République et canton de Genève

Grand Conseil

R 372
18. Proposition de résolution de Mmes et MM. Alberto Velasco, Jeannine de Haller, Jean-François Courvoisier, Martine Ruchat, Françoise Schenk-Gottret, Jacqueline Cogne et Laurence Fehlmann Rielle concernant la politique culturelle en région Rhône-Alpes : Genève doit travailler avec Lyon et non collaborer avec Vichy. ( )R372

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève,considérant :

que le choix politique fait par l'exécutif de la région Rhône-Alpes de la gouverner avec l'appui et la collaboration du Front National, oblige le canton de Genève à rappeler que les options idéologiques de ce parti, sa haine de l'étranger, son antisémitisme et sa pratique de la violence sont incompatibles avec les principes que Genève entend défendre et auxquels Genève s'est liée ;

invite le Conseil d'Etat

- à réduire au strict minimum les rapports qu'il pourrait entretenir avec des représentants de la majorité de l'exécutif de la région Rhône-Alpes ;

à manifester, à l'occasion des rencontres avec l'exécutif de la région Rhône-Alpes, l'opposition du Grand Conseil aux thèses du Front National.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Après quelques semaines de manoeuvres et de polémiques sur fond de défaite électorale et d'éclatement de la droite démocratique, la région Rhône-Alpes s'est retrouvée affublée d'un exécutif reposant sur une "; majorité " dépendant du bon-vouloir et des calculs politiques de l'extrême droite.

Cette alliance se concrétise notamment par l'accession de représentants du Front National à la vice-présidence des treize commissions du Conseil régional, dont celle de la culture, en échange de la captation des treize présidences par des proches du président de la région, Charles Millon, lui-même élu à son poste grâce aux suffrages de l'extrême droite.

Cette prise de contrôle de la deuxième région française (voire la première dans l'ordre des priorités genevoises) par une majorité d'extrême droite fascisante, laquelle prend en otage les dissidents de la droite démocratique, ne peut laisser Genève indifférente, compte tenu des liens que notre canton entretient avec une région dont elle est humainement et géographiquement partie prenante.

Dans le domaine culturel, les responsabilités accordées à une extrême droite dont on a au surplus renforcé le poids politique posent un problème particulier, et particulièrement grave. En effet, le vice-président de la Commission culturelle du Conseil régional est un représentant avoué de la tendance la plus ouvertement fasciste du Front National. Dans son programme, on peut lire: "; Il nous faut préparer mentalement, psychologiquement, moralement et physiquement le plus grand nombre possible de nos compatriotes à (la) perspective (d')une guerre ethnique " et "; Le seul véritable enjeu, depuis mille ans, est de savoir si l'on appartient, mentalement, aux peuples de la forêt ou à cette tribu de gardiens de chèvres qui, dans son désert, s'est autoproclamée élue d'un dieu bizarre ", qui est son credo culturel.

L'accession de ce genre de personnages et de leur courant de "; pensée ", aux responsabilités de la politique culturelle rhônalpine, nous paraît nécessiter une prise de distance et une réaction du canton de Genève à l'égard des institutions de la région voisine.

Débat

M. Jean-François Courvoisier (S). Les difficultés économiques d'aujourd'hui nous incitent à penser que seules des mesures pouvant apporter de l'argent ou des emplois valent la peine d'être examinées ; je sais que proposer une résolution ne défendant que des valeurs morales fera sourire plus d'un d'entre vous, même s'il n'y a pas de quoi.

Dans une période tragique de notre histoire, pendant la dernière guerre mondiale, nos autorités fédérales ont dû abandonner les considérations touchant à la morale pour assurer la survie du peuple suisse. Nous étions entourés par les forces de l'Axe qui seules pouvaient assurer notre ravitaillement en échange d'une collaboration presque sans condition.

En 1946, Olivier Reverdin, à qui personne ne peut reprocher un manque de patriotisme, a écrit dans le «Journal de Genève» un résumé de la politique de la Suisse entourée par les forces de l'Axe, en disant que nous n'avions été ni martyres ni glorieux. Le chansonnier Jack Rolland, avec l'humour qui est le sien, a dit que si nous n'avions pas de quoi être fiers, nous pouvions être contents.

Si à cette tragique époque nous avons dû collaborer avec les forces du mal, rien ne nous y oblige aujourd'hui !

Aux extraits éloquents du Front national que vous trouverez dans le texte de notre résolution, je veux ajouter les propos de Pierre Vial, vice-président de la commission culturelle du Conseil régional Rhône-Alpes : «Il est nécessaire, indispensable, de lier en permanence guerre culturelle et guerre politique car il serait vain de prétendre assumer le pouvoir politique sans avoir la maîtrise du pouvoir culturel.»

