République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1427-A
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de MM. Roger Beer, Thomas Büchi, Hervé Dessimoz pour l'enseignement du développement durable

Débat

Mme Morgane Gauthier (Ve). Au vu de ses conclusions, les Verts prendront acte de cette motion en soulignant l'importance de tels sujets dans notre microcosme politique. Nous ne pouvons que nous réjouir du fait que tout le monde ait, au moins une fois, entendu parler du développement durable. Ce terme fait maintenant partie du vocabulaire courant. Malgré cela, il faut se montrer encore plus actif, et cela tant au niveau individuel - par exemple, en choisissant le moyen de transport le plus adéquat ou en favorisant la mobilité douce - qu'au niveau de l'Etat - par exemple, en favorisant les économies d'énergie et en s'engageant encore plus fortement pour la réduction des émissions de CO2. Il existe une multitude d'actions à mener, et le constat est toujours relativement négatif: nous n'avons toujours pas renversé la vapeur et l'effet de serre ne nous a montré que le début de ses effets. Aujourd'hui, c'est à nous de prendre notre destin en main. Et je me réjouis de voir ce parlement prendre son destin en main et se montrer à l'écoute de propos sur le développement durable. C'est fantastique !

Il est vrai que notre groupe est engagé depuis fort longtemps pour le développement durable. Nous aimerions aller un peu plus loin - mais pas forcément plus vite que la musique. Certains points figurant déjà dans la loi sur le développement durable ne sont en effet pas appliqués. Je pense par exemple à l'article 11 de la loi, qui propose d'intégrer progressivement la perspective d'un développement durable dans la formation des enseignants. Malheureusement, cet article n'est toujours pas en vigueur. Poursuivons nos explications, continuons à sensibiliser et à persuader qu'il faut changer, et notre mode de vie, et notre mode de fonctionnement !

M. Gilbert Catelain (UDC). Le principe qui consiste à enseigner le développement durable dans le cadre de l'école secondaire - voire de l'enseignement obligatoire - est une très bonne chose. Je proposerai cependant, indépendamment de la motion, que les actions de l'école en général - et de l'enseignement public en particulier - s'ajoutent à l'enseignement en matière de développement durable. Je suis en effet toujours stupéfait d'apprendre que les voyages d'études de nos écoliers, notamment dans le cadre de l'enseignement obligatoire et secondaire, s'effectuent de plus en plus loin: c'est, par exemple, un voyage d'une semaine en Espagne en avion - ce qui me paraît totalement contradictoire avec une pratique de l'enseignement durable ! Je ne parviens toujours pas à comprendre comment l'on peut, comme ce fut le cas l'année passée, organiser de tels voyages juste avant les vacances de Pâques. Comme par hasard, les élèves sont arrivés en retard, car EasyJet a connu des problèmes. Les parents qui devaient partir en vacances n'ont pas pu le faire, car ils ont dû attendre leurs chers bambins... Je ne comprends pas ce manque de cohérence entre, d'une part un discours politique qui insiste sur le développement durable, d'autre part la pratique de l'instruction publique qui cautionne des voyages dispendieux, gourmands en énergie non renouvelable. Je remercie d'avance le chef du département de l'instruction publique de tenir compte de ces remarques et d'inciter ses cadres à oeuvrer dans le sens d'un développement durable pratique, et non uniquement théorique !

M. Antoine Droin (S). Je souhaite ici brièvement rappeler toute l'importance du développement durable. Ce dernier, qui fait partie d'une loi votée par notre parlement, devrait bien davantage constituer le leitmotiv de notre parlement et de notre exécutif, et cela dans toutes les actions entreprises par l'Etat et à quelque niveau que ce soit - y compris au niveau de l'enseignement.

Il me paraît nécessaire de relever un point très important, mais bien trop souvent oublié dans la dynamique du développement durable: il s'agit de l'aspect social de la trilogie du développement durable. Le développement durable consiste naturellement à parler d'environnement et d'économie, mais l'on place toujours le terme de social en dernier - ce que je déplore. Il serait bon de s'en rappeler et, à l'avenir, de le placer en première position, et non plus en dernière.

M. François Thion (S). Je vous donnerai deux exemples concrets de la sensibilisation à l'Agenda 21 dans le cadre scolaire. Le premier exemple concerne la brochure «Pratiques citoyennes», distribuée à l'ensemble des élèves du cycle d'orientation: vous trouverez, à l'intérieur de cette brochure, un chapitre consacré au développement durable et à l'Agenda 21, et cela tant au niveau local qu'aux niveaux cantonal, national et même international. En deuxième lieu, le développement durable fait partie des programmes de géographie du cycle d'orientation. Que ce soit en 7e, en 8e ou en 9e, l'accent est régulièrement mis sur les Agendas 21 et le développement durable.

S'agissant des voyages d'études, il est vrai qu'un certain nombre d'entre eux se déroulent loin d'ici. Il existe à cet égard une demande très forte parce qu'on vit dans une société de consommation où les élèves en veulent toujours davantage et parce qu'ils préfèrent visiter des grandes villes plutôt que de partir à pied à travers les Alpes suisses. Il faudrait effectivement que l'on se montre attentifs à cela et que l'on tente d'organiser d'autres types de voyages d'études plus compatibles avec les principes du développement durable !

M. Gabriel Barrillier (R). Il convient en préambule de rappeler - même si ses auteurs ne sont pas là, soit parce qu'ils sont absents, soit parce qu'ils ne font plus partie de ce parlement - qu'il s'agit d'une motion radicale. Comme tout le monde y va de son petit couplet sur le développement durable, je soulignerai pour ma part qu'il ne faut pas oublier d'enseigner le développement durable dans les écoles professionnelles ainsi qu'aux apprentis qui, dans nos métiers, utilisent bien souvent des matériaux. Ils sont donc les premiers à faire du développement durable - souvent sans le savoir. Et puis, bien qu'il ne s'agisse pas de l'objectif de cette motion, on pourrait également enseigner le développement durable au sein l'administration publique, notamment auprès des hauts fonctionnaires du département de l'aménagement, de l'équipement et du logement, chargés d'adjuger des travaux. J'ai par exemple constaté, en me rendant à cette séance du Grand Conseil, qu'une entreprise - l'entreprise Bernasconi, pour ne pas la nommer - effectue des travaux devant l'Hôtel-de-Ville. Or cette entreprise se trouve à plus de 150 kilomètres ! S'il s'agit là de développement durable, je vous avoue que je suis quelque peu étonné ! Chacun devrait donc balayer devant sa porte !

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.