République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 14 mars 2008 à 17h
56e législature - 3e année - 6e session - 31e séance
RD 733
La présidente. Nous avons reçu de notre collègue, M. Pierre Kunz, sa lettre de démission de son mandat de député, avec effet à l'issue de cette séance. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir lire le courrier 2587.
La présidente. Il est pris acte de cette démission.
Mesdames et Messieurs les députés, M. Pierre Kunz a siégé au Grand Conseil pendant plus de dix ans, de 1993 à 1997, puis de 2001 à ce jour. Il a été élu sur la liste du parti radical en 1993, puis réélu en 1997, 2001 et 2005.
Il a siégé au sein de nombreuses commissions: ad hoc sur le personnel de l'Etat, affaires sociales, contrôle de gestion, droits de l'Homme, économie, énergie, finances, grâce, judiciaire et réexamen en matière de naturalisation.
A peine élu en 1993, il présida la commission de l'enseignement supérieur. Par la suite, il a également exercé la fonction de vice-président de la commission de contrôle de la Fondation de valorisation des actifs de la Banque cantonale de Genève et de celle des droits politiques.
Passionné par les caisses de pension, il est également l'auteur du projet de loi introduisant l'application des normes IPSAS au sein de l'Etat et de celui fixant au 1er janvier 2007 la mise en place d'un système de contrôle interne pour l'administration.
Nous formons tous nos voeux pour la suite de sa carrière politique et, conformément à son souhait, allons verser la contre-valeur du stylo souvenir à l'Association Emmaüs.
Monsieur le député, je vais quand même, comme à tous les autres, vous faire un gros mimi ! (Rires. Applaudissements. La présidente embrasse M. Pierre Kunz.)
Nous sommes au point 5b, RD 734...
Une voix. Les hommages !
La présidente. Oui, excusez-moi, il y a les hommages, vous avez raison ! J'ai été un peu perturbée...
M. Gabriel Barrillier (R). Chers collègues, après l'avoir fait pour Marie-Françoise de Tassigny et Hugues Hiltpold, il m'incombe maintenant de rendre hommage à mon ami Pierre Kunz. Dur, dur, parfois, d'être chef de groupe ! Pourtant, mon premier contact avec Pierre ne m'avait pas mis de très bonne humeur. (Rires.) Il avait quasiment déboulé dans mon bureau de la rue Bellot, à l'époque, pour m'expliquer comment il fallait résoudre la crise du logement et abaisser les coûts de la construction, à moi, le secrétaire du bâtiment ! Rien que ça ! Je lui avais rétorqué que les coûts de la construction étaient en grande partie déterminés par exemple par les salaires, lesquels étaient fixés par des conventions collectives de travail, par la paix sociale, bénéfique à l'ensemble de la société. A cela, il avait répondu que les compromis mous ne l'intéressaient pas beaucoup.
En politique, comme dans les relations sociales, il n'a jamais caché sa préférence pour les situations claires, où chacun entre dans la salle de négociations avec des idées précises, pouvant le cas échéant en ressortir avec un accord après une confrontation constructive.
Comme le relève Bernard Favre, ancien secrétaire général du parti radical, Pierre Kunz, je cite: «manie la plume comme un samouraï son sabre: le verbe aiguisé, tranchant, une lame de lumière qui ne dédaigne pas se fondre dans la mêlée pour trancher des têtes et soutenir ses frères.»
Si maintenant on considère son parcours politique et ses engagements dans la société, notamment culturels, je dois constater qu'il n'est pas le «tonton flingueur» que certains ont décrit. En réalité, on vient de le voir, Pierre est un homme sensible, capable d'accepter des compromis même en matière de finances publiques. (Commentaires. Rires.) Et je me souviendrai longtemps des passes d'armes et des coups de gueule au sein du caucus à la veille de chaque débat sur le budget... Ce qu'on a souffert !
Comme tout radical qui se respecte, Pierre a le sens de l'intérêt général, qui résulte d'un subtil équilibre entre le respect de la liberté individuelle et la nécessité, dans une collectivité, de donner un coup de pouce à celles et ceux qui ont moins de chance, sans ériger cette intervention en un droit automatique, qui peut démobiliser les individus. Et c'est vrai, dans maints dossiers sensibles, il a contribué à trouver des solutions valorisantes et respectueuses, autant pour la dignité des individus que pour l'utilisation parcimonieuse des deniers publics.
