République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 6 juin 2014 à 20h30
1re législature - 1re année - 9e session - 57e séance
M 2209
Débat
Le président. Nous abordons notre dernière urgence. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Je passe la parole à l'auteur de la motion, M. Hiltpold.
M. Serge Hiltpold (PLR). Merci, Monsieur le président. Dans ce brouhaha, avec une ambiance de match, presque, j'ai l'honneur de vous présenter cette proposition de motion. Vous n'êtes pas sans savoir le développement exceptionnel et le succès du Genève-Servette Hockey Club. Un engouement populaire a récompensé les efforts du club, tant sur le plan de la formation que sur celui de la fréquentation. (Brouhaha.) Environ sept mille spectateurs, plus de trente fois par année, viennent le soutenir, et cela sans compter les play-offs. (Brouhaha.)
Le président. S'il vous plaît, un peu de silence !
M. Serge Hiltpold. On peut également noter que lorsque le Genève-Servette n'est pas en play-off, les spectateurs sont toujours fidèles au rendez-vous. Seul hic dans ce magnifique tableau, la vétusté de la patinoire des Vernets, qui ne répondra plus aux nouvelles normes de la Ligue nationale de hockey dès la saison 2018-2019. Le club risque donc concrètement une relégation administrative, ce qui est fort dommage vu tous les efforts entrepris. Et je crois que la responsabilité politique, c'est déjà d'éviter ce problème et d'intervenir dans ce dossier. (Remarque.) On ne m'entend pas ? Je vais me baisser un petit peu.
Le président. Voilà qui est mieux !
M. Serge Hiltpold. Par une convention conclue en février 2012, le Conseil d'Etat, les conseillers administratifs de Genève et de Lancy ainsi que le club du Genève-Servette ont initié une étude de faisabilité technique et financière détaillée du projet d'implantation de la nouvelle patinoire sur le site du Trèfle-Blanc. Cette étude conclut à la faisabilité de l'implantation sur ce site, notamment avec un financement en PPP faisant intervenir environ 60% de fonds propres. A la lecture du planning intentionnel, on voit que la maîtrise du foncier devait être sous toit en juin 2014, soit maintenant. Et c'est là qu'un problème survient par rapport à ce projet: force est de constater que ce délai est dépassé et que l'impact sur l'objectif de réalisation pour la mi-2018 va commencer à se faire sentir fortement. Il est donc grand temps que cette maîtrise du foncier soit la priorité, avec une approche constructive et respectueuse des propriétaires des biens-fonds du périmètre concerné, car sans leur accord, sans une approche positive, on ne pourra strictement rien faire.
Concernant l'exploitation de cette surface de glace supplémentaire, le Genève-Servette l'occuperait 14,8% du temps, c'est-à-dire qu'il serait la première équipe. Les autres plages seraient dévolues notamment au mouvement des élites, au sport-étude, aux corpos, au mouvement junior et au patinage artistique, avec 20,4% du temps d'occupation. Ce projet n'est donc pas seulement en faveur du Genève-Servette, il concerne aussi tous les sports de glace. Vous l'aurez bien compris, il devrait rallier l'ensemble des camps politiques au-delà de certains clivages qu'on peut observer dans ce parlement, et je pense que le soutien au sport de glace est nécessaire. Il faut faire quelque chose pour le milieu sportif à Genève. On fait beaucoup pour le milieu culturel; le but n'est pas d'opposer la culture et le sport, mais je pense qu'on a besoin d'avoir un soutien massif et je vous invite à renvoyer cette motion directement au Conseil d'Etat, car la renvoyer en commission reviendrait à l'enterrer. Je vous remercie !
M. Bernhard Riedweg (UDC). L'engouement pour le hockey sur glace, à Genève, n'est plus à prouver, car depuis la saison 2000-2001 une équipe genevoise est présente en ligue nationale A, après vingt-sept ans d'absence. (Brouhaha.) Depuis quatorze ans, un coach d'exception a su rallier les nombreux supporters individuels et institutionnels à la cause d'une équipe genevoise, dans une patinoire dont le public a, par trente fois, lors de la dernière saison, dépassé les sept mille personnes. Construire une nouvelle patinoire de dix mille places avec un parking de huit cents places sur le site du Trèfle-Blanc, à Lancy, pour un coût de 125 millions pour la seule patinoire, sous-entend que le Genève-Servette Hockey Club réussisse à se maintenir en ligue nationale A durant des décennies, afin de permettre l'amortissement de cette importante installation. Compte tenu du fait qu'un tel investissement ne peut être rentable, il incombera à l'Etat de le financer, surtout si l'équipe fanion ne réussit pas à se maintenir dans la ligue supérieure. Depuis 2003, le canton de Genève vit un épisode de ce genre avec le FC Servette et son stade de football de la Praille, qui n'est rempli que lors des matchs internationaux. Le projet de construction d'une nouvelle patinoire tarde à se concrétiser en ces années d'augmentation de la dette, car l'Etat n'a pas de ressources financières pour justifier la construction d'une telle infrastructure en priorité, d'où son comportement fort discret. La Swiss Ice Hockey Federation menace de reléguer le club genevois dans une ligue inférieure s'il ne procède pas à la construction d'une nouvelle patinoire. Il faut cependant être conscient que la fédération ne peut pas imposer son bon vouloir, au risque de se retrouver à la tête d'un championnat regroupant six à huit équipes; en effet, Fribourg, Ambrì-Piotta, Rapperswil, Bienne et Lausanne ne sont pas mieux lotis en infrastructures de glace que Genève. La solution la plus plausible actuellement serait un partenariat public-privé et le soutien de quelques généreux mécènes ainsi que des investisseurs privés, qu'il faut rassembler et convaincre avant de poursuivre les études de faisabilité détaillées et techniques. En conclusion, nous vous demandons de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président.
M. Vincent Maitre (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, certaines villes d'Europe ou du monde sont plus connues grâce à leur club de sport - de foot, de rugby ou de hockey parfois - et évidemment à leurs infrastructures sportives, que par ce qu'elles peuvent produire. (Commentaires.) De telles infrastructures sont parfois devenues les réels emblèmes de certaines villes; on peut penser au stade Allianz à Munich, au stade d'Arsenal notamment, et il y en a d'autres. Raison pour laquelle nous pensons, au PDC, que cette motion donne une nouvelle dynamique et qu'il nous faut une infrastructure d'envergure, une infrastructure qui soit la vitrine du monde sportif genevois. Cette motion sera donc évidemment soutenue dès demain.
Une petite réserve peut-être sur le financement. Nous avons suffisamment débattu des finances publiques ces dernières heures pour avoir compris qu'elles sont au plus mal et qu'il faut être parcimonieux. Raison pour laquelle un partenariat public-privé se justifie évidemment, mais pour le PDC il faudrait même aller plus loin et envisager, notamment à l'instar des grands stades que je viens de citer, un partenariat uniquement privé. C'est de cette façon-là que nous donnerons un bâtiment emblématique à Genève, et c'est de cette façon-là que nous préserverons nos finances publiques.
M. Romain de Sainte Marie (S). Les socialistes sont absolument en faveur de la construction d'une nouvelle patinoire à Genève. En effet, le hockey sur glace est certainement l'un des sports majeurs de ce canton. L'équipe cantonale excelle en la matière, et elle est aussi la vitrine du canton en termes de sport, autant par rapport au reste de la Suisse que sur le plan international. Il s'agit d'un sport extrêmement populaire qui crée l'engouement de la population, des Genevoises et des Genevois qui se plaisent à venir voir les matchs de hockey.
Toutefois, il est important de préciser que cette motion a un ton trop insistant - mais on comprendra bien pourquoi - sur l'idée du partenariat public-privé. En effet, il est mentionné dans la troisième invite: «insister sur la nécessité d'un solide partenariat public-privé». (Commentaires.) Je crois qu'on perçoit bien la volonté des auteurs de cette motion de mettre en avant le partenariat public-privé. De toute façon, on l'a un peu à toutes les sauces: pour des traversées du lac, pour des patinoires... On aura bientôt un partenariat public-privé au niveau du Conseil d'Etat, si ce n'est peut-être déjà le cas ! (Rires. Commentaires.) Je crois que la droite n'a donc pas tout à fait retenu les leçons des PPP, notamment celle du Stade de Genève, et des dangers qu'ils comportent. Un partenariat public-privé, c'est quelque part se voiler la face. Comme M. Riedweg en faisait mention, nous avons une dette colossale; nous parlions tout à l'heure encore des pertes fiscales que le canton va connaître dans les années à venir et qu'il connaît aujourd'hui en conséquence des précédentes baisses d'imposition. Or, le partenariat public-privé, c'est un peu la fausse bonne idée qui laisse penser que finalement le privé va investir et que l'Etat n'aura absolument plus rien à payer. Bien au contraire, c'est un réel danger pour l'Etat car ce dernier ne maîtrise absolument pas ce que va lui proposer ensuite le propriétaire privé, et cela ne fait également que repousser, comme on l'a vu avec le Stade de Genève, le remboursement d'une dette auprès d'investisseurs privés. C'est donc extrêmement dangereux d'aller dans le sens de la troisième invite de cette motion telle qu'elle est formulée, c'est pourquoi nous vous avons proposé un amendement qui mentionne le partenariat public-privé notamment en termes de financement d'investissement...
Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.
M. Romain de Sainte Marie. ...et de fonctionnement, et qui propose d'étudier cette possibilité-là. Pour conclure, Monsieur le président, je tiens à rappeler l'une des dernières phrases du rapport divers 547 écrit par Sami Kanaan en 2006, il me semble, et par M. Ivan Slatkine sur le Stade de Genève: «De plus, un certain nombre de leçons doit être impérativement tiré de ce dossier, notamment sur la manière d'approcher et de gérer des partenariats public-privé, sur les procédures de sécurité pour des installations à haute fréquentation et tout simplement...»
Le président. Il vous faut conclure, s'il vous plaît, Monsieur le député.
M. Romain de Sainte Marie. «...sur la gestion de grands projets publics.» Par conséquent, je vous invite à accepter l'amendement tel que formulé et ensuite à accepter cette motion. Merci beaucoup.
M. Mathias Buschbeck (Ve). Je trouve un peu étrange d'affirmer qu'on aime le hockey, que le hockey fait de bons résultats et qu'il faut encourager ce sport. Que les supporters de hockey le disent, on peut le comprendre, mais je pense que dans ce parlement, nous avons une autre responsabilité. On connaît les tenants et aboutissants de ce dossier, on sait qu'il y a deux problèmes, un problème foncier et un problème financier, qui doivent être réglés préalablement, et ce n'est pas cette motion qui va résoudre quoi que ce soit. Ceux qui siègent dans les commissions qui s'occupent de cela savent que c'est un projet extrêmement compliqué; au niveau foncier on essaie d'avancer aussi bien que faire se peut, mais la difficulté est surtout financière puisque - on l'annonce dans cette motion et c'est bien le nerf de la guerre - ce sont 50 millions d'argent public qu'on demande pour financer ce projet. Alors c'est un peu paradoxal d'entendre ceux qui à longueur d'année nous expliquent qu'il faut économiser, qu'il faut dépenser moins, qu'il faut réduire la voilure, dire aujourd'hui que mettre 50 millions dans cette patinoire est une priorité. C'est également paradoxal d'entendre ceux qui nous disaient pas plus tard qu'il y a trois semaines lors d'une votation que la priorité était de rénover les écoles, de construire des infrastructures pour la formation, déclarer aujourd'hui qu'on peut mettre cet argent dans la patinoire.
On dit souvent qu'on met beaucoup pour la culture, peu pour le sport; en tout cas, on ne met pas peu pour le hockey. Je vous rappelle que l'Etat a versé plus de 20 ou 25 millions en urgence pour que la patinoire des Vernets soit mise à niveau, et je pense - et c'est la position des Verts - que les pouvoirs publics ont fait leur part dans cette histoire. Un peu comme le PDC l'a dit précédemment, si un nouveau projet devait voir le jour, il devrait être entièrement financé par le privé. Il s'agit d'une infrastructure de spectacle plus que de sport, comme le stade de la Maladière, et nous ne sommes pas plus bêtes que les Neuchâtelois, qui ont réussi à créer un projet entièrement privé, avec des surfaces commerciales louées pour amortir le projet de façon privée. Je pense que c'est le seul moyen de faire avancer ce projet pour ceux qui le souhaitent, mais y mettre de l'argent public est, je pense, la meilleure façon de ne pas le faire avancer. Sans oublier...
Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.
M. Mathias Buschbeck. ...que les élus à Lancy ne sont pas forcément favorables à cette implantation.
Un dernier point concernant les milieux sportifs: on dit qu'on va réaliser ce projet pour le sport. Si vous connaissez un petit peu le milieu et si vous parlez avec les sportifs, vous verrez qu'ils en ont surtout assez qu'on mette tout l'argent dévolu au sport, aujourd'hui, dans le hockey, que ce soit dans la patinoire ou dans Genève Futur Hockey. Les milieux sportifs voudraient justement qu'on arrête de tout consacrer au hockey...
