République et canton de Genève

Grand Conseil

Chargement en cours ...

RD 1370
Réception en l'honneur de MM. Michel Mayor et Didier Queloz, prix Nobel de physique 2019

(MM. Michel Mayor et Didier Queloz entrent dans la salle. L'assemblée se lève. Applaudissements.)

Le président. Veuillez vous asseoir.

Mesdames et Messieurs les députés,

Monsieur le conseiller d'Etat,

Monsieur le recteur,

Mesdames et Messieurs,

Messieurs les lauréats du prix Nobel de physique 2019, chers Michel Mayor et Didier Queloz,

Au nom du Grand Conseil de la République et canton de Genève, permettez-moi de vous rendre hommage une nouvelle fois pour votre carrière scientifique couronnée en 2019 par le prix Nobel de physique. Avec votre découverte de la première exoplanète nommée 51 Pegasi b, vous avez confirmé une hypothèse qui, depuis, a ouvert un champ d'exploration considérable de notre univers. Nous nous plaisons à relever que vous avez fait de notre observatoire de Sauverny un lieu de référence pour la découverte de très nombreuses autres planètes extrasolaires; en effet, selon les statistiques, près de la moitié des deux mille planètes débusquées à ce jour l'ont été dans notre canton. Par vos travaux, vous avez renforcé la place de Genève à la croisée des recherches sur l'infiniment petit au CERN et sur l'infiniment grand à l'observatoire de Sauverny.

Ce prix Nobel est source de fierté, pour vous tout d'abord, mais aussi pour notre université et nos hautes écoles ici représentées, source de fierté et d'inspiration pour leurs chercheuses et chercheurs, pour leurs étudiantes et étudiants. Il l'est aussi pour nous, autorités, qui vous accordons à vous, scientifiques, les moyens de la collectivité publique afin que vous développiez la compréhension de notre univers proche et moins proche; nous savons en effet que la connaissance est le meilleur remède contre l'ignorance et que la curiosité ainsi que la soif d'explorer et de saisir son environnement, qui sont propres à l'animal Homo sapiens, doivent être entretenues pour notre bien et celui des générations à venir. «S'ils savaient où se trouve ce qu'ils cherchent, ils ne chercheraient pas.» Voilà ce que soutenait Goethe dans ses «Maximes et Réflexions», et vous êtes les exemples de l'application de ce principe, comme tous les chercheurs qui étendent nos connaissances tous les jours dans tous les domaines.

Vos travaux sont également source d'émerveillement: ils témoignent de l'accumulation et de la maîtrise de siècles de savoirs, d'organisation de ces savoirs et de développements technologiques qui en découlent et qui, dans votre cas, ont permis de parvenir à ce résultat; ils n'auraient pas été possibles sans les efforts et la curiosité permanente de ceux qui vous ont précédés; ils nous plongent par ailleurs dans l'abîme intellectuel du potentiel qu'offrent les mathématiques et la physique, avec l'évolution des capacités techniques d'exploration de l'espace.

Votre contribution à cette avancée scientifique est enfin source de modestie et de réflexion tant notre condition humaine paraît insignifiante à l'échelle de l'univers. Mais l'infiniment petit que nous sommes est contrebalancé par l'infiniment grand des frontières de l'esprit humain. «Quoi que l'on fasse, cependant, tout peut dépendre, tout à coup, de l'éclair imprévu et imprévisible qui jaillit d'un cerveau.» Voilà ce que pensait de Gaulle de la recherche scientifique, et vous en êtes l'illustration. Oui, la recherche se nourrit avant tout d'intuitions fortuites qu'aucune administration ne saurait prévoir, raison pour laquelle il faut veiller à ce que la réflexion scientifique ne soit pas brimée par des principes de gestion étriqués. Certes, votre découverte a entaillé l'hypothèse du caractère unique de la vie sur la planète bleue, même si la question d'une autre vie «intelligente» ailleurs - ou même simplement d'une autre vie - reste un mystère, tant les distances qui nous séparent de la première exoterre potentielle nous semblent infranchissables.

