République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 7 novembre 2013 à 17h
1re législature - 1re année - 1re session - 1re séance -autres séances de la session
Séance extraordinaire
Ouverture de la 1re législature
La séance est ouverte à 17h, sous la présidence de M. Michel Amaudruz, doyen d'âge.
(Les députés et les conseillers d'Etat prennent place dans la salle. Le doyen d'âge, suivi de Mme le sautier, précédés de deux huissiers en manteau rouge et jaune, gants blancs et plaque, pénètrent dans la salle par l'entrée du côté de la Treille. Les députés et le public se lèvent. Le doyen d'âge se place devant le fauteuil présidentiel, debout. Mme le sautier se place à sa droite. Les deux huissiers se placent face à la salle, sur la quatrième marche de l'estrade, l'un à gauche, l'autre à droite.)
Assistent à la séance: Mmes et MM. Charles Beer, président du Conseil d'Etat, David Hiler, Pierre-François Unger, François Longchamp, Isabel Rochat, Michèle Künzler et Pierre Maudet, conseillers d'Etat.
Le président. Je déclare ouverte la première séance de la 1re législature du Grand Conseil.
Exhortation
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, prenons la résolution de remplir consciencieusement notre mandat et de faire servir nos travaux au bien de la patrie qui nous a confié ses destinées.
Je vous remercie de bien vouloir vous asseoir - et je m'assieds aussi !
Je salue, à la tribune du public, la présence de M. Hugues Hiltpold, M. Luc Barthassat et Mme Céline Amaudruz, conseillers nationaux, de M. Michel Jacquet, Mme Anne Mahrer, Mme Christine Sayegh, M. Pierre Losio, M. Pierre Milleret, M. Jean-Claude Cristin, M. René Koechlin, M. Michel Halpérin et Mme Françoise de Tassigny, anciens présidents du Grand Conseil, ainsi que de M. Pierre Marti, Mme Françoise Schenk-Gottret, Mme Danielle Oppliger, M. Albert Rodrik, Mme Laurence Fehlmann Rielle, Mme Jacqueline Roiz, Mme Marianne Blum Brunier, M. Alain Charbonnier, M. Patrick Schmied, M. Christian Brunier et Mme Fabienne Gautier, anciens députés, qui tous nous font l'amitié d'être avec nous. Je salue également le président du conseil municipal de la Ville de Genève, M. Pascal Rubeli. (Applaudissements.)
Le président. Je désigne comme scrutateurs: Mmes et MM. Beatriz de Candolle (PLR), Jean-François Girardet (MCG), Romain de Sainte Marie (S), Norbert Maendly (UDC), Jean-Marc Guinchard (PDC), Lisa Mazzone (Ve) et Jocelyne Haller (EAG).
Le président. Je prie Mme Caroline Marti de bien vouloir fonctionner comme secrétaire en sa qualité de benjamine de l'assemblée. Je l'invite à prendre place au Bureau... (Applaudissements.) ...et me fais une joie de l'avoir à mes côtés !
(La susnommée prend place à la gauche du doyen d'âge et demeure au Bureau jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par le membre du Bureau élu.)
Le président. On vient de me dire à l'instant que je devais encore saluer M. Claude Blanc, ancien président du Grand Conseil. (Exclamations. Applaudissements.)
Le président. Je prie Mme la secrétaire de donner lecture de la lettre de la chancelière d'Etat du 22 octobre 2013 concernant l'élection du Grand Conseil.
(Mme la secrétaire lit la lettre de la chancelière d'Etat.)
Le président. Je remercie Mme la benjamine du Grand Conseil et la prie maintenant de bien vouloir donner lecture du rapport du Bureau provisoire sur la validation de l'élection du Grand Conseil du 6 octobre 2013. Ce rapport a été déposé sur vos places et figurera au Mémorial.
Le président. Une observation est-elle faite au sujet de ce rapport ? Si tel n'est pas le cas - je vous en remercie - il en est pris acte. En conséquence, l'élection du Grand Conseil du 6 octobre 2013 est validée.
Le Grand Conseil prend acte du rapport divers 1012.
Appel nominal
Le président. Je prie la secrétaire de bien vouloir procéder à l'appel nominal.
Mmes et MM. Cyril Aellen (PLR), Murat Julian Alder (PLR), Michel Amaudruz (UDC), Anne Marie von Arx-Vernon (PDC), François Baertschi (MCG), Antoine Barde (PLR), Gabriel Barrillier (PLR), Michel Baud (UDC), Olivier Baud (EAG), Jacques Béné (PLR), Thomas Bläsi (UDC), Isabelle Brunier (S), Irène Buche (S), Bertrand Buchs (PDC), Jean-Michel Bugnion (Ve), Mathias Buschbeck (Ve), Boris Calame (Ve), Beatriz de Candolle (PLR), Olivier Cerutti (PDC), Thierry Cerutti (MCG), Pierre Conne (PLR), Edouard Cuendet (PLR), Christian Dandrès (S), Roger Deneys (S), Antoine Droin (S), Michel Ducommun (EAG), Michel Ducret (PLR), Anne Emery-Torracinta (S), Marie-Thérèse Engelberts (MCG), Marc Falquet (UDC), Jean-Louis Fazio (S), Emilie Flamand-Lew (Ve), Stéphane Florey (UDC), Christian Flury (MCG), Nathalie Fontanet (PLR), Jean-Luc Forni (PDC), Sophie Forster Carbonnier (Ve), Renaud Gautier (PLR), Benoît Genecand (PLR), Jean-François Girardet (MCG), Roger Golay (MCG), Sandra Golay (MCG), Christian Grobet (EAG), Jean-Marc Guinchard (PDC), Jocelyne Haller (EAG), Lionel Halpérin (PLR), Serge Hiltpold (PLR), Béatrice Hirsch (PDC), Frédéric Hohl (PLR), Christo Ivanov (UDC), Claude Jeanneret (MCG), Philippe Joye (MCG), Sarah Klopmann (Ve), François Lance (PDC), François Lefort (Ve), Eric Leyvraz (UDC), Patrick Lussi (UDC), Norbert Maendly (UDC), Danièle Magnin (MCG), Caroline Marti (S), Yves de Matteis (Ve), Lisa Mazzone (Ve), Carlos Medeiros (MCG), Christina Meissner (UDC), Guy Mettan (PDC), Cyril Mizrahi (S), Bénédicte Montant (PLR), Simone de Montmollin (PLR), Salima Moyard (S), Magali Orsini (EAG), Rémy Pagani (EAG), Frédérique Perler (Ve), Sandro Pistis (MCG), André Python (MCG), Henry Rappaz (MCG), Bernhard Riedweg (UDC), Jean-Charles Rielle (S), Jean Romain (PLR), Pierre Ronget (PLR), Martine Roset (PDC), Romain de Sainte Marie (S), Jean Sanchez (MCG), Lydia Schneider Hausser (S), Ivan Slatkine (PLR), Daniel Sormanni (MCG), Pascal Spuhler (MCG), Eric Stauffer (MCG), Pierre Vanek (EAG), Alberto Velasco (S), Jean-Marie Voumard (MCG), Pierre Weiss (PLR), Salika Wenger (EAG), Thomas Wenger (S), Raymond Wicky (PLR), Ronald Zacharias (MCG), Christian Zaugg (EAG) et Daniel Zaugg (PLR).
