République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 243
18. Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil concernant la politique régionale et européenne. ( )RD243

Sommaire

Page

1. INTRODUCTION  4644

2. BILAN PRATIQUE 4645

2.1. L'aménagement concerté du territoire 4645

2.1.1. Une cartographie franco-valdo-genevoise 4645

2.1.2. Analyse comparée des schémas d'aménagement

 du territoire des différents secteurs du Genevois transfrontalier 4645

2.1.3. Evolution des emplois et de la population du bassin

 transfrontalier 4646

2.1.4. Polarités urbaines 4646

2.1.5. Espaces ruraux et milieux naturels 4646

2.1.6. Transports et aménagements 4646

2.1.7. Colloque du CRFG 4646

2.1.8. Infoplan-Léman 4647

2.1.9. Traversée de la rade 4647

2.1.10. L'Atlas transfrontalier 4647

2.2. Energie 4648

2.2.1. La Conférence romande des délégués à l'énergie 4648

2.2.2. Conférence des services cantonaux à l'énergie 4648

2.2.3. Relations avec la France voisine 4648

2.2.3.1. Rencontres avec les organismes régionaux 4648

2.2.3.2. Informations réciproques 4648

2.2.3.3. La centrale thermique de Troinex 4649

2.3. Transports 4649

2.3.1. Le T.G.V. 4649

2.3.2. Evolution des chemins de fer régionaux 4652

2.3.3. Rail 2000 4653

2.3.4. La ligne Sud Léman 4654

2.3.5. Le métro léger transfrontalier 4654

2.3.6. Le développement des transports publics transfrontaliers 4655

2.3.7. Le bus Lyon-Genève 4655

2.3.8. Les autoroutes 4655

2.3.9. Les parkings d'échange 4655

2.3.10. Le transport fluvial 4656

2.4. Environnement 4657

2.4.1. La commission internationale pour la protection

 des eaux du Léman (CIPEL) 4658

2.4.2. La commission consultative internationale pour la pêche

 dans le Léman 4658

2.4.3. La gestion de la nappe phréatique du Genevois 4658

2.4.4. Le Contrat rivière Arve 4659

2.4.5. L'assainissement transfrontalier 4659

2.4.5.1. Traitement des eaux usées provenant de Genève

 sur une installation française 4659

2.4.5.2. Traitement des eaux usées provenant de France

 sur une installation genevoise 4659

2.4.5.3. Etudes transfontalières de cours d'eau 4659

2.4.6. Le traitement des déchets 4660

2.4.6.1. L'usine des Cheneviers 4660

2.4.6.2. Les études du Conseil du Léman 4661

2.4.7. Creys-Malville 4662

2.5. Economie 4663

2.5.1. Fiscalité 4664

2.5.2. Implantations d'entreprises 4664

2.5.3. Le marché franco-suisse de l'entreprise 4665

2.5.4. Création des unions lémaniques 4665

2.5.5. La reprise du WTC d'Archamps 4666

2.5.6. Les Laiteries Réunies 4666

2.5.7. Les zones franches 4667

2.5.8. Les travailleurs frontaliers 4667

2.6. Formation, échanges de personnel, d'étudiants et d'apprentis 4668

2.6.1. Echanges d'écoliers et publication de guides 4668

2.6.2. La valise pédagogique 4668

2.6.3. Le Forum transfrontalier de l'éducation 4669

2.6.4. Echanges de stagiaires et bourses 4669

2.6.4.1. Eurodyssée 4669

2.6.4.2. Echanges dans les métiers du tourisme et de l'hôtellerie 4669

2.6.4.3. Bourses 4669

2.6.5. Equivalence de diplômes 4670

2.6.6.  Création de «chaires Denis de Rougemont» 4670

2.7. Vaud-Genève 4670

2.7.1. Promotion économique 4671

2.7.2. Entente intercommunale (EDIM) 4671

2.8. Echanges culturels 4671

2.8.1. Etude de l'Observatoire des politiques culturelles de Grenoble 4671

2.8.2. Le Salon international du livre et de la presse 4672

2.8.2.1. Le stand du CRFG 4672

2.8.2.2. La Guilde du Livre 4672

2.8.3. Echanges de spectacles 4673

2.8.3.1. Le théâtre pour enfants 4673

2.8.3.2. Festival de Genève / La Bâtie 4673

2.8.3.3. «Avant-scène» à Lyon 4673

2.8.4. Participation à «La fureur de lire» 4673

2.8.5. Concerts communs et choralies 4674

2.8.6. Festival du film de Genève 4674

2.8.7. Stairs 4674

2.8.8. Interjeunes 4674

2.8.9. Le prix du Conseil du Léman 4675

2.9. Sports 4675

2.9.1. Le label sportif du Conseil du Léman 4675

2.9.2. Les activités du CRFG 4675

2.10. Sécurité 4676

2.11. Tourisme 4676

2.11.1. Le Diamant alpin 4676

2.11.2. Collaboration avec les cantons de Vaud et du Valais 4677

2.11.3. Collaboration avec la France voisine 4677

2.11.4. Présence française à la Foire de Genève 4677

2.11.5. Présence genevoise au Festival de Chamonix 4677

2.12. Santé publique et secteur social 4678

2.12.1. Le groupe de liaison des travailleurs sociaux transfrontaliers 4678

2.12.2. La collaboration Vaud-Genève 4679

2.12.2.1. Les projets de restructuration 4679

2.12.2.2. Les projets de développement 4680

2.12.2.3. Coordination des activités administratives 4680

2.12.2.4. Collaboration avec les hôpitaux universitaires suisses 4680

2.12.2.5. Projets de restructuration 4680

2.12.2.6 Etude d'un réseau hospitalo-universitaire lémanique 4680

2.12.3. La collaboration avec la France voisine 4681

2.13. Les questions européennes 4682

2.13.1. La clause européenne 4683

2.13.2. La coopération intercantonale et confédérale 4684

2.13.2.1. Le Groupe de contact Confédération-cantons 4684

2.13.2.2. La Conférence des gouvernements cantonaux 4684

2.13.2.3. Les cantons frontaliers limitrophes de la France 4685

2.13.2.4. La Conférence des euro-délégués cantonaux 4686

2.13.3. La coopération régionale et transfrontalière 4686

2.13.3.1. Les compétences cantonales 4686

2.13.3.2. Le programme INTERREG 4687

2.13.3.3. Le Centre européen des technologies avancées

 en architecture et paysage 4689

2.13.4. L'application de l'accord de Schengen 4690

3. INFORMATION 4690

3.1. La télévision 4691

3.2. La presse  4691

3.3. La radio 4692

3.4. Les publications 4692

3.5. La «Bulle» de la diversité 4692

3.6. Multimédia du DIER 4692

4. ÉVALUATION DU FONCTIONNEMENT DES

 INSTITUTIONS TRANSFRONTALIÈRES 4693

4.1. Les trois niveaux de la vie transfrontalière 4693

4.1.1. La société civile 4693

4.1.2. Le niveau intercommunal 4694

4.1.2.1. Les commissions consultatives (CCIT) 4694

4.1.2.2. Les relations inter-cités 4694

4.1.3. L'échelon régional 4694

4.1.3.1. Evolution des structures 4695

4.1.3.2. Représentation régionale dans les établissements publics 4696

4.1.3.3. Projets d'intérêt régional 4697

4.2. Conclusion 4697

5. ANNEXES

5.1. Projet de métro léger franco-genevois pour développer

 les transports collectifs de l'agglomération transfrontalière 4698

5.2. Statistique de la pêche dans le lac Léman 4702

5.3. La nappe souterraine du Genevois 4703

5.4. Le Contrat rivière Arve 4708

5.5. La Charte pour l'emploi des frontaliers 4721

5.6. Le rapport du CRFG sur les structures

 des organismes transfrontaliers 4723

5.7. La liste des accords transfrontaliers depuis septembre 1992 4729

Ce document a été établi par la délégation du Conseil d'Etat aux affaires régionales présidée par M. Claude Haegi, conseiller d'Etat, président du département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales (DIER) et formée par M. Jean-Philippe Maitre, conseiller d'Etat, président du département de l'économie publique, et M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat, président du département de justice et police et des transports, avec le concours de MM. Yves Martin, secrétaire général du DIER, Michel Baettig, directeur du service des affaires régionales et européennes, Mmes Christine Ricci, secrétaire adjointe, et Marie-Hélène Dubouloz, attachée aux questions européennes.

Le présent rapport a notamment pour objet de faire le point, conformément à l'article 66 de la loi portant règlement du Grand Conseil, sur les questions régionales, transfrontalières et européennes.

Par la même occasion, il sera également répondu à diverses motions:

- M 841 concernant le vote sur l'Espace économique européen et la coopération transfrontalière;

- M 978 de la commission des affaires régionales concernant l'accélération du développement de structures régionales;

- M 846 concernant la création d'une Agence de l'eau transfrontalière;

 ainsi qu'à la résolution

- R 256 concernant la politique régionale des déchets.

Les questions ne sont abordées que sous l'angle transfrontalier et les lectrices et lecteurs qui désireraient avoir une vision plus globale de tel ou tel sujet peuvent notamment se référer au Rapport de gestion du Conseil d'Etat de la République et canton de Genève pour l'année 1994.

Le sommaire de ce rapport est sensiblement le même que celui de l'an passé pour permettre une lecture comparative et complémentaire entre les deux rapports précédents (RD 174 et 221). Néanmoins, plusieurs chapitres et paragraphes ont été ajoutés au gré des activités de 1994. Nous avons aussi recouru à la publication d'annexes pour permettre, d'une part, une lecture plus rapide du rapport et, d'autre part, développer à la suite du texte principal divers domaines particuliers.

1. INTRODUCTION

La coopération transfrontalière s'est sensiblement développée en 1994. A titre de préambule, trois éléments marquants méritent d'être soulignés.

Tout d'abord, un schéma d'aménagement concerté du territoire prend forme: Gessiens, Nyonnais, Haut-Savoyards et Genevois collaborent étroitement dans le cadre du Comité régional franco-genevois (CRFG) et définissent ensemble les grandes lignes de leur développement futur. Plusieurs documents ont été élaborés et un important colloque transfrontalier aura lieu le 8 décembre 1995 au CERN pour faire le point de la situation.

Ensuite, Français et Suisses ont pris l'habitude de coopérer étroitement pour la mise en place de grands équipements, que ce soit le futur métro léger transfrontalier, l'étude de la traversée de la rade ou encore la jonction de Genève au réseau T.G.V. Par exemple, une structure commune est prévue non seulement pour la réalisation du métro léger, mais aussi pour son exploitation.

Troisième remarque: les milieux socio-économiques sont toujours plus associés aux travaux transfrontaliers. A l'initiative du Conseil du Léman, les Chambres de commerce et d'industrie de l'Ain, de la Haute Savoie et des cantons de Vaud, du Valais et de Genève ont formé une Union lémanique pour coordonner leurs activités et collaborer avec le Conseil du Léman. Les Chambres d'agriculture, d'une part, et les Chambres des arts et métiers, d'autre part, ont fait de même. Ainsi trois Unions lémaniques ont vu le jour, ce qui représente un progrès, car il est important que les acteurs socio-économiques participent activement à la coopération transfrontalière. Celle-ci y gagne en crédibilité et en efficacité. Les syndicats des travailleurs, de leur côté, ont créé en mai 1995, le Conseil intersyndical de l'Arc lémanique (CISAL).

Voilà pour les grandes orientations. Néanmoins, il faut savoir que la coopération transfrontalière consiste aussi à régler, de façon permanente et le plus rapidement possible, de nombreux problèmes quotidiens. Cela nécessite de fréquentes interventions humaines de part et d'autre de la frontière pour surmonter notamment les obstacles administraifs et ce tissu de relations représente le fondement de toute collaboration interrégionale. C'est pourquoi ce rapport dresse un inventaire de l'ensemble de l'activité transfrontalière, faisant sien l'adage selon lequel les petits ruisseaux font les grandes rivières.

2. BILAN PRATIQUE

2.1. L'aménagement concerté du territoire

Le canton de Genève est en train de revoir son plan directeur. Le département des travaux publics et de l'énergie associe étroitement les représentants français de la Direction départementale de l'équipement (DDE) de l'Ain et de la Haute-Savoie aux travaux de la Commission cantonale d'aménagement du territoire dans le cadre du réexamen du plan directeur. En outre, le Comité régional franco-genevois (CRFG) coordonne la mise en place d'un aménagement concerté du territoire au niveau régional.

Les difficultés économiques actuelles montrent combien il est important de planifier le développement de notre région, de choisir les secteurs d'activités où nous sommes performants, afin d'être concurrentiels. Simultanément, il s'agit d'utiliser judicieusement notre territoire, pour consolider l'équilibre écologique d'une région, dont le patrimoine naturel constitue l'un de ses points forts.

C'est pourquoi le CRFG a décidé de mettre sur pied une plate-forme concertée d'aménagement du territoire. Un groupe de travail ad hoc a été constitué à cet effet sous la co-présidence de MM. Pascal Meylan, vice-président du Conseil général de l'Ain, et Philippe Joye, conseiller d'Etat. Le canton de Vaud et plus particulièrement le district de Nyon ont été associés à ces travaux qui portent sur sept sujets précis:

2.1.1. Une cartographie franco-valdo-genevoise

Une première série de cartes transfrontalières a été réalisée et publiée concernant les réseaux de transports régionaux et intervilles, les transports publics, le réseau routier, l'affectation du sol, la protection des sites et divers équipements. Chaque carte est accompagnée d'un commentaire qui souligne les problèmes majeurs qui devront trouver une solution au niveau régional.

2.1.2. Analyse comparée des schémas d'aménagement du territoire des différents secteurs du Genevois transfrontalier

Pour prolonger le travail entrepris par la publication de la cartographie mentionnée ci-dessus, l'Institut européen d'aménagement et d'architecture (INEAA) a examiné, sous la direction du professeur Jean Duminy, les schémas d'aménagement du district de Nyon, du Pays de Gex, du Genevois haut-savoyard et du canton de Genève. Un document de synthèse a été publié et, comme dans le document précédent, diverses questions sur l'avenir de la région ont été posées. Ce travail avait pour but de porter un regard neuf sur notre région, c'est pourquoi le choix s'est porté sur l'INEAA de Nantes qui, pour mener son enquête, a mobilisé de jeunes étudiants architectes.

2.1.3. Evolution des emplois et de la population du bassin transfrontalier (En cours)

Un groupe d'experts franco-suisse établit des hypothèses d'évolution des emplois et de la population dans la région. Cette étude s'effectue dans le cadre de la révision du plan directeur cantonal.

2.1.4. Polarités urbaines (En cours)

Une autre étude est entreprise sous la direction de l'INUDEL (Association régionale pour l'innovation urbaine et le développement local) pour examiner le réseau des villes et son fonctionnement de part et d'autre de la frontière. Il s'agit d'envisager un développement plus harmonieux - multipolaire disent les spécialistes - entre les différentes agglomérations de la région.

2.1.5. Espaces ruraux et milieux naturels (En cours)

Cette étude a pour but de dresser l'inventaire du territoire transfrontalier non bâti (terres agricoles, forêts, espaces de loisirs, cadre paysager...) et ensuite de déterminer quelles mesures devront être prises sur le plan transfrontalier pour préserver ce patrimoine naturel.

2.1.6. Transports et aménagements ( En cours).

C'est le cabinet Hautefeuille d'Annecy qui a été choisi pour analyser l'ensemble des projets de transports français et suisses et relever les interactions des uns et des autres. Il s'agira aussi de bien établir les relations entre ces projets - tels que les lignes et les gares T.G.V., la traversée de la rade ou le réseau des transports communs transfrontaliers - et l'organisation et l'urbanisation du territoire régional.

2.1.7. Colloque du CRFG

Le 8 décembre prochain, au CERN, aura lieu un grand colloque transfrontalier, semblable à celui qui s'est déroulé en septembre 1993. Les résultats des études susmentionnées seront présentées aux acteurs de la région. Ce sera l'occasion de définir la politique générale à suivre et les décisions à prendre. L'organisation de ce colloque et les études qui serviront de base aux discussions seront vraisemblablement subventionnées en partie par l'Union européenne (INTERREG II).

2.1.8. Infoplan-Léman

Le Conseil du Léman s'efforce, lui aussi, de favoriser une concertation régionale pour l'aménagement du territoire. A cet effet, les cantons de Vaud, du Valais et de Genève, ainsi que les départements français de l'Ain et de la Haute-Savoie se sont dotés d'un outil informatique performant composé d'une base cartographique et d'une banque de données. Cet instrument fournit des informations sur l'état actuel de l'organisation du territoire, sur les développements souhaités et les mesures prises et envisagées par les autorités dans ce domaine. La mise en place de ce système a été laborieuse. Un contrat a été établi entre le Conseil du Léman et l'Université de Genève qui gère ce système. Celui-ci s'étoffe au fil des mois, mais un grand travail reste à faire pour sensibiliser les milieux concernés aux avantages d'Infoplan-Léman.

Parallèlement, le Conseil du Léman a établi un rapport concernant Les espaces naturels sur le territoire du Conseil du Léman. Celui-ci passe en revue les dispositions réglementaires et les procédures en vigueur et expose la situation de la protection des espaces naturels dans les cinq entités. Cette étude sera publiée dans le courant de 1995 et alimentera par la suite la banque de données d'Infoplan-Léman.

2.1.9. Traversée de la rade

Dans l'esprit d'ouverture et de coopération souligné dans l'introduction, le gouvernement genevois a tenu à associer les Français et les Vaudois aux études concernant la traversée de la rade. C'est ainsi que les communes d'Ambilly, d'Annemasse, de Ferney-Voltaire, de Gaillard, de Ville-la-Grand, de Mies, ainsi que les délégations départementales de l'équipement (DDE) de l'Ain et de la Haute-Savoie ont été intégrées au groupe de travail Etat-communes «Traversée de la rade».

2.1.10. L'Atlas transfrontalier

L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), en France, et l'Office cantonal de la statistique (OCSTAT) à Genève ont réalisé en commun un atlas transfrontalier en 1994. Celui-ci a été édité notamment avec le concours financier de l'Union européenne (INTERREG I), du CRFG et de six établissements bancaires suisses et français. Cet ouvrage de 25 pages comprend de nombreuses informations sur l'histoire, la population, le logement et les revenus des habitants de la région. Il touche 192 communes du district de Nyon, du Pays de Gex, de Genève et du Genevois haut-savoyard.

2.2. Energie

Genève a été parmi les premiers cantons qui ont participé à une collaboration régionale intercantonale dans le domaine énergétique.

2.2.1. La Conférence romande des délégués à l'énergie

C'est en 1978 que s'est réunie pour la première fois la Conférence romande des organes responsables des mesures d'économies énergétiques, qui est devenue la Conférence romande des délégués à l'énergie. Son programme d'action comprend actuellement des activités éducatives, la formation des professionnels concernés, l'aide technique aux entreprises, l'information du grand public, l'analyse de sujets particuliers ou encore la coordination du programme Energie 2000 à l'échelon romand.

2.2.2. Conférence des services cantonaux à l'énergie

Au début des années 1980 ont été mises en place des structures de collaboration entre services et autorités de l'ensemble des cantons soit, chronologiquement, la Conférence des services cantonaux de l'énergie et la Conférence des directeurs cantonaux de l'énergie, la première servant de support technique à la seconde. Ces organismes permettent de faire circuler l'information entre les cantons, de se pencher sur la législation fédérale et internationale en matière d'énergie. Le canton de Genève participe notamment à un groupe de travail consacré à l'harmonisation des législations cantonales.

2.2.3. Relations avec la France voisine

Quant aux contacts avec la France voisine, ils peuvent se diviser en trois catégories:

2.2.3.1. Rencontres avec les organismes régionaux

Des rencontres annuelles ou bisannuelles ont lieu entre l'Office cantonal de l'énergie et les représentants de l'ADEME (Agence française de l'environnement et d'énergies) et de Rhônalpénergie et environnement.

2.2.3.2. Informations réciproques

Des échanges transfrontaliers d'expériences concernant plus particulièrement l'énergie solaire et les activités éducatives ont lieu entre les responsables concernés. Des visites de projets-pilotes, localisés de part et d'autre de la frontière, sont également mises en place. Ces échanges, qui s'avèrent très enrichissants, mériteraient d'être formalisés, systématisés et intensifiés.

2.2.3.3. La centrale thermique de Troinex

Un projet de centrale thermique fonctionnant aux déchets de bois est à l'étude dans la région de Troinex. Cette installation devrait alimenter en chaleur les serres des maraîchers de la région. L'exploitant réside en France. L'Association haut-savoyarde pour le développement de l'énergie solaire (ASHDES) et Energies renouvelables ont invité dès le début le canton de Genève à s'associer à ce projet, inscrit lui-même au programme européen Thermie.

2.3. Les transports

2.3.1. Le T.G.V.

Le souci du gouvernement genevois est de réaliser le rattachement de la région franco-genevoise au réseau T.G.V. dans les meilleures conditions. Les possibilités sont actuellement au nombre de trois:

a) La ligne Genève-Mâcon-Paris (T.G.V. Léman/Mont-Blanc). Il faudrait construire une nouvelle voie T.G.V. entre Genève et Bourg-en-Bresse, et aménager la ligne actuelle entre Bourg-en-Bresse et Mâcon, cette dernière ville étant déjà reliée à la capitale française par une voie T.G.V. (T.G.V. Paris/Sud-Est). Il en coûterait 12 milliards de FF. Genève ne serait plus qu'à 2 h 10 de la capitale française.

b) Le financement pour l'électrification et l'aménagement de la ligne Bellegarde/Bourg-en-Bresse pour le T.G.V., dite des «Carpates», située dans la cluse de Nantua. Cette ligne est quasiment désaffectée et il faudrait investir pour la moderniser. Pour un coût total de 8 milliards de FF, ligne T.G.V. et tronçon des «Carpates» compris, Genève ne serait plus qu'à 2 h 27 de Paris, au coeur des villes.

c) La liaison Genève-Chambéry, dite «Sillon Alpin» qui viendrait se greffer sur la ligne T.G.V. Lyon-Turin qui est à l'étude. La cité de Calvin serait alors à 1 h de Lyon, 1 h 25 de Turin, 2 h 05 de Milan et de 2 h 35 de Paris. Le coût du «Sillon Alpin» reviendrait entre 13 et 18 milliards de FF, selon le choix des variantes.

Deux importantes rencontres se sont déroulées en 1994. En juin, les ministres français et suisse des transports se sont rencontrés en présence des autorités genevoises. Un groupe de travail franco-suisse a été mis en place pour étudier:

- le raccordement de Genève au projet Lyon-Turin, en préservant la compatibilité avec les deux autres projets (a) Genève Mâcon, (b) la modernisation de la ligne Bellegarde-Bourg.;

- le raccordement de Lausanne, en tenant compte du futur T.G.V. Rhin-Rhône;

- le raccordement de Bâle et de Zurich au T.G.V. Paris-Strasbourg-Allemagne, également en tenant compte du futur T.G.V. Rhin-Rhône.

Ce groupe de travail informe les cantons de Suisse occidentale à travers le groupe «Intégration de la Suisse occidentale au réseau ferroviaire européen à haute performance» présidé par l'Office fédéral des transports.

Une deuxième rencontre a eu lieu, le 10 novembre à Lyon, entre MM. les conseillers d'Etat genevois Claude Haegi, Gérard Ramseyer et Philippe Joye et M. Charles Millon, président de la région Rhône-Alpes, accompagné de trois de ses vice-présidents, MM. Alain Merieux, Pierre Dumas et Richard Cazenave. Ils ont convenu d'étudier en commun les trois possibilités de jonctions (a, b et c). Un groupe de travail a donc été mis en place «pour conduire une réflexion technique sur les projets de lignes nouvelles à grande vitesse concernant simultanément Genève et Rhône-Alpes, de façon à fonder leurs points de vue respectifs sur une vision partagée des enjeux économiques et d'aménagement».

Ce groupe informe les entités régionales concernées dans le cadre du CRFG et du Conseil du Léman.

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Une autre importante réunion d'experts s'est tenue le 9 juin 1995 à Grangeneuve (BE). Des représentants des C.F.F., de l'Office fédéral des transports (OFT) ainsi que les délégués aux transports des cantons de la Suisse occidentale (BE, FR, VD, VS, NE, GE et JU), des deux Bâle et de Zurich se sont réunis pour préparer «une position suisse claire et cohérente» concernant le raccordement de la Suisse au réseau T.G.V. Un projet de proposition commune a pu être élaboré. «Il prévoit, par étapes, une réalisation de la liaison Genève-Mâcon et l'amélioration de la ligne Lausanne/Berne Neuchâtel-Frasne-Dijon. Cette solution tient compte de la décision récente des Français de réaliser le T.G.V. Rhin-Rhône (Mulhouse-Dijon-Paris). Il conviendra également d'optimiser l'accès du Jura à cette nouvelle ligne. La porte d'entrée de Bâle fait partie intégrante de cette solution». Cette conception sera soumise aux autorités fédérale et cantonale concernées. Le représentant genevois, M. Sandro Manzoni, a rappelé le triple objectif du gouvernement du canton, celui d'améliorer ses relations avec le Nord et le Sud de l'Europe et avec Lyon. Il a précisé l'intérêt de Genève pour la ligne rapide Mâcon-Genève, par la Cluse-de-Nantua. Il accepte que celle-ci soit réalisée par étapes à condition que la première étape soit significative. Il manifeste une préférence pour la variante du tracé sud dans le bassin genevois, car elle réserve au mieux l'avenir, notamment la possibilité d'y raccorder une nouvelle liaison améliorant la desserte entre Chambéry, Annecy et Genève.

Au chapitre des T.G.V., il faut encore mentionner que la SNCF a inauguré le 25 septembre 1994 une nouvelle desserte par T.G.V., Montpellier-Genève, via Nîmes, Avignon, Lyon. Le trajet entre les deux villes dure désormais 4 h 15, soit cinquante minutes de moins qu'avec l'ancien «Catalan-Talgo».