Au mois d'août dernier, lors du Festival de musique des Châteaux neuchâtelois, j'ai entendu le quintette «Impromptu», quintette à vent de Lyon. Le flûtiste de ce quintette a fait quelques commentaires sur les oeuvres interprétées. Lorsqu'il a présenté le quintette d'Hindemith, il a rappelé que, sous le régime nazi, sa musique jugée dégénérée n'avait pas le droit d'être exécutée en public en Allemagne et qu'Hindemith avait dû s'exiler aux Etats-Unis pour faire jouer ses oeuvres. Ce flûtiste a attiré l'attention sur la situation grave qui régnait dans sa région et a dit le plaisir qu'il avait à pouvoir s'exprimer en Suisse.

Même si cette situation n'est pas aussi grave que celle qui régnait en Allemagne sous Hitler, les responsables de la culture de la région Rhône-Alpes choisissent les programmes des spectacles et des concerts d'après des considérations politiques qui n'ont aucun rapport avec la culture.

On peut bien sûr dire qu'il est injuste de comparer le Front national avec le nazisme, que jusqu'à ce jour Charles Millon et sa clique n'ont proféré que des menaces, n'ont participé à aucun massacre et ont été élus légalement. Mais pendant de nombreuses années, Hitler n'a fait que des discours et a ensuite été élu démocratiquement car, dans la crise mondiale qui atteignait l'Allemagne de manière catastrophique dans les années trente, Hitler est apparu comme un sauveur en exaltant la valeur de la race germanique, en rendant les Juifs responsables par leur traîtrise de la défaite de 1918 et de toutes les misères du peuple allemand.

Aujourd'hui, même si la crise économique n'atteint pas l'ampleur de celle des années 1929 à 1932, nul ne peut prévoir avec certitude ni comment ni quand elle se terminera.

En 1968, l'économiste canadien John Galbraith a écrit dans son livre, «L'ère de l'opulence», que le monde industriel s'était habitué depuis des décennies à une croissance continue qui semblait devoir continuer toujours et qu'il serait incapable de faire face à la situation lorsque cette croissance s'arrêterait.

Voilà à peu près où nous en sommes aujourd'hui et il est à craindre que le chômage, le manque de logements, un encadrement scolaire insuffisant, les conflits sociaux et les désordres publics assurent de plus en plus de succès au Front national.

Il sera peut-être trop tard pour réagir et, puisque rien de vital n'oblige notre canton à entretenir des relations dans le domaine culturel avec les représentants de l'exécutif actuel de la région Rhône-Alpes, nous devons nous abstenir au maximum de toute collaboration avec eux.

Si notre canton semble y perdre quelques avantages aujourd'hui, je suis sûr qu'en refusant une collaboration avec cette nouvelle forme de fascisme nous assurerons à long terme une position morale à notre canton et à notre pays et que cette position profitera alors à notre commerce et à notre tourisme. C'est pourquoi, tous partis confondus, je vous invite à soutenir cette résolution. (Applaudissements.)

M. Jean-Pierre Restellini (Ve). Notre groupe a examiné avec soin cette proposition de résolution. Bien entendu, nous partageons la position de fond de ses auteurs. L'avancée de l'extrême droite fascisante européenne, qu'elle soit anglaise, allemande ou française, doit nous faire réagir.

Dans le cas qui nous intéresse, en l'occurrence celui de la région Rhône-Alpes, la situation est particulièrement inquiétante parce que cette mouvance brune a pénétré un exécutif voisin. Dans ces conditions, il nous a semblé qu'il fallait sérieusement réfléchir sur les moyens à adopter pour lutter de la manière la plus efficace possible contre cette bien triste idéologie.

Pratiquement, faut-il aller - comme le recommande cette résolution - jusqu'à demander à notre Conseil d'Etat d'interrompre toutes les collaborations transfrontalières actuellement en cours avec la région Rhône-Alpes ou, tout au moins, de les limiter au maximum ?

Mesdames et Messieurs les députés, dans les domaines de l'environnement, des transports publics, dans le domaine agricole - comme se plaît à nous le rappeler M. le député Dupraz régulièrement - il y a actuellement toute une série d'échanges, de coopérations en cours avec nos voisins français, coopérations complètement décolorées politiquement parlant, dont la brusque interruption serait à l'évidence extrêmement problématique. On peut surtout se demander légitimement quelle est la meilleure des tactiques pour tuer le diable. Faut-il le bouder, l'ignorer ou au contraire l'affronter ?

Notre groupe est d'avis qu'il est préférable d'adopter cette troisième tactique à l'égard de ces quelque treize commissions du Conseil régional de la région Rhône-Alpes dont la vice-présidence a été confiée à des membres du Front national. En d'autres termes, la stratégie du harcèlement qui consiste plutôt à multiplier les occasions d'exprimer notre divergence de point de vue fondamentale avec ces différents élus nous semble plus efficace.