Personnes excusées: MM. Vincent Maitre (PDC), Philippe Morel (PDC) et Patrick Saudan (PLR).
Le président. Je prie Mme la secrétaire de donner lecture de ce rapport, qui a également été déposé sur vos places et qui figurera au Mémorial.
Le président. Une observation est-elle à faire au sujet de ce rapport ? Si tel n'est pas le cas, il en est pris acte.
Le Grand Conseil prend acte du rapport divers 1013.
Le président. Tous les députés ont été élus en conformité des dispositions légales et doivent, comme tels, être assermentés. Je prie Mesdames et Messieurs les députés de bien vouloir se lever, de même que les personnes qui se trouvent à la galerie.
Je vais vous donner lecture de la formule du serment. Pendant cette lecture, vous tiendrez la main droite levée et, lorsque cette lecture sera terminée, vous baisserez la main. Veuillez lever la main droite.
«Je jure ou je promets solennellement de prendre pour seuls guides dans l'exercice de mes fonctions les intérêts de la république selon les lumières de ma conscience, de rester strictement attaché aux prescriptions de la constitution et de ne jamais perdre de vue que mes attributions ne sont qu'une délégation de la suprême autorité du peuple;
d'observer tous les devoirs qu'impose notre union à la Confédération suisse et de maintenir l'honneur, l'indépendance et la prospérité de la patrie;
de garder le secret sur toutes les informations que la loi ne me permet pas de divulguer.»
Veuillez baisser la main et rester debout.
Maintenant, à l'appel de son nom, chaque député lèvera à nouveau la main droite et prononcera les mots, soit: «Je le jure», soit: «Je le promets».
Je vais donc procéder à l'appel individuel de toutes les députées et de tous les députés, sauf les absents.
(Chaque député, debout, à l'appel de son nom, prête serment en répondant «Je le jure» ou «Je le promets».)
Ont prêté serment:
Mmes et MM. Cyril Aellen (PLR), Murat Julian Alder (PLR), Anne Marie von Arx-Vernon (PDC), François Baertschi (MCG), Antoine Barde (PLR), Gabriel Barrillier (PLR), Michel Baud (UDC), Olivier Baud (EAG), Jacques Béné (PLR), Thomas Bläsi (UDC), Isabelle Brunier (S), Irène Buche (S), Bertrand Buchs (PDC), Jean-Michel Bugnion (Ve), Mathias Buschbeck (Ve), Boris Calame (Ve), Beatriz de Candolle (PLR), Olivier Cerutti (PDC), Thierry Cerutti (MCG), Pierre Conne (PLR), Edouard Cuendet (PLR), Christian Dandrès (S), Roger Deneys (S), Antoine Droin (S), Michel Ducommun (EAG), Michel Ducret (PLR), Anne Emery-Torracinta (S), Marie-Thérèse Engelberts (MCG), Marc Falquet (UDC), Jean-Louis Fazio (S), Emilie Flamand-Lew (Ve), Stéphane Florey (UDC), Christian Flury (MCG), Nathalie Fontanet (PLR), Jean-Luc Forni (PDC), Sophie Forster Carbonnier (Ve), Renaud Gautier (PLR), Benoît Genecand (PLR), Jean-François Girardet (MCG), Roger Golay (MCG), Sandra Golay (MCG), Christian Grobet (EAG), Jean-Marc Guinchard (PDC), Jocelyne Haller (EAG), Lionel Halpérin (PLR), Serge Hiltpold (PLR), Béatrice Hirsch (PDC), Frédéric Hohl (PLR), Christo Ivanov (UDC), Claude Jeanneret (MCG), Philippe Joye (MCG), Sarah Klopmann (Ve), François Lance (PDC), François Lefort (Ve), Eric Leyvraz (UDC), Patrick Lussi (UDC), Norbert Maendly (UDC), Danièle Magnin (MCG), Caroline Marti (S), Yves de Matteis (Ve), Lisa Mazzone (Ve), Carlos Medeiros (MCG), Christina Meissner (UDC), Guy Mettan (PDC), Cyril Mizrahi (S), Bénédicte Montant (PLR), Simone de Montmollin (PLR), Salima Moyard (S), Magali Orsini (EAG), Rémy Pagani (EAG), Frédérique Perler (Ve), Sandro Pistis (MCG), André Python (MCG), Henry Rappaz (MCG), Bernhard Riedweg (UDC), Jean-Charles Rielle (S), Jean Romain (PLR), Pierre Ronget (PLR), Martine Roset (PDC), Romain de Sainte Marie (S), Jean Sanchez (MCG), Lydia Schneider Hausser (S), Ivan Slatkine (PLR), Daniel Sormanni (MCG), Pascal Spuhler (MCG), Eric Stauffer (MCG), Pierre Vanek (EAG), Alberto Velasco (S), Jean-Marie Voumard (MCG), Pierre Weiss (PLR), Salika Wenger (EAG), Thomas Wenger (S), Raymond Wicky (PLR), Ronald Zacharias (MCG), Christian Zaugg (EAG) et Daniel Zaugg (PLR).
Le président. Tous les députés ont-ils été appelés? Tel est le cas. Je prends acte de votre serment: vous pouvez vous asseoir.
Conformément à l'article 29A de la loi portant règlement du Grand Conseil, les indications contenues dans le registre des liens d'intérêts figureront au Mémorial.
Allocution du doyen d'âge, M. Michel Amaudruz
Le président. Monsieur le président du Conseil d'Etat,
Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat,
A vous toutes et tous, heureux députés,
il m'échoit de présider cette séance inaugurale de notre législature qui comptera cinq années. Un honneur dont on dit, selon une formule consacrée, qu'on ne le doit qu'à son âge, ce qui est un peu frustrant. Il serait plus juste de parler d'un privilège éphémère que l'on réserve à «Monsieur le doyen» pour le récompenser de son obstination. Remarquez qu'en l'occurrence on ne saurait me reprocher de vouloir m'incruster au Grand Conseil: j'y fais en effet ma première apparition. Je suis un «bleu», et pour un instant votre «doyen bleu».
