République et canton de Genève

Grand Conseil

IU 1452
Interpellation de Mme Maria Roth-Bernasconi : Appel à l'armée en cas de manifestations

Mme Maria Roth-Bernasconi (S). Permettez-moi tout d'abord de vous poser une question, Monsieur le président ! Je ne sais pas à quoi sert le règlement du Grand Conseil s'il n'est pas appliqué ! Nous demandons tout le temps des mesures coercitives pour les élèves et nous ne sommes nous-mêmes pas capables de nous en tenir à un règlement ! Je tenais à vous le dire.

Le président. Je suis bien d'accord !

Mme Maria Roth-Bernasconi. C'est à vous que je m'adresse, Madame la conseillère d'Etat Spoerri. Je ne vais pas être très longue, car M. Vanek parle visiblement plus vite que son ombre ! Ce sera donc le même thème, c'est-à-dire votre proposition concernant l'armée, que vous voudriez faire engager à Genève en cas de manifestations extraordinaires. J'ai bien écouté vos réponses, Madame la conseillère d'Etat, mais je trouve que l'on ne peut aujourd'hui pas faire abstraction de l'histoire à Genève. J'aimerais quand même vous demander si vous avez réfléchi à l'impact que votre proposition peut avoir sur les gens, ici à Genève, qui ont encore en mémoire le 9 novembre 1932, jour où l'armée a tiré sur les manifestants et où plusieurs d'entre eux sont décédés.

Par ailleurs, ces mesures ne font à mon avis qu'attiser la peur des gens dans notre canton. On ne peut quand même pas prétendre aujourd'hui que Genève est une ville où l'on ne peut plus vivre bien, parce qu'il y règnerait un climat comme à Manhattan ou à Chicago. Genève est encore une ville où l'on peut vivre sans peur. Si nous voulons réellement lutter contre l'insécurité ou contre la violence, nous devons nous battre pour un monde plus convivial et par exemple permettre à des associations de quartiers qui le demandent de fermer les rues pour faire la fête et discuter entre habitants.

Ma question est la suivante, Madame la conseillère d'Etat, c'est en fait mon souci par rapport à la Confédération. Vous êtes-vous concertée avec la Confédération ? J'ai quand même un peu peur que l'on se ridiculise en formulant ce genre de proposition sans en parler préalablement avec les collègues des autres cantons.

Mme Micheline Spoerri, conseillère d'Etat. Sur le dernier point, Madame, non, je n'ai pas fait de concertation. Je peux simplement vous dire que ce sont des questions qui ont été débattues implicitement dans le cadre du G8. Je répète, et je reviendrai sur la première partie de votre question tout à l'heure, autant, comme vous, je sais qu'il s'agit d'un débat très délicat, autant je n'entends pas, en tant que responsable de la sécurité, me soustraire au débat ! (L'oratrice est interpellée.)Mais non, Madame ! C'est cela la réponse préalable.

Si l'on considère, à partir du moment où l'on demande d'avoir des débats, qu'il ne faut surtout pas les entamer pour ne pas faire peur, je commence à me poser des questions profondes sur ce que vous entendez par la démocratie et la liberté d'expression. C'est une discussion qui revient de façon récurrente. Elle est fondée, je le répète. Cela ne sert à rien de se cacher les yeux. Vous savez, les citoyens sont beaucoup plus sensés que certains politiques peuvent l'imaginer ! Je relaie notamment, dans la question que je pose, le souci des citoyens. La question est bien sûr délicate. Je dis simplement que ce n'est pas une raison suffisante pour l'éluder. Je l'ai posée à titre personnel. Les reproches que vous m'adressez m'ont été faits par d'autres personnes. Je revendique la tenue de ces propos. Je répète toutefois que seuls les propos retranscrits dans la «Tribune de Genève» sont ceux que j'ai tenus. Si vous relisez l'article, sans trop d'émotion, vous verrez que j'ai souhaité un débat. Je pose donc la question, je n'y réponds pas.

Quant au triste souvenir de 1932, j'en reviens à mes responsabilités et aux responsabilités du gouvernement, qui ne s'est pas engagé dans ce débat puisque, je le répète, je l'ai lancé à titre personnel. Ce que j'ai dit et redit, c'est qu'il ne faut pas qu'il y ait de morts à l'occasion d'événements historiques à Genève. C'est mon seul souci et c'est ma seule motivation. Je me rappelle donc de 1932.

Cette interpellation urgente est close.