour être introduits dans la loi. Tout le monde étant d'accord de voter cette loi rapidement, vous avez accepté que l'amendement de M. Beer et M. Grobet soit traité sous forme de motion. Il vaut mieux que celle-ci soit distribuée; ceux qui veulent la signer pourront le faire et vous jugerez tout à l'heure si vous voulez voter tout de suite ou plus tard.

Nous poursuivons notre ordre du jour.

M 1268
6. Proposition de motion de Mmes et MM. Fabienne Bugnon, Alberto Velasco, Christian Ferrazino, Antonio Hodgers, Jeannine de Haller, Françoise Schenk-Gottret, Marie-Paule Blanchard-Queloz, Myriam Sormanni, Christian Brunier, Laurence Fehlmann Rielle, Anne Briol, Régis de Battista, Luc Gilly, Pierre Vanek, Caroline Dallèves-Romaneschi et Dominique Hausser concernant le retrait des troupes armées engagées pour assurer la sécurité des organisations internationales. ( )M1268

EXPOSÉ DES MOTIFS

Lors de la dernière séance du Grand Conseil, le parlement a voté majoritairement une résolution demandant au Conseil d'Etat de nouer un dialogue avec les représentants du peuple kurde.

Pour toute réponse, le Conseil d'Etat a sollicité des autorités fédérales une aide militaire pour assurer la sécurité des organisations internationales.

Ces militaires armés ne sont là que « pour assurer la sécurité et donner l'alerte en cas de danger » selon la conférence de presse donnée conjointement par la présidente du gouvernement et les autorités militaires.

Pourtant, ils sont armés et en nombre considérable.

Ce n'est pas en créant un état de siège autour des organisations internationales, que le gouvernement évitera des manifestations. Au contraire, on peut imaginer l'effet de provocation à la violence qu'engendre un tel déploiement.

Les signataires de cette motion déplorent le peu de réflexion et la tentation de céder à la peur qui a guidé l'action gouvernementale. Ils demandent le retrait immédiat des troupes armées.

L'état de santé précaire et préoccupant du leader kurde Ocalan, de même que le peu d'espoir de voir les autorités turques organiser un procès dans le respect élémentaire des Droits de l'Homme, laissent augurer de nouvelles manifestations des représentants kurdes en Suisse, fortement préoccupés par la situation. Les autorités de notre canton doivent répondre par l'écoute et le dialogue.

Nous vous remercions, Mesdames et Messieurs les députés - par votre soutien à cette motion - de bien vouloir montrer à notre Conseil d'Etat qu'il fait fausse route et qu'il est encore temps de revenir en arrière.

Débat

Mme Fabienne Bugnon (Ve). En février de cette année, lorsque M. Öcalan a été arrêté, la communauté kurde internationale a manifesté son désarroi dans plusieurs pays, dont le nôtre. A Genève, cela s'est exprimé par diverses manifestations et par une occupation sur la place des Nations. Les réactions ont été diverses face à cette occupation et, lors de notre dernière séance au Grand Conseil, nous avons adressé au gouvernement une résolution visant à condamner son attitude lors de ces manifestations. La présidente du gouvernement nous a alors expliqué l'attitude du gouvernement durant cette manifestation et pour quelles raisons elle considérait que cette attitude avait été adéquate.

Certains d'entre nous ont estimé que ce n'était pas le cas, d'où le renvoi de cette résolution, par une majorité du Grand Conseil. Cette résolution demandait également au gouvernement de bien vouloir entreprendre des discussions avec la population kurde de Genève. Quelques jours après, pour toute réponse, le gouvernement de notre canton n'a rien trouvé de mieux que de faire appel à Berne pour s'assurer du soutien de l'armée pour protéger les organisations internationales. Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, nous sommes extrêmement contrariés et déçus par votre réaction. Nous vous demandons de dialoguer, vous répondez par une forme de répression...

La motion que nous vous présentons ce jour est la conséquence de votre réaction inadéquate. Elle vous demande de revenir immédiatement sur votre décision et d'intervenir auprès du Conseil fédéral pour que celui-ci rappelle ses troupes. Elle vous dit également qu'il est grave, aujourd'hui, de vouloir criminaliser le mouvement kurde. On ne peut pas dire, dans notre pays et dans notre canton, que les manifestations des Kurdes aient présenté le moindre risque. Au contraire, ces manifestations - plus de cinq mille personnes - se sont déroulées dans un calme dont nous pourrions nous inspirer.

Nous vous demandons donc, une fois de plus, de nouer un dialogue avec les représentants du peuple kurde. Madame Brunschwig Graf, vous vous expliquerez sans doute tout à l'heure sur les premières démarches que vous avez initiées avec votre gouvernement, et je me réjouis de vous entendre. Nous vous demandons également de bien vouloir être notre intermédiaire auprès du Conseil fédéral en prenant l'initiative que soit tenue, sur territoire genevois, une conférence - ou plusieurs - qui puisse participer au règlement pacifique du conflit opposant la Turquie au peuple kurde.

Nous comptons vraiment, Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, sur votre réaction positive, cette fois, et immédiate. En effet, vous pourrez juger avec nous à quel point ce déploiement de troupes est ridicule, de même que les camions que nous croisons en nous baladant dans la Vieille-Ville alors que, soi-disant, ces troupes devaient être cantonnées autour de l'ONU. Pas plus tard que ce matin, j'ai croisé un camion blindé à la rue des Chaudronniers. Ils ne sont donc pas uniquement cantonnés autour des organisations internationales !

Je pense que vous êtes conscients que c'est inutile et que vous accepterez avec nous que ces troupes soient rappelées dans les plus brefs délais.

M. Jean-François Courvoisier (S). La présence de notre armée face aux manifestants kurdes est une gaffe monumentale.

En automne 1996, M. Adolf Ogi est allé à Washington pour signer l'adhésion de notre pays au partenariat de la paix de l'OTAN. Par cette adhésion, le Conseil fédéral pensait assurer la sécurité de notre pays en s'associant à la plus grande puissance économique et militaire du monde qui prétend imposer la paix sur la terre sans se soucier du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. M. Ogi a souligné qu'il s'agissait d'un partenariat à la carte et que nous ne serions pas obligés d'intervenir contre notre volonté. Mais le fait d'être partenaires nous empêche d'être adversaires. La Turquie étant membre de l'OTAN est donc notre partenaire. Implicitement, les Kurdes sont nos ennemis, puisque les ennemis de nos amis sont nos ennemis.

Il y a un an environ, Mme Hugenberger, une syndicaliste suisse, a participé à une manifestation de protestataires étrangers contre la répression turque au Kurdistan. Voici ce qu'elle rapporte de cette manifestation : «Notre route a été bloquée par des blindés et nous avons été harcelés par la police et par l'armée qui voulaient empêcher la population de prendre contact avec notre délégation. Nous avons été alors encerclés par trois blindés et deux hélicoptères, engouffrés dans un bus qui nous a ramenés de force à Istanbul. Les contacts avec nos ambassades ont été difficiles, puisque nous avons été empêchés de nous rendre à Ankara.»

Mme Hugenberger a conclu en ces termes : «Il est regrettable que le Conseil fédéral, à l'instar d'autres pays européens, entretienne des relations normales avec la Turquie qui foule aux pieds les plus élémentaires droits de l'homme.»

Or, non seulement nous entretenons des relations avec le gouvernement turc, mais la Turquie est notre partenaire pour la paix. Comme le rappelait le conseiller aux Etats, Pierre Aebi : «La lutte des Kurdes est aussi un combat pour le respect de la démocratie, et, si nous ne défendons ces valeurs que pour nous-mêmes, c'est que nous avons cessé d'y croire.» M. Aebi juge comme étant une «immense maladresse» la décision fédérale de mobiliser les troupes pour protéger les bâtiments officiels en prévision d'éventuelles manifestations kurdes. Le plus grand quotidien turc annonçait cette nouvelle en écrivant : «La Suisse a enfin compris qu'il n'y a que l'armée pour lutter contre le PKK, puisqu'elle vient de mobiliser trois mille cinq cents soldats pour cela.»

La présence de notre armée a aussi été très mal ressentie par les manifestants kurdes qui ont l'impression d'être pris pour des criminels et qui estiment que notre pays prend le parti du gouvernement turc, qui les opprime depuis si longtemps. Jusqu'à ce jour, notre pays a été épargné par le terrorisme. Mais qui sont les terroristes ? Ce sont des soldats comme les autres, généralement plus courageux, mais qui, pour défendre ce qu'ils pensent être leurs droits, n'ayant pas les moyens d'avoir des blindés, des avions et des navires de guerre, acceptent de participer à des opérations de plus en plus sanguinaires en pensant que c'est le seul moyen de sortir de leur misère et de leur désespoir.

En ayant choisi de nous associer à ceux qui nous semblent les plus forts, nous avons pris le risque d'attirer sur nous la menace du terrorisme. La présence de notre armée face à ceux qui réclament une dignité bien légitime ne peut qu'exacerber le sentiment de révolte de ces malheureux. Alors, pour la dignité de notre canton, pour la sécurité de ses habitants, refusons la présence de notre armée pour de telles missions. Seule la convocation dans les plus brefs délais d'une conférence internationale pour régler d'une manière politique le problème du peuple kurde pourra assurer notre sécurité et la paix à long terme dans cette région.

Cette motion doit donc être renvoyée au Conseil d'Etat.

M. Pierre-Pascal Visseur (R). La motion qui vous est présentée aujourd'hui est l'illustration parfaite des contradictions de ses auteurs et de leur méconnaissance des problèmes de sécurité. Depuis des années, ils réclament, à réitérées reprises, une police mieux préparée, plus proche de la population, plus efficace. Aujourd'hui encore, ils dénoncent la montée de la violence et demandent que la police soit plus efficace, notamment lors des manifestations.

Or, lorsque l'on donne à la police les moyens de se concentrer sur ses tâches prioritaires : la protection de la population et la poursuite des délinquants, ils hurlent au loup et exigent le départ de ces auxiliaires de la police que sont, en l'occurrence, ces quatre cents soldats présents à Genève. Car, faut-il une fois encore le préciser, l'armée n'est pas présente à Genève pour se battre ni pour défendre directement tel ou tel objectif potentiel; elle a pour simple mais importante mission de surveiller, d'observer et, au besoin, d'alerter les forces de police, qui, elles, interviennent en cas de besoin.

La police n'a pas les effectifs pour assumer cette surveillance; elle a déjà bien de la peine à assumer les tâches quotidiennes qui lui sont confiées. De plus, la police est nettement surqualifiée pour assumer un travail de simple vigile, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Les qualifications ont aussi un prix. Le coût mensuel moyen d'un gendarme s'élève à près de 10 000 F si l'on tient compte de toutes les charges, alors que celui d'un soldat, qui effectue son service militaire sous cette forme, est proche de zéro franc. On leur a demandé s'ils étaient d'accord de le faire dans ces conditions, à Genève. Ceux qui n'étaient pas d'accord ont eu le choix de rester dans les montagnes.

Il faut aussi tenir compte du fait qu'un gendarme travaille 40 heures par semaine, alors qu'un soldat en effectue 80. Les quatre cents soldats à Genève représentent donc en réalité huit cents auxiliaires de gendarmerie utiles et - si j'ose utiliser l'expression - bon marché, en tout cas pour la République.

Finalement, et c'est peut-être le premier argument que j'aurais dû citer : la loi fédérale sur l'armée prévoit que le Conseil fédéral peut en tout temps déléguer aux cantons des unités d'armée pour l'aider dans le maintien de l'ordre. Il s'agit donc bien d'une décision fédérale, basée sur une loi fédérale qui prévaut, comme chacun, le sait sur nos modestes compétences cantonales. On ne peut donc que suggérer aux auteurs de cette motion - s'ils ne sont toujours pas convaincus - d'intervenir auprès de leurs collègues des Chambres fédérales et au Conseil fédéral.

C'est la raison pour laquelle le groupe radical vous enjoint, Mesdames et Messieurs, à refuser purement et simplement cette motion.

Mme Barbara Polla (L). Tous ici, j'en suis profondément convaincue, nous espérons la paix et la sécurité partout dans le monde et nous y travaillons ici, mais les moyens que nous considérons les meilleurs sont fondamentalement différents. Vous l'aurez compris, nous sommes convaincus que l'armée joue un rôle essentiel dans la sécurité. Permettez-moi de citer Machiavel, non pas celui dont M. Rodrik parlait ce soir - Machiavel le diabolique - mais Machiavel revisité, réécrit à la lumière des Evangiles, par Metin Arditi. Machiavel qui écrivait déjà, très Suisse en la matière : «Donner des armes aux citoyens, c'est supprimer les troubles et non pas les nourrir.»

Vous pensez que l'armée est une provocation à la violence; nous la considérons comme l'un des services les plus importants à la population. Vous pensez que la présence de troupes armées à Genève pour assurer la sécurité des organisations internationales reflète une volonté de criminaliser le mouvement kurde; nous pensons, au contraire, que cette présence de l'armée à Genève est un exemple, une preuve de son indispensable adaptabilité aux nouveaux problèmes qu'elle est amenée à gérer et un très bon exemple aussi du type de collaboration, efficace et utile, qui peut exister entre la police et l'armée, et nous en sommes fiers.

Vous pensez qu'il est souhaitable de supprimer l'armée, en général et dans le cas particulier, mais nous sommes convaincus que nos concitoyens ont besoin de sécurité et, donc, d'une armée modernisée, mobile, capable de s'engager dans les conflits et les situations les plus divers, une armée capable de répondre à toutes les nouvelles menaces. Lorsqu'il s'agit de sécurité, nous dit encore l'exégète de Machiavel, le réalisme exclut la fuite, et le prince - en l'occurrence notre Conseil d'Etat et sa présidente - se doit d'être responsable et comptable de la sécurité de l'Etat.

Nous sommes convaincus que le Conseil d'Etat - contrairement à ce que vous écrivez dans votre exposé des motifs - n'a à aucun moment cédé à la peur ; au contraire, il s'est attaché à assumer sa responsabilité fondamentale, car assurer la sécurité des citoyens, c'est bien la première et la plus importante des missions de l'Etat.

Pour toutes ces raisons ainsi que celles exposées par mon préopinant, je vous invite donc à rejeter cette motion.

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, il y a encore huit orateurs inscrits. Je vous avais dit que nous arrêterions nos travaux à 23 h. Il dépend de vous que nous puissions traiter les objets qui doivent être traités ce soir comme vous l'aviez demandé.

M. Gilles Godinat (AdG). Notre groupe ne partage absolument pas l'analyse présentée par M. Visseur et par Mme Polla. Nous continuons de dénoncer une mesure qui nous semble totalement inadéquate par rapport au problème posé. Nous accordons la priorité à une conférence internationale sur la paix qui nous paraît la seule issue possible à long terme. Il est de notre devoir, dans cette République, d'appeler cette conférence de toutes nos forces.

En terme d'efficacité, nous avons les plus grands doutes sur le fait que l'armée soit, dans une telle situation, la réponse la mieux adaptée à des manifestations démocratiques, qui n'ont pas - que je sache - mis l'ordre de ce canton en danger. Or, le fond du problème est là : dans quelle mesure l'ordre était-il vraiment en danger pour justifier une intervention aussi importante des forces armées ? Je vous le demande !

Il s'agissait de manifestations d'une partie de la population associée au mouvement totalement légitime du peuple kurde, qui revendiquait son droit à être reconnu. Et nous ne voyons pas en quoi ces manifestations mettaient en danger nos institutions, raison pour laquelle nous continuons à demander le départ de ces troupes du canton.

M. Christian Brunier (S). Le fait que des militaires sans expérience soient aujourd'hui armés sur la voie publique est un danger potentiel inacceptable. L'histoire genevoise le prouve d'ailleurs douloureusement. La présence de l'armée à Genève est un dérapage et le résultat d'une décision totalement disproportionnée. Depuis le début des manifestations kurdes, demandant simplement un jugement équitable pour leur leader Öcalan, l'exécutif genevois a agi continuellement dans la démesure.

Dans cette affaire, le Conseil d'Etat n'assume pas pleinement le rôle international de Genève et cela est regrettable. Le Conseil d'Etat privilégie nettement la Genève internationale officielle, institutionnelle, alors qu'il ignore superbement les peuples qui s'expriment dans notre cité internationale pour défendre leur droit à la dignité, à la liberté et à la paix. Ces peuples opprimés, violentés, déchirés demandent juste de pouvoir exprimer leurs revendications pacifiquement devant les organisations internationales. Notre seul devoir est de les accueillir avec humanité, de leur permettre de défendre leur cause pacifiquement.

Or, qu'a entrepris le gouvernement genevois ? Il a appelé l'armée, créant ainsi une tension inutile dans la population; il a décoré certains bâtiments d'horribles barbelés; il a refusé une première fois aux Kurdes l'autorisation de manifester pendant plusieurs jours, lors de la session de la commission des droits de l'homme de l'ONU, et envoyé la police pour effectuer des contrôles d'identité des manifestants. Bref, Mesdames et Messieurs les députés, si on veut être bien reçu à Genève, il vaut mieux être un dictateur chinois qu'un humble militant kurde !

Il est clair que l'appel à l'armée, au moment même où les Kurdes sont dans la rue, crée un amalgame plus que douteux. A quelques semaines du vote sur la loi fascisante sur l'asile, ce choix - ou cette coïncidence - est tout à fait scandaleux.

Nous voulons toutes et tous que les manifestations dans notre canton se déroulent sans heurt et sans violence. Pour cela, nous devons éviter toute provocation et permettre aux Kurdes et aux autres peuples opprimés d'être écoutés. C'est pourquoi nous demandons le retrait des troupes armées et un engagement fort de notre canton pour permettre un règlement pacifique du conflit qui oppose la Turquie au peuple kurde.

Au-delà de nos divergences sur le rôle de l'armée, nous vous demandons d'approuver cette motion.

Une voix. Blablabla !

M. Pierre Vanek (AdG). Je déplore l'appel à l'armée que vous justifiez et à laquelle vous avez eu recours, Mesdames et Messieurs du Conseil d'Etat, pour soi-disant assurer le «maintien de l'ordre».

Par rapport au risque que vous évoquez et au spectre du terrorisme que vous peignez sur les murailles, notre armée serait parfaitement inefficace; c'est essentiellement une mesure symbolique qui a été prise. Malheureusement ce symbole est très déplaisant; il désigne, à mots couverts, un ennemi représenté par le PKK ou les Kurdes qui se battent de manière légitime pour leur droit à l'autodétermination. C'est extrêmement fâcheux, car les Kurdes sont victimes, chez eux, d'un régime que je n'hésite pas à qualifier de «militaro-fasciste» qui entretient depuis des années un état d'urgence, un état de guerre, contre une partie de la population sur son territoire. Ce régime porte aujourd'hui une ombre qui déshonore et salit notre ville. En faisant appel à la troupe, notre cité affirme sa position contre un «ennemi» que vous désignez implicitement et qui est le même que se sont donné les militaires turcs.

Cette attitude n'est ni conforme aux résolutions votées dans ce parlement, ni à la volonté du peuple de Genève qui s'était prononcé en faveur de l'initiative du GSsA pour la suppression de l'armée. Elle n'est pas conforme non plus aux intentions de notre législatif qui s'est prononcé en faveur de l'initiative «Genève, République de paix» qui devra être encore soumise au souverain, mais c'est quand même un message de notre Conseil sur cette question qui se prononce explicitement contre le recours à l'armée pour des soi-disantes missions de «service d'ordre». En l'occurrence, il s'agit d'un ordre essentiellement symbolique, et c'est un symbole parfaitement déplaisant.

Dans un autre registre, Mesdames et Messieurs, Madame la présidente du Conseil d'Etat, Monsieur Ramseyer, j'ai sous les yeux la constitution qui en son article 127 indique que lorsque le Conseil d'Etat appelle à un service actif extraordinaire de plus de quatre jours un corps de troupe supérieur à trois cents hommes, il est tenu d'en rendre compte au Grand Conseil dans les huit jours. A ce que je sache, vous n'avez pas respecté cet article, ou du moins son esprit. Vous me direz que la décision a été prise par le Conseil fédéral, qu'il ne s'agit pas d'un service actif extraordinaire, que c'est une question de terminologie militaire. Dans l'esprit de cet article, c'est effectivement extraordinaire et, quelle que soit votre réponse, vous êtes en train de vous cacher derrière votre petit doigt. En tout état de cause, vos explications ne sont pas satisfaisantes. Une fois de plus - nous l'avons constaté pour d'autres dossiers - il y a une fâcheuse tendance de notre exécutif à glisser dans une autonomie incontrôlée, alors que - sur des questions aussi graves que celle-ci - le Conseil d'Etat ferait mieux d'écouter ce parlement et de tenir compte des messages qu'il lui envoie.

M. Alberto Velasco (S). Je m'élève contre l'argument de Mme Polla qui prétend qu'il a été fait appel à l'armée, parce que la sécurité de l'Etat était mise en question... C'est tout de même aller un peu loin ! Pour mon collègue, M. Visseur, il s'agit plutôt d'une question financière. En effet, si la police coûtait zéro franc et pouvait travailler 80 heures par semaine, on n'aurait pas eu recours à l'armée. Il ne s'agit donc pas de la sécurité de l'Etat mais d'une question purement financière.

Monsieur Ramseyer, il faudrait peut-être militariser la police, ce qui en diminuerait les coûts d'une manière significative. (Remarques et rires.)

M. Régis de Battista (S). Le débat de ce soir ne traite pas d'une «Suisse sans armée». L'armée est utilisée dans ce contexte comme alibi pour faire passer une idée politique de la droite, pour des projets du genre casques jaunes, casques bleus, que l'on va essayer de nous présenter sous peu. Je crois que l'usage que vous faites de l'armée n'est pas du tout correct et pas du tout acceptable. Je n'ai pas l'intention de discuter de l'utilité de l'armée, car c'est un autre débat. Dans le cas présent, elle est utilisée à des fins politiques.

En ce qui concerne la prévention des conflits, le Conseil d'Etat fait fausse route. Cette démarche n'a fait l'objet d'aucune discussion avec les personnes concernées, d'une table ronde ou d'un organe de réflexion sur ces sujets.

