République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 1024
Hommage aux conseillers d'Etat sortants

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous prie de regagner vos places, la séance reprend. (Un instant s'écoule.) Mesdames et Messieurs, veuillez regagner vos places, s'il vous plaît ! Nous poursuivons avec le RD 1024, et je vous rappelle que chaque groupe dispose de cinq minutes pour l'ensemble des hommages. Avant de commencer les festivités, je vous annonce encore que la séance de ce soir débutera à 20h30.

Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers d'Etat sortants, chers amis, aujourd'hui le temps est venu de prendre congé de vous. En ce jour, l'essentiel à retenir est sans nul doute l'égard et le respect que nous vous devons face à l'accomplissement de vos responsabilités d'élus au sein du gouvernement. Aujourd'hui, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise, je tiens à vous rendre hommage car, que vous soyez encensés ou critiqués, finalement peu importe. Le peuple élit, le peuple apprécie, le peuple défait. C'est pour certaines une réalité difficile tandis que, pour d'autres, c'est l'échéance inéluctable des mandats qui est référence. Le Grand Conseil est reconnaissant pour votre engagement et l'accomplissement de vos devoirs. Vous avez accompli votre mission avec foi, certainement, mais en tous les cas avec certitude et détermination, avec conviction et dévouement. Nous vous en sommes immanquablement redevables. Au sein du pouvoir exécutif, vous avez en tout temps oeuvré pour le respect des institutions. Parfois contre vents et marées, mais en tous les cas avec abnégation et conviction pour le total bénéfice de la communauté, ce qui est louable et essentiel. Le désintéressement personnel, vous l'avez consenti infailliblement sur la valeur du bien supérieur, pour le bien de toutes et tous, pour le bien de la république. Alors au diable les jugements, au diable les maladresses, au diable les critiques, et ayons l'obligeance de vous dire simplement merci.

En tout honneur, Monsieur Beer, votre éducation - c'est le cas de le dire - votre érudition et vos qualités présidentielles sont marquées par vos aptitudes oratoires, vos envolées lyriques, vos bons mots et bien entendu vos caricatures, qui font de vous un homme politique de premier rang. Vous avez tracé le cheminement d'un homme d'Etat dont Genève se souviendra. Les amateurs de culture, les sportifs, les élèves et les étudiants de notre canton vous doivent une fière chandelle. Les cahiers au feu, le président au milieu !

A vous, Madame Künzler, emberlificotée contre votre gré dans les tourbillons de la mobilité. Votre acronyme TPG vous sied à ravir: «Trop Problématique Gageure». Pourtant, ce n'est certes pas votre force de travail ni votre engagement qui ont fait défaut pour transporter dans l'enthousiasme ou au contraire dans la contradiction non seulement les passagers, mais aussi les grandes envolées des députés de la commission des transports. Vous avez probablement - et nous le vérifierons certainement bientôt - eu le tort d'avoir raison trop tôt.

Madame Rochat, avec la triple casquette de policière, de gestionnaire de l'emploi et de femme de solidarité, vous avez sans relâche mis au «garde-à-vous» bien des hommes. Vous avez ensuite défié les statistiques du chômage et les emplois. Vous avez maintenu ouvertes les portes de la Genève solidaire et internationale et fermées celles des prisons. Vous avez lutté dans des environnements où parfois les sables mouvants vous ont aspirée, mettant à mal votre force de conviction et vos valeurs humaines et humanistes que nous regretterons.

Alors là, Monsieur Hiler, c'est naturellement toute une histoire. C'est sans compter, argent comptant, que la destinée d'argentier de la république a éclairé les travées de cet hémicycle. De vous, nous garderons le souvenir d'exercices budgétaires et comptables discutables et âprement discutés, mais finalement approuvés. Votre faculté avérée de tordre votre mouchoir, de discourir sans retenue et de sortir en pleine conversation pour une dose de nicotine ne vous a pas empêché d'argumenter brillamment, permettant aux avis opposés de converger.

Les langues de trottoirs diront: «Un-gère et l'autre soigne» ! Bel esprit, bien entendu, pour un homme d'économie et de santé. L'urgentiste de la république au chevet des entreprises et des malades ausculte les HUG et l'économie, secourt les primes d'assurance-maladie, l'horlogerie et les nouvelles technologies sans ménagement. Pierre-François Unger, moustachu et imperturbable, PFU pour les intimes, personnifie le nouveau poumon de Genève. Il n'aura plus de pfu... de pfu-mée, le «bellâtre», mais bien des cordes à sa guitare.

Alors, bonne route à vous cinq et, comme on dit à Genève pour les amis: adieu ! (Applaudissements.) Comme le veut la tradition, Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers d'Etat sortants, je vais vous remettre à vous aussi un stylo souvenir ! (Rires. Le président descend de l'estrade et remet à chaque conseiller d'Etat sortant un stylo souvenir.)

Mme Sophie Forster Carbonnier (Ve). Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, c'est avec beaucoup d'émotion que le groupe des Verts prend aujourd'hui congé de cinq de nos conseillers d'Etat. Notre émotion est d'autant plus grande que deux conseillères d'Etat n'ont pas choisi cette retraite forcée et qu'il est triste de voir deux femmes courageuses devoir quitter le gouvernement - et cela même si nous ne partagions pas la vision politique de Mme Rochat.

Si vous le permettez, Monsieur le président, je donnerai tout à l'heure la parole à la présidente des Verts, Mme Emilie Flamand-Lew, qui s'adressera plus particulièrement à notre conseillère d'Etat Michèle Künzler.

Pour ma part, je voudrais saluer tout d'abord Mme Rochat et MM. Beer et Unger. Leur rendre hommage en une seule intervention tient de la gageure tant leur personnalité et leur manière de travailler sont différentes. Cependant, comme dans la nature, cette biodiversité a enrichi notre biotope politique et permis la réalisation de beaux projets. Cette dernière année de législature aura aussi démontré que l'habit présidentiel n'était pas trop grand pour M. Charles Beer et qu'il convenait bien à sa stature.

Maintenant, permettez-moi de m'adresser plus particulièrement à notre grand argentier, David Hiler, qui a décidé il y a quelques mois de ne pas briguer un troisième mandat. Même si les Verts ont compris et respecté son choix, cette nouvelle nous a attristés. A l'heure des au revoir, même si notre conseiller d'Etat ne fut pas le plus assidu lors de nos séances du Grand Conseil ou de caucus... (Exclamations.) ...c'est avec une grande émotion que nous le voyons quitter le gouvernement. La vivacité intellectuelle de notre ministre en a souvent imposé. Nous autres, simples pékins, devions souvent ramer vite et fort pour suivre le fil de ses réflexions. De plus, David a la capacité de lire un texte à une vitesse supersonique, ce qui déroute passablement le Vert de base, plus accoutumé à pratiquer la mobilité douce. (Rires.) En plus de sa grande clairvoyance en matière de finances publiques, je voudrais encore souligner la grande capacité d'écoute dont a su faire preuve David Hiler au cours de son mandat, tant à l'égard d'adversaires politiques qu'avec les partenaires sociaux. Il a toujours pensé qu'un projet pouvait être amélioré si on écoutait véritablement ses partenaires de discussion, et je pense que ce fut là l'une de ses grandes forces au gouvernement. Au nom des Verts, je tiens donc à te remercier vivement, David, pour ces huit années passées à bien gérer les finances de l'Etat dans une perspective de durabilité. Ton travail est source de grande fierté pour nous les Verts.