2.3.2. Evolution des chemins de fer régionaux

La ligne Genève-La Plaine a été revitalisée par la mise en service du Rhône-Express-Régional (RER) le 25 septembre 1994. De nouvelles rames ont été achetées. D'une capacité de 235 personnes, elles peuvent atteindre, en service normal, la vitesse de 100 km/h. Le nouvel horaire comprend un train par sens toutes les soixante minutes entre 6 et 24 heures et une desserte à la demi-heure aux moments de pointe.

Afin de faciliter l'accès au RER plusieurs lignes de bus ont été aménagées:

- la ligne X a été prolongée dès le 28 mai 1995 jusqu'à Avully et Gennecy;

- la ligne W qui dessert les hameaux du nord de la commune de Satigny (Bourdigny et Peissy) et aboutit à la gare de Satigny a été mise en service le 25 septembre 1994;

- la ligne S relie Bernex, via Aire-la-Ville, à la gare de Satigny depuis le 28 mai 1995;

- la halte RER de la zone industrielle de Meyrin-Satigny (ZIMEYSA) est desservie depuis le 28 mai 1995 par les bus 6 et 9 au nord de la halte et par la ligne 52 au sud.

Le taux de fréquentation de cette ligne Genève-La Plaine a augmenté d'environ 36% depuis l'introduction du RER.

Des investigations sont entreprises pour déterminer comment l'on pourrait améliorer la desserte de La Plaine avec Bellegarde.

2.3.3. Rail 2000

Les Chambres fédérales ont accepté, en mars 1995, la première étape de Rail 2000. Celle-ci vise à améliorer sensiblement les liaisons sur l'axe Lausanne-Genève, notamment avec la construction d'une troisième voie entre Coppet et Genève. La nouvelle ligne sera construite côté Jura, sauf à l'entrée de Genève où elle passera le long du Jardin botanique. En outre, la cadence des trains sera augmentée. Des autobus relieront les villages éloignés aux gares des principaux centres régionaux. Les possibilités de parking autour des gares seront également étendues.

Chaque heure, les voyageurs auront à disposition:

- un intercity: Genève-Lausanne-Berne-Zurich-Saint-Gall;

- trois trains directs: Genève-Lausanne-Sion-Brigue / Genève-Lausanne-Berne-Lucerne/Genève-Yverdon-Neuchâtel-Bâle, évitant Lausanne mais s'arrêtant à Nyon et Morges;

- un accéléré: Genève-Coppet-Nyon-Gland-Rolle-Allaman-Morges-Renens-Lausanne;

- un régional: Genève-Coppet (une desserte toutes les 30 minutes est envisagée aux heures de pointe);

- un régional: Lausanne-Allaman.

Ces améliorations faciliteront incontestablement les relations interrégionales avec le canton de Vaud.

2.3.4. La ligne Sud Léman

Depuis plusieurs années, le Conseil du Léman s'engage pour le maintien de la ligne Sud Léman, qui pourrait à l'avenir devenir internationale et se greffer au réseau européen. Ce serait un réel atout pour la région et soulagerait les lignes du Nord-Léman. 4,6 millions de FF ont été engagés pour réhabiliter cette ligne. En outre, une étude a été entreprise, en 1994, pour l'exploitation future de cette liaison reliant Evian à Saint-Gingolph.

Le Conseil du Léman s'est prononcé en faveur de la création d'un organisme franco-suisse pour l'exploitation touristique de cette ligne et il est favorable au versement de subventions à l'exploitant pendant cinq ans. Des contacts vont être pris avec la région Rhône-Alpes pour analyser de façon approfondie les perspectives d'avenir de cette liaison.

2.3.5. Le métro léger transfrontalier

Les études concernant le futur métro léger transfrontalier se sont poursuivies activement. Deux chefs de projet ont été nommés, MM. Jean-Pierre Morelon, ingénieur général des Ponts et Chaussées, du côté français, et Christophe Stucki, président du collège de direction pour les études de transports collectifs 2005. En outre, sur le plan politique, la délégation des transports du gouvernement genevois a rencontré régulièrement un triumvirat français formé par Mme Anne Gazeau-Secret, consul général de France à Genève, et MM. Jean-Pierre Lacroix et Michel Morin, respectivement préfets de l'Ain et de la Haute-Savoie. Et, au niveau technique, des groupes de spécialistes ont également été constitués de part et d'autre de la frontière et ont travaillé ensemble (voir Annexe 5.1).

Aujourd'hui, on voit se concrétiser la volonté franco-genevoise d'élaborer, en commun, l'étude d'un avant-projet de métro léger à voie métrique entre l'agglomération d'Annemasse, Genève et le Pays de Gex, mais un long chemin reste à parcourir.

Ainsi, en 1995, les questions techniques, juridiques, économiques et financières seront examinées en détail par les deux parties afin de déboucher, début 1996, sur une prise de décision quant à la réalisation du projet. Une convention internationale entre la Suisse et la France devrait être signée et le CRFG est chargé par les deux Etats de la préparer. Le premier tronçon, Cornavin-Annemasse, pourrait être mis en service en 1999. Le coût est évalué à 125 millions de FS.

2.3.6. Le développement des transports publics transfrontaliers

Le 29 mai 1994, deux nouvelles lignes transfrontalières ont été mises en service aux heures de pointe par le prolongement de liaisons existantes:

- la D (Cornavin - Bachet-de-Pesay - Perly- Saint-Julien - Viry- Valleiry);

- la H (Tours de Carouge - Croix-de-Rozon - Collonges - Archamps).

2.3.7. Le bus Lyon-Genève

Depuis juillet 1992, un service de navette, Aéroports express, relie les aéroports de Genève-Cointrin et de Satolas-Lyon en moins de 100 minutes. En 1994, 15 000 personnes ont emprunté ces bus. La fréquentation est donc en progression, puisque la moyenne annuelle jusqu'ici était de 10 400 voyageurs. Néanmoins, il faudrait dépasser le chiffre de 28 000 personnes pour que la ligne devienne rentable. Les promoteurs de cette liaison - European Bus Association (EBA) du côté suisse et Intercars France et Autocars Planche du côté français - demeurent persuadés de pouvoir atteindre cet objectif.

2.3.8. Les autoroutes

Le feu vert a été donné, en avril 1995, par le Conseil d'Etat français pour la construction des tronçons autoroutiers Genève-Annecy (A41) et Annemasse-Thonon (A40). La première liaison, longue de 19 kilomètres, devrait coûter environ 550 millions de FS. Genève sera alors à 25 minutes de voiture d'Annecy. Le second projet, long de 35 kilomètres, est devisé à 700 millions de FS. Les autorités françaises précisent que l'autoroute Annecy-Thonon favorisera le désenclavement du Chablais.

Ces deux tronçons pourraient entrer en service aux alentours de 1999.

Du côté suisse, l'évitement de Plan-les-Ouates est en cours de construction. En outre, le département des travaux publics et de l'énergie a mandaté un bureau pour étudier une nouvelle jonction à Versoix. Une liaison éventuelle avec la RN5, dans le Pays de Gex, sera étudiée à cette occasion.

2.3.9. Les parkings d'échange

Parallèlement aux mesures prises pour améliorer les transports publics et encourager leur utilisation, une étude approfondie a été effectuée, en 1991, avec l'aide de bureaux privés afin de connaître et de localiser les besoins en parkings d'échange. Cette recherche a démontré qu'il est nécessaire de réaliser environ 10 000 places de stationnement pour résoudre le problème des pendulaires. Le gouvernement a fait sien cet objectif et s'efforce d'atteindre ce but en fonction de ses possibilités financières. Il reste encore environ 9000 places à créer.

En outre, le gouvernement s'emploie à rendre ces parkings attractifs. Depuis 1978, la Fondation des parkings a mis au point, en collaboration étroite avec les Transports publics genevois (TPG), l'abonnement P+R, qui permet l'accès à un parking ainsi que la libre circulation sur le réseau des transports en commun. Genève dispose de neuf parkings P+R:

- Gare-Aéroport (330 places, 50 abonnés par mois)

- Balexert (50 places, 75 abonnés)

- Pré-Bois (240 places, 5 abonnés)

- Les Mouilles (100 places, 40 abonnés)

- Bachet-de-Pesay (175 places, 240 abonnés)

- Moillesulaz (300 places, 290 abonnés)

- Gare des Eaux-Vives (60 places, 80 abonnés)

- Bernex (80 places, 60 abonnés)

- Veyrier (100 places, 20 abonnés)

La commune du Grand-Saconnex a mis à disposition des pendulaires une centaine de places P+R dans le parking Colombelle.

La Fondation étudie, de son côté, divers projets de parkings P+R notamment aux Palettes (250 places), Etoile à la route des Jeunes (650 places), à Sécheron, à Genève-Plage (650 places), à Frontenex (400 places) et à Sous-Moulin à Thônex (environ 500 places).

2.3.10. Le transport fluvial

Dans le cadre du débat national sur l'aménagement du territoire, une délégation d'élus français, conduite par M. Raymond Barre, nouveau maire de Lyon, a rencontré M. Edouard Balladur, alors Premier ministre, pour faire le point notamment sur la navigation fluviale. Celui-ci a confirmé que le gouvernement français entend promouvoir ce mode de transport et «veut relancer le projet Rhin-Rhône de telle sorte que les travaux soient achevés au plus tard en 2010, le financement étant assuré par EDF avec le concours éventuel des collectivités locales, de l'Etat et, le cas échéant, de la Communauté européenne».

Le gouvernement français est aussi intéressé par la liaison Léman-Rhône. Ce projet figure aussi parmi les objectifs à terme du Conseil fédéral. M. Raymond Barre s'est rendu à Genève, le 28 octobre 1994, en compagnie notamment de M. Beaumont, député et président du Conseil général de Saône-et-Loire, pour se renseigner sur la situation en Suisse. Il a été reçu par une délégation suisse romande présidée par M. Gérard Ramseyer, président du département de justice et police et des transports.

Rendre le Haut-Rhône navigable est une très ancienne préoccupation des autorités locales françaises et suisses. Le 18 juin 1944, la Confédération a apporté son soutien au projet en ces termes: «Notre appui vous est acquis pour faire triompher ce qui est peut-être la revendication la plus importante pour l'avenir économique du canton, l'ouverture de la voie navigable Lyon-Genève». Dans une perspective à long terme, ce projet ne manque pas d'intérêt. Genève et la Suisse romande seraient liées directement à la Méditerranée. Alors que Bâle se trouve à 7050 kilomètres du canal de Suez, la Suisse ne serait plus éloignée que de 3540 kilomètres du canal via Marseille-Lyon-Genève.

Notre but, ici, n'est pas de réactualiser ce dossier, mais de nous obliger à le garder en mémoire. Suivant l'évolution de notre société, ce mode de transports méritera, peut-être, un nouvel examen.

2.4. Environnement

En matière d'environnement, plusieurs décisions importantes ont été prises au cours de ces derniers mois, notamment pour la protection des eaux et le traitement des déchets. C'est l'occasion pour le Conseil d'Etat de répondre, dans ce chapitre, à la motion 846 demandant la création d'une Agence de l'eau transfrontalière et à la résolution 256 concernant la politique régionale des déchets.

La motion M 846 «invite le Conseil d'Etat à étudier avec tous les partenaires concernés en France et en Suisse la création d'une Agence de l'eau transfrontalière chargée

a) de la protection du bassin hydraulique lémanique;

b) de la coordination des actions dans les domaines de la qualité des lacs et des cours d'eau, de la nappe phréatique, de l'approvisionnement en eau potable, du traitement des eaux usées de la région».

Les autorités et les services concernés par ces problèmes ont pris contact avec leurs homologues français pour les informer des invites contenues dans la motion 846 et pour leur demander s'ils étaient prêts à entrer en matière. Sans écarter l'idée de créer à l'avenir une structure commune pour la gestion de l'eau, ils estiment qu'il est préférable, pour le moment, de renforcer la coopération transfontalière existant dans ce domaine, point de vue que le gouvernement genevois partage. Voici le point de la situation.

2.4.1. Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL)

La CIPEL regroupe les trois cantons de Vaud, de Genève et du Valais et les départements français de l'Ain et de la Haute-Savoie, ainsi que des représentants des Etats suisses et français. Sous son impulsion, la santé du lac Léman continue à s'améliorer, mais son état n'est pas encore satisfaisant. Le principal objectif demeure la lutte contre l'eutrophisation du Léman par la réduction de 50% de l'apport global de phosphore de 1991 à 2000.

En 1991, les apports annuels en phosphore biodisponible (sans les apports d'origine diffuse) étaient estimés à 440 tonnes. La mise en oeuvre par la CIPEL du plan d'action Le Léman demain a diminué ces apports de 85 tonnes, soit une baisse de l'ordre de 19% pour l'ensemble du bassin. Les investissements effectués jusqu'à fin 1994 s'élevaient à 205 millions de FS. Le coût total nécessaire pour atteindre l'objectif visé avoisinera 800 millions de FS. Alors, l'eau du Léman retrouvera une qualité écologique permettant d'être bue après un traitement simple, de pratiquer des activités de loisirs (pêche, baignades, nautisme...) dans de bonnes conditions et de favoriser la prédominance de poissons nobles (omble chevalier, corégone, truite, etc.).

2.4.2. La commission consultative internationale pour la pêche dans le Léman

Depuis 1982, la commission internationale régit l'exercice de la pêche sur l'ensemble du lac Léman. Elle s'emploie principalement à harmoniser les moyens de pêche des deux Etats. En outre, elle se charge du repeuplement en poissons. En 1994, 57,1 millions d'alevins et 2,2 millions de pré-estivaux (c'est-à-dire âgés de 3 à 4 mois) de corégones, environ un million de petites truites, 1,7 million d'estivaux (âgés d'au moins six mois) d'ombles et 40 000 pré-estivaux de brochets ont été mis dans les eaux du Léman.

Enfin, plus de 662 tonnes de poissons ont été pêchés en 1993 (voir Annexe 5.2).

2.4.3. La gestion de la nappe phréatique du Genevois

Depuis 1978, une commission d'exploitation franco-genevoise se charge de gérer la nappe souterraine de l'Arve qui s'étend sur une longueur de 12 km entre les Eaux-Vives et Chancy. Elle est à cheval sur la frontière et sa largeur varie entre 1 et 3,5 km. En outre, un laboratoire, construit en cofinancement avec la France, analyse les eaux de l'Arve qui sert notamment à réalimenter la nappe. Les cas de pollution sont moins nombreux depuis plusieurs années, comme en atteste le rapport ci-joint (Annexe 5.3).

2.4.4. Le Contrat rivière Arve

Le canton de Genève a signé, en mai 1995, le document final du Contrat rivière Arve. Celui-ci est le plus important de France et prévoit des investissements pour plus de 800 millions de FF afin de revitaliser cette rivière. Le département des travaux publics et de l'énergie et celui de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales ont décidé de verser 400 000 FF pour financer les premières études (voir Annexe 5.4). A la demande des autorités genevoises, l'effort entrepris par Genève en faveur de l'Arve est également mentionné dans le texte du contrat de rivière, afin de bien montrer à nos voisins que l'effort de Genève ne se limite pas à soutenir les actions entreprises dans le cadre du dit contrat.

2.4.5. L'assainissement transfrontalier

Plusieurs conventions ont été signées, en 1994 et 1995, pour améliorer la collaboration franco-genevoise en matière d'assainissement des eaux.

2.4.5.1. Traitement des eaux usées provenant de Genève sur une installation française

Trois conventions ont été signées concernant Cara (132 habitants) raccordé à la STEP d'Annemasse (juillet 1968), Collex-Bossy (966 habitants) relié à la STEP de Ferney-Voltaire (5 octobre 1972) et Veigy/Suisse (54 habitants) à Veigy-Foncenex (juin 1994). Le projet de relier Hermance (800 habitants) à la STEP de Douvaine est à l'étude.

2.4.5.2. Traitement des eaux usées provenant de France sur une installation genevoise

Quatre conventions ont été signées concernant Viry (1029 habitants) raccordé à la STEP de Chancy (janvier 1976), Archamps, Bossey et Collonge-sous-Salève (4230 habitants) à la STEP d'Aïre (septembre 1989), Crevy (100) à la STEP du Nant-d'Aisy (juin 1994). Le raccordement de Ferney-Voltaire et de Collex-Bossy (environ 12.000 habitants) a été décidé définitivement en juin 1985. Enfin, le projet de raccorder Saint-Julien (10 000 habitants) à la STEP d'Aïre est toujours à étude.

2.4.5.3. Etudes transfrontalières de cours d'eaux

La première phase de l'étude franco-genevoise sur le bassin de l'Aire et de la Drize est terminée. Elle confirme la qualité médiocre de ces cours d'eaux, provoquée par une charge polluante disproportionnée par rapport aux capacités d'auto-épuration des milieux récepteurs. Cela est particulièrement le cas pour l'Aire. Des propositions d'améliorations sont en cours d'examen et portent sur:

- l'adaptation des stations d'épuration de Saint-Julien et de la plaine de l'Aire ou leur raccordement à la STEP d'Aïre;

- la réalisation sur territoire français de bassins de rétention des eaux claires, afin de restituer à l'Aire un étiage acceptable;

- la mise en conformité des rejets polluants dans les cours d'eau;

- la gestion des réseaux d'assainissements;

- la renaturation des cours d'eau.

La seconde partie de cette étude devrait être terminée en 1995 et il conviendra de déterminer les mesures à prendre et leur mode de financement.

Une autre étude est en cours pour les bassins du Vengeron, Gobé et Marquet, afin de limiter les risques d'inondations du côté français.

2.4.6. Le traitement des déchets

Dans le domaine du traitement des déchets, le canton de Genève mène une politique transfrontalière comportant actuellement deux grands axes: d'une part, mieux utiliser l'usine d'incinération des Cheneviers et, d'autre part, élaborer au niveau lémanique, une politique commune pour la gestion des déchets. Cette politique répond tout à fait à la résolution 258 invitant le gouvernement

- à poursuivre la collaboration avec les cantons et départements membres du Conseil du Léman (Ain, Haute-Savoie, Valais et Vaud);

- à apporter sa contribution à la gestion régionale des déchets.

2.4.6.1. L'usine des Cheneviers

L'usine des Cheneviers a été redimensionnée pour traiter entre 350 000 et 400 000 tonnes/an de déchets ménagers. Or, en 1994, cette installation n'a traité que 210 000 tonnes. Cette situation est due à la politique de tri et d'économie des déchets. Il faut s'en féliciter sur le plan écologique notamment. En revanche, la sous-utilisation des Cheneviers n'est pas satisfaisante sous l'angle économique. Afin d'améliorer la rentabilité de l'usine, le gouvernement genevois, par la voix de M. Claude Haegi, conseiller d'Etat, a fait savoir, le 19 décembre 1994, lors d'une séance du bureau du Comité régional franco-genevois (CRFG), que les Cheneviers étaient prêts à traiter 100 000 tonnes/an supplémentaires, pour une période probatoire de 10 ans, puis indéterminée. Des propositions de prix - inférieures à 210 francs la tonne - ont également été faites. Néanmoins l'offre genevoise est venue trop tardivement. Nos voisins français ont préféré la solution nationale (et non pas transfrontalière) de construire une nouvelle usine d'incinération à Bellegarde. Celle-ci est en voie de construction et devrait être opérationnelle dans quatre ans environ. En attendant, les communes gessiennes vont confier le traitement de 12 000 tonnes/an de leurs déchets à l'usine des Cheneviers. Pour accroître la rentabilité de cette dernière, il va falloir examiner d'autres demandes provenant d'autres cantons ou du nord de l'Italie.

S'il est regrettable qu'une coopération transfrontalière n'ait pas pu s'instaurer plus rapidement pour le traitement des ordures, il faut poursuivre néanmoins cette collaboration pour harmoniser le traitement des déchets. En effet, si l'on développe le tri et l'économie des déchets, cela va diminuer automatiquement la quantité de matière à incinérer. Une utilisation optimale, dans notre région, des usines des Cheneviers et de Bellegarde nécessitera la mise en place d'une politique commune de part et d'autre de la frontière pour les décennies futures. En clair, il faut éviter toute construction nouvelle avant d'avoir réglé le problème de l'utilisation complémentaire et maximale des usines existantes.

2.4.6.2. Les études du Conseil du Léman

Depuis plusieurs années, le Conseil du Léman s'efforce de réunir les éléments permettant aux autorités concernées de définir une politique commune pour la gestion des déchets. Cela n'a pas été sans mal. Néanmoins, un rapport intitulé La prise en compte des déchets sur le territoire du Conseil du Léman fait le point de la situation. Il propose une approche comparée des dispositions des diverses entités. Cette étude établit également un état des lieux de l'organisation du traitement des déchets en soulignant notamment quelques expériences intéressantes. Enfin, il répertorie les intérêts réciproques à échanger des références, des informations et à mener des actions communes. Ce travail sera publié dans le courant de 1995 et plusieurs des informations contenues dans ce texte seront intégrées dans la banque de données d'Infoplan-Léman. En outre, ce travail de longue haleine étant terminé, il s'agira pour le Conseil du Léman de suggérer aux cinq entités membres de prendre des mesures concrètes.

2.4.7. Creys-Malville

Le problème nucléaire, et plus particulièrement le redémarrage du surgénérateur de Creys-Malville, a été l'une des préoccupations majeures du Conseil d'Etat dans le domaine de l'environnement.

Les Genevois ont inscrit dans la constitution cantonale au mois de décembre 1986 - soit 8 mois après la catastrophe de Tchernobyl - un article prévoyant que les autorités cantonales s'opposent par tous les moyens juridiques et politiques à leur disposition à l'installation de centrales nucléaires sur le territoire du canton et au voisinage de celui-ci. Genève vit donc cette situation un peu singulière qui consiste à s'opposer aux installations nucléaires dans sa région et simultanément à recourir à cette énergie fournie en particulier par l'EDF. Cette position impose au canton de Genève une participation active dans la recherche de solutions nouvelles et de mesures de sécurité tenant mieux compte de l'évolution des risques.

Le canton de Genève a déposé des recours contre les décisions de redémarrage et de montée en puissance de la centrale et ceux-ci sont actuellement examinés par le Conseil d'Etat français. La centrale a été arrêtée le 25 décembre 1994 afin de réparer un des huit échangeurs de chaleur situés dans la cuve du réacteur sur lequel une fuite avait été détectée. L'autorisation de redémarrer est tombée le 22 août 1995 et l'installation a effectivement été remise en fonction par l'exploitant le 24 août 1995.

Sur le plan politique, M. Claude Haegi a eu l'occasion de rencontrer à deux reprises, en 1993, M. Michel Barnier, alors ministre français de l'Environnement. Ces rencontres ont permis un échange de correspondance, en 1994, avec M. Edouard Balladur, Premier ministre de l'époque, pour lui demander notamment de mettre sur pied une expertise extérieure de Superphénix afin de s'assurer que toutes les mesures de sécurité seraient remplies pour le redémarrage.

L'ancien Premier inistre n'a pas donné suite à la demande genevoise en expliquant «qu'il ne serait pas sain qu'une nouvelle contre-expertise soit commanditée alors que l'autorité de sûreté a rendu son avis, car cela signifierait une remise en cause du savoir-faire de cette autorité dont le rôle dans la maîtrise de la sûreté de la filière nucléaire française est essentiel». M. Edouard Balladur informa le gouvernement genevois, en novembre 1994, que le gouvernement suisse ne s'opposait pas au redémarrage de Creys-Malville.

La décision du Conseil fédéral repose sur des expertises antérieures à 1990, date de la pollution du sodium primaire qui a conduit à l'arrêt du réacteur pendant quatre ans. Certes, lors du déroulement de la procédure d'autorisation de création commencée en octobre 1992 et terminée avec la publication du décret d'autorisation au mois de juillet 1994, un expert suisse, responsable de la physique des réacteurs à l'Institut Paul Scherrer à Würenlingen, a été associé aux travaux d'un des groupes d'experts chargés de donner son avis à la DSIN (Direction de la sûreté des installations nucléaires françaises) sur des questions de sûreté dans le cadre d'un redémarrage de Superphénix.

En février 1994, le gouvernement français a décidé que Superphénix ne serait plus exploité comme une centrale nucléaire mais serait consacré à la recherche et à la démonstration, dans le cadre d'un programme d'acquisition des connaissances soumis à un contrôle scientifique de haut niveau dont deux objectifs prioritaires sont la recherche sur l'utilisation du plutonium et la réduction des déchets radioactifs de longue durée. Selon divers spécialistes, la transformation de Superphénix en sous-générateur représenterait des risques aussi importants.

Quant au programme de recherche qui est développé, une commission scientifique suit la mise en oeuvre de ce programme et doit remettre chaque année un rapport à la Commission nationale d'évaluation. Genève aura connaissance de ce rapport et sera consulté sur son contenu ainsi que l'a confirmé M. Balladur par courrier du 7 juillet 1994.

Toutefois, cette ouverture des autorités françaises, bienvenue, ne répond pas à notre souhait que les contrôles sur ces nouvelles orientations du réacteur soient placés sous une instance internationale neutre. Le gouvernement genevois ne manquera pas de réitérer cette proposition dans les mois à venir auprès du nouveau gouvernement français et espère que la sûreté demeurera la priorité absolue de celui-ci.

Il est temps de dépassionner le débat, de travailler pour améliorer la sécurité de l'ensemble des installations, également contre les actes criminels qui sont trop souvent banalisés, de favoriser la recherche dans le domaine nucléaire et d'activer le développement des autres sources d'énergie.

2.5. Economie

Genève et la France voisine vivent une conjoncture économique difficile. De part et d'autre de la frontière, des mesures sont prises pour relancer l'économie et lutter contre le chômage. Dans ces circonstances, les autorités se soucient en premier lieu d'apporter leur concours à leur propre entité. Ce qui n'empêche pas une coopération transfrontalière dans divers domaines.

