République et canton de Genève

Grand Conseil

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La séance est ouverte à 16h, sous la présidence de M. Eric Leyvraz, président.

Assistent à la séance: MM. François Longchamp, président du Conseil d'Etat, Mauro Poggia et Antonio Hodgers, conseillers d'Etat.

Exhortation

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, prenons la résolution de remplir consciencieusement notre mandat et de faire servir nos travaux au bien de la patrie qui nous a confié ses destinées.

Personnes excusées

Le président. Ont fait excuser leur absence à cette séance: Mme et MM. Pierre Maudet, Anne Emery-Torracinta, Serge Dal Busco et Luc Barthassat, conseillers d'Etat, ainsi que Mmes et MM. Delphine Bachmann, Patrick Dimier, Michel Ducret, Pierre Gauthier, Sandra Golay, Lionel Halpérin, Vincent Maitre, Patrick Saudan, Ronald Zacharias et Yvan Zweifel, députés.

Députés suppléants présents: Mmes et MM. Raphaël Coudray, Nathalie Hardyn, Ana Roch, Pascal Uehlinger et Céline Zuber-Roy.

Annonces et dépôts

Le président. Monsieur Riedweg, vous avez la parole.

M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président. Suite à la démission de M. Stauffer et étant deuxième et dernier signataire de la proposition de motion 2375 intitulée «La géothermie profonde et Genève, l'avenir c'est maintenant !», je la retire et vous allège ainsi l'ordre du jour. Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur Riedweg, très bonne décision.

Questions écrites urgentes

Le président. Vous avez trouvé sur vos places les questions écrites urgentes suivantes:

Question écrite urgente de M. Thierry Cerutti : La république des copains, quand tu me tiens par la barbichette? (QUE-831)

Question écrite urgente de M. Roger Deneys : Bouclier fiscal : peut-on connaître le détail de l'impact actuel réel de cette mesure ? (QUE-832)

Question écrite urgente de M. Stéphane Florey : Contrôle par le département de la sécurité et de l'économie des diffuseurs de courses, notamment de la société Uber, en respect de la loi sur les taxis et les voitures de transport avec chauffeur (LTVTC) (QUE-833)

Question écrite urgente de M. Guy Mettan : Bouchon de Bardonnex et accès aux gares du Léman Express : quid ? (QUE-834)

Question écrite urgente de M. Jean Romain : Statut des épreuves communes en 8e année (8P) (QUE-835)

Question écrite urgente de Mme Isabelle Brunier : Est-ce qu'avec le départ de l'actuel président du Conseil d'Etat l'existence et l'application de règles non écrites vont cesser ? (QUE-836)

Question écrite urgente de Mme Sarah Klopmann : Traitement des demandes d'autorisation d'exploitation LRDBHD (QUE-837)

Question écrite urgente de M. Olivier Baud : L'évaluation des élèves de l'enseignement spécialisé ne devrait-elle pas se faire au moyen d'un outil adéquat, correspondant aux besoins des professionnels et des familles, dans un contexte où la protection des données serait garantie, au lieu de faire les frais d'une logique bureaucratique et administrative délétère ? (QUE-838)

QUE 831 QUE 832 QUE 833 QUE 834 QUE 835 QUE 836 QUE 837 QUE 838

Le président. Ces questions écrites urgentes sont renvoyées au Conseil d'Etat.

Questions écrites

Le président. Vous avez également trouvé sur vos places les questions écrites suivantes:

Question écrite de Mme Isabelle Brunier : Les vrais chiffres concernant les surfaces ayant été désamiantées dans le bâtiment 1-3-5 rue David-Dufour (Q-3807)

Question écrite urgente de Mme Isabelle Brunier : Alternatives au projet de décharge bioactive des mâchefers ? (Q-3808)

Q 3807 Q 3808

Le président. Ces questions écrites sont renvoyées au Conseil d'Etat.

QUE 803-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Anne Marie von Arx-Vernon : Au DIP, les victimes d'abord ! Suite...

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 803-A

QUE 804-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Marc Falquet : Pollution massive des milieux naturels par les populations roms et inattentions minimes de citoyens : inégalité de traitement manifeste !

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 804-A

QUE 805-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Eric Stauffer : La polémique fait rage sur les super-contribuables et contribuables de notre canton

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 805-A

QUE 806-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Bertrand Buchs : Quelle va être la position de l'Etat sur la validité des expertises demandées par l'office AI du canton de Genève à la société Corela ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 806-A

QUE 807-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Marko Bandler : Crise de confiance au sein de la police genevoise : le Conseil d'Etat compte-t-il agir ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 807-A

QUE 808-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Jean Romain : Quelle efficacité aura la brochure destinée à FO18 ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 808-A

QUE 809-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Jocelyne Haller : Quels contrôles de l'égalité salariale dans les entreprises ayant décroché des marchés publics ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 809-A

QUE 810-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Thomas Wenger : Conditions de travail déplorables de chauffeurs VTC

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 810-A

QUE 811-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Patrick-Etienne Dimier : Pourquoi le Conseil d'Etat ne fait-il pas respecter l'art. 99 al. 4 de la Constitution fédérale par la BNS, respectivement la Confédération ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 811-A

QUE 812-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Jean-François Girardet : Depuis quand la FTI est-elle légalement dispensée de passer par les marchés publics ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 812-A

QUE 813-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Thierry Cerutti : Justice pour tous, mais à quel prix !

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 813-A

QUE 814-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Jean-François Girardet : L'Etat de Genève et l'Hospice général ont-ils respecté les règles des marchés publics au Petit-Saconnex et à La Chapelle-Les Sciers ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 814-A

QUE 815-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Daniel Sormanni : Pourquoi a-t-on autorisé une manifestation qui présentait un danger prévisible ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 815-A

QUE 816-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Pierre Vanek : Procédure de validation des brochures électorales et imprévoyance gouvernementale ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 816-A

QUE 817-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Isabelle Brunier : Le retour d'un ancien fléau ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 817-A

QUE 818-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Isabelle Brunier : Les Eaux-Vives de la Volga ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 818-A

QUE 819-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Jean Batou : Le département de la sécurité et de l'économie (DSE) peut-il demander/ordonner/exécuter des écoutes téléphoniques ou transmettre des informations à un Etat étranger en court-circuitant le Ministère public ou le Service de renseignement de la Confédération (SRC) ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 819-A

QUE 820-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Boris Calame : Elections 2018 du 15 avril 2018 - Brochure [explicative] officielle éditée par la Chancellerie d'Etat - Quelques explications méritent d'être données aux électrices et électeurs genevois

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 820-A

QUE 821-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Boris Calame : Exploitation et gestion du restaurant de la plage des Eaux-Vives selon un contrat de prestations de 10 ans : les règles de l'appel à candidatures sont-elles orientées ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 821-A

QUE 822-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Christina Meissner : Les vergers à hautes tiges de Genève, notre Région, font partie de notre Terre et de notre Avenir, pourquoi ne méritent-ils plus le label GRTA ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 822-A

QUE 823-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Henry Rappaz : Peut-on imposer à des élèves en âge d'école obligatoire la lecture de livres à caractère pornographique et d'une violence extrême ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 823-A

QUE 824-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. François Lefort : Combien de dossiers éligibles à la PPE par appartement ont-ils réellement enregistrés ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 824-A

QUE 825-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Olivier Baud : Afin de lutter contre la pénurie de places de traitement en psychomotricité, les conditions d'accréditation des thérapeutes peuvent-elles être rapidement assouplies ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 825-A

QUE 826-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Delphine Klopfenstein Broggini : Sur quels critères les collaboratrices et collaborateurs du petit Etat et des établissements autonomes perçoivent-ils les indemnités kilométriques pour l'usage de voitures privées à des fins professionnelles ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 826-A

QUE 827-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Emilie Flamand-Lew : Harcèlement à l'aéroport - Quelles mesures de protection pour les employé-e-s ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 827-A

QUE 828-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de Mme Jocelyne Haller : La protection de la personnalité des victimes et des témoins a-t-elle été rigoureusement assurée lors du processus d'enquête en cours à l'AIG ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 828-A

QUE 829-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Olivier Baud : L'intégration des élèves à besoins éducatifs particuliers ou handicapés va-t-elle enfin pouvoir bénéficier de conditions acceptables, telles que prévues par la loi ?

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 829-A

QUE 830-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite urgente de M. Mathias Buschbeck : Résultats des élections précédentes sur le site de l'Etat de Genève

Annonce: Séance du vendredi 23 mars 2018 à 16h

Cette question écrite urgente est close.

QUE 830-A

Q 3802-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite de Mme Christina Meissner : Aménagement, urbanisme et nuisances aéroportuaires : le Conseil d'Etat a-t-il évalué la question de la réverbération du bruit aérien ?
Q 3803-A
Réponse du Conseil d'Etat à la question écrite de Mme Isabelle Brunier : Attribution et gestion des terres agricoles et à usage agricole appartenant à l'Etat
PL 11565-1-A
Rapport de la commission du logement chargée d'étudier le projet de loi de MM. Christo Ivanov, Stéphane Florey, Marc Falquet, Norbert Maendly, Michel Baud, Benoît Genecand, Olivier Cerutti, Bernhard Riedweg, Bertrand Buchs modifiant la loi générale sur les zones de développement (LGZD) (L 1 35) (Pour des logements meilleur marché)
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session XIII des 22 et 23 mars 2018.
Rapport de majorité de M. Michel Baud (UDC)
Rapport de minorité de Mme Irène Buche (S)
PL 11565-2-A
Rapport de la commission du logement chargée d'étudier le projet de loi de MM. Christo Ivanov, Stéphane Florey, Marc Falquet, Norbert Maendly, Michel Baud, Benoît Genecand, Olivier Cerutti, Bernhard Riedweg, Bertrand Buchs modifiant la loi générale sur le logement et la protection des locataires (LGL) (I 4 05) (Pour des logements meilleur marché)
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session XIII des 22 et 23 mars 2018.
Rapport de majorité de M. Michel Baud (UDC)
Rapport de minorité de Mme Irène Buche (S)

Premier débat

Le président. Nous abordons maintenant une urgence. Il s'agit des PL 11565-1-A et 11565-2-A, que nous traiterons en catégorie II, quarante minutes. Monsieur Pfeffer, je vous laisse la parole ? (Remarque.) Très bien, après. Madame Buche, c'est donc à vous.

Mme Irène Buche (S), rapporteuse de minorité. Merci, Monsieur le président. L'objectif de ces projets de lois est de supprimer tous les émoluments, taxes et frais pour la part affectée au logement, à l'exception de la taxe d'équipement, et ce dans le but de lutter contre la pénurie de logements. L'objectif est certes louable, mais force est de constater qu'il ne peut absolument pas être atteint par le biais de ces projets de lois. Les auditions ont démontré que, pour différentes raisons, il n'est pas possible - ou opportun - de supprimer certaines taxes telles que la taxe unique de raccordement et les taxes de raccordement SIG pour l'eau, l'électricité et le gaz. Ces taxes sont donc finalement maintenues dans le texte issu des travaux de commission.

