République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1733-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : En application de l'article 11 de la constitution de la République et canton de Genève

Débat

M. Pascal Spuhler (MCG). Comme je viens de vous le dire, le réseau tentaculaire des trafiquants de drogue s'étend gentiment sur Genève, et la réponse que l'on nous apporte sur cette pétition n'en est pas une, si ce n'est qu'encore une fois on nous cite les différentes interventions de la police, interventions standards dans le travail qu'elle doit effectuer tout au long de l'année. Nous n'avons pas de résultats, nous l'avons vu, nous le voyons tous les jours, or la population a besoin d'être rassurée, de voir la police sur le terrain ainsi que des opérations qui soient efficaces et non pas qui repoussent les dealers d'un quartier à un autre, ce qui leur permet ensuite de revenir aux mêmes points quand la police a fini de travailler. Nous demandons donc également le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur cette pétition.

Mme Christina Meissner (UDC). Je vous remercie de laisser la parole au duo Spuhler-Meissner sur ces deux rapports ! (Commentaires.) Celui dont il est question maintenant émane d'habitants qui se plaignent d'un trafic de drogue jour et nuit. Le problème ne se situe pas aux mêmes endroits que dans la pétition précédente, c'est-à-dire aux Pâquis et autour de Cornavin, mais dans un autre lieu de Genève. C'est dire à quel point le problème attaque tout notre milieu urbain. Et là aussi la réponse du Conseil d'Etat consiste à dire qu'il a sensibilisé les agents de police municipaux et qu'il entend poursuivre son action. Nous voilà rassurés ! Mais où est la réponse ? Nous voulons une réponse circonstanciée sur ce qui aura été véritablement fait pour assainir la situation et nous remercions le nouveau conseiller d'Etat chargé de la sécurité de nous la fournir. Nous souhaitons donc, comme M. Spuhler l'a dit, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport.

M. Roberto Broggini (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, je crois que le problème de la consommation de stupéfiants et de différentes drogues n'est pas qu'un problème de police, et ce n'est pas en traitant uniquement avec la police que l'on va le résoudre. Nous avons lu il y a une année - enfin, ceux qui s'y intéressent - le rapport de la commission de l'ONU dirigée par M. Kofi Annan, qui indique que la politique de la drogue est une catastrophe depuis que la SDN a signé en 1919 à Genève cette politique sur la drogue. Et s'agissant de l'application qui en a été faite ensuite au fur et à mesure par les différents pays, notamment par la Suisse en 1955, sauf erreur, avec la loi sur les stupéfiants, nous voyons que cette politique répressive est une catastrophe, et les chefs d'Etat d'Amérique latine dénoncent cette politique de manière ardue parce que ça leur coûte des milliers en argent ainsi que des milliers de morts. Je crois donc qu'une autre politique doit être mise sur pied, car si l'on continue comme ça nous n'arriverons à rien, si ce n'est à faire de la répression et à remplir nos prisons. Je ne pense pas que ce soit la bonne solution, et d'autres pistes doivent être cherchées et ouvertes.

Voilà, Monsieur le président, ce que je tenais à relever. Du reste, je ne suis pas le seul à le dire, et si l'ONU le dit, si les chefs d'Amérique latine qui vivent tout cela tous les jours le disent également, eh bien je crois que je ne suis pas complètement isolé.

M. Renaud Gautier (L). Monsieur le président, Mesdames, Messieurs, ce lieu ô combien noble permet aux uns et aux autres d'avoir des attitudes déclamatoires: «La police ne fait pas ceci, la police fait trop ou pas assez de cela, le Conseil d'Etat est un club de manches qui ne fait rien, etc.» Le problème, c'est qu'il faut aussi un peu regarder qui dit quoi ! Parce que Mme la députée Meissner, qui vient dire que la police ne fait pas ce qu'il faut... (Remarque de Mme Christina Meissner.) ...fait partie de celles et ceux qui mettent en place discrètement des sortes de milices privées pour faire la police dans leur commune. Alors on ne peut pas d'un côté dire dans ce parlement qu'il faudrait que la police fasse ceci ou cela, et d'un autre côté envoyer des «tout-ménage» dans sa commune avec comme message: «Mesdames et Messieurs, aux armes, faisons la justice nous-mêmes !» Un doigt de cohérence, comme dirait le député Antoine Barde qui n'est pas là, de temps à autre ne fait pas de mal. Car on ne peut pas d'un côté appeler à la création de milices privées et de l'autre dire que la police ne fait pas ce qu'il faut.

Le président. Merci, Monsieur le député. Madame Christina Meissner, le Bureau estime que vous avez été mise en cause, je vous donne donc la parole une minute.

Mme Christina Meissner (UDC). Je vous remercie, Monsieur le président. Je ne peux pas rester sans réagir aux propos diffamatoires de M. Gautier. (Commentaires.) Tout d'abord, je n'ai pas mis en cause la police, j'ai mis en cause la réponse qui était apportée par le Conseil d'Etat à un problème avéré d'insécurité. Et je demandais, j'appelais même au secours M. Maudet afin qu'il nous donne une réponse plus circonstanciée, à laquelle les habitants ont droit. C'était le premier point.

Deuxièmement, Monsieur Gautier, je ne suis pas en train d'organiser des milices...

Le président. Vous vous adressez à la présidence, Madame !

Mme Christina Meissner. Nous avons, un autre élu et moi-même, répondu à une attente des habitants qui se plaignent de l'insécurité et des cambriolages en demandant le soutien de la police et donc du conseiller d'Etat chargé de la sécurité pour qu'il vienne, lui, avec une solution, et non pas pour que nous prenions les choses en main. Donc nous sommes loin des milices, très loin, et nous remercions le conseiller d'Etat d'avoir déjà répondu positivement à notre proposition. Nous attendons maintenant le concept qui nous sera donné. Alors merci, Monsieur Maudet, de cette réponse qui ne peut que nous enthousiasmer quant à votre motivation à venir en aide aux habitants où qu'ils soient, en ville ou ailleurs, et quels que soient leurs problèmes d'insécurité.

M. Jean Romain (R). Monsieur le président, chers collègues, le PLR est évidemment ennemi des milices privées et des volontés de se faire justice soi-même, mais là nous sommes face à une pétition qui ressemble furieusement à celle dont on a parlé tout à l'heure. Il s'agit de ces nids autour desquels se regroupent toute une série de gens qui profitent d'une certaine impunité, et moi je serais assez pour non pas que l'on donne de la police tout le temps, mais qu'enfin on transmette, notamment au Conseil d'Etat, le signal clair qu'il y a quelque chose à faire. Il est donc temps maintenant d'agir, et M. Maudet est là pour donner une nouvelle impulsion. Je partage assez les idées qui ont été exprimées tout à l'heure à ce sujet et je propose par conséquent, à mon tour, le renvoi de ce rapport au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je mets aux voix le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur cette pétition.

Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la pétition 1733 est adopté par 44 oui contre 10 non.

Le rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 1733 est donc refusé.