Nous avons accepté, hier soir tard, une résolution sur l'Appel de La Haye qui fait référence à plusieurs éléments qu'il serait intéressant de rappeler. Une série de projets et de réflexions vont être conduits par la population civile : la conception et la coordination de stratégies pour réaliser un désarmement global; le renforcement et la promotion à l'échelle internationale des droits de la personne ; le droit humanitaire et ses institutions ; la promotion de la prévention et la résolution pacifique des conflits ; la construction de la paix; l'étude des causes de la guerre et le développement d'une meilleure culture de la paix pour le XXIe siècle. Tous ces arguments ne sont pas évoqués, et je trouve que c'est extrêmement grave.

Je peux comprendre l'exposé de Mme Polla, bien que nous n'ayons pas la même approche sur les questions de paix. Mais vous ne permettez pas à une certaine catégorie de la population de s'exprimer normalement; car c'est toujours vous qui - avec vos moyens militarisés - voulez détenir ce monopole du moteur de la paix. C'est une situation qui ne peut perdurer. Il faut laisser ces gens s'exprimer : les Kurdes, les Tibétains; il faut les écouter, car le problème va continuer. Genève est une place internationale qui abrite la commission des droits de l'homme.

Ce n'est pas en construisant des murs que l'on va trouver une solution; il faut essayer de construire des ponts; il faut essayer de nouer le dialogue avec ces gens; ce pourrait être le rôle d'une commission de tenter de voir, sur des sujets aussi sensibles, quelle suite est donnée aux résolutions comme celle que nous avons votée hier soir sur la question tibétaine, ou, il y a quelque temps, sur la question kurde. Nous devons nous préoccuper de savoir comment le Conseil d'Etat traite ces résolutions dont on prétend qu'elles ne sont pas écoutées à Berne. Notre parlement ne doit pas seulement s'occuper d'affaires locales mais également de dossiers internationaux, car nous vivons dans une ville internationale.

Je suis persuadé que Mme Brunschwig va nous faire une leçon de morale. Avec tout le respect que je lui dois, je me réserve la possibilité de reprendre la parole après son intervention.

Mme Fabienne Bugnon (Ve). J'aimerais répondre aux deux interventions opposées à la motion. Les propos de M. Visseur n'ont surpris personne; nous connaissons son credo sur les heures supplémentaires de la police : ce ne sont pas les êtres humains qui comptent, c'est le porte-monnaie ! Les militaires coûtent effectivement moins cher que la police. Ce n'était donc pas particulièrement intéressant !

En revanche, votre intervention, Madame Polla, mérite quelque peu que l'on s'y arrête. Madame Polla, je vous connaissais plusieurs facettes. J'en ai découvert une nouvelle, mardi, à travers «Le Matin» avec ce grand titre : «Armée, il faut aller plus loin». Le journaliste vous a posé un certain nombre de questions et vous a demandé notamment ce que, vous, vous proposiez concrètement.

Vous avez répondu deux choses importantes, je vous cite : «Faire de notre armée un modèle de haute spécialisation et élargir encore davantage ses missions de nature civile. Ainsi, notre politique de sécurité et notre armée deviendraient beaucoup plus attractives pour les jeunes et les femmes, car les jeunes sont friands de nouvelles technologies; ils connaissent la violence à travers les jeux vidéos et y apportent leurs propres réponses. Si l'armée devenait «high tech», vous verriez alors leur intérêt redoubler...».

Madame la députée, c'est ce que nous voyons effectivement en ce moment avec ce qui se passe au Kosovo, en regardant la télévision de notre fauteuil : les jeux vidéos grand écran. Vos interventions et tout ce que vous avez écrit dans le journal me font tout simplement frémir ! (Exclamations et applaudissements.)

M. Claude Blanc (PDC). On vient d'assister de nouveau à un déballage d'arguments divers et opposés sur le rôle de l'armée et de l'Etat dans le maintien de la paix internationale.

Je me bornerai à m'exprimer sur la troisième invite de votre motion qui me paraît digne d'intérêt bien qu'elle m'apparaisse superflue. Je crois en effet pouvoir affirmer, Mme Brunschwig Graf le dira tout à l'heure encore une fois au nom du Conseil d'Etat : si nous pouvons nous honorer de quelque chose dans ce canton, dans cette ville, c'est d'avoir saisi jusqu'à présent toutes les occasions d'apporter nos bons offices chaque fois que des conflits naissaient dans le monde et d'accueillir sur notre territoire les personnes qui étaient impliquées dans ces conflits pour permettre des négociations. C'est une démarche positive que nous avons renouvelée à maintes reprises. Il n'est donc pas nécessaire d'adresser une demande dans ce sens au Conseil d'Etat. Il est conscient qu'il doit le faire et il a pour cela l'appui de la population et du parlement; c'est une mesure superfétatoire que de le lui rappeler.

Pour le surplus, des allergies diverses se réveillent concernant le rôle de l'armée. Tout à l'heure, M. Ramseyer était encensé et, maintenant, il est devient le grand Satan qui fait appel à l'armée chaque fois qu'il a un problème. D'une heure à l'autre, on peut être un saint ou un damné, Monsieur Ramseyer, je ne vous apprends rien ! Moi, j'estime que si nous voulons continuer à jouer un rôle sur le plan du maintien de la paix dans le monde et préserver ce lieu de négociations, nous devons d'abord assurer la sécurité de toutes les organisations internationales qui se trouvent sur notre territoire.

On peut évidemment alléguer que la sécurité n'était pas mise en danger et que les Kurdes n'avaient aucunement l'intention d'aller envahir ces institutions. Il est aisé de le dire après, mais le Conseil d'Etat avait l'obligation de prévenir. En cas de débordements, on aurait reproché au Conseil d'Etat de n'avoir pas prévu ce qui allait se passer et de n'avoir pas pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des organisations internationales.

Pourquoi faire appel à l'armée ? Vous connaissez les difficultés que rencontre la police genevoise pour assurer sa mission. Dans le cas particulier, compte tenu des risques potentiels suite à l'arrestation du leader des Kurdes, le Conseil d'Etat a estimé qu'il ne pouvait pas assurer les deux missions : la sécurité des organisations internationales et continuer, parallèlement, à assumer nos tâches de sécurité intérieure pour que notre ville puisse continuer à vivre, notamment sur le plan de la circulation : ce sont les tâches primordiales de la police. C'est pour lui permettre de les assurer que le Conseil d'Etat a demandé l'aide de l'armée.

Comme cela a été dit maintes fois, l'armée a pour seule mission d'être vigilante et d'avertir la police en cas de problèmes. En réalité, vous cherchez toutes les occasions pour remettre en cause notre armée - chacun a le droit de penser ce qu'il veut sur le maintien ou la suppression de l'armée - dont vous faites votre bouc émissaire. Chaque fois que vous pouvez la remettre en cause, vous le faites, même quand elle est véritablement utile comme c'est le cas aujourd'hui. Elle nous aide à remplir notre rôle de cité internationale et à favoriser le dialogue, mais, pour vous, l'armée ne peut être que négative. Vous assimilez notre troupe à d'autres armées dans le monde qui ont beaucoup de choses à se reprocher. Vous savez très bien que notre armée, celle du peuple suisse, est là uniquement pour venir en aide au gouvernement pour assurer la sécurité du pays et la sécurité des organisations qui se trouvent dans notre pays.

M. Olivier Vaucher (L). Je ne m'attarderai pas sur les propos déplacés de certains préopinants des bancs d'en face. La police genevoise a déjà des effectifs trop restreints - nous le savons - comparativement à d'autres villes et, surtout, en regard des multiples tâches qui lui incombent. Elle ne peut donc efficacement faire face à de nouvelles charges.

J'aimerais rappeler que le soutien ponctuel de l'armée, formée pour ces tâches, ne coûte rien à notre canton, alors que les heures supplémentaires ne cessent d'augmenter à la police genevoise, qui, elle, a déjà fait de nombreux efforts pour réduire ses coûts. Malgré les dires de Mme Bugnon, je trouve que l'armée présente est particulièrement discrète et ses hommes particulièrement agréables. Bien sûr, si, par miracle, certains leaders de manifestations, présents dans cette salle, qui nécessitent une mobilisation de la police, s'engageaient à renoncer à organiser certaines de leurs manifestations, peut-être pourrions-nous envisager de nous rallier à cette motion. Mais, comme je sais que cela n'est malheureusement pas réalisable, je vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à refuser cette motion.

Mme Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat. Le recours à l'armée n'a pas eu lieu en catimini, puisque ce Grand Conseil m'avait déjà interrogée, lors de la dernière séance, sur la présence de la troupe et sur ses attributions. Le calendrier évoqué par Mme Bugnon reflète une légère imprécision, car, à ce moment-là déjà, je m'en étais expliquée en répondant à deux interpellations urgentes qui m'avaient été adressées. Ce n'était donc pas une surprise. Nous avons besoin de la présence de l'armée pour assurer la sécurité des organisations et des missions internationales. J'en avais précisé le cadre et le rôle. Je crois pouvoir dire que, depuis un mois, cette mission a été respectée sous tous ses aspects.

Mesdames et Messieurs les députés, l'armée remplit sa mission depuis un mois, sans pour autant porter atteinte au droit de manifester, comme il est de coutume dans notre canton. Pas plus tard que ce matin, deux manifestations se sont déroulées sur la place des Nations; l'une était organisée par les Kurdes et l'autre par Amnesty International et les Tibétains. Peut-on dès lors affirmer que le droit d'expression est menacé, lorsque l'armée assure la sécurité des organisations internationales ? Point du tout, puisque aujourd'hui même, alors que des mesures de sécurité importantes devaient être prises dans d'autres lieux, le droit de manifester sur une place prisée par les Genevois pour ce faire - un lieu hautement symbolique - a été respecté.

De même, samedi dernier, des jeunes venus pour la francophonie ont, de concert avec les autorités fédérales et cantonales, procédé à un lâcher de ballons contre les mines antipersonnel sur cette même place des Nations

Depuis un mois, Mesdames et Messieurs, il n'y a pas eu d'incidents dans ce canton et dans cette ville, jusqu'au moment où quelques personnes - dont certains députés - ont choisi de s'introduire dans la propriété d'une mission internationale. L'armée a été requise pour assurer la sécurité et non pour empêcher les gens de manifester ou de défiler. Preuve en est qu'il y a eu depuis deux défilés pour une «Suisse sans armée», depuis que la troupe est dans nos murs. Mais l'une de ses tâches est d'assurer la sécurité, de prévenir toute entrée illicite sur la propriété privée des organisations internationales, des missions et des lieux appartenant à autrui.

Cela doit être bien compris : il ne s'agit pas, à l'heure actuelle ou dans le futur, de porter atteinte à la population kurde en limitant ses droits à vivre dans nos murs. Celles et ceux qui dénoncent la présence de l'armée en utilisant cet argument causent du tort à la population kurde parce qu'ils font un amalgame d'éléments sans corrélation. C'est une chose d'envahir une propriété ou de faire partie d'un mouvement terroriste et c'en est une autre de faire partie d'une communauté respectée dans nos murs. C'est si vrai - comme l'a évoqué tout à l'heure Mme Bugnon - que, conformément à votre précédente demande déjà incluse dans cette motion, nous avons établi des contacts avec la population kurde qui vit chez nous et qui estime qu'il n'est pas souhaitable de porter atteinte au droit et à l'Etat de droit de notre République, mais qui veut être rassurée sur ses propres droits et sur le respect qu'on lui doit. Cette mission est d'ores et déjà en voie d'être accomplie.

Mesdames et Messieurs les députés, je ne pense pas - et le gouvernement non plus - que l'armée soit une solution durable pour assurer la sécurité des organisations internationales. C'est la raison pour laquelle notre collègue Ramseyer a entrepris, depuis plusieurs mois déjà, la mise sur pied d'une garde de sécurité diplomatique. Nous comptons bien, d'entente avec les autorités fédérales, que cela soit la véritable solution à long terme. Si nous avons pris quelques précautions et fait appel à l'armée, dont la mission a été clairement définie, et ce jusqu'à ce que la sécurité ne soit plus menacée - je le répète - ce n'est pas une démarche contre la population kurde de ce canton, c'est parce qu'il existe bel et bien certains problèmes - nous les connaissons mais je n'ai pas l'intention de les évoquer ici - qui impliquent précisément de prendre des mesures de sécurité. La population genevoise ne me semble pas outrageusement dérangée par la présence de l'armée et les lettres de lecteurs mécontents ne sont pas légion. Nous avons, de notre propre chef, demandé de réduire ce dispositif qui était trop visible et nous avons pris les précautions nécessaires - nous continuerons à le faire - pour assurer la sécurité à long terme tout en réduisant les moyens mis en oeuvre.

Néanmoins, je vous demande, Mesdames et Messieurs les députés, de respecter l'idée que ces mesures de sécurité s'imposent et que nous en portons la responsabilité. Je peux affirmer qu'en un mois il n'y a eu aucun dérapage ni aucune confrontation, mais, au contraire, une excellente collaboration. Les rôles ont été extrêmement bien répartis entre les tâches effectuées avec professionnalisme par la police et la mission dévolue à l'armée et qui lui échoit encore aujourd'hui.

Il n'est pas exact, en revanche, de prétendre que nous devons nous prononcer constitutionnellement. Je suis très étonnée que celles et ceux qui, aujourd'hui, consultent avec acharnement la constitution ne l'aient pas fait en 1994... A l'époque, visiblement, personne n'a été dérangé par la présence de l'armée pour assurer la sécurité de la conférence de MM. Clinton et Assad, pas plus qu'en 1988, pour assurer la sécurité de M. Arafat !

Si nous voulons être logiques, Mesdames et Messieurs les députés, nous n'avons pas à appeler au vote de ce parlement. En revanche, le Parlement fédéral a donné l'autorisation à la troupe de venir à Genève. La commission adéquate du Conseil national vient de se prononcer : par quatorze oui, quatre non et trois abstentions, elle a confirmé la mise à disposition des troupes aussi longtemps qu'il le fallait.

Nous souhaitons limiter la présence des troupes au strict nécessaire, dans la perspective d'un relais avec les gardes de sécurité diplomatiques. Les engagements que j'ai pris au nom du Conseil d'Etat, il y a plus d'un mois, avec l'appui de la police, ont été respectés sur tous les points. Nous nous sommes engagés à veiller à ce qu'il n'y ait pas de dérapage; à rassurer la communauté kurde, à séparer strictement les activités de police de celles liées à la sécurité des missions diplomatiques assumées par l'armée. Je crois pouvoir affirmer ici que ces objectifs ont été atteints à satisfaction des parties.

Je vous demande donc, Mesdames et Messieurs les députés, de prendre acte de cet état de fait et de tolérer provisoirement une situation qui est nécessaire pour le moment, parce que nous avons une mission globale à remplir.

Respecter la présence des organisations institutionnelles, reconnaître à chacun le droit de manifester, assurer le bon déroulement des manifestations dans la rue et assurer au quotidien la sécurité de nos concitoyens, tout cela fait partie d'une mission globale qui, à l'heure actuelle, est remplie à la satisfaction de tous. Je remercie ici la police et les miliciens de l'armée qui sont venus assumer une mission qui n'était pas évidente pour eux, dans la dignité et avec grande qualité. (Applaudissements.)

M. Régis de Battista (S). Il est important, après ce qui vient d'être dit, d'ajouter deux ou trois mots, avec, bien entendu, le respect dû à cette enceinte.

Le problème réside dans le fait que certaines personnes n'ont pas compris comment résoudre la situation. En Suisse, nous vivons d'une manière relativement aisée, alors que d'autres populations dans le monde connaissent des situations extrêmement précaires et difficiles. Peut-être s'agit-il d'un choc de cultures qu'il faut arriver à gérer. Mais ce n'est pas en imposant la présence de l'armée, Madame Brunschwig Graf, que vous parviendrez à résoudre ce problème, même si la présence de ces gardes militarisés est une solution temporaire. Il faudrait donner à cette population les moyens de s'exprimer ici à Genève. Une commission pourrait être créée pour essayer de voir de quelle manière gérer de tels événements, car vous ne parviendrez pas à les stopper. Vu la situation mondiale, ils se reproduiront, en raison de la présence de la Commission des droits de l'homme à Genève et aussi longtemps qu'il y aura de la famine et des guerres. La place des Nations continuera à être le lieu privilégié de ces manifestations; vous ne l'avez pas compris en plaçant l'armée toujours à ces mêmes endroits. C'est pour cela que je prétends que l'armée est utilisée comme un alibi politique. La prévention des conflits, ça se fait bien avant !

Les actions menées devant certaines ambassades me semblent louables face au silence politique par rapport aux graves problèmes rencontrés par certaines populations. Nous devons tous prendre nos responsabilité par rapport à nos engagements tant à titre individuel qu'en fonction de notre appartenance à un groupe. Le silence politique du Conseil d'Etat par rapport à certaines résolutions adoptées dans ce Grand Conseil est vraiment étrange.

Je suis assez satisfait d'avoir appris qu'un incident diplomatique a eu lieu hier au Palais fédéral parce que M. Jiang Zemin n'était pas au courant des habitudes en Suisse. Le véritable problème, c'est que la politique suisse fait toujours passer l'économie avant les droits de l'homme.

M. Jacques Béné (L). Si après chaque déclaration du Conseil d'Etat, on se permet de reprendre la parole, ce parlement va être complètement sclérosé. Le débat a eu lieu; nous avons pris note des remarques de M. de Battista. J'espère que nous n'aurons plus à revenir là-dessus. (Exclamations et rires.)

Le président. Je mets aux voix la proposition de renvoyer cette proposition de motion au Conseil d'Etat.

Le résultat est douteux.

Il est procédé au vote par assis et levé.

L'adjoint du sautier compte les suffrages.

Mise aux voix, cette motion est adoptée par 42 oui contre 40 non.

Elle est ainsi conçue :

Motion(1268) concernant le retrait des troupes armées engagées pour assurer la sécurité des organisations internationales

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèveconsidérant :

la mise en place de troupes armées aux abords des organisations internationales, dans un but de prévention et de sécurité ;

le climat d'état de siège résultant de ces dispositions ;

la volonté de criminaliser le mouvement kurde, dont les manifestations sont pacifiques, et ne troublent pas la sécurité publique ;

la résolution votée par une majorité du parlement demandant au Conseil d'Etat de nouer un dialogue avec les représentants du peuple kurde ;

l'effet de soutien au gouvernement turc que cette mesure a eu, relaté par les journaux turcs et déploré par la délégation de parlementaires nationaux suisses qui se sont rendus sur place ;

à revenir sur sa décision et à intervenir auprès du Conseil fédéral pour que celui-ci rappelle ses troupes armées ;

à nouer un dialogue avec les représentants du peuple kurde comme le Grand Conseil le lui a demandé ;

à faciliter la tenue sur territoire genevois de toute conférence pouvant participer au règlement pacifique du conflit opposant la Turquie au peuple kurde.

M 1266
7. Proposition de motion de Mmes et MM. Anne Briol, Fabienne Bugnon, Chaïm Nissim et David Hiler contre la hausse des tarifs TPG. ( )M1266

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèveconsidérant:

la nécessité d'encourager l'utilisation des transports publics par des tarifs attractifs ;

la hausse des tarifs prévue par les TPG ;

invite le Conseil d'Etat

à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999.

EXPOSÉ DES MOTIFS

En 1992, le plan circulation 2000 dotait le canton d'objectifs clairs en matière de circulation : diminuer la circulation automobile et favoriser les déplacements en transports publics, à vélo ou à pied, afin de respecter les ordonnances fédérales en matière de bruit (OPB) et de pollution de l'air (OPair). Le Conseil d'Etat s'était fixé comme objectif une diminution de 20% du trafic motorisé individuel entre 1990 et 2000 grâce au transfert modal. La réalité est toute autre : Genève a subi entre 1990 et 1997 une augmentation du trafic motorisé individuel de 10%.

Face à ce constat désastreux, il est urgent de réagir. Ceci non seulement en dissuadant les automobilistes de se rendre dans l'agglomération urbaine en voiture par des aménagements adéquats (macarons, rues résidentielles, aucun nouveau parking au centre-ville, etc.) mais également en proposant des transports publics attractifs (desserte et fréquence adaptées à la demande, rapidité et tarifs non dissuasifs).

Dans ce sens, la décision des TPG d'augmenter les tarifs en juin 1999 doit être vivement combattue. En effet, une telle hausse des tarifs ne peut qu'engendrer une augmentation du trafic motorisé individuel : non seulement les automobilistes ne seront pas incités à changer de mode de transport mais des usagers actuels, après un rapide calcul financier, renonceront aux transports publics. La hausse prévue particulièrement inadmissible est celle de la carte orange transmissible dont le prix subirait ainsi une augmentation de 100% en 8 ans. Avec une telle politique, on enterre tout simplement le transfert modal.

Afin de réduire la pression du trafic individuel motorisé sur notre environnement et que les TPG remplissent leur rôle de service public, nous invitons le Conseil d'Etat à s'opposer à l'augmentation des tarifs, en particulier celle de la carte orange transmissible, prévue par les TPG.

Au vu de ce qui précède, nous vous invitons, Mesdames et Messieurs les députés, à envoyer cette motion directement au Conseil d'Etat.

Débat

Mme Anne Briol (Ve). Vu l'heure tardive je serai très brève. Les personnes désireuses d'avoir des informations supplémentaires pourront lire l'exposé des motifs.

Par la présente motion, nous voulons marquer notre vive opposition à l'augmentation des tarifs annoncée par les TPG. Nous jugeons en effet que les conséquences d'une telle hausse seraient tout à fait déplorables par rapport à la volonté de transfert modal que nous avons défendue depuis toujours dans ce parlement. C'est pourquoi nous demandons instamment au Conseil d'Etat qu'il reste fidèle à sa déclaration du 8 décembre 1997 en s'opposant à la hausse des tarifs, en particulier celle des abonnements. Si une telle hausse était acceptée par le Conseil d'Etat cela signifierait qu'il enterrerait purement et simplement sa volonté de report modal.

Nous sommes opposés à ce choix, et nous vous invitons à renvoyer cette motion au Conseil d'Etat.