Quant aux émoluments supprimés, ils ne représentent qu'une goutte d'eau dans la totalité des coûts de construction d'un immeuble et l'économie faite sera faible. Par contre, la suppression des taxes perçues par l'office des autorisations de construire et l'office du logement et de la planification foncière aura pour effet d'entraîner une perte fiscale chiffrée à 2,5 millions de francs pour le seul département de l'aménagement, du logement et de l'énergie. Cette perte fiscale ne fait l'objet d'aucune compensation, ce qui signifie que ces offices du DALE devront fournir les mêmes prestations qu'à l'heure actuelle, mais avec moins de moyens. Cela va immanquablement entraîner un ralentissement du traitement des autorisations de construire, de sorte qu'on obtiendra exactement l'effet inverse, à savoir que la construction sera ralentie et non pas accélérée. On réduit donc légèrement le coût de construction, oui, mais en retour les autorisations de construire ne seront pas traitées en temps voulu ni avec la rapidité nécessaire.

Est-ce que nous voulons vraiment enlever à l'administration des moyens dans un domaine aussi sensible ? Cette situation nous paraît absurde. La minorité estime qu'il faudrait agir surtout sur d'autres composantes des coûts de construction, comme les marges des promoteurs. Ces projets de lois représentent donc clairement une fausse bonne idée et nous vous invitons à les rejeter. Je vous remercie.

M. Christo Ivanov (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, ces projets de lois veulent, conformément à la constitution genevoise, encourager la production en suffisance de logements répondant aux divers besoins de notre population, dont la pénurie constitue un problème récurrent dans notre canton. Il appartient dès lors à l'Etat de participer à la limitation des coûts de construction, et de choisir des solutions constructives permettant de répondre à l'ensemble des besoins de la population. Je rappelle que l'Etat et les fondations immobilières de droit public ont lancé une consultation intitulée «Réduction des coûts de construction des logements d'utilité publique», qui a donné lieu à un rapport de synthèse. J'estime, de même que les cosignataires de ces projets de lois, que l'analyse des coûts de construction opérée par l'Etat est incomplète puisque celui-ci n'a pas procédé à une introspection concernant les frais inhérents à son activité - je veux parler des émoluments, taxes et frais perçus dans le cadre des procédures d'autorisation de construction de logements. Le constat est que le canton de Genève subit une pénurie considérable de logements, même s'il faut reconnaître qu'il y a depuis peu une légère amélioration, et même une légère détente.

En conclusion, après avoir exploré les pistes consistant à contraindre les prix de production des logements par le biais des plans financiers émis par l'office du logement en zone de développement, il s'agit à présent d'alléger l'ensemble des émoluments, taxes et frais qui se répercutent sur les prix de vente et les loyers. Suite à l'audition de l'Association des communes genevoises, des amendements ont été acceptés en commission, qui maintiennent par exemple, cela a été dit, la taxe d'équipement, la taxe de l'eau, du gaz, etc. Pour toutes ces raisons, je vous demande, Monsieur le président, chers collègues, d'accepter ces projets de lois tels que sortis de commission. Merci.

M. Pierre Vanek (EAG). Je n'ai rien de bien particulier à dire, si ce n'est vous faire part de l'appui évident d'Ensemble à Gauche au rapport de minorité d'Irène Buche. Mme Buche a indiqué qu'il s'agissait d'une fausse bonne idée; dans un accès de radicalité, je renchérirai en disant que c'est même une mauvaise idée puisque... (Remarque.) Hein ? Je vois qu'elle m'approuve ! Je ne déplore donc pas ce petit supplément de radicalité exprimé via ses propos. C'est une décision problématique puisqu'elle équivaut à la suppression d'une recette fiscale de 2,5 millions par an; le plus probable n'est pas que ça résolve le problème du logement à Genève, mais que cet argent aille dans la poche des promoteurs. Certes, l'ambition du projet initial a été affaiblie parce qu'une partie des éléments qu'il contenait - irréalisables et problématiques - ont été retirés. Mais enfin, ce n'est pas une raison pour voter ces objets. Donc, nous nous y opposons ! Merci.

M. Guillaume Käser (Ve). Chers collègues, ces projets de lois au titre trompeur doivent être fermement rejetés. Comme nous l'avons dit, ils visent en effet à supprimer ces émoluments et taxes, ce qui entraînerait une baisse des coûts de la construction de l'ordre de 1%. Alors si on aurait pu comprendre ce raisonnement dans le cadre des logements d'utilité publique, il faut reconnaître que ces objets s'adressent à tout type de logements, en zone de développement comme en zone ordinaire, et qu'ils visent à maximiser les recettes des promoteurs et non pas à diminuer les coûts des loyers. Il s'agit en réalité de reporter le coût d'une prestation publique sur le budget général de fonctionnement de l'Etat au lieu de l'imputer au bénéficiaire de ces prestations, à savoir le promoteur. Or, si un citoyen veut renouveler son passeport, il doit payer un émolument; si un promoteur, quel qu'il soit, veut construire un immeuble, il doit aussi payer des émoluments pour obtenir des prestations de l'Etat. Il convient donc de s'opposer à ces projets de lois qui ne donnent aucune garantie quant à la diminution des loyers qu'ils postulent et qui vont priver le département des précieuses ressources dont il a besoin pour développer la construction de logements. Il s'agit de rejeter ces deux objets kleptomanes, et nous vous encourageons à le faire ! Merci.

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le titre de ces deux projets de lois, «Pour des logements meilleur marché», est effectivement alléchant ! Mais la réalité est en fait tout autre. Je ne crois pas que c'est avec la suppression de ces quelques taxes que l'on va diminuer les loyers et le coût des constructions en DDP à Genève. Il faudrait plutôt s'attaquer à la spéculation immobilière et au fait qu'on n'est pas capable de construire quoi que ce soit à un prix raisonnable, sauf si c'est fait par des acteurs publics ou des coopératives sans but lucratif. C'est ça qui ne joue pas, à Genève ! Alors oui, pourquoi ne pas diminuer les coûts, mais ça ne va pas avancer à grand-chose.

Pour une fois, c'est intéressant de regarder le comparatif international - il est annexé au rapport. Le comparatif intercantonal, pardon ! On voit que, pour une fois, Genève est compétitif ! Vous trouvez les différents tableaux sur les frais liés aux autorisations de construire aux pages 66 à 70: Genève est largement en dessous de la moyenne des cantons suisses. Genève est déjà pratiquement le canton le meilleur marché; comparez à Zurich et vous verrez que c'est beaucoup plus cher là-bas. Pour une fois, on a une Genferei dans le bon sens, c'est-à-dire que Genève n'est pas montré du doigt.

Ces prestations délivrées sont nécessaires. Lorsqu'une autorisation de construire est déposée, il faut quand même, à mon avis, encaisser un minimum de taxes: ça prend du temps, surtout quand le projet est complexe, et le dossier n'est très souvent pas complet - je sais de quoi je parle - il manque des éléments et il faut faire des allers-retours.

Nous ne trouvons donc pas que ces projets de lois soient très bons, c'est la raison pour laquelle le MCG a finalement la liberté de vote. Il faut savoir raison garder. Je rappelle qu'on parle d'une perte de recettes de 2,5 millions de francs pour l'Etat - selon le rapport, mais j'ai entendu des chiffres globaux bien plus importants, de l'ordre de 6 millions. Eh bien, ce n'est pas rien, 6 millions de francs dans le budget de l'Etat ! Surtout, on pourrait en discuter si finalement ça faisait au moins avancer la problématique du logement. Mais ce n'est pas le cas et ça ne baissera pas d'un centime le prix des loyers ni le prix des constructions à Genève. Merci.

M. Olivier Cerutti (PDC). Mesdames et Messieurs, chers collègues, le prix de la construction à Genève passe effectivement par l'office du logement; celui-ci maîtrise le coût. Avec 2,5 millions de francs de plus ou de moins, cela va peu changer les choses, si ce n'est le principe de l'entonnoir: on a pris l'habitude de payer des frais qui sont peut-être inutiles. Parce que 2,5 millions pour un Etat qui gère aujourd'hui 8,2 milliards de charges... ! Je vous rappellerai simplement que ce n'est strictement rien, Mesdames et Messieurs; c'est une goutte d'eau. Mais ce n'est pas une goutte d'eau pour les constructeurs ! Non, ce n'est pas une goutte d'eau pour eux ! Cela représente de l'argent, notamment quand il faut essayer de trouver une solution avec l'office du logement pour obtenir une véritable autorisation de construire. Non, Mesdames et Messieurs, ça n'a pas d'impact sur les prix des loyers - ça, je vous le laisse - mais ça a un impact sur le coût réel de la construction.

Le coût réel de la construction est vraiment trop élevé à Genève. Il est trop élevé parce qu'une autorisation de construire ne tombe pas du ciel. Avec la LGZD et toutes les lois qui sont en place, une autorisation de construire passe aujourd'hui par un nombre important de préavis et, en parallèle, d'oppositions. Construire à Genève est donc vraiment quelque chose de complexe. C'est le jeu de l'oie ! Vous avancez de trois pas, vous reculez de six ! Mesdames et Messieurs, il faut effectivement consentir à un effort de 2,5 millions aujourd'hui, mais c'est un effort qui est nécessaire pour la construction de logements, notamment des logements sociaux. Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)

M. Christophe Aumeunier (PLR). Madame, Messieurs les députés, je crois qu'il faut remettre ces projets de lois dans leur contexte. J'ai compris de la volonté de leurs auteurs qu'ils s'inscrivent dans le prolongement de l'intention du Conseil d'Etat de multiplier par trois un certain nombre - voire un très grand nombre - de taxes et émoluments. Et je crois que c'est effectivement, comme l'un des préopinants l'a indiqué, une idée qui est venue au Conseil d'Etat, qui s'est dit: «Comme à Genève la ressource fiscale est la plus exploitée, comme on l'a épuisée, eh bien, tournons-nous vers les taxes et les émoluments. Sortons le tableau suisse qui démontre que les taxes et émoluments genevois ne sont pas si élevés que ça; on oubliera le fait que Genève est par ailleurs le canton qui taxe le plus.»

C'était véritablement insoutenable, et c'était tellement insoutenable que des décisions de la Cour de justice ont cassé des décisions du DALE, notamment vis-à-vis de demandes de renseignements. La demande de renseignement, Madame et Messieurs les députés, vous savez ce que c'est: lorsqu'un promoteur veut savoir si un projet pourrait se faire, il dessine des gabarits, il dessine des volumétries, il indique un nombre de logements à construire, et puis il demande au département si cela peut passer, si le projet peut être envisagé. Plusieurs projets ont à ce stade été taxés à plus de 100 000 F, et leurs promoteurs ont été obligés d'aller devant la Cour de justice, qui a cassé ces décisions du DALE parce qu'elles étaient disproportionnées.

Il semble que la volonté du Conseil d'Etat d'augmenter les taxes et les émoluments a aussi mis la puce à l'oreille de l'UDC, qui a déposé ces projets de lois. On en a discuté en commission, on en a débattu; il s'agit d'inciter à construire à Genève, de faire en sorte que les loyers baissent - je suis là assez étonné de la position du rapporteur de minorité, ou plutôt de la rapporteure de minorité - et que les prix de vente baissent. Eh bien, si les taxes et les émoluments baissent, les prix de vente et les loyers baissent aussi ! Raison pour laquelle il s'agit évidemment, Madame, Messieurs les députés, d'accepter ces projets de lois. Merci.

Le président. Merci, Monsieur. La parole est à Mme Meissner pour deux minutes.

