République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 694-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier le rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le plan directeur du réseau routier 2007-2010
Rapport de majorité de M. Daniel Zaugg (L)
Rapport de minorité de Mme Emilie Flamand (Ve)
R 532-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier la proposition de résolution du Conseil d'Etat approuvant le plan directeur du réseau routier 2007-2010
Rapport de majorité de M. Daniel Zaugg (L)
Rapport de minorité de Mme Emilie Flamand (Ve)

Débat

La présidente. Nous sommes au point 106 de notre ordre du jour. Il s'agit de la dernière urgence que vous avez votée tout à l'heure.

M. Daniel Zaugg (L), rapporteur de majorité. Le plan directeur du réseau routier est un document fondamental à plus d'un titre pour le développement du canton. D'abord, parce qu'il définit l'ensemble de la stratégie de développement de la mobilité pour les douze prochaines années et au-delà. Or la mobilité, avec le logement et l'emploi, constitue l'un des piliers de notre mode de vie actuel. Ensuite, parce qu'il détermine notre politique pour tous les types de mobilité, des transports individuels motorisés aux transports publics, en passant par la mobilité douce et les cheminements pédestres. Enfin - et surtout - parce qu'il est le premier du genre et qu'il servira par conséquent de base à l'élaboration des plans directeurs suivants. La décision que nous prendrons ce soir n'a donc rien d'anodin puisque, en approuvant ce document, nous validerions également le fait que les orientations politiques qu'il contient servent de base à l'évolution du réseau routier. Le département du territoire et l'office cantonal de la mobilité ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, puisqu'ils ont mis quatre ans pour élaborer ce malheureux document de 45 pages.

Pour étayer la prise de position de la majorité de la commission qui, je vous le rappelle, demande le renvoi du plan directeur au Conseil d'Etat afin qu'il le retravaille, je n'aborderai que les deux chapitres essentiels de celui-ci: la projection de l'évolution de la demande en mobilité et la planification des projets routiers à court, moyen et long terme.

Qu'en est-il de l'évolution de la demande ? Le scénario sur lequel se base le plan directeur du réseau routier table sur une augmentation des déplacements en transports individuels motorisés de 25% sur la période allant de 2000 à 2020. Le problème, c'est que les tendances constatées par l'office cantonal de la mobilité lui-même démontrent une augmentation minimale des déplacements en transports individuels motorisés de 42% sur cette même période. Que cette réalité nous plaise ou non, nous devrons y faire face.

Quelle est la réponse du département à cette problématique ? Il compte sur le développement des transports publics et sur le transfert modal comme seules solutions. Cette conclusion serait déjà plus acceptable s'il y avait un programme cohérent de construction de P+R pour résorber le flux quotidien des pendulaires, mais le plan directeur du réseau routier n'aborde pas ce sujet. Non, pour protéger la circulation au centre-ville, la solution préconisée est le contrôle d'accès ! Ce terme un peu barbare est le nom donné à un réglage des feux de circulation, qui repousse les embouteillages à la périphérie de la localité et ne résout rien du tout.

Cela nous amène au second chapitre: la planification des projets routiers. La lecture de cette dernière me rappelle une situation à laquelle nous nous sommes tous trouvés confrontés lorsque, enfants, nous demandions quelque chose que nos parents ne voulaient pas nous accorder. Pour peu qu'ils n'aient pas l'envie ou le courage d'engager une longue négociation, ils nous répondaient alors: «On verra demain !» ou «Quand tu auras dix ans !» ou «Quand tu seras majeur !» Eh bien, dans le plan directeur, c'est un peu la même chose: pour les routes, on verra demain ! En effet, à court terme, ce plan ne prévoit aucun projet routier. Les constructions de routes sont toutes programmées à moyen terme voire, pour certaines des plus cruciales, à long terme. Lorsqu'on lui parle par exemple de la traversée du lac, le conseiller d'Etat Cramer répond volontiers qu'à l'horizon 2030, voire 2040, elle est parfaitement envisageable ! Une telle désinvolture n'est pas acceptable. Face aux prévisions alarmantes de l'office cantonal de la mobilité, face à l'arrivée de l'A41 aux portes de notre canton, face à la délocalisation des travailleurs, provoquée par l'incroyable crise du logement que nous subissons, il faut un engagement clair. C'est ce que demandent en trois points les amendements radicaux. Premièrement, que l'on introduise un programme de construction de P+R dans le plan directeur. Deuxièmement, que l'on consacre un chapitre à la mobilité douce et, troisièmement, que l'on prenne en compte la notion de démarrage des projets, plutôt que leur date de mise en service. Cette notion de démarrage des projets est essentielle, parce qu'elle implique deux conséquences. D'abord, un glissement des horizons de planification des projets. En effet, si l'on veut terminer un projet routier à moyen terme, il est normal de le commencer à court terme. Ensuite, un engagement clair du Conseil d'Etat: plutôt que de nous faire des promesses pour les prochaines législatures, qui devront être tenues le cas échéant par d'autres magistrats, il devra prendre le taureau par les cornes et démarrer rapidement un certain nombre de projets.

Pour toutes ces raisons, la majorité de la commission des transports vous demande d'accepter la proposition de résolution 532, telle qu'amendée.