Fort de cette réflexion, je me suis d'ailleurs posé la question de savoir si cette marque de prestige ne devrait pas être réservée - comme c'est le cas par exemple dans le canton de Vaud ou au Conseil national - au plus jeune d'entre nous, car cet élu a devant lui tout un avenir politique. J'en profite, d'ailleurs, pour saluer une fois encore notre benjamine qui est à mes côtés, Mme Caroline Marti. Madame, élégance oblige, je tairai votre âge ! (Rires.) Sauf à mentionner, sans avoir à en rougir, que je pourrais être votre grand-père ! (Rires.) Je me réjouis de l'intérêt que vous portez à la chose politique et au débat démocratique; levez-vous, nous allons vous applaudir ! (Applaudissements.)
Autre privilège: nous sommes entourés, ce soir, de tous les membres de notre gouvernement. Quatre d'entre eux ont choisi de ne pas solliciter du souverain le renouvellement de leur mandat. Je voudrais que nous leur témoignions notre gratitude pour la tâche souvent difficile et ingrate à laquelle ils se sont dévoués. A chacun, je souhaite de suivre avec bonheur et succès le nouveau chemin qu'ils se sont tracé. Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie de bien vouloir vous lever et les applaudir ! (Applaudissements.)
Remarquez que trois de nos gouvernants restent en lice, il ne faudrait pas les oublier. Je ne sais pas s'ils sont aussi stressés que moi en ce moment, mais je les sens dans les starting-blocks. Ils ont choisi les couloirs trois, quatre et cinq - qui ne correspondent pas à l'ordre d'arrivée ! Ce sont les meilleurs couloirs, ainsi que l'affirme Bolt. Seulement, je leur indique juste de faire attention, car il arrive parfois, même à Bolt, de faire un faux départ, ce que je ne souhaite à personne. A ces trois persévérants, je leur dis bonne chance !
Je dois à la vérité que je me sens bien dans ce fauteuil présidentiel que je ne m'approprie que pour un court instant. Vous savez, cette vision dominante de l'hémicycle est galvanisante. De plus, elle me donne, pour une fois, la chance d'être à la même hauteur que la presse, qui nous honore de sa présence. Il est vrai que lorsque je vous parle d'hémicycle, c'est une vue de l'esprit: géométriquement, nous sommes placardés dans un rectangle, qui serait inapproprié au bon accomplissement de nos devoirs. Patience, nous y resterons, vraisemblablement, ces cinq prochaines années. Que voulez-vous, notre république est fauchée et elle a d'autres chats à fouetter ! (Rires.)
Nous avons la chance - ou le mérite - d'être les cent élus qui, en concours avec le Conseil d'Etat, vont oeuvrer pour le bien de notre république, avec le privilège d'être les premiers régis par une nouvelle constitution venue se substituer à celle trop ancienne - sans être pour autant obsolète - de James Fazy. Une nouvelle constitution qui restructure, rafraichit apporte des améliorations, même si elle n'est pas épargnée par certaines critiques. Cela étant, nous avons la chance d'avoir parmi nous plusieurs distingués constituants qui, au cours de cette législature, nous feront bénéficier de leur expertise. Aussi, je me bornerai à ne relever que quelques points forts de cette nouvelle constitution:
- le mode de l'élection au Conseil d'Etat: vous êtes tous au courant, il n'y a pas besoin de rallonger, sauf pour dire que nous aurons un président pour cinq ans et que nous sommes tous certains qu'il sera le meilleur d'entre eux !
- les incompatibilités: pour certains, la nouvelle constitution n'a pas été suffisamment rigoureuse au sujet des incompatibilités, mais enfin, il en est ainsi. Notons cependant - et c'est très bien - que les membres du Conseil d'Etat ne pourront plus siéger ni au Conseil national ni au Conseil des Etats. C'est une très bonne chose.
- le référendum et l'initiative: ce sont des droits politiques fondamentaux qui incarnent le fondement même de la démocratie. Sous l'ancienne loi, le référendum nécessitait 7000 voix et l'initiative 10 000; cela a été changé, on a établi un système où le nombre de voix nécessaire tant pour le référendum que pour l'initiative est déterminé en fonction de la population existante, ce qui veut dire que cela restreint - je le regrette un peu - ce droit fondamental. Mais, avec autant de valeur, on pourrait m'objecter que trop de démocratie tue la démocratie... (Commentaires.) Bah, qu'est-ce que vous voulez... (Commentaires.)
- les suppléants: c'est une innovation dans notre canton, et je crois que c'est une bonne chose, car il est important, notamment en commission mais aussi en plénière, que le plus grand nombre possible de députés soient représentés.
- la Cour constitutionnelle: personnellement j'étais contre, car j'ai un peu le sentiment que c'est rajouter une tranche sur un millefeuille. Bien fasse à cette Cour constitutionnelle, qui me réjouit quand même parce qu'elle ne prévoit pas de limite d'âge; en tant que doyen, je me dis que je pourrai toujours postuler au sein de cette vénérable institution.
- la laïcité: je fis partie de la commission chargée de traiter des droits fondamentaux, et les discussions furent souvent âpres et ardues sur cette question de la laïcité. Pour exemple, la devise «post tenebras lux» ne devait-elle pas être bannie en raison de son caractère religieux ? Candide, j'en demeurai pantois. La laïcité ne serait-elle pas devenue une nouvelle religion, encore plus sectaire ou intransigeante que les autres ? C'est ainsi que j'en suis venu à penser que, peut-être, il serait sage de siéger la face voilée, pour s'épargner le reproche d'avoir eu un regard qui aurait pu être ressenti comme faisant appel à Dieu.
Avant même que les résultats définitifs de l'élection qui nous porte aujourd'hui au Grand Conseil fussent tombés, les ondes, la télévision, les blogs se firent l'écho d'un véritable tsunami politique: un tel clama qu'il serait le guerrier montant au front pour combattre ceux dont la présence gonflante mettrait en péril l'avenir de notre république, un autre dénonça le chaos qui nous menacerait. Perplexe, aurais-je dû déduire de ces commentaires que nous allions poursuivre dans la même voie ? Non. Peut-être avec une certaine candeur, j'en ai retenu que ce n'était là qu'une réaction épidermique due à la surprise d'un instant et que, nonobstant d'inévitables tiraillements, voire des engueulades, toutes et tous nous saurions nous montrer dignes de la confiance que le souverain nous a témoignée, guidés par la sérénité à tout moment. Je suis certain que nous n'offrirons jamais le triste exemple des parlementaires italiens, qui s'échangeaient des coups n'ayant rien à envier à la boxe thaï !