Mme Christina Meissner (HP). Merci, Monsieur le président. Parce qu'il n'y a pas beaucoup de monde dans ce parlement qui pense à cette planète, j'aimerais tout de même rappeler que ce sont aussi des taxes spécifiques qu'on est en train d'attaquer aujourd'hui: la taxe que le gouvernement prélève pour l'abattage d'arbres permet la replantation d'arbres; la taxe qu'on prélève pour pallier l'imperméabilisation des sols permet de compenser le bétonnage, en faisant quoi ? En aménageant des bassins de rétention notamment, en faisant aussi bénéficier de ces sommes la renaturation de cours d'eau. S'il n'y a plus de taxes, il n'y a plus d'incitation à la végétalisation des toitures ni à la végétalisation de notre ville par les arbres et la verdure, alors que nous en avons tous besoin. Je sais, c'est peut-être un petit aspect de la question, mais je ne suis pas prête à attaquer ce petit aspect-là qui est tellement important pour notre qualité de vie. Oui, la densification a un prix qu'il faut assumer pour qu'elle contribue à la qualité de notre ville et de notre vie !

Le président. Merci, Madame. M. Ivanov a la parole pour une minute trente-quatre.

M. Christo Ivanov (UDC). Merci, Monsieur le président. J'aimerais répondre à certains propos qui relèvent de l'hallucination. Quand on parle de kleptomane, je ne sais pas de qui on parle, mais certainement pas de moi ! En ce qui concerne le coût, le département le cite dans le rapport: il est de 2,4 millions de francs, Monsieur Sormanni. En ce qui concerne le calcul des taxes, celles-ci s'élèvent à 2,2% du prix de revient, soit environ 25 F le mètre cube, ce qui est un chiffre tout simplement effarant. Et le département n'a rien trouvé de mieux à faire que de tripler cette taxe, d'où le dépôt de ces projets de lois pour stopper cette spirale infernale de hausse des taxes et des émoluments. Pour toutes ces raisons, Monsieur le président, je demande à ce parlement de voter ces projets de lois. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur. La parole va à M. Sormanni pour une minute quatorze.

M. Daniel Sormanni (MCG). Merci, Monsieur le président, ce sera très bref. Il me semble que les taxes qui avaient augmenté, c'étaient les taxes de chantier, et que ce problème a été réglé. Il ne s'agit donc pas de la même chose ! En l'occurrence, par exemple pour un immeuble locatif de cinq étages - vous avez l'occasion de le voir dans le rapport - les taxes liées aux autorisations de construire vont de 1320 F à 16 500 F ! Vous allez me dire que les loyers vont baisser si on supprime ça ? Mais de qui se moque-t-on ? Ce n'est pas sérieux ! Il arrive un moment où il faut aussi être sérieux et avoir des propositions qui tiennent la route. Oui à des logements meilleur marché, mais pas en supprimant ces taxes.

Le président. Merci, Monsieur. Monsieur Ivanov, il vous reste trente-neuf secondes.

M. Christo Ivanov (UDC). Merci, Monsieur le président. Vous me permettrez de répondre à mon préopinant. Si on baisse les coûts de construction, il y aura effectivement une répercussion sur les loyers. C'est d'une telle évidence qu'un enfant de quatre ans aurait compris ! (Rire. Commentaires.)

Le président. Bien. Ce n'était pas nécessaire, Monsieur Ivanov. Je vais laisser la parole à M. Michel Baud, rapporteur de majorité, qui ne l'a pas encore prise.

M. Michel Baud (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Beaucoup de choses ont été dites sur ce double projet de loi; je rejoins évidemment les propos de l'excellent député Aumeunier et du non moins excellent député Olivier Cerutti. L'UDC est, comme d'habitude, toujours opposée à de nouvelles taxes et encore plus aux augmentations de taxes. On se rend compte que ces taxes sont directement répercutées sur les loyers, elles déséquilibrent les plans financiers et ne donnent plus envie aux promoteurs et aux constructeurs de bâtir des logements. En lisant le rapport, on constate clairement que les émoluments pour les raccordements et les équipements ne sont pas touchés. Voilà ! Ça ne fera donc pas de dégâts à ce niveau-là, et je ne pense pas que l'Etat et son administration seraient mis en danger si on acceptait ces projets de lois. Merci.

Mme Irène Buche (S), rapporteuse de minorité. Je voudrais redire que les taxes, les émoluments qui seraient supprimés avec ces projets de lois sont faibles et que cela aurait un faible impact sur les coûts de construction. On peut se demander qui bénéficierait vraiment de ces suppressions - je n'ai aucune certitude que ce seraient les locataires. Et puis surtout, je le répète: ce qui pèse plus que tout sur un plan financier, ce sont la marge des promoteurs et d'autres coûts, qui pourraient certainement être abaissés si ces promoteurs, justement, faisaient un effort particulier. De nouveau, ces projets de lois n'atteignent pas leur cible et doivent donc être refusés.

J'ai oublié tout à l'heure de parler de la taxe d'abattage; quelle sera en effet l'incitation pour replanter des arbres si la taxe de remplacement pour les abattages n'existe plus ? Je pense que dans ce domaine-là également on est tout simplement à côté de l'objectif. La minorité vous invite donc à refuser ces projets de lois. Je vous remercie.

M. Antonio Hodgers, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs, notre république, dans la même logique que toutes les collectivités publiques, fonctionne avec un système de taxes et d'émoluments. L'émolument est demandé au bénéficiaire particulier d'une prestation pour que cette prestation publique n'émarge pas au budget payé par le contribuable. Nous le savons, quand nous renouvelons notre passeport ou notre pièce d'identité, nous payons un émolument. Il en va de même au bureau des autos quand nous allons faire une immatriculation, tout comme à l'office des poursuites et faillites. Il y a plusieurs services de l'Etat qui facturent des prestations aux bénéficiaires parce qu'on estime que ce n'est pas aux contribuables de payer pour elles. Le total de ces émoluments ne doit évidemment pas dépasser le coût du service; telle est la règle, et il est important de regarder chaque année que l'émolument ne soit pas surfait. Or, on l'a dit, nous avons les émoluments les plus bas de Suisse en matière d'autorisation de construire. En réalité, ils ne couvrent pas l'entier des coûts réels engendrés par l'octroi d'une autorisation de construire, et le solde est payé par le contribuable.

L'adoption de ces deux projets de lois tels qu'ils ont été amendés aurait l'impact suivant: la moitié des émoluments de l'office des autorisations de construire serait supprimée, soit environ 4,5 millions de francs, de même que 80% de ceux de l'office du logement, soit 1,5 million de francs, plus quelques centaines de milliers de francs qui vont au DETA, environ 500 000 F. Ces projets de lois feraient perdre chaque année à l'Etat 6,5 millions de francs, qui constitueraient dès lors un allégement des charges des promoteurs pour passer à la charge des citoyens contribuables. Voilà le cadeau que veulent faire aux promoteurs l'UDC, le PLR et le PDC: mettre à la charge du contribuable 6,5 millions de francs alors qu'ils sont aujourd'hui payés par les promoteurs eux-mêmes.

L'impact de cet allégement sur le coût de revient d'une opération immobilière est de 0,14% ! Ça n'aura aucun impact sur l'accélération des procédures ni sur l'attractivité des projets. Dites-moi quel promoteur refuse une promotion juste pour 0,14% de ses coûts ! A moins - et c'est peut-être le message indirect - que le Conseil d'Etat décide de réduire la marge des promoteurs et le rendement des opérations, il est évident que c'est simplement un cadeau de 6,5 millions de francs que vous faites aux promoteurs, et ceci sur le dos du budget public. Mesdames et Messieurs, ces projets de lois sont iniques ! Ils se basent sur le triplement des taxes, alors que, on l'a rappelé, cette affirmation est fausse ! Il s'agissait d'un projet non pas du DALE mais du DETA pour le domaine public; ça ne concernait pas le logement. Au contraire, on nous dit souvent que les émoluments des autorisations de construire à Genève ne couvrent pas l'ensemble des coûts.

Mesdames et Messieurs, le Conseil d'Etat vous enjoint de refuser ces projets de lois qui créent une inégalité de traitement crasse entre les citoyens, qui doivent payer pour leur passeport, qui doivent payer pour leur immatriculation, qui doivent payer pour obtenir des prestations de l'Etat sous forme d'émoluments, et les promoteurs qui pourraient, eux, bénéficier d'une gratuité complète. Je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à vous prononcer sur ces deux objets.

Mis aux voix, le projet de loi 11565-1 est rejeté en premier débat par 49 non contre 43 oui et 1 abstention. (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Mis aux voix, le projet de loi 11565-2 est rejeté en premier débat par 47 non contre 44 oui et 1 abstention.

PL 11984-A
Rapport de la commission législative chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat modifiant la loi sur l'information du public, l'accès aux documents et la protection des données personnelles (LIPAD) (A 2 08)
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VII des 12 et 13 octobre 2017.
Rapport de majorité de M. Cyril Mizrahi (S)
Rapport de minorité de M. Edouard Cuendet (PLR)

Premier débat

Le président. O miracle, nous allons commencer l'ordre du jour ! (Exclamations.) Le premier objet dont nous allons débattre est le PL 11984-A, classé en catégorie II, quarante minutes. La parole est à M. Mizrahi, rapporteur de majorité.

M. Cyril Mizrahi (S), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, chers collègues, je dois dire que comme M. le président, je suis particulièrement heureux aujourd'hui de pouvoir traiter ce point, qui me tient à coeur comme à d'autres, je pense, dans cette assemblée. Contrairement à ce que le titre laisse entrevoir, il est question ici de la médiation administrative. C'est une histoire qui avait bien commencé, qui aurait pu mal finir, mais qui connaîtra, je l'espère, un dénouement heureux si vous suivez la majorité de la commission. En l'occurrence, il s'agit de la mise en oeuvre de l'article 115 de la constitution concernant la médiation administrative. Cette médiation, à l'image de ce qui se fait en matière civile ou pénale, permet un règlement extrajudiciaire des différends entre l'administration et les administrés. Elle permet également de rétablir la confiance - parfois mise à mal - des administrés envers l'administration et d'éviter de coûteuses procédures judiciaires en matière administrative. Mais je n'ai pas la prétention de paraphraser tous les buts énoncés dans la loi sur la médiation administrative que nous avons adoptée unanimement ici dans ce Grand Conseil, je le rappelle, et qui est entrée en vigueur en juin 2015 à la suite du PL 11276 du Conseil d'Etat.

Si nous revenons ici devant vous, c'est parce que nous avons été saisis du PL 11984 proposé par le Conseil d'Etat. En effet, depuis 2015, soit la date d'entrée en vigueur de la loi en question, cette dernière n'a pas été mise en oeuvre. Le médiateur administratif - respectivement la médiatrice - ainsi que son suppléant n'ont pas été élus et son équipe n'a pas été mise en place suite à ce que je résumerais, pour éviter de raviver de vieilles blessures, comme un désaccord sur l'interprétation de la loi que nous avons votée. Du point de vue de la majorité, le Conseil d'Etat a largement surestimé le coût de cette instance de médiation... (Brouhaha.) S'il vous plaît ! Monsieur le président, si vous pouviez appeler à un peu de silence, ce serait quand même plus agréable pour le rapporteur ! (Commentaires.) Du point de vue de la majorité, le Conseil d'Etat a donc surestimé le coût de cette instance en raison de l'interprétation qu'il faisait du texte que nous avons voté, une surestimation qui était aussi le fait d'une partie de la commission des finances. Face à cela, le Conseil d'Etat a proposé une fusion du préposé cantonal à la protection des données et à la transparence et du médiateur ou de la médiatrice administrative, ainsi qu'une fusion des lois. Nous avons alors interpellé deux professeurs lors des auditions, MM. Tanquerel et Hottelier, qui ont estimé que cette fusion était conforme à la constitution, mais suite à un certain nombre d'auditions de spécialistes du domaine de la médiation administrative - notamment la professeure Guy-Ecabert, de l'Université de Neuchâtel - la majorité de la commission a considéré que cette fusion était inopportune car il y avait très peu de liens entre la mission du préposé et celle du ou de la médiatrice, et elle n'a pas souhaité que la médiation administrative, jugée comme très importante, devienne en quelque sorte la cinquième roue du char du préposé. Bien sûr, cela n'enlève rien aux compétences que la commission reconnaît au préposé. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.)