M. Pierre Ducrest (L). Cette motion peut paraître attrayante; il faut cependant savoir que, depuis deux ans, le chiffre d'affaires des TPG stagne à 200 millions. La subvention cantonale s'élève à 102 millions et la recette de la vente des tickets et abonnements représente 80 à 81 millions. Si vous voulez augmenter les tarifs TPG, c'est sur la base de ces 80 à 81 millions que vous devrez travailler. Si vous refusez cette hausse des TPG, c'est toujours sur cette base, qui représente moins de 50% du chiffre d'affaires, que vous devrez travailler.

Mesdames et Messieurs, à l'impossible nul n'est tenu ! Les TPG font un gros travail sur la base d'un contrat de prestations qui a été voulu et voté par ce parlement. Le contrat de prestations actuel qui a duré trois ans va - cette année encore - être rénové et remis en question pour les quatre prochaines années. A cela s'ajouteront bien sûr les infrastructures. Or, il ne sert à rien d'augmenter les tarifs TPG si cette augmentation n'est pas suivie d'une compensation du renchérissement. A contrario, il ne sert à rien d'augmenter, de diminuer ou de laisser les tarifs TPG inchangés si, en même temps, le chiffre d'affaires n'augmente pas.

Or, les TPG ont besoin d'une plus grande structure pour pouvoir accomplir leur tâche. Vous, vous êtes favorables aux transports publics, nous, nous sommes pour la complémentarité, c'est-à-dire pour les transports privés et les transports publics, mais, nous, nous demandons comment nous allons payer tout ça.

M. John Dupraz. Avec l'argent des autres !

M. Pierre Ducrest. Le fait d'augmenter les tarifs TPG va peut-être permettre d'accroître la prestation des TPG sans obérer les finances de l'Etat.

Nous proposons donc d'ajouter, à l'invite adressée au Conseil d'Etat, ce qui suit :

«- à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999 et à compenser la perte des revenus supplémentaires escomptés par l'amélioration de la productivité de l'entreprise et non par l'augmentation de la subvention.»

Si vous acceptez cet amendement, nous voterons cette motion.

M. René Longet (S). Nous avons connu une bataille de vingt ans qui n'est pas terminée pour développer l'offre des transports publics dans ce canton et pour mettre sur pied une politique de modération de la circulation. Les premiers succès de cette politique se manifestent, un certain nombre de réalisations sont en place, des programmes de développement ont été votés. Il s'agit par conséquent de rester fermes dans cette optique.

Malgré la mise en place des mesures TC 2000, un certain nombre de signaux d'alarme apparaissent : la circulation automobile en ville a augmenté et, depuis un certain nombre d'années, le nombre de passagers des TPG plafonne. Il s'agit donc véritablement de ne pas fléchir maintenant, au seuil d'un passage difficile à franchir, et il ne faut pas donner un message en sens inverse.

La politique des transports se trouve sur la ligne de crête. Elle peut tomber dans un sens comme dans l'autre. Accepter une hausse des tarifs des TPG transmettrait un faux symbole, un mauvais signal aux usagers : ce serait aller à fin contraire. Le groupe socialiste soutient entièrement la motion proposée par les Verts : les transports publics doivent développer leur offre tout en restant attractifs, ce qui ne sera pas le cas si les tarifs sont augmentés. C'est pourquoi il faut donner un signal clair et refuser cette hausse. Nous sommes néanmoins conscients que les transports publics sont aujourd'hui gérés dans le cadre d'une enveloppe pluriannuelle, avec des contraintes financières évidentes.

Notre solution sera cependant différente de celle de M. Ducrest. Un amendement dont le Bureau a pris connaissance va d'ailleurs vous être distribué. Nous pensons que la voie à poursuivre réside dans le développement d'une politique promotionnelle comme l'ont fait les CFF et conformément à la politique générale des transports qui prévaut en Suisse depuis quelques années maintenant. Les CFF ont su agir en attirant davantage de passagers au moyen d'offres promotionnelles sur les tarifs : des abonnements demi-tarif, ainsi que d'autres actions régulièrement entreprises, telles les cartes multi-parcours, journalières, etc. Il faut faire preuve d'imagination dans ce domaine pour élargir la clientèle et combler ainsi les recettes qui manqueraient en cas de stagnation, voire de recul du nombre des passagers.

Nous devons aussi discuter d'une question tout à fait fondamentale par rapport aux transports publics : leur assujettissement à la TVA. Doit-on libérer les transports publics de cette taxe ? Enfin, nous pensons - comme cela a été voté deux fois successivement par le peuple suisse, l'année dernière - qu'une péréquation est nécessaire entre tous les systèmes de transports; il faut travailler sur une participation du trafic routier au développement des transports publics.

Ce sont les pistes que nous suggérons et que ce Grand Conseil devrait transmettre au Conseil d'Etat : refuser, d'une part, la hausse des tarifs et proposer, d'autre part, des voies qui permettent de concilier les exigences budgétaires et le message, clair, à la population genevoise. Il s'agit de les concilier par le haut et non par le bas, comme la proposition de M. Ducrest risque de le faire.

Mme Nelly Guichard (PDC). Les auteurs de la motion ont une bien curieuse manière de concevoir l'autonomie d'une entité telle que les TPG. Nous avons conclu avec les TPG un contrat de prestations qui leur confère une certaine autonomie de gestion de l'entreprise. Ce contrat de prestations implique aussi que les TPG se contentent, par la force des choses, de leur subvention. Pour offrir à la population genevoise des transports publics performants - donc attractifs - avec une vitesse commerciale suffisante pour attirer si possible de nouveaux clients, ils estiment qu'ils ont besoin de nouvelles sources de revenus. La direction des TPG et son conseil d'administration estimant qu'ils n'ont pas d'autre choix que de proposer une augmentation de tarif pour répondre à leur rôle de service public de qualité, il ne nous semble pas adéquat de nous opposer à cette décision.

Notre groupe ne soutiendra pas cette motion, d'autant plus qu'il s'agit d'une augmentation modulée, ce que mes préopinants se sont bien gardés de préciser... Comme passablement d'amendements sont proposés, il vaudrait mieux renvoyer cette motion à la commission des transports.

M. David Hiler (Ve). Je dois m'exprimer seulement sur le renvoi en commission, Monsieur le président ?

Le président. Oui, Monsieur Hiler !

M. David Hiler. Renvoyer cette proposition de motion à la commission revient à la vider de son sens, puisque ces décisions devront être prises très rapidement et qu'il est bon, sur une question aussi simple, que le Conseil d'Etat connaisse la réponse.

Je me réserve de reprendre la parole sur les amendements, lorsque la question du renvoi en commission aura été traitée.

M. Nicolas Brunschwig (L). Lorsqu'on parle d'un établissement subventionné à plus de 60%, le parlement doit pouvoir donner son avis sur un élément aussi important que les tarifs.

Toutefois, Monsieur Hiler, contrairement à ce que vous dites, il me paraît difficile de se prononcer rapidement sur un tel sujet. En effet, nous n'avons bénéficié d'aucun élément de comparaison avec d'autres pays ou avec d'autres cantons, de marketing - comme l'a dit M. Longet à l'instant. Nous sommes convaincus qu'il faut aborder ce sujet sérieusement, car il est important. Il faut donc le renvoyer en commission.

Il est frappant de constater que l'offre a passablement augmenté ces dernières, alors que le chiffre d'affaires stagne. Nous devons en tirer les conclusions qui s'imposent.

Nous sommes donc tout à fait favorables au renvoi de cette motion en commission. Cela d'autant que nous doutons qu'une augmentation légitime et raisonnable de certains tarifs - il s'agirait donc d'une augmentation modulée - puisse freiner le fameux transfert modal que vous préconisez. Nous pensons quant à nous qu'il ne serait pas sérieux de se prononcer ce soir sur la simple base d'un exposé des motifs.

M. Jean-Marc Odier (R). Le groupe radical ne s'opposera pas au renvoi en commission. Les tarifs TPG relèvent d'une politique commerciale d'entreprise dans laquelle nous n'avons pas à nous immiscer.

M. David Hiler. Sur le renvoi en commission !

M. Jean-Marc Odier. Oui, Monsieur Hiler ! Nous vous expliquons simplement pour quelles raisons nous ne nous opposerons pas à ce renvoi.

Subventionner les TPG et baisser les tarifs, c'est vouloir le beurre et l'argent du beurre...

Une voix. ...et la crémière !

M. Jean-Marc Odier. En fin de compte, c'est entretenir une situation artificielle, ce qui ne rime à rien. Si vous voulez augmenter la fréquentation des transports publics, il faudra développer les lignes sur quelques grands axes et diminuer l'offre superflue sur les lignes sous-utilisées.

Par contre, nous ne pouvons accepter l'idée de dissuader les automobilistes en ne créant aucun parking au centre-ville. Les moyens de transport doivent être complémentaires et ce n'est pas en portant les TPG à bout de bras qu'on leur assurera le meilleur avenir.

Le président. Je rappelle que les députés doivent s'exprimer sur le renvoi en commission seulement.

M. Pierre Vanek (AdG). L'essentiel de mon discours porte sur la motion et non sur le renvoi en commission. Je vous demande donc de m'inscrire pour le débat ultérieur, après que le renvoi en commission aura été - je l'espère - refusé.

On demande à ce parlement de se prononcer sur la hausse des tarifs TPG prévue pour juin 1999. M. Ducrest nous explique, en long et en large, pourquoi il faut refuser cette augmentation de tarif ou à quelles conditions il serait possible de l'accepter, et semble posséder les éléments nécessaires pour justifier son discours. Et à l'instant, pour défendre le renvoi de cette motion en commission, son collègue de parti, M. Brunschwig, joue les innocents et prétend a contrario que les éléments nous manquent pour nous prononcer sur cette question. Tout cela n'est pas très sérieux !

Je reprendrai la parole sur le fond, quand on aura éliminé l'idée saugrenue de renvoyer cette motion, simple et claire, en commission, alors que nous disposons de tous les éléments pour nous prononcer.

Mise aux voix, la proposition de renvoyer cette proposition de motion en commission est rejetée.

M. David Hiler (Ve). Dans son amendement, M. Ducrest propose de s'opposer à la hausse des tarifs TPG et à compenser la perte des revenus supplémentaires escomptés par l'amélioration de la productivité de l'entreprise.

Ce n'est pas très gentil pour cette entreprise, car cela sous-entend qu'elle n'aurait fait aucun effort à ce jour ! Par conséquent, la liberté et l'autonomie que vous défendez serait totalement inutile, puisqu'elle conduirait à des résultats très négatifs...

Ensuite, et plus sérieusement, Monsieur Ducrest, le problème de fond réside dans le fait que pour conduire un bus ou un tram il faut un conducteur, et non pas un demi-conducteur, même si on utilise les techniques de pointe les plus américaines et les plus efficaces. Les gains de productivité sont donc limités. D'un côté, le prix de l'énergie reste pratiquement stable, alors que, de l'autre, les tarifs des TPG augmentent régulièrement depuis la décision que nous avons prise ensemble de développer les transports publics. En effet, depuis, les indices économiques sont défavorables à leur développement.

C'est pourquoi il est important de donner un signal clair à la population. Nous ne nous en cachons pas : nous sommes opposés - non pas à toute hausse - mais, résolument, à celle qui est prévue. Par contre, nous sommes favorables à une augmentation de la subvention des TPG pour le prochain contrat de prestations. Nous le sommes d'autant plus, Mesdames et Messieurs les députés, que la subvention TPG, obtenue par le biais du contrat de prestations, est restée stable, alors que la masse salariale de l'ensemble des services de l'Etat, malgré toutes les restrictions opérées, a augmenté de plusieurs pour-cents. Par conséquent, en valeur réelle et par rapport aux tâches de l'Etat, la subvention des TPG a clairement diminué ces dernières années. Le signal qu'elle donne, c'est que notre parlement et le gouvernement n'entendent pas l'augmenter, puisque la part allouée dans le budget tend, en valeur réelle, à baisser.

Les propositions faites par M. Longet, au nom du parti socialiste - c'est bien de squatter les motions des autres, mais c'est mieux de faire ses propositions soi-même - sont toutes intéressantes, mais exigent d'être renvoyées en commission. Pour cette raison, j'invite sincèrement le parti socialiste à retirer ses amendements, car ils diluent la revendication principale qui, elle, a le mérite de la clarté. A mon avis, il n'est pas urgent de se prononcer sur la question des transports publics et de la TVA. Cela prendra du temps et, de toute façon, le dossier ne sera pas traité ici. Tous les éléments intéressants développés par M. Longet mériteraient une motion spécifique qui serait renvoyée en commission et qui donnerait du travail à cette sympathique commission des transports, libérée du fardeau des taxis...

M. Pierre Vanek (AdG). N'ayant pas proposé d'amendement, nous soutiendrons la motion en l'état. Je ne voudrais pas passer pour un squatter aux yeux de M. Hiler. Toutefois, je me permets de faire une petite remarque sur l'invite de cette motion.

Il est dit : «invite le Conseil d'Etat à s'opposer à la hausse des tarifs TPG prévue pour juin 1999». Je suis opposé à toute hausse des tarifs des TPG. Il faut soutenir un développement décisif des transports en commun dans ce canton et non pas simplement une prétendue «complémentarité», sinon les choses vont rester en l'état. Et cela passe par une stabilisation radicale des prix, voire, même, par leur diminution.

La courbe évoquée par M. Hiler, étale aujourd'hui en matière de développement des transports en commun, s'est fortement développée au moment où la carte orange à 50 F a été introduite, ce qui a constitué une baisse radicale des tarifs des TPG. Voyez, Monsieur Ducrest, vous nous faisiez la leçon, mais c'est parfois en baissant les tarifs que le chiffre d'affaires augmente ! Tout à l'heure, vous disiez...

Une voix. Arrête !

Une voix. Il faut s'adresser au président !

Pierre Vanek. D'accord ! Alors, je cite M. Ducrest s'adressant aux motionnaires : «Vous, vous êtes pour les TPG et, nous, nous sommes pour la complémentarité.» Agiter constamment le hochet de la complémentarité : Monsieur Ducrest, quel aveu ! C'est autre chose que d'être favorable aux transports publics ! Eh bien, nous, nous sommes favorables aux transports publics. Et ce n'est pas en augmentant les tarifs qu'ils se développeront, mais en les stabilisant ou en baissant le coût de l'abonnement de base. Mesdames et Messieurs les libéraux, nous ne sommes pas dans une situation de complémentarité idyllique entre la voiture et les transports publics, mais bien de concurrence, et je ne vois pas ce qui vous gêne ! Nous devrions pratiquer ce qui pourrait être considéré dans d'autres secteurs comme du dumping en matière de tarifs des transport en commun pour effectivement casser les reins à la concurrence de la «bagnole» en ville.

M. Michel Balestra (L). Vous proposez une motion pour vous opposer à l'augmentation des tarifs des TPG. Nous en partageons l'objectif et M. Ducrest n'a rien dit d'autre, n'en déplaise à M. Vanek !

Mais, si je comprends bien, votre motion a un double sens : sous prétexte de vous opposer à l'augmentation des tarifs, vous demandez une augmentation de la subvention TPG, comme l'a si justement évoqué M. Hiler.

Heureusement, nous pouvons encore faire une majorité autour du réel objectif de cette motion avec la proposition de M. Longet qui a apporté une solution marketing dynamique pour accroître les revenus des TPG grâce à la non-augmentation des tarifs. Notre proposition de dynamique interne pour améliorer la productivité des TPG et la proposition de dynamique externe de M. Longet d'améliorer le marketing me conduisent à vous proposer de modifier notre amendement de la manière suivante :

«- à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999 et à compenser la perte des revenus supplémentaires escomptés par l'amélioration de la productivité de l'entreprise, par un marketing incitatif, et non par l'augmentation de la subvention.»

Ainsi, nous aurons la possibilité d'augmenter les revenus par un marketing incitatif et de maintenir les charges par une augmentation de la productivité sans hausse de prix, afin que l'offre soit compétitive.

Grâce à cet amendement, nous aurons atteint la «quadrature du cercle», et je ne comprendrai pas que des gens comme vous, aussi attachés à l'évolution des TPG, puissent s'opposer à l'amendement Ducrest, complété par l'amendement Balestra, que je remets au président de notre Grand Conseil.

Une voix. Qu'est-ce que tu es bon, quand même !

M. Claude Blanc (PDC). On pourrait faire un amalgame de l'amendement de M. Ducrest et des deux premières lettres de l'invite de M. Longet qui, pour une fois, apporte un élément positif dans un débat... (Rires.)

Viser l'augmentation du nombre de passagers par une tarification préférentielle, sur le modèle des CFF, et obtenir pour les TPG l'exonération de la TVA sont des mesures intéressantes ; elles pourraient apporter une solution sans rien coûter à l'Etat de Genève, donc sans charger le budget. En parlant de budget - nous allons bien devoir en parler - je ne vois pas très bien comment nous pourrons assumer des dépenses supplémentaires, si nous n'avons pas les recettes correspondantes.

En définitive, M. Ducrest a raison de dire qu'il faut augmenter la productivité, mais M. Longet a raison également en parlant d'une tarification préférentielle sur le modèle des CFF et d'exonération de la TVA - ce qui représente tout de même 7,5% et ferait un joli pécule qui permettrait à nos TPG de devenir concurrentiels.

Je suis d'accord de voter l'amendement de M. Ducrest et les deux premières lettres de l'invite proposé par M. Longet.

Le président. Bien, nous allons voter une série d'amendements en commençant, comme le règlement le prévoit, par les amendements les plus éloignés du texte déposé.

Je vous propose de voter tout d'abord la proposition de M. Balestra, soit l'amendement de M. Ducrest modifié comme suit :

«- à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999 et à compenser la perte des revenus supplémentaires escomptés par l'amélioration de la productivité de l'entreprise, par un marketing incitatif, et non par l'augmentation de la subvention.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté.

Le président. Nous votons l'amendement de M. Ducrest, dont la teneur est la suivante :

«- à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999 et à compenser la perte des revenus supplémentaires escomptés par l'amélioration de la productivité de l'entreprise et non par l'augmentation de la subvention.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté.

Le président. Nous allons voter sur l'amendement de M. Longet, soit une deuxième invite qui comporte trois parties a) b) et c). M. Blanc a fait la proposition - que j'ai acceptée - de voter les deux premières parties d'abord. Toutefois, cela me pose un problème, car nous devons voter en premier le texte le plus éloigné, soit celui de M. Longet, tel qu'il a été déposé. Votre proposition vient ensuite, Monsieur Blanc. Si l'amendement est refusé, vous pourrez reprendre votre proposition de voter les deux premières parties de l'amendement de M. Longet.

M. Claude Blanc (PDC). Monsieur le président, permettez-moi de n'être pas tout à fait d'accord avec vous ! En effet, si nous commençons par voter la totalité des propositions de M. Longet, nous ne pourrons plus revenir sur la troisième partie, puisque l'amendement aura déjà été voté. Je souhaite que l'on se prononce sur la troisième partie - la plus contestée - car je pense que les deux autres feront l'unanimité de ce Grand Conseil.

Le président. C'est une formule de vote, Monsieur Blanc. Cela revient exactement au même, en fin de compte ! Toutefois, je veux bien vous suivre. Je mets donc aux voix la lettre c) de l'amendement de M. Longet, libellée ainsi :

«- à faire étudier des stratégies de rechange, telles que :

c) faire participer le trafic routier au coût du développement des TPG.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Le président. Je mets maintenant aux voix les lettres a) et b) de l'amendement de M. Longet, dont la teneur est la suivante :

«- à faire étudier des stratégies de rechange, telles que :

a) viser l'augmentation du nombre de passagers par une tarification préférentielle, sur le modèle des CFF ;

«b) obtenir pour les TPG l'exonération de la TVA.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Le président. Nous allons voter sur la proposition de motion qui comporte maintenant deux invites, qui se lisent donc ainsi :

«- à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999 ;

- à faire étudier des stratégies de rechange, telles que :

a) viser l'augmentation du nombre de passagers par une tarification préférentielle, sur le modèle des CFF;

b) obtenir pour les TPG l'exonération de la TVA;

c) faire participer le trafic routier au coût du développement des TPG.»

M. Michel Balestra (L). La lettre c) de la seconde invite est, suite au vote de la table ronde, provocatrice vis-à-vis de la population genevoise, puisqu'il s'agit de faire participer le trafic routier au coût du développement des TPG. Je demande donc l'appel nominal sur l'ensemble de la motion qui comprend cette invite. (Appuyé.)

Le président. L'appel nominal a été demandé, nous allons y procéder.

Celles et ceux qui acceptent cette motion répondront oui, et celles et ceux qui la rejettent répondront non.

Mise aux voix, cette motion, ainsi amendée, est adoptée par 43 oui contre 29 non et 1 abstention.