Dans ces conditions, Mesdames et Messieurs les députés, nous vous proposons un amendement qui supprime la première invite de cette résolution.

M. John Dupraz (R). Si, sur le fond, nous pouvons partager les préoccupations des auteurs de cette résolution, je crois qu'il faut distinguer ce qui est la philosophie politique et les idées que représentent et auxquelles se réfèrent les uns et les autres, des institutions qui fonctionnent de part et d'autre de la frontière. Je serais beaucoup plus favorable au point de vue du groupe des Verts, point de vue exprimé par le docteur Restellini...

Une voix. Le député Restellini !

M. John Dupraz. Je vous rappellerai que dernièrement une motion de ce parlement signée par tous les partis de ce Grand Conseil a été votée à l'unanimité, concernant la liaison chemin de fer TGV entre Genève et Paris et notamment une réhabilitation de la ligne dite des Carpates. Si vous donnez suite à cette résolution, stricto sensu, cela veut dire qu'on ne dialogue plus avec ces gens-là.

Or, pour le bien de Genève, nous avons, je crois, un intérêt légitime à avoir de très bonnes relations avec les institutions pour poursuivre ces projets qui sont bénéfiques à l'ensemble de la région. Cela ne veut pas dire qu'on partage les points de vue politiques ou les actions politiques des gens qui occupent ces fonctions de l'autre côté de la frontière. (Commentaires.)

Madame, je m'excuse de vous dire qu'en politique vous êtes encore à la pouponnière ! J'ai quelques années d'expérience qui me permettent de croire que nous avons tout intérêt à dialoguer avec nos voisins français, si nous voulons faire avancer les projets politiques qui nous intéressent. Dans toutes sortes de domaines, le social, la lutte contre le chômage, la répartition des emplois dans la région, les transports, la culture, nous avons intérêt à dialoguer avec nos voisins français, ce qui ne veut pas dire que nous partageons les opinions politiques qu'ils représentent actuellement que nous dénonçons également.

Mesdames et Messieurs, cette résolution pose un problème délicat et à vouloir poursuivre un but idéologique et philosophique, elle pourrait, en l'état, porter un grave préjudice aux intérêts des habitants de ce canton, à l'économie de notre République et canton de Genève. Aussi, je vous proposerai plutôt d'aller en commission pour nous mettre d'accord sur un texte qui permette d'avoir des relations normales pour traiter ces dossiers où nous avons des intérêts communs (tout en dénonçant la philosophie politique de certaines personnes qui occupent des fonctions à haute responsabilité et avec lesquelles nous devons dialoguer).

Le président. Nous sommes en présence d'une demande de renvoi en commission de cette résolution. Vous n'avez pas précisé la commission à laquelle vous vouliez renvoyer ce projet de résolution, Monsieur Dupraz !

M. John Dupraz. Economie ou affaires régionales, je ne sais pas ! Affaires régionales !

Le président. M. le conseiller d'Etat nous propose la commission des affaires régionales. Cela ne me semble pas complètement stupide.

Il y a encore cinq orateurs inscrits. Je vous propose, Mesdames et Messieurs les députés, de voter sur le renvoi en commission, parce que je pense qu'il n'est pas nécessaire de poursuivre le débat si à la fin vous votez le renvoi en commission. Si le renvoi en commission est refusé, nous continuons le débat. Si le renvoi en commission est accepté, vous développerez vos arguments en commission.

Mis aux voix, le renvoi de cette proposition de résolution à la commission des affaires communales, régionales et internationales est rejeté.

Le président. Nous poursuivons le débat. La parole est à M. Velasco.

M. Alberto Velasco (S). J'aimerais tout d'abord répondre à M. Restellini que son invite existe déjà. La motion demande de «réduire au strict minimum les rapports...». Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de rapports ! Je vais essayer de développer mes propos.

A l'heure où se met en place l'Europe des régions et des collaborations transfrontalières, on serait tenté d'affirmer que cette collaboration financière avec une région gouvernée par une majorité se réclamant d'une idéologie allant à l'encontre des valeurs républicaines et des droits fondamentaux de la personne humaine, n'implique aucune allégeance... (Brouhaha.) Monsieur le président, est-ce qu'on pourrait avoir le silence ? ...mais que le contraire pénaliserait la population. Ce type de raisonnement, nous l'avons tenu en Suisse dans un passé pas très éloigné. Les conséquences, on les connaît, l'Histoire nous a rattrapés !

Il est important de répondre politiquement à ce genre de danger, sans se soucier de la magnitude de notre impact mais plutôt du bien-fondé des valeurs que nous défendons et, par là, des dangers que cela représente. De quoi s'agit-il ? Il s'agit ni plus ni moins de donner ou non un satisfecit de respectabilité à un mouvement que nous réprouvons et qui s'est retrouvé dans une telle position grâce aux calculs politicards d'une droite ayant perdu même ses repères humanistes.

