République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 784
Hommage à M. HALPERIN Michel, député démissionnaire

Le président. Nous avons reçu de notre collègue, M. Michel Halpérin, une lettre nous informant de sa décision de démissionner de son mandat de député, avec effet à l'issue de cette séance. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir lire le courrier 2796.

Courrier 2796

Le président. Il est pris acte de cette démission. M. Michel Halpérin a siégé au Grand Conseil pendant près de vingt-deux ans. Elu comme premier vient-ensuite de la liste du parti libéral le 19 janvier 1984 en remplacement de M. Albert Franceschetti, il a été réélu en 1985, puis en 1993, 1997, 2001 et 2005. Au cours de son mandat, il a participé aux travaux des commissions suivantes, qu'il a toutes présidées: la commission législative, avec présidence en 1995 et 1997, la commission judiciaire, présidée en 1997, et la commission des droits de l'Homme, dont il fut l'initiateur et qu'il présida en 2002. En tant que premier vice-président du Grand Conseil, il a également présidé la commission de grâce en 2004. En outre, il a exercé la fonction de chef de groupe libéral de 1998 à 2002. Mais surtout, Michel Halpérin a présidé notre Grand Conseil en 2005.

Il n'est pas aisé de retracer en quelques mots la carrière politique de notre collègue, c'est pourquoi je me limiterai à quelques points saillants: tout d'abord, sa présidence, brillante. Initiée par un discours remarqué à la cathédrale Saint-Pierre et ponctuée, un an plus tard, par une standing ovation de notre assemblée. C'est à lui et quelques autres ténors de notre parlement que nous devons la réforme du débat par catégorie, qui est désormais ancré dans nos habitudes et qui permet à notre parlement de bien fonctionner, de débattre en profondeur lorsque c'est nécessaire et de prendre ses décisions en temps opportun.

C'est également lui qui a présidé deux séminaires sur la collaboration intercantonale et transfrontalière, puis un séminaire sur l'avenir économique du canton, qui posait déjà les bases du projet Praille-Acacias-Vernets et dont certains enseignements méritent d'être gardés en mémoire à l'heure où nous traversons une profonde crise économique.

Durant sa présidence, il a aussi porté haut l'indépendance du pouvoir législatif.

Peut-être la plupart de nos collègues l'ignorent-ils, mais Michel Halpérin est avec Adrien et Paul Lachenal l'un des rares présidents des XXe et XXIe siècles à avoir présidé notre Grand Conseil à plusieurs reprises. Il faut dire que, la première fois, par interim, le 26 septembre 1985, il présida une parodique et humoristique «séance très extraordinaire».

Enfin, Monsieur Halpérin - et c'est à relever - la seule annonce d'une prise de parole de votre part était toujours mieux à même d'établir le silence que l'agitation de cette cloche qui vous fit tant souffrir durant votre année passée à la vice-présidence.

Nous ne pouvons que vous remercier d'avoir mis au service de la république et de ses idées votre temps, votre engagement politique et votre talent d'orateur, et vous souhaitons plein succès pour la suite de vos activités professionnelles et personnelles. Sans déroger à la tradition, je vous remets le traditionnel stylo souvenir. (Vifs applaudissements. Le président descend de l'estrade, serre la main de M. Michel Halpérin et lui remet le stylo souvenir.)

M. Ivan Slatkine (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, c'est avec une certaine émotion que je prends la parole pour rendre hommage à mon collègue Michel Halpérin, qui a décidé de quitter ses fonctions de député ce soir. Avec le départ de Michel Halpérin, c'est une page de l'histoire de notre Grand Conseil qui se tourne. Alors que je devais encore jouer aux billes dans la cour de mon école primaire en 1984, Michel Halpérin prêtait serment pour la première fois dans cette enceinte. Depuis cette date, Michel a encore été élu à cinq reprises - en 1985, 1993, 1997, 2001 et 2005 - avec une petite pause entre les années 1989 et 1993. C'est donc l'un des piliers de notre parlement qui nous quitte.

Durant toutes ces années passées au parlement genevois, Michel a défendu avec la même rigueur, le même engagement et avec une honnêteté intellectuelle sans faille les valeurs libérales au sens noble du terme. Initiateur de la commission des Droits de l'Homme de notre parlement, premier citoyen du canton en 2005-2006, Michel a su non seulement représenter dignement notre canton, mais aussi se faire apprécier et respecter, même par ses plus fidèles contradicteurs.