Nous avons donc finalement gardé le coeur du projet de loi, c'est-à-dire une solution plus souple et allégée concernant ce bureau, avec des clarifications. En effet, la loi que nous avions votée en 2015 fixait un certain nombre de postes, mais cette organisation, qui visait à restreindre les dépenses, s'est avérée au final plus coûteuse...

Le président. Vous parlez désormais sur le temps de votre groupe, Monsieur le député.

M. Cyril Mizrahi. Oui, merci, Monsieur le président. ...nous avons donc biffé cette structure de postes pour laisser plus de souplesse. La loi que nous avions votée prévoyait également que le médiateur ait un statut analogue à celui des magistrats du pouvoir judiciaire; c'était probablement une formulation maladroite, que nous avons donc supprimée au profit du statut de la fonction publique.

Au final, nous avons gardé le coeur du projet, et il y aura deux structures si vous approuvez ce texte, celle du préposé cantonal à la protection des données et à la transparence et celle du bureau de médiation administrative, qui pourront bien entendu réaliser des synergies mais qui auront chacune leur existence propre. Le médiateur ou la médiatrice sera donc maintenu en tant que tel. En conclusion, je vous remercie de suivre le rapport de majorité et de bien vouloir entrer en matière sur ce projet de loi, et je reviendrai par la suite si nécessaire sur les amendements. Merci.

M. Edouard Cuendet (PLR), rapporteur de minorité. S'il y a un point que je partage avec le rapporteur de majorité - c'est exceptionnel, ça mérite donc d'être relevé ! - c'est qu'il aurait été dommage de finir cette législature sans traiter ce projet de loi qui passionne la population genevoise, on le voit, et qui constitue une priorité absolue, contrairement à la problématique de la répartition des tâches entre le canton et les communes... L'instance de médiation représentait vraiment une question de vie ou de mort pour notre république ! La commission législative a donc mis tout le poids qu'il fallait dans ce dossier. Elle a commencé par le projet de loi dont M. Mizrahi a parlé, ce qui nous a permis d'auditionner la terre entière - et je peux vous dire qu'à la commission législative, auditionner la terre entière est une notion réelle - et nous sommes arrivés à mettre sur pied une véritable usine à gaz, avec un statut de magistrat du pouvoir judiciaire pour le médiateur, tout cela pour un coût prohibitif. Le Conseil d'Etat, dans sa grande sagesse - et je salue l'intervention et le rôle que le président François Longchamp a joué dans ce dossier - a ensuite proposé une solution beaucoup plus souple, qui consistait à rattacher cette médiation administrative au préposé cantonal à la protection des données. Evidemment, les exégètes de la constitution présents en nombre dans la commission ont tout de suite crié au scandale et à la violation de la constitution, il y a eu tout un pataquès, si bien qu'on a dû convoquer sans délai les professeurs Tanquerel et Hottelier. Le professeur Hottelier a alors indiqué, je cite, que le projet paraissait «pleinement conforme à la constitution», ce qui a été confirmé par le professeur Tanquerel. Le principal argument des opposants au fait que cette tâche soit attribuée au préposé cantonal à la protection des données s'est donc effondré comme un soufflé. De son côté, le préposé cantonal à la protection des données a estimé qu'il était tout à fait en mesure de remplir cette fonction, pour un coût bien moindre que ce qui était prévu dans le projet initial.

Finalement, un souffle apaisant a traversé la commission législative en vue d'un projet plus consensuel, et après un débat d'une complexité byzantine, on est arrivé à un compromis qui paraissait acceptable et susceptible de réunir une majorité solide, avec un médiateur et son suppléant soumis au statut non plus de magistrat du pouvoir judiciaire, mais de la fonction publique, et dont on n'exige pas qu'ils aient un prix Nobel. On espérait donc pouvoir concrétiser cet accord. Le Conseil d'Etat, dans sa grande sagesse - et je salue une nouvelle fois le rôle du président François Longchamp dans ce dossier - a ensuite indiqué que le médiateur devait agir en toute bonne logique sur requête, ce qui a été confirmé par le juriste du département présidentiel, qui a expliqué que le médiateur était évidemment là pour régler un conflit et non pas pour effectuer un contrôle de plus. On a déjà la Cour des comptes, les contrôles internes, le service d'audit interne, etc., on ne va donc pas rajouter une couche de contrôle interne ! Il faut que le médiateur agisse sur la base d'une requête des administrés qui sont en difficulté avec l'administration, cela me paraît logique.

La cerise sur le gâteau dans ce dossier passionnant a été l'audition du médiateur cantonal vaudois au bureau cantonal de médiation administrative. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Je dois dire que ce qui est positif, c'est que ce médiateur vaudois n'agit que sur requête et qu'il est un employé de l'Etat; son adjoint est sociologue et possède une formation complémentaire en médiation. C'est un homme tout à fait sympathique, mais pas forcément un prix Nobel, comme l'exigeaient certains. Mais ce qui était très intéressant, c'est qu'il nous a donné son rapport, qui était absolument édifiant ! En effet, la commission législative ne s'occupe que de choses importantes et on nous a dit que cela allait régler tous les problèmes de l'Etat à un niveau stratosphérique...

Le président. Vous parlez sur le temps de votre groupe !

M. Edouard Cuendet. ...or quand le médiateur vaudois nous a expliqué les cas qui lui étaient soumis, on s'est aperçu que pratiquement la majorité concernait des litiges avec l'administration cantonale des impôts - il s'agit donc de gens qui n'ont pas payé leurs impôts - et le service des automobiles et de la navigation suite à des retraits de permis. Alors évidemment, ça fait un peu tomber le médiateur - et son rôle stratosphérique - de son piédestal ! On retombe dans la réalité du terrain, et il devient donc un assistant social. D'ailleurs, le médiateur vaudois nous a dit qu'il orientait les gens vers les services de désendettement responsables de ces questions et que, pour ce qui était des permis de conduire, il s'agissait de personnes qui étaient perdues et qui ne savaient pas comment gérer le fait de ne plus avoir de voiture. Voilà qui démystifie un peu la fonction ! Il est donc absolument nécessaire que ce médiateur n'agisse que sur requête à Genève afin qu'il ne soit pas envahi et que cette instance ne devienne pas un service du contentieux de l'administration fiscale cantonale ou du bureau des automobiles. C'est essentiel, et c'est la raison pour laquelle j'ai soumis dans mon rapport de minorité un amendement à l'article 11, alinéa 1, pour que le médiateur agisse sur requête. Je vous remercie.

M. Boris Calame (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, quel bel éloge de la part de M. Cuendet ! Ça doit être le premier de la législature pour le président du Conseil d'Etat ! J'aimerais rappeler que le projet initial était porté par M. Pierre Maudet, conseiller d'Etat PLR lui aussi. De quoi s'agit-il ? Nous traitons effectivement un projet de loi déposé par le Conseil d'Etat car il souhaitait modifier drastiquement la loi sur la médiation administrative qui ne lui convenait pas, projet qui vise à transférer les prérogatives de ce nouvel organe au bureau du préposé cantonal à la protection des données et à la transparence en modifiant la LIPAD. Pourtant, il faut se souvenir que la LMéd - la loi sur la médiation administrative - qui est en force depuis juin 2015 résulte d'un compromis voté à l'unanimité de notre Grand Conseil en avril 2015. Il a fallu dix-huit mois supplémentaires au Conseil d'Etat - en l'occurrence son président - pour formaliser sa brillante idée, soit garder à tout prix la main mise sur la médiation administrative. Mais pourquoi donc cette médiation administrative, comme la Cour des comptes, fait-elle tellement peur au Conseil d'Etat ? Nous pensons que l'obstruction du Conseil d'Etat n'est pas digne de notre canton et ne respecte pas la séparation des pouvoirs. Après plusieurs années de débats et de procédures politiques internes, il est temps de réaffirmer ici que notre parlement veut la réalisation rapide de ce bureau de médiation administrative conforme à notre constitution qui sera au service de la population et de l'administration. En effet, la médiation est un service gagnant pour toutes et tous. Elle permet de régler des problèmes, des conflits et des incompréhensions en amont de procédures juridiques destructrices et fort onéreuses pour les individus concernés comme pour les collectivités publiques. Il ne faut pas oublier que la justice a un coût bien plus élevé pour l'Etat que la médiation, qui traite des situations données en amont et le cas échéant sans qu'il y ait de procédure judiciaire.

Nous vous invitons donc, Mesdames et Messieurs les députés, à voter ce projet de loi tel que sorti de commission. Et pour ce qui est de l'amendement du rapporteur de minorité, sujet de peu d'importance qui n'avait pas été contesté lors du vote de 2015, les Verts s'abstiendront et vous appellent à la raison afin de ne pas l'utiliser comme prétexte au refus du projet de loi que la commission nous propose. Je vous rappelle enfin qu'en cas de refus de ce projet, c'est bien la loi actuellement en force qui restera valable, et elle devra cette fois être mise en oeuvre telle quelle par le nouveau Conseil d'Etat, au plus tard pour le 1er décembre 2018. Je vous remercie de votre attention.

M. André Pfeffer (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, ce projet de loi pose les questions suivantes: est-il justifié de créer un nouveau bureau avec tous les coûts et toutes les dépenses qui en découlent ou est-il possible de confier cette tâche à une structure existante ? Les auditions ont largement démontré que la création d'un nouveau bureau avec des dépenses estimées à au moins 750 000 F ne se justifiait pas. Du reste, lors de son audition - dont le compte rendu figure aux pages 7 et suivantes du rapport - le préposé cantonal à la protection des données a clairement déclaré qu'il était en mesure de reprendre et d'assumer cette nouvelle tâche, soit le rôle de médiateur administratif. De plus, ces deux tâches peuvent être assumées par la même personne: il n'existe aucune incompatibilité. Le professeur Hottelier l'a confirmé et a précisé que la reprise de la médiation administrative par le préposé à la protection des données n'était en rien contraire au cadre prévu dans la nouvelle constitution. Pour toutes ces raisons, le groupe UDC s'oppose à la création d'un nouveau bureau qui comprendrait un médiateur, un médiateur suppléant, un juriste et un préposé au secrétariat. Les besoins pour un tel bureau et surtout pour de telles dépenses ne sont pas démontrés. Le groupe UDC vous recommande donc de rejeter ce projet de loi. Merci.