Comme le temps m'est compté, je voudrais maintenant passer la parole - si vous le permettez, Monsieur le président - à Mme la présidente Emilie Flamand-Lew. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Très volontiers. Madame Flamand-Lew, vous avez la parole.

Mme Emilie Flamand-Lew (Ve). Monsieur le président, si vous le permettez, je m'adresserai donc directement à notre conseillère d'Etat Michèle Künzler.

Chère Michèle, je n'ai pas envie de m'appesantir ici sur les circonstances qui ont mené à ton départ, sur l'ingratitude de l'engagement politique et le bal des faux-culs - pour citer un illustre collègue - qui a suivi le 6 octobre. Comme tu es battante et fidèle à tes convictions, je suis persuadée que tu sauras rebondir et que tu continueras à défendre tes valeurs, nos valeurs communes, dans d'autres cadres.

Pour te rendre hommage ce soir, je vais emprunter les mots d'un guitariste moustachu - qui n'a jamais siégé au Conseil d'Etat - et évoquer brièvement ta mauvaise réputation.

Atypique, tu l'es, certainement, dans un monde politique où la roublardise et la tactique sont souvent la norme.

Tout le monde t'a montrée du doigt, sauf les manchots, ça va de soi.

Parmi les critiques qui t'étaient faites, on retrouvait surtout des qualificatifs habituellement flatteurs, précédés du mot «trop»: «trop honnête», «trop transparente», «trop loyale».

Tout le monde a médit de toi, sauf les muets, ça va de soi.

En assumant les aléas d'un nouveau réseau TPG voulu par l'ensemble de ce parlement, tu t'es attiré les foudres de la population et de la classe politique, trop heureuse d'échapper à ses responsabilités.

Tout le monde s'est rué sur toi, sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.

Après cet épisode, que tu te démènes ou restes coite, tu passais pour une je-ne-sais-quoi. Tu ne faisais pourtant de tort à personne en suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome.

«Mais les braves gens n'aiment pas que

L'on suive une autre route qu'eux

Non, les braves gens n'aiment pas que

L'on suive une autre route qu'eux.» (Applaudissements.)

Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC). Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers d'Etat, au nom du groupe démocrate-chrétien, je tiens à exprimer, l'un après l'autre, nos émotions, nos sentiments et notre respect.

Madame Isabel Rochat, les démocrates-chrétiens saluent tout particulièrement votre humanisme, votre élégance, votre volonté, tous ces talents dont vous avez fait preuve au service de l'intérêt général, d'abord à la commune de Thônex, puis au canton. Chargée de départements particulièrement exposés et confrontée à des interlocuteurs d'extrême mauvaise foi, Madame Rochat, vous avez suscité notre grand respect et notre haute considération pour votre dignité et votre courage face à l'adversité. Ce que nous vous souhaitons, ce sont des vents doux et bienveillants qui vous poussent vers les satisfactions qui vous attendent et que vous méritez tant. Merci, Madame, pour ce que vous avez fait pour Genève.

Madame Michèle Künzler, le groupe démocrate-chrétien souhaite saluer votre engagement pour Genève, notamment en matière de mobilité douce. Votre compétence dans ce thème, votre détermination et votre insistance à convaincre cette assemblée - parfois tellement irrespectueuse à votre égard - de votre vision d'avenir pour Genève n'ont vraiment pas été payées en retour. Ce n'est pas juste, et c'est avec beaucoup de respect et de considération pour votre courage que nous vous disons - pardonnez-moi, Monsieur le président, je vous plagie: «Vous avez eu raison trop tôt, Madame !» Et ce que nous vous souhaitons aujourd'hui, c'est une route particulièrement aimable, agréable et semée de roses.

Monsieur Charles Beer, le parti démocrate-chrétien salue avec reconnaissance dix ans de réformes engagées tel un mouvement perpétuel au service de l'éducation, la formation, l'égalité des chances, le sport et la culture par un conseiller d'Etat de grande envergure, convaincant, passionné et passionnant... surtout lorsque vous développez votre argumentation avec l'abondance d'une encyclopédie en plusieurs tomes ! Merci de tout coeur de ce que vous avez construit pour la jeunesse genevoise, avec un sens du consensus et un esprit rassembleur que nous saluons tout particulièrement.

Monsieur David Hiler, le parti démocrate-chrétien salue en vous avec beaucoup de respect ce fameux géant Vert qui a eu des délicatesses de dentelière pour présenter des budgets complexes à une commission des finances obsessionnelle en matière d'économies publiques et à une assemblée plénière parfois animée de contradictions. Bravo pour votre remarquable efficacité au service de Genève et votre talent de grand argentier, qui restera une véritable référence dans nos mémoires.

Monsieur Pierre-François Unger, le groupe démocrate-chrétien vous rend hommage pour douze ans de fierté pour la démocratie chrétienne, que vous avez incarnée comme un grand homme d'Etat. Nous tenons à relever vos talents de négociateur hors pair, votre capacité à rassembler les plus improbables interlocuteurs, votre défense inlassable des entreprises de l'économie genevoise par des simplifications de procédures, votre sens particulièrement grand du développement de l'innovation, ainsi que votre bataille permanente contre les réserves abusives des assurances-maladie. Vous avez été un brillant président du Conseil d'Etat en 2006 et 2012, un visionnaire en matière de santé publique et un précurseur avec la loi sur la santé, la loi sur les soins à domicile ainsi que celle sur l'intégration des personnes handicapées. Vous êtes un vrai talent par votre rapidité de compréhension et d'intervention, que beaucoup vous envient, vous jalousent même parfois ! Mais au grand homme d'Etat que vous êtes nous avons envie de dire: bravo, merci et surtout à bientôt ! (Applaudissements.)

Mme Christina Meissner (UDC). Monsieur David Hiler, comme l'UDC, vous avez toujours voulu un budget équilibré. L'UDC reconnaît vos efforts pour le travail accompli, un bon travail, agrémenté d'une sacrée pointe de créativité. Vous faites partie d'une génération de Verts non dogmatiques qui ont marqué le Conseil d'Etat. Vous nous avez montré vos talents d'explorateur, avec la proposition d'une fiscalité d'entreprise unifiée à 13%. Vous n'avez même pas hésité, tel un Indiana Jones intrépide, à emprunter des pistes étonnantes - que dis-je ! - détonantes de la part d'un Vert, en allant jusqu'à attirer depuis la jungle financière à haut risque les hedge funds tant décriés pour alimenter nos finances. Les trous du budget vous ont bien occupé, nous ont bien occupés, mais vous êtes parvenu à les combler en 2014 enfin... en fin de législature. Mais à quel prix ! Le prix, c'est la dette qui augmente de quelques milliards encore. Et puisque vous êtes ministre des finances, nous sommes certains que cette dette en augmentation vous tourmente. Nous ne pouvons vous laisser partir sans vous donner un coup de pouce bien mérité. Nous avons donc trouvé de quoi résorber cette dette et même de quoi vous offrir une petite enveloppe bien méritée. Voici cent mille milliards de dollars... (L'oratrice remet à M. David Hiler un billet de banque fictif.) ...pour effacer l'ardoise et un petit milliard pour voyager autour du monde, renouer avec l'histoire ailleurs et certainement ensuite ici car, avant d'être notre grand argentier, c'est l'histoire qui vous occupait. L'UDC vous prendrait bien comme conseiller... pour que les rêves ne restent pas en rade.