D'autant que la tâche qui nous attend au cours de cette prochaine législature sera lourde et mettra à l'épreuve notre responsabilité.
L'endettement de notre canton, la sécurité, l'immigration, la mobilité, les logements sociaux, la fiscalité... Autant de sujets qui furent le fer de lance de tous les partis, toutes tendances confondues, lors de cette dernière campagne.
En tant que doyen, c'est pourtant aux aînés que va ma première pensée. Certes l'Etat fait beaucoup pour eux, mais dans les limites de ses moyens, qui se réduisent d'ailleurs comme peau de chagrin. Malheureusement, nous vivons dans une société qui tend à devenir de plus en plus égoïste. Ne l'oublions pas, et gardons à l'esprit cette préoccupation. Ce qui vaut pour les aînés vaut pour les jeunes; il nous compète de tout mettre en oeuvre pour assurer leur avenir et, soit dit en passant, leur ouvrir les portes de la chose publique et du débat démocratique.
A propos de l'insécurité: c'est l'un des sujets qui touche. C'est l'un des sujets qui fâche. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, car d'autres, quelle que soit leur tendance politique, en ont débattu mieux que je ne saurais le faire. Permettez-moi simplement cette brève remarque: pas plus que je ne crois qu'il soit possible de préserver l'indépendance du pays avec une armée de 20 000 hommes - on pourrait aussi faire appel à l'armée du salut - pas plus je ne crois qu'il soit possible de combattre ce fléau avec nos effectifs actuels. Six cents policiers de plus, mille, oui ! Mais cela coûte. Où trouver les deniers ? Il faudra faire des coupes ailleurs, ce qui ne manquera pas de générer des querelles. A nous de discerner quelles seront les priorités.
Un autre sujet très sensible est celui de l'immigration, qui, certes, relève surtout de la compétence fédérale, mais concerne aussi notre canton avec ses 110 kilomètres de frontières. Lorsque l'on aborde cette question, nous nous devons de ne pas oublier qu'au XIXe siècle la Suisse était un pays pauvre, et que beaucoup de nos ancêtres trouvèrent refuge ailleurs, dans des contrées souvent lointaines. Genève, Lausanne, Fribourg, ce sont des noms de villes, bourgades, lieux-dits, que l'on retrouve aujourd'hui au Canada, aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil, etc. C'est la trace tangible que nos aïeux laissèrent dans ces pays qui surent les accueillir.
Inversement et simultanément, d'autres trouvèrent refuge chez nous. Parmi eux, je pense au peintre Gustave Courbet. A l'occasion de l'inauguration de son buste «La Liberté», dénommé ultérieurement «Helvetia», il communiqua, en 1876, le message suivant: «le soussigné - Courbet - a offert ce buste à la commune de la Tour-de-Peilz dans laquelle il habite comme hommage de reconnaissance à l'hospitalité suisse». Bon, il est vrai que Vladimir Ilitch n'a peut-être pas ressenti la même gratitude !
Ce sens profond de l'hospitalité doit perdurer, en Suisse comme à Genève. Néanmoins, dans le même temps, nous avons le devoir sinon l'obligation de préserver notre identité, parfois mise à mal par une évolution conjoncturelle de laquelle nous devons nous prémunir.
Une préoccupation dont ni Genève ni la Suisse n'ont l'exclusivité ! Eric Zemmour, dans son livre «Le bûcher des vaniteux», a fait une allusion à ce grave problème en faisant référence au «Camp des Saints» de Jean Raspail. Un livre qui fit scandale lors de sa parution en 1978 mais qui, aujourd'hui, se révèle avoir été prémonitoire: le récent drame de Lampedusa, il l'avait déjà raconté en 1978 - même si l'évocation par Zemmour des propos de cet auteur allait au-delà.
Ces quelques mots pour que l'on se rappelle que l'immigration doit être comprise dans le respect de l'humanisme et dans celui de notre identité. Deux valeurs qui ne s'annihilent pas, mais se conjuguent.
Un autre sujet qui défraye la chronique et agite les esprits, c'est la mobilité. Je dois à la vérité qu'étant d'un naturel un peu superstitieux, il ne me serait jamais venu à l'idée de m'attaquer à la ligne numéro 13. S'il fallait en supprimer une, n'importe laquelle mais pas celle-là ! De Jules César à François Mitterrand, en passant par Henri III, les Tudor, les Romanov, ils ont tous eu leur astrologue ! Pourquoi ne fait-on pas parfois appel, au Conseil d'Etat, à Madame Soleil ?
La voie verte, elle, avance, mais pas suffisamment vite selon certains. D'autres râlent parce que la voie bleue - que dis-je, la vague bleue ! - celle qui devrait traverser la rade, est sur la liste des abonnés absents. Ces râleurs, ils ne suivent pas l'actualité. Bientôt, une passerelle reliera le jardin anglais au quai du Mont-Blanc. L'engorgement du trafic sera résolu. Bien sûr, cette passerelle ne sera réservée qu'aux piétons, et pour cause: ils ne gêneront plus les cyclistes !
A propos du chômage: sans être dopés, nous sommes porteurs du maillot jaune. Nous avons le taux le plus élevé de Suisse, et paradoxalement, Genève est le canton qui fait le plus appel à la main d'oeuvre étrangère. Là, il y a une équation que nous aurons de la peine à résoudre.
Concernant les logements sociaux: tous partis confondus, on n'a que ce mot à la bouche. C'est la priorité des priorités. Mais est-ce à dire que l'on doit tout sacrifier au profit du logement social ? Prenons par exemple le site des Vernets, pour la valorisation duquel une initiative privée proposait un projet polyvalent, incluant une extension de la faculté des sciences. Genève ne tirerait-elle pas profit d'un élargissement de son rayonnement universitaire ? C'est d'ailleurs le fer de lance de Chevènement, qui assène dans son essai «La France est-elle finie ?» que la formation d'une intelligentsia élitaire serait le seul remède permettant à la France de ne pas partir en vrille. Dans «Voulez-vous vraiment sortir de la crise», Valérie Pécresse va dans le même sens, même plus loin. Pour elle, ne pas faire de l'enseignement et du lustre universitaire une priorité serait une grande faute. S'agissant du projet des Vernets, nos autorités n'ont pas dû être de cet avis: de façon péremptoire, il a été décidé que sur le site des Vernets il n'y aurait que des logements, point barre ! Est-ce un juste équilibre ? Cette question est réservée.