La présidente. Merci, Monsieur le rapporteur. Se sont inscrits: M. Jeannerat, Mmes Chatelain et Favre, M. Gillet, Mme Flamand et MM. Stauffer, Bertschy, Zbinden, Deneys et Cramer. Le Bureau décide de clore la liste, car il est déjà presque 22h15.

Mme Emilie Flamand (Ve), rapporteuse de minorité. Je vais revenir un peu sur le passé. Il y a quelques années, ce parlement a demandé au Conseil d'Etat d'avoir un plan directeur du réseau routier. Comme mon collègue l'a dit, l'administration a rédigé celui que vous avez entre les mains, qui est le premier du genre. Il est le résultat d'une large consultation, entre autres par le CODEP - le Conseil des déplacements - dans lequel sont représentées les associations de toutes les tendances, de l'ATE jusqu'au TCS. On peut donc imaginer qu'il s'agit d'un avis assez représentatif de celui de la population dans son ensemble.

Le rapporteur de majorité déplore le fait que cette consultation ait eu lieu avant l'étape parlementaire, mais c'est bien ainsi que cela se passe à tous les niveaux ! La consultation de la société civile et des associations se fait toujours avant le stade parlementaire, et c'est bien normal.

C'est vrai, cette première version du plan directeur du réseau routier est imparfaite, l'administration l'a reconnu - elle nous a d'ailleurs dit qu'elle travaillait déjà sur la prochaine mouture - mais elle est quand même très fournie et définit des objectifs à court, moyen et long terme. Il s'agit d'un outil de planification, il est donc général et évolutif, rien n'est gravé dans le marbre.

Un consensus est souhaitable pour ce genre de document, qui donne une orientation pour les années à venir, mais qui ne prend pas de décisions extrêmement précises. Malheureusement, en commission, après de nombreuses présentations très complètes du département, les députés de la majorité ont décidé que les experts et les associations spécialisées n'avaient pas fait leur travail. Ils ont donc dressé une liste de toutes les routes qu'ils souhaitaient voir construire dans les prochaines années et veulent renvoyer le plan directeur 2007-2010 - alors que nous sommes en juin 2008 et que nous connaissons le rythme des travaux parlementaires ! - au Conseil d'Etat, donc à l'administration, bien que cette dernière soit déjà en train d'élaborer le plan directeur 2011-2014 ! On entend souvent les députés de tous les côtés de ce parlement - et c'est bien normal - parler de leur souhait de rationaliser le travail de l'administration, or je pense que l'inviter à refaire un plan directeur qui se préoccupe de la période 2007-2010 est tout sauf une rationalisation ! C'est demander aux gens de faire le travail à double, voire les empêcher d'effectuer la planification pour les années à venir.

Les Verts et la minorité, également soutenue par les socialistes, ont proposé un amendement général, qui visait à regrouper les voix de tout le monde, puisqu'il était assez consensuel, et qui partait de la nécessité d'avoir une vision globale en matière de mobilité. Puisque nous avons désormais un plan directeur du réseau routier et un plan directeur des transports collectifs, qu'un plan directeur du stationnement est en cours d'élaboration et de consultation devant le CODEP, la seule chose qui manque, le seul aspect pour lequel il n'existe pas d'outil de planification, c'est la mobilité douce. Nous demandions donc dans les invites au Conseil d'Etat l'élaboration d'un plan directeur de la mobilité douce et, sur la base de ces quatre documents, la réalisation d'un plan directeur de la mobilité en général, qui nous permette de voir toutes les interfaces entre transports publics, transports individuels et mobilité douce, puisque c'est l'outil qui nous manque aujourd'hui à Genève.

Actuellement, près de 10% de la surface du canton sont réservés aux routes. Mais on ne va pas pouvoir augmenter ce pourcentage indéfiniment ! Vous parlez de crise de logement, c'est vrai, mais alors construisons des immeubles et des habitations plutôt que des routes qu'emprunteront des gens qui habiteront toujours plus loin ! Et je rappelle que le lac occupe, lui, 13%. Donc, à moins de commencer à faire des immeubles sur pilotis, on ne va pas pouvoir étendre indéfiniment les 100% de notre territoire. Nous souhaitons garder des espaces verts, des surfaces de logements et de loisirs; nous ne voulons pas avoir 30% de notre territoire cantonal recouverts de goudron et de routes. Nous pensons donc qu'il faut donner la priorité au développement de modes de transport moins gourmands en espace tels que la mobilité douce et les transports publics. En effet, imaginez le nombre de personnes que peuvent contenir un tram ou un bus par rapport à celui que transporte une file de voitures beaucoup plus longue, ce d'autant plus que la plupart des gens sont seuls dans leur véhicule le matin.

Il nous semble vraiment que ce n'est pas du dogmatisme, mais qu'il s'agit simplement d'être pratique et de voir les besoins du territoire genevois. Notre canton est tout petit et nous ne pouvons pas indéfiniment construire des routes !

Pour l'ensemble de ces raisons, je vous engage, Mesdames et Messieurs les députés, à prendre acte du rapport du Conseil d'Etat concernant le plan directeur et à adopter la proposition de résolution en votant l'amendement proposé par les Verts.

La présidente. Merci, Madame la rapporteuse de minorité. Je vous informe, Mesdames et Messieurs les députés, que l'Espagne mène maintenant deux à zéro ! (Applaudissements.)