Ont voté oui (43) :

Esther Alder (Ve)

Charles Beer (S)

Dolorès Loly Bolay (AG)

Anne Briol (Ve)

Christian Brunier (S)

Fabienne Bugnon (Ve)

Nicole Castioni-Jaquet (S)

Pierre-Alain Champod (S)

Bernard Clerc (AG)

Jacqueline Cogne (S)

Jean-François Courvoisier (S)

Pierre-Alain Cristin (S)

Anita Cuénod (AG)

Caroline Dallèves-Romaneschi (Ve)

Régis de Battista (S)

Jeannine de Haller (AG)

René Ecuyer (AG)

Alain Etienne (S)

Laurence Fehlmann Rielle (S)

Christian Ferrazino (AG)

Magdalena Filipowski (AG)

Alexandra Gobet (S)

Gilles Godinat (AG)

Mireille Gossauer-Zurcher (S)

Marianne Grobet-Wellner (S)

Christian Grobet (AG)

Dominique Hausser (S)

David Hiler (Ve)

Antonio Hodgers (Ve)

Georges Krebs (Ve)

René Longet (S)

Louiza Mottaz (Ve)

Rémy Pagani (AG)

Véronique Pürro (S)

Jean-Pierre Restellini (Ve)

Elisabeth Reusse-Decrey (S)

Albert Rodrik (S)

Martine Ruchat (AG)

Christine Sayegh (S)

Françoise Schenk-Gottret (S)

Myriam Sormanni (S)

Pierre Vanek (AG)

Alberto Velasco (S)

Ont voté non (29) :

Bernard Annen (L)

Michel Balestra (L)

Florian Barro (L)

Luc Barthassat (DC)

Jacques Béné (L)

Janine Berberat (L)

Claude Blanc (DC)

Gilles Desplanches (L)

Jean-Claude Dessuet (L)

Hubert Dethurens (DC)

Daniel Ducommun (R)

Pierre Ducrest (L)

John Dupraz (R)

Henri Duvillard (DC)

Philippe Glatz (DC)

Nelly Guichard (DC)

Claude Haegi (L)

Janine Hagmann (L)

Bernard Lescaze (R)

Armand Lombard (L)

Pierre Marti (DC)

Alain-Dominique Mauris (L)

Geneviève Mottet-Durand (L)

Jean-Marc Odier (R)

Stéphanie Ruegsegger (DC)

Walter Spinucci (R)

Pierre-François Unger (DC)

Olivier Vaucher (L)

Jean-Claude Vaudroz (DC)

S'est abstenue (1) :

Marie-Paule Blanchard-Queloz (AG)

Etaient excusés à la séance (7) :

Madeleine Bernasconi (R)

Bénédict Fontanet (DC)

Luc Gilly (AG)

Michel Halpérin (L)

Yvonne Humbert (L)

Pierre Meyll (AG)

Danielle Oppliger (AG)

Etaient absents au moment du vote (19) :

Roger Beer (R)

Nicolas Brunschwig (L)

Thomas Büchi (R)

Juliette Buffat (L)

Christian de Saussure (L)

Marie-Françoise de Tassigny (R)

Hervé Dessimoz (R)

Erica Deuber-Pauli (AG)

Marie-Thérèse Engelberts (DC)

Pierre Froidevaux (R)

Jean-Pierre Gardiol (L)

René Koechlin (L)

Jean-Louis Mory (R)

Chaïm Nissim (Ve)

Barbara Polla (L)

Louis Serex (R)

Micheline Spoerri (L)

Pierre-Pascal Visseur (R)

Salika Wenger (AG)

Présidence :

Jean Spielmann, président.

La motion est ainsi conçue :

Motion(1266)contre la hausse des tarifs TPG

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèveconsidérant:

la nécessité d'encourager l'utilisation des transports publics par des tarifs attractifs ;

la hausse des tarifs prévue par les TPG ;

invite le Conseil d'Etat

à s'opposer à la hausse des tarifs des TPG prévue pour juin 1999 ;

à faire étudier des stratégies de rechange, telles que :

viser l'augmentation du nombre de passagers par une tarification préférentielle, sur le modèle des CFF ;

obtenir pour les TPG l'exonération de la TVA ;

faire participer le trafic routier au coût du développement des TPG.

Le président. Je vous propose de terminer le débat sur des journées sans voiture. Deux orateurs sont encore inscrits et il reste deux amendements à traiter. (Brouhaha.)

M 1259
8. Suite du débat sur la proposition de motion de Mmes et M. Elisabeth Reusse-Decrey, Véronique Pürro et Albert Rodrik pour des journées sans voiture en Ville de Genève. ( ) M1259
Mémorial 1999 : Développement, 1651.

Suite du débat

M. Albert Rodrik (S). Nous voudrions passer au vote, Monsieur le président.

Le président. Je mets aux voix l'amendement de Mme Engelberts qui propose d'ajouter l'invite suivante :

«- à organiser, en collaboration avec les autorités compétentes, un dimanche sans voiture en Ville de Genève.»

M. Pierre Ducrest (L). Avant de passer au vote, je désire que M. Moutinot me donne une précision.

Monsieur Moutinot m'écoutez-vous ?

M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. Oui, Monsieur le député !

M. Pierre Ducrest. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Est-il vrai que vous avez envoyé une lettre aux magistrats des communes suburbaines les convoquant à un colloque au sujet des journées sans voiture, qui pourrait avoir lieu au mois de septembre ?

Mme Geneviève Mottet-Durand (L). A ce sujet, dans la «Tribune de Genève» de ce jour, M. Hediger dit préférer l'action organisée par la Ville et les communes le 22 septembre, pour une journée sans voiture. J'aimerais savoir d'où vient cette proposition.

Une voix. C'est Ferrazino, qui l'a faite !

M. Laurent Moutinot. La délégation aménagement-environnement-transports, formée des conseillers d'Etat Gérard Ramseyer, Robert Cramer et moi-même, a effectivement invité les communes genevoises à organiser une journée sans voiture sur le modèle français, ceci à la même date qu'en France et dans d'autres pays européens. Il ne s'agit pas d'une mesure coercitive interdisant l'usage de la voiture ce jour-là, mais plutôt d'une journée de propagande comportant toutes les mesures incitatives possibles favorisant la marche à pied, le vélo, les transports publics.

Cette initiative a été accueillie favorablement dans les communes. Par conséquent, nous les avons réunies, afin de prévoir cette journée au mois de septembre. Ce projet est un peu différent de celui dont vous débattez, et nous le mènerons à chef avec les communes, indépendamment du vote de ce soir sur la motion qui vous est soumise.

M. Pierre Ducrest (L). Monsieur le conseiller d'Etat Moutinot : quelles sont les mesures incitatives que vous comptez prendre ? (Protestations.)

Le président. Nous passons au vote des amendements. (Brouhaha.)

M. Michel Balestra (L). Monsieur le président, il me semble que la réponse du Conseil d'Etat est importante. La motion demande au Conseil d'Etat de faire un rapport sur un projet de journée sans voiture. Or, le Conseil d'Etat a déjà fait plus qu'un simple rapport, puisqu'il a déjà un projet d'une journée sans voitures ! Alors, Mesdames et Messieurs les députés, si ce projet répond à la demande de la motion, celle-ci devient obsolète, et, dans ce cas, vous devrez avoir l'élégance de la retirer...

M. Laurent Moutinot. Je suis navré, Monsieur Ducrest, de vous donner une réponse aussi peu claire, mais le Conseil d'Etat a joué un rôle moteur dans ce projet : il a lancé l'idée et adressé ce courrier à la Ville et aux communes suburbaines. Dès lors, il appartient à ces communes... (Protestations.) Mais, bien sûr !

Le président. Monsieur Annen, s'il vous plaît !

M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. ...dont certaines ont des transports publics, des zones piétonnes, et d'autres pas, d'imaginer, en fonction de leurs spécificités locales, la manière dont elles entendent organiser cette journée.

Le président. M. Lombard a également présenté un amendement qui consiste à ajouter une nouvelle invite, que je vous lis :

«- à permettre l'ouverture des commerces qui le souhaitent lors des journées sans voiture.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté.

Le président. Je mets maintenant aux voix l'amendement proposé par Mme Engelberts, qui invite le Conseil d'Etat :

«- à organiser en collaboration avec les autorités compétentes un dimanche sans voiture en ville de Genève.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté.

Le président. Enfin, je mets aux voix l'amendement de Mme Dallèves-Romaneschi, visant à remplacer dans l'invite au Conseil d'Etat «en ville de Genève» par «dans tout le canton de Genève...

Monsieur Dethurens, vous avez la parole.

M. Hubert Dethurens (PDC). Cette invite risque de paralyser le canton... S'il est concevable d'interdire la circulation un dimanche en ville de Genève, il est impensable de le faire dans certaines zones de campagne. En effet, le transit de Genève-ville aux communes du canton est assuré par les TPG, ainsi que l'inverse. Par contre, il est impossible de se déplacer latéralement dans le canton, de campagne à campagne, comme Arve et Rhône ou Mandement, sans transport privé.

Une voix. A pied !

M. Hubert Dethurens. Or, si, pour une raison ou une autre, une personne âgée devait se déplacer à l'autre bout du canton ce jour-là, elle ne pourrait le faire qu'à bicyclette, ce qui n'est pas pensable. Je trouve cet amendement inacceptable !

M. Olivier Vaucher (L). Je présente l'amendement suivant :

«Seuls les véhicules et les transports publics fonctionnant avec une énergie propre peuvent circuler ce même jour.»

Une voix. Ça c'est beau !

M. Claude Blanc (PDC). Pour faire suite aux propos de M. Dethurens, je désire que Mme Dallèves-Romaneschi précise si son amendement comprend aussi l'autoroute... Si c'est le cas, la motion deviendra tellement ridicule qu'elle s'annulera d'elle-même, et je la voterai !

M. Gilles Desplanches (L). La circulation sera-t-elle aussi interdite aux voitures confédérées, étrangères ou frontalières qui pénétreront dans notre territoire ?

Une voix. Ouais, ouais !

Mme Caroline Dallèves-Romaneschi (Ve). La réponse destinée à M. Blanc est non. A M. Desplanches, je réponds que les frontaliers ayant des voitures comme tout le monde, devront rester en dehors du canton. (Vacarme.)

M. John Dupraz (R). La dernière intervention de Mme Dallèves m'inquiète, car certains petits commerces ouvrent le dimanche dans ce canton, comme celui de notre collègue M. Desplanches. Or, bien souvent, ces commerces fonctionnent grâce à des travailleurs frontaliers qui se rendent sur leur lieu de travail en voiture. Comment feront-ils si vous leur interdisez de circuler ? Madame Dallèves, vous êtes un petit peu tombée sur la tête ! (Rires.) On ne peut tout de même pas paralyser le canton au nom du dogme antivoiture et empêcher les gens de vivre, de travailler et de passer des dimanches agréables !

M. Michel Balestra (L). La motion d'origine concernant la journée sans voiture en ville de Genève est intéressante, bien que je n'en partage pas l'objectif : une journée sans voiture dans une région limitée. Vous n'êtes pas sans savoir que les mesures restrictives en matière de circulation sont de la compétence du département de justice et police, sous réserve des prescriptions fédérales. Or les prescriptions fédérales prévoient que les routes nationales et internationales sont faites... - je vous le donne en mille - pour circuler... (Rires.) ...et que, sans autorisation fédérale, la circulation ne pourra pas être interdite sur ces axes !

Par conséquent, la proposition Dallèves-Romaneschi n'apportera rien à la motion d'origine. Ce n'est qu'une vaste fumisterie électoraliste à laquelle nous nous opposerons. Mais nous sommes très contents d'avoir pu en débattre avec vous.

M. Gilles Desplanches (L). M. Dupraz a raison : certains petits commerces sont ouverts pendant le week-end, pour être à la disposition de la clientèle genevoise. Je remercie les Verts, au nom de ces commerçants - dont je fais partie - de l'appui qu'ils leur apportent, ainsi qu'à l'économie genevoise !

Le président. Je mets aux voix l'amendement de Mme Dallèves-Romaneschi, visant à remplacer dans l'invite au Conseil d'Etat «en ville de Genève» par «dans tout le canton de Genève», ce qui donne :

«- à organiser, en collaboration avec les autorités compétentes, des journées sans voiture dans tout le canton de Genève.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Le président. Je mets aux voix l'amendement proposé par M. Vaucher, qui consiste en une nouvelle invite dont la teneur est la suivante :

«Seuls les véhicules à énergie propre doivent circuler ce même jour.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté.

Mise aux voix, cette motion ainsi amendée est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

Motion(1259)pour des journées sans voitures dans tout le canton de Genève

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèveconsidérant :

l'initiative populaire fédérale demandant quatre dimanches sans voitures et qui a été déposée il y a quelques mois, après avoir recueilli un nombre suffisant de signatures ;

la motion votée par le Conseil municipal au mois de septembre 1998 ;

l'importance de pouvoir de temps en temps se réapproprier l'espace public, comme lieu de convivialité ;

la nécessité de démontrer que la voiture n'est pas toujours un outil indispensable ;

invite le Conseil d'Etat

à organiser en collaboration avec les autorités compétentes des journées sans voitures dans tout le canton de Genève.

M 1271
9. Proposition de motion de Mmes et MM. Caroline Dallèves-Romaneschi, Jeannine de Haller, Marie-Françoise de Tassigny, Erica Deuber-Pauli, Marie-Thérèse Engelberts, Véronique Pürro, Charles Beer et David Hiler sur le bilan de l'Académie internationale de l'environnement. ( )M1271

EXPOSÉ DES MOTIFS

Créée en 1991, l'Académie Internationale de l'Environnement (AIE) est une institution indépendante, de statut universitaire, consacrée à la recherche interdisciplinaire, à l'éducation et à la formation dans le domaine de l'environnement et du développement durable, dans une perspective Nord-Sud, Est-Ouest. Bénéficiant du soutien de la Confédération Suisse, de l'Etat de Genève, de l'Université de Genève et d'organisations internationales financières ainsi que de coopération, l'Académie a pour mandat de développer les capacités des pays, institutions ou individus à prendre des décisions compatibles avec le développement durable, en leur fournissant des principes de gestion ainsi que des concepts de base permettant de rapprocher le monde scientifique de celui de la décision.

Les principales étapes de la fondation de l'Académie sont les suivantes :

1989 : le gouvernement genevois achète le terrain de Conches pour 16 millions de francs à l'International Management Institute (IMI) et le consacre à l'environnement et au développement durable,

1989 : le gouvernement genevois invite le Secrétariat de la Conférence de Rio à s'installer sur une partie du site, et demande à l'Université de Genève de formuler un projet de création d'un institut de haut niveau dédié à la recherche, à l'éducation et à la formation dans la gestion environnementale,

1991 : l'Académie est officiellement fondée,

1992 : la Confédération, le Canton et l'Université garantissent leur soutien à l'Académie et allouent une partie des fonds nécessaires.

Les organes de l'Académie comprennent : un Conseil de Fondation et un Comité Scientifique. Le Conseil de Fondation est l'organe de contrôle. Les membres sont nommés par le Conseil fédéral sur proposition du Conseil d'Etat genevois. Le Comité Scientifique est chargé d'évaluer les programmes scientifiques de l'AIE et de donner des orientations aux programmes de recherche.

De 1991 à 1995 c'est Monsieur Bernard Giovannini, professeur de physique à l'Université de Genève, qui a pris la direction de l'Académie. Jusqu'en 1995, l'AIE a réalisé une série d'activités de formation et de recherche dans le cadre de quatre programmes prioritaires à savoir : politiques et outils pour le développement durable, biodiversité-biotechnologie, commerce et environnement, consommation et durabilité.

Un document important "; La Plate-forme Politique " a été élaboré et signé par le Département Fédéral de l'Intérieur, et le Département de l'Instruction Publique du Canton de Genève en 1994. Ce document confirme l'acceptation des recommandations formulées par le Conseil suisse de la Science et exprime la volonté des autorités fédérales et cantonales de maintenir leur soutien financier à l'institution.

Sur la base de ces recommandations, l'AIE a poursuivi ses activités en consolidant, dans un premier temps, les équipes de professionnels, en renforçant les synergies entre les quatre différents types d'activité (la recherche, la formation et l'éducation, les tables rondes stratégiques et les publications) et en développant plus de collaborations.

En remplacement du Professeur Bernard Giovannini, Monsieur Bohdan Hawrylyshyn a pris le relais à partir du premier octobre 1995 en qualité de Directeur ad interim. Monsieur Hawrylyshyn a passé une grande partie de sa carrière à l'IMI, comme enseignant, directeur d'études et enfin directeur de l'Institut de 1968 à 1986.

Sous la direction de Bohdan Hawrylyshyn, le personnel académique s'est agrandi et les équipes de plusieurs programmes ont été complétées. Le directeur a préféré alors engager du personnel à plein temps et de façon permanente plutôt que des personnes externes travaillant de manière occasionnelle. En 1996, l'Académie compte trois programmes : biodiversité-biotechnologie, changement climatique et processus pour le développement durable.

En 1996, le Conseil de Fondation de l'Académie a désigné, un nouveau directeur, Monsieur Francisco Szekely, de nationalité mexicaine, consultant chez McKinsey and Co. et ancien professeur à l'IMD (1990 à 1994). Celui-ci a pris ses fonctions le premier décembre 1996. Monsieur Szekely décide de partager en deux les activités de l'AIE à savoir, un programme de recherche financé par les autorités fédérales et cantonales et des projets financés par des institutions privées. Six mois après son entrée en fonction, il élimine le programme "; biodiversité/biotechnologie " ainsi que "; politiques et outils pour le développement durable " pour se concentrer sur deux programmes : "; changements climatiques ", ainsi qu'un nouveau programme : "; eaux douces internationales ".

En plus de ce strict énoncé factuel partiel, plusieurs éléments récurrents jalonnent l'histoire de l'Académie Internationale de l'Environnement :

absence de concertation entre le Canton et la Confédération ;

absence de fonctionnement des structures internes de contrôle (financier et scientifique) ;

jalousie et campagnes de presse ;

absence de transparence des comptes ;

absence de clarification de la mission de l'Académie ;

absence du cahier de charge du directeur ;

multiples audits externes (Conseil suisse de la science, KPMG, Inspection cantonale des finances) ;

recherche de l'homme providentiel pour assurer la direction.

Le paroxysme semble ainsi atteint avec l'engagement du nouveau directeur chargé de transformer l'Académie en "; entreprise rentable ", dont la rémunération pour un 80% dépasse celle de recteur à 100 %, soit environ 245'000 francs contre 234'000 francs ! Les dérives, sans atteindre les sommets constitués par l'engagement avorté d'un directeur pour l'Institut universitaire de hautes études internationales pour un montant de 250'000 francs auxquels devaient s'ajouter 23'000 francs de frais forfaitaire et une rémunération de 30'000 pour une fonction honorifique, iront néanmoins jusqu'au point de cautionner sa villa sans que cela n'apparaisse dans les comptes et de délivrer directement un permis C... D'autres avantages ont-ils été consentis pour assurer l'arrivée de l'homme providentiel, les conditions ont-elles évoluer avec le temps ?

Les instances n'ont pratiquement pas fonctionné. Ainsi, depuis mai1998, la présidence était vacante jusqu'à la décision de liquidation. La lettre de démission de la présidence de la Fondation de M. Hervé Burdet, adressée à Mme Brunschwig Graf en date du 1er mai 1998, est à cet égard éloquente.

Finalement, à l'exception d'une plate-forme politique, signée en 1994, qui dura le temps de l'encre de sécher, le Canton et la Confédération se sont mis d'accord trois fois en neuf ans:

pour ouvrir,

pour payer,

pour fermer.

Ainsi, malgré 2 motions relatives à cette fermeture votées par le Grand Conseil en fin d'année 1998 , la même légèreté qui fut de mise durant neuf ans soit depuis la création de l'Académie demeure de mise malgré autant d'années de déficits publics. Pour sortir de la nasse, on ferme les yeux sur des dépenses considérables, dévolues à des conférences de presse, alors que la fermeture était déjà décidée, on mandate un recteur pour une refonte des pôles de compétences dans l'Université sans reprise des programmes ni des personnes, mais avec intégration des subventions ! Avec à l'appui un communiqué laconique de 20 lignes. Un tel gâchis, pour Genève, la Confédération, leurs finances, l'environnement, la Genève internationale, et les salariés qui se sont engagés sans compter avec compétence ne saurait se passer d'un bilan sans complaisance.

La présente motion appelle, au-delà de ce bilan, à sauver ce qui peut l'être, à dresser la liste des cas problématiques de ce type et à éviter que pareille liberté ne soit prise à l'avenir avec l'argent du contribuable.

Débat

Mme Martine Brunschwig Graf. Pour gagner du temps, je vous propose de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat, même si elle n'est pas pertinente sur bon nombre de points. Mais comme, de toute façon, je dois vous rendre un rapport au sujet de l'Académie de l'environnement, cela permettra de tout simplifier, car vous recevrez les réponses détaillées à toutes les questions posées et à celles que vous n'avez pas posées.

Une voix. Formidable !

M. Charles Beer (S). Je comprends qu'il est tentant pour vous, Madame la présidente du Conseil d'Etat - de proposer le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat. En effet, les conditions sont quelque peu discutables pour traiter d'un sujet aussi important. Néanmoins, certains points ont un caractère d'urgence qui méritent d'être mis en évidence.

Il faut le dire, l'Académie de l'environnement est un des plus grands ratages de l'histoire de Genève des années 90. Tout d'abord, sa mauvaise gestion a provoqué le licenciement des dizaines de salariés; l'avenir d'une quinzaine de personnes est plus qu'incertain, car le pôle d'excellence de l'environnement est en train de disparaître de Genève. En outre, plus d'une dizaine de millions de francs ont été engloutis, à titre de subvention, dans la gestion de cette académie. Parti sur un coup de foudre, ce projet - ô combien important - était basé sur une grande idée qui méritait d'être soutenue. Malheureusement, la gestion de cette académie se résume à trois étapes...

M. Olivier Vaucher. Arrête !

M. Charles Beer. On n'a pas tous les mêmes motivations pour s'exprimer !

En huit ans d'histoire, on ne retient que les trois éléments suivants :

- une ouverture euphorique ;

- le conflit entre le canton et la Confédération sur la gestion de cette académie ;

- son enterrement.

Les pouvoirs publics ont toujours recherché l'homme providentiel, capable de pouvoir doter l'académie d'un véritable projet. Tout au long de la gestion de cette académie - si on ose encore employer ce terme - des différences de points de vue extrêmement graves ont surgi entre la Confédération et le canton. Pour marquer... (Brouhaha.)

Le président. Vous avez terminé, Monsieur Beer ?

M. Charles Beer. Non, Monsieur le président, je n'ai pas terminé !

Le président. Mais il me semble que le silence règne à nouveau. Vous pouvez parler !

M. Charles Beer. Pour marquer la fin de cette académie, il y avait eu pas moins de deux motions déjà renvoyées au Conseil d'Etat, qui demandaient plusieurs choses importantes, comme, par exemple, d'assurer le devenir du pôle de l'environnement et de recherche de l'environnement à Genève - à caractère international - et l'avenir des salariés de cette académie.

Un rapport était prévu et confié à l'ex-recteur Fulpius. Ce rapport a fait l'objet d'un communiqué de presse il y a un mois environ, mais il n'est toujours connu ni du public ni des députés, ce qui nécessite certaines explications. L'Académie de l'environnement fermera ses portes le 30 juin et nous ne savons toujours pas quel sera son sort ni celui des salariés.