S'agissant de l'endettement, il faut relever que nous sommes le canton le plus obéré du pays. Nous vivons à crédit alors que notre croissance reste passive. Réduire notre endettement est une évidence, mais le chemin pour y parvenir est jonché de ronces. Les ressources de l'Etat, dans la conjoncture actuelle, sont exposées au risque, sinon à la certitude, d'une courbe décroissante. Dans le même temps, ceux qui, à Genève, paient des impôts, sont soumis à l'une des plus lourdes taxations de Suisse, une overdose fiscale qui incite les gros contribuables à se jeter dans les bras de M. Pascal Broulis, qui accueille chaleureusement ceux qui étouffent au bout du lac. L'une des conséquences alarmantes de cette situation est l'évaporation de la classe moyenne, poumon de nos recettes. A charge pour nous de tout mettre en oeuvre pour que Genève redevienne un canton attractif, un canton sexy ! (Commentaires.) Oui, sexy ! (Rires.) Nous retrouverons une clientèle fiscale qui permettra de grossir nos recettes et, ainsi, de réduire notre endettement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est en diminuant les impôts que l'on fera croître les recettes de l'Etat. L'exemple de la France, repris à contrario, devrait nous en convaincre. Pour gagner, il faut savoir être compétitif et générer un regain de confiance. Dans le prolongement de cette profession de foi, il faut rembourser pour retrouver notre indépendance vis-à-vis de la situation conjoncturelle. Des pistes ? Commençons par réduire nos dépenses courantes et notre millefeuille administratif.
Au travers de ces quelques réflexions, je me suis efforcé de souligner que, au cours de ces cinq prochaines années, nous aurons, révérence parler, «du pain sur la planche». Il nous appartiendra d'être rigoureux, déterminés, audacieux, de savoir oser. Certes Genève n'est pas la seule à ressentir les effets pervers d'une conjoncture difficile. La politique de notre gouvernement fédéral agite de nombreux esprits dont certains redoutent que cette politique, vu un manque patent de fermeté, ne nous conduise sur le chemin d'un suicide collectif.
Mais n'allons pas aussi loin; restons à Genève et dans le contexte dans lequel nous aurons à accomplir notre tâche. D'un côté, un groupe qui a le mérite d'être quasiment solidaire, mais qui privilégie peut-être par trop l'idéologie de la primauté sociale au réalisme des contraintes budgétaires et se love dans une dialectique visant à donner parfois des leçons de morale. D'où une certaine valse à deux temps. En contrepoids, un autre groupe qui nous entraîne - si vous me permettez cette image - dans une zumba: un petit pas à droite, un petit pas à gauche, un petit pas en avant, un petit pas en arrière avant de virevolter, mais sans être capable de tracer une ligne de conduite bien droite et rectiligne.
Que retenir de cette valse à deux temps, de cette zumba ? Je vous livre ma conviction: que l'on soit de gauche, du centre ou de droite, nous devons garder à l'esprit que les grandes réformes en matière sociale, comme la volonté d'entreprendre, ne viendront pas des autorités politiques omniscientes et omnipotentes, mais d'initiatives innovantes provenant de la société civile, qui reste le détonateur de toute action ! C'est peut-être ce manque de rigueur de part et d'autre qui pourrait expliquer l'apparition d'une troisième force au soir du 6 octobre. Troisième force dont l'élégance voudrait qu'elle soit bien accueillie.
Ainsi, lançons-nous avec harmonie dans ce qui pourrait être, cette fois, une valse à trois temps !
Quoi qu'il en soit, dans le respect des convictions de chacun, il nous appartient de réagir, d'innover, d'oser, pour se mettre à l'abri d'une crise qui menace.
Vivons Genève, croyons en Genève, battons-nous pour Genève, et vive notre république ! (Applaudissements.) (Les deux huissiers quittent la salle.)
Formation du Bureau
Le président. Je passe la parole à M. Roger Deneys.
M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président et doyen. Mesdames et Messieurs les députés, Mesdames et Messieurs, j'ai l'honneur et le plaisir de présenter à la présidence de notre Grand Conseil M. Antoine Droin, député depuis 2001, vice-président de la dernière législature et qui, aujourd'hui, souhaite accéder à la présidence de ce Grand Conseil, dans la tradition de tournus des partis que nous entendons respecter.
Antoine Droin a siégé dans de nombreuses commissions: commission des finances, commission de contrôle de gestion, de l'environnement, des travaux, des Droits de l'Homme, des pétitions et des transports. Il a aussi interrompu son mandat de député pendant trois ans pour travailler en Afrique, et revenir siéger parmi nous après 2009. Il a présidé la commission de contrôle de gestion, celle des pétitions, des transports et des Droits de l'Homme. Il a été rapporteur de nombreux objets dans le domaine de la mobilité, du CEVA, des subventionnements aux associations, de la LIAF en particulier, des pétitions, etc. Il est l'auteur de nombreux textes parlementaires, et depuis 2010 est membre du Bureau, où il fait valoir ses qualités de paix et de discussions, qui sont certainement nécessaires pour la suite de nos travaux qui s'annonce, ma foi - on le verra - peut-être assez compliquée, en tout cas dans un premier temps.
Antoine Droin a aussi siégé au conseil municipal de Veyrier, une commune célèbre pour les huis clos de son conseil municipal - mais il l'a présidé, je pense, avant cet épisode - et il est actif dans plusieurs associations, ainsi que commerçant dans une fondation qui s'appelle le Balafon et qui promeut le commerce équitable.
Ebeniste de formation, il a ensuite fait un diplôme universitaire, et ses nombreuses qualités font de lui l'homme idéal, l'homme parfait pour la première présidence de cette nouvelle législature sous la nouvelle constitution ! (Applaudissements.)
Le président. Il est pris acte de la candidature de M. Antoine Droin. Je prie les photographes de bien vouloir quitter la salle et les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins de vote. (Les députés remplissent leur bulletin de vote. Brouhaha durant la procédure de vote.)
Chacun ayant voté, je prie les huissiers de récolter les bulletins. Il faut que les députés restent à leur place. (Quelques instants s'écoulent.) Je déclare le scrutin clos et prie les scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour procéder au dépouillement, accompagnés de la benjamine, Mme Caroline Marti. La séance est suspendue jusqu'à la proclamation des résultats.
La séance est suspendue à 17h50.
La séance est reprise à 17h58.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons la séance. Je vous remercie de bien vouloir regagner vos places et de demeurer quelque peu silencieux.