Le président. Il vous faut conclure, s'il vous plaît, Monsieur le député !
M. Mathias Buschbeck. ...parce qu'il y a assez peu de sportifs dans le hockey par rapport à d'autres sports... (Protestations.) ...que ce soit par exemple le foot ou la gymnastique, disciplines pratiquées par beaucoup plus de monde à Genève.
Le président. Merci, Monsieur le député.
M. Mathias Buschbeck. Raison pour laquelle nous ne soutiendrons pas cette proposition de motion.
M. Thierry Cerutti (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le Mouvement Citoyens Genevois va bien naturellement soutenir cette motion et la renvoyer au Conseil d'Etat, comme proposé par le motionnaire, M. Hiltpold. Je vous rappelle quand même qu'au niveau fédéral, on demande que le sport soit pratiqué dans les écoles, et c'est un principe qu'on enseigne à nos enfants et à nos jeunes. Aujourd'hui, on constate aussi qu'on est en manque, au niveau romand, de patinoires et de structures de hockey notamment; une nouvelle patinoire permettrait d'avoir d'autres perspectives que celles des patinoires existantes, et les jeunes pourraient ainsi pratiquer dans un autre cadre. Une nouvelle patinoire nous permettrait aussi d'avoir des activités culturelles; je vous rappelle que des spectacles existent aujourd'hui et sont largement pratiqués aux Vernets, mais malheureusement, vu l'infrastructure et le manque de place, ils ne peuvent pas se développer autant qu'on le voudrait. Donc pour nous, réaliser une nouvelle patinoire ne revient pas seulement à encenser une équipe d'élite qui est tout de même un fleuron pour Genève, mais c'est aussi permettre aux jeunes de pouvoir pratiquer un sport qui a un avenir, notamment parce que nous avons une équipe d'élite, le Genève-Servette, qui depuis de nombreuses années donne une image positive du canton et nous amène la Genève internationale, mais aussi des gens de tout le pays et des pays voisins. Et pour ce motif-là, nous soutiendrons bien évidemment la motion. Nous soutiendrons également l'amendement du parti socialiste, parce qu'effectivement, dire qu'il faut être attentif à l'investissement est pertinent. Nous voterons donc en faveur du renvoi de la motion au Conseil d'Etat, mais préalablement nous appuierons l'amendement du parti socialiste.
M. Ivan Slatkine (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, je vais être très rapide pour vous dire que le parti libéral-radical soutiendra l'amendement proposé par le parti socialiste. Il est rempli de bon sens, et notre invite allait exactement dans la même direction; elle n'en sera que précisée.
J'interviens simplement pour dire que le Stade de Genève, c'est justement l'exemple à ne pas suivre en termes de partenariat public-privé; en fait, ce n'est pas un partenariat public-privé ! L'Etat s'est fait totalement gruger en pensant que des privés investissaient dans cette infrastructure, mais les privés n'ont jamais rien investi. On a utilisé un droit de superficie accordé à Jelmoli en disant que c'était un investissement privé, mais ça ne l'était pas. Je pense donc que l'amendement proposé est rempli de bon sens; il faut le soutenir, et il faut soutenir le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat... (Brouhaha.) ...parce qu'il serait triste de penser qu'une ville comme Genève n'a plus de club dans l'élite helvétique en hockey. On voit ce qui se passe avec le football, et j'espère qu'on aura bientôt un autre débat sur le Stade de Genève parce qu'il mérite aussi d'être remis à niveau. Mesdames et Messieurs, je vous invite à soutenir l'amendement des socialistes et à renvoyer ce projet de motion au Conseil d'Etat. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à M. le député François Lance, à qui il reste une minute et trente secondes.
M. François Lance (PDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je crois pouvoir dire que les autorités de Lancy - et je parle sous le contrôle des conseillers municipaux de Lancy qui siègent au Grand Conseil - ne sont pas contre la construction de cette patinoire mais sont quand même dubitatives quant au lieu choisi et à l'ampleur de ce projet. Elles ont quelques doutes quant à l'insertion d'une telle infrastructure dans ce périmètre très étriqué, avec toutes les contraintes que cela comporte. Elles sont également perplexes quant au financement des 30 millions qui doivent provenir des collectivités publiques... (Commentaires.) ...et si un représentant du Conseil administratif de Lancy a bien été désigné pour faire partie du comité de pilotage de cette nouvelle patinoire, les autorités de Lancy, comme cela a été dit, n'ont pas envie de revivre l'expérience chaotique du stade de la Praille...
Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.
M. François Lance. ...dans laquelle Lancy a mis 6 millions de francs. Dans ces conditions, nous avons effectivement besoin de plus d'informations précises sur la concrétisation ou non de ce projet, et dans ce cadre nous soutiendrons le renvoi de cette proposition de motion au Conseil d'Etat.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Daniel Sormanni, à qui il reste une minute et dix secondes.
M. Daniel Sormanni (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je crois qu'effectivement il est important aujourd'hui qu'on aille de l'avant avec ce projet de patinoire, qui avait déjà été promis il y a bien longtemps. Aujourd'hui, l'échéance fixée est 2020, ce qui est déjà tard ! Je pense qu'il est donc nécessaire de se mettre en branle.
Et puis, Monsieur le président, vous transmettrez à M. Buschbeck que si effectivement cette nouvelle patinoire est enfin construite, eh bien les Vernets, pour lesquels un certain nombre d'investissements a été fait par la Ville de Genève, seront récupérés pour le sport populaire, et cela créera un équilibre entre les équipes professionnelles, l'élite et le sport populaire.
Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.
M. Daniel Sormanni. Je crois qu'on a besoin, dans tous les sports, d'avoir une équipe d'élite qui soit performante, parce que c'est ça qui va entraîner les jeunes et les motiver à entrer dans un sport, même si eux-mêmes n'atteindront pas forcément le niveau le plus haut. Il s'agit donc d'un bon équilibre, et je pense qu'il faut trouver les solutions appropriées...
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !
M. Daniel Sormanni. ...sans tomber, évidemment - je vais conclure - dans les travers du partenariat du Stade de Genève. C'est pour cela que nous soutenons évidemment l'amendement du parti socialiste et que nous vous invitons à voter cette motion amendée.
Mme Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, cette motion s'intitule «De la parole aux actes»; j'aurais envie de dire que c'est plutôt des actes à la parole, puisque le Conseil d'Etat n'a pas attendu les motionnaires pour commencer son travail, travail qui va parfaitement dans le sens de vos invites. Je vais d'ailleurs vous en présenter certains éléments.
Vous nous demandiez de définir un pilote pour ce projet de patinoire parmi les différents départements et le Conseil d'Etat: ce pilote, ou cette pilote, plus exactement, vous l'avez devant vous, puisque je suis à la tête du comité de pilotage qui comprend les représentants de quatre départements. Nous sommes souvent plusieurs conseillers d'Etat à siéger: il y a toujours le conseiller d'Etat ou son représentant s'agissant du département des finances, du département de M. Hodgers et de celui de M. Barthassat. Nous avons également un représentant de la commune de Lancy, un représentant de la Ville de Genève et une représentante de l'Association des communes genevoises. Tous les partenaires publics sont donc dans ce comité. Nous avons déjà tenu un certain nombre de séances, et nous avons décidé de mettre sur pied plusieurs groupes, que je qualifierai de techniques. Parce qu'il s'agit maintenant de répondre à toutes les questions que vous vous posez, que nous nous posons aussi, sur la faisabilité du projet, et surtout sur sa durabilité. Trois groupes techniques ont donc été mis en place, ils fonctionnent déjà, et certains se sont déjà réunis une ou deux fois.
Il s'agit d'abord d'un groupe évidemment consacré aux finances, sous l'égide du département de M. Dal Busco, qui va étudier les différentes possibilités de financement. Parce que quand on parle de partenariat public-privé, ça peut vouloir dire beaucoup de choses ! On peut imaginer un privé qui construit et une collectivité publique - ou un ensemble de collectivités publiques - qui exploite; on peut imaginer que les collectivités publiques mettent aussi de l'argent dans l'investissement, et que l'exploitation soit faite par des privés, etc. Il y a différents modèles, l'objectif est donc, bien sûr, d'examiner ces différentes possibilités et, comme cela a été répété à plusieurs reprises, de ne pas refaire l'erreur du Stade de Genève. Mais la particularité du Stade de Genève, c'est que les privés ont payé en avance, en quelque sorte, le loyer qu'ils auraient dû payer après coup, ce qui fait que nous n'avons plus, actuellement, pour ce stade, les moyens qui seraient nécessaires pour l'entretenir. Mais il s'agit bien évidemment de ne pas tomber dans les mêmes travers.