De Michel Halpérin, nous retiendrons toutes et tous son formidable talent d'orateur, la qualité de ses interventions, la rigueur de ses propos et de ses réflexions et, bien entendu, son sens politique. De Michel, nous retiendrons aussi son immense respect pour nos institutions, pour la démocratie, pour la liberté. Les valeurs qu'il a défendues avec panache au sein de notre Grand Conseil ont toujours été pour lui le guide de son action politique. Jamais il n'a cherché à se mettre en avant pour privilégier sa propre personne. Non, Mesdames et Messieurs les députés, Michel Halpérin est de cette espèce rare, de ces personnalités qui marquent la vie d'une démocratie, car il fait toujours passer les intérêts généraux au-dessus de ses intérêts particuliers. Notre père spirituel, comme certains le surnomment, nous laisse donc aujourd'hui orphelins, et ce serait mentir que de vous dire que le groupe libéral ne se retrouve pas ce soir amputé de l'un de ses plus fidèles serviteurs. Mais, heureusement, le départ de Michel ce soir ne signifie pas sa retraite politique. Par son action à la tête du parti libéral, Michel Halpérin va continuer à agir pour le bien de notre république.

Cher Michel, au nom du groupe libéral, je tiens à te remercier ici pour ton engagement sans faille ces vingt-cinq dernières années, et je souhaite que nous ne te fassions pas trop bouillir quand tu suivras dès la rentrée nos débats à la télévision, à défaut d'y participer dans la salle du Grand Conseil. Merci Michel, et sache que tu nous manqueras à tous. (Applaudissements.)

M. Frédéric Hohl (R). Michel Halpérin, vous faites partie des hommes que l'on écoute, des hommes que l'on comprend, des hommes que l'on entend. Votre discours de Saint-Pierre était remarquable, tout comme le fut votre année de présidence. Je tiens également à rendre hommage à Anne Mahrer, Loly Bolay et notre président actuel, car ils ont eux aussi effectué un travail formidable.

Vous le savez bien, il ne suffit pas de maîtriser l'art oratoire, encore faut-il avoir quelque chose à dire, et je crois que personne dans ce parlement ne peut vous accuser d'avoir pris la parole une fois pour ne rien dire. Cela ne s'est jamais produit ! Vos interventions sont toujours délicates, intelligentes, ciblées, et de nombreux députés préfèrent parler avant vous, ou bien après vous, mais pas juste après ! Vos interventions sont également un exemple, probablement pour beaucoup d'entre nous, pour la population et j'imagine aussi pour de nombreux futurs politiciens, quel que soit le parti dans lequel ils vont s'engager. Je pense que cette classe que vous apportez les incite à rejoindre nos rangs justement avec classe.

Le parti radical vous remercie, cher cousin, de cette bonne ambiance qui règne pratiquement tout le temps entre nos groupes, et vous souhaite bonne route pour la suite. J'ai envie de conclure au nom de tout mon groupe en disant: Michel, la classe ! (Applaudissements.)

M. Fabiano Forte (PDC). Monsieur le président, je vais faire cette déclaration au nom du groupe démocrate-chrétien. Mesdames et Messieurs les députés, c'est un ténor de notre Grand Conseil que nous perdons ce soir, c'est un grand homme qui quitte cette assemblée, et je crois pouvoir dire - même si c'est peut-être un peu lugubre - que son souvenir planera longtemps au-dessus des travées de cette salle.

Nous connaissons un Michel Halpérin à multiples facettes, et j'aimerais en évoquer ici quelques-unes. Michel Halpérin est de ceux qui ne passent pas inaperçus. Sa stature morale a fait de lui un roc, un pilier de ce parlement. Sa voix de stentor, rocailleuse et forte, a marqué les débats virulents qui n'ont pas manqué durant cette législature. Calme, rassurant, drôle - n'en déplaise à une certaine fée clochette - son caractère égal marqua aussi son engagement politique. Et c'est sur ce point que j'aimerais m'arrêter quelques instants. Michel Halpérin est un modèle pour ce parlement. Sa courtoisie et sa politesse tranchent parmi les querelles mesquines et vulgaires qui ont trop souvent émaillé nos échanges. Il aime les institutions, il aime ce parlement, il aime la politique, la vraie, celle qui met l'humain au centre et qui se fait dans le respect de l'adversaire, quel qu'il soit. Bien que défenseur de la responsabilité individuelle, il est aussi le gardien acharné d'un humanisme de droite, bienvenu dans cette période troublée où la cupidité de certains a plongé le libéralisme dans le discrédit. Sa présidence du Grand Conseil restera en outre comme l'un des modèles du genre. L'ordre qui l'a caractérisée - et vous l'avez mentionné, Monsieur le président du Grand Conseil - nous aura sûrement permis de mieux travailler et de réfléchir à l'importance d'un débat apaisé pour servir Genève et toute sa population.

L'homme est aussi grand par ses réalisations; la commission des Droits de l'Homme, dont il fut l'instigateur, restera comme la marque indélébile de son engagement pour la dignité et le respect de l'être humain. Genève, cité de la Croix-Rouge et des droits de l'Homme par excellence, ne pouvait espérer meilleur ambassadeur.