Pour en revenir à des considérations moins réjouissantes, de nombreux intervenants sont encore inscrits, or nous siégeons demain à 8h ! Par conséquent, je clos le débat à 23h, quitte à le reprendre demain. Mais il est hors de question que nous dépassions cet horaire, nous sommes déjà très fatigués - et nous devons aussi fêter la victoire de l'Espagne ! (Rires.)

M. Jacques Jeannerat (R). Permettez-moi, en guise d'introduction, de me déclarer choqué par les propos de la rapporteuse de minorité. Ils démontrent, à mon sens, un manque de vision globale, qui m'indigne profondément. Introduction terminée !

Nous, radicaux, avons une appréciation contrastée de ce plan directeur du réseau routier. En effet, nous l'avons réclamé depuis longtemps, comme nos partenaires de la majorité parlementaire, mais, lorsqu'il s'est agi de le lire et de l'apprécier, nous avons eu quelques déceptions, pour ne pas dire une frustration, car ce plan du réseau routier ne contient pas du tout de vision globale de la mobilité. Nous aurions par exemple aimé qu'il y ait un développement harmonieux des aménagements routiers, du réseau des transports publics et, surtout, d'un réseau de P+R qui corresponde vraiment à la réalité. Or il n'y a aucune vision de complémentarité des transports dans ce plan du réseau routier. D'ailleurs, la définition de la notion de complémentarité varie fortement entre la gauche et la droite. A droite, c'est transports publics et transports privés; à gauche, c'est vélos, vélos électriques, Mouettes genevoises et trams. Il existe donc plusieurs façons de concevoir la complémentarité.

Dans ce plan du réseau routier, on ne parle que de perspectives à très moyen, voire très long terme; on nous promet des constructions de routes d'ici à 2030, comme l'a relevé le rapporteur de majorité, ce qui n'est pas acceptable pour nous. A aucun moment, ce plan ne prévoit de véritables réalisations, de véritables programmes d'amélioration du réseau routier. Les radicaux sont d'accord avec les éléments d'amélioration du réseau routier qui sont mis en avant dans ce plan, mais il n'est question que de perspectives à terme. Nous, ce que nous voulons, c'est le démarrage des travaux. Il y a dix ans, concernant le projet «Circulation 2000», qui devait contenir la traversée de la rade, on a vu que le Conseil d'Etat n'est pas allé de l'avant. Nous demandons donc, dans ce plan du réseau routier, que démarrent les travaux de la traversée de Vésenaz, du contournement de Chancy et de la traversée du lac. Il n'y a rien de révolutionnaire, nous n'avons rien inventé ! Les radicaux demandent une vision raisonnable; il ne s'agit pas de construire dans le canton des routes à tire-larigot, comme l'a dit la rapporteuse de minorité, mais quelques aménagements, et je crois qu'il faut fixer les échéances de début des travaux. Nous avons donc déposé en commission un amendement visant à fixer le démarrage des travaux dans ce plan du réseau routier.

Le groupe radical a ressenti une grande déception à la lecture de ce plan du Conseil d'Etat et, finalement, nous préférons ne pas avoir de plan plutôt que d'en avoir un qui donne simplement de vagues idées pour 2030... Nous vous proposons donc de renvoyer cette copie au gouvernement. Il s'agit simplement d'indiquer dans le rapport, Monsieur Cramer, que l'on veut que les travaux démarrent ! La liaison entre le Grand-Saconnex et la place des Nations par la route des Nations, fixez-la dans ce plan, s'il vous plaît ! Ne dites pas simplement que tel ouvrage va être réalisé en 2020... Non, ça ne va pas, nous ne pouvons pas nous contenter de cela !

Mme Elisabeth Chatelain (S). En préambule, j'aimerais remercier le rapporteur de majorité de n'avoir pas intégré dans son rapport les noms d'oiseaux qui ont volé lors de la discussion sur ce rapport du Conseil d'Etat et cette proposition de résolution. Cela aurait certainement pimenté nos débats, mais la situation est suffisamment difficile dans le domaine des transports pour ne pas en rajouter une couche.

La discussion a effectivement été très tendue autour de ce rapport et de cette résolution car, à mon avis, elle focalise des conceptions très différentes que nous pouvons avoir sur les transports à Genève. M. Jeannerat a notamment donné l'exemple de l'interprétation qui peut être faite sur le libre choix du mode de transport.

Pour essayer de comprendre et de situer la problématique, j'aimerais effectuer un petit retour en arrière. S'agissant du passé, nous avons des regrets, des rancoeurs, et cela dans tous les camps. Des rails de tram ont été enlevés; à Champel, le viaduc routier sur l'Arve, qui aurait poursuivi le contournement et aurait ensuite été prolongé par une traversée de la rade, n'a pas été réalisé; la traversée de la rade, du lac ou de je ne sais quoi n'est toujours pas actuelle; le compromis du parking sous la place Neuve, pourtant durement négocié - qui avait amené de part et d'autre des avancées intéressantes et qui aurait eu comme conséquence la piétonisation du quartier - n'a pas été accepté lors de son vote par les citoyens de la Ville de Genève, qui ont décidé que ce n'était pas adéquat. En revanche, l'article 160A de la constitution, qui préconise la liberté du choix du mode de transport, a été, lui, adopté et il est largement interprété en faveur de la voiture.