Résultats de l'élection du président du Grand Conseil:
Bulletins distribués: 97
Bulletins retrouvés: 95
Bulletins blancs: 5
Bulletin nul: 1
Bulletins valables: 89
Majorité absolue: 45
Est élu: M. Antoine Droin (S), avec 89 voix. (Applaudissements. Exclamations. Une gerbe de fleurs est remise au nouveau président.)
(Les deux huissiers, avec la cape rouge et jaune, entrent à nouveau dans la salle et se placent comme précédemment sur la quatrième marche.)
Le président. Monsieur le président ! Je tiens à vous féliciter pour votre remarquable élection. J'ai eu la chance, hier, de vous rencontrer dans le bureau de Mme Hutter, et j'ai tout de suite compris que nous aurions un président à l'esprit éclairé et fort sympathique ! Je suis malgré tout un peu triste de vous céder cette place... (Rires.) ...à laquelle je m'étais déjà attaché, mais je me console en me disant que pendant trente secondes, vous allez vous occuper de moi. Je vous souhaite une bonne et brillante législature ! (Applaudissements.)
Présidence de M. Antoine Droin, président
Le président. Conformément au règlement, nous allons procéder maintenant à la prestation de serment de M. Michel Amaudruz, doyen d'âge.
Je prie Mmes et MM. les députés de bien vouloir se lever, de même que les personnes qui se trouvent à la galerie.
Monsieur Michel Amaudruz, vous êtes appelé à prêter serment de vos fonctions de député au Grand Conseil. Je vais vous donner lecture de la formule du serment. Pendant ce temps, vous tiendrez la main droite levée et, lorsque cette lecture sera terminée, à l'appel de votre nom, vous répondrez soit «je le jure», soit «je le promets». Veuillez lever la main droite.
«Je jure ou je promets solennellement:
- de prendre pour seuls guides dans l'exercice de mes fonctions les intérêts de la République selon les lumières de ma conscience, de rester strictement attaché aux prescriptions de la constitution et de ne jamais perdre de vue que mes attributions ne sont qu'une délégation de la suprême autorité du peuple;
- d'observer tous les devoirs qu'impose notre union à la Confédération suisse et de maintenir l'honneur, l'indépendance et la prospérité de la patrie;
- de garder le secret sur toutes les informations que la loi ne me permet pas de divulguer.»
M. Michel Amaudruz (UDC) est assermenté.
Le président. Veuillez baisser la main. Nous prenons acte de votre serment. Dès maintenant, vous pouvez siéger dans votre groupe. Je prie Mmes et MM. les députés ainsi que le public de bien vouloir s'asseoir. (Applaudissements.)
Allocution du président du Grand Conseil, M. Antoine Droin
Le président. Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le président du Conseil d'Etat,
Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat,
Mesdames et Messieurs,
nous entamons la première séance de cette nouvelle législature, et nous sommes le premier parlement régi par notre nouvelle constitution. Nous avons la responsabilité d'accomplir, en cet an 1, une oeuvre de créativité.
Il m'échoit donc aujourd'hui l'honneur - et je vous remercie de votre confiance - de présider aux destinées de notre nouveau parlement. J'espère que nous verrons aussi, dans les mois qui viennent, le renouveau des murs qui abritent nos délibérations, voire nos lamentations.
Il faut relever que 2013 et 2014 sont des années de commémoration qui, avec la nouvelle constitution, nous permettent de nous souvenir du 31 décembre 1813; non pas de l'assourdissant canon de la Treille mais de la Restauration, suivie du débarquement des Suisses au Port Noir le 1er juin 1814, événement dont nous marquerons les 200 ans. Genève retrouve alors ses institutions, sa souveraineté et son alliance.
Je vois ici une coïncidence prometteuse entre les années 2013 - 2014 et celles de de la Restauration. Un renouveau que nous apporte la mise en application de notre nouvelle constitution, entrée en vigueur un 1er juin également. Mais la période qui suivit sera malheureusement marquée par le conservatisme et la peur de la Genève protestante.
En 1846, la révolution radicale progressiste de l'époque, menée par James Fazy, verra anéantis le repli sur soi et les appréhensions. Pour nous aussi, aujourd'hui, c'est un privilège de valoriser les fondations d'une Genève ouverte et moderne, prête à relever les défis complexes de notre temps.
L'année 2013 est donc une période de renouveau, de renaissance de la république. Renaissance qui nous donne l'occasion de prendre de nouveaux repères, d'avoir de nouvelles ambitions pour cette Genève parfois ambivalente, entre repli sur elle-même et horizon international, cette Genève qui lutte toujours entre son conservatisme et son ouverture, mais poursuit inlassablement son engagement vers plus de solidarité et d'humanité, de culture et de savoirs. Genève, tournée vers le monde proche et lointain, soucieuse de préoccupations environnementales, énergétiques ou de mobilité; Genève, créatrice d'une diversité des emplois et d'habitats en nombre suffisant, sachant engendrer et utiliser les technologies du futur; Genève, ainsi fière mais non plus frileuse dans son engagement en vue d'un développement durable alliant indéfectiblement, pour les générations futures, société, économie et environnement.
Une renaissance n'a pourtant de valeur que si chacun se l'approprie et qu'elle devient ensuite, par le partage, un patrimoine collectif de références. Pour cela, les acteurs et actrices que nous sommes, nouveaux élus de ce parlement, portons la responsabilité de rendre cette renaissance forte, vivante et attrayante, avec abnégation et humilité.
De l'humilité, il en faut. Il est alors nécessaire de vaincre nos peurs et nos scléroses, d'oser penser autrement, de renaître ensemble à nous-mêmes.
Pour ce faire, il est besoin du respect de toutes et tous, que nous soyons majoritaires ou minoritaires sur telle ou telle question.
Le fondement de la démocratie implique le respect et l'écoute d'autrui; la démocratie est le principe qui veut que la politique et le pouvoir appartiennent à l'ensemble des citoyens. N'est-ce pas pour cela que nous avons été élus par ce qui s'appelait, dans un autrefois récent, le Conseil général ?
Un proverbe éthiopien énonce que «l'écorce de l'arbre n'adhère pas à un autre arbre».
En d'autres termes, ce que nous sommes, ce que nous pensons, ce que nous revendiquons, n'a pas à habiller notre vis-à-vis, fût-il notre contradicteur.
Dès lors, la contradiction n'est pas seulement une remise en cause. Elle est avant tout un partage, quand bien même le plus grand nombre emporte le résultat au bout du compte, tout en appartenant au même arbre.
