République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 16 avril 2015 à 17h
1re législature - 2e année - 4e session - 23e séance
RD 1086
Le président. Je vous informe que nous avons reçu la démission de M. Antoine Droin de son mandat de député. Je prie M. Christian Zaugg de bien vouloir nous lire le courrier 3458.
Le président. Il est pris acte de cette démission. Mme Nicole Valiquer Grecuccio, première vient-ensuite, prêtera serment ce soir à 20h30.
Mesdames et Messieurs les députés, M. Antoine Droin a siégé plus de dix ans au sein de notre Grand Conseil. Elu pour la première fois en 2001 sur la liste du parti socialiste, il a été réélu en 2005, avant de démissionner en 2006 afin de participer à des projets d'aide au développement en Afrique. De retour à Genève, il a été à nouveau élu député en 2009 et a assumé le rôle de membre du Bureau de 2010 à 2012, puis de premier vice-président de 2012 à 2013, année au cours de laquelle il a été une nouvelle fois réélu. Cette année 2013 a été marquée par le début de la nouvelle législature, placée sous sa présidence, dont la durée exceptionnellement longue lui a permis de conduire notamment deux débats budgétaires et deux commémorations de l'Escalade, ce qui sied bien à un descendant de la mère Royaume.
Au cours de son mandat, de nombreuses commissions ont pu bénéficier de ses compétences: l'énergie, les finances, l'environnement, les travaux, les affaires communales et les droits politiques - qu'il a toutes vice-présidées - ainsi que la commission de contrôle de gestion, les transports, la grâce, les pétitions et les Droits de l'Homme, pour lesquelles il a de surcroît assumé la charge de président. Outre son enjouement, son altruisme et sa sensibilité, on retiendra de son mandat la passion et la conviction qui l'ont animé dans chacun de ses combats, en particulier en faveur de la solidarité internationale et de l'aide au développement.
C'est enfin lui qui, suivant la trace des précédents présidents, a déposé le projet de loi visant à rénover la salle du Grand Conseil - vieille de plus de cinquante ans - actuellement à l'étude à la commission des travaux.
Nous formons tous nos voeux pour ses futures activités professionnelles et lui remettons le stylo souvenir. (Vifs applaudissements. L'assemblée se lève. Le président descend de l'estrade, embrasse M. Antoine Droin et lui remet le stylo souvenir.)
Je passe la parole à Mme la députée Lydia Schneider Hausser.
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, une fois président du Grand Conseil, deux fois député, ou plutôt deux périodes en tant que député: premier épisode, comme il a été dit, de 2001 à 2006, et un arrêt pour un départ en terre étrangère, très loin en Afrique. Cependant, nous proposons une deuxième version, peut-être la vraie, d'ailleurs: c'est qu'Antoine est aussi très féministe, et en partant, il a laissé sa place à une femme socialiste de plus au Grand Conseil - je suis bien placée pour le savoir et le dire. (L'oratrice rit.) Seconde période de sa députation: de 2009 à aujourd'hui, et maintenant, sans crier gare, départ vers un travail qui s'annonce dense; et cette fois-ci, ce n'est pas un continent géographique qu'Antoine va rejoindre, c'est le monde des personnes âgées. Quoique... (L'oratrice rit. Rires.)
Antoine ne fait pas les choses à moitié: il a choisi cette fois de s'engager professionnellement à 100%, et peut-être plus, car il va rejoindre, vous le savez, ces travailleurs, ces fonctionnaires qui doivent toujours faire plus avec la même chose, voire moins. Mais là aussi, il y a peut-être une deuxième hypothèse, qu'il n'osera jamais dire ou avouer: après une année de présidence, après cinq ans de Bureau, les bancs de la députation sont vraiment étroits, et peut-être que... Mais dans son parcours parlementaire, Antoine a toujours été un homme sérieux - c'est-à-dire qui aime aussi rire - mais il a porté des rapports qui comptent, notamment financièrement: on peut mentionner 8 millions pour des pavillons provisoires dans des cycles, c'était en 2002, et à l'époque c'était une fortune pour des containers. Mais le summum de ses rapports restera tout de même un rapport d'investissement de quasi 500 millions: oui, le CEVA, Mesdames et Messieurs, c'était lui, en 2002, comme rapporteur de majorité.
