République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 14 décembre 2007 à 14h
56e législature - 3e année - 3e session - 16e séance
RD 725
La présidente. Nous avons reçu une lettre de démission de notre collègue Luc Barthassat, démission qui prendra effet à la fin de cette séance. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir lire ce courrier 2546. (Applaudissements à l'issue de cette lecture.)
La présidente. Il est pris acte de cette démission. M. Luc Barthassat a siégé au Grand Conseil pendant plus de quatorze ans. Il a été élu sur la liste du parti démocrate-chrétien en 1993 et réélu en 1997, 2001, puis 2005. Membre du Bureau en 1998, il a siégé dans les commissions des pétitions, de l'économie, des affaires communales, de grâce, du logement, des travaux. Son goût pour les questions de la nature et de l'agriculture en faisait le président tout désigné de la commission de l'agriculture et de l'environnement, fonction qu'il a remplie à deux reprises, en 1995 et en 2001. Luc Barthassat a également présidé la commission des pétitions en 1997, celle des droits politiques en 2002, sans oublier la commission des visiteurs officiels en 1996.
Conseiller national depuis juin 2005, puis réélu en 2007, Luc Barthassat nous quitte pour se consacrer à cette importante fonction, n'ayant pas omis auparavant - peut-être par un sens aigu de l'anticipation - de rendre un rapport sur le projet de loi supprimant la limite d'âge de 75 ans pour les membres des commissions et délégations officielles. Nous formons tous nos voeux pour la suite de sa carrière politique à Berne et nous lui remettons le traditionnel stylo souvenir. (Applaudissements.)
M. Pascal Pétroz (PDC). Avec le départ de Luc Barthassat, c'est une grande figure de ce parlement qui nous quitte. Vous l'avez rappelé, il a été élu en 1993, mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que, lors de son élection, il était le benjamin de cette assemblée. Vous voyez que ce titre tant convoité n'est pas exclusivement réservé aux Verts, mais que d'autres partis peuvent à certaines occasions en bénéficier. Luc Barthassat est quelqu'un qui a beaucoup de cordes à son arc, puisque, en plus de sa carrière politique, il est agriculteur, viticulteur et paysagiste. On se demande comment il arrive à faire tout cela. Son entreprise a fait mon jardin, j'ai vu que son associé travaillait beaucoup, mais Luc aussi, et il est remarquablement compétent dans sa vie professionnelle. Dans sa vie politique, Luc l'est également, puisqu'il a siégé quatorze ans au sein de ce parlement. Sa présence a été remarquée, tant en raison de son efficacité que de sa compétence et, surtout, de sa gentillesse. Luc est quelqu'un de sympathique, quelqu'un qui apprécie les contacts humains, quelqu'un sur qui l'on peut compter. Il a ce bon sens de la terre, et nous avons toujours eu du plaisir à passer des moments ensemble.
Luc est aussi, ce que l'on sait moins, quelqu'un qui cultive un paradoxe. En effet, il est très attaché aux questions de l'environnement, mais, d'un autre côté, c'est un affreux rouleur et conducteur de Harley Davidson. J'espère qu'un jour Luc Barthassat se verra offrir la première Harley Davidson électrique... (Rires.) ...de manière qu'il puisse faire le trajet entre Genève et Berne sur sa Harley Davidson électrique. J'imagine que ce sera quelque chose de symboliquement très important, tant pour ceux que l'on surnomme les bikers que pour la défense de l'environnement. C'est aujourd'hui un ami qui nous quitte... Tu vas nous manquer ! Mais nous savons que, grâce à toi, la Suisse, à Berne, sera très très bien défendue - tu l'as encore prouvé cette semaine. Tous nos voeux t'accompagnent et nous te souhaitons plein succès pour ta carrière politique à Berne. Bon vent, sois heureux et reviens-nous vite ! (Applaudissements.)
M. Christian Bavarel (Ve). Aujourd'hui, c'est une figure de la campagne genevoise qui quitte ce parlement. Il y avait cette présence des agriculteurs et du monde agricole... Ayant eu la chance de faire l'école d'horticulture, j'ai croisé passablement de copains et j'ai ainsi croisé Luc dans la campagne genevoise, avant d'être ici, au parlement.
C'est une figure que l'on sait pleine de bon sens, qui a de temps en temps quelques phrases à l'emporte-pièce: nous nous rappellerons toujours avec plaisir les commentaires qu'il a pu faire sur...
Une voix. Chut !
M. Christian Bavarel. ...les compétences qu'il fallait avoir pour certains types d'activités... (Rires.) Je le dis très gentiment... Mais en même temps, c'est quelqu'un qui a la même vigueur lorsqu'il s'agit de défendre ses convictions. Nous les Verts avons été très touchés d'entendre la fermeté de ses convictions au sujet du problème de l'asile en Suisse. C'est un plaisir de voir que, si certaines fois Luc se laisse emporter par ses propos, il sait, avec la vigueur qui le caractérise, défendre jusqu'au bout certaines valeurs, quels que soient les risques et quels que soient les ennuis que cela pourrait lui apporter. Je dois dire que, pour cela, nous sommes très contents de le voir à Berne. (Applaudissements.)