Pierre Kunz a décidé de quitter cette enceinte pour se mettre à disposition de la Constituante. Son expérience, son entregent, son esprit frondeur et son courage seront sans doute très utiles et d'un très grand apport pour jeter les bases d'une nouvelle constitution pour Genève.
Au nom du groupe, je te remercie, Pierre, d'avoir de temps en temps secoué les cocotiers et d'avoir été à l'origine de maintes propositions comme, par exemple, la motion qui a abouti à la réintroduction des notes à l'école. Je te souhaite bonne chance pour l'élection de la Constituante ! (Applaudissements.)
Mme Janine Hagmann (L). Permettez-moi, au nom du groupe libéral, de vous adresser quelques mots à l'occasion du départ de notre collègue. Pierre Kunz et moi-même avons fait un long chemin ensemble. Entrés tous deux au parlement en 1993, nous avons découvert l'arène politique, vécu ses moments de passion comme ses moments d'ennui, traversé différentes majorités - monocolore, multicolore - constaté la disparition d'un groupe trublion - remplacé par un autre, tout aussi trublion - et cela crée des liens.
Pierre a vite rejoint le groupe des ténors. Mais, têtu comme un âne gris et aimant les défis, il a annoncé haut et fort en 1997 qu'il n'accepterait pas de nouveau mandat s'il n'était pas élu dans les cinq premiers de sa liste. Arrivé en huitième position, il nous a tous soufflés. En effet, il a fait ce qu'il avait dit et a refusé son élection, pour prendre un congé sabbatique de quatre ans. C'est une preuve de sa forte personnalité, qui a souvent donné des sueurs froides à son chef de groupe: lorsque Pierre prend la parole, on retient son souffle, pour attendre la chute souvent radicalement opposée aux propos des préopinants de son groupe.
Cher Pierre, nous te l'avons déjà dit, tu aurais été reçu à bras ouverts dans notre parti, où tu aurais figuré d'ailleurs parmi la droite inflexible. Tu as tenu une ligne politique rigoureuse, osant même parfois contredire les tiens. Tu n'as jamais utilisé la langue de bois. De ce fait, tu n'as laissé personne indifférent. Avec un radical de ta trempe, des fiançailles sont faciles !
Tu nous quittes parce que tu t'intéresses à la Constituante. Je te comprends ! Ta vision de la chose publique, toi qui t'es toujours senti concerné par l'évolution de notre société, que tu aimerais influencer, te permettrait d'être un acteur efficace dans ce nouveau contrat.
Tu n'aimes pas subir, tu préfères agir. Nous regretterons ton engagement d'homme responsable, qui a toujours refusé un endettement trop lourd pour Genève. Nous regretterons également tes prises de position pas toujours politiquement correctes. Mais je suis sûre que nous allons aussi te manquer, car tu aimes les débats. Tu m'as dit que tu n'avais jamais brigué toi-même de présidence de commission, craignant que ce ne fût un frein à l'expression de tes positions.
Toi et moi, cher Pierre, n'avons jamais pu nous mettre d'accord sur les problèmes scolaires. En revanche, nous sommes tous deux convaincus que nos petits-enfants respectifs sont les plus intéressants et les plus attachants du monde. Alors, durant les mois de liberté que te laissera ton départ de cette enceinte, profite bien de tes trois petits Américains. Tu me reparleras de leurs expériences scolaires dans quelque temps, et nous réussirons peut-être à trouver enfin un accord sur ce sujet !
Pierre, tu as fêté tes 65 ans lundi dernier, et tu t'en vas. Tu me laisses donc pratiquement seule dans cette enceinte pour représenter 25% de la population de notre canton. Dur, dur ! Alors souviens-t'en dans la Constituante, où je te souhaite d'être élu, afin qu'elle puisse bénéficier de ton expérience parlementaire. Bon vent, cher Pierre ! (Applaudissements.)
