République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1716-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition du syndicat de la police judiciaire demandant que, pour la législature qui s'ouvre, le Conseil d'Etat tienne compte de la nécessité d'adapter les effectifs de la police aux exigences actuelles de ses missions
M 1830-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et MM. Nathalie Fontanet, Olivier Jornot, Michel Halpérin, Christiane Favre, Beatriz de Candolle : Déchargeons réellement la Police de ses tâches administratives !
M 2060-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mme et MM. Vincent Maitre, Bertrand Buchs, Fabiano Forte, Guy Mettan, Philippe Schaller, Philippe Morel, Guillaume Barazzone, Michel Forni, François Gillet, Anne Marie von Arx-Vernon, Serge Dal Busco, François Lefort pour l'engagement immédiat de 45 postes administratifs supplémentaires afin de soulager la police

Débat

M. Eric Stauffer (MCG). Puisqu'on est sur la même thématique, je vais pouvoir rectifier les propos de mon préopinant. Monsieur le président, vous transmettrez ceci: oui, Monsieur le député Gautier, le groupe MCG s'est opposé à l'entrée en matière sur le budget, mais pas pour les mêmes motifs ! Nous, nous nous sommes opposés au budget parce que les priorités ne sont pas mises là où elles devraient l'être, et le parti PLR - ou libéral et radical - s'est opposé au budget parce que vous voulez faire des coupes. Donc on n'est pas tout à fait dans le même registre dans le cadre du refus.

Maintenant, pour parler directement des textes qui nous occupent, une fois encore, Mesdames et Messieurs, je me souviens que les partis de droite - PLR et PDC - avaient critiqué M. Moutinot au département des institutions. Depuis, Mesdames et Messieurs, c'est bel et bien cette majorité-là qui est aux commandes à l'exécutif cantonal ! Et qu'est-ce qui a changé depuis, Mesdames et Messieurs ? Rien ! Nous n'avons toujours pas engagé du personnel administratif pour décharger les gendarmes et faire en sorte que ces derniers soient dans la rue, et nous n'avons pas endigué la criminalité dans les rues de Genève. Tout ce que sont capables de faire le PLR et le PDC, majoritaires au gouvernement, c'est de pratiquer des effets d'annonce, et ils nous servent la même soupe à chaque élection ! Voilà la réalité des faits ! (Brouhaha.) Alors vous avez beau jeu d'avoir critiqué la gauche, quand M. Moutinot était aux commandes, mais depuis la situation a nettement, nettement empiré ! Et quand est-ce qu'on va se réveiller dans ce parlement ? Quand est-ce qu'on va dire: «Maintenant, nous mettons les moyens à disposition pour pouvoir endiguer ce phénomène de criminalité» ?

Pas plus tard qu'hier, Mesdames et Messieurs, le gouvernement socialiste de François Hollande a classé Annemasse et sa région comme zone dangereuse en France et prioritaire pour la sécurité ! Or quand le MCG vous disait, il y a quatre ou cinq ans, que la criminalité était importée de France voisine, vous nous traitiez de xénophobes, de parti de droite, d'extrémistes ! Et alors maintenant que c'est le parti socialiste, qu'allez-vous dire...

Le président. Monsieur le député !

M. Eric Stauffer. Oui, Monsieur le président ?

Le président. Votre président n'est pas sourd. Merci. (Brouhaha.)

M. Eric Stauffer. Vous n'avez qu'à baisser le volume ! Vous savez, fort heureusement la nature m'a doté de cordes vocales qui portent. (Chahut. Le président agite la cloche.) Cela étant, Mesdames et Messieurs, qu'allez-vous dire aujourd'hui, lorsque c'est un président socialiste qui déclare qu'il y a de la racaille, de la criminalité à Annemasse ? (Brouhaha.) Et quand on entend celui qui est du sérail, M. Dupessey, maire d'Annemasse, indiquer que, non, ce n'est pas si grave que cela, eh bien je vous dirai de faire une alliance PLR-socialistes avec les socialistes d'Annemasse, car finalement ce n'est pas nouveau pour vous, puisque le parti libéral s'est bien allié au parti socialiste à Vernier pour contrer le MCG, le seul vrai parti qui défend les Genevois et pas les lobbies !

Le président. Monsieur le député, vous êtes hors sujet !

M. Eric Stauffer. J'en ai terminé, Monsieur le président, mais je conclurai en disant que nous sommes entrés depuis aujourd'hui en campagne électorale pour les élections générales de 2013 ! (Exclamations. Brouhaha.)

Le président. Vous êtes hors sujet, Monsieur le député !

M. Eric Stauffer. Et je vous le dis, Mesdames et Messieurs, cette année 2013 verra l'avènement du MCG, car nous défendons les Genevois; et les hypocrites, nous n'en avons que faire ! (Quelques applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Roger Deneys. (Brouhaha.) Monsieur le député, s'il vous plaît ! Je vais attendre que le silence s'installe dans cette honorable assemblée. On va, comme on le dit en allemand, «dämpfen». Voilà. Vous avez la parole.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. C'est vrai que, sur ces questions de sécurité, je pense qu'il ne faut pas en rester aux effets d'annonce. C'est une erreur de croire que l'on peut résoudre ces problèmes d'un jour à l'autre, d'une année à l'autre, parce que la problématique dépasse largement les compétences de ce Grand Conseil, voire de la Confédération ! En effet, une partie des problèmes vient justement aussi des Etats étrangers qui nous entourent, voire plus lointains, évidemment. Ce sont des faits, il faut le constater, il ne faut pas le nier. Mais on doit aussi constater que justement, aujourd'hui, c'est effectivement un gouvernement socialiste en France qui dit que, dans la région, il faut mettre des moyens policiers supplémentaires. Je ne pense pas qu'il faille dire que la criminalité existe «aujourd'hui». Mais en même temps, il est vrai que la prise en compte des problèmes demande une attention politique particulière.

C'est vrai qu'il est assez paradoxal d'avoir eu un président comme Nicolas Sarkozy qui n'a pas arrêté de parler de sécurité et d'insécurité tout au long de son mandat présidentiel, pour en arriver à la conclusion que c'est le président socialiste élu récemment qui prend, lui, des mesures !

Je pense que cette situation, à Genève, nous la connaissons aussi: les socialistes sont extrêmement sensibles à ces questions de sécurité. La question de l'importation de la violence depuis la France voisine, nous l'avons évoquée lors de plusieurs débats et c'est vrai que nous devons simplement être pragmatiques. J'invite ce Grand Conseil à ne pas faire de surenchère dans les déclarations, parce que c'est mensonger. Cela demande du temps, cela demande des moyens, et je pense que l'on ne peut pas répondre à ces questions du jour au lendemain avec des déclarations catégoriques. La délinquance existe aussi en Suisse. Il n'est même pas certain que dans ce Grand Conseil nous soyons toutes et tous exemplaires en la matière. Dans ce sens-là, je pense par conséquent qu'il faut aussi regarder ce qui se passe ici. En plus, l'économie suisse est également construite sur l'évasion fiscale, qui crée de la misère dans le monde et génère donc de la violence à l'échelle mondiale. (Commentaires.) Nous en subissons aussi les conséquences et nous devons assumer nos responsabilités. Soyons donc pragmatiques et raisonnables dans nos discours. (Quelques applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, il est pris acte de ce rapport.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 1716 et les motions 1830 et 2060.