2.5.1. Fiscalité

Les quelque 28 000 frontaliers qui travaillent à Genève paient leurs impôts à leur lieu de travail. Notre canton s'est engagé à rétrocéder aux communes françaises voisines une partie de cet argent. C'est ainsi que 83,6 millions de FS ont été transférés en 1994. Cette somme permet aux communes françaises concernées et aux départements voisins d'améliorer leurs équipements et leurs infrastructures.

Toujours au chapitre fiscal, côté français cette fois-ci, Paris a envisagé de taxer les fonctionnaires internationaux, travaillant à Genève, mais vivant en France voisine. Seuls les fonctionnaires dépendant directement de l'ONU et de l'OMC auraient été exemptés d'impôts. Les communes françaises craignaient que cette mesure, si elle était appliquée, ne provoque un exode de fonctionnaires, dont les dépenses personnelles sont appréciables pour l'économie locale. Finalement, M. Edouard Balladur, fin 1994, a décidé que les fonctionnaires internationaux ne seraient pas imposés.

2.5.2. Implantations d'entreprises

Quant aux implantations d'entreprises, 1994 a été marqué par l'ouverture, en mai, d'un deuxième supermarché Migros en France voisine, à Etrembières, exactement huit mois après l'inauguration de celui de Thoiry, dans le Pays de Gex.

La Banque cantonale de Genève (BCG), pour sa part, développe ses affaires en France voisine. Soixante pour cent de ses activités internationales concernent Rhône-Alpes. Elle a ouvert, en novembre 1993, la Société Financière de la Banque cantonale de Genève à Lyon et Annecy. La BCG. détient 80% du capital et la compagnie GPA Vie (filiale de Worms et Cie) 20%. Cette société financière s'est engagée pour 150 millions de FF dans le financement du boulevard périphérique nord de Lyon. Elle a participé à une opération d'envergure menée à Lyon par Zschokke Développement, qui a construit et vendu un complexe immobilier à des institutionnels.

Cette implantation en Rhône-Alpes permet à la BCG d'accompagner sa clientèle dans la deuxième région de France. Elle s'est notamment spécialisée dans la «bancassurance» qui conjugue l'octroi de crédits et le contrat d'assurances. Une formule appréciée des investisseurs qui peuvent ainsi limiter les risques encourus. Le montant des engagements de la Société Financière à Lyon et Annecy avoisine 400 millions de FF. Visiblement, la BCG fait oeuvre de pionnier et plusieurs banques cantonales suisses suivent attentivement cette expérience, nombre d'entre elles imaginant pareille expansion.

2.5.3. Le marché franco-suisse de l'entreprise

Le 37e marché franco-suisse de l'entreprise s'est déroulé, le 28 novembre, à Palexpo sous l'égide de onze associations professionnelles, dont les Chambres de commerce et d'industrie des deux côtés de la frontière. Cette vaste «agence matrimoniale économique et financière», créée en septembre 1985, permet aux entreprises et aux investisseurs de la région de mieux se connaître et de présenter des offres ou des demandes de transactions: ventes et achats d'entreprises et de terrains industriels, prises de participation dans le capital d'une société, contrats de sous-traitance ou de co-traitance, recherche de partenaires, de distributeurs ou d'agents commerciaux, ventes ou locations de brevets, de licences, de services...

Quatre marchés ont eu lieu en 1994. 251 offres et demandes ont été enregistrées en mars à Evian, 234 en juin à Lausanne, 135 en septembre à Monthey et 265 enfin en novembre à Genève. En règle générale, il y a légèrement plus de démarches provenant de France que de Suisse (55%-45% pour la moyenne 1994).

Il faut aussi préciser que la Chambre France-Suisse pour le commerce et l'industrie - qui fêtait ses cent ans en 1994 - s'occupe aussi de trouver des partenaires de part et d'autre de la frontière, non pas uniquement au niveau régional, mais aussi national. Elle traite environ 400 dossiers de ce genre par an.

2.5.4. Création des Unions lémaniques

Ainsi que nous l'avons déjà mentionné en préambule, le Conseil du Léman s'est efforcé, en 1994, de favoriser la création de nouvelles Unions lémaniques, pour associer plus étroitement les milieux socioprofessionnels aux travaux transfrontaliers. Une première Union lémanique a pris forme en 1993 regroupant les chambres de commerce et d'industrie de l'Ain, de la Haute-Savoie et des cantons de Vaud, Valais et Genève. Deux nouvelles Unions ont vu le jour en 1994, celle des chambres d'agriculture et celle de l'artisanat et des métiers.

Aussitôt, ces Unions ont été associées aux travaux du Conseil du Léman pour mettre sur pied notamment des échanges d'apprentis, la réalisation d'un guide Travailler en pays voisin, ou encore imaginer des actions promotionnelles communes.

Dans ce contexte, le Conseil du Léman a organisé à Archamps, début 1995, une séance d'information sur EUREKA destinée aux milieux économiques. Ce programme européen, lancé en 1985, a pour objectif de susciter et de soutenir des coopérations européennes en vue de promouvoir des innovations industrielles. Vingt et un pays participent à EUREKA. Une entreprise qui peut lancer ou rejoindre un projet, bénéficiant du label EUREKA, en retire de réels avantages:

- le partage des coûts liés à la recherche;

- la propriété des résultats;

- l'accès à un réseau européen pour la recherche d'un partenaire;

- des aides gouvernementales pour financer ce projet.

2.5.5. La reprise du WTC d'Archamps

La coopération économique franco-suisse, comme toute activité économique, ne va pas sans risque. Depuis environ deux ans, le chantier inachevé du World Trade Center d'Archamps en a été l'illustration. En octobre 1994, une solution a été trouvée. Un groupe franco-suisse a repris ce projet. Il regroupe la filiale française de Zschokke, la Société de Banque Suisse, le Crédit Mutuel Savoie-Mont-Blanc, Naef et Cie ainsi que la société mixte qui gère le Business Park d'Archamps. Celui-ci accueille actuellement une cinquantaine d'entreprises dans les domaines des télécommunications, de l'informatique, du multimédia et également un centre universitaire.

2.5.6. Les Laiteries Réunies

Les Laiteries Réunies, société privée dont les origines remontent à 1889, figurent parmi les meilleurs exemples de coopération transfrontalière. Elles traitent environ 45 millions de kilogrammes de lait par an: 52% proviennent des zones franches, 40% du canton de Vaud et 8% du canton de Genève. Des inspecteurs suisses se rendent chaque mois en France voisine pour contrôler la qualité du lait à la ferme.

Groupés sous la forme d'une fédération, il y a 180 producteurs zoniens et 170 suisses. Les premiers produisent environ 33 millions de kilos de lait par an, les deux tiers sont vendus aux Laiteries Réunies, le reste en France. En effet, le commerce zonien laitier est contingenté. Les zoniens ne peuvent pas exporter plus de 22,6 millions de kilos de lait par an, 250 tonnes de fromage et 65 tonnes de beurre. Les Laiteries Réunies voudraient que les quotas pour le beurre et le fromage puissent être transformés en contingents de lait. Régulièrement, les Laiteries Réunies manquent de lait en été et doivent faire appel à des laits dits de secours (600 000 litres en 1994) auprès d'autres centrales laitières. Auparavant, une partie de ce lait venait de Saint-Gall, mais depuis deux ans, il provient du canton de Vaud. La modification des contingents envisagée par les Laiteries Réunies faciliterait encore leur approvisionnement.

Afin d'harmoniser la coopération franco-suisse, une commission consultative des délégués zoniens a été constituée en 1977. Elle se charge de la «répartition objective du contingent d'importation de lait en Suisse» entre les 180 producteurs zoniens, surveille aussi la commercialisation en France des quantités dépassant le contingent d'importation, et collabore avec la Fédération des producteurs agricoles des zones franches (FPAZF), l'organe représentatif vis-à-vis des autorités, des administrations et des organisations professionnelles françaises.

Cette commission consultative adresse des recommandations à l'administration des Laiteries Réunies. En outre, trois producteurs zoniens font partie du Conseil d'administration et, naturellement, les producteurs zoniens bénéficient des mêmes droits que leurs collègues suisses au sein de l'Assemblée générale des délégués.

2.5.7. Les zones franches

Genève dispose de zones franches dans le Pays de Gex (392 km2) et en Haute-Savoie (151 km2) à la suite des Traités de Paris du 20 novembre 1815 et de Turin du 16 mars 1816. C'est en quelque sorte le ballon d'oxygène du canton et le symbole de la coopération transfrontalière attestant que Genevois et Français sont dépendants les uns des autres. Néanmoins, les accords du GATT et la libéralisation du commerce mondial modifient cette situation au fil du temps et augmentent les possibilités d'approvisionnement de Genève en produits agricoles. Le commerce zonien a atteint, en 1994, 61 millions de FS, ce qui représente 0,4% de la balance commerciale du canton qui avoisine 15,4 milliards de FS. Ce trafic de marchandises s'effectue surtout dans le sens France-Suisse (96%) et concerne essentiellement les produits agricoles (96,5%).

2.5.8. Les travailleurs frontaliers

Les frontaliers travaillant à Genève étaient 28 143 au printemps 1995. Leur nombre a diminué d'environ 500 personnes en 1994, un chiffre nettement inférieur aux années précédentes. La population frontalière compte 36,1% de femmes et 73,9% d'hommes, avec une moyenne d'âge similaire de 40,3 ans. 57,5% des frontaliers sont employés dans le canton depuis neuf ans ou plus. Professionnellement, selon les chiffres de l'Office cantonal de la statistique, les hommes occupent des positions hiérarchiques plus élevées que les femmes. Environ 85% de celles-ci sont employées subalternes ou ouvrières semi ou non qualifiées, alors que pour les hommes, cette proportion tombe à 35%. En revanche, plus de la moitié des hommes sont des ouvriers qualifiés (52,7% contre 9,3% des femmes) et plus d'un sur dix est employé supérieur ou directeur (11,4% contre 6% des femmes).

Le groupement des frontaliers de l'Ain et de la Haute-Savoie a établi une charte pour l'emploi des frontaliers afin de clarifier et de présenter la politique qu'elle entend suivre les années à venir (voir Annexe 5.5). Le groupement demande une meilleure intégration des frontaliers, domaine qui fait l'objet notamment des négociations bilatérales actuelles entre la Suisse et l'Union européenne.

2.6. Formation, échanges de personnel, d'étudiants et d'apprentis

Un effort particulier est entrepris par les organisations transfrontalières afin de promouvoir les échanges d'écoliers et de personnel qui constituent le plus sûr moyen de développer un esprit régional au sein des générations futures. Le Conseil d'Etat tient à remercier les nombreux enseignants de leur précieux concours, sans lequel rien ne serait possible.

2.6.1. Echanges d'écoliers et publication de guides

Afin de faciliter la tâche des enseignants et des responsables lors d'échanges d'écoliers, un guide a été édité par le Comité régional franco-genevois. Non seulement il explique comment participer à ces échanges, mais il donne aussi une multitude d'activités possibles dans les départements de l'Ain et de la Haute-Savoie ainsi que dans le canton de Genève. Depuis 1986, chaque année, des classes genevoises rencontrent des classes de France voisine. L'an passé, 600 écoliers ont participé à ces échanges et au total, plus de 6000 élèves ont profité de ces jumelages de classes, depuis leur création.

De son côté, la Communauté de travail des Alpes occidentales (COTRAO) a également publié un annuaire des établissements scolaires désirant procéder à des échanges d'élèves âgés de 15 à 19 ans. Cet annuaire couvre une région allant des bords du lac Léman au littoral méditerranéen.

2.6.2. La valise pédagogique

Pour encourager et aider les enseignants à sensibiliser les jeunes à la région, le Conseil du Léman a réalisé une valise pédagogique. Celle-ci comprend des livres, des cassettes, des vidéos, une bibliographie ainsi que des fiches de travail sur l'Ain, la Haute-Savoie, Vaud, Valais et Genève. Il a fallu de longs mois pour préparer cet instrument de travail qui reçoit un excellent accueil et est disponible, à Genève, auprès du Centre de documentation pédagogique.

2.6.3. Le Forum transfrontalier de l'éducation

Un Forum de l'éducation a vu le jour en 1993, réunissant des enseignants des trois cantons lémaniques et des deux départements français voisins provenant du secteur public et privé. Il avait bénéficié alors d'une aide financière du département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales et du département de l'instruction publique. L'édition 1994 a, pour sa part, reçu le soutien financier du Conseil du Léman. Plus d'une centaine d'enseignants ont échangé leurs expériences et se sont interrogés «comment former les citoyens de demain?»

2.6.4. Echanges de stagiaires et bourses

2.6.4.1. Eurodyssée

Chaque année, plusieurs jeunes Genevois bénéficient du programme Eurodyssée, organisé par l'Assemblée des Régions d'Europe. Notre canton travaille en étroite collaboration avec le Valais. C'est M. Gérard Rossier de l'Ecole suisse du tourisme de Sierre qui dirige l'opération. En 1994, celui-ci a placé dix-sept jeunes étrangers en Suisse, dont plusieurs à Genève, pour un stage allant de quatre à six mois et il a envoyé hors de nos frontières quatre Valaisans, deux Genevois et une Fribourgeoise. Cinq stages ont été effectués dans l'hôtellerie, un dans le commerce et un autre au sein d'une agence de voyages. Tous les stagiaires bénéficient de cours de langues gratuits et d'une rétribution correcte.

2.6.4.2. Echanges dans les métiers du tourisme et de l'hôtellerie

La Communauté de travail des Alpes occidentales (COTRAO) a mis en place des échanges de stagiaires-apprentis dans les métiers du tourisme et de l'hôtellerie. Treize stagiaires de Rhône-Alpes, du Piémont, du Valais et de Genève ont profité en 1994 de cette formation, qui permet à un jeune d'effectuer un séjour dans une entreprise d'un pays membre de la COTRAO, soit la Suisse, la France et l'Italie. Les stagiaires bénéficient de cours de langue gratuits et reçoivent une rétribution de 800 FS par mois. Celle-ci va être augmentée dans le futur au vu des premières expériences. Un budget annuel de 35 000 FS est prévu pour couvrir les frais de ces échanges.

2.6.4.3. Bourses

La COTRAO a accordé, en 1994, douze bourses de post-doctorat permettant aux bénéficiaires de faire un stage d'étude dans un établissement universitaire d'une des huit régions de la COTRAO. Ces bourses se montent à 10 000 FF par mois et leur durée varie selon l'ampleur des travaux de recherche du boursier.

2.6.5. Equivalences des diplômes

Depuis 1982, les apprentis français ou double nationaux ayant obtenu un certificat fédéral de capacité peuvent obtenir un titre équivalent en France, soit un certificat d'aptitude professionnelle (CAP), un brevet d'étude professionnel (BEP), un brevet professionnel (BP) et, depuis 1995, un brevet de technicien (BT). Depuis 1991, l'accès à l'équivalence est ouvert aux jeunes provenant des cantons du Jura, de Neuchâtel, de Vaud et du Valais. En 1994, 49 jeunes ont obtenu une équivalence. Depuis 1982, 324 équivalences professionnelles ont été délivrées concernant 60 professions différentes.

2.6.6. Création de deux «chaires Denis de Rougemont»

Dans le souci de mieux faire connaître l'oeuvre et les idées fédéralistes et régionalistes de Denis de Rougemont, le professeur Urio de l'Université de Genève, la Fondation Denis de Rougemont pour l'Europe et le département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales, ont créé, en janvier 1995, deux «chaires Denis de Rougemont», l'une à l'Université de Columbia à New York, et l'autre à l'Institut international de l'Université de Moscou. Des professeurs suisses iront enseigner dans ces établissements et des étudiants américains et russes recevront des bourses pour suivre des cours à Genève.

2.7. Vaud-Genève

1994 a été marqué par la volonté commune des cantons de Vaud et de Genève d'intensifier leur coopération. Cela marque un net progrès par rapport à l'année dernière. Les deux Exécutifs se sont rencontrés à deux reprises, en été et en hiver.

En août, un groupe de travail a été mis sur pied pour étudier un certain nombre de sujets à caractère économique et fiscal. Une participation financière vaudoise à certains projets genevois d'intérêt intercantonal est notamment étudiée.

Les coopérations existantes en matière hospitalière, universitaire, touristique et aéroportuaire ont fait l'objet d'un large échange lors de la seconde rencontre en décembre 1994 (voir notamment le chapitre 2.12.2 de ce présent rapport). Les deux gouvernements ont réaffirmé la nécessité de développer des réflexions communes dans le domaine de la formation de leur personnel et de la sécurité, en recherchant des collaborations dans ces secteurs, par exemple, pour la surveillance de l'autoroute.

En matière de formation et de scolarité, la coordination se poursuit entre les deux cantons. En mars 1995, un accord a été signé concernant la formation des pédicures-podologues.

2.7.1. Promotion économique

Vaud et Genève ont mené ensemble une promotion aux Etats-Unis, à Chicago, avec les cinq autres cantons membres de l'Association intercantonale pour la concertation et la coopération économiques (ACCES). La Suisse occidentale a été présentée comme lieu d'implantation privilégié pour les entreprises. Cette action a permis de créer une base de collaboration intercantonale prometteuse.

2.7.2. Entente intercommunale (EDIM)

Depuis 1986, les communes de Bogis-Bossey, Chavanne-de-Bogis, Céligny, Commugny, Coppet, Founex, Mies, Prangins et Tannay exploitent une unité mobile de déshydratation mécanique des boues d'épuration (EDIM). Crans-près-Céligny s'est joint à ce service intercommunal. A cette occasion, la convention liant ces communes a dû être modifiée avec l'accord des gouvernements vaudois et genevois.

2.8. Les échanges culturels

La coopération culturelle figure parmi les priorités inscrites dans le Livre Blanc du Comité régional franco-genevois de 1992. Ce document précise que les échanges culturels ont «pour but de préparer et de symboliser la collaboration plus générale qui doit s'instaurer de par la communauté des intérêts respectifs. A cet effet, les manifestations culturelles, sportives, éducatives créent des lieux de rencontre et de connaissance mutuelle de la population et des responsables politiques. Elles ont pour ambition de susciter un climat de compréhension dans lequel il sera plus aisé d'aborder et de résoudre des problèmes parfois difficiles». Le Conseil d'Etat et ses partenaires français suivent scrupuleusement cette ligne politique.

2.8.1. Etude de l'Observatoire des politiques culturelles de Grenoble

Afin d'avoir une vision d'ensemble de la vie culturelle régionale et de dégager les lignes de force de sa politique, le CRFG a chargé l'Observatoire des politiques culturelles de Grenoble de mener une enquête intitulée Situation, contenu, perspectives des échanges culturels et artistiques franco-genevois. Ces recherches bénéficient d'un soutien financier de l'Union européenne (INTERREG). Un pré-rapport a été présenté, au printemps 1995, par René Rizzardo, directeur de l'Observatoire. Trois propositions d'actions sont énoncées: mettre en place une structure de dialogue entre le monde politique, l'administration et la culture, élaborer une charte de coopération culturelle et, enfin, créer une revue franco-suisse d'information. Autant de perspectives dont l'examen va se poursuivre. Parallèlement à cette étude, des actions concrètes sont naturellement entreprises.

2.8.2. Le Salon international du livre et de la presse

Le Salon international du livre et de la presse qui s'est déroulé fin avril 1995 a accueilli plus de 110 000 visiteurs. Une double présence régionale et transfrontalière était assurée.

2.8.2.1. Le stand du CRFG

Le Comité régional franco-genevois (CRFG) disposait d'un stand destiné à faire connaître la géographie culturelle d'une région allant de la Saône au Mont-Blanc. Une importante carte était affichée et un guide de 40 pages distribué sur lesquels figuraient les sites historiques les plus importants, les zones de tourisme culturel et les personnages célèbres. Le guide comprenait également une brève histoire des pays de l'Ain, de Genève et la Haute-Savoie et une bibliographie générale. Ce travail de présentation, qui a connu un réel succès auprès du public, devrait d'ailleurs être complété et actualisé au fil des années.

2.8.2.2. La Guilde du Livre

De leur côté, le Salon international du livre et de la presse, le Centre européen de la culture, la Fondation Denis de Rougemont pour l'Europe, les éditions Slatkine et le département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales ont uni leurs efforts pour présenter un stand retraçant l'épopée de la Guilde du Livre de 1936 à 1977. Un petit fascicule a été distribué à des milliers de visiteurs. Cette exposition, très remarquée, a permis au Conseil d'Etat genevois de rendre hommage au Lausannois Albert Mermoud, qui fêtait ses 90 ans. Une lettre-parchemin lui a été remise par les autorités: «Nous vous adressons nos plus vifs remerciements pour l'oeuvre de pionnier que vous avez entreprise, à la tête de la Guilde du Livre, en faveur de notre région et de la francophonie. Votre engagement exemplaire vous a permis d'éditer plus de 1000 livres en 40 ans d'activité. Vous avez su également concilier la défense des auteurs français et régionaux avec l'ouverture de la francophonie sur d'autres cultures qui est le seul moyen de conserver force et vivacité à une langue.»

2.8.3. Echanges de spectacles

Les organismes transfrontaliers patronnent toujours davantage les manifestations culturelles au sens large du terme. Bornons-nous à donner un bref éclairage sur trois actions précises qui devraient se développer à l'avenir.

2.8.3.1. Le théâtre pour enfants

Un colloque a réuni, en novembre 1994, les représentants de diverses troupes théâtrales à Thonon. Cette rencontre, organisée par la Communauté de travail des Alpes occidentales (COTRAO), avait pour but de promouvoir les échanges de théâtre pour enfants entre la Suisse, la France et l'Italie. L'étude de ce projet se poursuit.

2.8.3.2. Festival de Genève / La Bâtie

Le CRFG a apporté un soutien financier aux programmes transfrontaliers proposés par le Festival de la Bâtie à Annemasse et à Ferney-Voltaire. Une réflexion est entreprise pour que cette manifestation devienne un festival transfrontalier du Genevois. C'est la ville de Genève qui assure la gestion de ce dossier.

2.8.3.3. «Avant-scène» à Lyon

En octobre 1994, la ville de Lyon a invité celle de Genève à présenter, en collaboration avec la ville de Lausanne, le système de billetterie informatisée Theatel/Billetel dans le cadre du salon «Avant-scène». Cette manifestation a permis notamment aux professionnels de se familiariser avec un système de réservation informatique qui pourrait être utilisé sur l'ensemble des territoires de Suisse romande et de Rhône-Alpes, non seulement par les théâtres mais aussi par d'autres secteurs comme l'hôtellerie et les musées.

2.8.4. Participation à «La fureur de lire»

Dans le cadre de «La fureur de lire», d'octobre 1994, une opération «Lettre-frontière Rhône-Alpes/Suisse romande» a été organisée par les villes d'Annemasse, de Thonon et de Genève en collaboration avec la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia et le Ministère français de la Culture et de la Francophonie. Le public a été invité «à explorer les richesses littéraires et éditoriales» de la région couvrant Rhône-Alpes et la Suisse romande. Une sélection de dix ouvrages rhône-alpins et de dix livres romands a été soumise à l'attention du public.

2.8.5. Concerts communs et choralies

L'activité musicale a été réjouissante. La Ville de Genève a participé, en juin 1994, à la fête de la musique en collaboration avec les villes d'Annemasse, de Thonon et de Ferney-Voltaire. Chaque cité accueille des ensembles musicaux provenant des trois autres localités.

Côté musique symphonique, une convention a été signée, le 3 janvier 1995, entre le CRFG et l'Orchestre de Chambre de Genève et l'Orchestre des Pays de Savoie. Le CRFG met à disposition de ces deux ensembles un montant annuel de 60 000 FS pour leur permettre de produire une manifestation musicale commune à caractère transfrontalier.

Pour sa part, le Conseil du Léman organise chaque année des rencontres intitulées «chorales lémaniques». Elles ont eu lieu à Genève en 1994 et à Miribel (Ain) en 1995. Plus de 800 enfants venant de l'Ain, de la Haute-Savoie et des trois cantons lémaniques participent à ces rencontres vocales. Quant à la COTRAO, elle a soutenu le festival Musik'Alpes dont les prochaines éditions devraient se dérouler dans les huit régions membres de cette communauté alpine, dont Genève fait partie.

2.8.6. Festival du film de Genève

Le service des affaires régionales et européennes (SARE) apporte un appui financier et logistique au Festival de Genève qui couronne les stars de demain du cinéma européen. Ce soutien vise aussi à renforcer les liens entre la manifestation genevoise et les festivals d'Avoriaz et d'Annecy. L'édition 1994 a accueilli 79 films et 25 000 spectateurs.

2.8.7. Stairs

En été 1994, le cinéaste anglais Peter Greenaway a planté 100 escaliers à Genève du haut desquels les promeneurs jouissaient d'une vue particulière de notre ville et de ses environs. Un soutien lui a été apporté par le SARE pour donner à cette manifestation une dimension transfrontalière, avec deux escaliers faisant découvrir la France voisine et notamment le Salève, que l'on ne peut pas dissocier de la cité de Calvin.

2.8.8. Interjeunes

La COTRAO a organisé, du 15 au 24 juillet au Piémont, la première rencontre Interjeunes avec pour thème: «Les jeunes rencontrent la photographie». Vingt-deux photographes amateurs, de 18 à 22 ans, provenant des six régions membres de la COTRAO ont suivi les cours pratiques de quatre grands spécialistes italiens. Un jury a choisi les soixante meilleures photos qui ont été exposées en divers endroits d'Europe, notamment à Genève, du 4 octobre au 6 novembre 1994.

2.8.9. Le prix du Conseil du Léman

Le prix du Conseil du Léman a été décerné en 1994 à M. Michel Bassand, professeur à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Cet enseignant a, en effet, beaucoup contribué à la vie régionale, notamment en signant des études sur l'avenir de l'arc lémanique.

2.9. Sports

Les organismes transfrontaliers favorisent les rencontres sportives qui permettent aux gens de mieux se connaître et de se mesurer sur le plan sportif.

2.9.1. Le Label sportif du Conseil du Léman

Le Conseil du Léman a établi des règles précises pour l'octroi du label sportif du Conseil du Léman. Celui-ci parraine notamment le Tour cyclotouriste du Léman, ainsi que le Tour cycliste Mont-Blanc-Val d'Aoste.