Monsieur Charles Beer, vous avez su montrer une grande indépendance. Vous avez personnifié le fait qu'un conseiller d'Etat n'est plus au service de son parti mais de la république. Vous avez totalement respecté la volonté populaire en mettant en oeuvre les réformes attendues par le peuple, mais que vous n'auriez peut-être pas initiées vous-même. Ce qui vous vaut une très bonne note de la part de l'UDC.

Monsieur Pierre-François Unger, on dit qu'un bon manager, c'est celui qui sait déléguer afin de rester, lui, toujours libre et disponible. A croire ce que d'autres disent, vous avez parfaitement réussi ! Sans doute les urgences hospitalières vous ont-elles appris le métier. Mais quand il a fallu monter au front - comme avec les primes d'assurance-maladie payées en trop par les Genevois - vous avez su mener le combat. Du côté de l'économie, je me souviens surtout de la catastrophe du départ de Merck Serono. Vous n'avez pas ménagé vos efforts pour que le site devienne un pôle de biotechnologie, comme le demandait d'ailleurs une motion UDC que vous aviez du reste saluée. A notre tour de vous saluer pour le travail accompli.

Je terminerai par les femmes, mais non parce qu'elles viennent ensuite; au contraire, ce sont les femmes de ce gouvernement qui, dès le début, ont accepté de relever les défis. Dès lors, comme dans tous les discours officiels, c'est leur importance qui fait que j'en parle en dernier.

Madame Isabel Rochat, jusqu'à présent et depuis de nombreuses années, quoi qu'on en pense, vous êtes la seule à avoir dans un délai de deux ans augmenté la capacité pénitentiaire, avec Cento Rapido. C'est sous votre direction qu'a été créée la Brigade anti-criminalité, l'outil le plus efficace actuellement pour lutter contre la petite criminalité qui pourrit la vie des Genevois. Ces policiers sont sur le terrain, au coeur de l'action. La réforme de la police était un dossier gigantesque, et c'est grâce au travail que vous avez initié que votre successeur peut agir aujourd'hui. Enfin, nous n'oublions pas que vous avez signé l'acte le plus fort en matière d'aménagement du territoire urbain en signant la convention avec la Confédération, qui permettra de libérer le premier site stratégique du PAV - je parle bien entendu de la caserne des Vernets. Grâce à vous, le terrain est aujourd'hui dégagé pour que d'autres puissent y construire les logements tant attendus par les Genevois. A vous le travail de fond, à d'autres la gloire. Parce que d'autres ont le verbe plus leste, tout cela est passé inaperçu, et nous nous devions de le rappeler, chère Isabel, pour que ces actes fondateurs ne soient pas oubliés.

Madame Michèle Künzler, vous êtes tellement nature qu'il était naturel de vous retrouver chargée de la nature. Malheureusement, en politique, l'honnêteté ne paie pas ! Pas facile d'être chargée de la viticulture quand on préfère la tisane. Pas facile de s'occuper du réseau routier quand on prend le bus tous les matins. Pas facile de se retrouver à la tour Baudet quand on préfère les potagers urbains. La guérilla urbaine qu'on vous a menée était bien cruelle, et je regrette, à titre personnel, que celle-ci ait occulté l'immense travail mené pour la nature en ville. C'est vous qui avez porté la loi sur la biodiversité, c'est vous qui avez fait aboutir le concept de l'environnement, c'est vous qui avez fait oeuvre de pionnière pour remettre la nature au centre. Puisse celui qui vous succède ne pas l'oublier. Bien au-delà du potager urbain ou de quelque plantation d'arbres les pieds dans le bitume, c'est bien de l'espace vital ô combien malmené de l'être humain dont vous vous êtes souciée tout au long de votre mandat. Puisse votre successeur parvenir à maintenir cette nature au coeur des préoccupations - comme vous avez su le faire - et ne pas tuer notre infini. Le vôtre s'ouvre, incertain, mais vous êtes pleine de ressources et retrouverez sans doute la grande force dans votre jardin, un potager urbain, peut-être même celui que j'ai proposé tout près de chez vous. Que vous soyez conseillère d'Etat ou pas, on l'inaugurera ensemble, chère voisine, chère amie de la nature. Merci pour elle et merci à vous tous, Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, au nom de l'UDC.

Messieurs, vous avez bien mérité en cadeau un nounours et, Mesdames, un petit quelque chose de plus que je vous laisse découvrir dans un instant. (Applaudissements.)

M. Pierre Vanek (EAG). Il y a un proverbe latin qui dit: «De mortuis nihil nisi bonum.» Ce qui signifie qu'on ne doit dire que du bien des morts. Bien sûr, vous n'êtes pas morts, Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat sortants, mais vous arrivez au terme de votre... pas forcément de votre vie politique - on est bien placés pour savoir qu'on peut renaître politiquement après avoir été au Conseil d'Etat - mais au moins d'une vie politique. Ce proverbe s'applique donc d'une certaine façon.

Mais me demander de dire du bien du Conseil d'Etat ou même d'un conseiller d'Etat sortant - vous me connaissez, Mesdames et Messieurs, certains depuis longtemps (Rires.) - c'est un peu difficile. D'ailleurs, je m'exprime là officiellement au nom d'un parti qui est un parti antigouvernemental, un parti d'opposition, un parti de résistance à la politique dominante de la droite et de l'extrême-droite... (Exclamations.) ...un parti qui estime... (Quelques applaudissements.) ...que le Conseil d'Etat va et a été obligé de mener une politique de casse écologique et sociale à laquelle on ne peut souscrire. J'ai donc de la peine à en dire du bien. Je ne devrais donc rien dire. Que reste-t-il alors des deux minutes que je m'étais engagé à tenir ? Il reste, Mesdames et Messieurs, une minute de silence. (Rires.) Je me suis demandé à quoi dédier cette minute de silence et me suis finalement résolu à vous la proposer en mémoire d'un des événements les plus marquants sur la scène économique et sociale genevoise du règne des conseillers d'Etat sortants - conseillers, conseillères, excusez-moi ! Ça a déjà été évoqué mais pas forcément dans le même sens: je parle des plus de 1 200 postes de travail supprimés à Merck Serono par une multinationale qui venait d'augmenter de 20% son dividende. Pointons du doigt ces licenciements et cette suppression d'emplois, la faiblesse de la protection des travailleurs contre les licenciements dans ce pays d'un côté, et celle d'une politique économique cantonale de l'autre, qui se limite pour l'essentiel à accorder des rabais fiscaux, attirant ainsi des multinationales et des sociétés de négoce - mais nous en avons déjà débattu lors d'une dernière session. Cette minute de silence, c'est 60 secondes. Chacune de ces secondes représente 20 licenciements et 20 emplois supprimés. Je vous propose donc cette minute de silence maintenant. (Brouhaha.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Roger Deneys.

M. Pierre Vanek. Ah, mais j'ai encore une minute, Monsieur. (Commentaires.) Du moins quarante-cinq secondes.

Le président. La parole est à M. Roger Deneys, s'il vous plaît.