En ce qui concerne le présent, ce n'est, à notre avis, pas du tout une option intéressante que de renvoyer cette proposition de résolution au Conseil d'Etat, qui, à ma connaissance, n'est pas tout à fait monocolore - c'est un rapport du Conseil d'Etat dans son ensemble - en l'invitant à tout reprendre et à accélérer les choses, sans, bien évidemment, lui donner les moyens, ni financiers ni opérationnels, et en lui demandant de construire au plus vite des routes. Il y a quelques exemples: la route des Nations, l'évitement du village de Chancy, une tranchée couverte à Vésenaz, un pont ou un tunnel pour traverser le lac, à quoi on a aussi ajouté quelques parkings P+R avant d'inscrire, à la toute fin, presque en caractères plus petits, un saupoudrage de mobilité douce pour s'attirer les bonnes grâces des extrémistes d'en face.

D'ailleurs, tout cela, le Conseil d'Etat le prévoit dans son plan directeur. Tous ces projets de routes sont programmés, mais à des échéances qui ne conviennent pas à la majorité de la commission. Il faut le rappeler - et Mme Flamand l'a dit tout à l'heure - les échéances annoncées dans ce plan directeur concernent la mise en oeuvre de ces projets routiers, et non la date de démarrage. C'est ce que vous aimeriez, mais cela ne changerait rien du tout ! Là, le plan directeur indique donc à quel moment ces projets routiers seraient opérationnels. Alors veut-on vraiment renvoyer cette proposition de résolution au Conseil d'Etat, alors que celui-ci cherche à endiguer le flux de voitures ? Car si l'on augmente la capacité du réseau routier, il est évident qu'on encourage les voitures à venir encore plus nombreuses.

On nous parle régulièrement d'une demande très élevée des automobilistes. Peut-être ! Mais il faut croire que ce réseau ne fonctionne pas si mal, puisqu'on voit que le nombre de personnes et de voitures qui entrent en ville quotidiennement - avec, souvent d'ailleurs, une seule personne par véhicule - est très élevé. Il faut donc en conclure que le réseau fonctionne encore très bien.

Quant à l'avenir, nous le concevons très différemment. Nous le voyons avec une limitation des différentes pollutions, afin, déjà, de respecter les normes fédérales sur l'air et sur le bruit. Rien que ça, ça pourrait être une bonne chose ! L'amélioration de la qualité de vie dans la région - on parle aussi de problèmes de santé, de stress - est pour nous un choix politique du monde de demain dans lequel nous voulons vivre. Et pour cela, je crois que, une fois pour toutes, nous devrions arriver à réfléchir ensemble sur la mobilité en général. Le parti socialiste n'est pas du tout opposé à la mobilité professionnelle ! Il souhaite en revanche que les pendulaires disposent d'autres solutions que la voiture pour venir sur leur lieu de travail. Et, pour cela, il faut des moyens de transport différents ou, du moins, envisager le covoiturage ou les P+R. On doit vraiment réfléchir au fait que les pendulaires ne doivent plus venir en ville en voiture, ni s'y garer. (Remarque de M. Gabriel Barrillier.) Comme le rappelle M. Barrillier - qui n'oublie jamais ce thème, et il a parfaitement raison - dans les transports publics, il y a aussi le CEVA, qui va pouvoir améliorer la mobilité dans la région.

Nous pensons aussi qu'une infrastructure routière ne doit pas être demandée en tant que telle. A quoi cela sert-il de créer une infrastructure routière, si l'on ne pense pas d'une manière beaucoup plus globale à l'aménagement du territoire et aux lieux où se situeront les logements, dont on a cruellement besoin, et les emplois ? Si une réflexion est vraiment menée d'une façon judicieuse, on pourrait envisager une infrastructure, pour autant, bien évidemment, que, dans d'autres endroits, on enregistre des baisses de trafic.

Nous devons aussi arriver à influencer - et c'est le rôle de tous les partis - les réflexions des gens, de tous ceux qui ont envie ou besoin de mobilité, pour qu'on puisse se poser les questions suivantes: quel est le moyen de déplacement le plus judicieux, si je veux aller d'un endroit A à un endroit B ? Suis-je chargé-e ? Ai-je vraiment besoin de la voiture pour parcourir deux kilomètres ? N'aurais-je pas besoin de faire un peu de sport - deux kilomètres à vélo, ce n'est pas énorme ? On doit pouvoir envisager ce genre de choses alors que, actuellement, la voiture est une évidence la plupart du temps, et elle ne rentre pas dans une réflexion.

Je souhaite lancer un appel à ceux qui désirent le développement de notre agglomération, une agglomération qui soit agréable pour toutes et tous: piétons, cyclistes - automobilistes aussi, lorsque c'est nécessaire - usagers des transports publics, habitants, commerçants et travailleurs. Les transports à Genève constituent un enjeu très difficile pour l'avenir, mais j'émets le voeu - est-ce que ce sera un voeu pieu ? - que l'on cesse les excès de part et d'autre et que l'on cherche ensemble une accalmie. C'est peut-être difficile en année électorale, mais on a le droit à la mobilité avec discernement, en bonne intelligence, et en prenant en considération tous les enjeux, comme la santé, la qualité de vie, l'économie, le besoin et l'envie de se déplacer, et pas toujours en voiture.