Outre tout ce gâchis, il peut sembler particulièrement choquant qu'un nouveau directeur ait été engagé récemment - en 1996 - pour gérer l'Académie de l'environnement au salaire modique... de 245 000 F par année, dans une période pourtant marquée par les déficits publics et par les sacrifices salariaux demandés, notamment, à la fonction publique... (Exclamations.) ...plus 15 000 F de frais, ce qui représente la bagatelle de 260 000 F ! Certes, ce montant n'atteint pas la rémunération globale proposée au directeur des Hautes études internationales, puisque celui-ci devait gagner 250 000 F de salaire annuel, 23 000 F de frais annexes et 30 000 F pour la présidence d'une fondation à caractère honorifique, ce qui faisait 300 000 F au total.

Quand on sait que le salaire du directeur pour les années 1992 et 1993 était - au moment du vote du projet de loi sur l'Académie de l'environnement - fixé à 200 000 F y compris les charges sociales, à la condition expresse que le directeur soit professeur d'université, ce montant a de quoi étonner, ce d'autant plus que le Conseil d'Etat a lui-même édicté un arrêté - en 1977, certes - mais qui conditionne le versement de subventions au respect des salaires de la fonction publique.

Sachant que la rémunération du recteur de l'université n'atteint pas le montant de celle du directeur de l'Académie de l'environnement, on peut vraiment se poser des questions ; questions d'autant plus graves qu'on ne s'est pas arrêté à fixer un salaire mirobolant : on a également demandé à l'Académie de l'environnement - fermée aujourd'hui pour surendettement, je le signale au passage - de cautionner la villa du directeur pour un seul montant de 18 000 F ! Voilà à quoi nous utilisons une partie de l'argent des subventions.

Je peux ajouter également un certain nombre de faits gênants.

- Par exemple, l'ancien directeur utilise encore les locaux pour d'autres gestions de fondations, qui n'ont pas de caractère officiel comme c'est le cas de l'Académie de l'environnement; c'est-à-dire sans base légale, notamment, au niveau fédéral.

- Des dizaines de milliers de francs ont été engagés récemment dans des conférences de presse internationales pour faire valoir cette académie, alors même qu'elle était déjà condamnée, les autorités en ayant décidé la fermeture. On peut vraiment se demander à quoi est utilisé l'argent public !

Enfin, et je terminerai par là, pour la SWA, comme pour l'AIE - deux fois trois lettres - on peut se poser un certain nombre de questions sur la responsabilité de l'Etat et du Conseil d'Etat quant aux moyens dont il se dote pour surveiller l'argent qu'il investit. En effet, dans le cas de la SWA, nous utilisons 5 millions, sur une période extrêmement courte ; dans celui de l'AIE, un peu plus de 10 millions, sans parler d'un certain nombre d'autres entreprises ou projets d'intérêt public, sans la moindre garantie et sans se soucier de voir les projets se réaliser.

Nous demandons de faire la lumière sur la gestion de l'Académie de l'environnement, car c'est un ratage et un gâchis des autorités de surveillance - pas seulement genevoises mais également fédérales - du Conseil de fondation qui s'est toujours montré défaillant et de la direction. Je le répète, on peut se poser des questions sur l'usage qui a été fait de l'argent public. Aujourd'hui, c'est Genève qui paye : les salariés, la collectivité publique, notamment en perte de savoir-faire et de dizaines de millions de francs.

Nous voulons également connaître le rapport sur le devenir du pôle d'excellence de l'environnement à Genève, le sort des salariés - et ceci le plus rapidement possible - sans oublier, bien évidemment, les autres «lapins» - si j'ose dire - que l'on risque de trouver dans d'autres gestions. En outre, nous demandons la publication du rapport de l'ICF - Inspection cantonale des finances - dans la mesure où le public a le droit de savoir comment un certain nombre de choses ont été faites dans la plus totale impunité.

Enfin, les citoyens de cette République doivent avoir l'assurance totale que les autorités de notre canton ont la capacité de gérer correctement l'Etat, non seulement en tant qu'appareil mais dans les sommes qu'il investit, pour comprendre un certain nombre de sacrifices qui leur sont régulièrement demandés. C'est important pour Genève, car il en va non seulement de ses finances publiques et de la confiance de la population en ses autorités mais, également, dans la capacité de notre ville à innover dans des projets nouveaux et rassembleurs. (Applaudissements.)

Mme Martine Brunschwig Graf. Si j'ai souhaité le renvoi de cette motion pour rendre un rapport écrit, ce n'est pas pour justifier les activités du canton de Genève.

Monsieur le député, en tant que mandataire pour la défense des employés de l'académie, vous avez assisté à des séances d'information et vous possédez le rapport que nous avons demandé d'établir pour la fiduciaire et ce sont, notamment, les informations contenues dans ce rapport que vous divulguez ici... Vous êtes donc particulièrement bien placé pour connaître les quelques éléments que je vais rappeler.

Monsieur le député, je ne suis pas à l'origine de la création de cette académie, mais, dès le début de mon mandat, soit trois mois après mon entrée en fonctions, j'ai eu quelques préoccupations à ce sujet. J'ai dû mandater une fiduciaire pour commencer à mettre de l'ordre dans les comptes qui nous paraissaient des plus douteux, y compris par le biais d'un rapport reçu de l'Inspection fédérale des finances.

A cette époque, l'académie en question n'avait même pas de fiduciaire. C'était l'Inspection cantonale des finances qui était chargée de contrôler ses comptes et qui n'avait présenté aucun rapport, à l'époque. Comme il s'agit d'une académie internationale, elle n'est pas sous l'autorité de surveillance cantonale, mais fédérale.

Ce fait a son importance, Monsieur le député. Du reste, dans mon rapport, je produirai les nombreux courriers et lettres que j'ai adressés, tant à l'académie qu'à la Confédération. D'ailleurs un de mes anciens collègues, ici présent, pourra en témoigner, puisque le Conseil d'Etat de l'époque avait refusé à deux reprises la proposition de Berne de rajouter des millions dans la subvention de l'académie.

Je n'ai cessé de réduire les subventions de cette académie. J'ai écrit au président du conseil de fondation, lorsqu'il a nommé son dernier directeur, 1) pour relever que la procédure n'avait pas été respectée et 2) pour demander à ce monsieur de s'engager à assainir les comptes de l'académie avant son entrée en fonctions. J'ai demandé de façon expresse qu'on lui communique les montants déjà engagés et l'état des finances, pour qu'il sache pertinemment ce que l'on attendait de lui, s'agissant de la gestion de l'académie.

Je n'ai jamais été amenée à approuver, ni son contrat ni son salaire. Il s'agi d'une erreur pendable du président du conseil de fondation de l'époque qui n'avait même pas informé son conseil. Mes courriers et mes interventions ont été mal acceptés à Berne : on m'a fait comprendre que je n'étais pas l'autorité de surveillance et que, par conséquent, je n'étais pas habilitée à intervenir.

Si je le dis ce soir, c'est parce que j'en ai eu assez de constater que mes demandes réitérées, mes interventions écrites, les contrôles, ne servaient à rien et que c'est pour cela que nous nous trouvons, hélas, dans une situation difficile - vous avez raison sur ce point.

Mais, Monsieur le député, vous savez par ailleurs que l'université fait un certain nombre de démarches et que nous nous sommes engagés à rechercher des solutions pour le personnel ; nous ferons le point de la situation en temps voulu. Il n'y a pas de rapport complet pour l'instant; mais nous en avons communiqué les premiers principes, et vous obtiendrez - comme je m'y suis engagée - toutes les informations nécessaires.

Toutefois, je réfute le jugement selon lequel l'Etat de Genève - qui n'était pas l'autorité responsable de cette académie - se serait montré laxiste. Monsieur le député, je ne me trouve pas dans une situation plaisante, car il est vrai qu'aujourd'hui je n'accepterai pas de gérer une institution alors que je ne suis pas maître de prendre les décisions importantes, comme une éventuelle fermeture, le renoncement de la subvention, etc. L'an dernier encore l'autorité fédérale m'a demandé de verser des montants supplémentaires pour combler les déficits, et, une fois de plus, j'ai refusé.

Monsieur le député, je le répète, cette situation est désagréable, et ce n'est pas fair-play d'utiliser le Grand Conseil et de proposer une motion urgente en fin de séance pour faire des déballages, alors que certaines explications ne peuvent se faire qu'oralement. C'est la raison pour laquelle je vous ai demandé de la renvoyer au Conseil d'Etat, puisque de toute façon, je dois faire un rapport qui comprendra, entre autres, ce que nous faisons en matière d'environnement à Genève. Ce n'est pas la fin des études sur l'environnement, bien au contraire. Cette académie n'aurait pas dû voir le jour... Mais elle a été créée pour des raisons qui n'ont pas à être données ici et le Grand Conseil l'a votée à l'unanimité, tous bancs confondus.

Pendant des années, cette académie a été soutenue. L'année dernière, on m'a même sommée de rétablir une subvention... Et c'est vous, Monsieur le député, qui avez approché le Conseil d'Etat à la commission des finances pour essayer de rajouter un montant à cette subvention, que ma collègue m'a demandé de bien vouloir insérer dans le budget que vous avez voté en première lecture.

Voilà la vérité, Monsieur le député, alors que j'avais, une fois de plus, diminué la subvention pour pouvoir fermer cette académie !

M. Bernard Lescaze (R). Je ne connaissais qu'une partie des précisions très intéressantes que la conseillère d'Etat vient de donner. Ce sujet est important et je suis d'accord que le Conseil d'Etat nous fasse un rapport, mais je souhaite qu'il ne porte pas seulement sur de mesquines questions de salaires, car de toute façon l'argent a été encaissé et il n'est pas récupérable en ce qui concerne la direction.

Je souhaite que ce rapport fasse la lumière sur les responsabilités du Département fédéral de l'intérieur, qui n'a cessé, ces dernières années, contre l'avis même des autorités académiques et gouvernementales genevoises, de soutenir cette académie. Il faut que l'on sache qui nous réclamait sans cesse d'augmenter la subvention. Contrairement à ce qu'a dit la présidente du département de l'instruction publique, je pense qu'on doit aussi savoir pourquoi, à la fin du rectorat de M. Jean-Claude Favez, M. Bernard Giovannini a été nommé directeur de l'Académie de l'environnement.

Il faut que la vérité soit faite. Si vous voulez la vérité, Monsieur le mandataire des salariés actuels, il faut qu'elle soit pleine et entière. Nous pourrons ainsi nous demander dans quelle mesure il est possible de contrôler un tel contrat de prestations, car, à l'époque, c'est bien une sorte de contrat de prestations que nous avions passé avec l'Académie de l'environnement.

Alors qu'aujourd'hui on veut généraliser ces contrats de prestations à l'ensemble de l'université, il convient d'abord de savoir quel est le contrôle parlementaire que l'on peut encore exercer sur un tel contrat. Là des questions intéressantes peuvent être posées.

Je ne dis pas que M. Beer a fait, aujourd'hui, un auto-goal, mais il en est très proche... En effet, il faut savoir que beaucoup de gens s'intéressent à la gestion de l'Académie de l'environnement et à celle de certains instituts académiques ou para-académiques dans lesquels on trouve souvent beaucoup d'amis politiques et scientifiques de M. Beer. Alors, puisque vous voulez un déballage, je me réjouis d'avoir des informations à ce sujet...

Monsieur Beer, vous auriez dû souligner davantage que nous souhaitons bien garder un centre d'excellence de l'environnement à Genève, mais que celui-ci ne se trouve pas à l'Académie internationale de l'environnement. C'est ce qui important, et beaucoup de gens l'ont dit dans cette enceinte. Mais ce soir, nous assistons à un demi-déballage. Alors, renvoyons cette motion au Conseil d'Etat et rediscutons-en sur la base des éléments du dossier, lorsque tous les députés les auront à disposition, et non sur la base d'informations que certains députés détiennent et utilisent en les déformant !

M. Olivier Vaucher (L). Monsieur le président, tout au long de cette soirée, vous nous avez, à maintes reprises, manifesté votre souhait de terminer cette séance à 23 h ou 23 h 15. La pendule va bientôt sonner minuit. Je vous demande de passer au vote sur le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat et de mettre un terme à cette séance. Monsieur le président, je vous prie de tenir vos engagements.

Le président. Est-ce une motion d'ordre, Monsieur Vaucher ?

M. Olivier Vaucher. Oui, Monsieur le président !

Le président. Bien, je mets aux voix cette proposition.

Mise aux voix, cette motion d'ordre est rejetée.

M. Charles Beer (S). Nous souhaitons que la lumière sur la gestion de l'Académie de l'environnement - je le dis également au candidat radical au Conseil administratif de la Ville de Genève...

M. Bernard Lescaze. Ça n'a rien à voir !

M. Charles Beer. Excusez-moi, Monsieur le candidat !

...soit totale et faite par une autorité indépendante, ceci pour des raisons évidentes. En effet, les responsabilités - jusqu'à preuve du contraire, je ne les ai pas imputées à Mme Brunschwig Graf...

Mme Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat. Je ne le prends pas personnellement !

M. Charles Beer. ...doivent également engager le Conseil d'Etat, pour ce qui est de la création et de la gestion de cette académie. En effet, les statuts indiquent très clairement que les membres sont nommés par le Conseil fédéral, mais qu'ils sont tous proposés par le Conseil d'Etat genevois... Le cordon ombilical est donc plus que puissant entre l'Etat de Genève et l'Académie de l'environnement !

Deuxième élément important : le cahier des charges de l'Académie de l'environnement, comme celui du directeur, font toujours défaut aujourd'hui, Monsieur Lescaze. Cet élément doit également être pris en considération. Au bout de huit ans il n'y a pas de cahier des charges, ni pour le directeur, ni pour l'institution, alors que des dizaines de millions de francs, puisés dans les deniers publics de la Confédération et du canton, ont été engagés !

Le but n'est pas de faire un déballage mesquin. Monsieur Annen, vous qui valorisez les conventions collectives de travail et l'esprit des partenaires sociaux, vous devriez prendre note - à l'époque, c'est pour cela que j'ai demandé que l'on maintienne la subvention - que les salariés de l'académie ont été licenciés en catimini, pour assurer un retour à l'équilibre et faire face à la diminution des subventions. Mais le salaire de la direction, lui, n'a pas été touché.

Et demain ? M. le directeur de l'Académie de l'environnement - vous le savez - est protégé par un contrat à durée déterminée, soit jusqu'au 30 novembre 2000, tandis que les salariés ordinaires de l'académie se voient remerciés, sans aucun avenir assuré, au 30 juin de cette année. Il y a là un certain déséquilibre qui mérite d'être relevé.

Enfin, et je m'adresse à vous, Madame la présidente du Conseil d'Etat. (L'orateur est interpellé par Mme Brunschwig Graf.) J'ai la parole, Madame la présidente ! Vous me répondrez ensuite... Vous ne pouvez pas dire que j'ai utilisé des informations recueillies dans le cadre de mes fonctions...

Mme Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat. Si !

M. Charles Beer. ...pour la bonne et simple raison que nous n'avons eu qu'une seule séance officielle dite de «partenariat social» et que, au cours de cette séance, aucun papier n'a été donné. Et je suis bien placé pour savoir que toutes les personnes, y compris moi-même, respectent le secret de fonction. (Remarques et rires.)

Je ne vous accuse pas de fuites ; je ne vous accuse pas d'utiliser un certain nombre d'informations qui trahissent le secret de vos tâches, mais vous n'avez pas à le faire à mon encontre. Je vous prie simplement de remarquer que si un certain nombre de choses sortent aujourd'hui sur la place publique, c'est qu'un certain nombre de personnes, en dehors de l'académie, sont écoeurées...

Mme Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat. Moi, aussi !

M. Charles Beer. ...de cette affaire et de la gestion des affaires publiques.

Mise aux voix, cette motion est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

Motion(1271)sur le bilan de l'Académie Internationale de l'Environnement

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèveconsidérant:

l'ouverture de l'Académie Internationale de l'Environnement en 1991, la loi ouvrant un crédit pour la participation du canton de Genève à la Fondation (pour les années 1992 et 1993) votée le 7 février 1991, et sa fermeture décidée pour la fin du mois de juin 1999 ;

les désaccords constants entre la Confédération et le Canton, organes de surveillance et membres du Conseil de Fondation, sur la gestion de l'Académie et l'absence de clarification sur sa mission de cette dernière ;

le contrôle de l'inspection cantonale des finances de l'automne 1998 ;

la dizaine de millions de francs alloués à titre de subvention par l'Etat de Genève depuis la création de l'Académie ;

la mise à disposition de locaux par l'Etat de Genève dont une partie est encore occupée par un ancien directeur qui utilise également d'autres types d'infrastructures (informatiques, téléphoniques) avec l'autorisation du département concerné ;

certaines subventions cantonales pour l'informatique apparaissant comme telles dans les comptes de l'Académie mais pas dans ceux de l'Etat de Genève ;

la dette de cette fondation s'élevant à plus de 332'590 francs au 31 décembre 1997 ;

l'engagement d'un directeur en 1996 par un contrat de durée déterminée jusqu'au à fin novembre 2000, alors que la Fondation était déjà endettée, pour un salaire de plus de 245'000 francs par an, en plus de 15'000 francs de frais forfaitaires environ, cela sans que le moindre cahier de charge ne soit élaboré et alors que le plan financier servant de base à la Loi du 7 février 1992 prévoyait un poste de 200'000 francs de masse salariale au total pour le directeur pour autant que celui-ci soit professeur à l'Université;

le règlement interne permettant à ce directeur l'utilisation de 20 % de son temps de travail pour des activités personnelles donnant droit à rémunération ;

les primes conséquentes versées en 1998 à certains employés et employées sans base contractuelle, réglementaire ni statutaire ;

les usages et l'arrêté du Conseil d'Etat du 22 décembre 1997 conditionnant le versement de subvention aux établissement qui paient des salaires supérieurs à ceux accordés dans la fonction publique cantonale ;

la caution de 18'000 francs de la villa du directeur payée par l'Académie sans que cela n'apparaisse dans les comptes (remboursés depuis suite au rapport de l'Inspection des finances) ;

l'absence de toute règle d'adjudication lors de l'acquisition du matériel informatique de l'Académie pour un montant de 450'000 francs ;

le jonglage des contrats de travail dans cette académie au cours des trois dernières années (mandats, licenciements, consultants etc.) ;

le mandat donné à l'ex-recteur M. Fulpius avec échéance au 31 décembre 1998, d'assurer l'intégration du pôle de recherche environnemental et international incarné par l'Académie au sein de l'Université et l'absence de tout suivi laissant craindre la disparition du savoir-faire ;

l'absence de toute offre de travail aux salariées restant de l'Académie ;

à faire toute la lumière sur les graves problèmes de gestion de l'Académie depuis sa création mettant en cause le Conseil, la direction et les Autorités de tutelles ;

à nommer une autorité d'enquête indépendante qui rendra ses conclusions publiques ;

à publier sans délai les conclusions du rapport de l'Inspection cantonale des finances ;

à publier sans délai le projet confié à M Fulpius d'intégration de la mission de l'Académie au sein de l'Université et à tout mettre en oeuvre pour maintenir les compétences acquises par l'Académie au sein de nouvelles structures ;

à assurer une place de travail aux employés et employées restant ;

à procéder à l'inventaire des situations problématiques de ce type (problèmes financiers et salariaux) et à en informer le Grand Conseil;

à instituer de nouvelles règles de transparence dans la gestion des engagements de collaborateurs et collaboratrices pour des fondations et autres partenaires subventionnés et à les respecter.

M 1273
10. Proposition de motion de Mme et MM. Christian Grobet, Jean-Claude Vaudroz, Pierre Vanek, Bernard Annen, Michel Balestra, Jean-Marc Odier, Stéphanie Ruegsegger, Christian Brunier et Charles Beer pour une convention collective de travail dans la profession de chauffeurs de taxi. ( )M1273

EXPOSÉ DES MOTIFS

Vu les modifications apportées à l'article 22 de la loi sur les services de taxi, il paraît souhaitable que la convention collective de travail qui a été adoptée par certains milieux professionnels de la branche soit complétée en ce qui concerne les conditions salariales des employés(es), comme le prévoit son avenant n°1, et puisse être étendue à l'ensemble de la profession en demandant au Conseil fédéral de prononcer l'extension de son champ d'application.

Le président. Je vous propose, pour terminer une fois pour toutes les débats sur les taxis, de voter cette motion sans débat et de l'adresser directement au Conseil d'Etat, tous les groupes ayant signé la motion.

Mise aux voix, cette motion est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

Motion(1273)pour une convention collective de travail dans la profession de chauffeur de taxis

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèveconsidérant:

les risques du dumping social et salarial dans la profession de chauffeur de taxi ;

les dégâts causés par la concurrence déloyale ;

invite le Conseil d'Etat

à réunir sous son égide ou sous celle de l'Office cantonal de conciliation, les partenaires sociaux dans le but d'élaborer une convention collective de travail applicable à toute la profession de chauffeur de taxi, garantissant un salaire minimum, et à demander au Conseil fédéral l'extension du champ d'application de cette convention.

11. Ordre du jour.

Le président. Il reste encore à traiter le rapport sur l'audit. Je ne sais pas s'il est raisonnable de le faire à plus de minuit. Je suggère aux députés qui ont proposé de traiter cet objet en urgence de renoncer et de cesser nos travaux. Mais vous êtes maîtres de votre ordre du jour.

Mme Alexandra Gobet (S). Monsieur le président, il y a plus d'un mois, le Bureau du Grand Conseil a refusé de mettre à l'ordre du jour le rapport de M. David Hiler parce qu'il avait été déposé avec vingt-quatre heures de retard - m'a-t-on expliqué au service du Grand Conseil. J'ai pris la peine de vous écrire avant la séance du Grand Conseil pour vous demander de porter ce point à l'ordre du jour de cette séance. Vous avez soumis cette proposition à ce Grand Conseil, qui l'a acceptée.

Monsieur le président, si les partis représentés à ce Bureau ont été actifs à la commission de la réforme pour déplorer les carences du Conseil d'Etat à faire avancer la réforme de l'Etat, ce soir, moi je déplore que le Bureau du Grand Conseil ait fait aussi peu preuve de diligence pour que cet objet soit traité... Mais nous aurons l'occasion de reparler de cette affaire !

Je persiste à demander que cet objet soit traité maintenant, comme cela aurait déjà dû être le cas depuis des mois.