M. Pierre Vanek. Alors si vous refusez cette minute de silence - ce que je trouve dommage, Monsieur le président - je la reprends. (Exclamations. Rires.) Je la reprends pour la meubler. (Commentaires.)

Une voix. Trop tard ! (Remarque.)

M. Pierre Vanek. Ce n'est pas grave. J'aimerais dire que je déplore cela. On n'était pas obligé d'avoir la même lecture que moi de cet événement, mais je pense quand même qu'il méritait qu'on y réfléchisse une minute dans cette enceinte. Je n'avais pas l'illusion que j'allais faire partager mes idées sur cette question au sein de tous les bancs de la droite, ou même de l'extrême-droite... (Commentaires.) ...ou même forcément de la gauche, mais je pensais qu'il était opportun, à l'occasion de quelque chose qui est un bilan d'une législature, de consacrer à un événement aussi important quelques secondes de réflexion. Juste quelques secondes de réflexion. Je regrette, Monsieur le président, que vous n'ayez pas accepté de jouer ce jeu-là. C'est dommage, j'en prends acte.

Pour le surplus et à titre purement personnel évidemment, je souhaite aux conseillères et conseillers d'Etat sortants, aux hommes et aux femmes qui sont assis sur ce banc, une fin... une poursuite, disons - ne filons pas trop la métaphore - de leurs aventures personnelles, politiques, cas échéant professionnelles, la plus heureuse possible. (Quelques applaudissements.)

M. Roger Deneys (S). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, chère Isabel, chère Michèle, cher Pierre-François, cher David, siéger au Grand Conseil, c'est la politique, mais c'est aussi l'humain. C'est aussi le rapport humain, avec des magistrats chargés de hautes fonctions qui s'investissent jour après jour pour essayer de faire avancer Genève. Cette tâche est difficile et, au-delà des choix politiques qu'on partage ou non, c'est toujours l'occasion de rencontrer des personnes belles, riches et intéressantes. Ce qui me fascine aussi toujours dans la politique, c'est que ce n'est pas seulement le conseiller ou la conseillère d'Etat, c'est aussi toutes les personnes qui sont autour, à savoir les services, les fonctionnaires qui travaillent avec les conseillères et conseillers d'Etat, toute une équipe qui oeuvre au bien de Genève, avec une vision de la politique, avec une vision du rapport avec les députés, avec une vision de l'engagement public. Je dois toutes et tous vous remercier pour cela. Je n'ai pas toujours partagé vos points de vue, mais j'ai toujours apprécié la façon dont vous défendiez vos choix, vos options, vos opinions. Nous devons toutes et tous en être reconnaissants, parce que la démocratie, au-delà de nos divergences politiques, c'est aussi la façon d'exprimer nos choix, nos valeurs et la façon dont on conteste les arguments des autres. Dans ce sens-là, nous pouvons être vraiment fiers et reconnaissants de votre travail. Je tiens à vous dire merci et évidemment bonne chance pour la suite, parce que la vie ne s'arrête heureusement pas à la politique.

Et puis bien entendu, ces paroles s'adressent aussi à Charles Beer. Cher Charles, en tant que conseiller d'Etat socialiste, tu mérites évidemment quelques mots de plus. Je voudrais évoquer ton brillant parcours au Conseil d'Etat en treize priorités subjectives.

Il faut tout d'abord rappeler que tu as été élu en 2003 lors d'une élection partielle. Et à l'époque, tu as brillamment battu le nouveau président de la République ! Je crois que nous devons toutes et tous, comme socialistes, en être fiers. Ce n'est pas un événement anodin. Or cette élection brillante a été suivie assez rapidement d'une petite fausse note, ce qui fut assez difficile. Il s'agissait de l'école primaire et des notes, une votation célèbre où certains conservateurs ont absolument voulu remettre des notes à l'école, parce qu'ils pensaient qu'on ne pouvait pas évaluer les élèves autrement qu'avec des moyennes, comme au XIXe siècle. Ma foi, ils ont triomphé. Mais ensuite - et c'est surtout ça qui est important - tu as quand même su faire un parcours presque sans fausses notes. Après ce petit événement initial, tu as su tant bien que mal naviguer dans une vision progressiste. Ceci malgré les écueils, malgré les conservateurs, malgré les coupes budgétaires, malgré ce Grand Conseil, malgré les mouvements qui parfois expriment de façon quérulente des oppositions. Nous devons en être fiers.

Parmi ces réformes, il faut ensuite saluer celle du cycle d'orientation face à une initiative où tu as su garantir la diversité des filières et la diversité des possibilités de formation. Il y a bien entendu aussi le réseau d'enseignement prioritaire (REP). A l'école primaire et au cycle, tu as su faire reconnaître la nécessité de mettre l'accent sur des quartiers particuliers, sur des établissements scolaires particuliers, pour donner davantage de moyens, parce que les problèmes étaient réels et qu'il devait y avoir un effort supplémentaire à faire dans ces lieux. C'est là quelque chose de très important pour les socialistes. Citons également les questions du postobligatoire, de l'apprentissage, de l'université et des hautes écoles, où le succès ne se dément pas année après année. Ces filières sont reconnues, même si elles sont encore sujettes à des critiques et des observations - on sait d'ailleurs que certains en font un fonds de commerce électoral... il y en a marre, marre, marre ! Mais en réalité, ces établissements ont su se développer avec succès et des résultats toujours plus satisfaisants.

Puis, il y a un événement extraordinaire dans ce parcours au Conseil d'Etat, c'est la reprise non seulement de la culture, mais aussi du sport ! La reprise du sport au DCTI, c'est un changement majeur de politique cantonale du sport ! A l'époque, le Conseil d'Etat ne faisait absolument rien. A part inaugurer l'Eurofoot, il ne se passait rien au niveau de la politique cantonale du sport. Et là - on a pu le voir encore récemment - c'est tout le développement des filières sport-études, la reconnaissance des moyens à accorder aux jeunes qui sont à la fois dans le monde de la compétition sportive et celui de l'éducation. Avec un volet particulier qui m'est aussi cher qu'à toi, soit le hockey sur glace, bien entendu. Et je suis sûr qu'il connaîtra encore un développement ces prochaines années.

En dehors de l'éducation, il y a aussi tout ce qui concerne la cohésion sociale, comme la fondation genevoise pour l'animation socioculturelle (FASe), les centres de loisirs et les maisons de quartiers où, dans un environnement assez hostile à la participation citoyenne, tu as su maintenir ces instruments de cohésion sociale, les développer et leur assurer une stabilité qu'on ne leur connaissait pas à l'époque. Certes, toutes ces évolutions et tous ces progrès ont été faits dans un contexte budgétairement difficile - ma foi, peut-être que sur les rangs socialistes ou plus à gauche, on aurait parfois espéré qu'il y ait plus de moyens - mais tu as ma foi fait avec les moyens du bord.

Ton succès s'est surtout concrétisé - ce sera ma neuvième priorité subjective - avec le progrès de Genève dans les tests PISA - non, PISA ne s'écrit pas avec deux «z». Genève a progressé, et on peut dire que l'école genevoise est sortie vainqueur de ces dix dernières années, où on mettait en concurrence les cantons au prétexte que les résultats n'étaient pas bons, alors qu'en fait, la réalité socio-économique genevoise n'est pas la même que celle d'autres cantons.