La proposition de résolution que nous devons voter aujourd'hui est donc, à notre avis, une provocation inutile et stérile, alors que nous devrions consacrer notre énergie à trouver des solutions différenciées. Dans le passé, la planification des transports était axée sur la demande du transport individuel motorisé. Nous devons maintenant être un peu plus habiles et négocier le passage à une planification des transports et de la mobilité centrée sur l'offre globale des transports, afin de pouvoir nous orienter vers une mobilité plus durable.

Je conclurai en disant que, bien évidemment, nous sommes totalement opposés au renvoi de ce plan directeur au Conseil d'Etat et que l'amendement proposé par les partis de droite ne met qu'un peu de rembourrage visant à adoucir la rudesse de l'amendement qui avait été déposé en commission. (Applaudissements.)

La présidente. Merci, Madame la députée. J'informe cette assemblée que l'Espagne gagne trois à zéro. (Exclamations.)

Mme Christiane Favre (L). Madame la présidente, permettez-moi de vous féliciter d'avance de ce brillant résultat !

Mesdames et Messieurs les députés, ce plan directeur du réseau routier est le premier du genre, comme l'a rappelé le rapporteur de minorité. De l'avis même du département, qui a fourni un énorme travail mais qui reste lucide, il souffre encore de ce défaut de jeunesse et est incomplet. Les députés l'ont donc vu comme un document perfectible, sur lequel ils ont porté un regard critique, à gauche comme à droite. A gauche, et bien que ce plan directeur comporte plusieurs projets d'amélioration des transports publics à court et moyen terme - dont deux très importants, le tram de Meyrin et celui de Bernex - on a regretté l'absence d'un plan de mobilité douce et d'un plan directeur de la mobilité; à droite, c'est l'absence de certains projets routiers. Ou, plus exactement, c'est l'éloignement de leurs échéances de réalisation que l'on a déploré.

Si l'amendement déposé par le groupe des Verts a été refusé en commission, nous avons ajouté une invite à nos propres amendements, afin de demander que ce plan directeur soit pourvu d'un chapitre relatif à la mobilité douce. Dans le cas où la majorité aurait été inversée, je ne suis pas sûre que nous aurions pu bénéficier d'un ajout consensuel du même type pour l'avancement des projets d'aménagements routiers. Mais toujours est-il que, si l'on demande aux députés d'entériner un plan directeur, on doit aussi leur donner la possibilité soit de participer à son élaboration à un stade à définir, soit de l'amender lorsqu'ils le découvrent en fin de parcours. Aussi je trouve assez déplacées les remarques de la rapporteure de minorité, qui déplore que l'on ose toucher à un document minutieux et que, ce faisant, on fasse des caprices d'automobilistes frustrés par les embouteillages...

Et écrire qu'un automobiliste bloqué dans le trafic ne l'est par rien d'autre qu'un autre automobiliste est d'une logique inébranlable ! Mais c'est comme de dire qu'un quidam patientant deux ans sur la liste d'attente de son régisseur pour avoir un appartement n'est bloqué par rien d'autre qu'un autre pauvre type qui attend un appartement ! (Rires.)

C'est probablement en suivant cette logique d'autruche que nous avons oublié de construire des immeubles et que, en exportant nos problèmes de logement, nous avons importé nos problèmes de transport. Mais, aujourd'hui, ce n'est pas en traitant les automobilistes avec mépris et en repoussant certains projets routiers aux calendes grecques que nous arriverons à résoudre les difficultés. La mobilité à Genève n'est pas qu'une affaire de citadins qui vivent sur une ligne de bus ou qui peuvent aller au travail à vélo. Nous devons travailler sur la complémentarité, sur des projets de trams collecteurs, mais aussi d'aménagements routiers et de parkings en périphérie, et cela avec la même rapidité. Les invites de la proposition de résolution n'ont pas d'autre but, et le groupe libéral suivra bien évidemment les recommandations de son rapporteur de majorité en renvoyant ce plan directeur au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

M. François Gillet (PDC). Le plan directeur du réseau routier est un document essentiel pour que nous puissions, à l'avenir, régler au mieux les problèmes de mobilité de ce canton. C'est un document que nous avons pris au sérieux, que nous avons examiné dans le détail, et nous avons considéré qu'il n'allait pas assez loin au niveau des priorités qu'il mettait en avant par rapport à certaines réalisations essentielles liées à la mobilité privée. Nous pensons en outre que ce plan directeur doit être équilibré.

Concernant certaines remarques qui ont été formulées tout à l'heure, la proposition de résolution qui vous sera soumise ce soir ou demain ne renie pas du tout les transports collectifs, pas plus qu'elle n'y fait allusion de façon cosmétique. Il faut quand même rappeler un point essentiel, c'est que les partis qui soutiennent cette résolution n'ont pas demandé qu'on recule dans le plan directeur les priorités liées notamment à l'extension du réseau de trams. Parmi les priorités à court terme contenues dans ce plan directeur, on trouve le TCMC, et nous continuons à penser qu'il est essentiel d'avancer sur ce projet, tout comme nous estimons qu'il est important de progresser sur celui du TCOB. Ces points relatifs aux transports collectifs figurent donc déjà dans le plan directeur, et nous ne nions pas qu'il est important d'aller également dans ce sens.