Grâce aux réflexions que vos recherches ont suscitées, nous savons en outre que les menaces qui pèsent sur notre planète ne proviennent ni d'extraterrestres ni d'astéroïdes ou d'autres objets interstellaires; elles ressortissent au très petit, de la taille d'un virus par exemple - je pense au fléau qui nous afflige depuis l'hiver - ou au plus grand, de la taille des êtres humains, nous-mêmes, qui exigeons de notre Terre plus qu'elle ne peut nous offrir. Si 51 Pegasi b - Dimidium, de son petit nom - n'est qu'à cinquante années-lumière d'ici, encore faudrait-il pouvoir parcourir ces cinquante années à la vitesse de la lumière, ce qui est une première gageure, la seconde étant que vous soyez tombés du premier coup sur une planète viable.

Vous avez eu l'occasion de le dire aux médias, et nous sommes nombreux à vous en savoir gré: il n'y a pas de plan B à notre vie sur Terre, il n'y a pas d'échappatoire ni de solution miracle à l'épuisement des ressources, au tarissement des sols, à la pénurie d'eau douce, aux changements climatiques. Ainsi, même si vous avez passé votre vie la tête dans les étoiles, vos pieds sont bien ancrés sur terre et vous nous invitez à la préserver; pour ce message aussi, nous vous exprimons notre gratitude. Afin de vous témoigner notre admiration et notre reconnaissance, j'ai le plaisir de vous offrir le livre «Genève Lumières» ainsi qu'un stylo souvenir marquant votre présence ici et maintenant, devant notre Grand Conseil. (Applaudissements. Le président remet le livre et le stylo souvenir respectivement à MM. Michel Mayor et Didier Queloz.) Monsieur Mayor, à vous la parole.

M. Michel Mayor. Je vous remercie.

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs les députés,

Messieurs - je crois qu'il n'y a pas de dames - les membres du Conseil d'Etat,

Je suis très heureux d'être ici parmi vous, accueilli par cette assemblée. Il y a vingt-cinq ans, Didier et moi découvrions la première planète extrasolaire. Il est très simple d'expliquer en quoi cela consiste: il s'agit d'une planète en orbite autour d'une autre étoile que le soleil. Cette découverte a transformé un rêve multimillénaire - on trouve des traces de discussions à ce sujet il y a plus de deux mille ans déjà - en un nouveau chapitre de l'astrophysique. Depuis, plus de quatre mille exoplanètes ont été découvertes, plus de dix satellites ont été développés ou sont en cours de développement pour les étudier et plusieurs milliers de chercheurs se consacrent à ce domaine. Cela représente une part énorme de l'astrophysique actuelle.

On peut se poser la question suivante: pourquoi une telle découverte a-t-elle pu être faite à Genève ? Evidemment, il est difficile d'être exhaustif quant aux raisons, mais soulignons tout de même quelques facteurs qui ont aidé. D'abord, il y a l'infrastructure et les conditions de travail au sein du département d'astronomie de l'Université de Genève. Y ayant officié pendant plus de quarante ans, j'exprime aujourd'hui ma gratitude aux autorités de ce canton qui ont développé une institution se situant, selon les évaluations internationales, dans le premier pour cent des meilleures universités. Absolument remarquable !

Ensuite, il faut mentionner le rôle exceptionnel que joue le Fonds national suisse pour la recherche. Peut-être ne le savez-vous pas, mais celui-ci a été créé en 1952 sous la forme d'une fondation pour retenir et faire revenir au pays des scientifiques qui partaient, attirés en particulier par les Etats-Unis. Ces efforts se sont révélés payants et, à l'heure actuelle, cette entité soutient la recherche en Suisse avec une efficacité incroyable, sans craindre des sujets qu'on pourrait parfois juger «à risque». En 1971, par exemple, j'étais encore un très jeune chercheur et j'obtenais mon premier crédit pour développer un spectrographe à corrélation. Un outil qui, beaucoup plus tard, a permis la découverte de 51 Pégase !