Le président. Il faudrait conclure, Monsieur le député.

M. Roger Deneys. J'arrive au terme de mon éloge subjectif. Ces derniers mois, j'ai aussi pu voir à quel point tu avais remarquablement accompli ta tâche au Conseil d'Etat. C'était surtout impressionnant à la commission des finances, où on voyait à quel point la droite était prête à t'écouter et te suivre chaque fois que tu faisais une proposition. Tu dépassais donc la stature d'un grand homme socialiste pour réellement endosser celle d'un grand conseiller d'Etat, et je crois que nous devons en être fiers.

Ma dernière évocation concerne ton amour immodéré des adverbes, qui m'a toujours impressionné dans tes discours. Je rêverais évidemment d'avoir la même éloquence. Merci, Charles, au nom de tout le groupe socialiste. (Applaudissements.)

Le président. Je salue à la tribune de nombreux anciens collègues: Mme Martine Brunschwig Graf, ancienne conseillère d'Etat... (Applaudissements.)... Mme Liliane Maury-Pasquier, conseillère aux Etats... (Applaudissements.) ...Mme Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat élue... (Applaudissements.) ...Mme Adler et M. Limpo. (Applaudissements.)

Je passe la parole à M. le député Renaud Gautier.

Une voix. Ah, enfin !

M. Renaud Gautier (PLR). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, dans l'exercice compliqué auquel je vais tenter de me livrer, il me faut au départ poser deux prémisses. Première prémisse: l'aimable président de notre Grand Conseil est bien le descendant de la Mère Royaume, car nul autre qu'un vrai calviniste ne saurait offrir que cinq minutes pour prendre congé de cinq conseillers d'Etat ! Calcul fait, ils ont rempli leur fonction pendant 14 235 jours cumulés, ce qui me laisse très exactement, au vu du temps accordé, 0,00035 minute par jour. Seul un vrai calviniste peut être aussi inquiet du temps des remerciements.

Deuxième prémisse: les propos qui suivent sont parfaitement «épicènes»; si je dis «je», je peux dire aussi «le PLR», et lorsque je dirai «conseiller d'Etat», il doit être entendu aussi bien «conseillère d'Etat» que Charles, Pierre-François, David, Michèle ou Isabel.

Devant faire cette laudatio pour cinq, j'ai cherché un dénominateur commun. Pas facile. Si ce n'est les remerciements qui leur sont dus. Mais quel est le sens étymologique des remerciements ? Dans toutes les civilisations, ils marquent la reconnaissance pour ce qui est fait. On les a d'ailleurs souvent galvaudés, mais quand le merci est absent, la personne ne se sent pas reconnue ni appréciée pour ce qu'elle a accompli, quelle que soit la valeur de ce qui a été fait. C'est une marque sociale ritualisée de reconnaissance. On pourra digresser longtemps pour savoir si ce qui a été fait est suffisant ou insuffisant, nécessaire ou pas, mais l'on ne pourra pas dire que rien n'a été fait.

Vous avez été sous le feu des médias, ce xième pouvoir qui prétend faire et défaire les rois. En outre, entre votre pouvoir et notre pouvoir, nous avons été les meilleurs ennemis du monde ! Et c'est bien ainsi ! Cela ne peut évidemment que favoriser la découverte de l'autre et, j'aime à le penser, devrait induire le respect de l'autre.

Mesdames les conseillères d'Etat, ne désespérez pas ! Je vous offre volontiers la phrase suivante de Voltaire: «Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !»

La politique est souvent cruelle. Mais elle est parfois inique lorsque le reniement provient des siens et non pas de ses adversaires. Il vous faudra, pendant un moment que j'espère le plus bref possible, vivre avec cela et vous rappeler que, au-delà de cette sanction, il reste ce que vous avez entrepris. Et, contrairement à ceux qui vous ont jugées, vous avez entrepris. J'en suis convaincu: à un moment ou à un autre, l'histoire vous rendra justice.

Sur une note plus légère, Messieurs les conseillers d'Etat, discuter avec l'un d'entre vous aussi bien de Ritaline que de littérature, avec un autre - et je pèse ses mots - du racket des assurances-maladie, constitua des moments de plaisir. Ils ont permis la construction de la connaissance de l'autre, et donc du respect. Et je serais presque tenté de dire, Monsieur le président, de l'amitié !

Je ne saurais terminer sans parler de celui avec lequel j'ai passé le plus de temps. A la petite école du mercredi... (Exclamations.) ...sous les pampilles et le regard sévère de vieux messieurs s'occupant du droit humanitaire. Un homme dont je dirais que la capacité d'écoute ou d'entendre est à l'égal de sa stature: impressionnante. Mon excellent camarade Edouard Cuendet se rappelle d'ailleurs, lors de la première séance, dudit conseiller d'Etat. Un homme - dirais-je - de médiation et pas un homme de compromis, et la différence n'est pas banale.

A chacun et chacune d'entre vous, de vrais remerciements pour votre engagement pour Genève, les voeux d'une vie un peu plus calme, et le plaisir de vous retrouver bientôt pour un café sur une terrasse. Pour parler du bon vieux temps !

Quant à nous, Mesdames et Messieurs, un grand travail, une lourde tâche nous attend: il y a cinq nouveaux à qui il va falloir très vite apprendre... comment cela se passe dans cette salle ! (Rires. Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je salue à nouveau à la tribune nos anciens collègues MM. Poggia et Hodgers, conseillers d'Etat élus. (Applaudissements.) La parole est à M. le député Jean-Marie Voumard.

M. Jean-Marie Voumard (MCG). Il y a fort, fort longtemps, un ogre vert... Ah non, je me suis trompé, ce texte est l'histoire que je dois lire à mon fils demain ! (Rires.) Je disais donc qu'il y a fort, fort longtemps, Genève était gouverné par les seigneurs Künzler, Rochat-er - excusez-moi, Isabel, c'est pour la rime ! - Unger, Beer et Hiler, flanqués de deux autres notables au nom bizarre pour l'époque, Longchamp et Maudet. Les décisions prises à l'encontre du peuple par ces personnes ne furent pas toujours bien perçues... Aussi naquit un jour le MCG, le Mouvement des Compagnons Genevois. Des discussions houleuses eurent alors lieu entre les maîtres et ce mouvement, qui fit d'ailleurs son entrée dans la cour du roi. Lors des joutes politiques organisées, on assista à des batailles verbales assidues mais cependant toujours constructives. Un jeu fut même inventé, le lancer du verre d'eau, mais il fut vite abandonné, le puits se trouvant à un kilomètre du château...

Malheureusement, le temps nécessaire à imaginer un dénouement à cet écrit m'a manqué. Cependant, si vous désirez connaître la fin, il paraît que les éditions Slatkine publieront la suite en l'an 2058 !

Vous le savez, il n'est pas dans les habitudes du MCG de rendre hommage à des conseillères et conseillers d'Etat sortants...

Une voix. On verra dans quatre ans ! (Rires.)