Simplement, la majeure partie des groupes considère que ce plan est déséquilibré et qu'il s'agit de revoir un certain nombre de priorités. Cela ne signifie pas aller systématiquement dans le sens de la voiture, mais être cohérent par rapport à certains projets importants pour l'aménagement de ce canton. Lorsque nous demandons par exemple de faire passer dans les actions à court terme les réalisations routières liées aux Communaux d'Ambilly ou à la jonction autoroutière de la Milice, nous parlons de projets d'urbanisme qui vont se réaliser à brève échéance et pour lesquels il est essentiel de prévoir des connections routières et autoroutières. Cela fait partie du sens des responsabilités que nous devons avoir en tant que membres d'un parlement comme le nôtre. Lorsque nous proposons, dans l'amendement qui vous sera soumis tout à l'heure, de réaliser à brève échéance la route des Nations, ce n'est pas simplement pour construire une route de plus - qui est importante - mais aussi parce que l'extension du réseau de trams dans ce secteur est liée à la réalisation de cette route.

Mesdames et Messieurs les députés, c'est donc dans une optique de complémentarité des moyens de transport que nous faisons ces propositions, et non pas uniquement pour défendre ce que certains appellent le lobby automobile. Je crois qu'il était important de préciser ces points.

Le groupe démocrate-chrétien s'était opposé en commission au vote de la proposition de résolution dans sa version initiale. Nous considérions que le texte de cette résolution pouvait paraître excessif à l'endroit d'un plan directeur qui, lui aussi, était excessivement timide au niveau des réalisations liées au transport privé. Nous pensions donc qu'il était important qu'apparaisse de façon plus nette dans cette résolution la nécessaire complémentarité des moyens de transport et jugions qu'il était essentiel de voir plus clairement le lien existant entre les demandes de modification de priorités et certains projets essentiels pour Genève. C'est la raison pour laquelle notre groupe, puis l'ensemble de ceux qui soutiennent cette résolution, a décidé de vous soumettre ce soir ou peut-être demain les projets d'amendements, que nous espérons que vous accepterez.

Mesdames et Messieurs les députés, le groupe démocrate-chrétien vous engage donc, dans une optique de complémentarité des moyens de transport, à adopter la proposition de résolution amendée telle qu'elle vous est proposée. (Applaudissements.)

M. Eric Stauffer (MCG). Je ne comprends pas mon collègue Jeannerat, qui déclare que ce rapport... Mais ce dernier est très bon, Monsieur Jeannerat ! Il est très bon pour un Conseil d'Etat qui ne veut rien faire, et qui cherche à noyer le poisson et à mettre un emplâtre sur une jambe de bois ! Donc il est excellent, ce rapport ! Et il rentre parfaitement dans cette logique... On sait très bien que l'emploi du temps de notre conseiller d'Etat est très chargé, alors, finalement, c'est un très bon rapport, compte tenu du temps qu'il a pu lui consacrer !

Soyons un peu sérieux. Par rapport à ce plan directeur du réseau routier, je tiens à remercier ma collègue socialiste - mais oui ! - d'avoir mis le doigt sur la question des pendulaires - vous avez encore quelques problèmes avec le mot «frontaliers», mais ça viendra, vous verrez ! - qui pose effectivement un gros problème pour Genève. En outre, les véhicules étrangers échappent à toute forme de taxe ou de contrainte que le canton de Genève pourrait édicter. Alors on peut continuer à construire des routes et à bétonner, pour le grand malheur de nos amis écologistes, mais je pense que la solution n'est pas seulement là. Et nous sommes nous aussi contre le fait de bétonner à outrance. Il y a donc une certaine complémentarité à trouver. Et là, puisque notre conseiller d'Etat Robert Cramer nous fait la joie de... (L'orateur bafouille.) Excusez-moi, j'en perds même mon latin, vous voyez, Monsieur le conseiller d'Etat ! On n'a tellement pas l'habitude de vous voir ici, puisque vous êtes occupé à Berne ! (Exclamations.) Ce que je voulais dire, c'est que c'est là où l'on vous attend, dans ce plan directeur du réseau routier, et - comme l'a relevé mon collègue Jeannerat - avec plus de détermination, moins de timidité. Et, surtout, nous souhaitons que vous invitiez nos amis français à construire des parkings-relais chez eux !

Monsieur Cramer - ou le gouvernement - vous avez répondu aujourd'hui à une interpellation urgente écrite du MCG, rédigée suite à un article qui avait été publié dans un quotidien de la place et concernant cette nouvelle taxe écologique que vous voulez appliquer aux véhicules genevois. Vous indiquez dans votre réponse à cette IUE 583 - que tout le monde peut trouver sur le site internet du Grand Conseil - que le quotidien s'est trompé, qu'il ne s'agissait pas d'une taxe écologique mais d'une taxation écologique. Vous m'expliquerez la nuance ! La question posée dans cette IUE, qui rentre donc parfaitement dans le sujet que nous traitons aujourd'hui, était la suivante: «Le Conseil d'Etat, dans l'élaboration d'une nouvelle - encore une ! - "taxe écologique", entend-il taxer une fois encore les seuls résidents genevois, ou va-t-il finalement taxer les véhicules des dizaines de milliers de frontaliers qui, quotidiennement, arrivent en voiture à Genève ?» Ce à quoi vous avez répondu, Monsieur le conseiller d'Etat: «Les véhicules frontaliers provenant d'autres cantons ou d'Europe ne sont bien sûr pas concernés par l'impôt cantonal genevois sur les voitures de tourisme.» Et c'est tout le problème ! On peut se creuser la tête pendant des mois et des années, mais tant que nous n'aurons pas trouvé une solution ou un compromis avec nos amis français, pour que ceux qui travaillent à Genève laissent leur voiture du côté français et prennent les transports publics genevois - qui d'ailleurs sont financés aussi par les contributions des Genevois - on ne pourra pas régler le problème de la mobilité.