2.9.2. Les activités du CRFG

Le CRFG, quant à lui, fait un effort particulier dans ce domaine, comme en atteste l'énoncé de ses activités:

- le septième tournoi de football a eu lieu à Thonon-les-Bains entre des équipes de jeunes de l'Ain, de Haute-Savoie et de Genève;

- le huitième concours de ski de fonds des écoliers genevois du 1er mars 1995 a réuni 105 enfants, dont 23 participants de Haute-Savoie;

- le deuxième trophée franco-genevois de cyclisme. Cette épreuve ouverte aux juniors se déroule en trois manches. Une centaine de sportifs ont participé à l'édition 1995;

- le premier tournoi de rugby s'est déroulé à Bellegarde-sur-Valserine le 27 mai 1995. Trois cents jeunes des écoles de rugby de l'Ain, de la Haute-Savoie et de Genève étaient au rendez-vous;

- la quatrième journée «Les handicapés invitent les valides» a eu lieu à Genève le 25 juin. 750 personnes ont pu s'initier à vingt-deux disciplines sportives.

2.10. Sécurité

En vertu notamment de l'accord entre le Conseil fédéral suisse et le Gouvernement de la République française sur l'assistance mutuelle en cas de catastrophe ou d'accident grave du 14 janvier 1987, un nouvel arrangement régional a été signé, en juin 1995, par les départements de l'Ain et de la Haute-Savoie et le canton de Genève. Ce texte instaure l'obligation de s'informer mutuellement selon un schéma précis en cas d'accident d'aéronef. Un officier de liaison pourra être délégué par chaque instance auprès de l'autorité compétente du lieu du sinistre. L'article 2 précise également que si cet accident «a lieu dans la cuvette genevoise et ses abords immédiats, l'instance compétente du lieu du sinistre coordonne l'engagement des moyens appropriés lorsque ses moyens propres sont insuffisants». Enfin, chaque instance supporte ses propres frais en cas d'engagement quelles que soient les circonstances.

2.11. Tourisme

De nombreuses initiatives méritent d'être signalées dans le domaine touristique. Nous nous bornerons à citer les principales.

2.11.1. Le Diamant alpin

Créée en 1987 à l'initiative du Lyonnais Michel Rivoire, l'Association européenne «Partners for livable places» s'efforce de favoriser le partenariat entre les secteurs publics et privés dans un triangle situé entre Lyon, Turin et Genève. Un triangle chapeauté par le Mont-Blanc qui prend donc l'apparence d'un Diamant Alpin. La coopération entre ces trois régions a été encouragée par une distinction américaine remise, en juin 1994, à Washington par le président Bill Clinton. Le Diamant Alpin a été honoré pour toutes les mesures prises en commun par les trois villes et les trois régions (Rhône-Alpes, Piémont et canton de Genève) pour améliorer la qualité de vie de ses habitants et l'accueil des touristes.

Les représentants des trois offices du tourisme s'informent régulièrement sur leurs activités. Une fois par an, à tour de rôle, une ville se présentera dans les autres cités. Un guide commun, réservé aux professionnels du tourisme et de l'économie, est en cours d'élaboration. Il comprendra des renseignements statistiques et les adresses utiles concernant le monde touristique, économique, universitaire, culturel et les transports.

2.11.2. Collaboration avec les cantons de Vaud et du Valais

La collaboration entre les offices du tourisme de Genève et du canton de Vaud, amorcée en 1993, s'est poursuivie en 1994 sur le thème de «Lake Geneva Region». Des actions promotionnelles aux Etats-Unis et en Asie ont été entreprises avec succès. Tirant profit de ces opérations communes à l'étranger, le département de l'économie publique a décidé de mettre en place un groupe de travail afin d'identifier les possibilités de collaboration avec le canton du Valais.

2.11.3. Collaboration avec la France voisine

Un groupe de travail a été mis sur pied au CRFG pour examiner les possibilités de collaboration avec les départements français voisins et Genève dans le domaine touristique. Il s'agit notamment d'imaginer des formules pour que les touristes de passage dans la région y séjournent davantage.

En outre, les sociétés suisse et française du Téléphérique du Salève s'emploient à maintenir l'exploitation de cet équipement utilisé, chaque année, par 100 000 personnes. Il faudrait 40 000 passagers de plus par an pour assurer l'avenir de cette installation. Des contacts ont été pris avec la Société du Tunnel du Mont-Blanc (STMB) pour créer un arrêt autoroutier à côté de la station inférieure du téléphérique. La STMB a donné son accord de principe et l'aménagement va pouvoir débuter cette année. Indiscutablement, la construction d'une aire de stationnement favorisera l'exploitation du téléphérique.

Quant au Conseil du Léman, il a publié l'agenda 1995 des expositions, salons et foires ayant lieu dans les deux départements français voisins et les trois cantons lémaniques.

2.11.4. Présence française à la Foire de Genève

La Foire de Genève accueille chaque automne à Palexpo quelque 280 000 personnes et environ 600 exposants dont le quart vient de France. En 1994, cette manifestation a consacré un vaste stand à une soixantaine d'artisans rhône-alpins et suisses romands. En plus, le Pays de Gex en était l'hôte d'honneur. Les départements de l'économie publique et de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales ont collaboré étroitement à la venue de ces exposants français voisins.

2.11.5. Présence genevoise au Festival de Chamonix

Le quatrième Festival de la Terre et de ses hommes s'est tenu du 23 au 25 juin 1994 à Chamonix. Près de 6000 personnes ont visité une exposition consacrée à notre planète et ont assisté à des conférences captivantes comme celle de l'Américain Harrison Schmitt, qui est l'un des douze êtres humains à avoir marché sur la Lune. Le canton de Genève était l'hôte d'honneur. Le centre de Lullier et le laboratoire cantonal d'agronomie ont mis sur pied un jardin modèle de 220 m2 pour présenter aux visiteurs quelques exemples de gestion et de protection de l'environnement.

2.12. Santé publique et secteur social

Dans ce vaste domaine, deux activités méritent d'être soulignées pour l'année 1994. La première est la reprise des activités interrompues depuis 1990 du groupe de liaison des travailleurs sociaux transfrontaliers et la seconde concerne la collaboration entre les cantons de Vaud et de Genève dans les domaines de la santé et des hôpitaux universitaires.

2.12.1. Le groupe de liaison des travailleurs sociaux transfrontaliers

Le groupe de liaison des travailleurs sociaux transfrontaliers a pour objectif d'inventorier les difficultés rencontrées par les praticiens de travail social et méritant un traitement transfrontalier.

Ce groupe a élaboré en 1989 un document d'adresses et d'informations intitulé «Mémento transfrontalier». Une réactualisation est en cours et sa parution est prévue dans le courant de 1995. De plus, ce groupe a travaillé à la création de divers dépliants d'informations, prioritairement destinés aux travailleurs frontaliers, dans les domaines suivants:

- poursuite pour dettes de part et d'autre de la frontière;

- droits des frontaliers en matière de protection de la maternité;

- hospitalisation;

- accident-maladie;

- le travail et ses suites;

- la retraite.

Des représentants des services sociaux de l'Ain, de la Haute-Savoie, du canton de Genève, le Groupement des frontaliers de l'Ain et de la Haute-Savoie, ainsi que l'AGEDRI (Association genevoise pour le développement des relations interrégionales) collaborent à cette démarche, dont l'animation est assurée par le service social de la Ville de Genève sous l'égide du département de l'action sociale et de la santé de l'Etat de Genève.

Des contacts réguliers sont maintenant établis avec la Communauté de travail du Jura, regroupant les cantons de Berne, Vaud, Neuchâtel et Jura, ainsi que les départements français limitrophes, franc-comtois et alsacien.

Dans le but d'établir des relations solides, une journée interprofessionnelle sur le thème de l'insertion a eu lieu à Yverdon le vendredi 23 septembre 1994. Cette journée était ouverte à tous les praticiens français et suisses oeuvrant dans le domaine médico-social.

Le groupe de liaison des travailleurs sociaux transfrontaliers tend à s'affirmer dans le domaine de l'information transfrontalière et envisage de construire une plate-forme d'échanges de connaissances dans les domaines médico-sociaux transfrontaliers.

L'année 1994 a donc permis de réactualiser les relations transfrontalières entre les services sociaux. Les objectifs de 1995 sont de consolider ces relations afin de finaliser les documents en cours et leur diffusion. A plus long terme, des contacts pourront être accrus avec la Communauté de travail du Jura et entrepris avec la région de Bâle-Mulhouse.

2.12. 2. La collaboration Vaud-Genève

Suite à l'adoption de la loi du 18 décembre 1992, l'association pour la collaboration entre les cantons de Vaud et de Genève dans le domaine de la santé publique et des hôpitaux universitaires a terminé son second exercice.

2.12.2.1. Projets de restructuration

Trois projets de restructuration ont été finalisés au cours de cette année:

- un service unique de neurochirurgie CHUV-HCUG est en fonction depuis le 1er janvier 1994;

- une Fondation universitaire romande de santé au travail, dont le siège est à Lausanne, a été créée le 18 janvier 1994. Plusieurs collaborateurs genevois ont accepté de travailler dans le nouvel Institut, dont le programme d'activités est en train d'être mis au point;

- un Institut universitaire romand d'histoire de la médecine et de la santé a été créé et placé sous la responsabilité unique d'un professeur. Il organisera, sur deux sites, des recherches et des enseignements communs.

2.12.2.2. Projets de développement

Le deuxième tour de sélection concernant les projets de développement Vaud/Genève est achevé. Vingt-deux projets ont été retenus pour un montant de 16 988 654 FS.

2.12.2.3. Coordination des activités administratives

Afin de coordonner les questions administratives, financières, et logistiques au sein des hôpitaux concernés, un groupe de coordination administrative a été créé. Il a pour mission d'établir des statistiques communes et comparables entre les hôpitaux concernés, veiller au rapprochement informatique Vaud/Genève et établir des tarifs et des conventions communes avec les caisses-maladie.

Afin de régler les questions liées au 2e pilier, les caisses de retraites concernées ont mis en place un certain nombre de principes, de manière à faciliter la mobilité du personnel entre les deux cantons.

2.12.2.4. Collaboration avec les hôpitaux universitaires suisses

Quatre projets communs aux cinq hôpitaux universitaires suisses sont en cours d'élaboration. L'Association Vaud/Genève est responsable de deux d'entre eux: l'Assurance de la qualité et l'Identification de priorités pour la médecine de pointe.

2.12.2.5. Projets de restructuration

Des études sont en cours sur des projets de rapprochement ou de restructuration dans les domaines suivants: médecine nucléaire, médecine légale, pathologie, greffes du foie, médecine sociale et préventive, pédiatrie, orthopédie et chirurgie plastique et reconstructive.

D'autre part, des études approfondies ont été entreprises à propos du rapprochement informatique entre les hôpitaux universitaires des deux cantons.

2.12.2.6. Etude d'un réseau hospitalo-universitaire lémanique

Suite à une décision du Conseil d'Etat du 12 juin 1995, prise en des termes identiques par le Conseil d'Etat vaudois, le bureau de l'Association Vaud/Genève a été chargé, sous la présidence d'une personnalité extérieure, M. Bernard Vittoz, ancien président de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, d'étudier la création d'un réseau hospitalo-universitaire lémanique. Cette étude a notamment pour objectif de créer, dans le cadre des Universités de Lausanne et de Genève, une Ecole de médecine et un ensemble hospitalier, communs aux cantons de Vaud et de Genève, capable de compter parmi les centres européens et internationaux de référence dès le début du siècle prochain. A cet effet, le mandataire est chargé d'étudier la mise en oeuvre d'une organisation permettant:

a) de réaliser des mises en commun d'activités dans le domaine de la formation des médecins et d'autres professionnels de la santé, de la logistique, de la prévention, de la recherche et des soins pour promouvoir la qualité des prestations et maîtriser les coûts;

b) de réaliser, en accord avec les instances fédérales concernées, une réforme commune des études de médecine (pré-cliniques et cliniques) sous l'autorité d'une instance unique;

c) de réaliser une politique commune de recherche sous l'autorité d'une instance unique;

d) de garantir des processus de décisions efficaces qui engagent les instances politiques, hospitalières et universitaires.

Le projet d'organisation institutionnelle pouvant comprendre différentes variantes sera présenté aux Conseils d'Etat vaudois et genevois pour le 31 janvier 1996, afin de pouvoir présenté un projet définitif aux deux parlements cantonaux au printemps 1996.

2.12.3 La collaboration avec la France voisine

La motion 978 invitait le Conseil d'Etat à utiliser les groupes de travail existant au sein de l'AGEDRI, pour établir des coordinations propres à améliorer l'offre sanitaire régionale.

Plusieurs contacts et entrevues ont eu lieu entre ces organismes, les responsables de l'AGEDRI et les autorités politiques genevoises. A l'instigation du conseiller d'Etat en charge de ce secteur, une journée d'étude à laquelle participeront les membres du Conseil de la santé, organe genevois regroupant les divers partenaires publics et privés du secteur de la santé, et la commission santé de l'AGEDRI aura lieu à Annecy le 28 septembre 1995.

Cette démarche marque la volonté, avec la désignation par le Conseil d'Etat de M. Ernest Nycollin, vice-président du Conseil général de la Haute-Savoie, comme membre du Conseil d'administration des Hôpitaux universitaires de Genève où il représente les deux départements français limitrophes, de réformer le système de santé genevois sans s'arrêter aux frontières du canton et cela dans le même esprit de collaboration positive qui anime le rapprochement hospitalo-universitaire avec le canton de Vaud.»

2.13. Les questions européennes

Venons-en aux questions européennes, en répondant à la motion 841 qui demande au gouvernement genevois de faire le point après le refus par la majorité du peuple suisse d'adhérer à l'Espace économique européen (EEE). Ce texte réclame notamment une meilleure coordination des cantons romands dans le domaine transfrontalier. Dans ce chapitre, nous allons faire le tour général de la question et non pas, comme dans les autres parties de ce rapport, énoncer les points les plus importants. En effet, il nous est apparu capital de dresser un bilan précis de notre politique européenne.

Suite au vote négatif du 6 décembre 1992, trois initiatives populaires ont été lancées. La plus récente s'intitule «Oui à l'Europe» et émane de cinq mouvements suisses pro-européens. Par le biais de nouveaux articles à insérer dans les dispositions transitoires de la constitution fédérale, les initiants proposent que le peuple et les cantons se prononcent sur l'ouverture sans délai des négociations d'adhésion à l'Union européenne, en tenant compte des valeurs démocratiques et fédéralistes de la Suisse et en préservant les acquis sociaux et démocratiques. Un comité de soutien s'est constitué autour de cette initiative et le Conseil d'Etat genevois in corpore en fait partie. Cette décision de soutenir une initiative demandant des négociations d'adhésion à l'Union européenne confirme la volonté d'ouverture du gouvernement genevois.

Un autre point montrant la détermination du gouvernement genevois de se rapprocher de l'Union européenne a été sa décision de relancer le dossier de l'eurocompatibilité de la législation cantonale en proposant, dans un second temps, l'introduction d'une «clause européenne».

En 1990, les cantons ont pris la décision de créer, au sein de leurs administrations respectives, des postes de délégués cantonaux aux affaires européennes. Ces eurodélégués ont notamment été chargés de coordonner les travaux cantonaux d'adaptation législative en vue de l'Espace économique européen, et d'informer l'administration et la population sur les enjeux de cet accord. Après le 6 décembre 1992, les attributions des eurodélégués ont quelque peu changé et se sont orientées différemment suivant le département dont ils faisaient partie.

A Genève, le bureau des questions européennes était initialement installé au sein du département de l'économie publique. Au mois de décembre 1993, après l'élection du nouveau Conseil d'Etat, il a rejoint le département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales où il est actif au sein de l'équipe du Service des affaires régionales, rebaptisé Service des affaires régionales et européennes (SARE.me)

2.13.1. La clause européenne

Lors de la préparation à l'Espace économique européen, onze groupes de travail ont été créés afin d'identifier les dispositions de la législation cantonale non compatibles avec le futur droit de l'EEE. L'analyse de l'eurocompatibilité de la législation genevoise s'est limitée à la législation de compétence cantonale. Ces groupes ont identifié les lois qu'il serait nécessaire de modifier afin de respecter le droit communautaire et ont présenté les résultats de leurs travaux dans le Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil concernant l'Espace économique européen (RD 172).

Les neuf projets de loi élaborés par les groupes de travail cantonaux lors de la préparation à l'EEE (PL 6881 à 6889) qui étaient en suspens devant différentes commissions du Grand Conseil ont été retirés par le Conseil d'Etat le 7 février 1994.

Au niveau de la Confédération, le Conseil fédéral n'a pas interprété le non à l'EEE comme un refus de promouvoir l'eurocompatibilité de la législation suisse. Il a donc soumis aux Chambres fédérales 27 des 50 projets Eurolex, en rebaptisant ce nouveau paquet Swisslex. Le Parlement a adopté ces 27 projets et à l'heure actuelle, ils sont tous entrés en vigueur. Les objectifs visés par le Conseil fédéral étaient, d'une part, de signaler à nos partenaires européens que la Suisse souhaitait poursuivre sur la voie de l'Europe et, d'autre part, il voulait profiter de l'adaptation au droit européen pour favoriser la régénération de notre économie et la réalisation de certaines réformes internes.

En ce qui concerne l'examen de l'eurocompatibilité des nouveaux projets de lois et d'ordonnances fédérales, celui-ci est réalisé de façon ponctuelle. En effet, dans chaque message du Conseil fédéral proposant une nouvelle loi ou ordonnance ou une proposition de modification de loi ou d'ordonnance, un chapitre expose l'état de la législation communautaire et tire les conclusions sur l'eurocompatibilité du projet. Bien que cette solution ne permette pas d'assurer une eurocompatibilité totale de l'ordre juridique suisse, elle permet d'éviter des obstacles d'incompatibilité.

78,2% des citoyennes et citoyens genevois ont souhaité l'entrée de la Suisse dans l'Espace économique européen. Voulant confirmer la volonté d'ouverture du canton de Genève et donner un signe politique clair en faveur de notre intégration européenne, le Conseil d'Etat a décidé au mois de mars 1995 de relancer le dossier de l'eurocompatibilité de la législation cantonale genevoise. Le procédé employé sera le suivant: le Conseil d'Etat soumettra au Grand Conseil un projet de loi proposant l'introduction d'une «clause européenne» dont le but sera de faire figurer dans l'exposé des motifs de chaque projet de loi et règlement un chapitre sur l'état de la législation communautaire en la matière. Dans ce chapitre figurera également une analyse de l'opportunité de rendre conforme ou non le projet de loi ou de règlement au droit communautaire.

En introduisant la clause européenne, le canton de Genève s'engagera à devenir eurocompatible, dans toute la mesure du possible. Il se préparera ainsi à toute nouvelle échéance européenne.

2.13.2. La coopération intercantonale et confédérale

2.13.2.1. Le Groupe de contact Confédération-cantons

La perspective de rejoindre l'Espace économique européen a marqué un tournant dans la participation des cantons à la politique étrangère. Ils ont en effet été très largement consultés, informés et associés, par le biais du «Groupe de contact Confédération/cantons». Malgré l'échec de l'EEE, cet organisme est toujours actif et traite principalement de l'intégration européenne et de ses répercussions sur le fédéralisme. Il s'agit d'un instrument sans pouvoir décisionnel mais indispensable à la coordination entre la Confédération et les cantons. Genève est représenté dans ce groupe par le conseiller d'Etat Jean-Philippe Maitre, qui siège aussi au sein des Conférences des gouvernements cantonaux, dont nous parlons ci-dessous.

2.13.2.2. La Conférence des gouvernements cantonaux

Afin de mieux conjuguer leurs actions dans leurs domaines de compétences propres et de s'imposer en interlocuteurs efficaces vis-à-vis de la Confédération, les cantons se sont organisés en automne 1993 en une «Conférence des gouvernements cantonaux». La création de cette Conférence relève de la sphère d'autonomie des cantons en matière d'organisation. Cette Conférence traite des domaines de compétence cantonale et des affaires fédérales ayant une incidence pour les cantons. L'intégration européenne de la Suisse est le sujet principal de travail de la Conférence car les cantons ont pris conscience que la politique extérieure détermine la politique interne et qu'ils doivent suivre de près ce qu'il se passe en politique extérieure pour défendre leurs intérêts et compétences.

Les cantons de Suisse occidentale ont manifesté leur intérêt de disposer, à l'instar d'autres régions de Suisse, d'un lieu de discussion et d'échange afin de trouver des solutions à des problèmes communs, de tenter d'adopter des positions concertées sur des questions qui revêtent une importance pour l'ensemble de la Suisse occidentale et de soutenir les efforts visant à l'intégration européenne. Ils ont donc décidé de créer une «Conférence des gouvernements des cantons de Suisse occidentale».

Point positif, la Conférence des gouvernements des cantons de Suisse occidentale a adopté, fin 1994, une convention de réciprocité élaborée entre les cantons membres sur l'adjudication de travaux et de fournitures pour les constructions réalisées par les administrations cantonales. Cette convention, qui sera soumise à un bilan annuel, permet de traiter de la même façon les soumissionnaires qui ont leur siège social dans l'un des cantons signataires. Cette convention représente un premier pas vers l'ouverture et la libéralisation des marchés publics en Suisse romande.

La Conférence des gouvernements des cantons de Suisse occidentale a proposé une convention de réciprocité sur les conditions cantonales pour la naturalisation des jeunes étrangers. Suite au vote négatif du peuple suisse le 12 juin 1994, les cantons de Berne, Fribourg, Neuchâtel, Jura et Vaud se sont engagés à modifier leurs législations cantonales. Genève, quant à elle, pratique depuis 1967 une naturalisation accélérée pour les jeunes étrangers de 11 à 25 ans. Cette convention est ouverte à tous les cantons suisses qui pourraient manifester le désir de la signer dans la mesure où il suffit que tout autre canton non signataire de la présente convention puisse adhérer par déclaration écrite adressée à l'un des cantons signataires, que ce canton communiquera à tous les autres signataires.

2.13.2.3. Les cantons frontaliers limitrophes de la France

En 1982, le Groupe de concertation des cantons frontaliers limitrophes de la France a vu le jour afin de coordonner les activités de coopération transfrontalières des cantons concernés. Au mois de juillet 1993, il a publié un Cahier des résolutions consécutif au rejet de l'accord EEE et l'a adressé au Conseil fédéral. Actuellement, le Groupe de concertation des cantons frontaliers limitrophes de la France travaille notamment sur le dossier INTERREG II.

2.13.2.4. La Conférence des euro-délégués cantonaux

Les délégués aux affaires européennes des cantons suisses ont décidé de s'organiser en une Conférence dont le but est de soutenir la coopération entre les cantons d'une part, entre ceux-ci et la Confédération d'autre part. Son champ d'activités a trait à la politique européenne de la Suisse avec l'Union européenne et le Conseil de l'Europe, les relations des cantons avec les régions frontalières, les relations entre les régions d'Europe et les pays de l'Est. La Conférence des euro-délégués cantonaux est à disposition des cantons, de la Conférence des gouvernements cantonaux et de sa commission «Europe». Pour les dossiers de sa compétence, la Conférence des euro-délégués cantonaux prépare les séances de la Conférence des gouvernements cantonaux et du Groupe de contact.

Des membres de la Conférence des euro-délégués cantonaux font partie des groupes de travail spécifiques qui traitent des dossiers faisant partie des négociations bilatérales sectorielles avec l'Union européenne. Les cantons romands sont bien représentés dans ces groupes de travail.

2.13.3. La coopération régionale et transfrontalière

2.13.3.1. Les compétences cantonales

Afin de donner aux cantons frontaliers la possibilité de réaliser, même partiellement, un EEE régional, l'idée d'élargir les compétences cantonales en matière de politique extérieure a surgi un peu partout au lendemain du vote du 6 décembre 1992. Le Groupe des cantons frontaliers limitrophes de la France s'est rapidement penché sur cette question, qui fait d'ailleurs l'objet d'une des résolutions remises au Conseil fédéral (voir RD 221, p. 34).

Rappelons tout d'abord que la Confédération dispose d'une compétence générale en matière de relations internationales et qu'elle n'est pas liée par les compétences qui, au niveau interne, sont du ressort des cantons. Dans la pratique, la Confédération tient compte cependant des compétences internes et des intérêts des cantons qui sont, en règle générale, consultés.

Les cantons ne disposent donc que d'une compétence subsidiaire et limitée pour conclure des traités internationaux. L'article 9 de la constitution fédérale les autorise à passer des accords dans les domaines concernant l'économie publique, les rapports de voisinage et de police. L'article 10 de la constitution1 2 limite formellement la compétence internationale des cantons en introduisant l'obligation de traiter avec les autorités inférieures d'un Etat étranger. Le respect d'un certain parallélisme dans les relations entre les différents niveaux de compétences de deux Etats limite souvent le champ d'action dans lequel les cantons peuvent conclure des accords. En effet, les compétences des autorités inférieures sont déterminées par le droit interne et elles sont plus ou moins larges d'un Etat à l'autre.

Le Conseil fédéral interprète de manière extensive l'article 9 de la constitution, comme il l'a notamment confirmé dans sa réponse à la motion Spielmann : «La pratique de la Confédération a été et est toujours très libérale, permettant aux cantons de conclure des traités avec l'étranger non seulement dans les matières énoncées à l'article 9, mais aussi dans tous les domaines qui relèvent de leur compétence d'après la constitution. Ces traités ne doivent toutefois rien contenir de contraire à la Confédération ou aux droits d'autres cantons». Les cantons ne pouvant cependant plus se prévaloir de leurs compétences propres lorsque la Confédération a conclu elle-même un traité dans ces matières. Il revient donc aux cantons d'exploiter au maximum la marge de manoeuvre dont ils disposent, ce que le Conseil d'Etat ne manque pas de faire (voir point 4.2 de ce rapport).