De plus, cet événement surgit dans un quasi-vide civique et une désespérance, conséquence des affaires, scandales et comédies médiatiques. Ne pas mesurer l'impact ou les conséquences qu'implique ce genre de collaboration avec de tels mouvements, c'est les banaliser aux yeux des citoyens et citoyennes de ce côté de la frontière et les respectabiliser de l'autre côté. Mesdames et Messieurs les députés, je vous demande de bien vouloir renvoyer cette résolution directement au Conseil d'Etat.

M. Dominique Hausser (S). Contrairement à ce qu'ont dit MM. Restellini et Dupraz, cette motion ne renie pas le dialogue; elle dit simplement qu'il y a des limites dans lesquelles on peut dialoguer et des limites dans lesquelles il devient difficile de dialoguer.

Oui, il y a de nombreux projets en discussion entre Genève et la France voisine. Je vous rappelle quand même qu'ils passent à peu près tous par Berne et Paris, que rien ne se fait sans passer par Berne et Paris. Mais ces limites sont importantes et dans une négociation nous ne pouvons pas a priori baisser les bras, ni ne pas affirmer nos positions de principe de manière très claire.

Aujourd'hui, dans la région Rhône-Alpes, il y a un discours d'extrême droite défendu par son président, qui est inacceptable. Nous devons le dire très clairement et nous devons rappeler que, si nous voulons poursuivre une négociation, une discussion sur le développement de la région, nous ne pouvons pas le faire avec des gens qui renient la démocratie et qui la renient de manière explicite.

Mesdames et Messieurs les députés, nous devons le rappeler au Conseil d'Etat, nous devons appuyer le Conseil d'Etat dans cette position. Nous devons dire aux conseillers d'Etat qu'ils n'ont pas le choix. Ils doivent refuser un discours d'extrême droite et, s'ils ne le refusent pas, nous ne pourrons pas négocier avec nos voisins.

M. Claude Blanc (PDC). Il est clair que la totalité des membres de ce Grand Conseil récuse l'idéologie d'extrême droite qui est véhiculée en France par le Front national. Mais nous ne pouvons pas ignorer que nos proches voisins ont des problèmes en commun avec nous, ni ignorer qu'ils ne sont pas tous inféodés à l'idéologie du Front national, même s'il apparaît que, provisoirement, certains dirigeants de la région Rhône-Alpes flirtent dangereusement avec ce mouvement.

Alors, évidemment, que faire ? Couper les ponts ? Je dis, comme M. Restellini, que couper les ponts même avec le diable n'est pas forcément la meilleure solution. Nous avons des voisins qui pensent ce qu'ils veulent provisoirement - car je crois que c'est une situation provisoire due à une certaine conjoncture électoraliste et qu'ils se sont laissé entraîner par le goût du pouvoir plus que par l'idéologie.

Nous savons tous à quelles compromissions on peut se livrer par goût du pouvoir et personne dans cette salle ne pourra le nier, parce que nous avons tous, les uns et les autres, essayé de collaborer avec des gens qui n'étaient pas forcément de notre avis. Je dirai même que les gens qui sont situés le plus à gauche dans ce parlement ont même été jusqu'à flirter avec des idéologies d'extrême gauche, je dirai même staliniennes. Cela n'est pas si ancien. Alors évidemment, si la Suisse avait refusé de discuter avec les gens qui propageaient cette idéologie monstrueuse, peut-être que l'histoire de l'Europe en aurait été changée, c'est-à-dire que ces régimes auraient duré plus longtemps parce qu'ils auraient été isolés.

Comme M. Restellini le disait, je crois qu'il faut supprimer la première invite, c'est-à-dire ne pas dire que nous ne voulons pas parler mais dire que, dans chaque discussion qu'il aura pour des motifs stratégiques avec la région Rhône-Alpes, le Conseil d'Etat rappellera qu'il ne partage pas l'idéologie - je ne dirai pas dominante parce qu'elle ne l'est pas - de façade que certains se sont donnée pour avoir le pouvoir.

M. Michel Halpérin (L). Les auteurs de cette proposition de résolution, à l'appui de leur texte, nous ont dans l'exposé des motifs proposé une citation extraite d'un programme du Front national selon laquelle, je cite : «Il nous faut préparer mentalement, psychologiquement, moralement et physiquement le plus grand nombre possible de nos compatriotes à la perspective d'une guerre ethnique. (...) Le seul véritable enjeu, depuis mille ans, est de savoir si l'on appartient, mentalement, aux peuples de la forêt ou à cette tribu de gardiens de chèvres qui, dans son désert, s'est autoproclamée élue d'un dieu bizarre.»

