République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1722-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour des espaces publics autogérés sur le futur site d'Artamis
Rapport de majorité de M. Pascal Spuhler (MCG)
Rapport de minorité de M. Roberto Broggini (Ve)

Débat

M. Pascal Spuhler (MCG), rapporteur de majorité. Cette pétition est arrivée à la commission des pétitions - et a surtout été traitée en commission des pétitions - un peu dans la période chaude dite du MOA. Vous pensez bien qu'elle a permis de discuter sur bien des points qui concernent les établissements publics et, également, les établissements de culture sis sur Genève.

Nous avons pu travailler sur d'autres pétitions par la suite, lesquelles auraient dû être jointes à ce point. Malheureusement, le rapport n'a pas été rendu; je présente mes excuses, puisque c'est moi qui devais le rédiger.

Concernant cette pétition, nous avons décidé de voter le dépôt de celle-ci sur le bureau, puisque nous estimions que le site d'Artamis était en reconstruction et qu'il y avait des projets correspondant de près à la demande des pétitionnaires.

M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition est arrivée avec 8659 signatures, ce qui est quand même un signe important. Comme je le dis dans mon rapport de minorité, le département de la culture de la Ville de Genève vient de se livrer à une vaste enquête dans le cadre des «Etats généraux de la nuit». Ces discussions ont été introduites à chaque fois par des spécialistes qui venaient soit des universités de Grenoble, de Newcastle, de Genève, soit des municipalités de Berne et de Bienne - vous savez qu'à Bienne il y a des espaces associatifs qui fonctionnent extrêmement bien depuis un certain nombre d'années.

La Ville de Genève est propriétaire d'une partie des parcelles sur le site Artamis - qui s'appelle maintenant «Le Carré Vert» - et le canton de Genève aussi. Ces deux collectivités construisent main dans la main des logements, avec des commerces. Il y aura à peu près 300 logements dans un écoquartier, avec des commerces sur les rez-de-chaussée. Un certain nombre de dépôts seront construits en sous-sol, car il convient d'assainir ce site qui a été fortement pollué par les activités des Services industriels et de l'ancienne usine à gaz qui se trouvait au 19e siècle sur cette parcelle.

Cette parcelle a nécessité une dépollution extrêmement importante, qui est en cours actuellement. Cela permet d'excaver ces sous-sols et il convient de trouver des affectations intéressantes pour ceux-ci. Nous savons qu'il y aura des dépôts pour le département de la culture, notamment pour protéger des biens culturels appartenant à notre collectivité. Il paraît donc tout à fait judicieux de profiter de ces grands travaux pour répondre à une attente - qui se fait vraiment sentir à Genève - de différents espaces, qu'ils soient culturels, festifs ou associatifs. Et ce n'est pas parce qu'on crée une salle de ce type qu'elle sera forcément bruyante, comme tout le monde veut bien, enfin... comme plusieurs personnes veulent bien le dire.

Il y a aussi ce paradoxe tout à fait curieux: c'est que, dans un écoquartier, on construit des parkings en sous-sol, or personne ne se plaint des nuisances qui vont être générées par les automobiles, les scooters et autres motos qui rentrent dans ce sous-sol, alors qu'on n'accepterait pas qu'il y ait des activités humaines... On voit là que certains, dans la majorité, préfèrent les bruits des machines à la vie humaine, ce que nous ne pouvons que regretter.

C'est pourquoi, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je vous prie de suivre les conclusions du rapport de minorité, soit le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.

Mme Prunella Carrard (S). Un petit mot pour dire que les socialistes ont toujours soutenu les milieux associatifs culturels. De nombreuses pétitions ont été déposées il y a maintenant plus d'un an. Depuis que des lieux commencent à manquer cruellement et qu'on voit beaucoup de jeunes qui ne savent plus où sortir, particulièrement en hiver - c'est vrai qu'en été il y a un petit peu plus de possibilités - pour le coup, cette pétition a été signée par près de 9000 personnes.

Le message que la minorité - dont les socialistes et les Verts, je crois - veut faire passer, c'est: 9000 personnes ayant signé cette pétition, on ne peut pas se contenter de la déposer pour information sur le bureau du Grand Conseil. Il s'agit de la renvoyer au Conseil d'Etat pour qu'une réponse puisse être donnée et pour que nous fassions preuve d'un certain respect envers une récolte relativement massive de signatures.

J'ajouterai que nous nous devons d'avoir une politique de soutien à la culture émergente, également à la culture un peu différente, de même qu'à des lieux qui soient accessibles aux jeunes, et pas trop chers, et qui, de plus, soient situés au centre-ville, ce qui prévient aussi les conduites en état d'ébriété ou le genre de choses pouvant se produire lorsque les lieux sont excentrés. Enfin, l'idée de cette salle provenait des milieux ayant fait cette demande, cela dans le but que les personnes qui viendraient dans ces lieux publics se rendraient hors des zones d'habitation, là où se trouvent des immeubles administratifs. Cela a donc été bien pensé et il y avait un certain nombre de possibilités.

Par respect pour les 9000 signataires de cette pétition, je vous demande de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous en remercie.

M. Stéphane Florey (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, il n'est pas possible de suivre ce que demande la minorité, pour la simple et bonne raison... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...que M. Pagani, lors de son audition, nous a expliqué clairement que le site d'Artamis avait fait l'objet d'un concours d'architecture et que le projet gagnant ne pouvait pas être modifié car cela engendrerait plus de problèmes. C'est pourquoi je vous invite à déposer ce rapport sur le bureau du Grand Conseil. (Remarque.)

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes toujours très amusés, au MCG, lorsqu'on voit que, alors que nous examinions auparavant quelques points de l'ordre du jour qui concernaient l'emploi des Genevois, il fallait jeter à la poubelle la motion destinée à le leur réserver et que, là, quand on parle d'Artamis, eh bien, il faut la renvoyer au Conseil d'Etat... Evidemment, entre le MCG et certains altermondialistes, on n'a pas les mêmes valeurs, et en tout cas pas les mêmes priorités !

Pour nous, c'est très simple. Je veux dire... Le site Artamis, eh bien, il a été fermé ! Il est aujourd'hui dépollué et, comme l'a indiqué M. Florey, un concours a été lancé. Il n'y a donc rien à ajouter: cette pétition doit être enterrée en première classe, c'est-à-dire par la voie du container. Comme l'a fait l'Etat avec le nettoyage et la dépollution du site Artamis: à la poubelle !

Le président. Nous allons d'abord nous prononcer sur la proposition de la majorité de la commission, soit le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1722 sur le bureau du Grand Conseil) sont adoptées par 45 oui contre 24 non.