Mme Jocelyne Haller (EAG). Mesdames et Messieurs les députés, glisser la loi sur la médiation administrative dans la LIPAD et tenter de nous faire croire que nous pourrions avoir deux lois pour le prix d'une, voilà ce que proposait à l'origine le PL 11984 du Conseil d'Etat. Cependant, l'argument ne convainc pas à divers titres. Tout d'abord, nous dénonçons le fait que la loi sur la médiation administrative - que nous avons votée ici même en avril 2015 et qui a été promulguée - n'ait toujours pas été mise en application et que l'on essaie de nous faire croire, au mépris du vote du parlement, que cela n'a aucune incidence. Après avoir lourdement coupé en 2013 dans le budget du préposé cantonal à la protection des données et à la transparence, voilà qu'on veut lui imposer une nouvelle tâche, ce qui n'est pas possible, parce que si le préposé a indiqué - mais il n'avait pas forcément la possibilité de dire autre chose - qu'il pourrait assumer cette tâche, il a bien précisé que ce ne serait pas sans moyens supplémentaires. En effet, sans ces moyens supplémentaires, on ne pourrait que compromettre les activités du préposé cantonal à la protection des données et à la transparence, de même que la médiation administrative. Du reste, cela infirme l'argument de la recherche d'économies invoqué pour justifier ce tour de passe-passe qui nous amène à ne pas respecter la volonté du législateur et à enfiler une loi dans une autre. Il ne faut pas être dupe: le PL 11984 n'est pas véritablement animé par une volonté de recherche d'économies; si c'était le cas, pourquoi ne pas le faire pour d'autres choses ? En réalité, il remet en question certaines dispositions qui existaient dans la loi sur la médiation administrative et qui par hasard ou par miracle disparaissent au moment où on insère cette loi dans la LIPAD.

J'aimerais également rappeler un autre point dont on a peu parlé jusqu'à maintenant, à savoir que, profitant de l'occasion, on place finalement la présidence de la commission consultative en matière de protection des données sous la présidence du préposé à la protection des données, qui doit lui-même rendre un rapport sur son activité à cette même commission, ce qui le met dans une position de juge et partie. Cela représente en outre un surcroît de charge et un cumul de compétences particulièrement de mauvais aloi.

En conséquence, par respect pour la procédure parlementaire et la volonté du législateur, pour ne pas prétériter l'action du préposé à la protection des données et à la transparence, pour pouvoir enfin avoir un bureau de médiation administrative - qui, je vous le rappelle, est destiné à favoriser les relations entre les administrés et l'administration - et pour que l'autosaisine puisse demeurer dans la loi, parce qu'elle est importante, nous vous invitons à accepter la loi amendée telle qu'elle ressort des travaux de la commission.

S'agissant de l'autosaisine, j'aimerais juste vous citer un exemple. Il y a quelques années, le service de l'allocation logement, au contraire de toute une série d'autres administrations, ne mettait pas son formulaire à disposition sur son site. Il fallait se rendre dans les bureaux de ce service pour obtenir ledit formulaire et, à un moment donné, une procédure administrative tout à fait indue s'est mise en place spontanément. En effet, pour pouvoir obtenir le formulaire, les personnes qui venaient le chercher devaient fournir tous les justificatifs censés accompagner la demande de prestation... (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) ...ce qui de fait pouvait constituer un refus d'allocation au logement sans qu'il y ait de décision, sans même que la personne ait pu formaliser sa demande. C'était un déni de droit inacceptable ! Or pour que les gens puissent savoir de quoi il s'agissait et éventuellement, dans le cas de l'existence d'un bureau de médiation administrative, solliciter ce dernier, il aurait fallu qu'ils connaissent ces éléments de droit et de procédure.

Le président. Il vous faut terminer, Madame la députée.

Mme Jocelyne Haller. Je termine ! Il faut donc que le préposé au bureau de médiation administrative puisse s'autosaisir afin de pouvoir protéger les administrés contre ce genre d'abus. Je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.)

M. Murat Julian Alder (PLR). Il est parfaitement exact qu'à l'origine, comme l'a relevé tout à l'heure le député Boris Calame, le projet de loi dans la teneur présentée par le Conseil d'Etat avait pour effet de fusionner le poste de médiateur administratif avec celui de préposé à la protection des données. La raison pour laquelle l'immense majorité de la commission, dans sa sagesse, a décidé de renoncer à ce modèle n'est pas que ce système est contraire à la constitution cantonale; c'est parce qu'il s'agit d'une solution absurde, insensée, qui vient du fait que le Conseil d'Etat a tout simplement été induit en erreur par la situation qui prévaut dans le canton de Vaud, où le préposé à la protection des données et le médiateur administratif partagent les mêmes locaux. Ils ont donc la même adresse, mais ce n'est pas une seule et même personne qui effectue les deux tâches. Cette situation purement géographique nous a donc en quelque sorte induits en erreur.

Maintenant, la seule question que nous devons trancher ici - puisque c'est l'objet de l'excellent rapport du tout aussi excellent rapporteur de minorité - consiste à savoir si ce médiateur administratif doit intervenir sur requête ou s'il peut s'autosaisir d'affaires dont il conviendrait de se saisir. Moi je connais très bien Edouard Cuendet, c'est un humaniste... (Commentaires.) ...et je suis sûr que ce qu'il a à coeur, c'est de veiller à ce que le futur médiateur administratif ne soit pas débordé de travail. Il aura bien assez à faire en agissant sur requête, de sorte qu'il ne s'impose pas de lui ajouter encore la faculté de se saisir de lui-même d'affaires dont on ne lui a pas demandé de se saisir. Pour l'ensemble de ces raisons, Mesdames et Messieurs, je vous invite à voter en faveur de l'amendement du rapporteur de minorité, et sinon à rejeter ce projet de loi ou à vous abstenir. Je vous remercie de votre attention.

M. Bertrand Buchs (PDC). Le parti démocrate-chrétien votera l'amendement proposé par M. Cuendet puis refusera la loi pour deux raisons. Premièrement, nous ne sommes pas d'accord que le médiateur soit soumis au statut des magistrats du pouvoir judiciaire, cela a été bien mis en évidence par M. Cuendet. Deuxièmement, pour revenir sur ce qu'a dit M. Alder, nous voulons vraiment que les actions soient menées suite à une requête et qu'il n'y ait pas d'autosaisine de la part du médiateur qui déciderait de lui-même où il veut intervenir dans l'administration. Les médiateurs administratifs agissent toujours sur requête: lorsque les gens ont des conflits avec l'administration, ils s'adressent au médiateur pour voir s'il trouve une solution à leurs problèmes. C'est simple ! C'est ainsi que ça doit être et pas autrement. Je vous remercie.

Mme Danièle Magnin (MCG). Moi je n'ai pas vraiment vu le côté humaniste du rapporteur de minorité... (Exclamations.) ...lorsqu'il a persiflé les qualités du médiateur et la formation nécessaire pour occuper un tel poste. On n'a pas non plus besoin d'avoir le prix Nobel pour être avocat ou banquier ! Je voudrais simplement vous rappeler que la médiation est un art difficile, qui ne peut être exercé qu'après une formation en bonne et due forme. Dans le cadre de ce projet de loi, nous avons eu la chance - que j'ai trouvée vraiment précieuse - d'entendre une professeure de l'Université de Neuchâtel, nous avons eu accès à des personnes de très grande valeur et elles nous ont exposé les choses d'une façon qui m'a personnellement convaincue, ainsi que le groupe MCG, qu'on ne pouvait pas infliger ou attribuer à la même personne le travail de la protection des données et celui de la médiation. Ce sont des choses diamétralement opposées ! En conséquence, nous voterons le projet de loi tel qu'il est sorti de commission et refuserons l'amendement du PLR. Merci.

M. Boris Calame (Ve). Je suis un peu surpris des propos que j'ai entendus de la part de M. Pfeffer de l'UDC, de M. Alder du PLR et de M. Buchs du PDC, qui annoncent qu'ils refuseront ce projet de loi. Je vous rappelle qu'il s'agit de modifications à une loi qui existe déjà aujourd'hui ! Si vous refusez le texte qui vous est soumis, ça signifie donc que vous acceptez le statu quo de 2015, et alors là j'ai de la peine à vous suivre ! Je pense que vous devriez réfléchir un peu soit à vos propos, soit à vos votes. Il est question ici de la LIPAD, avec certains éléments qui viennent se rajouter pour la modifier et qui corrigent accessoirement aussi la LMéd. Donc, je le répète, si vous refusez ce texte, ça veut dire que les modifications qui n'étaient décriées par personne au sein de la commission législative ne seront pas appliquées et que la LMéd - qui est en force depuis 2015, je vous le rappelle - devra être mise en oeuvre en l'état. Alors vérifiez peut-être vos contradictions ! Je vous remercie.

M. Cyril Mizrahi (S), rapporteur de majorité. J'aimerais corriger plusieurs éléments en complément aux propos de M. Calame, parce que je pense que certains n'ont pas vraiment bien lu le rapport, et je le dis en plein respect. En effet, l'UDC craint une dotation en personnel pléthorique, mais je vous rappelle que nous amendons justement l'article 4, alinéa 1, de la loi actuelle qui prévoit ces postes en ne les mentionnant plus et en disant que le bureau se compose d'un médiateur administratif titulaire, ainsi que du personnel nécessaire à son fonctionnement. C'est donc avec ce projet de loi que nous assouplissons la chose ! Par conséquent, si vous voulez garder des postes bétonnés, il vous faut effectivement le refuser. Mais si vous souhaitez en revanche une solution souple et légère, je vous encourage plutôt à le voter ! Même remarque pour le PDC: M. Buchs a parlé du statut de magistrat, je pense donc qu'il n'a pas bien écouté ce que j'ai indiqué tout à l'heure, puisque c'est un aspect que nous avons corrigé à l'article 9, alinéa 4, qui stipule désormais que le médiateur est soumis au statut de la fonction publique. C'est extrêmement clair ! Donc si vous voulez le statut de magistrat, votez non à ce projet de loi, et si vous voulez le statut de la fonction publique, votez oui !

Je précise encore une chose: ce sont évidemment des raisons d'opportunité et non de constitutionnalité qui poussent la majorité à dire qu'il faut deux fonctions séparées. En effet, la professeure Guy-Ecabert de l'Université de Neuchâtel, qui est une spécialiste reconnue en la matière, a conclu en indiquant - cela figure à la page 62 du rapport - qu'avec le projet de loi du Conseil d'Etat, donc le texte original avant qu'on le corrige, «on arrive à un système qui n'a pas de logique et pas de cohérence». Je cite ! «Elle ajoute que le résultat est une loi patchwork. Il n'y a pas d'interface entre les deux thématiques sur le plan matériel et des problèmes sur le plan formel.» Voilà pourquoi nous sommes arrivés à cette conclusion.

S'agissant enfin du nombre d'auditions, le rapporteur de minorité a dit qu'on avait entendu la terre entière. Eh bien si vous prenez la page 2 du rapport, vous verrez que nous avons procédé à cinq auditions; alors si c'est ça, la terre entière... (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.)

J'en viens à ma dernière remarque, Monsieur le président, et je conclurai par là pour ce débat d'entrée en matière: je regrette, même si on peut diverger sur le fond, qu'on insulte ici le médiateur cantonal vaudois. Cela fait une quinzaine d'années, je crois, voire une vingtaine d'années que les Vaudois ont un médiateur administratif, je pense donc que ce n'est pas exactement à nous de leur faire la leçon. Merci. (Quelques applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur. La parole est à M. Cuendet pour quarante-trois secondes.

M. Edouard Cuendet (PLR), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. J'aimerais juste dire que les précisions de M. Calame et du rapporteur de majorité n'auraient pas été nécessaires s'ils avaient fait preuve de la souplesse qui s'impose en la matière, parce que comme l'a très justement rappelé l'excellent Murat Julian Alder, la seule question qui se pose ici du point de vue du PLR et du rapporteur de minorité est celle de savoir si le médiateur peut s'autosaisir ou s'il agit sur requête. Du reste, si la majorité de la commission avait fait preuve d'un minimum de bon sens en maintenant l'accord qui était prévu et en acceptant cet amendement en commission, ce projet aurait peut-être même pu être traité durant la séance des extraits. Mais arc-boutée sur un dogme invraisemblable, elle a accordé l'autosaisine, ce qui crée ce pataquès.