Le président. Bien, moi je suis à votre disposition. Vous avez décidé de mettre un certain nombre de points à l'ordre du jour. J'accepte. Je ne peux pas faire autrement que de les mettre à l'ordre du jour. Il est minuit dix, j'ai suggéré d'arrêter la séance à 23 h et vous ai incités à raccourcir vos interventions sur des sujets qui me semblaient un petit peu moins importants. Si vous voulez traiter ce point, libre à vous.

Mise aux voix, cette proposition est adoptée.

 

PL 7545-A
12. Rapport de la commission de l'audit de l'Etat chargée d'étudier le projet de loi de MM. Bernard Clerc, Christian Grobet et Jean Spielmann instituant un contrôle financier de l'Etat et des établissements publics. ( -) PL7545Le projet de loi 7545, déposé le 20 novembre 1996, avait été renvoyé à la Commission des finances. Celle-ci n'avait pas encore été en mesure de traiter cet objet, lorsque, à la demande de la Commission de l'audit, sa présidente, Mme Alexandra Gobet, prit contact avec M. Bernard Annen, président de la Commission des finances, pour lui proposer de transmettre à notre commission le projet de loi 7545. Le Grand Conseil entérina ce renvoi dans sa séance de novembre 1997. La commission, sous la présidence de Mme Alexandra Gobet, a traité ce projet de loi lors des séances de novembre 1997 à octobre 1998. Elle vous propose aujourd'hui un projet de loi complètement différent de celui déposé par les auteurs du projet de loi 7545. Dans son travail d'élaboration, elle a pu compter sur l'indispensable collaboration de M. Daniel Soom, juriste au Département des finances. Qu'il soit ici remercié de sa très importante contribution. M. Francis Walpen, chef de cabinet de la présidente du Département des finances a assisté à bon nombre de nos séances.IntroductionDès la première séance, il est apparu que tous les partis représentés au parlement estimaient que le contrôle financier devait être sérieusement renforcé. Un consensus s'est immédiatement établi sur la nécessité de donner au Grand Conseil une véritable responsabilité politique dans le contrôle financier et de gestion de l'Etat et des établissements publics. La Constitution genevoise prévoit ce contrôle, mais le parlement de milice n'est plus en mesure de le réaliser faute d'instruments adéquats.La proposition des auteurs du projet de loi revenait à instituer une commission extra-parlementaire qui aurait supervisé le travail de l'Inspection cantonale des finances. Chaque parti aurait été représenté par un député et une personne ayant des qualifications professionnelles dans le domaine financier. Le projet de loi prévoyait également de soumettre la Banque cantonale de Genève au contrôle de cette commission. L'exposé des motifs était d'ailleurs presque entièrement consacré à la problématique de cette banque.Lors de la première séance consacrée au projet de loi 7545, la commission a décidé à l'unanimité de ne pas traiter ce volet particulier, sur lequel les avis étaient pour le moins partagés. Il a été jugé préférable de sérier les problèmes et de s'en tenir au contrôle de la gestion de l'Etat, des établissements publics et des organismes subventionnés.Avant de procéder à une nouvelle rédaction du projet de loi, la commission a dû trancher sur deux questions de principe. Faut-il préférer la solution de la Commission de contrôle de gestion, telle qu'elle existe aux Chambres fédérales, ou une Cour des comptes sur le modèle français ?Le Conseil d'Etat et le Grand Conseil peuvent-ils avoir recours aux mêmes organes de contrôle ou est-il préférable de prévoir deux organes distincts ?Pour trancher, la commission a procédé à plusieurs auditions et s'est appuyée sur une utile documentation, mise à disposition par le Département des finances.AuditionsAudition de M. Giorgio Bordogna, directeur de l'Inspection cantonale des finances (12 janvier 1998)M. Bordogna rappelle que la loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l'évaluation des politiques publiques est entrée en vigueur en 1995, pour combler un certain nombre de lacunes. Auparavant, le contrôle financier s'occupait essentiellement du contrôle des comptes de l'Etat. Le contrôle de gestion n'était effectué que de manière ponctuelle, sur mandat, lorsque des dysfonctionnements étaient constatés.La nouvelle loi s'est proposée de rendre ce contrôle exhaustif, en lui donnant un caractère préventif beaucoup plus marqué. Le contrôle s'effectue à trois niveaux. Il y a d'abord un système de contrôle interne, soit un ensemble cohérent de règles d'organisation et de fonctionnement ainsi que de normes de qualité qui ont pour but d'optimiser la qualité des prestations et de la gestion de chaque entité considérée, en minimisant les pertes et les risques économiques liés à leur activité. Les directeurs des entités concernées sont responsables de ce premier volet du contrôle.Deuxième niveau, la surveillance interne de la gestion administrative et financière de l'Etat incombe à l'Inspection cantonale des finances (ci-après Inspection). Le troisième niveau de contrôle est celui effectué à l'échelle macro-économique par la Commission externe d'évaluation des politiques publiques (ci-après Commission d'évaluation), qui est censée analyser la situation de manière globale.L'Inspection disposait de 17 postes et demi en 1997, nombre qui devait être augmenté à 20 dans le budget 1998. Les personnes employées ont généralement une licence universitaire, complétée par une formation complémentaire dans le domaine de l'audit interne ou de l'expertise comptable.Il était prévu d'augmenter l'effectif de l'Inspection à hauteur de 25 collaborateurs à l'horizon 2000, ce qui, selon M. Bordogna, l'alignerait, dans le bas du tableau, sur l'effectif des ICF des autres cantons.L'Inspection se tient, selon la loi, à la disposition du Conseil d'Etat et de la Commission des finances dans leur exercice de haute surveillance de l'administration. A cette date, le rapport annuel sur les comptes n'avait jamais été mis à disposition de cette Commission des finances. Au cours de ses travaux, la Commission de l'audit a d'ailleurs constaté que le règlement édicté par le Conseil d'Etat concernant les rapports entre la Commission des finances et l'Inspection n'était pas conforme à la loi, qu'il interprétait de manière abusivement restrictive.De manière générale, selon M. Bordogna, les problèmes ne se situent pas tant au niveau de l'instrument de contrôle que de son utilisation, notamment par le Grand Conseil. Il est encore précisé que l'Inspection rédige chaque année quatre ou cinq rapports, sur mandat du Conseil d'Etat. Quant à la centaine d'autres rapports préparés par l'Inspection selon sa propre planification, il est difficile de savoir quel usage en fait vraiment le Conseil d'Etat, à qui ils sont principalement destinés. Il a été constaté que les conseillers d'Etat n'avaient pas toujours reçu les rapports de l'Inspection, ceux-ci ayant été traités soit par les secrétaires généraux soit par les services concernés. L'Inspection vient de changer sa pratique et adresse dorénavant ses rapports directement aux conseillers d'Etat. En revanche, M. Bordogna ne signale aucune interférence dans le travail de l'Inspection, qui est réellement indépendante. L'une de ses tâches est de vérifier l'application correcte des lois et des règlements en vigueur. Elle a parfois constaté que le cadre légal, sans être violé est parfois débordé.De cette première audition, la commission a conclu que les problèmes se posaient surtout au niveau des suivis des rapports. C'est à ce niveau que le Grand Conseil se doit d'intervenir pour éviter que les recommandations de l'Inspection ne restent lettre morte. Audition de Mme Micheline Calmy-Rey, conseillère d'Etat, présidente du Département des finances (26 janvier 1998)Mme Calmy-Rey après avoir rappelé les différents niveaux et instruments de contrôle existants, constate l'existence d'une très grande lacune en ce qui concerne le contrôle effectué par le parlement. Elle rappelle que la Commission des finances ne peut pas investiguer sans autre dans l'administration et qu'elle doit, à chaque fois, demander la levée du secret de fonction par le conseiller d'Etat chargé du département concerné. Il manque donc une vraie commission de contrôle de gestion, dotée de réels pouvoirs d'investigation et ayant la possibilité d'entendre les fonctionnaires concernés. Elle estime que le Conseil d'Etat ne devrait pas être le seul répondant de l'Inspection et que la future Commission de contrôle de gestion devrait pouvoir l'actionner et prendre connaissance de ses rapports. Elle estime également qu'il faudrait sans doute redéfinir le rôle et les compétences de la Commission d'évaluation et élargir les compétences du Service de surveillance des fondations.Audition de M. Georges Vianes, maire de Ferney-Voltaire, membre de la Cour des comptes (2 février 1998)M. Vianes explique que la Cour des comptes est en fait une juridiction. Le système français compte deux niveaux de contrôle, celui des chambres régionales, d'une part, et la Cour des comptes proprement dite, d'autre part. La Cour des comptes est chargée de contrôler les comptes de toutes les administrations centrales, des établissements publics et des entreprises publiques. Elle fonctionne en outre comme juridiction d'appel des décisions des chambres régionales. Dans le système français, les comptables publics présentent annuellement leurs comptes qui sont contrôlés périodiquement par les chambres régionales et la Cour des comptes. Celles-ci vérifient que les règles sont bien appliquées et prononcent des injonctions ou des amendes, le cas échéant.Il faut distinguer dans les travaux de la Cour des comptes, l'activité juridictionnelle (les communes et les établissements publics, par exemple) de l'activité administrative (la gestion des ministères). Les fonctionnaires concernés doivent fournir tous les renseignements sollicités par la Cour des comptes qui peut même s'adresser, le cas échéant, à l'Administration fiscale.La Cour examine chaque année l'exécution du budget. La Cour des comptes rend par ailleurs un rapport public au président de la République. C'est l'opération la plus médiatique.Audition de Peter Tschopp, conseiller national, ancien président de la Commission de gestion du Conseil national (16 février 1998)M. Tschopp estime que le projet de loi 7545 va dans le bon sens. Il relève toutefois qu'il est difficile de déterminer si les auteurs du projet de loi ont en tête la mise en place d'un contrôle d'opportunité, d'efficacité ou d'efficience. Il rappelle les difficultés habituelles du contrôle parlementaire : l'admi-nistration retient l'information ou ne les dévoile qu'après un long délai. M. Tschopp précise qu'il n'est simplement plus possible de faire confiance. Les systèmes sont devenus tellement complexes que les contrôles sont devenus absolument nécessaires. Par ailleurs, on se lance dans des méthodes nouvelles comme le New Public Management ou l'outsourcing. Des pans entiers de prestations sont ainsi confiés à des tiers. On se lance actuellement tête baissée dans ces nouvelles manières de gérer les affaires publiques sans examiner de près la question des coûts.Si l'accès à l'information est fondamental, il reste insuffisant. Il faut dans la mesure du possible jumeler le contrôle de gestion et contrôle financier pour viser l'efficacité.Il est donc important de distinguer le contrôle purement comptable du contrôle financier "; éclairé " comprenant un contrôle d'opportunité. Ces deux contrôles sont complémentaires. Il est indispensable de veiller à ce que l'engagement des moyens, notamment en personnel, soit proportionné au but visé.Dans ce cadre, la formation dont les députés disposent est un facteur important.M. Tschopp souligne quelques points dont son expérience lui a révélé l'importance.La Commission de gestion ne doit avoir accès à toutes les informations dont elle estime avoir besoin.La commission doit rester maîtresse de l'information qu'elle entend divulguer. Le travail est confidentiel. C'est dans le cadre du rapport public que la commission choisit les éléments qu'elle veut révéler au public.La clarté des mandats confiés, soit aux structures de contrôle interne, soit à un expert extérieur, est de toute première importance. DocumentationLa commission a reçu à titre de documentation :Chancellerie d'Etat du canton de Berne, Réforme de la surveillance financière. Rapport présenté par la direction générale du projet (13 janvier 1998).Règlement de la Commission de gestion du Conseil national.Règlement de la Commission de gestion du Conseil des Etats.Loi fédérale sur la procédure de l'Assemblée fédérale, art. 47 bis à 47 sexties (Exercice de la haute surveillance sur l'administration et la justice fédérale. Droits et obligations des commissions de gestion).Loi fédérale sur le Contrôle fédéral des finances.Prise de position des commissions de gestion sur la révision de la Constitution fédérale à l'attention des commissions de la révision constitutionnelle.Méthode de travailA l'issue de ses auditions, la commission a constaté qu'elle ne pouvait pas accepter le projet de loi, très sommaire, présenté par l'Alliance de gauche, et qu'il convenait de rédiger entièrement un nouveau projet de loi. Une sous-commission s'est mise au travail pour établir un certain nombre de principes. Sur cette base, M. Daniel Soom, juriste au Département des finances, a rédigé un projet de loi. La commission a ensuite procédé à trois, voire, pour certains articles, quatre lectures, avant de procéder au vote final.Elle a pu s'appuyer sur les très commodes tableaux synoptiques préparés au fur et à mesure par M. Soom, et a donc bénéficié d'excellentes conditions de travail qui lui ont permis de privilégier les problèmes de fond.Principes générauxLe projet de la loi que la commission soumet aujourd'hui au Grand Conseil repose sur quelques grandes options, qu'il vaut la peine de rappeler. La création d'une Commission de contrôle de gestion (contrôle parlementaire) a été préférée à celle d'une Cour des comptes (contrôle judiciaire). Ces deux formules ne s'excluent pas. Choix d'une Commission de contrôle de gestion parlementaire plutôt qu'extra-parlementaire, comme le proposait le projet de loi initial non sans quelques solides arguments. La Commission de contrôle de gestion exerce son contrôle sur l'administration centralisée, l'administration décentralisée et les organismes subventionnés par l'Etat. Sur proposition de la présidente du Département des finances, les pouvoirs du Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés (ci-après, Service de surveillance) sont renforcés. La surveillance de la gestion administrative et financière de l'Etat est assurée par l'Inspection et le Service de surveillance, selon une claire division des tâches. La Commission de contrôle de gestion n'aura pas un service de surveillance spécifique. Elle s'adressera à l'Inspection, au Service de surveillance et le cas échéant à des experts extérieurs. Dans l'idéal, peut-être aurait-il été préférable de créer deux structures distinctes, l'une à disposition du parlement, l'autre du gouvernement. Les risques de doublons et les coûts engendrés par la création d'une nouvelle structure ont toutefois fait écarter cette solution. La Commission de contrôle de gestion ne peut pas se voir opposer le secret de fonction. En revanche, ses membres sont eux-mêmes soumis au secret de fonction. La commission endosse la responsabilité des éléments contenus dans les rapports qu'elle souhaite rendre publics et publie un rapport annuel. Les compétences respectives de la Commission des finances et de la Commission de contrôle de gestion sont clairement établies. Leur travail sera de nature très différente, même si elles doivent avoir accès aux mêmes documents et qu'elles sont toutes deux en position de mandater la surveillance.Autres éléments à signalerLa Commission de l'audit s'est demandée s'il convenait que la Commission de contrôle de gestion comprenne 9 ou 15 membres. L'avantage d'une commission de 9 membres est d'éviter une surcharge pour les députés fortement sollicités par l'existence d'un nombre croissant de commissions. L'inconvénient est le risque d'absentéisme qui paralyserait les travaux de la commission et d'une éventuelle non-représentativité de ses décisions.Le projet de loi 7545 ne met pas en place des structures véritablement nouvelles. On peut admettre que la Commission de contrôle de gestion prendra la relève de la commission ad hoc. S'agissant des services concernés, ils existent déjà. Le projet de loi engendrera seulement un transfert, voire quelques postes de plus, si le Conseil d'Etat décide un renforcement de la structure.Si des frais supplémentaires devaient être engendrés pendant la première année après l'entrée en vigueur de la loi, ces frais devront faire l'objet d'un crédit supplémentaire. Par la suite, ils devront faire l'objet d'une inscription ordinaire au budget de l'Etat.Votes de la commissionEn dernière lecture, tous les articles ont été adoptés à l'unanimité de la commission, à l'exception des articles 201A (1 abstention DC) et 201C (1 abstention L).Le 12 octobre 1998, au vote final, le projet de loi a été adopté à l'unanimité de la commission (2 AdG, 2 DC, 2 L, 2 R, 2 S, 1 Ve).Commentaires article par articleLoi portant règlement du Grand Conseil de la République et canton de Genève (B 1 01)L'article 201 élargit les compétences de la Commission des finances. Les articles suivants concernent la nouvelle Commission de contrôle de gestion. Ils fixent sa composition, ses attributions, ses possibilités d'actions et prévoient l'établissement d'un rapport annuel destiné au Grand Conseil et mis à disposition du public.Section 4  Commission des financesArt. 201  Composition et attributionsPar les modifications apportées à cet article, la Commission des finances est explicitement saisie des rapports de l'Inspection, du Service de surveillance des fondations et de la Commission externe d'évaluation des politiques publiques. Ces compétences n'étaient jusqu'à présent précisées que dans la loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l'évaluation des politiques publiques du 19 janvier 1995 (D 1 10).Section 4A Commission de contrôle de gestion (nouvelle)Art. 201A  Composition et attributionCet article fixe clairement les compétences de la Commission de contrôle de gestion. Celle-ci est chargée de manière permanente de l'activé de l'administration centralisée et décentralisée et de manière générale de tous les organismes subventionnés par l'Etat ou dépendants de celui-ci quel que soit leur statut.La fixation des institutions soumises à la surveillance de la commission ayant été décidée de la manière la plus large, la commission a jugé utile de dire explicitement quels étaient les organismes ou institutions non soumises à cette surveillance.On relèvera également qu'à la suite d'une discussion nourrie il a été décidé d'attribuer à la nouvelle commission la fonction de contrôle de la réforme de l'Etat (alinéa 4).L'alinéa 5 indique de manière précise quels sont les rapports dont la commission est saisie et précise qu'il s'agit de l'intégralité de ces rapports. Il s'agit d'éviter que le Conseil d'Etat ne puisse limiter l'accès aux différents rapports, comme il l'a fait de 1995 à 1998 pour le rapport annuel de l'Inspection, bien que la loi eût prévu que la Commission des finances recevait l'entier du rapport.Article 201B Mandats externesCet article donne la possibilité à la Commission de contrôle de gestion de mandater des experts extérieurs si elle le juge nécessaire. L'alinéa 3 empêche que les experts ne se voient opposer par le Conseil d'Etat le secret de fonction.Article 201C  Rapport annuelLa Commission de contrôle gestion prend connaissance des différents rapports dont elle est saisie. C'est à elle seule qu'il revient de choisir les informations qui doivent être rendues publiques. A cette fin, elle établit un rapport annuel dont la commission a souhaité la plus large publicité.Loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l'évaluation des politiques publiques (D 1 10)Dans l'idéal, la loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l'évaluation des politiques publiques devrait être intégrée à la loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat de Genève. La commission a estimé que la fusion entre ces deux lois relevait de l'initiative du Conseil d'Etat, dans la mesure où il s'agit exclusivement d'un travail d'experts.Certaines des modifications apportées à cette loi sont d'ordre formel et découlent directement de la création de la Commission de gestion. D'autres modifications ont une réelle importance politique. Le commentaire ne porte que sur ce dernier type de modifications. Celles-ci vont dans le sens d'un élargissement du champ d'actions et d'un renforcement de l'indépendance et des compétences de l'Inspection et du Service de surveillance. Elles délimitent clairement leurs tâches respectives. Chapitre II Surveillance interne de la gestion administrative et financière de l'EtatArt. 4 PrincipesL'alinéa 1 fait du Service de surveillance un organe de surveillance interne de la gestion administrative et financière de l'Etat. Cette modification répond à une situation nouvelle qui voit l'Etat confier à des organismes plus ou moins autonomes une partie de ses missions fondamentales. La commission s'est toutefois demandée si le Service de surveillance était réellement en mesure d'exercer la tâche qui lui est dévolue par le projet de loi. Il s'agit en effet d'une petite entité comprenant 5 postes à plein-temps (six personnes). La présidente du Département des finances a fait connaître sa volonté de renforcer le Service de surveillance. Selon les estimations du directeur de service, les besoins en personnel se situent entre 2 et 3 postes supplémentaires.L'alinéa 3 élargit considérablement le rôle de la surveillance en lui demandant de se prononcer sur le rapport coût/utilité des prestations et sur l'efficacité (ou l'efficience) des sommes engagées. L'Inspection compte aujourd'hui 20 postes, dont quatre postes créés en 1997 et 1998. Il lui faudrait 5 postes supplémentaires, selon l'estimation de M. Bordogna, pour faire face aux nouvelles tâches qui lui sont confiées.Au sein de la commission, plusieurs commissaires estiment que les postes nécessaires doivent être mis à disposition de la surveillance par des réallocations au sein de l'administration et non par la création de postes supplémentaires.Art. 5  Entité concernéeLa surveillance des organismes privés subventionnés passe de l'Inspection au Service de surveillance. Celui-ci se voit également donner mission d'exercer son activité auprès d'institutions privées dans lesquelles l'Etat possède soit une participation financière soit une représentation majoritaire.Art. 6  CompétencesLes modifications apportées à cet article ont pour but d'éviter une redondance avec l'article 4 et de supprimer une rédaction peu heureuse.Art. 7  DéroulementLe nouvel article ouvre la possibilité au Grand Conseil et à la Commission des finances ou à la Commission de contrôle de gestion de donner, de leur propre autorité, des mandats à l'Inspection ou au Service de surveillance. Cette possibilité n'a rien de révolutionnaire, puisqu'elle existe au niveau fédéral.De manière générale, la nouvelle rédaction de cet article renforce l'indépendance de la surveillance, déjà prévue par la loi actuelle.Art. 8 Rapports et droit d'être entenduLa commission a fixé à un mois le délai durant lequel les responsables de l'entité concernée peuvent faire connaître leurs observations sur les rapports de l'Inspection. Un délai plus long favoriserait les mesures dilatoires.Il faut insister sur l'importance de cet article qui prévoit que les rapports de la surveillance parviennent à la Commission de contrôle de gestion et à la Commission des finances. Le problème de la confidentialité des rapports a donné lieu à une longue discussion au sein de la commission. En prenant connaissance de ces rapports les membres de la Commission des finances et du contrôle de gestion sont eux-mêmes soumis au secret de fonction.Le "; sceau de la confidentialité " renvoie de facto à la dernière partie de la formule du serment prêté par les députés à leur entrée en fonction : "; de garder le secret dans tous les cas où il me sera enjoint par le Grand Conseil ".C'est aux commissions du Grand Conseil et non aux députés isolément de déterminer quels sont les éléments susceptibles d'être portés à la connaissance du public.Concrètement, cet article n'implique pas une distribution systématique des rapports à tous les députés membres des commissions, mais bien une possibilité de prendre connaissance de ces rapports.Art. 9 Contrôle par des experts ou fiduciairesPar cette nouvelle formulation, la commission a souhaité donner plus de liberté d'action à la surveillance dans le cas de missions confiées à des mandataires externes. Les autres modifications découlent directement des nouvelles prérogatives données au Grand Conseil et notamment à la Commission des finances et à la Commission de contrôle de gestion.Art. 10  Obligation de renseigner en matière de contrôle de gestionLa nouvelle formation assure que les constatations des mandataires externes parviennent aux organes chargés de la surveillance et ne sont pas seulement lues à l'autorité qui a confié le mandat.Les règles de la confidentialité fixées à l'art. 8 doivent évidemment également être respectées s'agissant de constations faites par des mandataires extérieurs. Art. 11 OrganisationCet article a fait l'objet d'une longue discussion en commission.La nouvelle teneur de cet article vise à rendre les organismes mentionnés les plus indépendants possible. La commission a finalement estimé qu'il fallait laisser le Conseil d'Etat nommer le personnel ordinaire, mais prévoir une ratification par les commissions parlementaires pour les postes de direction. Cette disposition est calquée sur la loi fédérale.La procédure prévue pour la nomination des directeurs et le personnel de l'Inspection et du Service de surveillance est la même.La commission a estimé que le rattachement de l'Inspection et du Service de surveillance ne compromet pas l'autonomie de cet organisme. Elle a écarté d'autres éventualités comme le rattachement à l'administration du Palais de justice ou au service du Grand Conseil.Art. 12 Pouvoir réglementaireDans sa nouvelle teneur, cet article donne une autonomie accrue à la surveillance. Le pouvoir d'approbation conféré à la Commission de contrôle de gestion s'inscrit logiquement dans les pouvoirs attribués à la Commission de contrôle de gestion dans les articles précédents.Art. 13 Rapport annuelLa Commission de contrôle de gestion reçoit les mêmes compétences que celles prévues pour la Commission des finances par la loi actuelle.Art. 14 Secret de fonctionDéfinition plus précise du secret de fonction auquel sont soumis les experts et le personnel des fiduciaires.Chapitre III Evaluation des politiques publiquesNotre commission, pour des raisons d'efficacité, n'est pas entrée en matière sur une nouvelle définition de l'activité de la Commission externe d'évaluation des politiques publiques, ceci malgré les critiques formulées par quelques commissaires contre la formule actuelle. Notre commission n'a donc pas apporté de changements significatifs aux articles 15 à 31, réunis sous ce chapitre 3. Elle s'est contentée d'introduire systématiquement la Commission de contrôle de gestion, de remplacer le mot "; Inspection " par le mot "; Surveillance " et de procéder aux autres modifications purement formelles. Seuls les articles 16, 22 et 29 méritent donc un commentaire particulier.Art. 16 Mise en oeuvreDans sa nouvelle teneur, cet article renforce le pouvoir d'autosaisine de la Commission externe d'évaluation des politiques publiques et permet aux deux commissions compétentes du Grand Conseil de confier, dans tous les cas, un mandat à la Commission d'évaluation sans passer par l'intermédiaire du Conseil d'Etat.Art. 22 SecrétariatLe secrétariat est actuellement rattaché administrativement à l'Inspection cantonale des finances. Pour assurer une meilleure unité, il est proposé un rattachement direct au Département des finances, comme pour l'Inspection et le Service de surveillance. Art. 29 RapportsL'alinéa 1 est conforme à la pratique actuelle qui veut que la Commission d'évaluation adresse ses rapports au Grand Conseil et pas seulement aux membres de la Commission des finances.Loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat de Genève du 7 octobre 1993 (D 1 05)Art. 38 ContrôleLe Conseil d'Etat et le Grand Conseil pourront en tout temps faire procéder à des vérifications et des contrôles de gestion sur les organismes bénéficiaires de subventions, ce qui n'est pas explicitement prévu par l'article actuel.Mesdames et Messieurs les députés, notre commission a effectué un travail de longue haleine sur une matière ardue mais fondamentale. Elle ne prétend pas que la formule proposée soit parfaite. Elle est en revanche certainement celle qui présente le plus d'avantages et le moins d'inconvénients. En se dotant de responsabilités plus étendues dans le domaine du contrôle de gestion, le Grand Conseil se donne de nouveaux droits et de nouveaux devoirs, qui sont pour l'essentiel ceux dont disposent les élus des Chambres fédérales.La situation dramatique des finances publiques de notre canton exige qu'aucune piste ne soit écartée pour contribuer à rétablir l'équilibre. Nous vous invitons, Mesdames et Messieurs les députés, à voter le projet de loi 7545 amendé par la Commission de l'audit, tel qu'il figure en annexe du présent rapport.Projet de loi(7545)instituant un contrôle financier de l'Etat et des établissements publicsLe GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèvedécrète ce qui suit :Article 1La loi portant règlement du Grand Conseil de la République et canton de Genève, du 13 septembre 1985, est modifiée comme suit:Art. 201 Composition et attributions (nouvelle teneur)1 Dès le début de la législature, le Grand Conseil nomme une commission de 15 membres chargée d'examiner : 2 Elle est en outre saisie : Art. 201A Composition et attributions (nouveau)1 Dès le début de la législature, le Grand Conseil nomme une Commission de contrôle de gestion composée de 15 membres.2 Elle est chargée de manière permanente d'examiner et de surveiller : 3 La Banque cantonale de Genève, les communes et les institutions qui en dépendent ne sont pas soumises à l'alinéa 2.4 La commission contrôle la réforme de l'Etat.5 Elle est en outre saisie de l'intégralité : 6 Par ailleurs, la commission examine les objets que le Grand Conseil décide de lui renvoyer, touchant notamment le domaine de la gestion publique.Art. 201B Mandats externes (nouveau)1 La Commission de contrôle de gestion peut s'entourer de l'avis d'experts si elle juge nécessaire leur intervention pour l'exécution de son mandat.2 A ce sujet, elle établit une ligne budgétaire dans le cadre de l'article 40, alinéa 2 de la présente loi.3 Dans le cadre de l'exécution du mandat d'expertise, les dispositions légales sur le maintien du secret ne peuvent pas être invoquées vis-à-vis de l'expert, sous réserve des secrets protégés par la législation fédérale.Art. 201C Rapport annuel (nouveau)1 La Commission de contrôle de gestion établit chaque année son rapport qu'elle adresse au Grand Conseil.2 Le rapport approuvé par le Grand Conseil est mis à la disposition du public.Article 2 Modifications à d'autres lois (D 1 10)1 La loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l'évaluation des politiques publiques, du 19 janvier 1995, est modifiée comme suit :Art. 4 Principes (nouvelle teneur)1 La surveillance interne de la gestion administrative et financière de l'Etat (ci-après la surveillance) est assurée par l'Inspection cantonale des finances et le Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés. 2 La surveillance effectue ses contrôles selon les critères de la légalité, de la régularité et de la rentabilité, ainsi que selon les principes généraux de la révision et de l'audit. En outre, elle signale toute anomalie constatée au niveau de la gestion.3 Au titre des contrôles de rentabilité, elle examine :4 La surveillance est à disposition du Conseil d'Etat, de la Commission des finances et de la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil dans leur exercice de la haute surveillance de l'administration. Art. 5 Entités concernées (nouvelle teneur) 1 L'Inspection cantonale des finances exerce son activité : 2 Le Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés exerce son activité : Art. 6 Compétences (nouvelle teneur)1 La surveillance est notamment compétente pour :2 La surveillance participe à l'élaboration des prescriptions sur le contrôle, la révision, la comptabilité, le service des paiements et la tenue des inventaires. Art. 7 Déroulement (nouvelle teneur)1 La surveillance organise souverainement son travail et possède tout pouvoir d'investigation.2 Elle effectue son contrôle de sa propre initiative, selon un programme qu'elle remet au Conseil d'Etat, à la Commission de contrôle de gestion et à la Commission des finances, avec la possibilité d'inclure d'autres contrôles à caractère prioritaire :3 La surveillance peut recourir à des collaborations extérieures en cas de nécessité ou peut s'adjoindre des spécialistes lorsqu'un mandat nécessite des compétences particulières.4 Dans le cadre de l'exécution de son mandat, les dispositions légales sur le maintien du secret ne peuvent pas être invoquées vis-à-vis de la surveillance, sous réserve des secrets protégés par la législation fédérale. Art. 8 Rapports et droit d'être entendu (nouvelle teneur)1 Toute intervention de la surveillance donne lieu à un rapport écrit. 