2.13.3.2. Le programme INTERREG

Dans la perspective du marché commun et de l'Union économique et monétaire, la Communauté européenne a constitué un fonds destiné à revitaliser les économies des zones situées aux frontières internes et externes de l'Union, et de promouvoir une coopération plus intense de part et d'autre des frontières nationales. Un programme INTERREG I couvrait la période 1990-1993 et le canton de Genève a participé à différents projets en coopération avec la Région Rhône-Alpes.

Vu le succès d'INTERREG I, l'Union européenne (UE) a décidé de lancer l'initiative communautaire INTERREG II, portant sur la période 1994-1999 et l'a dotée d'un budget de 2,4 milliards d'Ecus. Le financement des actions transfrontalières s'effectue de la manière suivante: l'UE et les Etats membres participent conjointement au financement, ce qui implique également un cofinancement par les régions participant au programme INTERREG.

L'initiative communautaire INTERREG II s'appliquant à toutes les régions frontalières de l'UE, les cantons frontaliers avec la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche sont habilitées à participer à INTERREG. C'est ainsi que le canton de Genève, en association avec les cantons de Vaud et du Valais, ont, en collaboration avec la Région Rhône-Alpes, préparé un «projet de programme opérationnel» dans lequel ces entités exposent les grands axes qu'elles souhaitent développer en commun. Ces grandes orientations sont les suivantes:

- mettre en oeuvre un aménagement du territoire transfrontalier concerté;

- favoriser la coopération dans les domaines économiques et agricoles;

- valoriser le territoire transfrontalier, son identité culturelle francophone dans un espace très marqué par les échanges internationaux et la protection de l'environnement.

Alors que les régions transfrontalières françaises bénéficient, pour le financement des projets INTERREG, du soutien financier de l'Etat français, les cantons suisses ne pouvaient, jusqu'à présent, compter que sur leurs propres ressources. La proposition du Conseil fédéral d'attribuer un engagement financier fédéral global pour chaque programme auquel les cantons suisses participent permettra d'augmenter de façon appréciable le potentiel des cantons. Le crédit de 24 millions de FS proposés par le Conseil fédéral a rencontré l'approbation du Conseil des Etats ainsi que du Conseil national. L'ordonnance d'application devrait entrer en vigueur le 1er septembre 1995.

Cette collaboration avec l'Union européenne a l'avantage de nous familiariser avec les méthodes de travail communautaire et de nous habituer à travailler avec nos voisins. Une coopération étroite entre les cantons de Vaud, Valais et Genève a également le mérite de resserrer les liens entre ces trois cantons. D'autre part, la réalisation concrète de projets INTERREG touchera directement les citoyennes et citoyens et contribuera sans aucun doute à jeter des ponts pour une coopération future plus poussée.

2.13.3.3. Le Centre européen des technologies avancées en architecture et paysage (CETAP)

Créé en mars 1993, sous la présidence de M. Claude Haegi, conseiller d'Etat, le CETAP est une des 200 «Associations Université Entreprise pour la Formation» (AUEF), soutenu par le programme communautaire COMETT dont le but est de favoriser les échanges entre le monde universitaire et industriel notamment pour le transfert des technologies avancées. Constitué au départ par une trentaine de partenaires, le CETAP dispose aujourd'hui de plus de 150 membres représentant les écoles européennes du paysage, les professionnels du paysage et des sociétés de logiciels et matériels infographiques.

Les actions principales du CETAP sont d'une part de proposer et d'organiser, en collaboration avec les associations professionnelles concernées, des séminaires d'informations et des actions de formation continue sur les technologies d'infographie avancée en paysage (CAO, DAO, simulations tridimensionnelles et multimédia). Les chiffres ci-dessous illustrent les actions menées en 1994:

· 1 symposium à Lullier de portée européenne (plus de 100 participants);

· 3 séminaires de portée nationale à Londres, Vienne et Bordeaux (plus de 300 personnes);

· participation à l'organisation de Geneva Virtual Reality Fair (environ 100 participants);

· participation et animation d'un stand de 120 m2 au salon international URBAVERT à Paris.

De plus, le CETAP gère l'allocation de bourses COMETT pour des stages d'étudiants en entreprise étrangère. Plus de 30 bourses ont été délivrées à des étudiants provenant des écoles d'architectures et/ou du paysage. L'impact pour Genève est important puisque plus d'un tiers de la volée diplômée de l'école d'ingénieurs a pu disposer de bourses pour effectuer son premier emploi dans un pays de l'Union Européenne.

Il faut ajouter que la classe de troisième année de la section architecture paysagère de l'école d'ingénieurs du Paysage de Lullier a effectué en partenariat avec la Municipalité de Veigy, une série d'actions pédagogiques telles que:

· l'étude concernant l'évaluation paysagère de la commune avec notamment la mise en valeur des bords de l'Hermance;

· trois études globales de plan d'aménagement paysager du village selon plusieurs approches (historique, circulations, écologiques et économiques,....);

· une étude plus technique sur le relevé cadastral du Château de Crevy, proche de la frontière.

Ces études et une présentation au Conseil municipal ont permis aux étudiants d'être confrontés aux réalités quotidiennes et ainsi d'être mieux préparés aux problèmes quotidiens des professionnels du paysage.

2.13.4. L'application de l'accord de Schengen

L'accord de Schengen est appliqué depuis le 26 mars 1995. Le but est de renforcer le contrôle policier à la frontière communautaire européenne avec les Etats non membres de l'Union européenne. Cette mesure se justifie par le fait qu'il n'y a plus de contrôle entre les pays signataires de l'accord de Schengen.

Dès lors, aux frontières avec les pays non signataires, les lieux et les heures de passage sont limités et le contrôle des personnes renforcé grâce notamment à une banque de données informatisée. L'application rigoureuse de cet accord aurait pu déboucher sur un net ralentissement des mouvements entre Genève et la France voisine. Il n'en est rien, car il a été tenu compte des accords franco-suisses concernant le petit trafic frontalier. Le système actuel est jugé satisfaisant et suffisamment sûr. Seuls quelques aménagements ont été effectués en France voisine, tels que le renforcement des contrôles volants. De leur côté, les autorités françaises locales de la région étaient aussi intervenues pour demander le maintien du statu quo, afin de ne pas incommoder les frontaliers plus que de raison et de maintenir la fluidité des déplacements dans la région franco-genevoise.

Le gouvernement genevois tient encore à relever l'excellente collaboration régnant de part et d'autre de la frontière sur les plans policier et douanier.

3. INFORMATION

Le Service des affaires régionales et européennes (SARE) a intensifié sa politique d'information au cours de 1994. Il a animé notamment cinq séminaires d'un jour à l'attention des fonctionnaires de l'Etat et donné une cinquantaine de conférences dans divers milieux (grand public, sociétés, organisations professionnelles, écoles, université...). Il s'efforce aussi de recourir à tous les moyens de communications.

3.1. La télévision

LE SARE a participé activement à la mise sur pied de la future télévision transfrontalière TV Léman. L'assemblée constitutive a eu lieu le 26 janvier 1995. Le capital de la société est de 200 000 francs. Les actionnaires privés et publics sont les suivants: Ville de Genève (14% du capital), l'Association des communes genevoises (1%), Nyon (0,5%), le syndicat intercommunal du Pays de Gex (0,5%), Annemasse (0,5%), 022 Télégenève (14%), Radio Lac (14%), Banque cantonale de Genève (14%), Tribune de Genève (1%), Coditel (7,5%), Stratis (0,5%), Vidéotrace (0,5%), Melrose (0,5%), Jean-Marie Fleury (14%) Télévision 2 Savoies (T2S) (14%), Expansion (0,5%), Infotexte-Genève (0,5%), 2 RBI (1%), Record maintenance SA (0,5%) et l'imprimerie du Messager (1%). La future augmentation de capital prévue devrait permettre aux partenaires français d'accroître leur participation.

De leur côté, la Télévision suisse romande et France 3 ont créé un journal transfrontalier. Depuis le 3 avril 1995, celui-ci est diffusé, chaque soir, du lundi au vendredi respectivement sur Suisse 4 et sur France 3 Rhône-Alpes-Auvergne. Il s'agit d'un «tout image» de cinq à sept minutes quotidiennes, suivi d'une prévision de la météorologie locale. Une équipe de huit personnes, dirigée par Thierry Masselot, réalise ces émissions.

3.2. La presse

Un deuxième numéro de «Horizon Région» est paru à 280 000 exemplaires en juin 1994. Il a été distribué aux postes de douanes franco-genevois ainsi qu'à tous les ménages du Pays de Gex, du Genevois haut-savoyard et du canton de Genève. Totalement financé par la publicité, ce numéro a été publié par un éditeur privé sous l'égide du SARE. Un troisième numéro devait être lancé en automne, cette fois-ci sans le concours du SARE et avec des journalistes professionnels. Malheureusement, faute de recettes publicitaires suffisantes, l'éditeur a renoncé provisoirement à poursuivre cette publication. En revanche, l'hebdomadaire gratuit «Extension» (190 000 exemplaires) a décidé de créer un supplément mensuel consacré à la région.

Dans le cadre de la Communauté de travail des Alpes occidentales (COTRAO), le SARE a collaboré à l'étude de faisabilité d'une agence de presse régionale transfrontalière. L'intérêt pour ce projet est réel, en revanche la rentabilité d'une telle agence paraît hypothétique pour le moment. Affaire à suivre.

3.3. La radio

Pendant environ deux ans, le SARE a assuré un flash d'information chaque dimanche sur Radio-Lac, après le journal de midi. Il a été mis un terme à cette opération après la 90e émission. Depuis janvier 1995, le SARE avec la collaboration d'un journaliste professionnel de Radio Lac, anime un rendez-vous mensuel d'une heure sur les questions transfrontalières et européennes.

A noter aussi que Couleur 3, la troisième chaîne de la radio suisse romande, est diffusée dans la région lyonnaise par les soins de la radio privée Virage FM. Cette collaboration a débuté à la mi-mars 1994.

3.4. Les publications

Le SARE a également collaboré à la publication de bulletins d'informations du Conseil du Léman et de la COTRAO, ainsi qu'à la création, en 1994, d'un horaire international et transfrontalier. Celui-ci, édité à 30 000 exemplaires par une entreprise privée, est financé totalement par la publicité. Il comprend notamment les horaires transfrontaliers des trains, des bus, des bateaux, des transports publics et du téléphérique du Salève.

De son côté, l'attachée aux questions européennes a publié un bulletin intitulé «Genève: cap sur l'Europe», envoyé à près de 800 personnes concernées par ces questions.

3.5. La «Bulle» de la diversité

Le Forum économique et culturel des régions a installé sa tente gonflable, dite la «Bulle», fin novembre 1994 au Musée d'ethnographie de Conches, dans le cadre de la semaine de la diversité. Le département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales (DIER) ainsi que le Centre européen de la culture en ont profité pour organiser une journée consacrée aux «jeunes face à l'Europe», animée par l'attachée aux questions européennes du gouvernement genevois.

3.6. Multimédia du DIER

Le DIER prépare avec une société privée la réalisation d'un multimédia destiné à son information interne et externe. Les questions transfrontalières et l'environnement ont été choisis pour figurer dans une première maquette disponible depuis juin 1995. Ce nouvel instrument absorbera la banque de données du SARE.

4. ÉVALUATION DU FONCTIONNEMENT DES INSTITUTIONS TRANSFRONTALIÈRES

Dans ce dernier chapitre, le Conseil d'Etat entend surtout répondre à la motion 978, sans pour cela refaire une évaluation complète du fonctionnement des institutions transfrontalières, telle qu'il l'a entreprise dans son précédent rapport (RD 221 pages et suivantes), son jugement n'ayant pas changé fondamentalement.

4.1. Les trois niveaux de la vie transfrontalière

Le gouvernement genevois partage la vision de la commission des affaires régionales du Grand Conseil sur la façon de concevoir une vie transfrontalière active. Celle-ci s'effectue, en effet, actuellement sur trois niveaux:

- La société civile au sens large du terme avec des associations comme les Unions lémaniques (voir point 2.5.4.), l'Association genevoise pour le développement des relations interrégionales (AGEDRI) ou encore la Coordination économique et sociale transfrontalière (CEST).

- Le niveau intercommunal avec la création de commissions consultatives intercommunales transfrontalières (CCIT) ou de relations inter-cités telles celles engagées par la Ville de Genève avec Ferney-Voltaire, Annemasse, ou Thonon.

- L'échelon régional avec les organismes transfrontaliers qui sont appelés à jouer un rôle grandissant. Un protocole additionnel à la Convention de Madrid est en cours d'élaboration au Conseil de l'Europe. Si celui-ci était accepté et ratifié par les Etats, les organismes transfrontaliers bénéficieraient alors de la personnalité juridique et leurs décisions seraient directement applicables des deux côtés de la frontière.

4.1.1. La société civile

Le gouvernement ne peut que se féliciter de l'intérêt que portent les citoyens aux affaires transfrontalières. Il importe, en effet, qu'ils soient au fait des problèmes régionaux surtout si, à l'avenir, ils devaient être amenés à élire leurs représentants au sein des organismes transfrontaliers. Il a d'ailleurs donné mission au Service des affaires régionales et européennes de mener une politique d'information systématique, ce qui est fait comme en atteste le volet 3 de ce rapport.

4.1.2. Le niveau intercommunal

La coopération transfrontalière consiste principalement à faciliter la vie quotidienne des habitants de part et d'autre d'une frontière. Les communes ont donc un rôle capital à jouer. Elles sont largement associées du côté suisse au fonctionnement des organismes transfrontaliers, en outre, elles créent avec les communes françaises voisines leurs propres organismes de coopération.

4.1.2.1. Les commissions consultatives (CCIT)

Le Conseil d'Etat encourage les collectivités locales à créer des Commissions consultatives intercommunales transfrontalières (CCIT). Une nouvelle CCIT a vu le jour en novembre 1994 entre Arve et Foron. Elle regroupe les communes suivantes: Ambilly, Etrembières, Gaillard, Jussy, Juvigny, Presinge, Puplinge, Saint-Cergues, Thônex, Veyrier et Ville-la-Grand.

Une autre CCIT fonctionne au nord du canton depuis 1992. Elle comprend les communes de Saint-Genis-Pouilly, Prévessin-Moëns, Ferney-Voltaire, Satigny, Meyrin et Grand-Saconnex. En 1994, cette instance a émis deux avis transfrontaliers demandant aux autorités concernées de réaliser des traversées des villages de Meyrin et du Grand-Saconnex afin d'améliorer la sécurité et la fluidité du trafic régional.

4.1.2.2. Les relations inter-cités

Au plan intercommunal, les relations inter-cités se développent également. Ainsi la Ville de Genève a signé, le 6 décembre 1994, une déclaration d'intention avec Annemasse et Ferney-Voltaire pour développer leur collaboration culturelle, favoriser le rapprochement des professionnels de la culture et le public et surtout développer des projets culturels communs dans les domaines de la billetterie informatisée, la télématique, le livre et les arts vivants. Une Convention d'entente a ensuite été signée par la Ville de Genève avec Annemasse pour mettre en route une collaboration artistique et culturelle, tant dans l'espace franco-genevois qu'au sein des réseaux de villes régionaux et internationaux (voir les points 2.8.2, 2.8.3. et 2.8.4. du présent rapport).

4.1.3. L'échelon régional

Le CRFG, la COTRAO et le Conseil du Léman sont les trois plus importants organismes transfrontaliers de la région. Ce sont eux qui gèrent les relations de bon voisinage. Afin d'éviter d'effectuer les mêmes travaux sans le savoir, ces trois institutions ont signé, en 1994, des chartes de coopération, indiquant les secteurs d'activités des unes et des autres. Cette heureuse initiative due à M. Claude Birraux, alors président du Conseil du Léman, favorise une meilleure coordination entre les organismes transfrontaliers.

4.1.3.1. Evolution des structures

Dans le rapport de l'an passé (RD 221), le Conseil d'Etat avait fait le point sur l'évolution des structures des organismes transfrontaliers. Rappelons brièvement que seize Etats ont signé en 1980 la Convention dite de Madrid par laquelle les signataires s'engagent à promouvoir la coopération transfrontalière dans des domaines très variés. L'application de cette convention a montré les limites actuelles de la coopération transfrontalière. En effet, les organismes transfrontaliers, tels que le Comité régional franco-genevois, ne bénéficient pas de la personnalité juridique et, à ce titre, ne peuvent pas prendre d'engagement, sur le plan juridique notamment.

De plus, les décisions prises par ces organismes n'ont pas force de loi sur le plan interne. C'est pour cela que des experts étudient la possibilité, dans le cadre du Conseil de l'Europe, d'ajouter un protocole additionnel à la Convention de Madrid. Ce protocole veut donner la personnalité juridique aux organismes transfrontaliers et conférer aux décisions de ces derniers force de droit interne. En d'autres termes, les mesures prises par les organismes transfrontaliers, dans les limites de compétences de la Conventions de Madrid, seront directement applicables des deux côtés de la frontière.

Nous n'en sommes pas encore là, car l'acceptation et l'application du protocole additionnel signifiera que les Etats signataires auront accepté d'abandonner une partie de leurs compétences au profit des institutions transfrontalières. Dans le nord de l'Europe, plusieurs pays tentent déjà des expériences en ce sens. C'est ainsi que la Westphalie allemande et le sud des Pays-Bas ont constitué une Euregio qui dispose d'un conseil de 108 membres (54 allemands et 54 néerlandais). Ce conseil est formé d'élus provenant de différents conseils municipaux, de districts ou de conseils régionaux. Ils sont choisis par leurs pairs pour siéger dans le Conseil d'Euregio. Celui-ci se dote d'un comité de direction qui assure le suivi des affaires. L'Euregio bénéficie aussi de sa propre administration - transfrontalière - formée de treize fonctionnaires allemands et de treize hollandais.

Si les champs d'activités de l'Euregio sont définis par la Convention de Madrid, il arrive que l'Etat allemand et le Royaume des Pays-Bas confie à cette instance des dossiers spécifiques comme la gestion des fonds INTERREG. En quelque sorte, Euregio est la préfiguration des organes transfrontaliers de demain. Suite logique de cette évolution, si les organismes transfrontaliers devaient devenir des sortes de parlements régionaux dont les décisions seraient directement applicables des deux côtés de la frontière, les représentants de ces institutions devraient alors être élus par le peuple, afin de respecter l'esprit de nos démocraties.

Les experts les plus optimistes pensent qu'il faudra une bonne dizaine d'années pour en arriver là. Soucieux d'observer dès à présent ce problème, le Conseil d'Etat a demandé à ses partenaires français d'étudier ensemble l'évolution des structures transfrontalières, principalement celles du CRFG. Un premier rapport a été établi par les deux secrétaires généraux du CRFG (Annexe 5.6). Plusieurs propositions sont énoncées et seront examinées lors des prochaines séances, car il est primordial que ces réformes soient conçues et appliquées en parfaite osmose entre les deux partenaires français et suisse.

4.1.3.2. Représentation régionale dans les établissements publics

Lors de ses travaux, la commission des affaires régionales du Grand Conseil s'est interrogée sur la présence de représentants vaudois et français dans les institutions publiques genevoises. Elle s'est demandé notamment si cette forme de collaboration ne devait pas être intensifiée et dans quelle mesure des Suisses siégeaient dans des organismes français.

Tout d'abord, voici l'inventaire des établissements genevois où l'on trouve des représentants régionaux au sein de leurs conseils:

- Conseil d'administration des hôpitaux universitaires de Genève: un représentant vaudois et un représentant désigné par les Conseils généraux de l'Ain et de la Haute-Savoie. Le canton de Vaud va faire de même à l'adresse du canton de Genève.

- Conseil économique et social: quatre membres sont frontaliers.

- Conseil d'administration de l'aéroport international de Genève: deux représentants des cantons romands et un représentant désigné par les Conseils généraux de l'Ain et de la Haute-Savoie.

- Conseil d'administration des transports publics genevois: un représentant de la région transfrontalière française.

- Conseil de l'environnement: un représentant de l'Ain et un représentant de la Haute-Savoie.

Il n'est pas envisagé pour le moment de nommer des représentants français ou romands dans d'autres institutions. La question pourrait se poser pour la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI) ou pour les Services industriels de Genève. Quant à la présence de représentants genevois au sein d'organismes publics de France voisine, le besoin ne s'en est pas fait sentir pour le moment. Néanmoins, Genève est représentée au sein des conseils d'entreprises jouant un rôle important dans la région tels que la Société du tunnel du Mont-Blanc. Cependant cette préoccupation reste constamment présente à l'esprit du gouvernement.

4.1.3.3. Projets d'intérêt régional

La commission des affaires régionales du Grand Conseil nous invite aussi à identifier les projets d'intérêt régional qui pourraient être développés et les économies à réaliser entre les cantons de Vaud et de Genève. Le présent rapport a déjà répondu à cette préoccupation permanente du Conseil d'Etat aux chapitres 2.1., 2.3., 2.7., 2.11, 2.12.

Le projet actuel qui retient particulièrement l'attention des autorités transfrontalières est le métro léger devant relier le Pays de Gex à Annemasse en passant par Genève. Ce projet est un test important pour la région. Non seulement ce métro transfrontalier sera un réel trait d'union franco-suisse, mais aura aussi valeur de symbole. Il permet surtout aux deux partenaires de trouver des solutions communes pour le financement du projet, le choix du matériel roulant, le passage facilité de la douane, le tracé du parcours, la structure commune pour l'exploitation du métro. La réalisation de ce projet servira de modèle de coopération pour l'ensemble de notre région et ne manquera pas d'influencer fortement l'avenir des relations transfrontalières.

4.2. Conclusion

En guise de conclusion, le Conseil d'Etat se félicite du renforcement des relations transfrontalières. Même si cette coopération ne peut en aucun cas être assimilée à l'instauration d'un mini Espace Economique Européen (EEE), elle permet néanmoins au canton de Genève de demeurer en contact avec un grand pays de l'Union européenne, la France. Elle lui permet aussi de bénéficier de programmes de l'Union européenne tels qu'INTERREG. Et, s'il faut prouver la vitalité de ces relations transfrontalières, il suffit de consulter la liste des conventions, accords et arrangements transfrontaliers signés de 1992 à aujourd'hui. (Annexe 5.6.) Ils sont au nombre de vingt-six, ce qui est plus que réconfortant !

5. Annexes

Annexe 5.1

Projet de métro léger franco-genevois pour développer les transports collectifs de l'agglomération transfrontalière

Genèse du projet

Le premier pas vers un projet devenu transfrontalier remonte à la rédaction du Livre Blanc à l'automne 1993, lors du colloque du Comité régional franco-genevois.

En février 1993, en effet, une loi est votée à Genève pour mettre en place un nouveau mode de transport de type métro.

Le projet TC 2005 a déclenché un processus de recherches et engendré de nombreuses études de faisabilité qui ont débouché sur deux conclusions:

- le problème de transports collectifs dépasse le simple cadre de Genève;

- l'optimisation du projet ne peut s'affirmer qu'en comptant les flux transfrontaliers.

Le métro genevois est donc devenu un dossier d'aménagement concerté. Il constitue une opportunité forte de participer activement à un projet d'envergure européenne et de donner une nouvelle dimension à l'agglomération franco-genevoise.

En février 1994, les responsables genevois font une première présentation de leur dossier à leurs correspondants français qui créent un comité de pilotage au début de l'été. Dès lors, ils travaillent chacun de leur côté pour faire avancer le dossier et prennent conjointement les orientations prioritaires, à l'occasion d'une rencontre.

De nombreuses études voient le jour. Les rapports Semaly, Team Consult, Morelon sont autant d'outils de travail qui permettent aux deux parties d'exprimer leur point de vue et d'avancer sur une matière commune.

A cette heure, les études continuent pour donner naissance à un dossier commun. De nombreuses questions restent en suspens. Néanmoins, les deux parties élaborent un travail qui porte ses fruits, chacune étant désireuse de voir le dossier avancer. La mise en service de la première phase est, en effet, envisagée en 1999.

DÉFINITION DU PROJET

Une volonté commune

Ce dossier est issu d'une véritable volonté de chaque côté de la frontière. Genevois et Français sont d'accord sur un point essentiel: travailler ensemble et décider d'un commun accord.

La réussite du projet est liée à la satisfaction des attentes de chacun.

Pour tous, le métro doit faire preuve d'une très grande efficacité: dessertes, confort, rapidité, image auprès de la clientèle, pour séduire les voyageurs.

Les motivations du canton de Genève sont le désengorgement du centre-ville, la fluidité du trafic, l'amélioration de la qualité de vie et notamment de l'air, liée à la problématique urbaine de l'agglomération.

Les Français, quant à eux, sont intéressés au projet et ils expriment certaines conditions essentielles à sa viabilité et à son attrait. Soucieux de raisonner sur un projet global, ils prennent en compte les répercussions techniques et financières sur les réseaux de transports collectifs annemassiens et gessiens. Les deux parties souhaitent, en effet, donner à ce projet un véritable caractère d'aménagement du territoire afin de prévoir, dès les premières phases de son élaboration, les liaisons entre centres urbains.

La prise en compte des considérations techniques

Le métro léger entre la France et le canton de Genève répond à une problématique essentiellement urbaine. Le choix arrêté est celui de l'écartement métrique, déjà employé sur le réseau genevois. Il répond spécifiquement au paramètre urbain à moyen terme.

Ce choix est guidé, entre autres, par la rapidité de sa réalisation. L'utilisation des infrastructures existantes permet, non seulement de gagner du temps, mais également de bénéficier de l'expérience déjà acquise.

La partie française souhaite ménager l'avenir et réserver la possibilité de passer à l'écartement ferroviaire, si le développement du bassin franco-genevois le justifiait.

Cette question sera examinée, ultérieurement, de façon concertée sur les plans technique et financier.

La question de l'itinéraire a été abordée dès le lancement du projet. Les deux parties se sont mises d'accord sur un axe est-ouest allant de l'agglomération d'Annemasse au Pays de Gex, en bénéficiant de la plate-forme de la voie ferrée internationale entre les gares d'Annemasse et des Eaux-Vives.