Mais Antoine, c'est aussi et surtout un homme de valeurs et de convictions, et c'est pourquoi son palmarès est surtout axé sur des rapports de minorité, sur des dossiers comme les comptes de gestion, l'aide aux pays du Sud et les 0,7% qu'il a toujours défendus, en effet dans des rapports de minorité, l'interdiction de la mendicité, et de manière très claire, un soutien à l'agglomération, à une région dynamique et ouverte. Dans le groupe socialiste, Antoine était notre garde des sceaux: celui qui prône et «applique», bien sûr entre guillemets... (L'oratrice et M. Antoine Droin rient. Rires.) ...le respect des institutions, tout en exposant ses valeurs et ses idées.
Antoine, tu veux nous quitter: en toute amitié, nous te souhaitons le meilleur pour ta nouvelle orientation professionnelle, et surtout, nous te disons, à toi qui es un digne descendant de la mère Royaume, jamais deux sans trois ! (Exclamations.) Donc peut-être un jour, à nouveau député, mais avec une nouvelle salle, cette fois ! (Applaudissements.)
M. Antoine Droin. Merci !
M. Gabriel Barrillier (PLR). Chers collègues, j'ai bien aimé avoir Antoine Droin à côté de moi pendant mon année de présidence. Tu étais premier vice-président. Il y a eu des moments difficiles - mais comme chaque année. J'ai surtout apprécié à mes côtés l'homme pondéré, l'homme modéré, mais pas seulement à mes côtés: tu as, comme politique, et dans ta vie professionnelle, démontré ce caractère du juste milieu; tu es un vrai social-démocrate. Ça veut dire quoi, social ? Tu as une sensibilité sociale, que tu as exprimée dans les pays d'Afrique pour les plus pauvres: l'aide au développement sur le terrain. Et démocrate, qu'est-ce que c'est ? C'est le respect des institutions. Cet aspect de ta personnalité politique, je l'ai apprécié, nous l'avons apprécié. Tu es une force tranquille ! Tes collègues l'ont dit: au sein de ton parti, de ton groupe, tu as joué un rôle stabilisateur, tu as calmé le jeu, et c'est là quelque chose d'irremplaçable.
Antoine, je vais prendre un engagement par-devant tout cet hémicycle: d'ici la fin de la législature, nous allons voter la rénovation de cette salle ! Et je sais que ce n'est pas trop mal parti. J'ai entendu dire qu'à la commission des travaux... Ça, je m'y engage ! Je ne suis pas tout seul - nous ne sommes pas dans une dictature - mais je pense qu'on va y arriver.
Alors, Antoine Droin, bravo, je te souhaite en mon nom personnel, mais aussi au nom de mon groupe, de vraiment te réaliser dans ta nouvelle vie professionnelle. Je te remercie ! (Applaudissements.)
Une voix. Bravo !
Mme Sophie Forster Carbonnier (Ve). Cher Antoine, c'est avec beaucoup d'émotion que le groupe des Verts te voit quitter notre parlement. Tout d'abord, nous étions fort honorés de te compter presque parmi nous dorénavant, puisque redescendu du perchoir, tu étais venu siéger dans ce carré. Plus sérieusement, le groupe des Verts a beaucoup apprécié ta présidence du Grand Conseil et estime que tu as été un très bon président. Tes discours ont démontré le profond respect que tu as des institutions, et sans être moralisateur, tu as oeuvré à ce que la politique retrouve davantage de dignité. Descendant de la mère Royaume, comme plusieurs l'ont mentionné, tu es pourtant un fervent partisan et défenseur d'une Genève ouverte sur le monde; et si ton respect des traditions est patent, il ne rime pas avec le repli sur soi. Au contraire, tu as toujours défendu avec force la Genève humaniste, la Genève humanitaire et la Genève internationale, certes encore vivace, mais de plus en plus menacée. Aujourd'hui, c'est donc avec un profond regret que nous te voyons quitter le Grand Conseil, mais au nom des Verts, nous tenons à te souhaiter plein succès dans tes nouvelles activités. (Applaudissements.)
