République et canton de Genève

Grand Conseil

PL 10025-A
Rapport de la commission des travaux chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat ouvrant un crédit d'investissement de 9'962'781F pour les travaux de rénovation des façades et toitures du bâtiment sud du Collège Calvin à la rue Théodore-de-Bèze

Premier débat

Mme Janine Hagmann (L), rapporteuse. Comme vous le savez, Mesdames et Messieurs les députés, le Collège Calvin appartient totalement à l'Histoire genevoise: il a en effet permis à de nombreuses volées qui ont usé leurs culottes sur ses bancs de tisser des liens très importants et de créer des réseaux qui se sont maintenus par la suite. Aujourd'hui, seuls quelques privilégiés y ont accès, beaucoup d'autres collèges ayant été construits. Ces derniers, soyez rassurés, pour leurs utilisateurs, ont le même prestige et la même valeur.

La commission des travaux vous recommande évidemment de voter ce projet de loi, parce que la maintenance d'un bâtiment comme celui du Collège Calvin est très importante. D'ailleurs, certains se sont étonnés qu'on ait attendu si longtemps, au point que la réparation est maintenant inévitable, et ils se demandent pourquoi cela n'a pas été entrepris plus tôt.

Si cela n'a pas été le cas, c'est que le Collège Calvin ne peut pas être restauré comme n'importe quel bâtiment banal. L'architecte qui nous a présenté ses plans pour la réparation a dit qu'il travaillait sur cette question depuis dix ans et qu'en fait il s'agissait pratiquement d'une restauration plus que d'une rénovation, puisque, pour ce faire, on va si possible utiliser des matériaux qui auraient convenu au moment de sa création.

Il reste un autre problème. Vous savez toutes et tous qu'en 2009 ce collège va fêter ses 450 ans d'activité et qu'à cette occasion - comme cela avait été le cas pour le 425e anniversaire - Genève va organiser une grande fête. Car, comme je vous l'ai dit, trop de personnes ont tissé des liens dans cette enceinte pour que cet événement passe inaperçu.

Or, les travaux vont commencer avant cet anniversaire... Si bien que je ne vous cache pas que le corps enseignant a vraiment très peur, bien qu'on nous ait rassurés en commission. D'ailleurs, dans les annexes, j'ai joint la réponse du département aux questions posées à la commission.

J'aimerais donc insister ici pour que, d'une part, ce 450e anniversaire ne soit pas trop troublé par ces travaux et que, d'autre part, les élèves et professeurs ne subissent pas de nuisances excessives. Parce qu'un collège est quand même un endroit qui se doit de préserver des conditions de travail satisfaisantes.

La commission va donc voter à l'unanimité cette rénovation et je vous engage à en faire de même, tout en recommandant au Conseil d'Etat d'être très attentif à ce que le travail se réalise en concertation avec les utilisateurs.

La présidente. Merci, Madame la rapporteure. Je rappelle que nous sommes dans une procédure accélérée, c'est-à-dire qu'une seule personne par groupe peut s'exprimer, à raison de trois minutes.

Mme Catherine Baud (Ve). C'est avec plaisir que nous accueillons ce projet de loi concernant les travaux de rénovation du Collège Calvin. Ces restaurations paraissaient imminentes depuis plusieurs années, sans que pourtant rien ne se passe.

Le projet présenté a le mérite d'être une conception globale des bâtiments et de leur implantation dans la cité. Apparemment, que du positif ?! Eh bien je n'en suis pas si sûre ! Car j'aimerais tirer une sonnette d'alarme. En effet, la configuration du bâtiment sud est bien particulière: il est extrêmement ancien, bien sûr, ce qui signifie que ses aménagements intérieurs, hérités de travaux successifs, se prêtent difficilement aux circulations des personnes et, donc, à une cohabitation entre ses usagers habituels et les ouvriers artisans qui vont travailler à la rénovation.

Le collège est un lieu de vie d'environ mille personnes. Toutes les heures, il y a des mouvements de groupes d'élèves, donc des centaines de personnes qui traversent ces locaux déjà peu fonctionnels. En résumé, la vie d'un collège dans ce type de bâtiment est une contrainte lourde pour organiser de tels travaux.

J'insiste donc pour qu'il y ait une réelle concertation, tant avant que pendant les travaux, avec la direction du collège, car cet aspect ne semble pas avoir été sérieusement pris en compte jusqu'à maintenant. J'en veux pour preuve le planning qui a été mis en annexe, où l'on s'aperçoit que, par exemple, il n'y a qu'une seule session d'examens prévue, alors qu'en général il y en a deux par an.

Je pense également au déménagement des archives du Collège Calvin, qui ont une grande valeur puisqu'elles comportent des documents qui ont entre 400 et 500 ans. C'est considérable. Or ce déménagement a été annoncé en passant, à l'occasion de l'audition de l'entreprise à la commission des travaux, alors que la direction n'était même pas au courant. Il est donc vraiment indispensable qu'il y ait une bonne communication entre les différents intervenants pendant ces travaux, dans l'intérêt de tous.

Je terminerai en rappelant, ainsi que Mme Hagmann l'a fait, qu'il va y avoir la fête du 450e anniversaire, comme tous les 25 ans, qui est une célébration pour le collège de Genève, donc pour l'ensemble de la cité. Et puisque ces festivités se dérouleront pendant les travaux, cela constituera une contrainte supplémentaire dont il faudra tenir compte.

M. Michel Forni (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, je serai bref, car la plupart des éléments importants ont déjà été soulignés. En tant qu'ancien de ce collège, j'ai moi aussi le plaisir de rappeler que 450 ans d'enseignement ont été prodigués dans cette Académie de Genève, dès 1558, permettant à cette institution de rester en 2007 un fer de lance de l'enseignement secondaire.

Ce bâtiment, comme cela a été dit, est un témoin de notre histoire mais, en dehors de ses valeurs esthétiques, il doit surtout être sûr. Je voudrais aussi ajouter qu'il ne faut pas oublier les deux salles situées sous le toit, qui représentent une capacité de cinquante personnes et auxquelles on n'accède que par un escalier de bois, et je pense que l'aspect de la sécurité doit rester prioritaire: les façades sont certes importantes, mais l'intérieur est à ne pas sous-estimer.

J'approuve donc l'excellent rapport de Mme Hagmann et partage sa volonté qu'il y ait une bonne coordination et concertation entre maître d'oeuvre, corps de métiers et direction du collège.

M. Gabriel Barrillier (R). Chers collègues, il semble que tout le monde dans cette enceinte ait usé ses culottes sur les bancs du Collège Calvin. Eh bien ce n'est pas mon cas ! Moi je suis allé très démocratiquement et populairement au Collège Moderne. Vous voyez ce que ça veut dire ! (Remarques. Rires.)

Cela ne m'empêche pas, puisque tout le monde a fait son petit laïus, de rappeler que c'est Jean Calvin qui est à l'origine de cette académie - d'ailleurs, Madame Hagmann, je vous remercie d'en avoir parlé dans votre rapport - et j'aimerais que vous vous en souveniez, car cela me paraît très important. Comme je suis calviniste, je peux quand même le souligner.

La deuxième chose que j'aimerais relever, c'est qu'effectivement les frais sont élevés, mais il s'agit véritablement d'une restauration. Je pense que c'est pour cette raison que nous avons, à l'unanimité, adopté ce crédit, que je vous remercie de bien vouloir accepter, vous aussi.

M. Eric Leyvraz (UDC). Cher Monsieur Barrillier, moi aussi j'ai usé mes culottes sur les bancs de ce collège et j'ai même servi les anciens pour son 400e anniversaire, en 1959, alors que j'étais un tout jeune collégien. Dans deux ans, ce sera mon tour d'être servi par des jeunes et je m'en réjouis !

Alors évidemment que j'approuve, et mon groupe aussi, cette grande réfection du collège, car, même si le coût de ces travaux est élevé, ce bâtiment est magnifique et c'est toute l'histoire de Genève qui se trouve là concentrée. Je vous demande donc de soutenir ce projet de loi.

Mis aux voix, le projet de loi 10025 est adopté en premier débat par 45 oui (unanimité des votants).

La loi 10025 est adoptée article par article en deuxième débat et en troisième débat.

Mise aux voix, la loi 10025 (nouvel intitulé) est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 49 oui (unanimité des votants).

Loi 10025