Les modalités de la desserte du CERN et de Cointrin font partie de l'étude du projet.

Douanes et police

Les deux parties ont également une autre question urgente à traiter: l'évocation de la situation frontalière. En effet, les problèmes de douanes et de police n'ont pas encore été abordés et il importe d'examiner les conditions de franchissement de la frontière pour les usagers du métro léger, notamment le dispositif qui sera mis en place lors de l'entrée en vigueur des accords de Schengen.

L'avenir immédiat

En 1995, l'objectif principal est de poursuivre les études en cours afin de permettre une décision à la fin de l'année ou au début 1996.

Ainsi, les deux parties auront à se mettre d'accord sur l'Avant-projet sommaire Annemasse-Cornavin-Meyrin-Cern, le montage juridique international et le cahier des charges du matériel roulant.

Le choix du système de transport, déjà validé par les autorités françaises, aura à l'être prochainement par les autorités genevoises.

Les Français se chargeront des études sur leur territoire, Genève ayant la même démarche de son côté. Chaque partie en assurera le financement.

Au fil de l'avancement du projet, des actions de communication institutionnelle et générale seront élaborées en commun.

A partir d'avril 1995, les deux parties doivent engager les études d'avant-projet ainsi que la rédaction d'un projet de convention internationale.

L'Autorité organisatrice française devra également être constituée avec les collectivités territoriales concernées.

Les parties française et genevoise se sont mises d'accord sur le maintien des structures existantes des deux côtés pour l'année 95.

Le calendrier intentionnel des mises en service a été établi comme suit:

- Cornavin - Gare d'Annemasse et les extensions sur l'agglomération en 1999.

- Prolongement Cornavin-Meyrin-Pays de Gex en 2004.

LES CONDITIONS ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES

Le projet de métro léger entre la France et le canton de Genève pourra voir le jour grâce à une véritable concertation transfrontalière régie par une logique d'ensemble. L'étude des questions financières et économiques portera préalablement sur:

- l'évaluation précise du projet;

- le bilan prévisionnel d'exploitation du métro léger;

- les répercussions sur l'exploitation des réseaux actuels de transports publics.

Aujourd'hui, au regard des études menées, on peut évaluer le coût des travaux à 450 millions de FS, dont 125 millions pour le tronçon Cornavin - Gare d'Annemasse. (Pour mémoire, le projet étudié avec le matériel VAL représentait un investissement de 1,4 milliard de FS.)

Les décisions respectives seront conditionnées par les résultats de l'étude économique et financière. Courant 1995, les simulations nécessaires seront réalisées pour préciser le potentiel de clientèle et la tarification face aux coûts d'investissement et d'exploitation.

LE SCHÉMA INSTITUTIONNEL

Le projet du métro léger entre la France et la Suisse dépasse, à bien des égards, les enjeux du seul bassin franco-genevois. En effet, l'avancement d'un tel dossier, à l'envergure européenne, nécessitera l'élaboration d'une convention internationale et la mise en place d'un organisme transfrontalier impliquant les collectivités territoriales.

Ce dernier aurait en charge, non seulement l'organisation et la gestion des travaux, mais également, l'exploitation du métro que les Transports publics genevois pourraient assurer.

Le Comité régional franco-genevois, sous l'égide de la Commission mixte, continue d'assurer le suivi de ce projet. Son évolution et sa réalisation impliquent ainsi pleinement les acteurs locaux de la coopération transfrontalière.

Annexe 5.2

Annexe 5.3

Nappe d'eau souterraine du Genevois

Préambule

Dès 1960, un important abaissement du niveau de la nappe a été observé. Ce phénomène était dû à des soutirages d'eau dans les puits français et genevois, supérieurs aux apports naturels à la nappe, constitués des infiltrations des eaux pluviales et des percolations dans les berges et le lit de l'Arve entre Sierne et Carouge.

A partir de 1966 des études hydrogéologiques ont été entreprises par le service cantonal de géologie à Genève, et par la compagnie générale des eaux, mandatée par les autorités de la Haute-Savoie.

A la suite de nombreuses séances de concertation franco-genevoise, le Conseil d'Etat et le préfet de la Haute-Savoie ont contresigné l'arrangement du 9 juin 1978 relatif à la protection, l'utilisation et la réalimentation de la nappe franco-suisse du Genevois. L'arrangement institue une commission d'exploitation de la nappe, co-présidée par le sous-préfet de Saint Julien en Genevois et par le secrétaire général du département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales.

La commission fixe chaque année les volumes d'eau pompables dans la nappe par les partenaires français et genevois, de façon à maintenir le niveau de la nappe qui permet une exploitation normale de tous les puits de captage soit:

En Haute-Savoie: Les deux puits de Veyrier Pas de l'Echelle

 Les deux puits de Gaillard

 Le puits de Crache Saint-Julien

 Le puits de Veigy (Commune de Viry)

A Genève: Le puits de Frontenex

 Le puits de la Florence

 Le puits du chemin du Velours

 Les deux puits de Carouge

 Le puits du parc Bertrand

 Le puits du Bout du Monde

 Les puits de Vessy

 Le puits de Bellavista

 Le puits de Saconnex d'Arve

 Le puits de Perly

 Le puits de Soral.

Dès l'arrangement conclu, le chantier de construction de la station de filtration des eaux de la rivière a débuté, ainsi que celui de la zone d'épandage souterrain dans la boucle de la Grande fin où il a été mis en place un réseau de cinq kilomètres de tuyaux perforés qui distribuent l'eau filtrée et désinfectée dans la nappe.

L'alimentation artificielle a débuté dès février 1980. L'exploitation de la station et sa maintenance ont été confiées aux Services industriels de Genève par convention avec le DIER.

Les frais de construction et d'équipement électro-mécanique de la station et de ses annexes se sont élevés à 18 215 838 FS. L'investissement a été totalement financé par l'Etat de Genève, sans participation de la Haute-Savoie.

Problèmes de pollution des eaux de l'Arve

Dès la mise en service de la station, le laboratoire de contrôle continu des eaux de la rivière a mis en évidence une importante pollution par le chrome exavalent provenant de l'industrie de la vallée de l'Arve.

Les photomètres de détection ayant un temps de réponse de 15 à 20 minutes, la station était envahie par le polluant et il fallait à chaque déversement entièrement vider les conduites, filtres et réservoirs d'eau filtrée, d'où une perte de production très importante.

Il a fallu reprendre les concertations transfrontalières et il a été décidé de déplacer le laboratoire continu dans une nouvelle construction près du pont de Sierne. Ainsi, l'alerte est donnée suffisamment à temps pour arrêter le pompage d'eau dans la rivière.

D'autre part, les autorités françaises ont pris des mesures très sévères dans les industries qui ont fortement diminué les pollutions:

 Années Nombres d'alertes «chrome»

 1981 133

 1982 102

 1983  93

 1984  74

 1985  56

 1986  25

 1987  31

 1988  4

 1989  5

 1990  7

 1991  2

 1992  1

 1993  0

 1994  0

La construction et l'équipement du laboratoire de Sierne a nécessitéun investissement supplémentaire de FS 2 412 070 financé à raison deFS 750 000 par la Haute-Savoie et FS 1 662 070 par l'Etat de Genève.

Statistiques hydrauliques (Valeurs en millions de mètres cube)

Année

Prélèvements dans la nappe

Alimentation artificielle

Genève

Haute-Savoie

Total

1981

10,5

2,2

12,7

9,6

1982

13,3

2,0

15,3

8,8

1983

18,7

2,0

20,7

11,0

1984

18,9

2,1

21,0

10,8

1985

17,8

2,0

19,8

8,5

1986

14,8

2,4

17,2

8,5

1987

13,0

2,1

15,1

11,8

1988

14,5

2,2

16,7

12,3

1989

16,8

2,7

19,5

10,8

1990

12,0

3,0

15,0

10,5

1991

14,3

2,1

16,4

13,0

1992

14,1

1,7

15,8

8,5

1993

15,0

1,9

16,9

8,6

1994

13,9

1,9

15,8

7,8

1981-1994 Total

207,6

30,3

237,9

140,5

Redevances en matière de droit d'eau

Prélèvements dans la nappe en Haute-Savoie

L'arrangement du 9 juin 1978 prévoit à son article 14 les dispositions suivantes:

Jusqu'à un prélèvement annuel de 2 millions de m3, il n'y a pas de redevances, le volume précisé représente la part française de l'alimentation naturelle moyenne de la nappe.

Si la consommation française est supérieure à 2 millions de m3, la participation financière aux frais de réalimentation artificielle est calculée comme suit:

Volume pompé par les utilisateurs français, diminué de 2 millions de m3.

Le chiffre obtenu est divisé par le total pompé à Genève et en Haute-Savoie préalablement diminué de l'alimentation naturelle moyenne estimée à 7,5 millions de m3.Le chiffre ainsi obtenu multiplie les frais d'intérêts et d'amortissement et les frais d'exploitation.

Prélèvements dans la nappe à Genève

Le règlement relatif aux redevances en matière de droit d'eau (L2 0,6) du 16 avril 1980 fixe le tarif à l'article 2, lettre d, soit 18 centimes par m3 d'eau pompée en 1991, et ultérieurement selon tarif fixé en fonction des frais effectifs de l'année hydrologique.

(1er novembre de l'année précédente au 31 octobre de l'année suivante.)

Evolution de la qualité de l'eau de la nappe

Un suivi analytique est exécuté mensuellement par le laboratoire du service de l'eau des Services industriels de Genève, selon convention avec le chimiste cantonal, autorité en matière d'eau de boisson. Le laboratoire contrôle aussi la qualité de l'eau brute de l'Arve puis celle de l'eau produite par la station de Vessy avant l'apport à la nappe. Cet apport d'eau moins riche en sels dissous («Dureté totale»), en nitrates, et plus riche en oxygène dissous, a été constaté dans les puits dans un délai d'une année et demi à Carouge, 4 ans à Bellavista et 5 ans à Saconnex d'Arve. Par contre une diminution des nitrates, qui dépassaient les normes pour les eaux potables, n'est apparue à Perly et Soral que 15 ans après la mise en service de la réalimentation.

Cette constatation est normale car la vitesse d'écoulement d'une nappe souterraine est sans commune mesure avec celle d'une rivière qui peut s'élever à plusieurs mètres par seconde. Dans la nappe du Genevois, la vitesse moyenne d'écoulement est de 9 millimètres par heure.

Bilan de l'année hydrologique 1994 (1er novembre 1993 - 31 octobre 1994)

 Prélèvements de la Haute-Savoie  2 000 000 m3

 Prélèvements à Genève 15 011 587 m3

 Alimentation artificielle  7 834 615 m3

 Remontée du niveau moyen de la nappe 0,75 m

 (Remontée depuis la mise en marche de la

 station de Vessy en 1986) 3,65 m

Fonctionnement de la station de Vessy:

Heures de fonctionnement 4245.50 49%

Heures d'arrêt de l'installation 4490.50 51%

Les arrêts ont été provoqués par:

Turbidité de l'eau brute 673.25 15%

Chrome  5.75  0%

Hydrocarbures  47.75  1%

Matières organiques  39.25  1%

Cadmium  0.00  0%

Laboratoire de Sierne  370.50  8%

Stérilisation  15.00  0%

Station de l'Arve: arrêt de la machine 5  51.00  1%

Gel de l'Arve  0.00  0%

Débit de l'Arve trop faible  0.00  0%

Travaux électriciens *  249.25  6%

Travaux mécaniciens ** 1690.50 38%

Arrêts volontaires (stabilisation de la nappe)***  582.25 13%

Divers ****  766.00 17%

* Du 27 au 31 janvier moteur de la soufflante hors service

** Du 1er au 10 février, révision du vannage de la prise d'eau

 Du 25 août au 31 octobre, révision du dessableur, lavage du réservoir, réparations dues à la corrosion provoquée par le chlorure ferrique.

*** Du 23 juillet au 12 août.

**** Du 1er au 22 novembre, travaux dans le réservoir (essais de revêtement).

Annexe 5.4

CONTRAT RIVIÈRE ARVE

TITRE I - Les Signataires

Le présent contrat est conclu entre:

- l'ETAT, représenté par M. Morin, préfet de la Haute Savoie;

- la Région Rhône-Alpes, représentée par M. Millon, président du Conseil régional;

- le département, représenté par M. Pellarin, président du Conseil général;

- l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, représentée par son directeur M. Chirouze;

- Electricité de France, représenté par le directeur d'Energie Alpes, M. Plivard - Le Syndicat mixte d'aménagement de l'Arve et de ses abords représenté par son président, M. Michel Meylan;

- les industriels du traitement de surface, représentés par M. Boucherie;

- le Canton de Genève, représenté par le conseiller d'Etat M. Haegi;

- la société autoroutière STMB, représentée par son président M. Jau.

TITRE II - Objet du CONTRAT

ARTICLE 1: LE PERIMÈTRE D'ACTION

Le présent contrat concerne l'Arve, rivière principale du Bassin versant. La liste des communes et SIVOM concernés figure en annexe 1.

ARTICLE 2: LES OBJECTIFS

Le contrat de Rivière Arve vise à atteindre les objectifs suivants:

1. Redonner à l'Arve un espace de liberté tout en assurant la sécurité des personnes et des biens (maintien et aménagement en particulier de champs d'inondation et de divagation, lutte contre l'érosion et l'exhaussement du lit dans la haute vallée).

2. Améliorer la qualité des eaux et lutter en particulier contre la pollution industrielle, dont les rejets perturbent l'alimentation en eau de la région genevoise et annemassienne.

- Les objectifs de qualité des eaux à atteindre en ce qui concerne la pollution carbonée ; Classe de qualité

· des sources à la station d'épuration

 de Chamonix/Les Houches  Classe 1A

· de la station d'épuration de Chamonix/Les Houches

 au Pont d'Oex  Classe 1B

· du Pont d'Oex à Cluses  Classe 1A

· de Cluses à la confluence du Giffre  Classe 1B

· en aval du Giffre Classe 1A

· (voir carte d'objectif de qualité Annexe 2)

- L'objectif à atteindre en ce qui concerne la pollution azotée est de ne pas dépasser la concentration de 1 mg par litre de NH4 sur tout le linéaire du cours d'eau, teneur inférieure au seuil de toxicité pour les salmonidés dans les conditions propres à l'Arve.

- L'objectif à atteindre en ce qui concerne la pollution métallique est de gagner deux niveaux de qualité sur les paramètres cadmium, chrome, cuivre, zinc et nickel par rapport à la situation de référence de 1988, en aval de Cluses en particulier (Annexe 3). En tout état de cause, les industriels devront se conformer à l'arrêté du 26 septembre 1985 fixant les valeurs limites des rejets.

- L'objectif à atteindre en ce qui concerne la pollution par le décolletage est de récupérer les rejets liés à cette activité (huiles, solvants, lessives ... ) pour favoriser un meilleur fonctionnement des stations d'épuration et éviter les rejets directs à l'Arve.

3. Préserver et valoriser le milieu naturel en harmonisant l'occupation des espaces riverains, en facilitant les accès et les circulations le long de l'Arve, et en traitant la végétation.

4. Mettre en place une structure pour l'entretien des ouvrages restaurés.

5. Sensibiliser la population à la bonne gestion de son patrimoine naturel.

Le 2e objectif sera réalisé dans le cadre du volet A «Assainissement» et du volet C «Industriel». Les ler, 3e, 4e et 5e objectifs seront réalisés dans le cadre du volet B «Restauration, Protection et Valorisation du cours d'eau».

ARTICLE 3: LA DURÉE DU CONTRAT

La période de réalisation du contrat s'échelonnera sur 10 ans, de 1995 à 2005, en 2 fois 5 ans avec un bilan intermédiaire au bout de la 5e année.

ARTICLE 4: LE PROGRAMME D'ACTIONS

Le volet A: Assainissement

L'amélioration de la qualité des eaux sera obtenue en réalisant trois types d'actions:

- Amélioration du fonctionnement des réseaux d'assainissement de l'ensemble des communes afin d'éviter les rejets directs d'eaux usées à l'Arve, et augmenter les rendements des stations d'épuration.

- Création et/ou extension de stations d'épuration: (Annemasse, Arthaz, Passy, Chamonix, ... ),

- Réduction des rejets d'azote ammoniacal sur la Haute-Vallée de l'Arve de manière à restaurer une vie piscicole.

Une dissociation entre les travaux indispensables à réaliser et les travaux souhaitables (extension de réseaux) a été opérée. Les travaux prioritaires s'élèvent à 351,482 millions de francs, et les travaux souhaitables à 191,800 millions de francs (annexes 4.1 et 4.2).

Le volet B: Restauration, Protection et Valorisation de la rivière

Pour atteindre les objectifs fixés, cinq types d'actions seront mis en oeuvre (annexe 5. 1):

1. Des actions purement hydrauliques de remise en état du cours d'eau et de protection des personnes et des biens (création de seuils, réfection de digues, mise en place ponctuelles d'enrochements, création de plages de dépôts et de murs déflecteurs, de protections des confluences avec les torrents de la haute vallée de l'Arve, et aménagement de l'Arve au droit des Posettes, si nécessaire). La résolution du problème posé par l'Arve au droit des Posettes devrait également améliorer de manière significative la qualité des eaux de turbidité plus faible, moindre colmatage du lit...

2. Des actions d'aménagement d'espaces naturels, de certains espaces riverains, pour retrouver des conditions de fonctionnement plus naturelles pour la rivière.

 Ce sont principalement des actions de terrassement ou de suppression d'obstacles pour favoriser la divagation ou la submersion (création de terrasses submersibles, suppression d'anciennes digues ou de cordons de terre qui font obstacle à la divagation, installation de déversoirs de crue sur les espaces réservés à cet effet, implantation éventuelle de seuils et d'épis pour activer le dépôt d'alluvions).

3. Des actions de réhabilitation paysagère pour valoriser les espaces riverains de l'Arve (traitement de la végétation qui consiste en un débroussaillage, élagage, plantation d'essences locales ; création d'accès à l'Arve, création d'un cheminement entre Mont-Blanc et Léman, et création de débarcadères pour le canoë-kayak).

4. Diverses études ponctuelles relatives au cheminement, aux décharges, au foncier, à la mise en valeur de l'Arve dans la traversée des agglomérations importantes, et à l'aménagement de l'espace entre le Borne et le pont de Bellecombe.

5. Des mesures d'accompagnement:

 Mise en place d'une structure d'entretien (création d'un poste de technicien de rivière).

 Actions d'information et de communication.

Le montant des travaux du volet B s'élève à 200,425 millions de francs (annexe 5.2).

Le volet C: Industriel

Les investissements à réaliser dans les ateliers de traitement de surface sont variables. Ils comprendront soit l'installation d'un système d'épuration, soit un complément d'installation.

En ce qui concerne le décolletage, il s'agira de créer une plate-forme de récupération des déchets et de mettre en place un circuit de ramassage. L'ensemble de ces travaux s'élève à 56,8 millions de francs.

TITRE III - Les engagements des partenaires

ARTICLE 5: L'ENGAGEMENT DU SYNDICAT MIXTE DE L'AMÉNAGEMENT DE L'ARVE ET DE SES ABORDS

Les six syndicats intercommunaux des communes riveraines de l'Arve sont représentés par le Syndicat mixte d'aménagement de l'Arve et de ses abords.

Compte tenu de la diversité des partenaires techniques et financiers, le Syndicat mixte de l'aménagement de l'Arve et de ses abords assurera la coordination du programme de travaux proposé dans le cadre du contrat de rivière, et précisera les rôles des différents syndicats concernés.

Pour le volet A: Assainissement

Les communes ou syndicats qui assurent déjà l'assainissement sur leur territoire conserveront la maîtrise d'ouvrage pour la réalisation des travaux prévus dans ce volet.

Pour le volet B: Restauration, Protection, Valorisation du cours d'eau

Le Syndicat mixte d'aménagement de l'Arve et de ses abords assurera la maîtrise d'ouvrage des travaux. Toutefois, une maîtrise d'ouvrage déléguée de certains travaux pourra être accordée à la demande des syndicats intercommunaux et de la Société du Tunnel du Mont-Blanc.

LE SYNDICAT MIXTE S'ENGAGE:

- à assurer la réalisation, le suivi du contrat de rivière, et la coordination avec tous les partenaires,

- à assurer la cohérence entre toutes les actions pendant le contrat et au-delà afin d'en pérenniser les effets, et de mettre en oeuvre une politique d'entretien et de gestion du cours d'eau,

- à passer avec le Conseil général pour tous les terrains, lui appartenant ou non, sur lesquels des aménagements sont réalisés; une convention d'ouverture au public conforme aux articles L.142-2 et L.130-5 du Code de l'urbanisme.

ARTICLE 6: L'ENGAGEMENT DE L'ÉTAT

Le Ministère de l'agriculture accordera des subventions d'un montant total de 10,65 millions de francs, pour des opérations relevant de la Restauration des Terrains en Montagne et qui seront subventionnées à hauteur de 50% de leur montant, conformément au tableau de l'annexe 5.3.

Le Ministère de l'environnement prévoit d'accorder des subventions d'un montant total de 21,931 millions de francs.

Le Ministère de l'environnement accordera des subventions d'un montant total de 13 079,50 KF pour la réalisation de la première tranche du volet B du contrat dont:

- 7 638,00 KF seront consacrés aux opérations relevant de la protection contre les crues qui seront subventionnées à hauteur de 20% de leur montant.

- 5 441,50 KF seront consacrés aux opérations du volet B ne relevant ni de la restauration des terrains en montagne ni de la protection contre les crues. Ces opérations seront subventionnées à hauteur de 10% de leur montant.

La participation du Ministère de l'environnement à la deuxième tranche du volet B du contrat sera précisée au vu d'un bilan des opérations réalisées au cours de la première tranche.

Les engagements pris par l'Etat dans le présent contrat restent subordonnés à l'ouverture des moyens financiers suffisants correspondant aux lois de finances. Dans le cadre des dotations votées, ils bénéficient de l'affectation prioritaire des crédits de l'Etat.

L'Etat s'engage à céder les terrains de son domaine privé concernés par les aménagements au Syndicat mixte d'aménagement de l'Arve et de ses abords, s'il en fait la demande, ou à passer pour ces terrains avec le syndicat mixte une convention d'ouverture au public conforme aux articles L.142-2 et L.130-5 du Code de l'urbanisme.

ARTICLE 7: L'ENGAGEMENT DE LA RÉGION

La Région s'engage à apporter son aide financière au contrat de rivière.

Pour le Volet A: Assainissement

- Pour les travaux relevant du volet A éligibles à son concours, au titre des contrats «environnement» de rivière, au taux de 6,5%, dans la limite d'un montant global de 22,5 millions de francs, sur la durée du contrat, soit un montant annuel de subvention de 2,25 millions de francs.

Pour le volet B: Restauration, Protection et Valorisation de la rivière

- pour les travaux relevant du volet B éligibles à son concours, au titre du contrat «environnement» de rivière, aux taux portés dans le tableau de financement prévisionnel détaillé de l'Annexe 5.3, dans la limite d'un montant global de 10 millions de francs, sur la durée du contrat, soit un montant annuel de subvention de 1 million de francs;

- la région accordera des subventions d'un montant total de 10,5 millions de francs pour des opérations relevant de la Restauration des Terrains en Montagne et qui seront subventionnés à hauteur de 50% de leur montant conformément au tableau de l'annexe 5.3.

ARTICLE 8: L'ENGAGEMENT DE L'AGENCE DE L'EAU RHÔNE MÉDITERRANÉE CORSE

Les aides de l'Agence seront attribuées aux opérations répondant à ses objectifs et objet du présent contrat selon les règles de son VIe Programme d'intervention (voir Annexe no 7) ou, si elles sont plus favorables, au maître d'ouvrage selon les règles en vigueur à la date de décision d'aide.

La rivière étant classée rivière prioritaire par l'Agence au titre de la pollution toxique, les travaux suivants bénéficieront d'un complément de subvention de 10%:

- réduction des rejets de métaux, en particulier de cadmium, cuivre, nickel, chrome et zinc, au niveau des ateliers de traitement de surface les plus importants ;

- mise en place d'une plate-forme de récupération des déchets toxiques (huiles usées, solvants, lessives, etc.) provenant des ateliers de décolletage et de traitement de surface de petite taille, au niveau de Cluses et Bonneville.

Par ailleurs, bon nombre d'ateliers de part leur faible ou moyenne importance ne peuvent normalement prétendre à une aide de l'Agence (redevance inférieure au seuil de perception).

Compte tenu de leur impact sur la qualité des eaux de l'Arve, ces établissements pourront également bénéficier des aides de l'Agence. Seuls les investissements nécessaires au traitement de la pollution existante à la date de signature du contrat seront concernés par ces aides.

A titre indicatif et pour l'ensemble du contrat, l'Agence serait susceptible d'apporter globalement:

*Pour le volet A: une subvention de l'ordre de 75 millions de francs et une avance* de 60 millions de francs, soit un total d'aide de 135 millions de francs.

*Pour le volet B: une subvention globale d'environ 29 millions de francs

*Pour le volet C: une subvention globale de l'ordre de 15 millions de francs et une avance* de 12 millions de francs, soit un total d'aide de 27 millions de francs.

(*) Selon la nature des travaux, avance à 12 ans ou à 17 ans, avec différé de remboursement de 2 ans et 0,50% de frais de gestion annuels.

ARTICLE 9: L'ENGAGEMENT DU DÉPARTEMENT

Pour le Volet A: Assainissement

Le département s'engage à accorder son aide aux opérations prévues au contrat dans les conditions habituelles de son intervention en faveur des travaux d'assainissement des eaux usées des communes rurales, sous réserve d'un examen approfondi de chaque dossier.

Pour le volet B: Restauration, Protection et Valorisation de la rivière

Le département s'engage à apporter son appui aux collectivités de base pour les opérations prévues au contrat, pour alléger la part qui restera à leur charge. Il s'agira d'une aide différentielle qui tiendra compte du classement financier des communes selon les règles qui seront adoptées par l'assemblée départementale.