Emporter le résultat demande le consentement implicite d'écouter avec attention le point de vue de l'autre. Accepter le poil à gratter, les empêcheurs de tourner en rond, le rappel à temps et à contretemps que toute majorité n'est pas, à elle seule, l'humanité. Le respect des minorités est donc un geste primordial de démocratie, de discussions constructives et libres. C'est ainsi que l'on bâtit durablement, solidement, ce qui valide le processus démocratique, ce pourquoi nous avons été élus.
Je tiens à attirer votre attention sur le penchant de toute société à devenir totalitaire par ignorance, mépris, peur ou exclusion de celles et ceux qu'elle a tendance à considérer comme marginaux, étrangers, insignifiants ou au contraire inquiétants, si l'on prend en compte que l'écorce d'un arbre peut enrober un autre arbre.
Ces réflexions trouvent aujourd'hui, plus qu'en tout autre temps, leur signification. Le souverain a voulu, le 6 octobre dernier, mettre chaque bloc de ce parlement en position de force mais en minorité. Il nous donne donc un message clair: obligeons-nous à la recherche de compromis. Apprenons à recevoir, à composer, imaginer et créer. Allons de l'avant, mettons de côté les dogmes et cherchons les consensus constructifs.
Reste donc maintenant à nous mettre au travail, résolument et avec sagesse, à accomplir notre mission pour le bien commun. Ce sont les enjeux du renouveau, de la renaissance, faisant abstraction des détours et des raccourcis trop faciles qui font le lit des populismes.
Mesdames et Messieurs les députés, nous avons la chance inestimable d'être là pour la mise en oeuvre de notre nouvelle constitution. Elle nous rappelle en préambule que le peuple de Genève est, je cite: «déterminé à renforcer une république fondée sur les décisions de la majorité et le respect des minorités».
Par la délibération et notre engagement, nous avons dès lors le devoir de la faire vivre par des lois et des règlements. Le verbe haut se fera volontiers l'écho de nos pensées. La franchise de l'expression est aussi rude que les convictions sont fortes, mais respectueuse des avis divergents.
La parole, nous devrons la porter, la transmettre, la partager, pour répondre aux enjeux de notre société et vaincre les inégalités. Alors faisons en sorte que Genève reste attentive au monde, garde son humanisme et son sens de l'ouverture et du partage.
Faisons-le en utilisant nos divergences qui sont nos richesses communes, utilisées comme moteur du devenir. Ainsi, notre démocratie sera plus forte pour le bien du plus grand nombre. Que nos minorités, desquelles nous faisons immanquablement partie aujourd'hui, puissent faire vivre encore et toujours notre démocratie ! Que notre parlement ait la force et la sagesse d'en donner l'exemple !
Que vive Genève de toutes et tous ! (Longs applaudissements.) (Les deux huissiers quittent la salle.)
Suite de la formation du Bureau
Le président. Nous poursuivons notre ordre du jour. La parole est à M. Bertrand Buchs.
M. Bertrand Buchs (PDC). Merci beaucoup, Monsieur le président. Je vous adresse encore toutes les félicitations du groupe démocrate-chrétien; cela nous fait particulièrement plaisir de vous voir à cette place et nous nous réjouissons de pouvoir vous suivre durant cette année.
Le parti démocrate-chrétien revendique la première vice-présidence, mais avant de présenter notre candidate j'aimerais juste soulever un point: la république a bruissé hier - et une télévision locale en a parlé - quant au fait que le PDC osait revendiquer la première vice-présidence du parlement. J'ai bien aimé la remarque de M. Deneys qui disait qu'il fallait respecter la tradition du tournus. Eh bien voilà, c'est la tradition du tournus ! Il est temps, pour le parti démocrate-chrétien, d'avoir la première vice-présidence. Si on avait décidé, en réunion des chefs de groupe, de changer la façon de répartir le tournus, il en aurait été différemment. Mais puisqu'on a décidé de respecter le tournus en vous élisant, Monsieur le président, il était clair que la première vice-présidence doit revenir au PDC.
Maintenant je vous présente notre candidate, Mme von Arx-Vernon, qui est députée depuis 2001, que vous connaissez bien, qui a présidé de multiples commissions dans ce Grand Conseil: ad hoc personnel de l'Etat, économie, affaires sociales. Mais surtout, surtout, elle se bat pour les droits des femmes, pour soutenir les femmes battues, elle se bat contre la traite des êtres humains, qui est un problème extrêmement important à notre époque, et elle a effectué plusieurs missions en Afghanistan à une époque où les femmes pouvaient encore revendiquer une certaine égalité. Elle a fait tout cela avec conviction, elle n'a jamais arrêté, et je pense qu'il est important pour ce Grand Conseil d'avoir une femme présidente l'année prochaine, et qu'il est important aussi qu'une certaine sensibilité puisse s'exprimer.
Pour terminer, je rappellerai que Mme Anne Marie von Arx-Vernon dit toujours qu'il faut une économie forte pour avoir un social fort - c'est la devise du PDC - et je vous prie de l'élire comme vice-présidente. Merci beaucoup ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député, il est pris acte de cette candidature. La parole est à M. Ivan Slatkine.
M. Ivan Slatkine (PLR). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le parti libéral-radical présente à la première vice-présidence M. Antoine Droin... (Exclamations. Rires.)
Des voix. Barde !
M. Ivan Slatkine. C'est l'émotion ! (Commentaires.) C'est pour vous remercier, Monsieur le président ! Evidemment, je voulais dire M. Antoine Barde ! (Rires. Commentaires.) M. Barde est membre du Bureau depuis le 17 novembre 2011; il a été élu sur la liste libérale comme viennent-ensuite en juin 2009, et il entame aujourd'hui sa troisième législature. M. Barde a été membre de la commission des Droits de l'Homme, de la commission de l'enseignement, de la commission de l'enseignement supérieur. Il a présidé la commission des Droits de l'Homme, mais également la sous-commission en charge du projet de loi sur les taxis - nous aurons l'occasion d'en reparler tout prochainement. Enfin, j'aimerais encore vous dire que M. Antoine Barde est conseiller municipal à Anières. Je ne peux donc que vous encourager à soutenir cette candidature pour la vice-présidence ! Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député, il est également pris acte de cette candidature. J'invite les photographes à bien vouloir quitter la salle une nouvelle fois, et je prie les huissiers de distribuer les bulletins. (Les députés remplissent leur bulletin de vote.)
Si chacun a voté, je prie les huissiers de récolter les bulletins. (Quelques instants s'écoulent.) Je déclare le scrutin clos et je prie les scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour procéder au dépouillement, accompagnés de la benjamine, Mme Caroline Marti. La séance est suspendue jusqu'à la proclamation des résultats !