Si je prends la parole maintenant, c'est en ma qualité de membre de «la tribu de gardiens de chèvres», parce que, à l'évidence, j'ai qualité à souscrire au fait que ce discours est inacceptable, qu'il est insupportable et qu'aucun d'entre nous n'a à le supporter.

Cela dit, je vous conjure une nouvelle fois dans cette enceinte de ne pas céder à deux tentations que je trouve dangereuses :

- La première est celle qui consiste à vouloir à tout prix donner des leçons aux autres. Nous avons beaucoup à faire sur nous-mêmes et il me semble que nous sommes singulièrement plus enclins à expliquer aux autres ce que nous voudrions qu'ils fissent plutôt qu'à nous l'infliger à nous-mêmes. C'est une tendance récurrente dans ce parlement. Je l'ai dit déjà !

- Deuxièmement et surtout, je voudrais que nous nous rappelions que quelles que soient la qualité et la pureté de nos intentions, nous ne sommes pas ici à une assemblée pastorale mais dans une enceinte politique. Cela comporte un certain type de responsabilités et de devoirs de pondération.

Par conséquent, le groupe libéral ne souhaite pas, d'une part, donner l'impression qu'il se sent si peu que ce soit intéressé par les thèses d'un certain nombre d'extrémistes ou lepénistes qui sont à vomir. Mais il ne veut pas non plus tomber dans un angélisme de façade qui, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire lors d'un autre débat il y a deux semaines, revient un peu à s'acheter une bonne conscience à bon marché. Nous trouvons que nos voisins de Rhône-Alpes sont des gens raisonnablement convenables qui nous ressemblent beaucoup, qui ont des tendances discutables, mais nous en avons tous, et nous souhaitons maintenir le dialogue avec eux, de sorte que le gardien de chèvres votera l'amendement de M. Restellini mais refusera la résolution si cet amendement n'est pas voté. (Applaudissements.)

M. Jean-François Courvoisier (S). Je voudrais simplement rappeler une chose à M. Dupraz qui a dit qu'on aurait avantage à collaborer sur le plan culturel avec cette région.

J'ai le souvenir de l'orchestre de Winterthur qui, avant la guerre, allait jouer régulièrement en Allemagne. Avec la montée du nazisme, les Allemands refusaient les visas aux musiciens juifs de cet orchestre qui, pour cette raison, n'a plus pu engager de musiciens juifs. Heureusement, il s'est beaucoup rattrapé par la suite, après la guerre, en prenant beaucoup de musiciens juifs, mais pendant l'époque qui a précédé la guerre il refusait d'engager des musiciens juifs, parce qu'il ne pouvait pas les emmener en Allemagne. Ce n'est donc pas toujours un avantage de collaborer sur le plan culturel !

M. Gilles Godinat (AdG). Je trouve un peu contradictoire, mon cher collègue Halpérin, d'avoir une position de fond aussi claire et d'accepter une collaboration, un dialogue, une attitude pondérée face au choix politique qui a été fait dans une région proche, que M. Millon a assumé et qui consiste à collaborer - et Dieu sait si ce mot a un sens profond en France, il l'a moins dans notre région mais il l'a en France - avec des gens qui défendent une idéologie totalement inacceptable.

C'est paradoxal, alors que nous demandons dans cette résolution d'avoir en matière de politique culturelle des rapports politiquement extrêmement clairs avec cette région, c'est-à-dire de refuser le choix politique qui a été fait par M. Millon. C'est un signal politique fort que nous voulons donner. Voilà la justification de cette résolution ! C'est simple : il s'agit de réduire au minimum les contacts politiques avec cette région afin de montrer notre désapprobation claire du choix qui a été fait.

Nous pourrions rajouter dans la première invite un amendement qui clarifierait peut-être les choses, c'est-à-dire que nous serions d'accord de réduire au strict minimum - je ne veux pas relire toute l'invite - les relations avec les représentants de la majorité de l'exécutif de la région Rhône-Alpes et à les exclure dans le domaine culturel.

M. Pierre Vanek (AdG). Je veux réagir concernant deux ou trois choses que j'ai entendues dans ce débat.

La première concerne M. Dupraz qui disait à ma collègue qu'elle était à la pouponnière en matière de politique. En l'occurrence, M. Dupraz est peut-être à l'asile de vieillards en matière de politique. Quant à moi, j'en suis au jardin d'enfants mais parfois la vérité sort de la bouche des enfants !

Monsieur Dupraz, vous m'avez beaucoup déçu ! Au nom du réalisme et des intérêts économiques, vous avez accepté une proposition consistant à émasculer cette résolution. (Commentaires.) Ou plutôt, si j'ai bien compris, à la renvoyer en commission pour l'émasculer. Je corrige !