Evoquons maintenant les vertus de la collaboration entre scientifiques. Début 1990, nous avons construit un deuxième spectrographe en collaboration avec des ingénieurs et des techniciens de l'observatoire de Haute-Provence, sur un télescope qui était à l'époque le plus grand jamais installé sur sol français; nous avons donc énormément bénéficié de cette coopération. L'impact de cette avancée nous a naturellement stimulés et incités à concevoir de nouvelles générations d'instruments de plus en plus précis; je pense en particulier à celui qui a été développé au début du XXIe siècle, aux alentours de 2003, et installé à l'observatoire de La Silla, au Chili. Heureusement que la Suisse était devenue membre de l'ESO dans les années 80 ! L'ESO, c'est un peu le CERN des astronomes: il s'agit d'une organisation européenne qui regroupe seize pays et mutualise les moyens offerts par ceux-ci afin de mener des recherches dans l'hémisphère sud - j'y reviendrai. Encore une fois, heureusement que la Suisse en était membre ! Pendant plus de quinze ans, ce spectrographe est resté le plus précis du monde pour la quête d'exoplanètes; puis, il a été surpassé par un autre spectrographe, développé à l'observatoire de Genève sous la direction de l'actuel directeur Francesco Pepe, là encore dans le cadre d'un consortium européen.

L'ESO, comme je le disais, fournit une infrastructure véritablement exceptionnelle: sur le mont Paranal, quatre télescopes de 8,20 mètres - quand je dis 8,20 mètres, c'est le diamètre du miroir ! - des télescopes absolument gigantesques qui peuvent en outre fonctionner de concert; il y a également ALMA, un ensemble de 66 antennes situées dans les Andes, à plus de 5000 mètres d'altitude. Ah, et j'oublie le meilleur: un télescope de 39 mètres de diamètre, le plus grand du monde, est en cours de développement dans le désert d'Atacama; son miroir aura approximativement la dimension de cette salle ! Voilà, juste pour situer la puissance de ces outils prodigieux mis à la disposition de tous les chercheurs européens, notamment helvétiques. Si notre pays devait quitter un tel organisme, eh bien c'est vite vu: la recherche astronomique suisse n'existerait plus. En effet, subsister sans ces moyens est tout bonnement impossible, parce que de telles infrastructures dépassent complètement les possibilités d'un seul pays.

Petite parenthèse: la science est un monde certes excitant, mais également rude, c'est le royaume de la compétition. Les seize Etats membres de l'ESO contribuent au pro rata du PNB, donc la Suisse paie 3% à 4% de l'organisation. Attention, cela ne donne aucun droit à du temps de télescope ! Tous les six mois, les astronomes proposent des programmes - on en dénombre environ neuf cents en tout - pour l'ensemble des instruments, et des comités les évaluent, mettent des notes. Au final, le temps est accordé strictement dans l'ordre de qualité des projets. Si un scientifique venait se plaindre auprès des instances politiques de son pays en disant qu'il n'obtient pas assez de retours, on lui répondrait simplement: «Soyez meilleur !» Voilà, on parle d'un organisme qui garantit la qualité de la science. Comme vous le savez, c'est la même chose dans le secteur spatial. A Ecogia, sorte de succursale de l'observatoire de Genève, un centre s'occupe depuis plus de vingt ans des rayons gamma provenant de la mission spatiale européenne Integral; actuellement, ce centre gère de nombreux satellites européens, en particulier le dernier venu, CHEOPS, satellite de l'ESA, mais né de l'initiative de chercheurs suisses afin d'étudier des exoplanètes et lancé en décembre dernier.

Si l'Université de Genève se place à un rang remarquable dans les rankings mondiaux, elle le doit pour une part essentielle à son insertion internationale et à son ouverture. En effet, la collaboration internationale est indispensable pour la complémentarité des savoirs et des idées. Il y a quelques années, toujours dans le domaine des exoplanètes, nous avons découvert des systèmes qui comprennent plusieurs planètes, mais nous étions face à un problème en ce qui concerne leur stabilité. Sans coopération, il aurait fallu demander à des gens de chez nous de se pencher sur la stabilité des systèmes multiplanétaires, sujet d'une complexité épouvantable, alors qu'il a suffi d'un coup de téléphone avec un chercheur de Paris spécialisé dans cette discipline et nous avons immédiatement obtenu des réponses. La complémentarité, un principe fondamental pour la force de travail.

A présent, on peut se demander ce que le prix Nobel va apporter à la cité. Je crois d'une part qu'il s'agit d'un modèle pour les jeunes, peut-être d'un stimulant - on peut l'espérer - pour les inciter à choisir un métier dans la science ou la technologie. En fait, je suis très confiant là-dessus, vu le nombre de fois où des enfants m'arrêtent dans la rue pour demander à leurs parents de prendre une photo avec moi parce qu'ils veulent devenir astronomes; bon, je ne sais pas ce qu'il en adviendra, mais ils sont en tout cas très motivés à leur jeune âge. Il ne faut pas oublier que nous manquons encore d'ingénieurs compétents, nous avons de plus en plus besoin de personnes dans ce domaine.

D'autre part, rappelons qu'en Suisse, 30% des exportations de biens manufacturés sont issus de la haute technologie, cela constitue une part très importante; à cet égard, on peut croire que le prix Nobel va apporter une plus-value intéressante, car nous sommes constamment en contact avec l'industrie. D'ailleurs, petite anecdote amusante concernant le tout premier spectrographe à corrélation que nous avons développé: la pièce la plus critique a été réalisée à Versoix. Depuis lors, pour les instruments plus perfectionnés, nous collaborons avec l'industrie optique suisse allemande, avec APCO Technologies à Aigle... Il y a vraiment un aspect de notre travail qui est extrêmement proche de l'industrie.

Pour conclure, je dirais que ce prix Nobel n'est que la pointe de l'iceberg; à l'université, nombre de travaux tout aussi intéressants sont présentés. Merci de nous avoir offert le cadre qui a permis les nôtres. (Applaudissements.)

Le président. Merci beaucoup. J'invite maintenant M. Queloz à nous dire quelques mots.

M. Didier Queloz. Je vous remercie.

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs les députés et membres du Conseil d'Etat,

Chers collègues,

Chers amis,

Cher public,

Je suis très honoré par votre hommage et très fier pour Genève et ses institutions de me trouver devant vous aujourd'hui. Je suis né en 1966 à deux pas d'ici, à la maternité. Cinq ans plus tard, dans ce même hôpital, j'ai été sauvé de justesse d'une méningite foudroyante grâce à la célérité et à la compétence de son équipe soignante. Le talent de la médecine genevoise m'a ainsi permis de passer une jeunesse heureuse à Onex où j'ai été à l'école primaire, puis au cycle d'orientation du Marais - peut-être comme certains d'entre vous.

J'ai ensuite rejoint le collège de Saussure pour y passer ma maturité scientifique. Un établissement prédestiné, me direz-vous ! Professeur de philosophie à l'Académie de Genève - c'est comme ça qu'on appelait l'université à l'époque - Horace Bénédict de Saussure a, guidé par sa curiosité, mis en place un nouveau domaine de la science, ce qu'on appelle maintenant la géologie alpine, et par la même occasion, il inventa l'alpinisme ! Genève a clairement une longue tradition d'excellence dans les domaines scientifiques.

Après ma maturité, attiré par la science et la physique, plus particulièrement par le côté fascinant des thèmes liés à l'astrophysique, je passe progressivement du banc d'étudiant à l'Université de Genève au pupitre de professeur, privilège que je partage avec l'Université de Cambridge, en Angleterre - qui, par un hasard du destin, il y a presque cinquante ans, avait servi de source d'inspiration à Michel pour s'embarquer sur un chemin qui allait bien plus tard nous mener ensemble vers la découverte de la première planète extrasolaire. Je suis donc un pur produit du terroir genevois, un peu comme le cardon !

Cela démontre que le système scolaire public dont j'ai eu la chance de bénéficier gratuitement offre une éducation de qualité qui permet à tout un chacun de constituer un bagage solide pouvant mener vers l'excellence - voire, avec un peu de chance, vers le prix Nobel ! J'espère que la visibilité apportée par cette récompense ajoutera au rayonnement international de la cité et permettra de promouvoir l'intérêt pour la science auprès de la population; je souhaite également que ce prix inspire plus de jeunes et les incite à s'engager dans une carrière dans les sciences, la technologie, l'ingénierie ou les mathématiques. A cette occasion, je salue et remercie chaleureusement tous mes professeurs, l'université ainsi que mes collègues pour tout ce qu'ils m'ont apporté.

En tant que professeur de physique, je ne cesse d'être étonné par les contradictions du monde actuel. De mon point de vue, notre société est dominée et modelée par la science et les connaissances acquises grâce à la recherche fondamentale, souvent considérée comme inutile ou sans application immédiate. La validation du support institutionnel ainsi que l'intérêt pour l'économie privée de financer ce type de recherche engendrent de perpétuels questionnements. On entend par exemple: «A quoi ça sert ?» Ou bien: «Il serait préférable d'utiliser cet argent pour des objectifs plus précis et mieux définis dans le temps.» Pourtant, l'acquisition de nouveaux savoirs a un impact énorme sur notre société; tôt ou tard, ceux-ci influencent notre économie, notre industrie, nos modes de vie. Participer à leur élaboration, c'est avoir une meilleure emprise sur le futur que nous souhaitons.

Je suis sûr que vous tous, Mesdames et Messieurs, disposez de ce genre d'appareil. (L'orateur brandit un smartphone.) Un natel, comme on dit ici. On peut penser qu'il est le produit du progrès technologique industriel; eh bien cet appareil existe et fonctionne uniquement parce que de nombreuses découvertes fondamentales ont permis de concevoir une nouvelle technologie impensable auparavant. Pour paraphraser le fameux physicien Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique en 1991, vous ne développerez pas la technologie de l'ampoule électrique en améliorant la bougie. Par exemple, le GPS inclus dans ce téléphone qui vous permet de savoir où aller - peut-être l'avez-vous utilisé pour trouver cet endroit ? - fonctionne sur la base des équations de la relativité d'Albert Einstein. Je ne vais pas vous les expliquer maintenant, mais sachez qu'il y a cent ans, Einstein développait ces équations uniquement sur des arguments abstraits d'esthétisme et de symétrie entre le temps et l'espace.

Notre société technologique est bâtie sur la connaissance accumulée au gré d'innombrables travaux de recherche effectués par des gens motivés essentiellement par leur curiosité - un mot qu'on a aussi beaucoup entendu dans la bouche de Michel. Une curiosité si fortement imprimée dans la nature profonde de notre espèce qu'elle en est universelle: elle transcende les genres, les cultures, les frontières et les langues nationales. Les mathématiques et la démarche scientifique sont, à mon sens, une expression universelle et moderne du potentiel extraordinaire que possède l'esprit humain de tenter d'appréhender notre univers dans toute sa diversité et sa complexité. Freiner, limiter, réprimer cette aspiration, c'est agir contre l'un des moyens les plus puissants du progrès de nos sociétés.

A moins d'un mois d'une votation sur une initiative qui a pour objectif principal de restreindre la mobilité entre la Suisse et l'Europe, je ne peux pas rester indifférent. Ce texte, s'il est accepté, mettra clairement en danger les accords bilatéraux - c'est d'ailleurs, je pense, sa vocation première; cela aura entre autres comme conséquence directe de diminuer fortement notre capacité, nos moyens et notre engagement en qualité d'acteurs majeurs de la recherche européenne. Je vous invite dès lors, Mesdames et Messieurs les députés, à considérer votre rôle important de législateur comme une chance d'être le moteur et un outil du progrès, et non pas un frein au positionnement de la Suisse comme lieu d'excellence de la recherche scientifique mondiale, à plus forte raison à un moment où les défis liés au réchauffement climatique sont proprement gigantesques et où nous aurons d'autant plus besoin d'innovation et de collaboration pour les affronter avec efficacité.

Je vous souhaite à tous ainsi qu'à vos proches une bonne santé en ces temps incertains de pandémie et je vous remercie de votre attention. (Longs applaudissements. L'assemblée se lève.)