J'aimerais également vous rappeler qu'il y a eu jadis une votation populaire. On nous a demandé - à nous, pouvoir législatif, et au gouvernement - d'établir une complémentarité entre transports publics et privés. J'ai un peu l'impression - mais je pense que ce n'est qu'une impression, on aura certainement mal lu le dossier ! - que les Verts et les socialistes veulent aller beaucoup trop loin dans ce déséquilibre consistant à ne créer que des transports publics au détriment du transport privé. Or ce n'est pas respecter la volonté démocratique - qui vous est chère, comme à nous tous, j'en suis sûr - qui est d'instaurer cette complémentarité à Genève.

Pour toutes ces bonnes raisons, Mesdames et Messieurs les députés, nous allons renvoyer cette excellente copie au Conseil d'Etat pour qu'il nous rédige, cette fois, un vrai plan. Nous pensons qu'il s'agissait juste d'un essai, afin de voir notre réaction à cette façon légère de traiter ce problème qui touche tous les Genevois, surtout ceux qui habitent en périphérie, dans les campagnes, et qui se voient chaque matin envahis par des dizaines de milliers de véhicules sur des petites routes de campagne... Le MCG va donc renvoyer cette proposition de résolution au Conseil d'Etat. Et, en tant que signataires - avec d'autres partis - de cet amendement, nous vous demandons de le soutenir sans réserve.

M. Antoine Bertschy (UDC). Commençons par le positif: je crois que ce plan directeur a le mérite de faire un état des lieux de la circulation à Genève. Mais si un tel plan doit amener autre chose qu'un simple état des lieux, il doit suggérer des solutions. Certes, il en propose quelques-unes, mais je crois qu'elles ont déjà été longuement discutées dans la république, parfois pendant des décennies, et il me semble qu'il n'y a aucune vision à long terme dans ce plan directeur.

Prenons deux ou trois exemples: la traversée de la rade dont on nous parle, cela fait cinquante ans qu'on en discute; la traversée de Meyrin, trente ans; et celle de Vésenaz, vingt ans. A notre sens, avoir des projets à long terme, ce n'est pas remettre les projets actuels à plus tard, mais réaliser les projets anciens tout de suite et amener sur la table les nouveaux, afin qu'on les examine.

Je crois qu'il existe un autre problème dans ce plan directeur, c'est le manque de concertation avec les communes. Dans le rapport, on peut voir qui a été consulté, et les communes ne l'ont absolument pas été. J'ai vu un plan directeur communal contenant un chapitre relatif à la circulation dans lequel il y avait largement plus de propositions au niveau d'une seule commune qu'il n'y en a dans ce plan directeur cantonal ! Je trouve cela assez triste et me demande si le travail a vraiment été fait en profondeur.

Concernant l'amendement, le groupe UDC l'a signé. Je crois qu'il constitue pour le Conseil d'Etat une base de travail qui lui sera utile au moment où on lui aura retourné ce rapport. Je tiens à souligner le point 3 de cet amendement, qui demande une meilleure articulation entre les trois plans directeurs, c'est-à-dire transports collectifs, réseau routier et stationnement. En effet, on ne peut pas traiter les choses indépendamment les unes des autres, car tout s'imbrique, et il ne sert donc strictement à rien d'élaborer des plans directeurs une fois à gauche, une fois à droite et une fois au centre, sans qu'il y ait de concertation réelle et qu'une direction soit bien définie.

En conséquence, le groupe UDC vous invite à voter l'amendement sur cette proposition de résolution et à renvoyer le rapport au Conseil d'Etat.

M. Hugo Zbinden (Ve). Les Verts regrettent que la mobilité douce soit traitée d'une manière marginale dans ce plan directeur...

Une voix. Nous aussi, c'est pour cela que nous avons déposé un amendement !

M. Hugo Zbinden. ...Très bien ! En effet, cela montre que la mobilité douce n'est pas encore prise au sérieux à Genève et qu'on ne reconnaît pas le potentiel énorme qu'elle représente. Vous vous plaignez qu'on ne construit pas les routes assez vite, mais, s'agissant de la mobilité douce, il n'y a aucun objectif chiffré dans ce plan directeur, aucun projet particulier n'y est mentionné. C'est pourquoi nous insistons pour que ce plan directeur de la mobilité douce soit élaboré.

Pour revenir à l'amendement proposé par l'Entente dans la proposition de résolution, sur le fond, le moins qu'on puisse dire, c'est que vous n'avez pas beaucoup de patience... Vous êtes un peu comme des petits enfants qui veulent avoir tout, tout de suite ! Et ce qui nous dérange davantage, c'est la manière de travailler. En effet, il est un peu trop facile de balayer d'une main une étude, parce qu'on n'est pas d'accord avec ses conclusions, et d'en demander une autre !

