République et canton de Genève

Grand Conseil

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Discours de M. Diego Esteban, nouveau président

Le président. Mesdames et Messieurs les députés,

Madame la présidente du Conseil d'Etat,

Monsieur le conseiller d'Etat,

Vous me faites l'honneur de me confier la présidence du Grand Conseil pour un an, et je vous adresse en retour ma plus profonde reconnaissance. Je mesure l'importance des responsabilités qui m'échoient et j'ambitionne de les assumer avec la même sérénité, la même bienveillance et la même fermeté que mes prédécesseurs. Je tiens à rendre hommage à François Lefort, dont la présidence exemplaire, menée avec une main de fer gantée de velours, cumulant avec finesse compétence et humour, a permis la cohésion qui caractérise la cuvée 2020-2021 du Bureau.

Ma présence ici et maintenant est le paroxysme d'une histoire inhabituelle. Celle d'un jeune étudiant fraîchement arrivé sur les bancs de la faculté de droit et qui, curieux de savoir comment sont adoptées les lois, se rend un soir d'automne en 2012 à la tribune du public du Grand Conseil. Captivé, il revient régulièrement, peu importe le contenu de la session, et se souvient d'ailleurs encore aujourd'hui du regard interrogateur de quelques députés qui devaient bien se demander ce qu'une séance des extraits pouvait avoir d'intéressant pour le public. Malgré cela, son sens civique avait été pleinement éveillé, le décidant à entamer une procédure de naturalisation, rejoindre un parti, se présenter aux élections. En prêtant serment en mai 2018, il peine encore à réaliser qu'il vient de rejoindre la même assemblée qui lui a inculqué sa passion pour la démocratie.

Ma présence ici doit beaucoup à deux de mes prédécesseurs, ici présents, qui ont oeuvré pour encourager la participation civique. Je ne compte plus les vocations éveillées par leurs efforts. C'est avec un certain enthousiasme que je compte désormais reprendre le flambeau et faire tout mon possible pour que nos concitoyennes et concitoyens se sentent concernés par la politique et s'y intéressent. Il est en effet plus que jamais nécessaire d'entretenir et de renforcer les liens qui unissent le peuple à ses élus.

Si l'on peut se réjouir du fait que la présidence du Grand Conseil est pour la première fois âgée de moins de 30 ans, alors que cette catégorie d'âge est habituellement la moins représentée, une autre étape moins réjouissante est franchie ce soir. En raison de la pandémie qui accompagne notre quotidien depuis plus d'un an, ce discours est pour la première fois prononcé masqué, face à une salle masquée. Un spectacle que certainement personne ne souhaite voir se répéter, et je garde espoir que ce voeu sera bientôt exaucé.

Ce soir, je pense aux personnes qui nous ont quittés, sans pouvoir être accompagnées par leurs proches. Je pense à celles et ceux qui attendent encore une guérison, même après le départ du virus. Aux gens qui espèrent pouvoir retrouver un emploi, ou qui se demandent combien de temps il restera encore. Aux personnes isolées de longs mois, qui luttent avec des idées noires. Aux petites mains dans les soins et autres services essentiels, qui ne comptent plus leurs heures. Je pense à ma famille et aux autres personnes qui vivent tant bien que mal de la musique, à l'heure où les milieux culturels sont durement touchés dans leur activité.

Il est devenu difficile de parler de la crise sans avoir recours à des formules, néologismes ou autres lieux communs déjà inlassablement répétés ces derniers mois. Nous portons toutes et tous en nous une certaine morosité, une certaine lassitude qu'il ne s'agirait aucunement ici d'alimenter. Il est en revanche impossible de faire comme si elles n'existaient pas, comme si elles n'exerçaient pas une influence sur nos travaux. Lorsque les conditions seront réunies, il est vital que nos travaux reprennent sous une forme qui autorise des échanges plus spontanés, pouvant même s'achever autour d'un verre. Nous découvrirons prochainement notre nouvelle salle à l'Hôtel de Ville, l'occasion de réinvestir un cadre familier et propice à ces échanges.

De la même manière que la lumière brille plus fort dans l'obscurité, cette crise a aussi accentué les meilleurs aspects de la politique cantonale. Depuis un an, nous votons des aides financières dont ont pu bénéficier des milliers d'entreprises, nous adoptons diverses mesures de soutien aux personnes en situation de précarité. La coopération entre le Grand Conseil et le Conseil d'Etat s'améliore. Les autorités cantonales utilisent les outils à leur disposition pour permettre à la population et à l'économie de se relever, une fois que les menaces d'ordre sanitaire seront maîtrisées. Enfin, cette politique de solidarité, d'une ampleur sans précédent, porte les promesses d'une politique plus consensuelle, dont je souhaite vivement qu'elle survive à la crise et continue à s'imposer.

Je me réjouis de mener à bien les travaux de notre parlement, en compagnie des autres membres du Bureau que nous allons maintenant élire et du secrétariat général du Grand Conseil. Nous avons la chance de bénéficier des compétences irréprochables de ses collaboratrices et collaborateurs, particulièrement précieuses dans la mesure où nous siégeons dans une salle différente chaque année. Que nos débats et nos prises de décisions permettent à nos concitoyennes et concitoyens de retrouver un monde de rencontres, un monde festif, un monde de musique, un monde de voyages, un monde en vie. Vive la république ! Vive Genève ! Vive la Suisse ! (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !