République et canton de Genève

Grand Conseil

IU 1395
(Réponse du Conseil d'Etat)Interpellation urgente de Mme Marie-Paule Blanchard-Queloz : Travail de la police de proximité (Réponse du Conseil d'Etat)

Mme Micheline Spoerri, conseillère d'Etat. Madame la députée, vous m'avez interpellée quant aux intentions du Conseil d'Etat à l'endroit du travail effectué par les îlotiers... Vous avez relevé l'importance et la qualité du travail accompli par ces policiers, et je vous en remercie.

Je tiens à confirmer, une fois encore, comme je l'ai déjà déclaré, que nous n'entendons nullement remettre en cause la police de proximité. Au contraire, l'effort est mis actuellement sur une définition optimale de sa mission, compte tenu des effectifs insuffisants et des moyens à disposition.

Mais il s'agit principalement de favoriser une relation de confiance avec l'ensemble de la population, de répondre aux attentes du public en matière de sécurité au quotidien, et, dans ce cadre, le cahier des charges de l'îlotier s'articule autour de trois axes que je vous livre volontiers:

- recenser et tenir à jour un inventaire des commerçants, associations, communautés et diverses institutions de son secteur;

- appuyer le chef de poste dans son analyse permanente de la sécurité de ce secteur;

- marquer la présence de la police dans les lieux à risques criminogènes ou de forte affluence lors d'événements de quartier, de manifestations sportives ou culturelles.

Il n'est donc pas dans notre intention de changer cette ligne politique. Il faut simplement pouvoir l'adapter en fonction des circonstances, notamment de l'effectif actuel.

Cette interpellation urgente est close.

Le président. Avant de reprendre notre ordre du jour, j'aimerais vous rappeler qu'il s'agit ici du Grand Conseil et non d'un théâtre de marionnettes ! Et je regrette infiniment qu'une petite marionnette ait été introduite dans cette enceinte. Je prie le député qui l'a déposée de faire en sorte qu'aucune photographie ne paraisse dans un journal demain, après-demain ou plus tard. Il est en effet inadmissible de faire entrer de tels objets dans cette salle aux fins de ridiculiser telle ou telle personne ! Cela n'est tout simplement pas convenable. Je ne peux pas en rester là: je demanderai donc aux chefs de groupe de bien vouloir se réunir avec les membres du Bureau à 19h pour étudier les suites à donner à cette affaire. (Exclamations. Le président est interpellé.)Non, Monsieur Annen ! Vous avez présidé pendant une année; maintenant, c'est moi qui préside, et je préside à ma manière !

M. Roulet a demandé la parole pour un rappel au règlement... Je prie M. Roulet de ne pas jeter de l'huile sur le feu ! Le Bureau et les chefs de groupe... (Le président est interpellé par M. Annen.)Monsieur Annen, si vous continuez, je vais appliquer l'article 91 que vous n'avez jamais appliqué ! (Le président est interpellé par M. Annen.)Eh bien, j'en serai ravi, Monsieur Annen ! (Rires.)Parce que ce n'est pas à moi que le Pinocchio est destiné...

M. Jean Rémy Roulet (L). Monsieur le président, on se calme et on respire, merci !

Chers collègues, Pinocchio, lui, était un pantin gai, un pantin candide, un pantin drôle...

Tout à l'heure, un geste d'une importance gravissime - en tout cas aux yeux de tous les députés libéraux - a été effectué: un pantin a été déposé à la place de M. Beer ! Ce n'est pas vous le pantin, Monsieur Beer... Les pantins et les bouffons de ce parlement sont ceux qui se sont prêtés à ce geste d'une ignominie rare et qui fait honte au fonctionnement de notre Grand Conseil. Et j'aimerais que le ou les députés qui ont osé faire ce geste le disent haut et fort devant la tribune, devant la presse, devant les médias et qu'ils s'excusent publiquement !

Je demande formellement au président du Grand Conseil - et je le remercie par ailleurs d'avoir devancé ma demande - que nous traitions ce dérapage dans les plus brefs délais, afin qu'il ne se reproduise plus. (Applaudissements.)

M. Ueli Leuenberger (Ve). Je ne sais pas pour quelle raison ce geste provoque un tel drame...

J'aimerais brièvement expliquer ce qui s'est passé. J'ai effectivement remis ce Pinocchio à Mme Spoerri - suite à des déclarations de représentants du département et de la police que j'ai pu lire aujourd'hui dans la presse - en lui demandant qu'elle le remette à qui de droit...

Je ne l'ai pas posé à la place d'un conseiller d'Etat en particulier... J'ai trop de respect pour le gouvernement genevois ! (Exclamations.)C'est Mme Spoerri, lorsqu'elle a pris la parole, qui l'a posé à la place de M. le conseiller d'Etat Beer...

Voilà ce qui s'est passé. C'était un simple clin d'oeil de ma part, puisque j'ai demandé à Mme Spoerri de remettre ce Pinocchio à qui de droit...