M. Gabriel Barrillier (R). Je m'exprime ici au nom du groupe radical et du groupe libéral ! (Exclamations.)
Une voix. Pour changer !
M. Gabriel Barrillier. J'aimerais relever le bon sens et le pragmatisme de Luc Barthassat. Cela a été dit: il a cumulé des atouts extraordinaires qui, en politique, sont imbattables: agriculteur, viticulteur, paysagiste, maître d'apprentissage - Luc Barthassat a formé plusieurs apprentis en CFC en système dual. Ce sont vraiment des engagements qui symbolisent l'homme, l'homme terrien, l'homme ouvert également. J'aimerais aussi dire ici que ce n'était pas un homme d'effets de manche, mais il était très influent, très écouté dans les commissions et dans son parti. C'est important, en politique aussi !
Et surtout, Luc, tu as dû remplacer au pied levé les regrettés Jean-Philippe Maître et Jean-Claude Vaudroz. Tu t'es lancé à Berne en plein milieu d'une législature, tu as pris cela à bras-le-corps, ce n'était pas facile, et, depuis le 21 octobre, tu as acquis ta légitimité en remportant ton élection haut la main ! Et maintenant, tu vas pouvoir pleinement exercer ton mandat à Berne.
Dernier souvenir de Luc Barthassat: lorsqu'il était là, à côté de moi, au début de la législature précédente, il avait toujours en arrivant une panoplie - une batterie ! - de petites boîtes de bonbons. Et tout le Grand Conseil lui tourniquait autour pour venir en chercher... Ils sont bien sûr encore là ! (Commentaires.) Pour tout cela, j'aimerais, au nom de nos deux groupes, te remercier et te souhaiter de te réaliser, pleinement, à Berne ! (Applaudissements.)
M. Luc Barthassat (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers amis, permettez-moi de prendre une dernière fois la parole dans ce parlement. Il est vrai que c'est avec une certaine émotion que je vous quitte aujourd'hui, après quatorze ans. Je suis entré en 1993; cela a été dit, j'ai été le benjamin de ce Grand Conseil alors que j'avais 33 ans, ce qui est un âge presque avancé par rapport à celui des nouveaux venus de maintenant. J'ai vécu de grands moments dans ce Grand Conseil - c'est avec émotion que je le dis, parce qu'avant moi mon grand-père a siégé dans ce Grand Conseil, mon père a siégé dans ce Grand Conseil. Donc, j'ai vécu de grands moments: le gouvernement monocolore homogène, la majorité de gauche, le retour de la majorité du centre droit, plus une majorité gauche au Conseil d'Etat, l'arrivée de l'UDC, celle du MCG, enfin bref, tout cela parsemé de genevoiseries bien de chez nous !
Après quatorze ans, quatorze budgets, je vous quitte sur un budget qui est, une fois n'est pas coutume, dans les chiffres noirs. C'est vrai que je ne l'ai pas souvent voté, ce budget ! Peut-être que cette fois, je l'aurais fait... (Rires.) Ce budget dans les chiffres noirs vient aussi un peu de l'euphorie économique, même s'il faut reconnaître que le Conseil d'Etat fait de gros efforts. On espère qu'on va rester dans les chiffres noirs au niveau de l'économie, et qu'on ne sera pas les moutons noirs de cette dernière... Je n'ai plus grand-chose à dire, puisque je vais m'en aller, mais je vous fais confiance et vous souhaite bonne chance avec ce budget.
Par rapport à ces quatorze années au Grand Conseil, j'aimerais avoir une pensée pour tous ceux que j'ai rencontrés ici, présents, vivants, et, bien sûr, pour tous ceux qui ont disparu. Je pense particulièrement à Mme Johner, décédée dernièrement, à Mme Gobet Winiger, M. Pierre Ducrest, M. Genecand, M. Bernard Annen - avec qui on a fait de bons rires à la buvette - sans oublier, bien entendu, des gens comme Jean-Claude Vaudroz et Jean-Philippe Maitre. Voilà, Mesdames et Messieurs, je pense aussi qu'il faut vous souhaiter bonne chance à tous, aux anciens, comme Janine Hagmann ou M. Halpérin, et aux nouveaux, comme Pablo Garcia.
Puisqu'on s'approche des fêtes, je vous souhaite un bon Noël. N'oublions pas que, malgré tout - et c'est mes parents qui me l'ont inculqué - il faut continuer à apprendre à avoir du respect et à s'aimer quand même un peu les uns les autres. Comme c'est bientôt Noël, c'est le moment d'y penser. Je vous remercie beaucoup. Au revoir !