J'aimerais, comme président du parti démocrate-chrétien, saluer mon collègue président du parti libéral, et je souhaite dire ici que l'Entente avait besoin d'un homme comme Michel Halpérin pour pacifier certains débats qui étaient houleux entre nos partis. Toutefois, comme vous avez pu le lire, notre Entente se porte pour le mieux, et le mandat de Michel Halpérin à la tête du parti libéral a prouvé qu'il peut réussir là où d'autres ont échoué.

J'aimerais conclure en soulignant l'intelligence du politicien qui, je cite - amis radicaux, vous m'excuserez, je ne peux m'empêcher - «part pour laisser la place aux jeunes, plus inventifs et créatifs» que lui. Michel Halpérin prend congé de nous aujourd'hui, mais ne va pas disparaître pour autant de la scène politique, puisqu'il va se consacrer aux destinées du parti libéral pour les élections de cet automne et, en tant que président du parti démocrate-chrétien, je me réjouis de pouvoir collaborer mais aussi affronter les élections à venir avec un partenaire si loyal. (Applaudissements.)

M. Renaud Gautier (L). Monsieur le président, chers collègues - y compris des bancs d'en face - cher Michel, ou devrais-je dire cher Omar, non point en référence à une célèbre affaire judiciaire, mais plutôt parce que c'est ainsi dorénavant que la Tribune illustre photographiquement tes propos ?!

Que l'on me permette de rappeler ici que tu fus mon chef alors que j'étais ton président, et que je ne fus que ton collègue lorsque tu étais notre président !

Mais plus que ces détails, je voudrais dire ici que ton départ de l'hémicycle pose une vraie question: qui va dorénavant chercher le sens ? Non pas celui pour se rendre à la buvette, mais bien celui qu'il faut donner à nos actes. Tu es de ceux qui inlassablement recherchent le sens des actes et des décisions que nous essayons de prendre ici. Trouver et construire du sens, pour inscrire ce que nous décidons dans quelque chose qui ait du sens.

Montesquieu fut l'un des premiers à réfléchir à la nature et au sens du gouvernement, qu'il opposait volontiers aux principes du gouvernement. C'est probablement l'une des raisons qui l'a poussé, avec d'autres, à proposer pour la démocratie ce principe de l'équilibre - ou plutôt devrait-on dire maintenant du «pseudo-équilibre» - des trois pouvoirs. On voit donc déjà apparaître au siècle des Lumières ce doute quant à une cohabitation harmonieuse entre le sens et les principes...

Plus près de nous, aussi bien Hannah Arendt que Michel Foucault abordent la question de savoir si la politique a un sens. Si pour la première la liberté est l'expression même du sens de la politique, et donc son gardien, pour le second la recherche de la vérité, donc la recherche du sens en politique, passe par une parole dérangeante, comme celle de Diogène le Cynique face à Alexandre le Grand.

Pour illustrer cette quête, arrêtons-nous quelques instants sur la commission des Droits de l'Homme dont tu fus l'initiateur. En 1980, le philosophe français Marcel Gauchet écrit un célèbre article où il dit: «Les droits de l'Homme ne sont pas une politique...» Il a intrinsèquement raison, en termes du droit. Mais je postule ici qu'il a tort dans la mesure où les droits de l'Homme donnent du sens à la politique et proposent une perspective qui se doit d'être éclairante et non prétexte.

Ainsi donc, Michel Halpérin est de ceux qui cherchent inlassablement le sens en politique. Pour lui, le jury avait du sens, et le CEVA n'en a peut-être pas !

Ce soir, cher Michel, tu quittes la table du banquet, et les encenseurs - dont je suis - viennent te dire leur regret. Il nous reste donc une place à table et un besoin toujours lancinant: celui de continuer à donner du sens à nos palabres et à nos actes. (Applaudissements.)

M. Michel Halpérin (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, permettez-moi d'abord de vous remercier pour les hommages que vous venez de prononcer. C'est un privilège assez rare d'entendre de son vivant une sorte d'oraison funèbre. Je l'ai eu, j'en suis content, et je dois vous dire que vous faites disparaître chez moi toute vocation à mourir, puisque ce n'est plus la peine. (Rires.)

Monsieur le président, comme vous l'avez relevé, la dernière fois que j'ai quitté cette auguste assemblée, c'était il y a vingt ans. Quatre ans plus tard, j'étais de retour. Rassurez-vous, ce n'est pas une promesse à ceux qui me verraient partir avec un peu de regret, ni une menace aux autres.

Il est bon de ne pas s'installer dans la routine, de prendre de la distance, de se remettre en question, de ne rien tenir pour acquis et de laisser la place à d'autres.