Le Conseil général pourra subordonner son intervention à l'établissement d'une convention d'ouverture au public des terrains aménagés, au sens des articles L.142-2 et L.130-5 du Code de l'urbanisme.

ARTICLE 10: L'ENGAGEMENT DU CANTON DE GENÈVE

Le Canton de Genève s'associe au contrat de rivière Arve, opération d'envergure exceptionnelle, en raison de l'intérêt qu'il porte à la sauvegarde de l'environnement et à la coopération transfrontalière indispensable dans le cadre d'une politique de l'eau au niveau régional.

A cet effet, le Canton de Genève s'engage à participer au contrat de rivière dans les conditions précisées par la convention jointe en annexe n° 8.

ARTICLE 11: L'ENGAGEMENT DE LA SOCIÉTÉ DU TUNNEL DU MONT-BLANC

La Société du Tunnel du Mont-Blanc est directement intéressée par le contrat de rivière qui devrait à terme stabiliser la rivière. Sa participation est déjà effective sur les actions dont la maîtrise d'ouvrage lui incombe et dont le montant des travaux n'apparaît pas dans les annexes du contrat de rivière.

Sa participation en tant que fonds de concours concerne des actions de stabilisation générale du lit et de mise en valeur du cours d'eau (voir annexe 5.3).

Elle s'élèvera à 8.168 millions de francs, soit 4% des investissements.

ARTICLE 12: L'ENGAGEMENT DES INDUSTRIELS DU TRAITEMENT DE SURFACE

Les industriels, signataires du contrat de rivière, s'engagent à poursuivre les efforts déjà entrepris de dépollution de leurs ateliers en vue d'atteindre les objectifs fixés par le présent contrat.

ARTICLE 13: L'ENGAGEMENT D'ÉLECTRICITÉ DE FRANCE

Electricité de France s'engage à participer au contrat de rivière Arve dans le cadre des opérations suivantes.

- Au barrage de L'ABBAYE à PASSY

Des essais de relèvement du débit réservé du 1/40° au 1/20° seront réalisés afin d'apprécier l'influence de cette augmentation. Si ce relèvement s'avérait intéressant, EDF serait partenaire dans cette action.

- A la prise d'eau des HOUCHES

La participation d'EDF à l'investissement de la station de relevage du rejet de la station d'épuration de Chamonix-Les Houches est conditionnée par l'examen des études d'avant projet concernant cet équipement et par la garantie de la valeur du débit à relever. La participation concerne uniquement une partie de l'opération d'investissement.

Par les deux opérations mentionnées ci-dessus, la participation d'EDF ne pourra excéder 50% de l'opération totale et le contrat sera étudié en regard du gain objectivement réalisable.

- Au barrage d'ARTHAZ

Si l'intérêt d'une passe à poissons est démontré, EDF participera à sa réalisation en partenariat à hauteur d'un montant ne pouvant excéder 50% de l'opération.

Par ailleurs, EDF pourra participer aux frais de fonctionnement du poste de technicien de rivière à hauteur de 30% pour une durée limitée à 5 ans. EDF demande à définir la mission et les objectifs de cet emploi et souhaite participer à des bilans annuels.

TITRE IV - CONTRÔLE - RÉVISION - RÉSILIATION

ARTICLE 14: SUIVI ET CONTRÔLE

Un comité de rivière a été constitué. Sa composition et ses missions sont définies par arrêté préfectoral (annexe 9).

Le syndicat mixte rapportera chaque année devant le comité de rivière les actions menées dans l'année et proposera les actions pour l'année suivante, en conformité avec le programme général de travaux.

Le bilan annuel et le programme des travaux arrêté pour l'année suivante feront également l'objet d'une concertation annuelle entre le Syndicat mixte et les différents partenaires signataires et seront adressés au Ministère de l'environnement, Direction de l'Eau.

Un cahier des charges sur le suivi du contrat sera défini par le Syndicat mixte et l'ensemble des partenaires signataires et pourra faire l'objet d'une révision annuelle.

ARTICLE 15: MODALITÉS DE RÉVISION

La révision du présent contrat, qui se fera sous forme d'avenant, peut être motivée:

- pour permettre une modification du programme d'actions initialement arrêté;

- pour permettre une modification de la répartition des financements initialement arrêtée.

Le comité de rivière sera appelé à se prononcer sur les modifications tout en veillant à l'équilibre des crédits affectés à chaque objectif.

Faute d'accord entre les parties, le contrat sera résilié suivant les dispositions de l'article 16.

ARTICLE 16: MODALITÉS DE RÉSILIATION

La résiliation du présent contrat peut intervenir faute d'accord entre les parties

Dans ce cas, la demande sera accompagnée d'un exposé des motifs et fera l'objet d'une saisie du Ministère de l'environnement en ce qui concerne l'Etat, et des assemblées délibérantes des autres partenaires.

La décision de résiliation, qui aura forme d'un avenant, précisera le cas échéant, les conditions d'achèvement des opérations ou des tranches d'opérations ayant connu un commencement d'exécution.

PROJET DE CONVENTION

ENTRE LES SOUSSIGNÉS:

Le Syndicat mixte d'aménagement de l'Arve et de ses abords, représenté par son président M. Michel Meylan

D'UNE PART,

ET

le Canton de Genève, représenté par M. Claude Haegi, conseiller d'Etat, chargé du département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales, et M. Philippe Joye, conseiller d'Etat chargé du département des travaux publics et de l'énergie:

D'AUTRE PART

EXPOSENT

Le Contrat Rivière Arve répond à plusieurs souhaits non seulement français, mais également genevois.

La conservation et la revitalisation du cordon naturel bordant les rives de l'Arve s'inscrivent dans la prolongation des mesures mises en place sur le Canton pour affirmer le caractère naturel de ce ruban fluvial formant un tout de l'embouchure à sa source.

Les travaux de génie civil programmés devraient avoir une influence très positive sur la composition des matériaux charriés par le cours d'eau et qui actuellement sont constitués en majorité d'éléments extrêmement fins qui en se sédimentant, colmatent et stérilisent les fonds au détriment d'un développement normal de la faune benthique et piscicole.

Les aménagements prévus pour faciliter la libre circulation du poisson lorsque celle-ci est entravée par des obstacles artificiels devraient, à terme, avec les propres réalisations genevoises sur le parcours du Rhône urbain, permettre de retrouver une situation normale pour les mouvements saisonniers de certaines espèces de poissons, comme la truite, entre le lac et le cours moyen de l'Arve.

L'efficacité plus grande des mesures d'épuration sera bien sûr bénéfique pour la qualité de l'eau, avec les aspects positifs que cela implique notamment pour la réalimentation de la nappe de l'Arve.

Enfin, la création des zones-tampons périodiquement inondables est de nature à réduire l'impact négatif des grandes crues que peut connaître cette rivière torrentielle.

IL A ÉTÉ CONVENU ET ARRÊTÉ CE QUI SUIT:

ARTICLE 1er

Le Canton de Genève s'associe au Contrat de Rivière Arve, opération d'envergure exceptionnelle, en raison de l'intérêt qu'il porte à la sauvegarde de l'environnement et à la coopération transfrontalière indispensables dans le cadre d'une politique globale de l'eau au niveau régional.

ARTICLE 2e PROLONGATION DES AMÉNAGEMENTS EN TERRITOIRE HELVÉTIQUE

Dans le cadre de ce Contrat de Rivière, le Canton de Genève s'engage à poursuivre à ses frais, ses aménagements en bordure d'Arve, en compatibilité avec le programme des travaux engagés par le Comité de Rivière et le Syndicat mixte d'aménagement de l'Arve et de ses abords.

ARTICLE 3e: COOPÉRATION TECHNIQUE

Le Canton de Genève, officiellement représenté au sein du Comité de Rivière, pourra s'impliquer sur tout ou partie d'un programme de son choix en terme d'ingénierie.

Le Syndicat mixte pourra s'appuyer sur les compétences reconnues des organismes ayant un savoir-faire spécifique en matière d'environnement, de cours d'eau et d'écologie.

ARTICLE 4e: FONDS DE CONCOURS

En fonction de ses attentes, le Canton de Genève peut envisager des participations ponctuelles sur des opérations sur le territoire français.

Le choix des opérations et le montant du fonds de concours seraient déterminés annuellement au sein du Comité de Rivière.

ARTICLE 5e: PROGRAMME DE RECHERCHE

Le Syndicat mixte pourra offrir des bourses d'études à des étudiants ayant des thèmes de recherche intéressant les travaux d'aménagement de l'Arve. L'octroi de ces bourses donnera lieu à des Conventions entre l'organisme formateur et le Syndicat mixte.

ARTICLE 6e

Les signataires intègrent dans leur bilan d'actions communes, leurs contributions sur leurs territoires respectifs, de même que les actions menées en commun.

Fait à Bonneville, le

M. Claude HAEGI M. Michel MEYLAN

Conseiller d'Etat Député-maire de Bonneville

Chargé du département de l'intérieur Président du Syndicat mixte

de l'environnement et des affaires régionales d'aménagement de l'Arve et de ses abords

M. .

Conseiller d'Etat

Chargé du département des travaux

publics et de l'énergie

Annexe 5.5

Charte pour l'emploi des frontaliers

Cette charte a été établie dans un souci d'équité, afin de faire cesser toute discrimination sur le marché du travail en Suisse.

I. Statut du frontalier avec permis depuis plus de 5 ans = Statut permis C

Il concéderait aux frontaliers les mêmes droits qu'aux étrangers résidents titulaires d'un permis d'établissement, sauf en ce qui concerne la possibilité de résider dans le canton.

1.a) Emploi:

- durée de validité de permis de travail quelle que soit la date de reprise d'activité en Suisse;

- droit d'obtention d'un permis de travail pour le conjoint et les enfants;

- droit de scolarité dans le canton pour les enfants, et en particulier, le droit à l'apprentissage;

- possibilité d'exercer une profession indépendante et de prendre la gérance d'un commerce.

1.b) Formation:

- en cas de chômage, l'inscription aux services de l'emploi suisses octroyant le droit aux frontaliers de bénéficier des aides aux placements et à la formation;

- possibilité pour les frontaliers au chômage de suivre une formation professionnelle en Suisse tout en étant indemnisés par la France;

- possibilité pour les frontaliers au chômage suivant une formation en France d'effectuer des stages en Suisse.

1.c) Social:

- possibilité de continuer à titre individuel, le paiement des cotisations AVS-AI en cas de cessation d'activité due à la maladie, à l'accident, ou au chômage;

- droit aux rentes extraordinaires AVS-AI et allocations pour impotents;

- allocations familiales genevoises: que soit étendu le droit à tous les frontaliers de bénéficier de l'allocation pour études et apprentissage lorsque ces dernières ont lieu en France;

- possibilité pour tous les frontaliers de continuer leur assurance maladie contractée en Suisse:

- en cas de licenciement;

- en cas de maladie, d'invalidité, et de départ à la retraite.

II. Statut du frontalier avec permis moins de 5 ans = Statut Permis B

- possibilité de travail temporaire dès 2 ans de permis;

- allocations familiales genevoises: que soit étendu le droit à tous les frontaliers de bénéficier de l'allocation pour études et apprentissage lorsque ces dernières ont lieu en France.

Annexe 5.6

RAPPORT DU CRFG SUR LES STRUCTURES DES ORGANISMES TRANSFRONTALIERS

Etude sur les hypothèses d'évolution de la structure

LA MISSION

Depuis quelques mois, des acteurs de la région franco-genevoise, membres ou non du Comité régional franco-genevois, ont exprimé le souhait d'être à la fois mieux informés et mieux associés aux travaux et aux réflexions du CRFG.

Lors de sa réunion du 19 décembre 1994, le Comité plénier du CRFG, au vu de notes de problématiques, a donné mission à son secrétariat général de procéder à l'audition de certaines personnalités et de membres du CRFG et de proposer des hypothèses d'évolution de la structure à soumettre à la Commission mixte consultative.

LE COMITÉ RÉGIONAL FRANCO-GENEVOIS

LA COMMISSION MIXTE CONSULTATIVE

C'est par un échange de lettres diplomatiques en date du 29 janvier 1973 qu'il a été convenu, entre le Conseil fédéral suisse et le Gouvernement de la République française, de constituer une Commission mixte consultative pour les problèmes de voisinage entre la République et canton de Genève et les Départements français de l'Ain et de la Haute-Savoie.

La composition et les attributions de cette Commission mixte consultative ont été précisées dans un échange de lettres diplomatiques en date du 12 juillet 1973.

Le Comité régional

Ce même échange de lettres diplomatiques en date du 12 juillet 1973 a créé par ailleurs un Comité régional qui se voit confier, par la Commission mixte, l'étude de problèmes de sa compétence.

Il peut faire appel à des experts pour des questions techniques particulières.

Il siège aussi souvent que les besoins l'exigent et fait régulièrement rapport de son activité à la Commission mixte.

1. Le Comité plénier

Le CRFG comporte une assemblée plénière, qui constitue le Comité proprement dit.

Il a vu le jour le 25 mars 1974.

La composition de chacune des délégations du Comité plénier est fixée à neuf membres:

a) La délégation française:

- 4 représentants de l'Etat (préfet de région, coprésident du CRFG, préfets de département et consul général de France à Genève);

- 4 représentants des Départements (Ain et Haute-Savoie);

- 1 représentant du groupement des travailleurs frontaliers de l'Ain et de la Haute-Savoie.

b) La délégation genevoise:

. .

- 3 conseillers d'Etat;

- 1 représentant du Département fédéral des Affaires Etrangères;

- 1 représentant de la Ville de Genève;

- 1 représentant des autres communes genevoises;

- 2 fonctionnaires cantonaux.

A ces membres permanents s'ajoutent des experts (une quinzaine actuellement dans chaque délégation).

2. Quatre commissions permanentes

- la Commission «Culture, Education et Sport»;

- la Commission «Population Frontalière et Economie»;

- la Commission «Environnement et Aménagement du Territoire»;

- la Commission «Transports et Sécurité».

La composition des Commissions permanentes est calquée sur celle du Comité: deux délégations de neuf membres chacune, auxquels s'ajoutent des experts convoqués en fonction des sujets traités.

La coprésidence en est confiée:

- côté français, aux autorités responsables du niveau départemental (préfets et présidents des conseils généraux);

- côté genevois, à des conseillers d'Etat.

Faculté est donnée aux Commissions permanentes de créer des groupes de travail ad hoc avec mission de traiter des sujets précis et limités dans le temps.

3. Le Bureau

Au début des années 1990 est apparue la nécessité de mettre en place un dispositif plus souple et plus léger que le Comité plénier pour suivre le fonctionnement et l'organisation des travaux du Comité et des Commissions, dans le souci d'en améliorer l'efficacité sur le plan pratique.

Ceci a conduit à la création d'un Bureau composé des coprésidents du Comité plénier et de chacune des commissions permanentes, ainsi que du consul général de France à Genève.

4. Un secrétariat général

Le secrétariat général du CRFG, Comité plénier et Bureau, est assuré par des collaborateurs directs des coprésidents français et genevois.

Son rôle est essentiellement d'assurer la préparation et l'organisation des réunions de ces instances, leur fonctionnement et le suivi des travaux, ainsi que la liaison permanente entre les coprésidents.

LES ENTRETIENS

Pour la partie française

Pour ce qui est de la partie française, la démarche a amené à rencontrer des représentants:

- de l'Etat,

- de la Région Rhône-Alpes,

- du Département de l'Ain,

- de communes de la zone frontalière,

- du monde économique (travailleurs frontaliers et chambres consulaires).

Les entretiens ont essentiellement consisté à recueillir les avis, commentaires et suggestions sur les points suivants:

1. Les missions du CRFG et son fonctionnement:

- les questions de voisinage (dites de la vie quotidienne),

- la réflexion prospective.

2. La composition du CRFG et les hypothèses d'ouvertures:

- aux collectivités locales

- au monde économique

3. Les suggestions pour mieux informer et mieux associer les membres et les partenaires du CRFG.

Pour la partie genevoise

Du côté suisse, un pré-rapport a été établi et présenté par M. Claude Haegi au Bureau du Comité régional franco-genevois, le 19 décembre 1994.

Ce texte demande dans quelle mesure les structures du CRFG pourraient être revues dans un double but:

1. pour mieux faire participer les Communes aux travaux du CRFG;

2. pour préparer le CRFG à l'application de la Convention de Madrid, au cas où nos Etats signeraient et ratifieraient ce texte, ce qui paraît vraisemblable, dans les 10 ans à venir.

Une consultation des communes genevoises a également été entreprise à ce sujet.

CONCLUSIONS

Le Constat

Des avis entendus et propos recueillis se dégagent, de manière synthétique, des éléments essentiels:

1. La structure, dans son organisation actuelle, fonctionne correctement.

2. Ses travaux, dans l'ensemble, donnent satisfaction aux partenaires.

3. Dans la composition actuelle des différentes instances du CRFG (Comité plénier, Bureau, Commissions):

- la parité entre délégation française et délégation genevoise est difficile à atteindre et n'existe qu'exceptionnellement (faut-il rechercher cette parité ou se montrer pragmatique?);

- la distinction entre «membres», «experts» (genevois), «experts permanents» et «autres experts» (français), telle qu'elle est pratiquée à ce jour devrait être clarifiée.

4. Il n'y a pas, des deux côtés de la frontière, de fortes demandes de modifications de l'organisation actuelle ou de restructuration des instances existantes.

5. La demande, côté français, porte essentiellement sur une ouverture de la structure:

- en premier lieu, une plus large participation des communes et des agglomérations frontalières les plus importantes;

- en second lieu, une association plus systématique de la Région aux différentes instances du CRFG, dans le cadre des compétences qui lui sont dévolues;

les modalités devront en être recherchées avec les élus frontaliers, dont certains émettent quelques craintes (non liées à la personnalité du président actuel du Conseil régional, lui-même élu d'un département frontalier);

- accessoirement, une présence renforcée du secteur économique, qui participe déjà à certaines Commissions au travers des Chambres de commerce et d'industrie et du Groupement des travailleurs frontaliers.

6. Un besoin d'information plus grande et plus fréquente de l'ensemble des partenaires est exprimé, afin qu'ils se sentent plus étroitement associés aux travaux du CRFG.

7. Disposer de la personnalité juridique et d'un budget propre n'apparaît pas comme un besoin réel pour un comité qui n'a aucun pouvoir de décision et dont la vocation n'est pas d'attribuer des subventions mais d'être un catalyseur (animer, coordonner, orienter, faciliter); cela apporterait cependant une souplesse de fonctionnement.

8. Du côté genevois, le Parlement est favorable à une ouverture plus grande du CRFG, et des organismes transfrontaliers en général. Il voudrait aussi qu'une concertation s'amorce entre le Grand Conseil genevois, d'une part, et les Conseils généraux de l'Ain et de la Haute-Savoie, d'autre part.

Les communes genevoises, par le biais de leur président, M. Carlo Lamprecht, demandent que soient répétées les trois séances d'information sur les questions transfrontalières, qui avaient été organisées en 1993, à l'intention des élus communaux.

Les milieux privés consultés voudraient que les colloques du transfrontalier deviennent annuels et traitent de sujets différents: aménagement, transport, culture, économie, etc...

LA DÉMARCHE PROPOSÉE

Ce constat amène à la conclusion évidente qu'il n'est pas nécessaire de créer une nouvelle instance, mais qu'il convient d'exploiter au maximum les potentialités de l'institution existante, en améliorant son fonctionnement.

Il conduit à envisager des hypothèses d'évolution ou d'adaptation du Comité régional franco-genevois dans trois domaines essentiels concernant la composition de ses différentes instances, son fonctionnement et son mode de communication.

Des propositions en ce sens pourraient être prochainement soumises à la Commission mixte consultative mais elles doivent au préalable avoir été étudiées au sein de chacune des délégations française et genevoise, puis adoptées par le Comité lui-même.

Il est donc proposé à la Commission mixte consultative de bien vouloir arrêter une telle démarche et d'en confier la mission au CRFG.

1. Sur la base du travail réalisé par ses deux secrétaires généraux, étudier au sein de chaque délégation les hypothèses d'évolution ou d'adaptation, notamment pour ce qui concerne son ouverture éventuelle à des nouveaux membres.

2. Harmoniser, dans le cadre du Comité régional franco-genevois, les suggestions des deux délégations.

3. Soumettre à la Commission mixte consultative les propositions formulées par le CRFG.

Secrétariat des affaires régionales:

Jean-Louis Delfau Michel Baettig

Lyon, le 24 mars 1995 Genève, le 24 mars 1995

Annexe 5.7

Liste des accords, traités et conventions touchant aux affaires régionales depuis septembre 1992

(Pour les accords avant 1992, voir le rapport du Conseil d'Etat du 15 juillet 1992 / RD 174)

83. Convention relative au prêt réciproque des livres et des compact disques des bibliothèques et médiathèques municipales de Genève et d'Annemasse aux utilisateurs des deux villes

 du 18 octobre 1992

84. Mise en place d'un organe d'information et d'alerte réciproque (liaison par téléphone et par fax) entre le canton de Genève et les départements de la Haute-Savoie et de l'Ain en cas de catastrophe ou d'accident gravedu 1er novembre 1992

85. Constitution de l'Association pour la collaboration entre les cantons de Vaud et de Genève dans le domaine de la santé publique et des hôpitaux universitaires

 du 28 janvier 1993

86. Constitution de l'Association transfrontalière entre la Convention universitaire romande (CUR) et la Convention universitaire Rhône-Alpes (CURA)

 du 24 février 1993

87. Convention entre le service d'inspection et de consultation en matière d'économie laitière du Canton de Vaud et le service d'inspection et de consultation en matière d'économie laitière du Canton de Genève

 du 15 mars 1993

88. Déclaration commune de M. Michel Meylan, président du comité de Rivière Arve, député-maire de Bonneville et vice-président du Conseil général, et de M. Claude Haegi, conseiller d'Etat, chef du département de l'intérieur, de l'agriculture et des affaires régionales, sur le contrat de rivière Arve

 du 13 septembre 1993

89. Convention entre l'Université de Genève et l'Université de Lausanne en vue d'établir une formation commune et des recherches communes dans le domaine de la pharmacie et de promouvoir leurs relations extérieures du 28 septembre 1993

90. Arrangement régional réglant l'application des autorisations réciproques de survol et d'atterrissage concernant le transport d'accidentés et malades par hélicoptère entre la préfecture de l'Ain et la République et canton de Genève

 du 22 octobre 1993

91. Convention entre l'Etat de Genève représenté par le département des travaux publics et le Syndicat intercommunal à vocation unique de l'est gessien (le S.I.V.U.) pour l'élimination des résidus ménagers, agricoles et industriels des communes françaises du Pays de Gex au Centre intégré de traitement des résidus des Cheneviers à Aire-la-Ville, Genèvedu 15 juillet 1993

92. Convention entre les Transports publics genevois (TPG) de l'Etat de Genève et le Syndicat intercommunal à vocation multiple de l'agglomération annemassienne concernant la création de titres communs de transport, l'harmonisation des fréquences de desserte entre les réseaux des TPG et des Transports annemassiens collectifs, et des actions d'information et de promotion des transports publics

 du 14 décembre 1993

93. Convention Genève-Vaud relative à l'exercice de la police de la circulation, ainsi qu'aux interventions des centres d'entretien genevois et vaudois ainsi que des services du feu sur la route nationale N1du 19 janvier 1994

94. Convention de coopération entre la Direction régionale de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Rhône-Alpes et l'Office cantonal de statistiques (l'OCSTAT) de Genèvedu 31 janvier 1994

95. Arrangement régional franco-suisse sur l'information réciproque en cas de catastrophe ou d'accident grave

 du 17 février 1994

96. Accord cadre franco-suisse entre la conférence des présidents d'Université et la conférence des recteurs des universités suisses sur la reconnaissance des diplômes et la validation des acquis

 du 30 avril 1994

97. Convention concernant le raccordement, d'une part des eaux usées du hameau suisse de Veigy sur les installations d'évacuation et de traitement des eaux usées de la commune française de Veigy-Foncenet et, d'autre part, des eaux usées du hameau français de Crevy sur les installations genevoises d'évacuation et de traitement du bassin d'assainissement de la station d'épuration du Nant-d'Aisy conclue entre la République et canton de Genève et le Syndicat à vocation multiple du Bas Chablais

 du 15 juin 1994

98. Convention entre l'Université de Genève et l'Université de Lausanne et le service des hospices cantonaux de l'Etat de Vaud relative à la création d'un Institut universitaire romand d'histoire de la médecine et de la santé du 11 juillet 1994

99. Arrangement régional réglant l'application des autorisations réciproques de survol et d'atterrissage concernant le transport d'accidentés et malades par hélicoptère entre la Préfecture de la Haute-Savoie et la République et canton de Genève

 du 4 octobre 1994

100. Convention entre le Conseil du Léman et l'Université de Genève, concernant la mise en oeuvre du système Infoplanléman

 du 30 novembre 1994

101. Convention entre l'Etat de Genève et le Syndicat intercommunal à vocation unique de l'est gessien pour le traitement des résidus ménagers, agricoles et industriels des communes françaises du Pays de Gex au centre intégré de traitement des résidus des Cheneviers à Aire-la-Villedu 30 novembre 1994

102. Convention à intervenir entre la Ville de Genève et la Ville d'Annemasse et Déclaration d'intention adoptée par les Villes d'Annemasse, de Ferney-Voltaire et de Genève

 du 16 décembre 1994

103. Protocole de coopération entre le Comité régional franco-genevois et le Conseil du Léman

 du 19 décembre 1994

104. Charte de coopération entre la COTRAO et le Conseil du Lémandu 22 décembre 1994

105. Convention entre le Conseil du Léman et l'Union lémanique des Chambres de commerce et l'Association «Léman Action Economique» dans le but d'apporter à l'Association un soutien financier dans son action qui a pour objectif d'initier tous types de partenariats entre les PMU implantées sur la région lémanique

 du 6 février 1995

106. Protocole d'accord d'édition régionale commune entre FR3 et la TSRdu 10 février 1995

107. Arrangement régional franco-suisse sur l'information réciproque et l'intervention coordonnée en cas d'accident d'aéronef survenant sur les territoires des départements de l'Ain, de la Haute-Savoie et du canton de Genève

 du 19 mai 1995

108. Convention concernant le raccordement des eaux usées du syndicat intercommunal à vocation multiple de l'est gessien sur les installations de transports et de traitement des eaux usées du réseau primaire du bassin d'assainissement de la station d'épuration d'Aïre, entre la République et canton de Genève et le syndicat intercommunal à vocation multiple de l'est gessien

 du 8 juin 1995

Débat

M. Max Schneider (Ve). Ce rapport exhaustif, notamment sa première partie, est un résumé d'informations diverses sur les activités d'organismes privés et publics, qui travaillent au niveau régional. En revanche, il ne contient que peu de renseignements sur les actions concrètes de notre gouvernement, en la matière.

