République et canton de Genève

Grand Conseil

R 657
Proposition de résolution de Mme et MM. Thierry Cerutti, Frédéric Hohl, Antoine Bertschy, Christina Meissner : La population de Vernier-Village prise en otage par la DGM/DIM

Débat

Le président. La parole n'étant pas demandée... (Brouhaha. Le président laisse s'écouler quelques instants.) Dans la mesure où personne ne dit rien, je propose que nous nous prononcions sur le classement de cette résolution. (Protestations. Commentaires.) Peut-être que, un, s'il y a moins de bruit dans la salle et que, deux, si vous écoutez... (Remarque.) Alors je vais aller très, très lentement... Il y en a qui se réveillent ! Il s'agit de la proposition de résolution intitulée: «La population de Vernier-Village prise en otage par la DGM/DIM». Tour le monde y est ? C'est bien. La parole est enfin demandée ! Par M. Jacques Jeannerat.

M. Jacques Jeannerat (R). Monsieur le président, je propose de renvoyer cet objet à la commission des transports. (Commentaires.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme la députée Christina Meissner.

Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président, de laisser la parole à une Verniolane... (Commentaires.) Une candidate aussi, effectivement, mais tout d'abord une habitante de Vernier, qui a assisté, le 9 mars, à un débat auquel il y avait 400 personnes. Oui, Madame la conseillère d'Etat Künzler, vous n'étiez pas là pour voir M. Delacrétaz... (Brouhaha.) ...de la DGM, qui était seul à devoir expliquer à une bonne partie de la population verniolane pourquoi elle était prise en otage par une circulation largement exogène à la commune, la rendant prisonnière de sa propre circulation. (Brouhaha.)

Dans ce sens, je crois que la moindre des choses, dans notre parlement, est de prendre en considération cette population verniolane, qui a exprimé, le 9 mars, son ras-le-bol et souligné le fait qu'elle n'était pas justement prise en considération par le canton dans ses préoccupations. Par contre, elle paie des impôts. Elle a besoin de pouvoir se déplacer. Il y a des gens qui doivent utiliser leur voiture pour sortir de chez eux. (Brouhaha.)

Tout ce que cette population demande est que, à un moment donné, le canton examine véritablement des solutions qui permettent au trafic de se faire dans les meilleures conditions, mais surtout à la population de ne pas être prise en otage par le canton. Pour toutes ces raisons - je vois qu'il est un peu tard, que vous n'êtes pas très attentifs... (Exclamations.) Il n'y a plus beaucoup de Verniolans dans la salle... (Commentaires.) Néanmoins, je vous propose de renvoyer cet objet à la commission des transports. (Exclamations.)

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est M. le député Antoine Bertschy, à qui il reste une minute et trente secondes.

M. Antoine Bertschy (UDC). Cela me suffira largement. J'aimerais... (Remarque.) Non, je ne suis candidat à rien, moi... Enfin, je ne suis plus candidat à Vernier. (Commentaires.)

Le président. Au fait, Monsieur le député ! Au fait !

M. Antoine Bertschy. J'aimerais juste vous donner un chiffre qui concerne les habitants. A cause de ce problème du «tourner à droite» sur la route de Vernier, des habitants doivent parcourir 1,8 km pour revenir sur leurs pas et pouvoir ensuite partir vers leur lieu de travail: 1,8 km ! (Commentaires.) On a envie d'imaginer que la DGM essaie de fluidifier la circulation. Non, Mesdames et Messieurs, ce que fait la DGM dans ce cas-là est de provoquer un détour de près de 2 km pour les habitants... (Commentaires.) ...avant que ceux-ci puissent partir.

Une voix. Et ça pollue !

