République et canton de Genève

Grand Conseil

PL 9038
Projet de loi du Conseil d'Etat ouvrant un crédit d'investissement de 69'587'000F pour la démolition-reconstruction du cycle d'orientation de Cayla

Préconsultation

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, avant de passer au débat de préconsultation, l'Association des maîtres et conseillers du collège de Cayla a demandé la lecture d'une lettre demandant davantage de places de parc à voitures. M. le secrétaire Dessuet va vous la lire.

Une voix. Mais on ne l'a pas demandé !

Le président. On m'avait pourtant donné cette instruction. Dans ce cas, cette lettre figurera au Mémorial, ce qui nous permet d'accélérer les choses.

Courrier 1691

Le président. Pour l'Alliance de gauche, je donne la parole à M. le député Grobet.

M. Christian Grobet (AdG). J'aimerais intervenir sur le concept du bâtiment prévu pour ce cycle d'orientation qui, à vrai dire, m'a beaucoup étonné.

Quinze ou vingt ans passés, il y a eu tout un débat sur la conception des bâtiments scolaires du cycle d'orientation. Il est apparu, sur la base d'une analyse du département de l'instruction publique, qu'il était souhaitable de réaliser des cycles d'orientation selon une conception pavillonnaire et d'éviter des bâtiments importants avec des concentrations d'élèves et tous les problèmes qui en résultent. Dans le cas présent, il ne s'agit pas de réaliser deux ou trois bâtiments importants, mais de regrouper en un seul bâtiment l'ensemble des salles de cours, et de regrouper sept à huit cents élèves dans un seul bâtiment. J'avoue être extrêmement étonné de ce concept, qui s'écarte totalement de l'étude faite en son temps pour la reconstruction du cycle de Cayla, fondée précisément sur un concept pavillonnaire qui s'inspirait de celui réalisé à la Gradelle, puis à l'Aubépine. Je regrette qu'on en arrive à cette solution et trouve que l'on fait totalement fausse route en concentrant 800 élèves - qui plus est, de cet âge-là - en un seul bâtiment. Je ne sais pas si le projet peut être réétudié à ce stade, mais je reste persuadé qu'on fait fausse route.

M. Florian Barro (L). Je n'interviendrai pas sur l'architecture de ce projet, M. Grobet l'a fait. Pour sa part, le groupe libéral dans ce Grand Conseil encourage généralement les investissements, également lorsqu'il s'agit d'améliorer les conditions d'enseignement. Il est en tout cas évident que l'investissement pour Cayla est utile, vu la vétusté des installations. Par contre, nous avons été un peu surpris par les coûts de cet investissement - environ 70 millions - même si des explications nous seront sans doute données en commission. Or les trois derniers cycles que nous avons eu l'occasion d'examiner dans ce Grand Conseil avaient des budgets de 48 à 52 millions - non indexés, je précise - soit de l'ordre de 40 % de moins que pour le cycle de Cayla. Cela donne, malgré une indexation des prix, un surplus assez important, d'autant plus que dans le projet présenté ici on parle d'un nombre d'élèves à peine inférieur à celui des autres cycles.

On souhaite évidemment, pour nos travaux en commission, des explications sur cette inflation de coûts. Quant à la lettre des enseignants, elle n'a pas été lue - cela relève du détail - et sera transmise à la commission des travaux. Puisqu'on demande de plus en plus de mobilité dans le travail en général et dans l'enseignement en particulier, il faudra veiller à ce que cette mobilité soit favorisée et, en tout cas, pas entravée.

M. Claude Blanc (PDC). Je voudrais d'abord dire que je suis de ceux qui pensent que ce genre d'investissement est prioritaire. Toutefois, j'aimerais que le Conseil d'Etat, compte tenu de la situation dans laquelle nous nous trouvons et des projets successifs qu'il nous présente à longueur d'année - projets d'investissements qui entraînent eux-mêmes des coûts pour l'Etat - nous dresse une fois la liste des objets qu'il estime prioritaires et qu'il faudra privilégier par rapport à d'autres. Il y a un certain nombre de projets qui ont déjà été votés,à propos desquels on peut se demander à quel point ils sont prioritaires par rapport à d'autres. J'attendrai du Conseil d'Etat qu'il nous dise une fois pour toutes dans quel ordre il veut réaliser les investissements déjà votés et les investissements à venir - dont celui qui nous intéresse en ce moment - en tenant compte du fait que nous ne pourrons pas tous les réaliser.