M. Halpérin a dit très justement que nous étions dans une enceinte politique et qu'il fallait tenir compte de cet élément. Eh bien, précisément, si ce soir nous ne votons pas cette résolution - et Dieu sait ce que le Conseil d'Etat fait d'un certain nombre de résolutions que nous lui envoyons - ce sera un signal. Monsieur Halpérin, Mesdames et Messieurs, ce sera un signal politique clair que la volonté de désapprobation claire et radicale de ces politiques d'extrême droite qui nous côtoient dans la région Rhône-Alpes, que cette condamnation aura été affaiblie par cette enceinte. A mon avis, cela n'est ni acceptable ni digne de nous !

Monsieur Blanc, vous avez dit aussi qu'il ne s'agissait pas d'ignorer qu'une bonne partie de nos voisins n'étaient pas de ce bord. Il est clair qu'il s'agit précisément de soutenir ceux et celles des démocrates de la région voisine qui sont en butte à une situation où ils ont un exécutif de ce type. Je crois précisément que pour tenir compte de cette situation, pour envoyer un message fraternel de soutien - j'allais dire à nos concitoyens, c'est presque le cas - à nos voisins, il est parfaitement légitime de voter cette résolution.

Pour conclure et pour revenir à ce qu'a dit M. Halpérin, ce serait gravement faillir à nos responsabilités politiques que d'en rester aux quelques considérations de M. Dupraz ou de M. Blanc, qui parlent d'intérêts économiques et de réalisme. Monsieur Blanc, c'est quand même surprenant de vous entendre dire qu'il ne faut pas couper les ponts avec le diable. On peut discuter de qui est le diable, en l'occurrence vous avez dit que nous étions tous d'accord. Je pense effectivement qu'il faut couper les ponts avec le diable et qu'il faut le combattre jusqu'au bout, partout où il est. C'est un moyen bien faible que cette résolution, mais c'est un début, c'est un signal d'une volonté politique. Je vous invite à la voter sans l'émasculer !

M. René Longet (S). J'ai été moi aussi très étonné de la diatribe de M. Halpérin. Vous avez dit, Monsieur Halpérin, que c'était un discours de gardien de chèvres. Moi, je dirais que c'est un discours de pharisien ! Vous nous avez dit : ils sont comme nous. Or, je crois justement qu'ils ne sont pas tous comme nous. Nous n'avons pas tous envie d'être comme ils sont, en tout cas certains d'entre eux.

Vous avez dit, Monsieur Halpérin, tout comme l'a dit M. Godinat, que cela était condamnable mais qu'il ne fallait pas le condamner. On a un peu de mal à vous comprendre, car condamner sans donner la moindre des conséquences à notre geste, c'est bel et bien ce que vous avez dénoncé à juste titre : une résolution à bon marché.

Justement, Mesdames et Messieurs, nous n'en restons pas aux résolutions à bon marché. Nous sommes d'accord d'aller jusqu'au bout de cette logique. Nous disons : que se passe-t-il en France avec le Front national ? Le Front national cherche à être banalisé, il cherche à passer pour un parti comme les autres, et l'on sait très bien que la stratégie qui est suivie dans la région voisine consiste à faire passer cette ligne, à faire considérer que c'est un parti comme un autre.

Or, en faisant subir à la résolution les amendements que vous proposez, vous entrez précisément dans cette logique de banalisation. Nous, nous sommes d'accord de payer un certain prix pour cette déclaration que nous proposons ce soir. Nous sommes très attachés - M. Dupraz et M. Blanc le savent très bien - à l'intensification de la collaboration régionale. Nous avons besoin de développer des projets avec nos voisins. C'est bel et bien pour cela que cette situation nous attriste et que cela nous coûte.

Nous sommes donc d'accord que ce soit autre chose qu'une simple résolution qu'on adopte un soir, et puis, au quotidien, on fait comme si elle n'existait pas ! Nous sommes d'accord d'aller un peu plus loin que de nous payer de mots, mais je vous rappelle également, Mesdames et Messieurs qui voulez censurer le texte, qu'il est ciblé sur la culture. Ne nous faites pas dire autre chose que ce qui est dans le texte, mais nous voulons ce texte et tout le texte et nous ne voulons pas nous contenter de mots !

M. Armand Lombard (L). J'espère bien que, malgré les apparences, le débat que nous avons n'est pas un débat gauche-droite, car il n'a aucune raison de l'être. Je pense qu'un certain consensus peut se faire sur les positions défendues par M. Charles Millon et ses amis, et qu'il s'agit de positions déplaisantes et inacceptables. Mais pour moi le débat se situe davantage au niveau des missions ou des objectifs qui sont ceux d'un parlement.

Selon moi, le parlement fait des lois et définit des stratégies pour une société. Il n'est pas un lieu de jugement sur les situations, passagères, qui existent soit près de chez nous - et qui nous concernent donc davantage - soit un peu plus loin de chez nous. Certaines positions doivent être prises, comme nous l'avons fait pour l'ancien chef du Chili, le général Pinochet. Cela étant, je pense qu'à un certain moment, quand ces sociétés ou ces communautés sont proches, il faut être extrêmement prudent sur le choix des moyens.