Madame la conseillère d'Etat, je vous prie d'excuser mon geste s'il vous a offensée.

A mes collègues du Grand Conseil, je rappellerai tout de même que, depuis une année et demie que je siège dans cette enceinte, j'en ai déjà vu de belles, et ce, sur tous les bancs ! Je prie toutefois celles et ceux qui se sentent offensés d'accepter mes excuses.

Quoi qu'il en soit, ce qui se passe actuellement dans la police est inadmissible. Il y a des problèmes extrêmement graves face à certaines échéances. Ce Pinocchio se voulait être un simple clin d'oeil... Cela n'a pas été le cas: tant pis ! Excusez-moi encore !

Le président. Je rappelle que le Bureau et les chefs de groupe se réunissent tout à l'heure. M. Moutinot, président du Conseil d'Etat souhaite prendre la parole, puis nous arrêterons là, car nous n'allons pas entamer un débat à ce sujet. (Exclamations.)

Monsieur le président, vous avez la parole.

M. Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat. Dès lors que M. Ueli Leuenberger a présenté des excuses, pour nous cet incident est clos.

Toutefois, il faut garder à l'esprit que votre comportement doit en toutes circonstances présenter la dignité nécessaire pour que l'autorité de l'Etat - la vôtre et la nôtre - ne soit pas dénaturée. (Applaudissements.)

Le président. Je remercie M. le président du Conseil d'Etat de ces sages paroles, et je reprends notre ordre du jour... (Exclamations.)Non, il n'y a pas de débat... (Exclamations.)Bien, en vertu de l'article 79A, j'imagine que MM. Hodgers et Brunier veulent faire des rappels au règlement, mais je ne vois pas sur quoi, en dehors du fait que j'ai essayé de régler au mieux cet incident.

La parole est à vous, Monsieur Brunier.

M. Christian Brunier (S). Mon intention n'est pas de polémiquer sur cette affaire. Je crois que M. Ueli Leuenberger a fait un geste exemplaire en s'excusant... (Exclamations.)

Une voix. On a vu, on a vu !

M. Christian Brunier. Monsieur Kunz, j'aimerais bien que vous fassiez la même chose quand vous vous comportez mal ! (Exclamations.)Et que vous vous excusiez aussi sur votre façon de faire ! Son attitude est exemplaire, et, à mon avis, beaucoup de députés qui ont commis des erreurs dans ce parlement n'ont pas eu la même attitude.

Par contre - et c'est pourquoi j'approuve totalement la déclaration du Conseil d'Etat - je trouve limite que le Bureau du Grand Conseil - en tout cas son président - demande de poursuivre la photographe qui a pris la photo et envoie des personnes du service de Grand Conseil pour essayer de la coincer... Cela s'est passé sous mes yeux, et ce n'est pas acceptable ! (Exclamations.)Il n'est pas du tout acceptable de poursuivre la photographe qui a pris ce cliché... Elle l'a pris: tant pis, ce n'est pas très grave... Je ne sais pas quelle utilisation elle en fera, mais j'espère qu'elle en fera la meilleure utilisation possible, avec une certaine éthique...

A mon avis, nous ne devons pas censurer les photographes de presse ! (Applaudissements.)

Le président. Monsieur le député, je maintiens ce que j'ai dit. Les photos sont autorisées dans ce Grand Conseil, mais si elles le sont c'est pour prendre des photos normales... Si un intrus - en l'occurrence, ce petit pantin - est introduit dans cette salle, sa photo ne doit pas être publiée ! (Exclamations.)Il n'y a pas de discussion: je maintiens fermement que cette photo ne doit pas paraître dans la presse !

Monsieur Hodgers, vous avez la parole.

M. Antonio Hodgers (Ve). Je remercie M. Leuenberger pour sa réaction dans cette affaire.

J'aimerais toutefois revenir sur cet épisode qui me paraît tout aussi navrant qu'à M. Brunier... (Exclamations.) ...et témoigner - et témoigner, Monsieur le président - pour dire que, suite à votre décision, des élus du banc libéral - des hommes, bien évidemment - ont entouré physiquement cette jeune fille, en faisant pression sur elle pour qu'elle rende sa pellicule de photos... (Exclamations.)C'est un scandale pour la liberté de la presse ! Je vous l'accorde, en terme déontologique, cette journaliste doit avoir de la retenue, mais nous ne pourrons aucunement tolérer qu'une pression - et de plus physique - soit exercée sur un représentant de la presse. (Applaudissements.)

Le président. Monsieur le député, moi j'essaie de diriger les débats dans cette salle. Ce qui se passe en dehors de cette salle, dès les portes de la salle des Pas Perdus franchies, ne peut, malheureusement, en aucun cas me concerner. Je n'ai aucun pouvoir en dehors de cette salle.

Nous reprenons maintenant le cours de nos travaux, avec le point 67 de notre ordre du jour.