République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1265-A
19. Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour que vive «Chez Gaby» ! ( -)P1265Rapport de M. John Dupraz(R), commission des pétitions
Rapport de M. Louis Serex (R), commission des pétitions

La pétition « Pour que vive Chez Gaby ! » a été transmise le 2 juillet 1999 par le Conseil administratif de la Ville de Genève au secrétariat du Grand Conseil, munie de 612 signatures.

Les membres de la Commission des pétitions ont examiné la présente pétition lors de la séance du 13 décembre 1999, sous la présidence de Mme Louïza Mottaz.

Le procès-verbal de la séance a été rédigé par Mme Pauline Schaefer que nous remercions.

Audition de Mmes Monique Delley, Gabrielle Negri et M. Claude Michel, pétitionnaires

Les pétitionnaires expriment le désir de nombreuses personnes qui souhaitaient que Gaby perdure. Ils estiment que les lieux constituaient « un endroit social des Pâquis » et regrettent amèrement la disparition de cet établissement.

Ils expliquent à la commission que tout le monde, jeunes ou vieux, aimait se retrouver dans ce bistrot. De plus, ils sont inquiets, car d'autres établissements sont menacés de fermeture.

Mme Negri, qui a exploité l'établissement, informe les commissaires qu'elle lutte depuis 10 ans pour la survie de son bistrot.

Les pétitionnaires rappellent encore que le bistrot était ouvert de 6h00 à 23h00 et qu'il fonctionnait comme point de rencontres et même comme messagerie. Ils estiment que les anciens clients de « Chez Gaby » se sont maintenant dispersés dans d'autres cafés et regrettent que « ce n'est plus comme avant ».

Discussion de la commission

Les commissaires sont très touchés par le sort qui a été réservé au bistrot « Chez Gaby » et se demandent ce qu'ils peuvent faire pour aider les habitués et la population du quartier.

Tous partis confondus, les députés insistent sur l'aspect social de ces sympathiques établissements de quartier. Ils reconnaissent néanmoins le droit du propriétaire à faire usage de son bien à l'échéance du bail.

Les membres de la commission estiment qu'il convient de favoriser, d'une manière restant à définir, les restaurateurs présents dans les quartiers depuis de nombreuses années.

On insiste encore sur le fait que la dimension sociale des bistrots ne coûte pas cher, bien au contraire. En effet, de nombreuses personnes, déboussolées ou impressionnées par les services sociaux « officiels » n'hésitent pas à confier leurs problèmes éventuels à leurs amis, voire très souvent au patron ou à la patronne du bistrot, qui se charge souvent ensuite de tenter de résoudre lesdits problèmes… et qui souvent y arrive, sans que cela coûte trop cher à la République !

La discussion est relativement courte, car les députés sont tous d'accord que la présente pétition dépasse le simple cadre d'un bistrot et concerne l'avenir de nombreux cafés-restaurants genevois de quartier.

Vote de la commission

La Commission des pétitions vous propose, Mesdames et Messieurs les députés, à l'unanimité de ses 7 membres présents (2 AdG, 2 R, 2 S, 1 Ve), de renvoyer la présente pétition au Conseil d'Etat.

Pétition(1265)

pour que vive « Chez Gaby » !

Mesdames etMessieurs les députés,

Les vieux bistrots de quartier qui conjuguent les charmes d'un cadre ancien et d'une ambiance chaleureuse sont en voie de disparition accélérée, … même aux Pâquis. Pourtant, ils représentent un patrimoine à respecter par la simplicité et l'authenticité de leur décor et surtout par leur fonction sociale primordiale. C'est là, en effet, que se rencontrent et s'apprécient, quotidiennement, des femmes et des hommes, de tous âges et de toutes conditions, habitués ou clients de passage, solitaires ou amoureux. On se salue, se sourit, on échange quelques nouvelles, on s'offre le verre de l'amitié, parfois un air d'accordéon ou une chanson viennent à l'improviste égayer l'atmosphère…

Ces endroits sont rares, ils sont d'indéniables et indispensables éléments de cohésion sociale, un garde-fou contre l'exclusion.

C'est pourquoi, nous soussignés, habitués et clients occasionnels du café des Pâquis, « Chez Gaby », 19, rue de Monthoux, tenons à défendre ce café que nous aimons et demandons que la famille Negri-Berthoud, menacée d'expulsion imminente, après avoir épuisé tous les recours juridique, puisse continuer à nous y accueillir, puisqu'elle le souhaite aussi !

Mme Anne Gilly Mme Catherine Briod de Moncuit M. Claude Michel

Débat

Le président. M. Louis Serex, rapporteur, va être vraisemblablement remplacé par un bon client de chez Gaby en la personne de M. Dupraz ! (Rires.)

M. John Dupraz (R), rapporteur ad interim. Je n'ai rien à dire, Monsieur le président... 

Le président. M. Dupraz n'a rien à dire ! La parole est-elle demandée ?

M. Luc Gilly (AdG). Oui, j'aimerais intervenir sur cette pétition, même si on ne pourra pas changer le cours des choses chez Gaby. Effectivement, ce bistrot mythique est fermé depuis maintenant bientôt quinze mois, et c'est la raison de mon intervention.

Mme Negri, gérante de ce bistrot, a lutté pendant dix ans pour tenter de maintenir ce café-restaurant situé au plein centre des Pâquis. Elle a tenu cet établissement pendant quarante ans, alors je trouve cette fermeture un peu consternante... Le propriétaire peut effectivement faire ce qu'il veut de ses murs... Il a fermé ce bistrot en janvier 1999. Vous pouvez aller aux Pâquis, aujourd'hui et constater que ce local est toujours fermé : aucun projet ne semble être prévu... C'est le vide total !

J'aimerais dire ce qui suit : je ne sais pas quelle démarche nous devons faire - peut-être un projet de loi - pour décider qu'un bistrot de ce genre ne peut être fermé qu'au cas où un projet de remplacement est proposé. Il est en effet inacceptable qu'aucun projet, quinze mois après, n'ait remplacé ce bistrot qui représentait en quelque sorte le coeur et l'âme des Pâquis. Des milliers d'autres signatures auraient en effet pu être recueillies.

De plus, le local tombe en décrépitude. Alors, si un jour ce bistrot est squatté, je vous assure que j'encouragerai cette démarche et j'irai boire un galopin à la santé de Gaby et à la santé de la réouverture du bistrot ! 

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition au Conseil d'Etat) sont adoptées.