Mme Béatrice Hirsch (PDC). Monsieur le président, vous ne m'en tiendrez pas rigueur, ce n'est pas à vous mais à votre prédécesseur et néanmoins homonyme que je souhaite m'adresser. Cher Antoine, tu nous quittes avec un pincement au coeur, nous dis-tu; le parti démocrate-chrétien te voit aussi partir avec un pincement au coeur, et moi avec tristesse. Nous nous sommes côtoyés pendant des années - tu étais déjà au parlement quand j'y suis arrivée en 2006 - et pourtant, nous nous sommes vraiment rencontrés et connus pendant ta présidence. Nous ne sommes pas du même bord politique, Antoine, nous n'avons pas les mêmes idées, mais nous partageons les mêmes valeurs. Tu m'as beaucoup appris en politique, et encore plus en présidant cette assemblée de main de maître, alliant rigueur, loyauté, constance, respect et surtout courage. Cette expérience de présidence du parlement te sera fort utile dans ta future vie professionnelle, j'ai déjà eu l'occasion de te dire pourquoi. Une chose est sûre, je te souhaite d'avoir autant de plaisir que moi à t'occuper de nos aînés dans ce dernier bout de chemin de leur vie. Antoine, merci de tout ce que tu as fait pour ce parlement, de tout ce que tu as donné à la politique genevoise. Merci Antoine, nous te regretterons. (Applaudissements.)
M. Eric Leyvraz (UDC). Quand je suis arrivé en politique en 2005, dans ce parlement, bleu total, nous avions une députée UDC qui paniquait à l'idée de devenir présidente de la commission des pétitions, et qui m'a demandé pratiquement à genoux: «Eric, prends ma place, sinon je renonce !» J'ai dit oui. Je ne savais même pas où il fallait s'asseoir, mais je me suis assis, et sur ma gauche, il y avait un député qui a commencé à me regarder d'un drôle d'oeil devant la nullité de ce nouveau président, qui commençait à bougonner, qui a même à un moment demandé une motion d'ordre - je me demandais où il trouvait du désordre, vous voyez un peu où on en était - et je me suis dit que je devais rapidement me mettre au courant; sinon, habitué aux moeurs rupestres de nos vignerons, je pensais qu'il allait me sauter au cou pour m'étrangler. Si j'ai mis rapidement le pied à l'étrier, c'est donc grâce à Antoine: je t'en remercie, Antoine, et il faut dire que par la suite, nos rapports sont devenus fort amicaux et fort sympathiques. Antoine ne m'a donc pas étranglé - les mauvaises langues diront: mauvais choix ! (Rires.) Par la suite, je dois dire que j'ai beaucoup apprécié Antoine, ainsi que tout mon groupe, parce que si c'était un adversaire politique, c'était un adversaire respecté et respectable, qui savait surtout être à l'écoute des autres avant de proposer ses arguments, souvent fort pertinents. C'est avec beaucoup d'émotion et de sincérité que je te le dis, tout notre groupe te voit partir avec un grand regret; ce parlement perd un excellent député, quelqu'un qui a été un excellent président aussi. Je me console en me disant que nous allons nous revoir dans ce groupe, cette société qui est l'une des plus exclusives de la république, celle des anciens présidents du Grand Conseil, où nous aurons tout loisir de cancaner avec délices sur les députées et députés que nous avons connus. Bonne route, Antoine, et à tout bientôt, cher ami. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député.