2 Préalablement à la rédaction de son rapport, la surveillance clôt son examen par un entretien final avec les responsables de l'entité, au cours duquel sont discutées les mesures correctives déjà prises ou à prendre. Les personnes entendues disposent d'un mois pour présenter leur avis qui est consigné en annexe au rapport.3 Les rapports ne sont pas publics et ne peuvent pas être consultés par des tiers. Ils demeurent confidentiels à leur destinataire et sont remis, munis du sceau de la confidentialité :4 Toutefois, le Conseil d'Etat, la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances peuvent, sous leur propre nom, publier des éléments de ces rapports qu'ils estiment importants, en respectant l'anonymat des personnes concernées.Art. 9 Contrôles par des experts ou fiduciaires (nouvelle teneur)1 Le Grand Conseil et le Conseil d'Etat peuvent confier des missions relevant des compétences de la surveillance à des mandataires externes spécialisés.2 Les entités ou organes des institutions ou sociétés visés à l'article 5, alinéa 1, lettre c et 5, alinéa 2, lettre a, chacun pour leur part et avec l'accord du Conseil d'Etat, confient directement de telles missions à des mandataires externes spécialisés. 3 Le Conseil d'Etat peut dispenser la surveillance d'intervenir simultanément dans ces cas. Il appartient néanmoins à cette dernière de prendre connaissance des rapports établis par les mandataires externes et de formuler toutes observations qu'elle juge nécessaires à ce sujet à l'autorité qui a confié la mission ou à la demande du Grand Conseil. La surveillance procède à des contrôles complémentaires, si elle l'estime nécessaire ou à la demande des commissions parlementaires.Art. 10 Obligation de renseigner en matière de contrôle de gestion (nouvelle teneur) Si, lors d'une révision, les mandataires externes constatent des défauts, des erreurs ou des lacunes dans la gestion des entités contrôlées, ils doivent en saisir à bref délai, par un rapport séparé, l'autorité qui a confié le mandat, ainsi que la surveillance de laquelle relève le service ou l'institution en cause. La surveillance procède ensuite en application de l'art. 8.Art. 11 Organisation (nouvelle teneur)1 L'Inspection cantonale des finances est autonome et indépendante. Administrativement, elle dépend du Département des finances.2 Le Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés est autonome et indépendant. Administrativement, il dépend du Département des finances. 3 Le Conseil d'Etat nomme les directeurs et le personnel de la surveillance après consultation de la Commission de contrôle de gestion, laquelle doit ratifier la nomination des directeurs.4 Le personnel de la surveillance est assermenté. Il doit vouer tout son temps à sa fonction et ne peut accepter aucune autre fonction rétribuée d'ordre public ou d'ordre privé. Art. 12 Pouvoir réglementaire (nouvelle teneur)La surveillance règle elle-même son organisation interne et son mode de fonctionnement qu'elle soumet à l'approbation du Conseil d'Etat et de la Commission de contrôle de gestion.Art. 13 Rapport annuel (nouvelle teneur) 1 Au début de chaque année, soit jusqu'au 30 avril, chacun des organes de la surveillance adresse au Conseil d'Etat, à la Commission de contrôle de gestion, à la Commission des finances du Grand Conseil et à la Commission d'évaluation des politiques publiques un rapport résumant leur activité durant l'exercice écoulé. Les rapports mentionnent en particulier : 2 La Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances du Grand Conseil peuvent appeler les chefs de la surveillance à leur donner les renseignements complémentaires dont elles pourraient avoir besoin pour l'exercice de leur mandat. Art. 14, titre et al. 1 Secret de fonction des experts et du personnel des fiduciaires (nouvelle teneur)1 Les experts, les autres mandataires et le personnel des sociétés fiduciaires sont tenus au secret de fonction conformément à l'article 320 du Code pénal suisse. Ils ne peuvent en aucun cas, lors d'une activité étrangère à leur mandat, faire état de renseignements dont ils ont eu connaissance dans l'exercice de ce mandat.Art. 15, al. 1 Principes (nouvelle teneur) 1 Il est créé une Commission externe d'évaluation des politiques publiques (ci-après Commission d'évaluation), chargée de seconder le Conseil d'Etat, la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances du Grand Conseil dans leurs tâches d'évaluation des politiques de l'Etat et des services publics, ainsi que des entités dépendant de l'Etat.Art. 16, al. 1, 3 Mise en oeuvre (nouvelle teneur)al. 4 (abrogé)1 La Commission d'évaluation agit en principe sur la base et dans le cadre de mandats, limités dans le temps, qui lui sont confiés soit par le Conseil d'Etat, soit par la Commission de contrôle de gestion ou la Commission des finances du Grand Conseil.3 La Commission d'évaluation peut engager de son propre chef un projet d'évaluation, après en avoir informé le Conseil d'Etat et avoir discuté avec lui le but, la portée et les modalités d'exécution du mandat. Elle en informe également la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances.Art. 17 Relations avec les autorités (nouvelle teneur)La Commission d'évaluation entretient des contacts réguliers et suivis avec le Conseil d'Etat, la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances.Art. 18 Relations avec la surveillance (nouvelle teneur) Le président de la Commission d'évaluation reçoit personnellement les rapports de la surveillance. Il juge de l'opportunité de les diffuser aux membres de la Commission d'évaluation. Art. 19, al. 1 Composition (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation est composée de 16 membres désignés par le Conseil d'Etat, après consultation de la Commission de contrôle de gestion et de la Commission des finances du Grand Conseil.Art. 21, al. 1 Nomination du président (nouvelle teneur)1 Le Conseil d'Etat nomme pour 4 ans le président de la Commission d'évaluation parmi les membres de celle-ci après consultation de la Commission de contrôle de gestion et de la Commission des finances. Il est rééligible une fois.Art. 22, al. 1 Secrétariat (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation dispose des services d'un secrétaire permanent, qualifié dans les domaines de l'audit et de l'évaluation des politiques, qui dépend administrativement du Département des finances. Art. 29, al. 1 Rapports (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation adresse ses rapports au Conseil d'Etat et au Grand Conseil.Art. 30, titre et al. 1 Suite d'un rapport demandé par la Commission   de contrôle de gestion ou la Commission des   finances (nouvelle teneur)1 Lorsque la Commission de contrôle de gestion ou la Commission des finances du Grand Conseil confie elle-même un mandat à la Commission d'évaluation, elle met en délibération le rapport.Art. 31, al. 1 Rapport annuel (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation établit chaque année son rapport d'activité qu'elle adresse au Conseil d'Etat et au Grand Conseil avant le 30 avril.(D 1 05)2 La loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat de Genève, du 7 octobre 1993, est modifiée comme suit :Art. 38 Contrôle (nouvelle teneur)1 L'autorité compétente au niveau du département concerné s'assure que le bénéficiaire exécute la tâche conformément aux dispositions en la matière et que les conditions légales sont bien réunies. 2 Le Conseil d'Etat et le Grand Conseil peuvent en tout temps faire procéder à des vérifications et des contrôles de gestion.Art. 39 Modifications (nouvelle teneur)Des modifications importantes ou génératrices de frais supplémentaires ne peuvent être apportées aux projets subventionnés qu'avec l'accord de l'autorité compétente au niveau du département concerné. Article 3 Entrée en vigueurLe Conseil d'Etat fixe l'entrée en vigueur de la présente loi.ANNEXESecrétariat du Grand ConseilProposition de MM. Bernard Clerc, Christian Grobet et Jean SpielmannDépôt: 20 novembre 1996DisquettePL 7545PROJET DE LOIinstituant un contrôle financier de l'Etat et des établissements publics(D 2 7)LE GRAND CONSEILDécrète ce qui suit:Article 11 Le contrôle des comptes et de la gestion de l'Etat ainsi que des établissements publics créés par une loi, soit notamment les Services industriels, la Banque cantonale, les établissements publics médicaux, les fondations de droit public, est confié à un service public autonome, le contrôle financier de l'Etat, agissant sous la responsabilité de la Commission de contrôle de gestion de l'Etat nommée par le Grand Conseil au début de chaque législature et formée d'un député et d'un autre membre par parti représenté au Grand Conseil, désignés par lui.2 Les établissements de droit privé, notamment les fondations de droit privé et les sociétés anonymes, contrôlés par l'Etat sont également soumis à la présente loi.Art. 21 La Commission de contrôle de gestion de l'Etat (ci-après: la Commission) se réunit au moins deux fois par mois. Elle désigne son président au début de chaque année, en veillant à assurer un tournus parmi les partis représentés en son sein, et fixe ses règles de fonctionnement.2 La Commission désigne le directeur du contrôle financier de l'Etat et ses adjoints directs par une mise au concours publique des postes. Elle fixe la classification des membres du contrôle financier de l'Etat, qui ont le statut des fonctionnaires de l'Etat, en se fondant sur l'échelle des traitements de la fonction publique.3 La Commission fixe les tâches et les missions du contrôle financier de l'Etat, qui dispose des pleins pouvoirs pour vérifier toutes les pièces comptables, documents et actes des services de l'Etat et des établissements publics soumis à son contrôle. Le contrôle financier de l'Etat peut procéder en tout temps, même de façon inopinée, à des contrôles sur place dans les services administratifs concernés et il est habilité à demander des explications à toute personne qu'elle souhaite entendre à cette fin, sans que cette dernière ne puisse invoquer le secret de fonction. La Commission peut déléguer un ou plusieurs de ses membres pour participer à ces contrôles.Art. 31 Le contrôle financier de l'Etat tient régulièrement la Commission au courant de ses activités et lui présente un rapport annuel sur les contrôles auxquels il a procédé, lequel comporte son appréciation sur la gestion des services et établissements contrôlés. La Commission transmet ce rapport au Grand Conseil qui en débat.2 La Commission propose au Conseil d'Etat et au Grand Conseil toute mesure lui paraissant utile sur la base des constatations faites par le contrôle financier de l'Etat ou par elle-même.Art. 4Les membres du contrôle financier de l'Etat et de la Commission sont soumis au respect du secret de fonction et au respect du secret bancaire. Le secret de fonction et le secret bancaire ne sauraient toutefois leur être opposés dans l'accomplissement de leurs tâches de contrôle.Art. 5Les frais de fonctionnement du contrôle financier de l'Etat et les jetons de présence des membres de la Commission sont pris en charge par le budget de l'Etat et par les budgets des établissements publics dont il contrôle la gestion.Art. 2La loi sur la Banque cantonale de Genève, du 24 juin 1993, est modifiée comme suit :Art. 5 (nouvelle teneur)1 Le contrôle financier de l'Etat exerce le contrôle sur les comptes et la gestion de la Banque cantonale de Genève, indépendamment du contrôle exercé par l'Organe de révision et de la surveillance exercée par la Commission fédérale des banques. A ce titre, il veille à ce que le Conseil d'administration :a) fixe les règles et, plus particulièrement, les taux applicables aux prêts accordés par la banque ainsi que le coefficient des fonds propres et veille au respect de ces règles et de ces taux ;b) désigne une Commission d'experts, comportant au moins un expert désigné par les milieux des locataires, pour apprécier la valeur des biens immobiliers gagés au profit de la banque, laquelle doit en principe correspondre à la valeur de rendement de l'immeuble ;c) désigne une Commission d'experts pour apprécier la qualité des bénéficiaires de prêts commerciaux et la valeur des garanties accordées.2 La banque est, de plus, soumise à la surveillance bancaire de la Commission fédérale des banques, conformément aux dispositions de la loi fédérale sur les banques et caisses d'épargne, du 8 novembre 1934.3 La Commission fédérale des banques peut exiger de la banque, de l'Organe de révision et du contrôle financier de l'Etat tous les renseignements et documents dont elle a besoin dans l'exécution de sa tâche. Ses rapports sont portés à la connaissance du Conseil d'administration de la banque et du contrôle financier de l'Etat.4 La surveillance des prescriptions légales cantonales est de la compétence du Conseil d'Etat.Premier débatM. David Hiler, rapporteur (Ve). La commission a très longuement étudié ce rapport et j'ai mis du temps à le rédiger, j'en conviens. Je vous propose de gagner du temps en l'approuvant rapidement. Mme Alexandra Gobet (S). J'attire votre attention sur le fait que si cet objet est approuvé ce soir il comporte la dissolution de l'actuelle commission ad hoc de l'audit. Dans ce cas, il incomberait au Bureau du Grand Conseil de prévoir la constitution de la nouvelle commission de contrôle de gestion pour la prochaine séance. M. Claude Blanc (DC). On ne peut pas la prévoir pour la prochaine séance, car si on vote ce projet de loi - ce samedi matin - il y a encore le délai référendaire, donc nous avons largement le temps. A la prochaine séance, chère Madame, le délai référendaire ne sera pas écoulé. Une voix. Heureusement qu'il y a un juriste ! Mme Janine Berberat (L). Nos deux commissaires ont voté ce projet avec l'ensemble de la commission, et nous l'approuvons !Une voix. Bravo, Janine, bien parlé ! Mme Véronique Pürro (S). J'attire l'attention de ce Conseil sur le fait que l'approbation de ce projet de loi impliquait l'augmentation des tâches et des missions pour deux services, celui de la surveillance et celui de l'inspection cantonale des finances et, par conséquent, des postes supplémentaires - l'administration nous l'a fait savoir. En effet, il est inutile de voter des projets de lois si nous ne donnons pas les moyens correspondants. J'insiste sur ce point : l'approbation de ce projet de loi implique deux postes supplémentaires à la surveillance et cinq postes supplémentaires à l'inspection cantonale des finances. M. Bernard Clerc (AG). Je rappelle que ce projet de loi est issu d'une proposition faite en son temps par l'Alliance de gauche, même si, effectivement, ce qui a été retenu par la commission va moins loin que ce que nous avions prévu. Nous aurions notamment souhaité, à l'époque, qu'un contrôle soit exercé sur la Banque cantonale, ce qui n'a pas été retenu par la commission.Je propose un amendement à l'article 3, souligné, sur la date d'entrée en vigueur de la loi. Je constate en effet que la commission a laissé le soin au Conseil d'Etat de fixer cette date, mais il me paraît plus judicieux que le Grand Conseil la détermine et je suggère le 1er mai 1999. Une voix. C'est très bien, bravo !M. Bernard Lescaze (R). Le groupe radical est satisfait du projet de loi, tel qu'il est issu des travaux de la commission. Néanmoins, il tient à regretter que Madame Gobet-Winiger ait souhaité - sans doute pour aller plus vite - le traiter le samedi 27 mars... malgré l'importance de ce projet de loi, qui peut modifier de façon sensible le fonctionnement futur de ce parlement. C'est un peu regrettable, car les bancs et les travées sont désertés.D'autre part, je fais respectueusement remarquer à M. le président du Grand Conseil qu'il n'y aura pas de troisième débat ce soir, puisque le Conseil d'Etat n'est plus là pour le demander... Mis aux voix, ce projet est adopté en premier débat. Deuxième débatMme Véronique Pürro (S). Monsieur Lescaze, je trouve vos propos inadmissibles ! (L'oratrice est interpellée par M. Lescaze.) Ecoutez, Monsieur Lescaze, cela fait un bon moment que je lève la main, mais M. Spielmann et les représentants du Bureau - je ne sais pas s'ils dorment déjà - ont fait semblant de ne pas me voir !Le président. Madame Pürro, ou vous parlez du sujet ou j'arrête les travaux tout de suite !Mme Véronique Pürro. Vous savez, je ne suis pas fatiguée, il n'y a pas de problème !Le président. Si vous continuez, je lève la séance ! Vous avez la parole !Mme Véronique Pürro. J'aimerais tout de même relever que la commission de la réforme a terminé ses travaux au mois de novembre et que nous avons attendu plusieurs mois avant que le rapport soit déposé. Si nous voulons que cette commission soit instituée au plus vite - et c'est bien l'intention unanime des commissaires de la commission de la réforme - il est important que ce projet soit encore traité ce soir. Il est donc inutile de jeter la pierre à Mme Gobet-Winiger. Nous devons plutôt regretter que le rapporteur ait mis autant de temps à déposer son rapport. Des voix. Hou ! M. David Hiler, rapporteur (Ve). On pourrait peut-être demander un délai...M. Hausser, de votre groupe, a trois projets humanitaires datant du 2 septembre 1998. Actuellement, une cinquantaine de rapports datant de 1997 sont encore non rendus. Le fait de mettre trois à quatre mois pour rendre un rapport aussi long est parfaitement admissible et vous n'avez aucune critique à formuler à ce sujet, à partir du moment où aucun délai n'était fixé. Vous connaissez par ailleurs les raisons pour lesquelles j'ai mis du temps à faire ce rapport... Alors, ce n'est pas parce que tout à coup ce sujet vous intéresse, Madame Pürro, qu'il est plus important que le reste. On peut d'ailleurs constater que cela intéresse tout le monde : il manque la moitié du parlement ! Je ne comprends pas pourquoi vous vous montrez agressive, alors que j'ai fait tout ce que je pouvais - à part pour satisfaire votre petit ego, ce qui est ridicule et déplorable ! Mme Janine Berberat (L). Monsieur le président, je veux bien rester pour continuer les travaux, mais si c'est pour assister en arbitre au duel de la gauche plurielle, je vous propose de suspendre la séance. Une voix. Très bonne idée !Le président. Bien, je mets aux voix la proposition de suspendre la séance.Mise aux voix, cette proposition est rejetée.Mis aux voix, le titre et le préambule sont adoptés, de même que les articles 1 (souligné) et 2 (souligné).Article 3 (souligné)Le président. Je mets aux voix l'amendement de M. Clerc, visant à fixer l'entrée en vigueur de ce projet de loi au 1er mai 1999.M. Claude Blanc (DC). Non, ce n'est pas possible, puisqu'il faut 45 jours de délai référendaire ! Et nous sommes le 27 mars. M. Christian Grobet (AG). Je vous suggère d'utiliser la formule qui a déjà servi en d'autres circonstances, soit de prévoir que la loi entre en vigueur à la date de promulgation de la loi. Le président. Je mets aux voix l'amendement de M. Grobet, qui remplace celui de M. Clerc, et dont la teneur est la suivante :«La date d'entrée en vigueur est fixée au moment de la promulgation de la loi.»Mis aux voix, cet amendement est adopté.Mis aux voix, l'article 3 (souligné) ainsi amendé est adopté.Le président. Le troisième débat aura lieu lors d'une prochaine séance.Des voix. Non, il l'a demandé !Le président. Bien, le troisième débat est demandé. Troisième débatCe projet est adopté en troisième débat, par article et dans son ensemble.La loi est ainsi conçue :Loi(7545)instituant un contrôle financier de l'Etat et des établissements publicsLe GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèvedécrète ce qui suit :Article 1La loi portant règlement du Grand Conseil de la République et canton de Genève, du 13 septembre 1985, est modifiée comme suit:Art. 201 Composition et attributions (nouvelle teneur)1 Dès le début de la législature, le Grand Conseil nomme une commission de 15 membres chargée d'examiner : 2 Elle est en outre saisie : Art. 201A Composition et attributions (nouveau)1 Dès le début de la législature, le Grand Conseil nomme une Commission de contrôle de gestion composée de 15 membres.2 Elle est chargée de manière permanente d'examiner et de surveiller : 3 La Banque cantonale de Genève, les communes et les institutions qui en dépendent ne sont pas soumises à l'alinéa 2.4 La commission contrôle la réforme de l'Etat.5 Elle est en outre saisie de l'intégralité : 6 Par ailleurs, la commission examine les objets que le Grand Conseil décide de lui renvoyer, touchant notamment le domaine de la gestion publique.Art. 201B Mandats externes (nouveau)1 La Commission de contrôle de gestion peut s'entourer de l'avis d'experts si elle juge nécessaire leur intervention pour l'exécution de son mandat.2 A ce sujet, elle établit une ligne budgétaire dans le cadre de l'article 40, alinéa 2 de la présente loi.3 Dans le cadre de l'exécution du mandat d'expertise, les dispositions légales sur le maintien du secret ne peuvent pas être invoquées vis-à-vis de l'expert, sous réserve des secrets protégés par la législation fédérale.Art. 201C Rapport annuel (nouveau)1 La Commission de contrôle de gestion établit chaque année son rapport qu'elle adresse au Grand Conseil.2 Le rapport approuvé par le Grand Conseil est mis à la disposition du public.Article 2 Modifications à d'autres lois (D 1 10)1 La loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l'évaluation des politiques publiques, du 19 janvier 1995, est modifiée comme suit :Art. 4 Principes (nouvelle teneur)1 La surveillance interne de la gestion administrative et financière de l'Etat (ci-après la surveillance) est assurée par l'Inspection cantonale des finances et le Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés. 2 La surveillance effectue ses contrôles selon les critères de la légalité, de la régularité et de la rentabilité, ainsi que selon les principes généraux de la révision et de l'audit. En outre, elle signale toute anomalie constatée au niveau de la gestion.3 Au titre des contrôles de rentabilité, elle examine :4 La surveillance est à disposition du Conseil d'Etat, de la Commission des finances et de la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil dans leur exercice de la haute surveillance de l'administration. Art. 5 Entités concernées (nouvelle teneur) 1 L'Inspection cantonale des finances exerce son activité : 2 Le Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés exerce son activité : Art. 6 Compétences (nouvelle teneur)1 La surveillance est notamment compétente pour :2 La surveillance participe à l'élaboration des prescriptions sur le contrôle, la révision, la comptabilité, le service des paiements et la tenue des inventaires. Art. 7 Déroulement (nouvelle teneur)1 La surveillance organise souverainement son travail et possède tout pouvoir d'investigation.2 Elle effectue son contrôle de sa propre initiative, selon un programme qu'elle remet au Conseil d'Etat, à la Commission de contrôle de gestion et à la Commission des finances, avec la possibilité d'inclure d'autres contrôles à caractère prioritaire :3 La surveillance peut recourir à des collaborations extérieures en cas de nécessité ou peut s'adjoindre des spécialistes lorsqu'un mandat nécessite des compétences particulières.4 Dans le cadre de l'exécution de son mandat, les dispositions légales sur le maintien du secret ne peuvent pas être invoquées vis-à-vis de la surveillance, sous réserve des secrets protégés par la législation fédérale. Art. 8 Rapports et droit d'être entendu (nouvelle teneur)1 Toute intervention de la surveillance donne lieu à un rapport écrit. 2 Préalablement à la rédaction de son rapport, la surveillance clôt son examen par un entretien final avec les responsables de l'entité, au cours duquel sont discutées les mesures correctives déjà prises ou à prendre. Les personnes entendues disposent d'un mois pour présenter leur avis qui est consigné en annexe au rapport.3 Les rapports ne sont pas publics et ne peuvent pas être consultés par des tiers. Ils demeurent confidentiels à leur destinataire et sont remis, munis du sceau de la confidentialité :4 Toutefois, le Conseil d'Etat, la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances peuvent, sous leur propre nom, publier des éléments de ces rapports qu'ils estiment importants, en respectant l'anonymat des personnes concernées.Art. 9 Contrôles par des experts ou fiduciaires (nouvelle teneur)1 Le Grand Conseil et le Conseil d'Etat peuvent confier des missions relevant des compétences de la surveillance à des mandataires externes spécialisés.2 Les entités ou organes des institutions ou sociétés visés à l'article 5, alinéa 1, lettre c et 5, alinéa 2, lettre a, chacun pour leur part et avec l'accord du Conseil d'Etat, confient directement de telles missions à des mandataires externes spécialisés. 3 Le Conseil d'Etat peut dispenser la surveillance d'intervenir simultanément dans ces cas. Il appartient néanmoins à cette dernière de prendre connaissance des rapports établis par les mandataires externes et de formuler toutes observations qu'elle juge nécessaires à ce sujet à l'autorité qui a confié la mission ou à la demande du Grand Conseil. La surveillance procède à des contrôles complémentaires, si elle l'estime nécessaire ou à la demande des commissions parlementaires.Art. 10 Obligation de renseigner en matière de contrôle de gestion (nouvelle teneur) Si, lors d'une révision, les mandataires externes constatent des défauts, des erreurs ou des lacunes dans la gestion des entités contrôlées, ils doivent en saisir à bref délai, par un rapport séparé, l'autorité qui a confié le mandat, ainsi que la surveillance de laquelle relève le service ou l'institution en cause. La surveillance procède ensuite en application de l'art. 8.Art. 11 Organisation (nouvelle teneur)1 L'Inspection cantonale des finances est autonome et indépendante. Administrativement, elle dépend du Département des finances.2 Le Service de surveillance des fondations, des institutions de prévoyance et des organismes privés subventionnés est autonome et indépendant. Administrativement, il dépend du Département des finances. 3 Le Conseil d'Etat nomme les directeurs et le personnel de la surveillance après consultation de la Commission de contrôle de gestion, laquelle doit ratifier la nomination des directeurs.4 Le personnel de la surveillance est assermenté. Il doit vouer tout son temps à sa fonction et ne peut accepter aucune autre fonction rétribuée d'ordre public ou d'ordre privé. Art. 12 Pouvoir réglementaire (nouvelle teneur)La surveillance règle elle-même son organisation interne et son mode de fonctionnement qu'elle soumet à l'approbation du Conseil d'Etat et de la Commission de contrôle de gestion.Art. 13 Rapport annuel (nouvelle teneur) 1 Au début de chaque année, soit jusqu'au 30 avril, chacun des organes de la surveillance adresse au Conseil d'Etat, à la Commission de contrôle de gestion, à la Commission des finances du Grand Conseil et à la Commission d'évaluation des politiques publiques un rapport résumant leur activité durant l'exercice écoulé. Les rapports mentionnent en particulier : 2 La Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances du Grand Conseil peuvent appeler les chefs de la surveillance à leur donner les renseignements complémentaires dont elles pourraient avoir besoin pour l'exercice de leur mandat. Art. 14, titre et al. 1 Secret de fonction des experts et du personnel des fiduciaires (nouvelle teneur)1 Les experts, les autres mandataires et le personnel des sociétés fiduciaires sont tenus au secret de fonction conformément à l'article 320 du Code pénal suisse. Ils ne peuvent en aucun cas, lors d'une activité étrangère à leur mandat, faire état de renseignements dont ils ont eu connaissance dans l'exercice de ce mandat.Art. 15, al. 1 Principes (nouvelle teneur) 1 Il est créé une Commission externe d'évaluation des politiques publiques (ci-après Commission d'évaluation), chargée de seconder le Conseil d'Etat, la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances du Grand Conseil dans leurs tâches d'évaluation des politiques de l'Etat et des services publics, ainsi que des entités dépendant de l'Etat.Art. 16, al. 1, 3 Mise en oeuvre (nouvelle teneur)al. 4 (abrogé)1 La Commission d'évaluation agit en principe sur la base et dans le cadre de mandats, limités dans le temps, qui lui sont confiés soit par le Conseil d'Etat, soit par la Commission de contrôle de gestion ou la Commission des finances du Grand Conseil.3 La Commission d'évaluation peut engager de son propre chef un projet d'évaluation, après en avoir informé le Conseil d'Etat et avoir discuté avec lui le but, la portée et les modalités d'exécution du mandat. Elle en informe également la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances.Art. 17 Relations avec les autorités (nouvelle teneur)La Commission d'évaluation entretient des contacts réguliers et suivis avec le Conseil d'Etat, la Commission de contrôle de gestion et la Commission des finances.Art. 18 Relations avec la surveillance (nouvelle teneur) Le président de la Commission d'évaluation reçoit personnellement les rapports de la surveillance. Il juge de l'opportunité de les diffuser aux membres de la Commission d'évaluation. Art. 19, al. 1 Composition (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation est composée de 16 membres désignés par le Conseil d'Etat, après consultation de la Commission de contrôle de gestion et de la Commission des finances du Grand Conseil.Art. 21, al. 1 Nomination du président (nouvelle teneur)1 Le Conseil d'Etat nomme pour 4 ans le président de la Commission d'évaluation parmi les membres de celle-ci après consultation de la Commission de contrôle de gestion et de la Commission des finances. Il est rééligible une fois.Art. 22, al. 1 Secrétariat (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation dispose des services d'un secrétaire permanent, qualifié dans les domaines de l'audit et de l'évaluation des politiques, qui dépend administrativement du Département des finances. Art. 29, al. 1 Rapports (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation adresse ses rapports au Conseil d'Etat et au Grand Conseil.Art. 30, titre et al. 1 Suite d'un rapport demandé par la Commission   de contrôle de gestion ou la Commission des   finances (nouvelle teneur)1 Lorsque la Commission de contrôle de gestion ou la Commission des finances du Grand Conseil confie elle-même un mandat à la Commission d'évaluation, elle met en délibération le rapport.Art. 31, al. 1 Rapport annuel (nouvelle teneur)1 La Commission d'évaluation établit chaque année son rapport d'activité qu'elle adresse au Conseil d'Etat et au Grand Conseil avant le 30 avril.(D 1 05)2 La loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat de Genève, du 7 octobre 1993, est modifiée comme suit :Art. 38 Contrôle (nouvelle teneur)1 L'autorité compétente au niveau du département concerné s'assure que le bénéficiaire exécute la tâche conformément aux dispositions en la matière et que les conditions légales sont bien réunies. 2 Le Conseil d'Etat et le Grand Conseil peuvent en tout temps faire procéder à des vérifications et des contrôles de gestion.Art. 39 Modifications (nouvelle teneur)Des modifications importantes ou génératrices de frais supplémentaires ne peuvent être apportées aux projets subventionnés qu'avec l'accord de l'autorité compétente au niveau du département concerné. Article 3 Entrée en vigueurLa date d'entrée en vigueur est fixée au moment de la promulgation de la loi.La séance est levée à 0 h 20.SOMMAIRENos desprojets Pages La mémorialiste: Françoise Chételat Service du Grand ConseilAbonnement annuel 160 F(Comprenant tous les numéros de l'annéeet la table des matières)Le numéro 12 FLes mémoriaux de l'année courante et de l'année écoulée sont en vente au service des publications officielles, chancellerie d'Etat, 14, rue de l'Hôtel-de-Ville, CCP 12-100014-4.Pour les mémoriaux des années antérieures, s'adresser directement à la mémorialiste du Grand Conseil. Téléphone 319 22 16.
 Mémorial 1997 : Projet, 630. Renvoi à la commission des finances, 634. Renvoi à la commission de l'audit, 9760.
Rapport de M. David Hiler (Ve), commission ad hoc - audit de l'Etat - RD 272