M. Jean-Marie Voumard. ...néanmoins, ce jour, ce sont de grandes personnes - environ deux mètres pour M. Hiler ! - qui quittent le gouvernement genevois. Nous nous permettons ainsi de déroger à la règle. Le MCG vous souhaite, à vous, Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat sortants, de trouver dans vos activités futures sérénité et épanouissement. (Applaudissements.)

Mme Marie-Thérèse Engelberts (MCG). Je voudrais m'adresser ce soir exclusivement aux deux conseillères d'Etat, parce qu'il s'agit d'un hommage particulier à leur rendre. Vous savez que j'aime beaucoup René Char, qui a écrit «iris, ma fleur de gravité» en parlant de la femme. Lorsque celle-ci déployait son foulard, c'est un arc-en-ciel qui apparaissait. Je crois que nous ferions tous bien de nous rappeler cela, de nous rappeler l'élégance d'esprit de l'une et de l'autre, l'élégance du coeur, mais aussi la pugnacité de Michèle Künzler, la ténacité, l'émotion à fleur de peau à certains moments, tant elle y croyait. Et ça, c'est fantastique ! La même chose pour Isabel Rochat, avec plus de rondeur quelquefois, mais aussi avec tellement d'émotion, parce qu'elle y a cru. Je voudrais dire qu'au départ, nos deux conseillères d'Etat ont dû créer leur espace, elles ont dû prendre ce qu'on leur a laissé. Qu'est-ce que c'est lourd, les héritages ! Je crois que nous, députés, l'avons parfois oublié. Vous savez, la vieille maison de famille dont on dit qu'elle est extraordinaire mais qu'on doit retaper pendant vingt-cinq ans, et j'en passe et des meilleures. Vous, Messieurs les conseillers d'Etat, vous avez été dans l'ensemble peu généreux au départ. Peut-être un peu plus après, en déléguant chaque fois ce qui était quasiment le plus difficile à faire, la quadrature du cercle. Entre le social, l'emploi, l'économie, la mobilité, enfin tout ce dont chaque citoyen fait sa journée. On ne fait pas sa journée de la politique extérieure du canton, non. Les affaires internationales, non plus. La prison, la sécurité, un peu, bien sûr. Mais quand même, l'urbanisme, ce n'est pas... Le logement, ça nous importe. L'urbanisme, c'est déjà un peu plus lointain. Messieurs du Grand Conseil, pour un hommage vraiment personnel, pour une reconnaissance à ces dames, qui ont su nous donner des arcs-en-ciel durant toute cette législature, je vous demanderai de vous lever et de les applaudir. (L'assemblée se lève et applaudit.)

Le président. Merci, Madame la députée. Je pense que les conseillers d'Etat voudront prendre la parole. Qui commence ? Il faudrait appuyer sur les boutons dans l'ordre dans lequel vous souhaitez parler, pour que je puisse vous passer la parole. Madame Künzler, c'est à vous.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, c'est évidemment avec passablement d'émotion que je parle ce soir, puisque j'ai siégé dans cette salle pendant vingt-deux ans. D'abord comme conseillère municipale, puis comme députée et maintenant comme conseillère d'Etat. C'est vrai que je suis peut-être un peu particulière, un peu pugnace - mais je ne le regrette pas, on ne va pas se refaire. Je suis peut-être aussi un peu trop visionnaire. Comme on l'a dit, j'ai eu raison trop tôt. Alors j'aimerais vous emmener dans un pays un peu plus lointain, en 2025. En 2025, le CEVA sera inauguré. Les trams pour lesquels vous avez voté vendredi dernier seront inaugurés, ils traverseront la frontière. La gare de Cornavin sera agrandie en souterrain, les nouveaux Cheneviers seront construits, le programme d'environnement sera établi - vous l'avez encore voté tout à l'heure - toute la renaturation sera faite, mais aussi tout l'assainissement des eaux usées, on verra les premiers écoquartiers à Meyrin, aux Cherpines... tout ça a commencé maintenant. Et enfin... (L'oratrice est gagnée par l'émotion.) ...c'est toujours un peu dur d'être la première ! Ce qui est vraiment important et me tient à coeur, c'est ces améliorations essentielles de Genève pour ses habitants. En tout cas, j'ai eu du plaisir à travailler avec vous. Comme dirait Edith Piaf, je ne regrette rien, ni le mal qu'on m'a fait, ni le bien. J'aimerais remercier aussi les gens, que ce soient mes collaborateurs ou les personnes qui ont travaillé ici au Grand Conseil. Non, je ne regrette rien. Merci pour ce que ça m'a apporté. Merci. (L'assemblée se lève et applaudit.)

Mme Isabel Rochat, conseillère d'Etat. On va laisser les femmes ensemble ! Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues d'aujourd'hui et de demain, voilà effectivement le moment où je m'adresse à vous pour la dernière fois en tant que conseillère d'Etat. Oui, je fais mes adieux à la scène politique genevoise. De la tristesse, certainement. Tristesse à l'idée de quitter le gouvernement après quatre ans. Quatre ans d'un engagement sans failles, un engagement de tous les instants. Quatre ans pendant lesquels je me suis battue chaque jour pour défendre des valeurs auxquelles je crois profondément et pour porter des projets importants pour Genève. A l'heure où je vous quitte, j'aimerais rapidement partager avec vous quelques réflexions, quelques convictions. Tout d'abord, l'importance de défendre une certaine continuité. Notre rôle - à nous tous - de responsables politiques n'est pas de nous profiler bruyamment en héros ou en sauveurs, mais d'assurer la solidité, la stabilité, la continuité, et ainsi permettre de fédérer toutes ces belles énergies qui contribuent à notre bien-être, à la prospérité et au rayonnement de notre canton. Aujourd'hui, il est temps de nous rappeler plus que jamais que nous sommes au service de la population genevoise. Au-delà de nos appartenances, gardons toujours à l'esprit l'ampleur des défis qui nous attendent, qui vous attendent. Au-delà d'une quelconque doctrine partisane, souvenons-nous que l'intérêt général de la population genevoise primera toujours et doit toujours primer sur la politique politicienne. Il en va de la crédibilité du gouvernement et de nos institutions politiques. Préparons l'avenir en ne sacrifiant pas l'essentiel à l'urgent.

Le temps est venu de vous dire merci. Merci à celles et ceux qui m'ont accordé leur confiance il y a quatre ans en m'élisant au Conseil d'Etat, à celles et ceux qui me sont restés fidèles et m'ont réitéré leur confiance. Ce fut un réel privilège et un honneur de participer à la destinée d'un canton que j'aime profondément. J'aimerais ici remercier mes collègues du gouvernement avec qui j'ai travaillé dans un esprit de respect mutuel, de loyauté, et même - disons-le - d'amitié. Ce soir, ma reconnaissance toute particulière va bien sûr à mes collaborateurs et collaboratrices, sans l'engagement desquels je n'aurais jamais pu mener à bien la mission qui m'a été confiée. Mais aussi à toutes ces concitoyennes et tous ces concitoyens que j'ai rencontrés à l'occasion d'une visite, au détour d'une rue, sur un chemin de promenade ou un stand de campagne. Vous m'avez tant donné ! La connaissance de l'autre, l'émotion de la condition humaine. Après vingt ans d'engagement politique, je tourne la page. Je continuerai de m'engager d'une autre façon, mais toujours pour le bien public, de m'engager pour l'autre. De tout coeur, je souhaite bonne chance à tous les élus, que de grands défis attendent, avec toutefois - si vous le permettez - une pensée toute particulière pour mes deux colistiers, Pierre et François. (L'assemblée se lève et applaudit.)