La politique touche à tous les aspects de nos existences, mais elle n'est pas toute la vie. Il y a des livres à lire, de la musique à écouter, des lieux à découvrir, des paysages à contempler, des amitiés ou l'art d'être grand-père à cultiver.

Toutefois, le privilège que nous avons ici, en Suisse, de vivre dans une démocratie directe nous impose d'en être des acteurs et non de simples spectateurs.

Je quitte ce parlement avec un pincement au coeur qui est le début de la nostalgie, mais avec la satisfaction d'avoir participé à la «res publica», la chose publique, soit l'oeuvre commune.

Je le dis avec humilité, parce que nos actions sont objectivement modestes, et que je sais ce qu'il faut d'efforts pour faire aboutir, au sein de son propre groupe d'abord, puis dans ce parlement, une idée, un projet.

Parmi ceux que j'ai eu la chance de porter jusqu'à l'aboutissement, il y en a trois que je voudrais évoquer.

La série des réformes fiscales a été un vaste chantier. Je n'en ferai pas l'historique. Nous n'en avons pas le temps. Mais je suis satisfait du chemin parcouru, qui nous a permis de doter Genève d'une fiscalité modernisée, plus compétitive, plus juste aussi. Contrairement à une idée trop répandue, s'occuper de fiscalité ça n'est pas simplement augmenter ou diminuer les impôts. Car la fiscalité est le véritable coeur de l'Etat. C'est à travers elle que le législatif peut exercer avec un peu d'efficacité son contrôle sur les dépenses publiques. A travers elle aussi qu'il transforme l'organisation sociale de notre communauté humaine, à travers elle encore qu'il influence l'économie. Economie parfois décriée dans cette enceinte, pour des motifs idéologiques, mais qui est au corps social ce que la nourriture est au corps humain: une condition d'existence. C'est pourquoi l'économie et la fiscalité nous ont tant occupés et continueront de le faire.

Par opposition, le deuxième thème que je souhaitais aborder, celui de la loi contre la délation, n'a probablement que peu d'effets pratiques. J'attache pourtant de l'importance au fait que nous ayons interdit à l'Etat de donner suite, en procédure administrative, à des dénonciations anonymes. Car cette norme a une grande portée symbolique. Elle décrète que la mise en oeuvre de la loi ne se fait pas dans l'anonymat qui est fruit de la vindicte ou de la lâcheté, et que la fin ne justifie pas tous les moyens, même pour l'Etat.

Enfin, la fondation, au sein de notre Conseil, d'une commission des Droits de l'Homme répondait à une autre nécessité: créer une véritable culture de ces droits que tant de gens revendiquent sans en connaître la teneur. Rappeler aussi la place éminente de notre ville, souvent reconnue comme capitale mondiale des droits de l'Homme, et montrer par là que Genève veille sur son propre territoire à la mise en oeuvre de ces principes qui expriment l'irréductible dignité des êtres humains et la responsabilité que cela leur confère.

Sur la défense des droits de l'Homme, nous étions, je pense, tous d'accord. J'espère que nous le serons aussi demain et après-demain.

Une crise économique se développe. Elle commence à nous toucher. Elle crée de l'anxiété. D'autres vents mauvais soufflent aussi: l'intolérance, le fanatisme, qui font le lit du populisme.

C'est dans de telles périodes que les médias doivent résister aux tentations de la vulgarité, les citoyens conserver leur esprit critique, et les politiciens leur sang-froid et leur courage.

Si nous parvenons à relever ce défi, nous aurons alors fait la démonstration que nous prenons vraiment les droits de l'Homme au sérieux, qu'il peut y avoir parfois de la grandeur en politique, et que «[...] rien, jamais, n'est une fatalité» - Martina Wachendorff, février 2002, introduction à l'«Histoire d'un Allemand» de Sebastian Haffner.

Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, je voudrais adresser de très vifs remerciements au secrétariat général de notre Grand Conseil pour son engagement constant et, à défaut de citer chacun de ceux qui y apportent compétence, talent et dévouement, j'adresse pour eux tous, et bien sûr pour elle-même, un salut chaleureux à notre sautier, Mme Maria Anna Hutter.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à ma famille, en particulier à ma femme et à mes enfants, pour l'endurance dont ils ont fait preuve et pour leur appui au long de mon engagement parlementaire.

Je remercie aussi mes compagnons du groupe libéral, qui ont vaillamment supporté mes foucades et quelques incandescences.

Et je vous dis également merci à vous tous, collègues députés, de l'attention que vous m'avez portée, aujourd'hui et dans d'autres moments où vous m'avez écouté et quelques fois entendu.

Enfin, je tiens à dire à tous les Genevois ma profonde reconnaissance pour la confiance qu'ils m'ont témoignée. (Longs et chaleureux applaudissements. Une grande partie de l'assemblée se lève.)