M. David Hiler (Ve), rapporteur. La commission a très longuement étudié ce rapport et j'ai mis du temps à le rédiger, j'en conviens. Je vous propose de gagner du temps en l'approuvant rapidement.

Mme Alexandra Gobet (S). J'attire votre attention sur le fait que si cet objet est approuvé ce soir il comporte la dissolution de l'actuelle commission ad hoc de l'audit. Dans ce cas, il incomberait au Bureau du Grand Conseil de prévoir la constitution de la nouvelle commission de contrôle de gestion pour la prochaine séance.

M. Claude Blanc (PDC). On ne peut pas la prévoir pour la prochaine séance, car si on vote ce projet de loi - ce samedi matin - il y a encore le délai référendaire, donc nous avons largement le temps. A la prochaine séance, chère Madame, le délai référendaire ne sera pas écoulé.

Mme Janine Berberat (L). Nos deux commissaires ont voté ce projet avec l'ensemble de la commission, et nous l'approuvons !

Une voix. Bravo, Janine, bien parlé !

Mme Véronique Pürro (S). J'attire l'attention de ce Conseil sur le fait que l'approbation de ce projet de loi impliquait l'augmentation des tâches et des missions pour deux services, celui de la surveillance et celui de l'inspection cantonale des finances et, par conséquent, des postes supplémentaires - l'administration nous l'a fait savoir. En effet, il est inutile de voter des projets de lois si nous ne donnons pas les moyens correspondants. J'insiste sur ce point : l'approbation de ce projet de loi implique deux postes supplémentaires à la surveillance et cinq postes supplémentaires à l'inspection cantonale des finances.

M. Bernard Clerc (AdG). Je rappelle que ce projet de loi est issu d'une proposition faite en son temps par l'Alliance de gauche, même si, effectivement, ce qui a été retenu par la commission va moins loin que ce que nous avions prévu. Nous aurions notamment souhaité, à l'époque, qu'un contrôle soit exercé sur la Banque cantonale, ce qui n'a pas été retenu par la commission.

Je propose un amendement à l'article 3, souligné, sur la date d'entrée en vigueur de la loi. Je constate en effet que la commission a laissé le soin au Conseil d'Etat de fixer cette date, mais il me paraît plus judicieux que le Grand Conseil la détermine et je suggère le 1er mai 1999.

M. Bernard Lescaze (R). Le groupe radical est satisfait du projet de loi, tel qu'il est issu des travaux de la commission. Néanmoins, il tient à regretter que Madame Gobet-Winiger ait souhaité - sans doute pour aller plus vite - le traiter le samedi 27 mars... malgré l'importance de ce projet de loi, qui peut modifier de façon sensible le fonctionnement futur de ce parlement. C'est un peu regrettable, car les bancs et les travées sont désertés.

D'autre part, je fais respectueusement remarquer à M. le président du Grand Conseil qu'il n'y aura pas de troisième débat ce soir, puisque le Conseil d'Etat n'est plus là pour le demander...

Mme Véronique Pürro (S). Monsieur Lescaze, je trouve vos propos inadmissibles ! (L'oratrice est interpellée par M. Lescaze.) Ecoutez, Monsieur Lescaze, cela fait un bon moment que je lève la main, mais M. Spielmann et les représentants du Bureau - je ne sais pas s'ils dorment déjà - ont fait semblant de ne pas me voir !

Le président. Madame Pürro, ou vous parlez du sujet ou j'arrête les travaux tout de suite !

Mme Véronique Pürro. Vous savez, je ne suis pas fatiguée, il n'y a pas de problème !

Le président. Si vous continuez, je lève la séance ! Vous avez la parole !

Mme Véronique Pürro. J'aimerais tout de même relever que la commission de la réforme a terminé ses travaux au mois de novembre et que nous avons attendu plusieurs mois avant que le rapport soit déposé. Si nous voulons que cette commission soit instituée au plus vite - et c'est bien l'intention unanime des commissaires de la commission de la réforme - il est important que ce projet soit encore traité ce soir. Il est donc inutile de jeter la pierre à Mme Gobet-Winiger. Nous devons plutôt regretter que le rapporteur ait mis autant de temps à déposer son rapport.

Des voix. Hou !

M. David Hiler (Ve), rapporteur. On pourrait peut-être demander un délai...

M. Hausser, de votre groupe, a trois projets humanitaires datant du 2 septembre 1998. Actuellement, une cinquantaine de rapports datant de 1997 sont encore non rendus. Le fait de mettre trois à quatre mois pour rendre un rapport aussi long est parfaitement admissible et vous n'avez aucune critique à formuler à ce sujet, à partir du moment où aucun délai n'était fixé. Vous connaissez par ailleurs les raisons pour lesquelles j'ai mis du temps à faire ce rapport... Alors, ce n'est pas parce que tout à coup ce sujet vous intéresse, Madame Pürro, qu'il est plus important que le reste. On peut d'ailleurs constater que cela intéresse tout le monde : il manque la moitié du parlement ! Je ne comprends pas pourquoi vous vous montrez agressive, alors que j'ai fait tout ce que je pouvais - à part pour satisfaire votre petit ego, ce qui est ridicule et déplorable !

Mme Janine Berberat (L). Monsieur le président, je veux bien rester pour continuer les travaux, mais si c'est pour assister en arbitre au duel de la gauche plurielle, je vous propose de suspendre la séance.

M. Claude Blanc (PDC). Non, ce n'est pas possible, puisqu'il faut 45 jours de délai référendaire ! Et nous sommes le 27 mars.

M. Christian Grobet (AdG). Je vous suggère d'utiliser la formule qui a déjà servi en d'autres circonstances, soit de prévoir que la loi entre en vigueur à la date de promulgation de la loi.