M. Antoine Bertschy. Alors, je veux comprendre beaucoup de choses... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...je veux comprendre la fluidité du trafic, je veux comprendre que l'on essaie de limiter les émissions de substances toxiques rejetées par les véhicules, mais alors, que l'on fasse faire un tour de pratiquement 2 km aux habitants est incompréhensible ! Cette proposition de résolution a tout son sens. Que l'on renvoie cela à la commission des transports, où je siège; j'aurais grand plaisir de pouvoir en discuter. J'attends surtout les explications de la DGM et aussi celles de votre part, Madame la conseillère d'Etat.

Des voix. Bravo !

M. René Desbaillets (L). Je m'exprimerai en tant qu'habitant d'outre-Vernier. (Remarque.) Je ne voulais pas appuyer sur le bouton, mais ce qui me déplaît le plus, ce sont ces ricanements. Ce n'est pas parce que les 70% à 80% de ce parlement vivent sur la rive gauche que l'on doit se foutre de la gueule des habitants de la rive droite ! Nous subissons, par exemple, le Salon de l'auto, lors duquel des entrepreneurs n'ont même pas réussi à aller livrer les repas de midi, parce qu'ils étaient encore bloqués au carrefour de Pré-Bois ! Des gens ont loupé leur avion le matin parce qu'ils se sont retrouvés bloqués dans les bouchons ! Et là, vous ricanez... Vous avez obtenu un tunnel à Vésenaz: moi, j'ai pris la parole pour le soutenir, ce tunnel de Vésenaz ! Alors c'est malheureux et égoïste, je trouve, de ne pas vouloir entrer en matière pour traiter ce gros problème de circulation aux environs de Vernier ! (Brouhaha.) Vous verrez, à Bernex, dès que le chantier du tram, du TCOB, va se prolonger jusqu'à la douane de Vailly... Vous verrez, toute la rive gauche, comment vous ferez pour accéder à l'autoroute ! Vous ferez aussi des heures de queue.

Alors, maintenant, je vous prierai quand même d'entrer en matière sur le problème de la circulation sur la rive droite et de renvoyer cette proposition de résolution à la commission des transports. Merci. (Applaudissements. Exclamations. Brouhaha. Le président agite la cloche plusieurs fois.)

Le président. Si la petite classe voulait bien faire un effort... La parole est à M. le député Olivier Norer. (Commentaires.)

M. Olivier Norer (Ve). Toutes mes excuses: j'habite la rive gauche. Donc, d'une certaine façon, il m'est malaisé d'intervenir dans ce débat. Toutefois, j'habite l'une des quarante-cinq communes du canton. Or comme dans l'une des quarante-cinq communes du canton nous connaissons aussi des problèmes de circulation. Chaque commune du canton est naturellement fondée à déposer des pétitions, des motions, des résolutions, concernant les problèmes de circulation.

Le député Desbaillets a mentionné le Salon de l'auto comme problématique de circulation. Nous, groupe des Verts, pensons que le Salon de l'auto engendre effectivement des problèmes de circulation, au même titre que les sorties et les entrées de l'autoroute engendrent des problèmes de circulation. Malheureusement, une partie d'entre elles sont situées sur la commune de Vernier. De même, une partie du trafic de transit à destination de la zone industrielle, par exemple, traverse bien sûr la commune de Vernier. Donc oui, Vernier est située géographiquement au niveau du territoire genevois en un point où, vraiment, il y a de la circulation. C'est un fait. C'est le même cas de figure, d'ailleurs, que l'on rencontre au Grand-Saconnex, à Meyrin et en ville de Genève. Ainsi, nous pouvons nous insurger !