Mme Michèle Künzler (Ve). Cher Pierre, tu vas me manquer, parce que, lorsqu'il y avait l'appel nominal, comme c'était le cas dans le temps, je savais que si Kunz disait non, c'était simple, moi je devais dire oui ! Je n'avais même pas besoin de connaître le sujet ! C'était clair. Enfin, peut-être pas le caractère, mais les opinions, certainement ! Nous avons toujours trouvé agréable que tu aies des positions franches, tranchées et honnêtes, et c'est ce qui nous a fait apprécier ta présence.
C'est vrai, on est rarement d'accord sur un sujet, mais le parti radical a commencé à se préoccuper du développement durable, et on en est très heureux, parce qu'on vit tous sur la même planète.
En fait, tu nous manqueras, parce que, dans toutes ces controverses, une des rares qualités... Enfin, une des qualités rares que tu possèdes... (Rires.) ...c'est l'amabilité, et c'est extraordinaire, parce que je n'ai jamais entendu de ta part un mot désagréable, méchant ou inadéquat envers tes collègues. Pour les femmes aussi, il était très agréable de côtoyer un homme aussi aimable et sympathique. Et cela, on va le regretter ! (Applaudissements.)
M. Eric Bertinat (UDC). Chers collègues, à l'occasion de son départ vers d'autres défis, je souhaiterais rendre un double hommage à mon collègue Pierre Kunz. Le premier s'adresse au député. Depuis plus de deux ans, j'ai retrouvé Pierre Kunz dans la plupart des commissions qui m'ont été attribuées et, sur la plupart des sujets, nous avons été d'accord. Il n'y a là rien de bien nouveau, si ce n'est la surprise que j'ai souvent éprouvée en l'écoutant défendre son avis, non seulement avec conviction mais avec une franchise et un ton direct qui m'ont plus d'une fois laissé admiratif.
Pierre Kunz est bel et bien radical, dans tous les sens du terme. Il aura été pour moi un bon exemple de ce que doit être un député, quelle que soit sa couleur politique.
Le deuxième hommage que je désire lui rendre est presque sentimental parce que, dès que j'ai fait sa connaissance, j'ai éprouvé une réelle amitié pour lui. Ce qui m'autorise à lui dire sans détour que je regrette beaucoup sa démission du Grand Conseil. Mais l'amitié que je lui porte me permet aussi de lui souhaiter beaucoup de succès et de plaisir pour la suite de sa carrière politique.
Le groupe UDC a apprécié Pierre Kunz et continuera sans doute à le faire, si les électeurs veulent bien l'élire dans ce «bibelot» à 50 millions qui rédigera une nouvelle constitution pour ce canton. Ce n'est donc pas un adieu, même pas un au revoir, c'est juste un salut de la main, droite. (Applaudissements.)
Mme Anne Emery-Torracinta (S). Cher Pierre, je crois que je pourrais reprendre à mon compte les propos de Michèle Künzler. C'est vrai que nos positions ont rarement été très semblables, et je crois que si le groupe socialiste devait désigner les députés les plus à droite de ce parlement, tu ne serais pas loin d'avoir la palme d'or ! (Rires.) Tu as aussi un côté un peu John Wayne dans les westerns de John Ford, c'est-à-dire que tu ressembles à un héros solitaire, un peu désabusé, en marge, qui agit tout seul, mais avec beaucoup de courage, et qui pourfend le mal en chevauchant son cheval dans les plaines de l'Ouest. (Rires.) Mais tu as aussi une qualité, et Michèle Künzler l'a relevée, c'est la chaleur humaine. Ainsi, même si l'on n'est régulièrement pas d'accord, on peut toujours dialoguer, et j'ai d'ailleurs souvent eu des discussions politiques avec toi. On a également parlé d'histoire, et tu es un homme cultivé, fin, intelligent, que j'apprécie particulièrement.
Au nom du groupe socialiste, je te souhaite bon vent pour la suite mais, si tu devais être élu à la Constituante, n'oublie pas que la conquête de l'Ouest est terminée et que le monde n'est pas peuplé que de cow-boys et d'Indiens ! (Rires. Applaudissements.)