A partir de la page 46, on y trouve des informations très intéressantes sur nos relations avec l'Union européenne, notamment sur le projet de collaboration avec nos amis français INTERREG II, projet doté d'un budget de 24 millions, accepté par le Conseil fédéral et entré en vigueur le 1er septembre 1995.

Ce montant nous intéresse directement, puisqu'il servira, dans notre région, à l'aménagement et à l'environnement. Il pourra certainement être débloqué, en partie, pour que nous puissions traiter les problèmes relatifs au Salève.

Un autre passage est consacré à la prise d'eau alimentant la nappe phréatique du Genevois, ce dont nous avons discuté lors de notre dernière séance du Grand Conseil. Des informations scientifiques et techniques du plus haut intérêt traitent du sujet. A mon avis, elles devraient nous permettre de mener une réflexion sur la politique de la consommation d'eau prélevée dans la nappe du Genevois.

Ce rapport a une grande valeur tant pour nous que pour nos amis français. J'espère que nous le renverrons en commission des affaires régionales, comme j'avais proposé de le faire pour la réglementation de la nappe du Genevois. Cette décision permettra de diriger nos travaux, soit pour le pompage de l'eau, soit pour les activités transfrontalières.

Si on a pris le temps d'écrire un rapport de cette qualité, je pense que nous devrions en prendre aussi pour poser des questions au chef du département et au rédacteur dudit rapport.

M. Bernard Lescaze (R). Conformément à la loi, le Conseil d'Etat nous envoie un rapport volumineux de quatre-vingt-seize pages, dont les sujets sont très divers. Comme l'année dernière, je n'en dirai pas plus sur l'hétérogénéité extraordinaire de ce rapport ! Je propose, au nom de mon groupe, d'en prendre simplement acte.

Mais j'aimerais tout de même mettre un ou deux bémols aux grands éloges exprimés par M. Schneider. Je prends seulement trois exemples tirés de ce rapport concernant la politique régionale et européenne.

Le premier exemple se trouve en page 19, avec les modestes phrases consacrées aux grands projets autoroutiers de nos voisins et une demi-phrase consacrée à l'éventualité du raccordement vers Versoix avec la route nationale No 5 qui, elle, est bien réelle et déjà construite. Il y a là véritablement un gouffre entre les projets dont nous parlons et qui ne sont pas encore réalisés et les choses concrètes qui devraient déjà être faites depuis bien longtemps. Lorsqu'on lit dans un quotidien - peut-être était-ce erroné - qu'il semblerait que certains fonctionnaires genevois aient pris connaissance quasiment en même temps que les journalistes de l'existence de la RN 5, il faut croire que seuls certains habitants de la rive droite la connaissent !

Ensuite, en page 34 de ce rapport sur la politique régionale et européenne, nous pouvons admirer le fait que la région s'étende jusqu'à Moscou et jusqu'à New York, puisque deux "chaires Denis de Rougemont" y ont été créées ! Bien entendu, Mesdames et Messieurs les députés, en examinant les choses de plus près, j'ai constaté que ces deux chaires étaient très exactement ce que je pensais, à savoir que nous inviterons à Genève des étudiants russes et américains et que des professeurs genevois iront "se promener" à Moscou et à New York ! (Rires.) Cela ne vous étonnera pas : semble-t-il, l'inverse n'est pas prévu !

Enfin, un peu moins drôle et plus grave : les quelques lignes consacrées à un problème qui a sans doute échappé à beaucoup d'entre nous et que nous constatons en Ville de Genève, je veux parler de cette télévision locale que le rapport appelle encore "Télé-Léman", alors que son véritable nom est maintenant "Léman-Bleu". Et là, certes, une liste des actionnaires est dressée, même si elle n'est pas tout à fait à jour. Mais elle nous permet, malgré tout, de constater que cette télévision locale, probablement utile, est en réalité une télévision d'un groupe privé d'actionnaires, probablement tous liés d'amitié entre eux et que les communes et les collectivités publiques, à l'exception de la Ville de Genève - parce que c'est une bonne vache à lait - sont réduites au strict minimum. Dans un projet aussi important, les communes comme Meyrin, Lancy, Carouge, Vernier, et bien d'autres, n'ont absolument pas été sollicitées, alors que font partie de cette nébuleuse d'actionnaires des journaux, voire un personnage privé derrière lequel se profile - vous n'aurez qu'à lire le rapport - Edipresse, en tout cas pour la moitié de ce personnage !

Je tiens ici à dire que les renseignements sont relativement lacunaires, parce que - c'est bien ce qui m'inquiète - même si ce projet de télévision locale est défendable, j'ai découvert, pas plus tard qu'hier, qu'en réalité, cette société anonyme était une société par actions nominatives liées, c'est-à-dire que le capital de cette société est complètement verrouillé et que des journaux proprement genevois, tels que le «Journal de Genève» par exemple, n'en font pas partie, alors qu'on laisse d'autres médias, moins genevois, s'introduire dans cette télévision locale.

Alors de deux choses l'une : ou le service des affaires régionales a réellement une position genevoise et espère que cette télévision locale sera proprement genevoise, ou il a simplement prêté la main, puisque l'Etat n'est pas actionnaire de "Léman-Bleu", à un groupe qui défend des intérêts mal définis, mais qui s'orientent en tout cas autant du côté de Lausanne que du côté de Genève, ceci pour ne pas en dire plus.

Dans ces conditions, je crois que nous ne pouvons que prendre acte de ce rapport du Conseil d'Etat, mais en ayant quand même quelques hésitations face à la fermeté de la politique régionale qui y est tracée.

M. René Longet (S). Madame la présidente, chers collègues, je remercie M. Lescaze de nous avoir guidés dans le parcours de ce rapport, parce que, effectivement, ce qu'il nous a dit est une excellente démonstration de la manière dont il est conçu et des problèmes qu'il recèle. J'attends toujours ce rapport sur les affaires régionales avec beaucoup d'intérêt, et son contenu, quel qu'il soit, ne doit pas nous laisser indifférents.

Mais quelles remarques peut-on faire sur ce rapport 1995 ? J'en ferai deux. La première est une impression qui se confirme à une analyse plus précise - impression déjà livrée par MM. Lescaze et Schneider - que son approche est avant tout quantitative. Dans ce rapport, on est confronté à une espèce de parcours du combattant à travers des choses importantes et d'autres tout à fait secondaires, voire anecdotiques, dont on vous parle sur le même ton - par exemple, on sait tout sur les douze bourses post-doctorat de la COTRAO, sur le label sportif du Conseil du Léman ou sur le Diamant alpin et puis, en même temps, on vous apprend un certain nombre de choses, parfois même en passant, sur des aspects beaucoup plus fondamentaux d'ordre politique !

C'est un peu un inventaire à la Prévert, et je pense qu'une telle approche ne permet pas à notre parlement de suivre véritablement l'avancée qualitative des choses.

Première observation : pour que ce rapport soit vraiment utile - même si je suis d'accord qu'il y ait un inventaire quasi exhaustif de tout ce qui s'est passé dans la région, quitte à l'étendre au monde - nous devons avoir, après ou avant cela, une approche politique qualitative qui nous permette de mesurer réellement les problèmes. Je ferai tout à l'heure une suggestion à cet égard.

Ma deuxième remarque porte sur l'impression d'un certain affaiblissement des objectifs politiques, qui se dégage à la lecture. Le rapport 1994 était porté par le souffle d'une revendication fondatrice : la démocratie régionale. Le Conseil d'Etat, dans le rapport de 1994, revendiquait quelque chose de fort, en s'appuyant, ce faisant, sur le Grand Conseil, puisque des motions avaient été votées dans ce sens, à savoir un parlement régional et la volonté de rendre les institutions régionales plus efficaces, plus transparentes et plus démocratiques.

Monsieur Haegi, vous pouviez, en formulant cette revendication, vous appuyer sur un certain nombre de demandes qui avaient été exprimées dans ce Grand Conseil et, sur ce point au moins, vous prévaloir d'un accord de l'ensemble des forces politiques genevoises. Nous constatons que, dans ce rapport 1995, cet objectif s'est bien affadi, et nous le regrettons. Si, effectivement, nous proposons le renvoi en commission ce n'est pas pour retracer les faits et gestes du Conseil d'Etat, du Conseil du Léman ou d'autres instances - cela serait une duplication parfaitement inutile et, sur ce plan, le rapport est exhaustif - mais pour mieux définir ce que nous voulons par un tel rapport.

Je vous présente donc la proposition que je vous avais annoncée : nous pensons qu'un rapport de ce type est utile au parlement uniquement s'il est un outil de vérification de l'avancée d'une politique. Ce rapport doit définir dans un premier chapitre les objectifs politiques que se donne le canton de Genève dans la coopération régionale et il doit, ensuite, dans un deuxième chapitre, qualifier, du point de vue du Conseil d'Etat, quelles sont les avancées vers ces objectifs, quelles sont les difficultés et ce qu'il attend de nous. Ce chapitre devrait précéder tout le reste. C'est ce que j'attends du Conseil d'Etat pour que ce rapport devienne un outil d'évaluation, et pas seulement une liste de tout et de rien.

Par ailleurs, nous devons examiner un autre point. En effet, pratiquement tous les six mois nous votons des motions qui vont dans ce sens au Grand Conseil et qui sont toujours adoptées à l'unanimité, mais qui ne donnent rien sur le plan concret. Je constate que la commission des affaires régionales est une commission dynamique qui a envie d'avancer, mais dont le rôle dans la coopération régionale n'est pas du tout clair, puisque cette dernière passe exclusivement par le Conseil d'Etat. La réflexion que nous devons faire en commission, avec vous, Monsieur Haegi, doit porter sur la définition du rôle du Grand Conseil et, spécialement, de sa commission dans la concrétisation des dossiers des affaires régionales. La semaine dernière, nous avons voté unanimement une résolution de la commission sur une politique concertée des déchets.

Les volets de politique publique sont nombreux qui nécessitent le même processus, et je vous propose, Mesdames et Messieurs les députés, de renvoyer ce rapport en commission, non pour le relire avec M. Haegi, ce qui n'aurait aucun sens, mais pour nous mettre d'accord sur la manière dont nous voulons participer à la définition de cette politique et sur la manière dont nous voulons que le Conseil d'Etat présente son rapport.

M. Armand Lombard (L). Le rapport qui nous est soumis par le Conseil d'Etat nous paraît excellent, bien structuré, dynamique et il ouvre des pistes.

Une voix. Evidemment !

M. Armand Lombard. Evidemment, oui, parce que, si vous l'aviez lu l'année passée, vous auriez vu la différence ! Vous ne l'avez donc certainement pas lu, ce qui est une erreur, Madame !

L'exposé de ce rapport est très complet et, comme vient de le dire M. Longet, il comporte des éléments qui n'ont pas tous la même importance. Ce qui me réjouit est le fait que nous avançons dans la réalisation d'une région, non pour le plaisir de "faire la nique" aux anti-Européens, mais pour atteindre un niveau d'ensemble européen opérationnel d'environ 1 million à 1,5 million d'habitants et pour tenter de dépasser les structures cantonales qui correspondent, elles, à des cités de cinquante ou de cent mille habitants, qui ne font plus le poids et ne souffrent plus la comparaison avec les ensembles régionaux européens actuels. Dans ce sens, nous considérons que ce rapport représente une progression intéressante - même si elle n'est pas fulgurante - pour permettre l'amélioration de l'excellence et la diversité, pour retrouver dans cette large palette régionale les différents esprits qui s'y rencontrent, et, sur le plan financier, les organisations.

Pour ma part, il ne faut évidemment pas renvoyer ce rapport en commission. Monsieur Longet, vous l'avez trouvé mou, trop diversifié, trop fourni, ne menant à rien, et vous pensez qu'il faut le traiter en commission. Alors, soyez logique, si vous ne le trouvez pas bien, rejetez-le, mais si vous l'acceptez, acceptez-le tel qu'il est ! Vous ne ferez rien de plus en commission ! Je peux me faire l'interprète de la commission régionale qui n'a pas chômé cette année, qui a constamment travaillé sur ce type de problématique et qui continuera son travail dans ce sens. Il me semble plus sage que ce travail soit effectué sur de nouveaux projets, sur de nouvelles motions, sur de nouvelles idées plutôt que de ressasser un rapport long à lire et déjà bien structuré.

Je propose, par exemple, que la réflexion soit encore poussée en matière de politique de santé, puisque la motion 978 étudiée par la commission régionale demandait une politique concertée de la santé pour la région, qui, à l'évidence, est mentionnée dans le rapport, mais n'est pas traitée en profondeur, comme on aurait pu le souhaiter.

S'agissant des institutions possibles de cette région, je pense que maintenant nous pourrions travailler en commission sur les structures de base évoquées dans le rapport : structures de base au niveau d'institutions du type AGEDRI; structures intermédiaires, proposées à un moment donné par l'Association des communes genevoises, d'élus locaux qui rencontrent les élus de la France voisine et, au niveau de l'exécutif, avec le Conseil du Léman et le Comité régional franco-genevois qui devraient resserrer des liens créant, petit à petit, dans une optique de cinq à huit ans, une véritable structure régionale.

Les zones franches ont été évoquées par certains récemment dans la presse, mais pour d'autres ces zones ne sont pas réactivables. Peut-être y a-t-il là une piste intéressante ? Toutes les raisons existent pour dire que ces zones franches sont mortes, mais de ce concept on pourrait en trouver un nouveau qui soit intéressant.

Enfin, au niveau cantonal, en se tournant vers le canton de Vaud, je pense qu'il serait nécessaire de réfléchir sur un système cantonal de contrôle de ce qui se passe lors d'une fusion ou d'une mise en réseau de deux institutions. Cette couche intermédiaire de nos institutions pourrait être une forme de parlement intercantonal, qui pourrait exercer démocratiquement - comme le dit Mme Calmy-Rey - les contrôles sur les opérations entreprises. Ce sont des sujets de motions possibles qui pourront vous être soumis.

Je vous propose de prendre acte de ce rapport et de remercier le Conseil d'Etat du travail actif qui a été fourni.

M. Max Schneider (Ve). Le fait de renvoyer un rapport en commission ne doit pas être considéré comme une critique envers le Conseil d'Etat, ni sur la politique du gouvernement.

Si nous demandons ce renvoi en commission, c'est par intérêt pour le contenu de ce rapport. Sur certains points, certes, nous pourrions ne pas être d'accord, mais, je le répète, c'est surtout par intérêt que nous souhaitons ce renvoi. La commission des affaires régionales doit être saisie de ce rapport pour effectuer ce travail... (Manifestation.) ...parce que sinon, comme le soulignait un de mes collègues, nous devrons présenter des motions et des résolutions à n'en plus finir !

Il est préférable d'en discuter entre nous, afin de trouver un consensus. Monsieur Lombard, comme vous êtes un homme très dynamique et que vous voulez aller de l'avant dans le domaine régional, je suis certain que vous pouvez promouvoir des actions interpartis. Le chef du département et ses experts pourraient nous appuyer pour effectuer un travail constructif en commission.

Je crains que cette demande de renvoi en commission ne soit interprétée comme une critique de ce rapport. Cela me gêne un peu, mais, si ce renvoi en commission n'était pas accepté, notre groupe n'acceptera pas ce rapport. En effet, certains points nécessitent, de notre point de vue, d'être discutés en commission, ce qui ne peut être fait ici.

M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. Les années se suivent et se ressemblent étrangement !

M. Lombard n'a pas tort lorsqu'il relève que beaucoup de personnes n'ont pas forcément lu ce rapport, ni le précédent, pour établir des points de comparaison. Ils n'ont ainsi pas pu comprendre que ce rapport répondait en grande partie à ce qui avait été demandé par de nombreux députés de ce Grand Conseil. On peut tout imaginer dans la présentation, et je me tiens à votre disposition pour en réaliser une autre si vous le souhaitez. Le but n'était pas d'observer l'unité de la matière, mais de faire une énumération suffisamment complète, capable de donner des renseignements divers sur de multiples sujets. Cela vous permet de poser des questions complémentaires, si vous le souhaitez.

C'est au moins avec humour que M. Lescaze, chaque année, intervient sur ces points. Il le fait en ronchonnant, alors que M. Longet nous fait systématiquement part de la liste de ses regrets et de son grand désir que le parlement soit plus largement associé à la construction de cette région. Il trouve même - ce qui est curieux - que les objectifs politiques sont affaiblis. Il est vrai, Monsieur Longet, que vous comptez parmi ceux qui ont cru que la région était faite par des Genevois - et par des Genevois seulement - et qui ont imaginé un parlement transfrontalier en croyant pouvoir l'imposer aux Français.

Mais vous avez oublié que ces réalisations se font par le dialogue et la concertation et que ce n'est pas en ayant une attitude hautaine depuis Genève, en pensant que les autres vont croire que nous avons la science infuse, que nous allons construire la région ! (Applaudissements.) Pour ce faire il faut respecter l'autre. On ne va évidemment pas progresser si, dans notre parlement, on passe son temps à donner des leçons à ceux qui se trouvent de l'autre côté de la frontière !

La région se construit par une observation attentive de l'autre, et nos institutions genevoises et nos institutions suisses ne sont pas les institutions françaises. Il faudrait posséder une certaine culture de ces dernières pour enfin comprendre ce que nous pouvons faire ou non. Mesdames et Messieurs les députés, je trouve particulièrement déplacé de parler d'affaiblissement, car si vous aviez pris connaissance, notamment, des documents qui ont été élaborés à l'occasion du colloque sur l'aménagement du territoire qui s'est tenu il y a deux ans au CERN, vous auriez constaté l'expression d'une volonté politique exprimée très clairement.

Si vous ne suiviez pas ces affaires en réagissant sans les connaître bien, vous sauriez qu'un autre colloque est organisé au CERN le 8 décembre prochain, ce qui représente un pas considérable en avant et montre la volonté d'avoir un aménagement du territoire qui soit concerté, malgré les différences institutionnelles de nos pays. Alors, je m'inscris en faux par rapport à des déclarations laissant entendre que nos objectifs régionaux se sont affaiblis !

Mais il est vrai, Mesdames et Messieurs les députés, que le fait que nous ne soyons pas membres de l'Union européenne, comme nos voisins, représente un certain nombre d'obstacles dans la vie quotidienne, que nous nous employons à surmonter. Je réaffirme, encore une fois, que ce qui a été entrepris, avec l'appui continuel de ce Grand Conseil, est poursuivi et que nous ne faiblissons pas. Nous trouvons du côté français, du côté du Conseil du Léman, des partenaires suisses, un accueil qui va également dans ce sens, même si, parfois, nos mentalités un peu étriquées ne nous conduisent pas à renoncer à un certain nombre de nos compétences en faveur d'un espace un peu plus grand, sur lequel nous pourrions réaliser des objectifs plus ambitieux.

Je vous l'ai dit - je le répète ce soir - l'espace régional dans lequel je crois, c'est celui du Léman. La région du bassin versant lémanique est de dimension européenne : plus de deux millions d'habitants, un patrimoine naturel exceptionnel, des concentrations scientifiques de qualité, une culture industrielle que nous ne saurions banaliser. Voilà les atouts de la région du Léman ! Alors, ayons un esprit d'ouverture pour construire cette région, ce qui nécessite une démarche constructive consistant à voir le verre à moitié plein et non pas l'inverse, afin que les choses progressent dans la bonne direction ! Merci à ceux qui sont positifs et qui soutiennent le gouvernement dans une tâche qui n'est pas facile tous les jours ! (Manifestation et applaudissements.)

M. René Longet (S). Monsieur Haegi, je ne peux accepter en aucune façon la manière... (Contestation.) ...dont vous prétendez me faire la leçon !

Je ne vous ai pas adressé de critiques sur le fond de ce rapport et, si vous ne supportez pas les remarques que je vous fais, j'en suis désolé ! Il me semble qu'en politique il est tout à fait normal de se parler comme je l'ai fait.

Par contre, on ne peut pas répondre sur le ton que vous avez utilisé, parce que je n'ai jamais prétendu que nous ferions la région tout seuls. J'ai toujours insisté sur le fait qu'il fallait agir en partenariat, ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas avoir de volonté particulière. Nous avons une vision de la région qui est tout à fait compatible avec la vision de n'importe quel pays européen - M. Baettig nous a plus d'une fois dit en commission qu'un pays comme la France pouvait tout à fait souscrire à une vision telle que nous la défendons - et cela ne correspond à aucune volonté d'imposer quoi que ce soit à quiconque, ni à aucune velléité de colonialisme culturel !

Monsieur Haegi, lorsque vous préconisez de respecter la culture des autres, je vous prie tout simplement de commencer par appliquer cette attitude vous-même ! (Applaudissements.)

Mme Gabrielle Maulini-Dreyfus (Ve). Pour ma part j'ai trouvé ce rapport assez instructif. Comme le renvoi de ce rapport en commission va probablement être refusé et que j'ai quelques questions à poser, je vais me permettre de le faire maintenant, en plénière.

S'agissant de l'évolution des chemins de fer régionaux, je me suis réjouie de voir que le département se préoccupait d'élargir la ligne de La Plaine pour rejoindre Bellegarde. Nous avions été, il y a quelques années, les auteurs d'une pétition demandant, au moment de la revitalisation de la ligne de La Plaine, que cette ligne soit poursuivie jusqu'à Bellegarde et, surtout, qu'une halte soit prévue à Pougny pour desservir le fond du canton, problème qui préoccupe assez peu les autorités cantonales étant donné que la population concernée est relativement faible. Nous voudrions savoir si cette perspective de prolongement de cette desserte prévoit une halte à Chancy, c'est-à-dire à la gare de Pougny.

En page 25, à propos de la surcapacité de l'usine des Cheneviers et la décision française d'ouvrir une usine à Bellegarde et de ne pas amener les déchets en Suisse, le département propose, pour accroître la rentabilité de l'usine, d'examiner d'autres demandes - ou alors de les solliciter - en provenance d'autres cantons ou du nord de l'Italie. En tant qu'écologistes, nous nous opposerons évidemment au transport des déchets sur de longues distances. Je voudrais savoir ce que vous comptez faire à ce sujet.

S'agissant d'une de vos annexes, texte issu du groupement des frontaliers de l'Ain et de la Haute-Savoie, je voudrais que vous mettiez en parallèle les revendications concernant les allocations familiales qui sont reproduites dans ce texte, avec le projet que nous sommes en train de réaliser en commission des affaires sociales.

M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. J'aimerais ici rappeler, au moment où Mme Dreyfus pose ces questions complémentaires, que l'an dernier, en commission, nous avons repris le rapport, ce qui nous a occupés pendant un certain nombre de semaines, car nous avons pu poser de multiples questions et développer un certain nombre de points. Nous avons la possibilité de revenir, précisément, sur un certain nombre de points à la commission des affaires régionales et je me tiens à sa disposition ainsi que mes collaborateurs.

Je suggère que nous utilisions ce mode de faire en procédant par thème, puisque cette commission n'a pas un engagement législatif comparable à celui d'autres commissions, dans la mesure où il est rare qu'elle examine des projets de lois. Par contre, on fait circuler l'information, on dialogue, on échange un certain nombre d'idées, et nous pourrions - pas seulement une fois par an - traiter de tous ces problèmes, je le répète, par thème.

En ce qui concerne celui des déchets, j'ai eu l'occasion de m'expliquer devant la commission tant de l'environnement que des affaires régionales à plusieurs reprises. Madame, je vous précise, ce soir, que je regrette ce que j'appelle un certain "tourisme des déchets" en Europe en particulier, mais que cela n'exclut pas que nous puissions dépanner certaines régions qui se trouvent éloignées de Genève.

Le problème soulevé est lié à une demande que nous avions reçue de la Lombardie, il y a un certain nombre de mois. Nous avions d'abord reçu une demande du Tessin, parce que ce dernier se trouvait également confronté à un certain nombre de problèmes de gestion de déchets. Je l'ai dit : il est regrettable de devoir déplacer des déchets en Europe, et je proteste contre ce "tourisme des déchets", mais si nous avons la possibilité de les recevoir et de traiter pour une période limitée lorsqu'une région est momentanément en difficulté, nous ne pouvons pas l'exclure totalement.

Par contre, en étudiant ces problèmes, nous avons toujours indiqué que le transport des déchets ne pouvait se faire que par chemin de fer, à l'exclusion du transport routier. Certains nous avaient demandé d'accepter cette dernière éventualité, mais nous l'avons refusée. Je vous assure, Madame, qu'en tout cas nous ne pratiquons pas une politique de développement du déplacement des déchets et que nous n'incitons pas du tout les pays européens à se décharger de leurs déchets à Genève.

Pour ce qui est du chemin de fer, je vous répondrai plus précisément, lorsque j'aurai réuni un certain nombre de renseignements à propos de la ligne de La Plaine.

Je saisis cette occasion pour signaler que le texte de l'annexe 5.5 "charte pour l'emploi des frontaliers" n'est pas tout à fait clair et qu'il n'engage que le groupement des frontaliers qui l'avait rédigé.

Mise aux voix, la proposition de renvoyer ce rapport à la commission des affaires communales et régionales est rejetée.

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.