République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 580-A
Rapport de la commission des affaires communales, régionales et internationales chargée d'étudier le rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil concernant la politique de la solidarité internationale pour l'année 2004

Débat

Le président. Le rapporteur est M. Gabriel Barrillier... qui ne demande pas la parole. Mais elle est demandée par Mme la vice-présidente Anne Mahrer.

Mme Anne Mahrer (Ve). Les Verts se sont abstenus en commission et ils s'abstiendront ce soir, car nous sommes loin, bien loin - et nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises - de l'application de la loi votée en 2001. Nous n'avons consacré en 2004 que 0,22% de notre budget à l'aide publique au développement. Nous sommes donc loin du 0,7% que nous avions fixé.

Notre canton doit tenir ses engagements et nous espérons que les réductions de subventions opérées dans les budgets cantonaux de 2004 et de 2005 ne se reproduiront pas en 2006.

Nous vous invitons donc à vous abstenir également sur ce rapport.

M. Christian Brunier (S). Comme les Verts, nous sommes, bien sûr, déçus du manque de volontarisme de ce parlement et du gouvernement - de l'époque en tout cas - en matière de solidarité internationale.

Nous nous sommes abstenus en commission. Pourquoi n'avoir finalement pas refusé le rapport du Conseil d'Etat ? Tout simplement parce que nous avons vu que le service qui s'occupe de la solidarité internationale fait un excellent travail et nous ne voulions pas sanctionner ce service alors que c'est la majorité de ce parlement qui porte la responsabilité des coupes budgétaires dans le budget de la solidarité internationale.

Je vous rappelle quand même qu'en 2001 le vote de la loi attribuant 0,7% du budget de ce canton à la solidarité avait été un vote très largement favorable ! Il n'y avait pas eu de conflit gauche-droite. Une très grande majorité de ce parlement avait décidé de mettre un peu en sourdine les débats idéologiques, pour dire que nous étions, malgré les problèmes budgétaires du Canton, une des régions les plus riches du monde et que nous devions faire quelque chose pour la solidarité internationale. C'est la vocation de Genève ! Nous sommes la cité qui symbolise la défense des droits de l'Homme et le développement des pays les plus pauvres. Nous voulions tous faire quelque chose de plus, nous pensions que c'était possible et que 0,7% de notre budget de fonctionnement c'était finalement bien dérisoire.

Néanmoins, depuis cette date, le budget de la solidarité internationale stagne, voire régresse selon les années. Et cela n'est pas acceptable, Mesdames et Messieurs les députés ! Nous ne pouvons pas incarner la Genève internationale, incarner la solidarité internationale et faire si peu pour les plus défavorisés de ce canton. Les chiffres sont quand même affolants: je vous rappelle que les 20% de la population mondiale vivent actuellement avec moins de un dollar par jour ! Oui, 20% de la population avec moins de un dollar par jour ! En Afrique subsaharienne, c'est même le cas pour 46% de la population. Plus près de nous, en Russie, plus de 30 millions de personnes sont passées au-dessous du seuil de pauvreté en dix ans. Si vous voulez permettre aux populations les plus pauvres de pouvoir continuer à vivre dans leurs pays, si vous voulez permettre de donner un minimum de dignité à tous les habitants de cette planète, eh bien, nous devons faire plus pour la solidarité internationale !

Et les personnes qui vont me dire, après mon intervention, qu'il faut faire avant tout preuve de solidarité par rapport aux plus pauvres du canton, je leur rétorquerai juste que ceux et celles qui se battent dans ce parlement pour défendre les plus défavorisés de ce canton sont les mêmes qui se battent pour les plus défavorisés de la planète ! (Applaudissements.)

Le Grand Conseil prend acte du rapport de la commission RD 580-A.