Le président. Il vous faut terminer, Monsieur le député.

M. Edouard Cuendet. Concernant enfin le nombre de séances, je rappellerai juste à M. Mizrahi qu'il oublie tout le débat qu'on a mené sur le premier projet de loi, lequel a duré des mois et des années, comme il l'a relevé. Merci.

M. François Longchamp, président du Conseil d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat vous a proposé de modifier une loi qui n'est jamais entrée en application, et j'aimerais rappeler les raisons pour lesquelles elle ne l'a pas été. C'est à la suite d'une décision de votre même Conseil, celle de la commission des finances, qui a considéré à l'unanimité que les moyens supplémentaires demandés pour cette nouvelle activité étaient tellement exagérés qu'il fallait les considérer comme secondaires par rapport aux moyens demandés pour d'autres politiques publiques; je pense notamment à la politique publique de la formation, qui avait été favorisée cette année-là dans le cadre du budget en question. Voilà pourquoi le Conseil d'Etat - avant que cette loi entre en application et parce qu'il était bien incapable de la mettre en oeuvre, dans la mesure où il ne disposait d'aucune ligne budgétaire pour rémunérer le personnel que dans sa grande générosité le Grand Conseil voulait accorder mais sans en voter le budget afférent - vous avait proposé de modifier cette loi, qui était d'autant plus particulière qu'elle prévoyait la dotation de ce service jusque dans ses moindres détails. En effet, tous les membres du personnel et toutes les classifications salariales étaient prévus dans cette loi, au mépris d'ailleurs, je le relève, de la disposition constitutionnelle qui stipule que l'organisation de l'administration est de la compétence de l'exécutif. Dans le cas précis, on n'avait jamais vu dans une loi autant de détails: à l'exception peut-être de la marque du PC portable des futurs collaborateurs, tout le reste y était réglé. Nous avons par conséquent simplifié cette loi en considérant qu'il fallait avoir la sagesse de pouvoir financer les idées généreuses que nous avions: ce n'est pas parce que la constitution prévoit certaines dépenses que les règles budgétaires s'en trouvent amoindries ! Dans le cadre du budget voté pour 2018 - c'est-à-dire pour cette année - qui nous permettra, si vous votez cette loi, de la faire entrer non seulement en vigueur mais aussi en application, nous avons donc prévu une dépense plus mesurée, plus raisonnable, qui est finançable et financée.

La dernière question - et sur ce point je vous invite à rejoindre l'avis du rapporteur de minorité - est celle de savoir si le médiateur doit agir sur requête ou s'il peut s'autosaisir. Mesdames et Messieurs, pensez-vous raisonnablement qu'une médiation peut réussir si elle est ordonnée par quelqu'un à l'insu du plein gré et de la volonté des personnes qui en sont l'objet ? D'évidence non, c'est le bon sens qui devrait vous conduire à cette conclusion, je vous invite donc à accepter le projet de loi d'origine du Conseil d'Etat et à suivre la proposition exprimée par le rapporteur de minorité sur cette question.

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Nous passons maintenant au vote d'entrée en matière sur ce projet de loi.

Mis aux voix, le projet de loi 11984 est adopté en premier débat par 92 oui (unanimité des votants).

Deuxième débat

Mis aux voix, le titre et le préambule sont adoptés.

Le président. A l'article 68, nous sommes saisis d'un amendement technique de MM. Mizrahi et Alder visant à modifier l'alinéa 7. Le voici:

«Art. 68, al. 7 (nouveau)

Modification du ... (à compléter)

7 En dérogation à l'article 53, alinéa 1, la deuxième période de fonction du préposé cantonal et du préposé adjoint après l'entrée en vigueur de la loi 11036, du 20 septembre 2013, est prolongée jusqu'au 30 novembre 2023.»

Monsieur le président du Conseil d'Etat, vous avez la parole.

M. François Longchamp, président du Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, je vous invite à voter cet amendement qui est frappé au coin du bon sens, eu égard au temps qui a été nécessaire pour que cette loi passe devant vous. Il est en effet évident qu'on ne va pas organiser deux élections en l'espace de six mois !

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Nous allons nous prononcer sur cet amendement.

Mis aux voix, cet amendement est adopté par 91 oui (unanimité des votants).

Mis aux voix, l'art. 68, al. 7 (nouveau), ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'art. 1 (souligné) est adopté.

Le président. Nous passons à l'article 2 souligné, qui contient des modifications à la loi sur la médiation administrative dans le canton de Genève.

Mis aux voix, l'intitulé de la loi (nouvelle teneur) est adopté, de même que les art. 4, al. 1 (nouvelle teneur), à 9, al. 4 et 5 (nouvelle teneur).

Le président. Nous sommes maintenant saisis d'un amendement de la minorité qui figure à la page 137 du rapport. Je vous le lis:

«Art. 2 (souligné)

La loi sur la médiation administrative dans le canton de Genève, du 17 avril 2015 (B 1 40), est modifiée comme suit:

Art. 11, al. 1 (nouvelle teneur)

1 Le médiateur agit sur requête.»

Monsieur Mizrahi, vous avez la parole.

M. Cyril Mizrahi (S), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. J'aimerais quand même dire deux mots sur cet amendement. M. Cuendet, rapporteur de minorité, a rappelé à juste titre que c'était en réalité le seul élément qui restait litigieux à ce stade, mais selon moi il s'agit d'une question qui a son importance au vu des explications qui ont été données par Jocelyne Haller et qui sont de mon point de vue suffisantes pour que l'on maintienne cette institution de l'autosaisine. Il convient donc de voter contre l'amendement ! Je précise en outre que cette institution de l'autosaisine était souhaitée par la majorité de la commission mais également à l'origine par le Conseil d'Etat - je tiens à le rappeler - puisqu'elle figurait dans son projet de base, le PL 11276, qui a fait l'objet d'une approbation unanime par ce Grand Conseil. On s'écharpe donc maintenant quelque peu sur ce point qui est certes important, mais qui n'est pas non plus...

Le président. Cher Monsieur, ne parlez pas trop longuement, vous n'avez plus de temps de parole ! Je vous laisse quelques instants pour vous exprimer sur cet amendement, et je ferai de même pour M. Cuendet, mais soyez bref !

M. Cyril Mizrahi. Je n'ai plus de temps de parole ? On a pourtant normalement droit à un nouveau laps de temps au deuxième débat, Monsieur le président !

Le président. Mais ne soyez pas trop long, s'il vous plaît !

M. Cyril Mizrahi. D'accord, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, vous avez donc compris ma position. Pour terminer, je dirai que je regrette quand même un peu que le président du Conseil d'Etat ait été assez polémique au sujet des circonstances qui ont mené à ce projet de loi. J'avais pour ma part évité de l'être. Je tiens cependant à préciser ici qu'on peut se cacher derrière la commission des finances, mais qu'en définitive le Conseil d'Etat n'a jamais proposé de ligne budgétaire. Il a de plus exagéré - et on peut discuter de la question de savoir s'il l'a fait délibérément ou non - en comptant un poste plein pour le médiateur administratif suppléant en classe 32, alors qu'il ressortait clairement des travaux de la commission que ce n'était pas ce qui était souhaité. Et s'agissant des postes qui figuraient dans la loi de 2015 - ce qui constituait effectivement une absurdité - j'aimerais rappeler que c'est le PLR en commission qui a voulu mettre...

Le président. Vous sortez du cadre de l'amendement, Monsieur le député !

M. Cyril Mizrahi. Je termine, Monsieur le président !

Le président. Je n'ai pas la même notion que vous du terme «bref». Vous vous éloignez carrément de ce que je vous ai demandé. Il vous faut conclure !

M. Cyril Mizrahi. Monsieur le président, je tiens compte de votre volonté, mais je souhaitais quand même remettre ce point en perspective, parce que ce n'est pas moi ni d'autres qui ont voulu mettre ces postes dans la loi. Voilà, Monsieur le président, je ne serai pas plus long.

Le président. Merci, Monsieur. Monsieur Cuendet, rapidement, s'il vous plaît !

M. Edouard Cuendet (PLR), rapporteur de minorité. Oui, merci, Monsieur le président. Je regrette que M. Mizrahi relance la polémique, qu'il a d'ailleurs attisée plus ou moins pendant tous les débats. Il se trouve qu'on était prêt, justement suite à une médiation intense, à se mettre d'accord sur ce projet de loi et que le rapporteur de majorité n'a pas hésité à prendre le risque de tout faire capoter en refusant cet amendement qu'il juge mineur, mais qui est évidemment très important, parce qu'autrement ce pauvre médiateur ou cette pauvre médiatrice va être totalement débordé. Et je rappelle que le médiateur dans le canton de Vaud, pour qui j'ai le plus grand respect... A ce propos, Monsieur le président, vous transmettrez à Mme Magnin que moi non plus je n'ai pas de prix Nobel, ni personne dans la salle, je crois ! C'était une façon de dire que lors des débats certains voulaient que le médiateur administratif... (Remarque.) Vous n'en avez pas non plus, Monsieur Dandrès, malgré tout le respect que j'ai pour vous ! (Commentaires.) Mais ça risque d'arriver un jour ! En matière de droit du bail, peut-être ! Le fait est qu'en commission, il faut le rappeler, certains souhaitaient que le médiateur ou la médiatrice soit bardé de tous les diplômes du monde, assermenté, etc.

Le président. Merci, Monsieur !

M. Edouard Cuendet. Il convenait donc de revenir à la raison: s'il s'agit de gérer des questions de permis de conduire et de déclaration fiscale, il n'est pas forcément nécessaire d'avoir un bac +50.

Le président. Merci, Monsieur le député. Nous allons enfin pouvoir voter sur cet amendement à l'article 11, alinéa 1.

Mis aux voix, cet amendement est adopté par 42 oui contre 38 non et 10 abstentions.

Mis aux voix, l'art. 11, al. 1 (nouvelle teneur), ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'art. 21 (abrogé) est adopté.

Le président. Nous sommes à présent saisis d'un amendement de la commission, que vous trouvez à la page 93 du rapport, visant à ajouter à l'article 2 souligné un alinéa 2 concernant la loi portant règlement du Grand Conseil de la République et canton de Genève. Le voici:

«Art. 2 (souligné), al. 2 (nouveau)

2 La loi portant règlement du Grand Conseil de la République et canton de Genève, du 13 septembre 1985 (B 1 01), est modifiée comme suit:

Art. 107A, al. 5, lettre c (nouvelle teneur)

c) à l'échéance du délai d'inscription, le bureau vérifie que les candidatures répondent aux conditions d'éligibilité et de compatibilité prévues aux articles 6 et 7 de la loi sur la médiation administrative, du 17 avril 2015. Si les conditions ne sont pas remplies, le bureau déclare la candidature irrecevable;»

Mis aux voix, cet amendement (nouvel al. 2 de l'art. 2 souligné) est adopté par 92 oui (unanimité des votants).

Mis aux voix, l'art. 2 (souligné) est adopté, de même que l'art. 3 (souligné).

Troisième débat

Mise aux voix, la loi 11984 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 92 oui (unanimité des votants).

Loi 11984

PL 12002-A
Rapport de la commission des affaires communales, régionales et internationales chargée d'étudier le projet de loi de MM. Patrick Lussi, Stéphane Florey, Bernhard Riedweg, Michel Baud, André Pfeffer, Norbert Maendly modifiant la loi d'application de la loi fédérale sur l'asile (LaLAsi) (F 2 15) (Respect du principe de la légalité et de l'égalité de traitement entre les communes)
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session III des 11 et 12 mai 2017.
Rapport de majorité de Mme Simone de Montmollin (PLR)
Rapport de minorité de M. Bernhard Riedweg (UDC)

Premier débat

Le président. Mesdames et Messieurs, nous allons aborder le dernier objet de notre législature.