M. Pascal Pétroz (PDC). Cher Pierre - ou plutôt devrais-je dire «cher Peter», puisque je me suis laissé dire que c'est ainsi qu'on t'appelait lorsque, enfant, tu fréquentais la belle commune de Thônex - cher Pierre, le groupe démocrate-chrétien s'associe à l'hommage qui t'est rendu ici. Nous avons également énormément apprécié ta franchise, ta rigueur, ton côté un peu trublion, tes propos taillés à la hache et le fait que, finalement, tu arrivais à avoir des positions parfois assez dures et tranchées, mais toujours avec un sourire en coin, un charme et une gentillesse qui te caractérisent.
Nous te remercions énormément pour tout ce que tu as apporté à ce parlement pendant les longues années où tu as siégé ici. Tu sais à quel point la Constituante m'est chère, et à titre personnel j'aimerais te dire que je trouve fantastique que tu sois l'un des pionniers à se lancer dans cette aventure. Le geste que tu fais aujourd'hui en t'engageant pour cette dernière est très important. Certes, il nous attriste, puisque tu nous quittes, mais il nous motive aussi, parce qu'il démontre l'envie que tu as de t'impliquer dans l'avenir de ce canton. J'espère que tu seras suivi par de nombreuses autres personnalités genevoises, et que vous formerez une Constituante qui fera un excellent travail. Je te remercie ! (Applaudissements.)
M. Claude Jeanneret (MCG). Mesdames et Messieurs, chers collègues, je suis un vieux citoyen, mais un jeune député, et Pierre Kunz fait partie des gens que j'ai connus dès le départ, ne serait-ce que par la commission des finances. J'aimerais dire que j'admire chez Pierre une qualité extraordinaire: il a une conviction personnelle qu'il sait exprimer et il ne s'en démet jamais; il suit de plus une ligne directrice parfois un peu étonnante, parce qu'elle ne permet pas la surprise. On sait en effet d'avance que ses décisions sont prises d'une manière claire, nette et précise. En outre, j'admire sa franchise et sa qualité d'analyse.
Pierre et moi sommes souvent en désaccord, mais cela importe peu. Ce que j'aime avec lui, c'est qu'on peut être en opposition tout en faisant preuve de respect, d'amitié, bref, d'humanité. Pour cela, Pierre, je te remercie, parce que, du fait que nous sommes au MCG, peu de députés de ce parlement ont permis la discussion avec nous. Or toi tu l'as rendue possible ! Certes, on peut avoir des idées divergentes ou des approches différentes, mais le respect est une valeur importante, et tu en as toujours fait preuve, ce dont je te remercie. C'est d'ailleurs une qualité qui donne de la valeur à quelqu'un. Ainsi, quelles que soient tes idées politiques - on peut les approuver ou non, et on a eu la preuve que tout le monde ne pense pas comme toi ! - il y a une chose que personne ne peut prétendre, c'est que tu ne respectes pas les autres opinions. Alors merci, Pierre ! Et je dois dire que, comme ton parti, tes opinions sont radicales ! Je te souhaite un excellent parcours dans la nouvelle constitution que tu aimerais nous préparer. (Applaudissements.)
M. Pierre Kunz (R). Chers collègues, vous avez eu à mon égard des propos aimables, même s'ils étaient, dans certains cas, plutôt radicaux ! Les paroles que vous avez prononcées m'ont touché, parce qu'en les entendant je me suis convaincu qu'au-delà des escarmouches et des conflits qui nous ont occupés ici et en commission, vous aviez finalement bien compris qui je suis et ce qui m'anime en politique. Vous avez compris que je n'ai jamais cru au consensus en tant que valeur suprême de la politique. Je pense aujourd'hui comme hier que la politique vaut par l'arène pacifique qu'elle fournit à l'affrontement des idées, et le compromis ou le consensus ne peuvent constituer que la solution à cet affrontement, la solution destinée à mettre un terme à celui-ci. C'est l'affrontement qui fait la grandeur des acteurs, c'est lui qui alimente leurs passions, alors que le compromis final est plutôt leur servitude.