M. Pierre-François Unger, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, c'est un peu de l'alpha et l'oméga qu'il convient de parler en ce moment. Il y a vingt ans très précisément, je m'apprêtais à voter mon premier budget comme député, et j'étais déjà avec M. Pierre Vanek. J'aurais presque pu être avec Michel Ducommun, qui avait dû renoncer compte tenu de l'inconstitutionnalité de son élection de l'époque. J'aurais également pu parler avec Christian Grobet - malheureusement retenu par un pépin de santé - puis, assez peu de temps après - puisque j'avais été réélu - avec Mmes Haller et Wenger. Ce qui montre à quel point l'ancrage dans notre histoire est important. Vous l'aurez observé lors de l'allocution de la personne de «A gauche toute !» ou «Encore plus à gauche toute !», je n'ai pas retenu... (Rires.) ...bref, quand M. Vanek a pris la parole, vous aurez observé qu'il n'a pas changé. (Rires.) C'est fondamental ! Et je vous en remercie. Car il est impossible de dessiner son avenir si on n'a pas sous les yeux son histoire. (Exclamations. Applaudissements.)

Pendant que nous pérorons, Mesdames et Messieurs, nous avons appris - par M. Guillebaud dans le cadre d'un séminaire organisé par Laurent Moutinot lors de ma première législature - que c'est durant ces vingt dernières années que se sont passées les trois plus grandes révolutions depuis le passage du paléolithique au néolithique. C'est pour ça que le repère historique d'il y a vingt ans est important. Je vous fais grâce des milliers et des milliers d'années, car c'était un peu long, cette affaire. Ça, c'est en vingt ans. Qu'est-ce qui s'est passé entre le paléolithique et le néolithique ? On est passés de la chasse à l'élevage, de la cueillette à l'agriculture, de la horde à l'Etat, et c'étaient des changements majeurs. Là en vingt ans, qu'est-ce qui s'est passé ? Trois révolutions totalement spectaculaires.

La première: la mondialisation, qui nous interroge chaque jour sur la manière à la fois de la vivre et de la maîtriser, mais aussi de ne pas l'interdire. En effet, quoi qu'on en dise, cette mondialisation a créé à peu près 350 millions d'emplois - dans des conditions certes parfois atroces suivant les pays - alors que le XXe en avait brisé pratiquement tout autant. Deuxième élément: la révolution biologique. Voilà vingt ans qu'on maîtrise la reproduction, voilà dix à douze ans qu'on maîtrise l'ADN. Et peut-être maîtrisera-t-on bientôt, avec les recherches qui seront faites ici et ailleurs, le système nerveux central. L'Homme peut-il se prendre pour Dieu, peut-il tout à coup créer le vivant à travers une manipulation du cerveau ? Ce sont des interrogations qui vous paraissent peut-être lointaines par rapport à ce qu'on fait, mais ce n'est pas le cas. Car la troisième de ces révolutions fantastiques, vous la connaissez tous: c'est celle du numérique. Le numérique qui nous permet de stocker une multitude de choses - autant de fausses que de justes, et il devient d'ailleurs très difficile de trier les unes et les autres. Mais il y a surtout le terrorisme de l'immédiateté, auquel ma collègue Mme Rochat faisait allusion. Ce terrorisme de l'urgence, on le constate tous les jours, qu'il s'agisse de Facebook, d'un blog ou même d'un journal. Et les journalistes présents ne m'en voudront pas de dire qu'ils sont pressés par ce terrorisme de l'immédiateté, qui fait que les dossiers sont moins fouillés, moins creusés et que l'information est donc plus difficile. Avec cela, Mesdames et Messieurs les députés, nous devons vivre. Il est donc fondamental que chacune et chacun de ceux qui sont dans cette salle - avec les valeurs différentes qu'il représente mais avec légitimité, parce que vous êtes tous des élus - puisse contribuer à la maîtrise, à l'organisation, à la démonstration de ce que l'on peut faire avec ces choses-là, sans le regretter.

Je ne vous cache pas qu'au cours de ces vingt ans de politique, j'aurai adoré l'altérité, le fait de ne pas être d'accord, adoré la capacité de construire un projet commun sur des valeurs très différentes, adoré les consensus, bien aimé les échecs de négociations menant à des majorités-minorités qui, chez nous, peuvent être tranchées par le peuple. Il s'agit là d'un bien dont on ne devrait jamais imaginer pouvoir se passer. Et enfin la pire des choses - quelqu'un d'autre a évoqué ça avant moi - à savoir les compromis, qui ne sont que des sortes de cimetières à ossements, où on ne met que ce qui n'importe à personne. Alors, Mesdames et Messieurs, poursuivez cette vie fantastique de la discussion, de l'altérité, de la recherche de solutions. Soyez aussi passionnés que peuvent l'être M. Vanek ou M. Stauffer dans d'autres circonstances, mais gardez à la fois le respect et le goût du débat plutôt que la haine de l'autre. Je vous remercie. (L'assemblée se lève et applaudit.)

M. David Hiler, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je pars avec l'impression que par chance ou pour toute autre raison, la politique m'a apporté tout ce que l'on pouvait en attendre, ce qui est relativement rare: un certain nombre de satisfactions et des résultats électoraux. D'ailleurs, en y réfléchissant et en vous écoutant tout à l'heure, je me disais que ça tenait probablement - en dehors de quelques qualités que je pouvais avoir - à deux choses: la première, c'est que j'ai toujours considéré que la politique était un rapport de force et qu'elle devait être traitée de cette manière-là. La seule façon de ne pas être déçu, c'est évidemment de ne pas se faire d'illusions. Je crois que cet élément est assez important lorsqu'on doit se protéger, en termes de personnalité publique, du faux pas qui peut vous mettre à terre de la façon la plus injuste et, dans notre société déchaînée, du lynchage médiatique. Que les personnes qui en ont été victimes l'aient mérité ou pas, soient mes amis ou pas, soient du même bord politique que moi ou pas, j'ai détesté ces déchaînements, je ne vous le cache pas. Ici et ailleurs. Ils ne m'ont pas touché, mais j'ai détesté voir des gens autour de moi se faire détruire de la sorte. J'ai vécu toute cette période avec une empathie, comme si ces vibrations me traversaient à leur tour. Mais voilà, on ne fait pas de politique pour s'amuser. J'ai donc poursuivi mon travail. La deuxième raison - et ça, j'aimerais le dire - c'est que contrairement à d'autres, j'ai toujours trouvé que le pouvoir était un danger pour celui qui l'exerce, et n'avait pas à être un but en soi. Je pense que c'est un endroit dangereux, et qu'il faut s'accompagner de précautions quand on y entre, parce qu'on peut non seulement faire du mal aux autres - ce qui est déjà assez grave en soi - mais aussi s'auto-détruire. Je ne sais pas s'il y a une addiction au pouvoir, c'est en tout cas une théorie qui existe et dont j'ai récemment entendu parler lors d'une conférence. Comme toute mon addiction va à la nicotine - ainsi que vous le savez, je n'ai pas d'autres addictions... (Rires.) ...celle-ci, comme vous l'avez constaté, ne m'a pas atteint, puisque je suis parti avant qu'on me le demande poliment. Je pense que ces deux éléments ont joué un rôle important.