Mais quelles sont les réponses ? Mais quelles sont les véritables réponses, en dehors de l'excitation parlementaire sur ce sujet ? Des réponses concrètes, il n'y en a pas tant que cela ! Il existe un énorme travail de gestion des flux de circulation, qui se fait pour le bien commun. Cette gestion des flux de circulation a été effectuée dans le meilleur sens du terme à Vernier... (Exclamations.) ...et nous ne pouvons que nous réjouir d'entendre ce discours en commission. A partir de là, vous vous rendrez bien compte, en commission des transports, qu'il n'existe pas de solutions miracles ! Peut-être que certains partis y croient. J'espère que la majorité se rendra compte que les solutions miracles n'existent pas et que, quand il y a une surcharge du réseau routier - dans le cadre du Salon de l'auto, c'est exceptionnel; malheureusement, à Vernier c'est tous les jours - eh bien, cette situation, on ne peut pas la changer. En effet, quand il y a trop de véhicules sur les routes, il y a des bouchons. Donc, à partir de là, le groupe des Verts se réjouit d'entendre des réponses en commission des transports ! (Brouhaha.)

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, je vous le dis aussi, je ne suis pas un résident de la commune de Vernier ni candidat à Vernier; mais je suis de la commune d'à côté. (Brouhaha.) Et candidat dans la commune d'à côté.

Des voix. Voilà !

M. Eric Stauffer. Il n'en demeure pas moins vrai, Mesdames et Messieurs les députés, que, déjà lors de l'examen du budget - vous vous en souviendrez - à la fin de l'année dernière, nous avons tiré à boulets rouges sur le département de Mme Künzler, tant la mobilité... Pardon: «l'immobilité», à Genève, est flagrante.

On entend des députés qui sont résidents de Vernier dire: «Les résidents sont embêtés parce qu'ils ne peuvent pas tourner; ils doivent faire un détour de 2 km.» Je veux bien que la conseillère d'Etat soit une conseillère d'Etat écologiste, Verte, mais, concernant l'objet qui nous occupe, c'est là une pollution supplémentaire que l'on provoque. De plus, ce n'est pas seulement dans la commune de Vernier, c'est dans d'autres communes, comme l'a relevé mon préopinant. A Onex, par exemple, on construit le TCOB. A Onex, c'est devenu une vraie catastrophe... Les Onésiens sont en train de faire sauter leurs fusibles avec ces bouchons qui sont causés quotidiennement ! Et la situation est, il faut bien le comprendre, déjà dans la version définitive ! Il y a des travaux, certes, mais le nombre de voies ne va pas augmenter par la suite... Donc, on est déjà dans la version définitive. (Brouhaha.)

De plus, quand on voit que, sur le petit tronçon de la route de Chancy, depuis Onex jusqu'au Petit-Lancy, il y a dix ou douze feux, c'est à se demander si la commission de contrôle de gestion a quelque chose à aller examiner concernant ceux qui vendent les feux de signalisation... En effet, on se croirait dans les rues marchandes en période de Noël - avec les guirlandes, cela clignote partout, c'est rouge, vert, orange... C'est absolument fabuleux ! (Brouhaha.) Mais, l'efficacité, je ne l'ai pas encore trouvée ! De plus, il faudra quand même que l'on explique un jour au département de la mobilité qu'il existe des microprocesseurs. C'est un truc électronique, un peu compliqué - il y a plein de fils et de connexions - et cela donne des feux intelligents. Autrement dit, quand il n'y a pas de trafic, ils restent au vert. Mais là: non ! Vous pouvez passer à 2 h du matin, vous allez devoir vous arrêter tous les cinquante mètres sur la route de Chancy, parce que le feu est au rouge ! Et si vous avez le malheur de le griller, bien évidemment, vous êtes en infraction. Infraction grave à la LCR, parce que vous avez brûlé un feu rouge qui ne servait de toute façon strictement à rien ! Mais enfin, il était là... Non ! Il y a vraiment beaucoup de choses à dire au sujet de cette mobilité.

Alors je vous le demande, Mesdames et Messieurs: encore une fois, les semaines passent, les mois passent, on fait notre coup de gueule, que ce soit au budget... Bon, nous nous y étions opposés, on savait pourquoi. Car franchement, le département de Mme Künzler n'est déjà pas bien grand, mais au moins on pourrait améliorer cela. J'ai presque envie de déposer un amendement. J'aimerais que l'Etat de Genève offre un voyage à Mme Künzler... (Remarque.) ...dans trois ou quatre grandes capitales européennes, et peut-être une, asiatique - Kuala Lumpur, 2,5 millions d'habitants - pour voir ce que signifie le mot «mobilité» ! En effet, Genève, est un petit village de 450 000 habitants...