La séance est suspendue à 18h20.
La séance est reprise à 18h26.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons notre séance. Je vous prie de vous asseoir.
Résultats de l'élection du premier vice-président du Grand Conseil:
Bulletins distribués: 97
Bulletins retrouvés: 97
Bulletins blancs: 3
Bulletins valables: 94
Majorité absolue: 48
Est élu: M. Antoine Barde (PLR), avec 64 voix. (Applaudissements.)
Obtient des suffrages: Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC): 30 voix. (Applaudissements.)
Le président. Je félicite M. Barde et le prie de bien vouloir regagner l'estrade. (Brouhaha. Un instant passe.) Si mon homonyme veut bien venir prendre place au Bureau !
Le président. Nous abordons le point suivant. Je prie les huissiers... (Remarque.) Non, effectivement il faudrait d'abord que quelqu'un présente un candidat ! Monsieur Golay, vous avez la parole, excusez-moi !
M. Roger Golay (MCG). Merci, Monsieur le président. Permettez-moi avant tout de vous féliciter, au nom du Mouvement Citoyens Genevois, pour votre brillante élection. On se réjouit également de siéger sous votre présidence, avec toute la sérénité que l'on se doit d'avoir dans ce parlement. (Exclamations. Commentaires.)
Le président. Merci, Monsieur le député.
M. Roger Golay. Pour cette candidature de la deuxième vice-présidence, nous allons vous proposer M. Eric Stauffer. Comme il se doit, je vais faire un petit rappel de son parcours - au cas où il ne s'en souviendrait pas !
Tout d'abord, il a été formé dans les rangs du parti libéral et, en 1991, a été élu conseiller municipal de la commune d'Onex. Il y reviendra en 2007, mais cette fois sous les couleurs du MCG puisqu'il a été le fondateur de notre mouvement. Il siégera comme conseiller municipal de 2007 à 2011, année où il deviendra conseiller administratif de cette commune avec ses collègues Verte et socialiste. Cette année, il en est devenu le maire.
Sur le plan cantonal, il a été élu au Grand Conseil comme député en 2005. Il a siégé dans diverses commissions, notamment la commission de contrôle de gestion - qu'il a présidée - celle de la santé, des finances - il en a fait tellement ! - des affaires sociales, des visiteurs, j'en passe et des meilleures; il a été un peu partout. Bien sûr - et c'est cela qui est important pour notre groupe - il est membre, depuis 2009, du Bureau du Grand Conseil, où il a exercé la fonction de membre sans aucune autre tâche. C'est pourquoi, aujourd'hui, le groupe MCG revendique la deuxième vice-présidence pour son candidat Eric Stauffer, que nous vous invitons à soutenir. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député, il est pris acte de cette candidature. Je prie à nouveau les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins. (Les députés remplissent leur bulletin de vote.) Chacun a-t-il voté ? Tel étant le cas, je remercie les huissiers de récolter les bulletins. (Quelques instants s'écoulent.) Je déclare le scrutin clos et prie les scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour procéder au dépouillement, accompagnés de la benjamine, Mme Caroline Marti. La séance est suspendue jusqu'à la proclamation des résultats.
La séance est suspendue à 18h35.
La séance est reprise à 18h40.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons notre séance.
Résultats de l'élection du deuxième vice-président du Grand Conseil:
Bulletins distribués: 97
Bulletins retrouvés: 95
Bulletins blancs: 23
Bulletins nuls: 19
Bulletins valables: 53
Majorité absolue: 27
Est élu: M. Eric Stauffer (MCG), avec 53 voix. (Applaudissements.)
Le président. Nous abordons le point suivant. La parole est à Mme Christina Meissner.
Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. Le groupe UDC a l'honneur et le plaisir de vous présenter la candidature de Patrick Lussi. Patrick Lussi a déjà siégé lors de la précédente législature, il a été membre de la commission de contrôle de gestion, des transports, de la commission judiciaire et de la police, et il a présidé la commission législative l'an dernier. Je vous remercie de lui accorder votre confiance.
M. Bertrand Buchs (PDC). Le parti démocrate-chrétien veut sauver l'honneur des femmes - il n'y en a pas jusqu'à maintenant - et il présente Mme Béatrice Hirsch, la présidente de notre parti. Je vous remercie.
M. Pierre Vanek (EAG). Mesdames et Messieurs les députés, j'ai le plaisir et l'honneur de présenter ma collègue Salika Wenger pour une place au Bureau. Je ne lui ferai pas, à elle, ni à vous, l'injure de faire un long discours pour la présenter; tout le monde la connaît ! (Rires.) Je vous recommande chaleureusement de voter pour elle et de lui assurer une brillante élection.
Mme Sophie Forster Carbonnier (Ve). Le groupe des Verts a le plaisir de vous proposer M. François Lefort, qui était déjà au Bureau l'année dernière. Nous vous remercions d'accueillir très favorablement cette excellente candidature !
Le président. Il est pris acte de ces candidatures. Je prie les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins. (Les députés remplissent leur bulletin de vote.) J'invite les huissiers à récolter les bulletins. (Quelques instants s'écoulent.) Le scrutin est clos, je prie donc les scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour procéder au dépouillement, accompagnés de la benjamine, Mme Caroline Marti. La séance est suspendue quelques instants.
La séance est suspendue à 18h46.
La séance est reprise à 18h56.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons notre séance, je vous prie de vous asseoir.
Résultats de l'élection de quatre membres du Bureau:
Bulletins distribués: 97
Bulletins retrouvés: 96
Bulletin blanc: 1
Bulletins valables: 95
Majorité absolue: 48
Sont élus: M. François Lefort (Ve), avec 64 voix. (Applaudissements.) M. Patrick Lussi (UDC), avec 62 voix. (Applaudissements.) Mme Salika Wenger (EAG), avec 56 voix. (Applaudissements.) Mme Béatrice Hirsch (PDC), avec 53 voix. (Applaudissements.)
Le président. Pour la reprise de notre séance, à 20h30, je prierai les deux membres du Bureau qui sont les mieux élus de venir s'asseoir sur l'estrade.
Les points 16 et 17 concernant le renouvellement des commissions parlementaires sont reportés à la séance de 20h30. Je vais lever la séance en conviant l'assemblée, ainsi que les personnes qui sont à la tribune, à participer à la verrée offerte à la salle des Pas-Perdus, juste là derrière. (Exclamations.) Notre prochaine séance aura lieu à 20h30 !
La séance est levée à 19h.