Des voix. Oh !

Le président. Nous sommes en catégorie II, quarante minutes, pour traiter le PL 12002-A qui repasse pour la dixième fois devant notre Grand Conseil ! Le rapport de majorité est de Mme de Montmollin; pour la minorité, dernier feu d'artifice de M. Bernhard Riedweg, rapporteur ! (Rire.) Madame de Montmollin, c'est à vous.

Mme Simone de Montmollin (PLR), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Chers collègues, le PL 12002 date d'octobre 2016. Il souhaite introduire un principe d'exemption qui permettrait aux communes de renoncer à l'accueil de requérants d'asile sur leur territoire - et ce même si des possibilités existent - moyennant une compensation financière. Il prévoit également que les modalités seraient définies par voie réglementaire.

Cet objet trouve son origine en 2016, année de forte pression migratoire durant laquelle plusieurs mairies ont soutenu des projets d'intégration de l'Hospice général en lui versant différentes sommes d'argent sur une base volontaire. Les auteurs de ce texte estimaient, eux, que ces contributions financières pouvaient être considérées comme une compensation afin de se soustraire à l'obligation d'accueillir des requérants d'asile, lesdites communes n'ayant pas de centre d'accueil sur leur territoire. Or, les travaux de la commission, qui se sont déroulés tout à fait normalement, avec de nombreuses auditions, ont permis de clarifier le contexte de ces versements et de conclure qu'il n'y avait absolument aucune contrepartie ni volonté des municipalités concernées de se soustraire à l'accueil de requérants. Les règles en matière d'accueil sont en effet extrêmement claires, extrêmement strictes, et leur mise en oeuvre scrupuleusement respectée par l'Hospice général qui est chargé de la coordination en matière d'asile. En 2015, une task force a d'ailleurs été constituée afin de faciliter cette mise en oeuvre. Il ressort donc que le seul critère -  à l'exclusion de tout autre - est celui de la disponibilité de terrains ou de bâtiments sur le territoire. Sur les quinze terrains identifiés, cinq ont été retenus pour une analyse fouillée et des demandes d'autorisation de construire ont été déposées. Sur les cinq communes concernées, trois ont fait opposition, ce qui a considérablement retardé les travaux.

S'agissant des versements effectués par différentes mairies, ils ont été faits de manière tout à fait volontaire, ponctuelle et sans contrepartie, afin d'apporter un complément aux budgets cantonaux et de répartir ainsi l'effort d'intégration. Les besoins en matière de prestations d'aide aux migrants sont en effet importants et fluctuants; c'est dans ce cadre que certaines communes ont apporté une contribution financière afin de soulager les budgets et d'améliorer ces conditions d'intégration.

En conclusion, il n'y a pas eu d'arrangement occulte, il n'y a donc pas lieu de légiférer. La majorité estime que l'introduction d'un principe d'exemption permettant aux municipalités de ne pas accepter de structures d'accueil sur leur territoire moyennant une compensation financière créerait un clivage entre communes aisées et communes moins riches, ce qui est tout à fait contraire au principe d'égalité de traitement que ce projet de loi souhaite par ailleurs faire respecter. C'est la raison pour laquelle la majorité n'est pas entrée en matière. En revanche, cette même majorité est convaincue que l'effort d'intégration doit pouvoir être réparti judicieusement entre toutes les communes et que les réflexions initiées dans ce sens depuis la création de cette task force doivent être poursuivies entre les différents partenaires cantonaux et communaux. Vous aurez donc compris que la majorité refuse l'entrée en matière et que nous vous encourageons à faire de même. Je vous remercie.

M. Bernhard Riedweg (UDC), rapporteur de minorité. L'objectif de ce projet de loi présenté par l'Union démocratique du centre est de déterminer si les principes de la légalité et de l'égalité de traitement entre les communes sont respectés et de codifier la pratique dans le cadre de l'accueil des requérants d'asile, des migrants et des réfugiés. En 2017, plus aucun requérant d'asile ne devait dormir dans un abri de la protection civile car cela est inadapté pour des séjours de longue durée. Or, faute de places dans les hébergements en surface, 300 migrants logeaient dans cinq structures souterraines il y a encore peu de temps. Suite à des oppositions d'habitants aux projets de foyers pour requérants, la fermeture des abris de la protection civile dans les municipalités est reportée de deux ans. Dans plusieurs communes, des voisins de futures constructions ont lancé des pétitions et les Conseils municipaux ont rédigé des résolutions avec des préavis défavorables. Aujourd'hui, six projets de foyers sont en phase de réalisation à Thônex, Genève, Onex et Lancy entre autres, pour un total de 1500 nouvelles places. Ce sont des constructions modulaires qui seront installées pour une période de dix ans.

Récemment, le Grand Conseil a autorisé le canton à réquisitionner des bâtiments et des terrains «en cas de situation d'urgence en matière d'asile, si aucune autre possibilité d'hébergement n'est disponible immédiatement ou à court terme», mais seuls des objets appartenant à des collectivités sont concernés. L'Hospice général héberge de plus en plus de personnes à l'hôtel, certains y restent parfois des années à prix d'or: ils sont logés à l'hôtel pour 4340 F par mois, soit 140 F par jour pour une famille composée d'un père et de ses enfants. En 2015, la durée moyenne de séjour à l'hôtel était de dix-neuf mois, et 25% des personnes qui y étaient logées y vivaient depuis plus de deux ans. Environ 600 personnes étaient logées à l'hôtel en 2015. Cette solution a bénéficié à 1400 personnes; leur nombre a doublé en dix ans. Toujours en 2015, la facture d'hôtel de l'Hospice général s'élevait à 15,5 millions de francs. Vingt-sept hôtels ont signé une convention sur le prix par nuit des chambres pour des personnes à l'aide sociale, soit 80 F pour un occupant; pour cinq personnes, l'Hospice général paie 195 F en moyenne. Au vu de ce qui précède, la minorité de la commission vous demande d'accepter le projet de loi qui nous est soumis. Merci, Monsieur le président. (Un instant s'écoule.) Monsieur le président, j'ai terminé. (Un instant s'écoule.) Monsieur le président, j'ai terminé.

Le président. Merci, Monsieur, j'essaie d'arrêter le chronomètre ! Monsieur Velasco, une petite seconde pour que le chronométreur soit prêt et qu'on ne vous mange pas des secondes. (Un instant s'écoule.) Allez-y, Monsieur Velasco.

M. Alberto Velasco (S). Merci, Monsieur le président. Tout d'abord, nous sommes totalement en accord avec le rapport de majorité et, évidemment, nous le soutenons.

Je suis étonné des chiffres que notre collègue vient de nous donner; je n'en comprends pas la raison. Que voulez-vous ? Qu'on gaze ces personnes ? Elles sont sur notre territoire et il faut s'en occuper, Monsieur ! Et quand il n'y a pas de logements, il y a les hôtels. C'est regrettable, mais il se trouve qu'il n'y a pas de logements. Et vous remettez cela en question ! Vous parlez du principe d'égalité, mais à l'UDC, le principe d'égalité est à géométrie variable ! Vous voulez que l'on consulte les communes d'abord, n'est-ce pas. Mais on est en république, Monsieur ! Et la république, c'est ça: le Grand Conseil légifère pour la république et s'il a décidé que chaque commune devait apporter sa contribution à l'accueil des réfugiés, eh bien, les communes doivent respecter la loi républicaine, Monsieur ! Ce n'est pas parce qu'une mairie a plus de pognon qu'une autre...

Le président. Adressez-vous à moi, s'il vous plaît, c'est mieux. Merci.

M. Alberto Velasco. Il m'a regardé, Monsieur le président, c'est pour ça ! (Rires. Commentaires.) Il était en face de moi donc je ne pouvais pas... J'étais séduit ! J'étais séduit par son regard !

Le président. Mais moi aussi, je vous regarde, cher Monsieur ! Je vous regarde ! (Le président rit.)

Des voix. Oh ! (Commentaires.)

M. Alberto Velasco. Je reprends, Monsieur le président, pour dire que le principe d'égalité veut que quand une loi républicaine impose une répartition dans les communes, celles-ci doivent effectivement l'accepter en toute égalité. Ce n'est pas parce qu'une mairie a plus d'argent qu'une autre qu'elle pourrait, comment dire, acheter la liberté de ne pas recevoir ces intrus ! Comme vous le dites dans le quatrième paragraphe de votre rapport, cher collègue: «Dans le cadre du dispositif d'accueil pour les requérants d'asile ou les migrants, il pourrait être envisagé une éventuelle contribution financière communale en lieu et place d'une mise à disposition par la commune d'un terrain ou d'un emplacement adéquat.» Et puis pour les communes qui «doivent supporter des centaines de prétendus réfugiés dans leur entourage», «les voisins craignent des nuisances et le trafic de drogue». Vous considérez là que tous les réfugiés sont des trafiquants de drogue et des importuns, quoi ! Il n'y a pas de subtilité ! Mais c'est une population qui a les mêmes problèmes que la population suisse, Monsieur; il y a aussi des drogués suisses et il faut s'en occuper.

Concernant la drogue, Monsieur le président, parlons-en ! Pourquoi est-ce que certains de ces réfugiés s'adonnent à la drogue ? Parce qu'on leur interdit de travailler. On leur interdit de travailler et on ne leur donne que quelques francs par jour ! Dans une société de consommation où des articles incroyables, disons, abondent dans toutes les vitrines ! Eh bien, oui, ces gens-là se disent: «Et pourquoi pas nous ?» Et ils s'adonnent au trafic, ce qui est effectivement inadmissible, mais c'est la seule activité qu'on leur permet. C'est malheureusement la seule activité qu'on leur permet ! Parce que si on leur permettait une autre activité, si on leur permettait de suivre une formation - comme en Allemagne, où on a mené des expériences - il n'y aurait pas de problème, Monsieur !

Ce n'est donc pas ça, le problème, Monsieur et cher collègue; le problème, c'est qu'il faut que les communes se répartissent justement l'accueil de ces êtres humains - je ne les appellerai pas «réfugiés» mais «êtres humains» - nos homologues, qui ont traversé une mer ou dont les enfants sont morts pour pouvoir venir jusqu'en Suisse. Après toutes ces souffrances, vous voulez quoi de plus ? Vous voulez qu'on les stigmatise ? Vous voulez qu'on se plaigne de dépenser encore de l'argent pour eux ? Ce sont nos homologues, Monsieur ! Ils ont une couleur de peau différente mais ce sont nos homologues ! Je remercie donc infiniment la rapporteure de majorité, et vous enjoins, chers collègues, de refuser ce projet de loi qui va contre la légalité républicaine. Merci. (Quelques applaudissements.)

M. François Lance (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, le but de ce projet de loi est de permettre à des communes de payer une taxe d'exemption afin d'éviter d'accueillir sur leur territoire des logements pour requérants d'asile et, selon les dires de ses auteurs, d'assurer une égalité de traitement entre municipalités. Comme cela a été dit, l'accueil des requérants d'asile est une compétence cantonale et l'Etat s'appuie sur les mairies pour mettre en oeuvre cette politique d'accueil. A ce sujet, le président de l'ACG a rappelé en commission le principe de l'autonomie communale et insiste sur le fait qu'un dialogue entre les mairies et l'Hospice général est central pour trouver des solutions. D'autre part, les disponibilités de terrains ou de bâtiments sont très diverses dans les communes; il existe de facto une disparité. Les mesures d'intégration sont déterminantes pour assurer un accueil adéquat et la collaboration étroite entre l'Hospice général et les municipalités est importante - Vernier et Anières sont citées en exemple.

