République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2164
Proposition de motion de Mmes Anne Emery-Torracinta, Prunella Carrard, Marie Salima Moyard, Marion Sobanek, Irène Buche, Lydia Schneider Hausser : Premiers secours : sauver des vies grâce à des gestes simples !
Ce texte figure dans le «Recueil des objets déposés et non traités durant la 57e législature».

Débat

Le président. Nous allons maintenant examiner les motions figurant à l'ordre du jour depuis 2013 - en catégorie II, trente minutes - en commençant par la M 2164. La parole revient à Mme la députée Lydia Schneider Hausser.

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Merci, Monsieur le président. Cette motion a un certain âge, bien sûr, mais les premiers secours n'ont pas d'âge ! Il s'agit de gestes simples, qui peuvent sauver des vies. Il est vrai que dans certains lieux publics, des appareils ont été installés, permettant une réaction rapide en cas d'AVC qui se produisent dans ces lieux - encore faut-il savoir utiliser ces appareils. Prodiguer les premiers secours à quelqu'un après un accident, l'installer correctement peut lui sauver la vie. Les personnes qui passent le permis de conduire suivent des cours de premiers secours, mais c'est relativement rapide et on s'exerce peu par la suite. On sait que quand on est jeune, ou enfant, on a plus de facilité pour apprendre. Nous avons reçu des ambulanciers: ils sont souvent sollicités pour aller donner des cours de premiers secours, soit chez les samaritains, soit dans d'autres sociétés, mais le font souvent bénévolement; il y aurait peut-être quelque chose à imaginer pour qu'ils puissent être rémunérés et donner ces cours dans différents lieux, à l'école ou peut-être aux employés de l'Etat qui ensuite pourraient eux-mêmes transmettre ces gestes simples qu'il faut savoir non seulement apprendre dans la théorie, mais répéter pour qu'ils soient efficaces. Cette motion demande au Conseil d'Etat de faire un inventaire de ce qui existe déjà, de voir comment on pourrait améliorer, sans trop dépenser, cet apprentissage et cette pratique des premiers secours, pour que des vies puissent être sauvées à peu de frais, étant entendu qu'une vie n'a pas de prix. Nous vous demandons donc de soutenir cette motion et de la renvoyer au Conseil d'Etat pour une réponse et un inventaire rapides de ce qui existe.

M. Jean-Marc Guinchard (PDC). Mesdames et Messieurs, chers collègues, en préambule, je souhaite préciser qu'à titre bénévole et à mes moments perdus, je suis président de l'association cantonale des samaritains. La motion qui nous est soumise part d'une bonne impression; les constats et notamment les chiffres qui figurent dans l'exposé des motifs sont justes et donnent bien entendu à réfléchir. Pour être efficace, tout geste - nous le savons tous, Mesdames et Messieurs - doit être répété de manière redondante et doit être sans cesse renouvelé. C'est en forgeant qu'on devient forgeron, ce qui est aussi valable pour les médecins: j'aurais beaucoup de peine à me rendre chez un médecin pour une prothèse de la hanche s'il en fait trois par année. Il est donc important que ces gestes soient répétés. J'aurais toutes les craintes si, étant pris d'un malaise dans cette salle, je voyais s'approcher de moi un député lambda muni d'un défibrillateur, avec de vagues souvenirs du cours qu'il a suivi lors du passage de son permis de conduire. Heureusement, nous avons des médecins et des professionnels de la santé dans cette salle aussi. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Je pourrais volontiers me rallier à la première invite, mais j'ai plus de doutes sur la deuxième; dans ce cadre, pour relever quand même la bonne intention de cette proposition de motion, au nom du groupe démocrate-chrétien, je propose son renvoi à la commission de la santé.

Mme Sarah Klopmann (Ve). Les Verts sont aussi en faveur de cette motion. Néanmoins, j'aimerais préciser un point par rapport à la première invite, qui demande un état des lieux: effectivement, c'est quelque chose d'assez important et qu'il faut faire; mais je m'interroge, parce que rien que dans l'exposé des motifs, on nous dit qu'on sait déjà qu'un nombre insuffisant d'actions sont entreprises. Finalement, on aurait tout de suite pu entreprendre des moyens d'action et avancer dans cette problématique: il est en effet très important d'informer mieux les gens, de leur indiquer les bons gestes, de leur dire comment sauver des vies, et surtout, de les rassurer, car souvent, les gens n'osent pas intervenir, de peur par exemple de casser des côtes, alors que n'importe qui préférerait avoir une côte cassée parce que quelqu'un l'aurait réanimé, plutôt que précisément le coeur qui ne se réanime jamais. J'aimerais aussi rappeler ou apprendre à certains que dans des pays anglo-saxons, notamment au Royaume-Uni, on a réalisé des clips assez didactiques pour toute la population, expliquant notamment que le rythme cardiaque est basé exactement sur le même rythme que la chanson des Bee Gees «Stayin' alive»: avec de tels messages, très simples, on touche toute la population. J'ai vu une fois ce clip, et maintenant, je connais le rythme du massage cardiaque ! On pourrait entreprendre des actions pour une fois un peu plus faciles d'accès pour la population, plutôt que de tout le temps mettre en place des cours ou des formations qui restent peut-être moins en mémoire. J'encourage donc vivement le Conseil d'Etat à développer ce plan d'action et surtout à essayer de le rendre accessible à toute la population en faisant quelque chose d'un peu rigolo, pour une fois, parce que tant qu'à faire, si ça peut marquer les esprits, ce sera plus efficace.

M. Jean-François Girardet (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le MCG propose, comme la plupart d'entre vous, de renvoyer cette proposition de motion, présentée alors par Mme Anne Emery-Torracinta, au Conseil d'Etat, qui saura certainement comment la traiter et nous renverra un rapport. En effet, les gestes demandés dans le cadre des premiers secours sont des gestes simples. Dans les communes comme dans le canton, les sociétés de samaritains font déjà un gros effort de vulgarisation pour l'enseignement à la population. Il se trouve que les personnes qui passent un permis de conduire sont aussi initiées. On pourra faire un bilan de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. C'est le Conseil d'Etat qui sera chargé de ce rapport et nous rendra un inventaire comme cette motion le demande. Concernant les améliorations de pratiques, un inventaire sera aussi produit. Sans allonger davantage, je vous propose donc de voter pour le renvoi de ce texte au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

M. Charles Selleger (PLR), député suppléant. La réanimation n'est pas quelque chose de simple. Les gestes «simples» décrits dans les considérants ne le sont pas tant que cela: c'est justement pour cette raison que cela vaut la peine d'essayer de les enseigner le plus tôt possible, peut-être à l'école primaire, peut-être aussi dans les écoles secondaires. A Genève, on a la chance d'avoir un accès très rapide à des réanimations fournies sur place par le cardiomobile, dans un délai d'environ dix minutes, à peu près sur tous les points du canton. Ces dix minutes sont essentielles: il ne faut qu'un «simple» massage cardiaque - simple avec de gros guillemets - évidemment accompagné d'une ventilation artificielle pour maintenir les chances de la personne victime d'une mort subite de se voir définitivement réanimée par une équipe professionnelle. Je pense qu'il est essentiel d'enseigner la manière de se comporter durant ces dix minutes. Le PLR recommandera donc le renvoi de cette motion à la commission de la santé.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à M. le conseiller d'Etat Mauro Poggia.

M. Mauro Poggia. Je renonce, Monsieur le président.

Le président. Très bien, merci. J'ouvre le scrutin sur la proposition de renvoi de ce texte à la commission de la santé.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2164 à la commission de la santé est adopté par 60 oui et 2 abstentions.