République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 23 février 2012 à 17h
57e législature - 3e année - 5e session - 23e séance
RD 920
Le président. Je vous informe que nous avons reçu la lettre de démission de M. Manuel Tornare de son mandat de député, avec effet à l'issue de la présente séance. Je prie M. le député Antoine Droin de bien vouloir nous lire ce courrier 3019.
Le président. Il est pris acte de cette démission. M. Manuel Tornare a été élu au Grand Conseil sur la liste du parti socialiste en 2009. Durant son mandat, il fut membre de la commission de l'enseignement supérieur ainsi que de la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport. Les sujets sur lesquels il est intervenu en plénière portèrent en particulier sur l'école et la petite enfance, les institutions culturelles, mais aussi les prestations sociales, l'interdiction de la discrimination basée sur l'orientation sexuelle, les moyens de lutte contre les pédophiles sur internet, l'inceste, l'abus d'alcool sur le domaine public, sans oublier la patinoire des Vernets.
Ses interventions furent toujours empreintes d'une grande aisance, acquise au fil d'une longue carrière politique commencée plus de trente ans avant son arrivée au Grand Conseil. En effet, il fut conseiller municipal de Confignon de 1975 à 1978, puis conseiller municipal de la Ville de Genève de 1979 à 1999, année où il rejoignit le Conseil administratif de cette même commune, dont il fut en outre maire à trois reprises.
Elu en octobre 2011 au Conseil national, M. Tornare renonce à son mandat de député afin de se consacrer à cette nouvelle fonction, pour laquelle nous lui souhaitons plein succès. Fidèles à la tradition, nous allons lui remettre un stylo souvenir mais, auparavant, plusieurs députés ont demandé la parole. Je passe le micro à Mme la députée Lydia Schneider Hausser.
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, en deux ans et demi au Grand Conseil, Manuel Tornare a tout de suite été actif: défense des intermittents du spectacle, du personnel des régies publiques - particulièrement celui des HUG - défense du subventionnement fédéral de la petite enfance... Sur le dossier de la petite enfance, il a mis à profit les années d'expérience à l'exécutif de Genève... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...où il a oeuvré pour un accès accru à des places de crèche de qualité en faveur de la petite enfance, pour un support fort aux maisons de quartier, et donc aux jeunes et aux jeunes en difficulté, ainsi que pour les personnes âgées.
Si Genève, pendant ces derniers jours de grand froid, a pu apporter un peu d'aide aux démunis sans toit, c'est grâce à sa volonté. Il y a de nombreuses années déjà, avec l'ouverture de manière régulière des abris PC et des lits, Manuel Tornare a tenu compte de la condition de certaines personnes à Genève, ce qui est important. Il nous a permis de passer ces périodes de grand froid sans trop de souci en tant que citoyens de Genève.
Manuel, c'est la poignée de main bien présente, l'attention politique globale mais également les attentions aux petites choses qui entretiennent la relation avec le partenaire comme avec l'adversaire - le respect.
Sans arrière-pensée aucune, nous avons eu plaisir à apprendre son élection à Berne... (Panne de courant. Le micro de l'oratrice est coupé.)
La séance est suspendue à 17h20.
La séance est reprise à 17h45.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous prie de bien vouloir regagner vos places. Nous en sommes toujours au point 5a, hommage à M. Manuel Tornare, député démissionnaire. La parole était à Mme la députée Lydia Schneider Hausser. Je vous prie de poursuivre et de bien vouloir nous excuser pour cette interruption de séance.
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Merci, Monsieur le président. Je disais que nous étions heureux de la réussite électorale de Manuel Tornare et nous nous réjouissons déjà des combats qu'il va mener sous la Coupole pour la justice sociale et le soutien à Genève.
En tant que cheffe de groupe, je peux dire que c'est avec plaisir que nous avons travaillé avec lui, député ayant toujours une vue constructive et des valeurs socialistes bien ancrées. Nous formulons nos voeux pour qu'il en soit ainsi également à Berne.
Manuel, courage pour défendre les valeurs socialistes... (Brouhaha.) ...et promouvoir la Genève multiculturelle à Berne ! (Applaudissements. M. Manuel Tornare embrasse Mme Lydia Schneider Hausser.)
Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Cher Manuel Tornare, pour les démocrates-chrétiens, tu es de la famille. (Exclamations.) Eh oui ! Eh oui ! Depuis 1995, j'ai l'honneur de te connaître politiquement. Nous avons effectivement souvent combattu pour les mêmes valeurs. Nous nous sommes aussi opposés. Mais, aujourd'hui, je suis autorisée par le groupe des députés démocrates-chrétiens à te dire en leur nom combien nous t'estimons et te respectons pour tout ce que tu as donné à Genève et à sa Ville, toi notre «maire forever».
Les sirènes de Berne t'ont appelé, cher Manuel. Alors nous formons nos voeux pour que tu y sois heureux et pour que tu y apportes cette touche d'humanité, tellement indispensable en ce moment. Bien sincèrement, nous ne savons pas si Genève va te manquer, mais nous, nous savons que tu vas manquer à Genève. Bon vent, Manuel ! (Applaudissements.)
M. Jean Romain (R). D'aussi loin que me reviennent mes souvenirs lointains, j'ai connu Manuel Tornare. Je l'ai connu il y a très longtemps. Il était - rappelez-vous, rappelle-toi, Manuel - prof de philosophie dans un petit collège de province ! (Rires.) Ensuite, il s'est élevé; il est devenu doyen au collège Sismondi puis directeur au collège de Candolle, maire de Genève et, enfin, député.
Au fond, ce cher Manuel de toujours et de bien avant est un homme pragmatique, qui a su s'ouvrir aux autres courants de pensée et qui les a respectés. J'y vois là le fruit d'une longue réflexion et d'une maturation philosophique - cette sorte d'ouverture aux autres. C'est aussi un homme de convictions; l'ouverture n'implique pas qu'il faille reculer sur ses convictions. Manuel Tornare, récemment, sur un plateau de télévision, déclarait que ce qui l'animait, ce qui était à l'origine de son engagement et de tous les mouvements qu'il a présidés, qu'il a initiés, était au fond l'amour des autres. «L'amour d'autrui - disait-il - c'est bien ce qui m'a animé.» C'est peut-être aussi l'origine de son engagement socialiste - j'imagine que d'autres partis sont aussi animés de l'amour des autres et qu'ils ont un autre engagement. (Commentaires.)
Manu, c'est aussi sans doute l'amour de Genève, ou plutôt l'appréciation de tout Genève, devrais-je dire, qui t'a envoyé à Berne. Nul doute que tu pourrais y prendre une sorte de retraite bien méritée, mais ce n'est pas le cas; nous savons, nous espérons et nous aimerions que, à Berne, tu défendes peut-être les idées socialistes, sans doute les idées socialistes, mais aussi et surtout Genève. (Applaudissements.)
M. Antoine Bertschy (UDC). Manuel, ce fut court mais bon, si je puis m'exprimer ainsi ! (Rires.) J'ai eu passablement et même beaucoup de plaisir à siéger avec toi à la commission de l'enseignement, grâce à tout ce que tu as pu apporter par ta culture, ton intelligence et ton esprit d'ouverture.
Alors je me réjouis, d'une certaine façon, que tu ailles à Berne, non pas parce que tu vas nous quitter, non pas parce que tu vas y défendre des valeurs socialistes, mais parce que je suis convaincu que, avec toi, Genève sera très bien défendu à Berne. (Applaudissements.)
M. Roberto Broggini (Ve). Nous avons pris un peu de retard avec nos problèmes informatiques, alors ce sera un bref hommage pour une grande personne de Genève de la part des Verts et de moi-même, parce que M. Tornare a été mon doyen, mon conseiller administratif et mon maire. Je me suis souvent engueulé avec lui, mais je l'ai toujours apprécié. On le félicite de son élection à Berne. Il représentera, nous en sommes sûrs, une fibre sociale de Genève à Berne qui est indispensable. Et on se réjouit que Spocky, son petit chien, puisse découvrir la capitale fédérale ! (Rires. Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs les députés, conformément à la tradition, je vais remettre maintenant à notre collègue Manuel Tornare le traditionnel stylo souvenir. (Le président descend de l'estrade pour remettre le stylo souvenir à M. Manuel Tornare, lequel salue ensuite chaque conseiller d'Etat.)