République et canton de Genève

Grand Conseil

IU 1204
Interpellation urgente de Mme Laurence Fehlmann Rielle: Article sur le tabagisme paru dans Dimanche.CH

Mme Laurence Fehlmann Rielle (S). Cette interpellation s'adresse à Mme Martine Brunschwig Graf. En fait, il s'agit d'un article paru dans «Dimanche.Ch» qui faisait état de la stratégie d'un écrivain philosophe, libre penseur britannique, qui avait essayé de noyauter le département de philosophie de l'université de Genève et de l'utiliser afin de discréditer l'OMS et sa politique de prévention du tabagisme, et pour pouvoir également mettre en valeur la place de Genève et l'importance de Japan Tobacco International.

Apparemment, cette tentative de noyautage a échoué. Néanmoins, les déclarations du directeur du département de philosophie, M. Jonathan Barnes, qui ont paru dans le même article, ont de quoi laisser songeur.

En effet, celui-ci a notamment affirmé que le danger de la fumée n'était pas plus grand que celui causé par les voitures et que l'OMS n'avait pas à s'occuper du problème du tabagisme. Je le cite: «Est-ce vraiment son rôle d'intervenir sur des choix personnels ?».

Mes questions sont les suivantes:

Dans la mesure où le tabagisme est, avec le paludisme, l'une des deux priorités de santé de l'OMS pour ces prochaines années, étant donné que le directeur du département de philosophie se permet de mettre en doute la légitimité de l'OMS à s'occuper de ce problème prioritaire de santé, et, compte tenu des résultats de l'enquête interne menée à l'université, dont les conclusions disons pour faire simple étaient que des représentants de l'université devaient se distancer des milieux de la cigarette, je demande si les représentants de l'université ne devraient pas garder une certaine réserve vis-à-vis de ce problème assez délicat, et, également, si vous allez le leur rappeler ?

Mme Martine Brunschwig Graf, conseillère d'Etat. Je vais vous répondre, Madame la députée, sûrement pas. Je ne vais me mêler ni d'aller donner mon opinion sur la façon dont un directeur, qui porte la responsabilité de ses propos, s'exprime ni sur la façon dont ses propos ont été relatés; ce qui est encore une autre affaire. Il s'agit de son opinion personnelle, manifestement d'universitaire. Une seule fois, je suis intervenue dans un dossier parce qu'il y avait diffamation réelle vis-à-vis de personnes. Le résultat a été que l'université a saisi la commission de la liberté académique laquelle a décidé qu'il y avait ingérence du département de l'instruction publique et violation de la liberté académique !

Madame, nous avons fait, comme vous l'avez vu, en ce qui concerne les faits réels qu'il fallait examiner au sein de l'université, s'agissant du procès qui est en cours et des griefs adressés à des professeurs d'université, l'enquête que vous connaissez. Nous l'avons faite dans la transparence et elle a été distribuée. Les députés ont été tenus au courant dès le début des démarches qui étaient faites et je considère que, en cela, l'Etat a une responsabilité qu'il a parfaitement assumée.

Demain matin, quiconque pourra s'exprimer, au nom de sa propre opinion universitaire sur n'importe quel sujet qui pourra fortement me déplaire et sur lequel forcément je n'aurai pas les mêmes visées, sans que j'intervienne. Intervenir à propos des uns, c'est intervenir à propos des autres. Je ne suis pas le censeur de l'université et je ne souhaite pas le devenir. Je ne peux que déplorer si ces propos ont été tenus.

Cette interpellation urgente est close.