Le projet de loi risquerait d'augmenter le fossé entre les communes riches et les communes pauvres, et donnerait par ailleurs des prérogatives décisionnelles aux mairies dans un domaine où seul le canton est compétent. Les municipalités doivent partager les efforts, et des réflexions sont en cours. Dans cette optique, l'Hospice général a pris l'initiative de proposer à certaines mairies de participer à l'effort d'intégration; il ne s'agit en aucun cas d'un mécanisme d'exemption mais d'un effort ponctuel supplémentaire et volontaire. Rappelons que de nombreuses communes n'ont pas de terrains cantonaux sur leur territoire alors que, comme cela a été dit, le seul critère qui existe pour la répartition des requérants d'asile est celui de la disponibilité de places d'accueil. Le risque de ce projet de loi est qu'il permettrait aux communes de renoncer à l'accueil de requérants d'asile sur leur territoire quand bien même les possibilités existeraient. Pour toutes ces raisons, le groupe démocrate-chrétien s'opposera à ce projet de loi et vous invite à en faire de même.

M. Yves de Matteis (Ve). Le coeur de ce projet de loi consiste à donner aux communes la possibilité de se soustraire au devoir de solidarité en s'abstenant d'accueillir sur leur sol des centres d'hébergement de requérants d'asile, pourvu qu'elles soient suffisamment riches pour se permettre de payer une taxe supplémentaire. C'est ici déjà que le bât blesse: l'ensemble de nos institutions, de nos assurances sociales et de l'aide attribuée aux plus vulnérables sont basées sur le principe de solidarité. Le premier alinéa du premier article du titre I de notre constitution genevoise, approuvée par une majorité du peuple, le dit aussi, je cite: «La République de Genève est un Etat de droit démocratique fondé sur la liberté, la justice, la responsabilité et la solidarité.» Le préambule de la Constitution suisse l'affirme également: les premiers mots de son préambule disent que le peuple et les cantons suisses sont, je cite, «résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la solidarité, la démocratie, l'indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d'ouverture au monde». En demandant que certaines municipalités puissent simplement se dispenser d'accueillir des réfugiés en payant suffisamment cher, cet objet bafoue, foule aux pieds, méprise et renie ces valeurs intangibles que sont la solidarité et l'ouverture au monde, qui figurent aussi parmi les principales valeurs de nos constitutions suisse et genevoise. En deux mots, ce projet de loi foule aux pieds l'esprit de Genève.

Mais ce texte pose aussi un autre problème en permettant à certaines communes riches d'échapper à leur devoir et en obligeant d'autres mairies moins fortunées à le remplir. Il instaurerait une inégalité de traitement qu'il semble très difficile de cautionner. Cette solidarité doit donc être maintenue, et je ne suis pas le seul à le penser: en plus de la grande majorité des membres de la commission, qui ont refusé l'entrée en matière, même les municipalités les plus fortunées sont également de cet avis. Je citerai en exemple ma commune d'origine, qui est aussi la commune d'origine de ma famille, Anières...

Une voix. Ah ! (Remarque.)

M. Yves de Matteis. ...qui, tout en étant l'une des plus riches de Genève, voire de Suisse, héberge depuis très longtemps un centre de requérants d'asile accueillant actuellement 300 personnes en moyenne sur une population totale de 2532 habitants. Les réfugiés composent donc 12% de la population d'Anières, ce qui représente plus d'une personne sur dix. Cette commune est un exemple - j'en profite pour saluer son maire qui est présent parmi nous - et nous ferions bien de nous inspirer de cet exemple plutôt que de semer la division et la haine de l'autre par le biais de tels projets de lois. Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)

M. Raymond Wicky (PLR). Mesdames et Messieurs, chers collègues, «un pour tous, tous pour un» ! Telle est la devise de notre pays ! Je suis en définitive un petit peu étonné que nos amis de l'UDC ne l'intègrent pas dans la démarche. «Un pour tous, tous pour un» signifie qu'on est là pour s'entraider, qu'on est là pour s'appuyer et qu'on est là également pour échanger et, d'une certaine manière, rendre autant que possible toutes les opérations bénéfiques. Au vu de ce qui précède, il n'est pas question pour le groupe PLR de soutenir une démarche telle que celle qui se trouve cristallisée dans ce projet de loi, qui permet en définitive, comme le disait bien un préopinant longtemps avant moi, de simplement délier bourse pour être totalement dégagé de certaines obligations. Il est clair que le système en place à la Confédération détermine les clés de répartition, et les cantons doivent ensuite mettre à exécution l'accueil de ces personnes qui sont dans des situations précaires. Il est de ce fait normal qu'à Genève nous soyons tous solidaires ! D'autant plus - d'autant plus - que la configuration de notre territoire fait que les terrains disponibles ne sont pas pléthoriques d'une part ni extensibles d'autre part. Malgré l'étalage de chiffres, et j'ai bien reconnu M. Riedweg à cet étalage, ces chiffres n'ont en définitive - pardon, cher collègue - pas grand-chose à voir avec le projet de loi, qui demande d'exonérer certaines communes sur la base du paiement d'un émolument. Forts de ces différentes considérations, nous ne pourrons pas entrer en matière sur ce projet de loi. Merci de votre attention.

Le président. Merci, Monsieur. J'ai le plaisir de saluer à la tribune notre ancien collègue M. Guillaume Sauty. (Applaudissements.) La parole est à M. Girardet.

M. Jean-François Girardet (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, ce projet de loi - on l'a dit - vise à ce que les communes puissent se soustraire à leur devoir d'accueil des requérants en payant une redevance ou une taxe d'exemption. Mais le MCG souhaite que ce soit le Conseil d'Etat qui s'occupe de la question. Celui-ci a déjà constitué une task force pour faire le travail de répartition de ces requérants dans les communes, et celles-ci sont régulièrement consultées. Avec cette consultation, le gouvernement a pu trouver des solutions pour accueillir les réfugiés qui nous sont imposés par la Confédération. Le MCG souhaite que le Conseil d'Etat continue dans cette optique de partager sa préoccupation pour que les requérants soient accueillis dans les meilleures conditions. Il l'a fait notamment à Meyrin, où il était prévu que la commune accueille des requérants célibataires - notamment des jeunes - dans des conditions difficiles: il s'agissait d'ouvrir un abri de la protection civile. Il y a eu une pétition, contre cet accueil et contre les conditions de cet accueil. Le conseiller d'Etat en a tenu compte puisqu'il a aujourd'hui renoncé à accueillir ces requérants dans cet abri de Bellavista. Nous faisons donc confiance au magistrat chargé de cette question pour qu'il fasse preuve de bon sens, bon sens qui a prévalu jusqu'à présent. Nous renoncerons à prendre parti pour ou contre ce projet de loi et nous nous abstiendrons. Je vous remercie.

M. Patrick Lussi (UDC). C'est extraordinaire d'entendre «un pour tous, tous pour un»; rien pour nous, tout pour les autres ! On pourrait aussi le dire comme cela. Mesdames et Messieurs les députés, ce projet de loi provient simplement d'une différence que vous niez: celle qu'il y a entre les belles théories qu'on entend ici et la réalité du terrain - les gens venaient, dans les communes, et des pétitions sont parties ! Alors que s'est-il passé ? Pourquoi ce projet de loi ? Je sais, c'est toujours facile de taper sur l'UDC avec, comment dirais-je, cette aura que nous avons en disant: allez, il faut absolument massacrer tout le monde ! Mesdames et Messieurs les députés, quand vous regardez les chiffres de l'Hospice général - et le conseiller d'Etat Mauro Poggia n'est pas en cause - à l'époque du dépôt de ce texte, quelques communes... C'est marrant, on a parlé de la laïcité hier soir, eh bien, ce n'était pas la bonne approche: on aurait dû parler d'allégeance, ça aurait fait plus plaisir à M. Lance. Parce qu'il y a eu des actes d'allégeance qui se sont exprimés par des versements: 45 000 F par Genthod, 48 000 F par Cologny, 120 000 F par Collonge-Bellerive, 90 000 F par Vandoeuvres. Je ne dirais pas que cela s'est fait en catimini, mais ça s'est quand même fait discrètement. Il a même été proposé d'avoir un médiateur.

Mesdames et Messieurs, le but de ce projet de loi est simplement de demander au Conseil d'Etat d'établir un règlement pour rendre cette pratique un peu cohérente. Contrairement à vos belles paroles, ce n'est pas uniquement pour que les mairies riches puissent être dispensées en payant une certaine somme, mais pour que toutes les communes soient traitées équitablement sur l'intégralité du territoire de la République et canton de Genève. Mesdames et Messieurs les députés, nous vous entendons et je pense que d'autres personnes vous entendent aussi - surtout celles qui signent les pétitions, qui font des rassemblements; nous comprenons que pour des motifs théoriques, pour des motifs autres, on oublie ce qui se passe sur le terrain. On oublie simplement que - on l'a quand même dit - tout le monde ne peut pas aller partout; un effort doit être fait et des communes sont contraintes d'en avoir pour des questions de terrain disponible. Le but était d'avoir un règlement du Conseil d'Etat, pas un règlement de l'UDC, pour niveler un peu tout cela. Mais nous entendons tout ce qui se dit; ce n'est pas bien grave puisque la majorité pléthorique va dire le contraire et, mon Dieu, on sait que la majorité a toujours raison. Surtout quand elle a tort ! Merci.

M. François Longchamp, président du Conseil d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat vous invite à refuser ce projet de loi. Il vous invite à le refuser parce que nous devons garder comme seul critère d'attribution des requérants la disponibilité des terrains; on ne peut pas aborder ces règles-là sous l'angle de l'urbanisme.

Deuxièmement, Monsieur Riedweg, introduire les principes que propose votre projet de loi finirait par avoir exactement l'effet inverse, celui que l'on constate d'ailleurs en France avec les obligations financières liées aux logements sociaux: on finit par payer pour ne pas en avoir, et de la même manière, les communes qui en auraient les moyens finiraient par payer pour ne pas accueillir de requérants.

Enfin, Monsieur Lussi, un point doit être souligné quant à l'exemple que vous avez cité, celui des contributions volontaires des mairies: elles se font précisément sur une base volontaire, à la demande de l'Hospice général. Une demande dont on pourrait d'ailleurs ironiser qu'elle fleure bon les dames patronnesses du XIXe siècle plutôt qu'une politique moderne d'intégration du XXIe - mais les communes sont autonomes et libres de faire des dons à l'Hospice général si elles le souhaitent. On ne peut pas, de ce don, inférer une exemption de l'obligation d'accueillir des requérants d'asile sur leur sol, raison pour laquelle nous vous invitons à refuser ce projet de loi.

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à vous prononcer sur l'entrée en matière.

Mis aux voix, le projet de loi 12002 est rejeté en premier débat par 63 non contre 9 oui et 15 abstentions.

M 2375
Proposition de motion de MM. Eric Stauffer, Bernhard Riedweg : La géothermie profonde et Genève, l'avenir c'est maintenant !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 6, 7 et 24 avril 2017.

La proposition de motion 2375 est retirée par ses auteurs.

Le président. Nous allons faire une petite pause, Mesdames et Messieurs, et nous reprendrons à 18h !

La séance est levée à 17h40.