Il y a ensuite un deuxième groupe où se trouvent les représentants du DALE et du DETA, qui travaille sur toutes les questions liées au foncier, à l'aménagement et à la mobilité. Ce sont des questions importantes, en cascade, parce que n'oubliez pas qu'on ne construit pas simplement une patinoire mais qu'il est aussi question d'une salle communale pour Lancy, d'un immeuble commercial, de possibilités d'exploitation annexes, etc.; il y a d'importants points liés aux accès. Ce groupe travaille sur le sujet maintenant. Sachez aussi - enfin, vous le savez certainement - que plusieurs terrains ne sont pas encore aux mains des collectivités publiques, il y a donc tout un travail à faire là aussi pour négocier, à terme, avec les propriétaires.
Enfin, le troisième groupe technique est placé sous l'égide du DIP et du service cantonal du sport, et c'est celui que nous avons appelé «Patinoire», qui s'intéresse à l'objet lui-même. Parce qu'au fond, vous avez tous dit qu'on avait un club phare - et c'est vrai - que le hockey sur glace était éminemment populaire, que nous avions une équipe brillante en championnat qui a gagné la coupe Spengler, etc., et qu'il fallait répondre aux besoins de cette équipe. Je suis la première à adhérer à cette idée, mais nous devons aussi nous demander quels sont les besoins, dans notre région, dans notre canton, en termes de surface de glace. Et on peut aussi renverser la vapeur et ne pas se dire forcément que cette patinoire doit exclusivement répondre aux besoins du Genève-Servette, mais se demander quels sont les besoins du canton et construire une patinoire qui réponde à ces besoins, parmi lesquels ceux du club. Je vous rappelle qu'aujourd'hui, le club n'utilise qu'à 16% à peu près l'infrastructure des Vernets. Pas plus tard qu'hier soir, nous étions, avec nos collègues de la Ville de Genève, à un événement pour rendre hommage à un certain nombre de champions suisses qui nous font honneur, et parmi ces champions se trouvait le Curling club de Genève, qui a eu une médaille de bronze récemment aux jeux de Pékin. Eh bien le curling, c'est aussi un sport de glace, et il y a peut-être des besoins dans ce domaine. Il y en a aussi pour les écoles, et par rapport à cela on doit avoir un groupe qui réfléchisse à l'ensemble des besoins du canton, y compris ceux du club, et qui pourra, à partir de là, voir le type de patinoire qu'il nous faut. Parce que le club nous a proposé un modèle extrêmement ambitieux, j'ai envie de dire à l'américaine - si vous avez déjà été voir un match de hockey aux Etats-Unis ou au Canada, vous aurez une idée de ce que cela veut dire - mais peut-être qu'à Genève on a besoin d'autre chose.
Nous n'avons donc pas d'apriori sur ce qu'il faudrait, mais l'objectif de ces trois groupes techniques est de répondre à un certain nombre de questions très rapidement, en tout cas pour obtenir les premières réponses, de façon que courant septembre, à partir des premiers résultats donnés par ces trois groupes, on puisse rencontrer le club. Sur cette base, nous pourrons ensuite discuter, par exemple, de ce fameux partenariat public-privé, puis, en fonction des éléments que nous aurons à ce moment-là, revenir au Conseil d'Etat pour valider un certain nombre de propositions et lancer ensuite le travail - qui sera alors extrêmement conséquent - de la conduite du projet.
En ce sens, le Conseil d'Etat ne peut que regarder avec bienveillance le renvoi de cette mission... de cette motion, pardon - c'est d'ailleurs aussi une mission que de construire la patinoire ! - et nous aurons l'occasion, dans la réponse que nous pourrons vous donner, de préciser le calendrier, l'avancement du projet, les rapports avec le club, etc. Je vous remercie donc de faire bon accueil à cette motion. (Quelques applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je mets aux voix l'amendement des socialistes, qui consiste en une nouvelle teneur pour la troisième invite: «à étudier les différentes possibilités de partenariats public-privé qui tiennent compte du financement de l'investissement ainsi que du fonctionnement afin de ne pas répéter les erreurs du Stade de Genève.»
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 82 oui contre 1 non et 5 abstentions.
Mise aux voix, la motion 2209 ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 68 oui contre 9 non et 12 abstentions.