M. Cramer nous disait récemment à la commission des transports qu'on allait bientôt entrer dans la phase de dépenses en ce qui concerne le CEVA; or le CEVA correspond à un investissement de 400 millions de francs, autrement dit il faudra sortir plus de 100 millions par année durant trois ou quatre ans. Quand je lui demande si ces dépenses ont été planifiées, il me dit que tel n'est pas encore le cas. Il me semble qu'il est temps de planifier nos sorties d'argent et de le faire selon leur degré d'urgence. J'attends cela du Conseil d'Etat.

Mme Michèle Künzler (Ve). Ce projet est évidemment prioritaire. Tous ceux qui sont passés de près ou de loin vers le cycle de Cayla savent qu'il tombe en ruine, qu'il est pourri, et qu'il est nécessaire de le reconstruire. Cela a aussi fait l'objet d'un concours, auquel les habitants du quartier et les enseignants ont également participé.

Mais j'aimerais revenir ici sur un point: il y a des parkings prévus... Je l'ai dit clairement lors de la soirée d'information: il n'est pas question de construire des parkings souterrains pour les maîtres. L'Etat de Genève a autre chose à faire de 3 millions de francs, il a d'autres priorités !

M. Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, en ce qui concerne les priorités, il n'est nulle part contesté que construire les écoles dont nous avons besoin, en particulier pour l'enseignement obligatoire, est une priorité fondamentale. Quant au cycle de Cayla aujourd'hui, je dirai - si vous me passez l'expression - que c'est la peinture qui tient les murs. C'est donc véritablement le dernier moment pour procéder à cette démolition-reconstruction.

Vous nous avez demandé, Monsieur Blanc, de vous indiquer l'ordre des priorités du Conseil d'Etat, or vous avez constaté, dans le budget d'investissement tel qu'il vous a été soumis, un certain nombre de priorités qui ressortent de la liste des grands travaux proposés. Il va de soi qu'avec le budget 2004 tel que nous vous le proposerons ultérieurement, un examen encore plus serré - si faire se peut - sera établi. Vous savez que dans le budget d'investissement il n'y a pas à ce jour la moindre folie ou la moindre mégalomanie. Néanmoins, il va de soi que cet ordre vous sera précisé à nouveau lors du dépôt du budget.

En ce qui concerne les coûts, Monsieur Barro, je pense qu'il est plus simple d'aborder cette question en commission. Vous savez que les paramètres ne sont pas forcément les mêmes. Vous êtes l'heureux architecte de l'un des exemples que vous citiez, vous aurez probablement à nous faire bénéficier de votre expérience pour que l'on puisse examiner dans le détail les raisons pour lesquelles tel ou tel projet est un peu plus cher ou un peu moins cher.

Monsieur Grobet, je ne crois pas que la forme des cycles d'orientation soit définitivement figée et qu'ils auront tous exactement la même architecture jusqu'à la fin des temps. Celui-ci pose des problèmes particuliers sur une parcelle qui se trouve en bordure d'un quartier assez difficile, et tout le projet architectural a consisté à faire en sorte que l'implantation de cet équipement scolaire soit également une forme de poumon pour ce quartier. Cela a impliqué des partis architecturaux qui s'éloignent en effet de la forme usuelle du cycle, avec les trois barres et les trois salles de gym dans l'axe des trois barres. Néanmoins, il n'y a pas qu'un seul bâtiment - contrairement à ce qui a été dit - puisqu'il y a celui des classes, celui des arts et celui des sports, conçus dans une concertation, qui fut quelques fois chaotique, Madame Künzler, mais qui a permis - je crois - de concilier la plupart des intérêts.

Mesdames et Messieurs les députés, dans ce projet de loi, il est indiqué clairement que si le nouveau bâtiment doit être mis à disposition - comme cela est nécessaire - pour la rentrée 2006, il faut que les travaux débutent au printemps 2004, de sorte que je vous invite à faire preuve de la plus grande célérité. Je préciserai encore une chose: la capacité totale, globale, est effectivement supérieure à celle normalement souhaitable, mais le but visé, lorsque l'ensemble des établissements sera construit, est bien de maintenir le chiffre au niveau normal et souhaitable de 650 élèves.

Ce projet est renvoyé à la commission des travaux.