Je ne crois pas qu'il soit sage d'opposer à la pensée unique du groupe que nous avons dans le collimateur, celle d'un bloc qui dirait : «Non, cela nous ne le voulons pas, nous le refusons.» Que personnellement on le dise, que personnellement on l'écrive, qu'on le clame, qu'on aille le dire sur une pancarte à M. Millon est une chose, mais qu'un parlement démocratique, un lieu de discussion le dise, je crois que c'est aller trop loin ! Cela ne devrait pas sortir comme un ordre de notre part.

Nous avons appris ici une forme de partage et d'écoute. Quand nous détestons une personne ou une idée, nous nous insultons parfois, mais souvent, derrière la porte ou au bistrot, nous arrivons à nous rejoindre un peu.

Je pense que c'est une erreur de préférer une ukase au partage. Nous posons une chape sur la démocratie, nous posons une chape très lourde, cerclée de fer, en prenant une telle décision, une chape sur un système qui est à notre sens un système de discussion, de partage et d'écoute. Je crains que nous y perdions, peut-être pas Genève ni ce parlement, car cette invite sera vite perdue dans la nature si elle est votée, mais parce que fondamentalement ce parlement n'est pas une enceinte qui doit porter des jugements et condamner.

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, il y a encore quatre orateurs inscrits. Je vous propose de clore la liste des orateurs et de passer au vote.

M. Michel Halpérin (L). Le parlement me pardonnera de prendre la parole une deuxième fois sur ce sujet, mais j'ai visiblement eu un peu de peine à me faire comprendre. J'ai dû manquer de précision dans mon propos !

Monsieur Longet, la référence au gardien de chèvres provient d'une citation de l'exposé des motifs que vos collègues du même groupe ont utilisée dans leur texte. Je ne me suis pas permis de traiter ce parlement de gardien de chèvres, je me suis attribué à moi-même, personnellement, cette qualité puisque la tribu de ces gardiens de chèvres, ce sont les Juifs qui, dans le désert, se sont proclamés élus d'un dieu bizarre. C'est en cette qualité, disais-je, que je me sens autorisé à vous proposer, non pas un débat apparemment contradictoire... (Commentaires.) Non, vous n'aviez pas compris sinon vous auriez dit autre chose !

Pour répondre à M. Godinat, je dirai qu'il n'y a pas de contradiction. Je me joins à vous pour condamner les fascistes et les antisémites naturellement. J'éprouve le besoin de les frapper d'ostracisme tout comme vous, mais je vous ferai observer trois choses :

Si la proposition de résolution a bien pour titre la politique culturelle, les invites ne concernent pas spécifiquement la politique culturelle, mais l'ensemble des rapports que le Conseil d'Etat peut avoir avec l'exécutif de la région Rhône-Alpes. En d'autres termes, la première invite consiste à nous demander à nous, parlement genevois, d'inviter notre gouvernement à réduire au minimum ses contacts avec la région Rhône-Alpes.

Je considère que cela doit s'inscrire dans le cadre d'une réflexion politique. Or, une réflexion politique ne peut pas se borner à dire que certains alliés de M. Millon sont infréquentables. Elle doit aussi s'inscrire dans une perspective de politique régionale et nous ne pouvons pas, à longueur d'année, appeler de nos voeux une collaboration entre la région Rhône-Alpes et Genève, tout en saisissant le premier prétexte pour décider que nos voisins sont devenus globalement infréquentables parce qu'ils ont des alliés qui vous dérangent.

Ma deuxième remarque politique, Monsieur Godinat, c'est de dire que dans cette enceinte nous collaborons plutôt bien les uns avec les autres, même si les amis de vos propres voisins ont envahi Prague il y a trente ans ! Cela n'a pas empêché ce parlement de continuer à siéger et d'être aujourd'hui présidé admirablement par l'un des vôtres ! Il y a donc des circonstances dans lesquelles politiquement on se parle, même si moralement on se rejette !

Ma dernière remarque sur ce sujet est qu'en adoptant la deuxième invite - et non pas la première - on prononce la condamnation voulue puisqu'on ostracise et qu'on invite à faire noter cet ostracisme, mais on ne réduit pas les contacts avec la région Rhône-Alpes ; cela me paraît un choix raisonnablement politique ! (Applaudissements.)

M. John Dupraz (R). Je dirai à ce Grand Conseil que pour moi la pouponnière et les poupons sont l'avenir de la République, mais que je m'étonne des termes peu élégants et des propos de M. Vanek envers les personnes âgées, nos aînés qu'il traite de vieillards et qu'il veut tous mettre à l'asile, si je l'ai bien compris. Je crois que les aînés de notre canton, qui ont fait la richesse de ce pays, apprécieront vos propos et la façon dont vous les qualifiez !