Le président. Monsieur le député ! Monsieur le député !

M. Eric Stauffer. Dites-moi tout, Monsieur le président.

Le président. Il faudrait songer à terminer.

M. Eric Stauffer. Je vais conclure. Nous sommes un petit village de 450 000 habitants - ce n'est même pas le quartier d'une grande ville - et on dirait que l'on est dans une mégapole de 12 millions d'habitants, tant on n'arrive pas à circuler à Genève.

Vraiment, Madame la conseillère d'Etat, vous savez que j'ai beaucoup de respect pour vous... (Rires.)

Le président. Il vous faut conclure !

M. Eric Stauffer. Mais faites un effort avec cette mobilité, parce que c'est une vraie catastrophe pour les Genevois. Merci !

Une voix. Bravo ! Très bien !

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, effectivement, on ne circule parfois pas bien à Genève. Mais je rappelle tout de même qu'il y a 1 500 000 trajets par jour à Genève ! Pour une ville «où l'on ne circule pas», ce n'est quand même pas rien ! Dès la semaine prochaine et durant tout le mois d'avril, il y aura de nouveaux comptages à toutes les entrées de Genève. Les derniers chiffres obtenus se montent à 550 000; je pense qu'ils seront largement dépassés, et l'on verra comment mieux organiser. Je veux bien aller dans d'autres capitales... Mais d'autres capitales, même européennes, ont des zones piétonnes, des transports publics qui fonctionnent...

Une voix. Des parkings !

Mme Michèle Künzler. ...des parkings, oui, mais bien moins qu'à Genève ! Il y a moins de parkings à Zurich ou dans les autres capitales. On a l'impression - et c'est là où je donne raison à M. Stauffer - d'être dans une bourgade qui n'a pas encore compris qu'elle devait devenir une ville et que la circulation devait se faire de manière différente.

Pour en venir à Vernier, j'ai déjà répondu trois fois sur la question, mais je peux encore répéter - je suis à l'aise pour le dire et le savoir, je suis aussi verniolane et, pour mon malheur, j'habite à ce carrefour ! Donc, chaque jour, chaque fois que je rentre et que je sors, je vois ce carrefour... Que peut-on constater ? Que la fluidité du trafic sur l'axe Vernier-Nant-d'Avril a été améliorée. Voilà un point positif. La fluidité des transports publics, qui sont maintenant en site propre, a été nettement améliorée, puisqu'on gagne jusqu'à huit minutes sur le parcours pour aller en ville. Troisième amélioration: il n'y a plus de trafic de transit, avec des camions à travers le village de Vernier.

Je passe maintenant aux points négatifs. En effet, il y a un problème pour les personnes qui habitent la région des Tattes. Nous avons donc proposé à la commune de Vernier de rouvrir le chemin de Poussy, or on attend toujours une demande. Donc, pour qu'il y ait une vraie analyse - et cela a déjà été communiqué à la commune de Vernier, le Conseil d'Etat a écrit déjà deux fois, et au moins à dix exemplaires - on va faire une étude et... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...en septembre, vous aurez le résultat de cette enquête.

En conclusion, il y a en fait beaucoup d'améliorations. Mais il y a aussi beaucoup d'agitation à Vernier, pour des raisons politiques que je crois que tout le monde commence à comprendre. Or effectivement il y a des choses étranges qui se passent à Vernier, et tout se cristallise autour d'un léger «tourner à droite».

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous sommes en procédure de vote concernant le renvoi de la proposition de résolution 657 à la commission des transports.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de résolution 657 à la commission des transports est adopté par 76 oui contre 1 non et 4 abstentions.