Ce que je voudrais dire ici, c'est que la vie de magistrat amène des moments humains extrêmement forts, mais dans un cadre pratiquement exclusivement professionnel. J'ai connu de ces liens extrêmement forts à l'intérieur de notre Conseil, j'ai vécu ces instants avec des collaborateurs et collaboratrices de mon département, quel que soit leur rang. Depuis, comme mes dernières missions se sont achevées jeudi à 1h du matin en commission des finances, je commence à m'emplir de cette nostalgie et je vois la richesse de ces contacts. Dans le fond, c'est comme ça la vie, vous savez. Vous passez des temps extraordinaires au collège avec vos amis, et vous ne reverrez plus ces amis. Mais ça restera dans votre coeur jusqu'au bout, et c'est plutôt à ça que je pense.

Encore une chose: j'ai essayé - c'est ce que j'ai essayé de faire - de partir du principe que pour résoudre des problèmes, il fallait les mettre en lumière, proposer des solutions en les mettant en lumière - pas trois ans après, si possible - et engager les discussions. Aucun d'entre vous n'a finalement relevé ce qui me tient en réalité le plus à coeur dans toute cette affaire, à savoir le sauvetage des caisses de pension. Et cela m'a particulièrement tenu à coeur, surtout quand vous savez que 40 000 personnes peuvent se trouver dans une situation extrêmement difficile et qu'à la fin, ça va dépendre de vous. J'ai toujours pensé que l'opération à l'épaule que j'ai dû subir aussitôt que ce dossier était arrivé devait être une somatisation de cette période. Maintenant, Mesdames et Messieurs, je suis arrivé et j'ai dit au peuple genevois que je pensais pouvoir résoudre les 400 millions de déficit sans toucher aux prestations ni augmenter les impôts. Finalement, j'ai un peu dépassé le mandat, puisque j'ai baissé les impôts et très fortement augmenté les prestations. Enfin, mes collègues ont eu des centaines de millions à disposition pour des prestations nouvelles, des prestations de rattrapage, qu'il s'agisse d'EMS, de sécurité, de réformes ou d'investissements. Une partie de ces mesures ont d'ailleurs été plébiscitées par le peuple, et je m'en réjouis. Je pense que mon successeur devra peut-être se contenter de ce que j'avais annoncé en 2005, parce que les choses sont en train de devenir difficiles.

Enfin, j'aimerais dire une chose à certains d'entre vous qui ne l'ont sans doute pas compris, à gauche comme à droite. Le paradoxe de ma position depuis quelques années, c'est qu'au fond, comme être humain, comme militant, comme votant, comme tout ce que vous voulez, je suis bien sûr tout à fait ravi qu'on abolisse le secret bancaire. Je suis tout à fait ravi qu'il n'y ait plus qu'un taux d'impôt égal pour toutes les sociétés. Ce que j'ai fait, c'est simplement essayer d'en assumer le service après-vente - les 300 millions de recettes d'impôts perdus pour les seules banques - et éviter qu'un jour, 1 milliard ou 1,4 milliard de recettes soient perdus en trouvant des solutions, à défaut d'être très rémunératrices pour l'Etat, supportables ou au moins équitables. Je l'ai fait, et j'ai pensé plusieurs fois à un homme que j'admire beaucoup, Joschka Fischer. Je crois que c'est quelque chose dont on doit tous se rappeler. On ne gouverne pas pour s'amuser. On gouverne pour faire ce qu'on doit, et on doit le faire avec les gens. C'est donc une douce nostalgie que j'ai en moi avant de partir. Mais, après être passé d'un côté ou de l'autre, j'ai quand même fait dix-neuf budgets en tant que député et conseiller d'Etat. Il est un temps où il faut savoir passer la main. Qu'auraient en effet représenté quatre budgets de plus quand on en a déjà vu dix-neuf ? Merci. (L'assemblée se lève et applaudit.)

M. Charles Beer, président du Conseil d'Etat. Monsieur le président du Grand Conseil, Mesdames et Messieurs les députés, si vous me le permettez, j'aimerais en tout premier lieu vous exprimer ma très profonde reconnaissance pour le travail accompli, pour l'implication dans tous les dossiers que vous aurez respectivement présentés et que nous aurons défendus. Je souhaite également remercier Mme le Sautier, l'ensemble des membres du service du Grand Conseil, les huissiers et huissières - également du Conseil d'Etat et de la Chancellerie - le Conseil d'Etat et l'ensemble de mes collègues pour le travail accompli en une fin de législature particulière, puisqu'elle marque à la fois le départ de cinq d'entre nous, mais également et surtout l'entrée dans une nouvelle ère constitutionnelle que nos successeurs auront la tâche de développer et donc de matérialiser.

Ma très grande reconnaissance va également à l'ensemble des membres de la fonction publique, des secrétaires généraux et secrétaires générales en passant par les directions, mais également les collaboratrices et collaborateurs de terrain. Quelle que soit leur implication, quelle que soit leur fonction - parce que partout - et quelle que soit finalement leur occupation, ils sont indispensables au fonctionnement même s'ils ne sont pas directement attachés au front des prestations.

En mon nom et au nom du Conseil d'Etat, j'exprime aussi ma très grande reconnaissance aux communes, qui sont des partenaires souvent complexes mais toujours indispensables, et qui nous permettent de relever un certain nombre de défis auxquels nous sommes confrontés. Remerciements et reconnaissance également à l'ensemble de la société civile: je pense à nos partenaires, aux fondations, aux associations, aux représentants du personnel, aux syndicats, aux associations de parents - j'en passe et des meilleures - qui défendent tous un certain nombre d'intérêts mais qui, en s'exprimant, donnent à ce parlement et au gouvernement que nous avons incarné une matière et une légitimité pour agir, indispensables lorsque l'on entend trouver un équilibre dans l'exercice démocratique de la recherche de l'intérêt général.

En bref et ne voulant pas allonger particulièrement ce moment - puisque beaucoup de personnes nous attendent dans la cour - je voudrais simplement signaler que le travail à venir est particulièrement important, et je pense en ce moment à celles et ceux qui vont nous succéder.

Nous avons non seulement accompli un certain nombre de tâches, mais je mesure également celles que nous n'avons pas pu accomplir, ainsi que les manquements de notre action. A l'heure du départ, c'est principalement ce qui me marque aujourd'hui, à savoir ce que nous n'aurons pas su, ce que je n'aurai pas su réaliser. Alors je termine en disant sommairement que les défis sont simples: ils relèvent à la fois de notre capacité à pouvoir préserver l'équilibre intérieur entre croissance et développement - c'est-à-dire redistribution des fruits de la richesse - et de celle à gérer l'émergence d'une agglomération et un devenir international que la mondialisation pose aujourd'hui en d'autres termes. Je sais notre avenir assuré, l'avenir de ce gouvernement entre de bonnes mains. Pour terminer, j'aimerais remercier encore une fois particulièrement mes collaboratrices et collaborateurs, de même que toutes celles et tous ceux qui m'ont soutenu, ainsi que ma famille. Merci de votre attention. (L'assemblée se lève et applaudit.)