Je n'ai jamais davantage été un relativiste qui considère que toutes les idées se valent et qu'elles méritent toutes le respect. J'ai donc toujours, ici et en commission, pris le contre-pied - parfois avec une vigueur un peu excessive, je le reconnais ! - des idées qui me paraissaient, et qui me paraîtront dans l'avenir, fausses ou dangereuses. Mais, pour moi, si la tolérance ne consiste pas à placer toutes les idées sur le même plan, elle exige que l'on respecte de la même façon ceux qui les expriment, qu'on soit d'accord avec ces opinions ou que l'on s'y oppose. Ce à quoi, vous l'avez bien compris, je me suis toujours astreint.
A celles et à ceux qui défendent un projet de société différent du mien, je voudrais dire combien dans les faits ils m'ont changé depuis 1993, lorsque pour la première fois je me suis assis dans cette enceinte. En effet, ils m'ont appris à me questionner davantage, à affiner mes idées, à mieux connaître les Genevois et leurs institutions, et à mieux me connaître moi-même. En résumé, même si cela peut paraître un peu surprenant à ceux qui ne m'ont pas connu il y a une quinzaine d'années, ils m'ont appris un peu de sagesse ! (Rires.) Celle qui me manquait manifestement en 1997, comme l'a relevé Janine Hagmann. Celle aussi qui m'a amené à admettre que, finalement, je n'appartenais pas à une espèce incomprise et persécutée, qui seule aurait la raison pour elle.
Madame la présidente, chers collègues, ce que je viens de dire vaut aussi pour mes meilleurs ennemis... les conseillers d'Etat ! (Rires.) Eux que j'ai contestés avec une grande persévérance, en tout cas jusqu'à fin 2005, lorsque ce gouvernement s'est mis en tête de diriger Genève comme je ne l'espérais plus ! Heureusement, à la fin de l'an dernier, tout, si j'ose dire, est rentré dans l'ordre. (Rires.) Et même si ce Conseil d'Etat est certainement le meilleur de ceux que Genève a connus depuis vingt ans, j'ai pu reprendre ma posture du contestataire de l'incohérence gouvernementale et celle du défenseur d'une rigueur budgétaire toujours sacrifiée sur l'autel du pragmatisme et des équilibres politiques.
Madame la présidente, chers collègues, au moment de quitter le Grand Conseil, je ne voudrais manquer de parler à celles et ceux avec qui j'ai fait équipe, les radicaux. J'en suis sûr, chacun s'est rendu compte qu'il règne dans ce coin de salle, au sein de ce groupe, un climat un peu particulier. Ce dernier est fait de l'amitié aussi profonde que virile... (Rires.) ...qui relie et intègre ses membres. Une amitié fondée sur le travail sérieux et partagé, et sur un débat toujours ouvert et franc. Une amitié faite aussi, comme il se doit, d'engueulades homériques, mais aussi de moments festifs franchement rabelaisiens.
Chers amis, je me suis toujours trouvé bien avec vous, dans ce groupe où les rancunes et les conflits de personnes n'ont pas de place. Je me suis trouvé bien, sans doute parce que vous m'avez toujours pardonné ma manière parfois peu orthodoxe de fonctionner. Alors un grand merci à vous !
Madame la présidente, chers amis, chers collègues, il n'est jamais aisé de choisir entre ce qui est juste pour soi et ce qui est bon. Ce qui aurait été agréable et facile eût été de rester, c'est sûr ! Mais en l'occurrence je suis persuadé que ce qui est juste et raisonnable est de céder mon siège. D'autant que, en politique comme en amour, nous le savons tous, il vaut mieux prendre le risque de partir un peu trop tôt que de rester trop longtemps ! (Rires.) Et, franchement dit, l'habitude me guettait ! Quant à vous, chers collègues, avouez-le: j'ai cessé de vous surprendre et de vous agacer...
Une voix. Non, non !
M. Pierre Kunz. ...tant vous me connaissez désormais !
Vous le savez, je quitte le Grand Conseil, non pas pour entrer en retraite ou en somnolence, et encore moins par lassitude: je passe à autre chose, mais comme un convive rassasié quitte une excellente table, avec une grande gratitude pour ses hôtes. Je vous remercie. (Longs applaudissements.)