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.).

M. John Dupraz. Cela dit, si j'ai proposé d'aller en commission, ce que vous n'avez pas voulu, ce n'est pas pour émasculer les principes énoncés dans cette résolution, mais pour trouver une rédaction qui soit acceptable. Même en suivant l'amendement de M. Restellini, je vous rappelle ce que demande cette résolution au point 2 : «manifester, à l'occasion des rencontres avec l'exécutif de la région Rhône-Alpes, l'opposition du Grand Conseil aux thèses du Front national».

Toutes les fois que le Conseil d'Etat va rencontrer les représentants du Conseil régional, il devra transmettre une missive disant que le Grand Conseil a voté une résolution et que nous réfutons les thèses du Front national. Or, les gens à qui on va remettre cette lettre de protestation ou cette opposition à cette idéologie que nous réprouvons tous, n'appartiendront pas forcément au Front national. Il pourra s'agir de personnes tout à fait honorables qui se trouvent pour des raisons de tactique politique momentanément alliées au Front national.

Je souhaite donc bon courage au Conseil d'Etat pour aller travailler avec nos voisins français en brandissant la réprobation du Grand Conseil concernant ce qui se passe dans la région Rhône-Alpes.

Vous n'avez pas voulu aller en commission, dont acte ! Mais je vous souhaite bon courage, Mesdames et Messieurs du Conseil d'Etat, pour transmettre ce que le Grand Conseil veut vous faire dire à ces personnes !

M. Alberto Velasco (S). Monsieur Dupraz, il ne s'agit pas seulement de réprouver, il faut aussi l'affirmer d'une manière ou d'une autre ! Nous sommes tous d'accord sur le fond, mais nous ne sommes pas tous d'accord de dire ou de faire la même chose. (Commentaires.)

Monsieur Halpérin, il s'agit d'éviter que de nouveau les loups rentrent dans Paris. C'est ça la question ! Comme vous, je fais partie de la tribu des gardiens de chèvres et je suis donc bien placé pour le savoir. Je tiens aussi à vous dire que vous réduisez la dimension de ce parlement d'une façon qui m'étonne. De nombreux élus et personnalités de l'autre côté de la frontière nous ont fait part de leur estime sachant que nous présentions ce type de résolution. Cela est donc assez important. Le niveau où se situe un parlement, la grandeur du territoire ne fait pas sa valeur et les résolutions que prennent ses élus sont tout aussi valables que celles prises par d'autres parlements !

Mme Jeannine de Haller (AdG). Nous voulions transmettre très clairement le message au gouvernement Rhône-Alpes selon lequel nous sommes contre leur collaboration avec l'extrême droite. Je vous rappelle que pour des raisons d'intérêt économique la Suisse a déjà accepté... (Brouhaha.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, encore quelques instants d'attention. Je vous prie de faire silence et d'écouter les orateurs. Le sujet est important !

Mme Jeannine de Haller. Je rappelle que les Suisses ont déjà accepté des propositions absolument infamantes de la part de nos voisins du Nord il y a soixante ans et je ne vois pas pourquoi on recommencerait. Je vous rappelle aussi que la fameuse lettre J a été apposée dans beaucoup de passeports suite aux concessions faites à nos voisins du Nord.

Pour que les choses soient claires, je vous propose donc de garder la première invite, sinon la résolution sera vidée de sa substance, amendée de la façon suivante : «à réduire au strict minimum les rapports culturels qu'il pourrait entretenir avec des représentants de la majorité de l'exécutif de la région Rhône-Alpes.»

Le président. Mesdames et Messieurs, nous sommes au terme de ce débat. Plusieurs propositions ont été formulées. Je vous propose, comme le prévoit le règlement, que nous votions en premier sur la proposition la plus éloignée du texte initial, c'est-à-dire la proposition de M. Restellini de supprimer la première invite.

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Le président. L'amendement de Mme Jeannine de Haller tombe donc, puisqu'il visait à modifier la première invite qui a été supprimée.

Mise aux voix, cette résolution ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat.

Elle est ainsi conçue :

Résolution(372)

concernant la politique culturelle en région Rhône-Alpes :Genève doit travailler avec Lyon et non collaborer avec Vichy

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève,considérant :

que le choix politique fait par l'exécutif de la région Rhône-Alpes de la gouverner avec l'appui et la collaboration du Front national, oblige le canton de Genève à rappeler que les options idéologiques de ce parti, sa haine de l'étranger, son antisémitisme et sa pratique de la violence sont incompatibles avec les principes que Genève entend défendre et auxquels Genève s'est liée ;

invite le Conseil d'Etat

à manifester, à l'occasion des rencontres avec l'exécutif de la région Rhône-Alpes, l'opposition du Grand Conseil aux thèses du Front national.