Permettez-moi de vous expliquer cette démarche idiote avec un exemple de la vie quotidienne. Supposons que vous invitiez pour le week-end tous vos amis chez vous. Vous allez réfléchir à ce que vous voulez cuisiner et dresser soigneusement une liste d'achats pour aller à la Migros... (Brouhaha.) ...et une fois arrivés au supermarché, mettez votre liste d'achats à la poubelle et demandez à vos enfants de remplir le caddie... Qu'allez-vous y trouver ? Plein de choses inutiles ! Le repas ne sera surtout pas équilibré ni sain, et ça va vous coûter un saladier ! (Rires.) Vous l'aurez compris, Mesdames et Messieurs les députés, nous refuserons ce repas que l'Entente veut nous faire avaler et vous proposons de voter l'amendement des Verts. (Applaudissements.)

La présidente. Merci, Monsieur le député. Il reste encore trois personnes inscrites. Je passe la parole à M. Deneys, puis nous terminerons l'examen de ce point demain.

M. Roger Deneys (S). Je ne compte pas être très long pour parler de cette proposition de résolution et de ce rapport. J'ai été très perplexe devant l'analyse de ce plan directeur qu'ont faite les partis de droite et je m'étonne fondamentalement de l'amendement qui nous est présenté. J'ai l'impression que les députés ont parfois tendance à confondre leur fonction politique avec leurs compétences professionnelles. Ici, dans cette salle, Mesdames et Messieurs les députés de droite, où sont les experts en circulation ? Où sont les experts en mobilité ? Experts qui ont décidé de demander au Conseil d'Etat de présenter une nouvelle version du plan directeur du réseau routier intégrant notamment, je lis: «en lien avec l'adoption par le Grand Conseil de divers textes y relatifs, l'étude du financement et du tracé du contournement Est de Genève (incluant la traversée du lac) ainsi que le démarrage des travaux de la tranchée couverte de Vésenaz et de la reconstruction de la passerelle routière des Vernets»... Ben voyons, voilà un choix tout à fait logique ! Il faut la traversée du lac, il faut Vésenaz, et aussi la passerelle des Vernets... Il manque encore le trottoir en bas de chez moi et le parking souterrain pour ma voiture ! C'est vraiment une liste prise dans un catalogue ! C'est un catalogue de «La Redoute de la circulation routière» ! On prend deux ou trois éléments et on se dit que cela doit rentrer dans le paquet. En plus, ça fait joli avant les élections !

Cela ne m'étonne évidemment pas du parti démocrate-chrétien, qui brasse beaucoup d'air, comme d'habitude - même si on en manque ce soir, ce que je regrette - mais, de la part des autres partis qui se prétendent être actifs dans le domaine de la mobilité, je ne trouve cela vraiment pas sérieux ! Aujourd'hui, à Genève, en 2008, alors que nous sommes au XXIe siècle et que nous connaissons les problèmes mondiaux liés au trafic automobile, comment peut-on affirmer que la priorité est de développer un réseau routier dans le canton de Genève, et même dans la région genevoise, qui est déjà particulièrement bien dotée en réseaux routiers ?! A quoi cela sert-il ? Est-ce que notre ville va s'agrandir ? Est-ce que nos rues vont s'élargir parce qu'on sait que la mobilité va s'accroître ? Ce sont tout simplement des solutions surréalistes ! On a un phénomène, pourtant très simple, d'entonnoir: vous pouvez faire venir jusqu'en ville toutes les voitures que vous voulez, mais il n'est pas possible de les faire rentrer ! Vous ne pouvez pas ! C'est impossible ! La bouteille est petite ! Ne versez pas cinquante litres dans une bouteille d'un litre, ça va déborder ! Vous n'y arriverez pas !

Une voix. On n'a jamais dit ça !

M. Roger Deneys. Mais c'est ce que vous demandez ! Vous réclamez des routes... (Protestations.) Malheureusement, c'est ce que vous dites ! Vous faites des propositions qui sont un catalogue à la Prévert et, sous prétexte de faire croire que vous êtes en faveur de la mobilité douce, vous déclarez qu'il faut construire des P+R, mais vous ne parlez pas du réseau de trams qui va avec ! D'ailleurs, j'aimerais relever le fait qu'il est question d'un plan directeur du réseau routier, et qu'un tel réseau sert aussi à faire circuler des transports publics ! En l'occurrence, il y a à nouveau un mélange des genres à différentes échelles et ce sont des solutions ringardes et dépassées, dont la droite genevoise a le secret, qui nous sont proposées. Je vous invite donc à refuser cet amendement. (Applaudissements.)

La présidente. Merci, Monsieur Deneys. Comme je vous l'ai dit, Mesdames et Messieurs les députés, nous arrêtons là nos travaux. Nous reprendrons ce point demain, après les comptes. Il y aura certainement d'autres prises de parole, notamment sur les amendements puisque ceux-ci n'ont pas encore été beaucoup discutés. Bonne nuit et à demain, à 8h précises !

Fin du débat: Session 10 (juin 2008) - Séance 56 du 27.06.2008