République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1086-A
a) Proposition de motion de Mme et MM. Micheline Calmy-Rey, Michel Ducret, Jean-Claude Genecand, Gilles Godinat et Andreas Saurer pour la réalisation rapide de parkings d'échange. ( -) M1086Rapport de M. Jean Spielmann (AG), commission des transports
 Mémorial 1996 : Développée, 4694. Renvoi en commission, 4701.
Rapport de M. Christian Grobet (AG), commission des transports
P 1123-A
b) Pétition pour la création de 8 500 places de stationnement (échange automobiles - transports publics). ( -)P1123Rapport de M. Jean Spielmann (AG), commission des transports
Rapport de M. Christian Grobet (AG), commission des transports

35. Rapport de la commission des transports chargée d'étudier les objets suivants :

La commission des transports a consacré plusieurs séances à étudier le projet de motion 1086 «Pour la création de 8 500 places de stationnement (échange automobiles - transports publics)», qui avait été déposé par ses auteurs au lendemain de la votation populaire sur la traversée de la rade.

Par cette motion, il s'agissait non seulement de réactiver la construction de parkings d'échange stoppée depuis 3 à 4 ans, mais de l'intensifier afin de créer, avec le développement des Transports publics genevois (TPG), une alternative à l'extension du réseau routier et surtout une infrastructure permettant de diminuer la circulation automobile en ville grâce au transfert du mode de déplacement (transfert modal) des automobilistes provenant de l'extérieur de la ville.

Il s'agit d'inciter ces automobilistes à laisser leur voiture dans des parkings situés à l'entrée de la ville et à poursuivre leurs déplacements au moyen des TPG. Il en résultera une diminution de la circulation en ville qui facilitera les déplacements et une diminution des nuisances provenant du trafic automobile.

Les auditions de M. Jean-Claude Landry, écotoxicologue cantonal, et de M. Fredy Witwer, ingénieur de la circulation, ont mis en évidence la nécessité de prendre des mesures efficaces pour réduire la circulation, notamment pour respecter les normes de l'ordonnance fédérale sur la protection de l'air (OPair) et de l'ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit (OPB), afin de respecter les valeurs limites imposées par la législation fédérale sur la protection de l'environnement, lesquelles sont, hélas, toujours largement dépassées en ville.

M. Roland Borel, directeur de la Fondation des parkings, a rappelé que l'un des buts de celle-ci était de construire des parkings d'échange afin de soulager le centre-ville de la pression des véhicules pendulaires, tout en soulignant qu'il est indispensable de créer de tels parkings en périphérie de la ville, en liaison avec des lignes régulières de transports publics. M. Borel rappela que ces parkings sont des ouvrages non rentables, du fait que la carte de libre parcours des TPG n'est majorée que d'une dizaine de francs pour les automobilistes qui veulent bénéficier d'un parking d'échange, afin que cette carte soit aussi incitative que possible.

Il est évident qu'un tel supplément est totalement insuffisant pour couvrir les frais de construction et d'exploitation d'un parking d'échange, même lorsque le prix de revient de celui-ci est modeste. Le prix de revient d'une place de parking aménagée en surface est de l'ordre de 5 000 F la place. Ce prix atteint 12 000 F à 15 000 F la place pour des parkings en élévation et 30 000 F à 40 000 F la place pour des parkings souterrains.

Pour réaliser des parkings d'échange, il est donc indispensable que l'Etat consente des investissements à fonds perdus si l'on veut atteindre les objectifs fixés par le plan directeur des transports et le plan circulation 2000, ce d'autant plus que la Fondation des parkings ne dispose plus de réserves financières lui permettant d'engager de nouvelles réalisations de parkings.

C'est pour cette raison que la présente motion demande au Conseil d'Etat qu'il affecte, dans le cadre de sa politique d'investissements, un certain nombre de crédits pour le financement de projets de parkings d'échange, ce qui se justifie d'autant plus que les crédits prévus pour la traversée de la rade ne seront pas utilisés.

Ces crédits permettraient de financer les deux parkings d'échange considérés comme prioritaires par le Conseil d'Etat en 1993, lorsque le Grand Conseil a approuvé, le 12 février 1993, le plan d'extension du réseau tramway, à savoir les parkings d'échange de Sécheron et des Acacias situés aux deux principales liaisons autoroutières à l'entrée de la ville, soit aux deux endroits où il est prévu de prolonger la ligne de tram 13 par les branches Acacias et Sécheron. Le Conseil d'Etat avait, du reste, fixé comme condition à cette extension du réseau tramway qu'elle soit couplée par ces deux parkings d'échange, dont celui des Acacias a fait l'objet d'une autorisation préalable de construire il y a maintenant 4 ans.

M. Borel a expliqué que le dépôt de la requête définitive, qui vient d'être publiée dans la Feuille d'avis officielle, avait été suspendu dans l'attente que la réalisation de la branche Acacias du tram 13 soit décidée et qu'un arrêt de ce tram soit prévu à côté du parking d'échange pour assurer l'attractivité de celui-ci.

Quant au parking d'échange de Sécheron envisagé en élévation sur les terrains CFF, M. Borel ne peut malheureusement pas dire où il en est, ce dossier étant géré par le département des travaux publics et de l'énergie. Par contre, il indique que le projet de parking prévu dans le site de Genève-Plage, à un endroit stratégique, est fortement avancé et fera l'objet d'une requête en autorisation de construire très prochainement. Il confirme, enfin, que le parking d'échange du Bachet-de-Pesay pourra être remis en service sitôt le chantier de l'évitement autoroutier de Plan-les-Ouates achevé. Il sera, toutefois, d'une surface inférieure à celui qui existait avant les travaux, la plate-forme des TPG devant être agrandie, d'où l'importance d'étudier un parking en élévation qui pourrait également servir de protection contre le bruit provenant de la route de Saint-Julien pour le quartier d'habitation de la Chapelle s/Carouge.

Au vu de l'état d'avancement de ces projets de parking et leur caractère prioritaire, vu leur emplacement stratégique, la motion demande qu'ils soient réalisés en priorité et que le Conseil d'Etat saisisse le Grand Conseil de crédits de construction à cet effet, tout en activant les autres projets de parkings d'échange en cours d'étude par la Fondation des parkings.

Le titre et le texte de la motion ont été adoptés en conséquence et la commission des transports, par 7 oui (PDC, R, AdG, S et Ve) et 3 non (L), vous recommande, Mesdames et Messieurs les députés, d'adopter la motion suivante, tout en décidant le dépôt de la pétition 1123 sur le bureau du Grand Conseil.

(M 1086)

proposition de motion

pour la réalisation rapide de parkings d'échange

LE GRAND CONSEIL,

considérant :

- le vote du 9 juin 1996 s'opposant à la création d'une nouvelle traversée routière de la Rade;

- le projet de la Fondation pour l'exploitation et la construction de parcs de stationnement (dite «Fondation des parkings») de construire 8 500 places de stationnement dans des parcs de stationnement d'échanges («P+R») situés en périphérie de l'agglomération;

- les plans de mesures OPAir 2002 de lutte contre la pollution de l'air adoptés par le Conseil d'Etat en mars 1991 et OPB de lutte contre les nuisances sonores, encore à l'étude;

- le plan de circulation «C 2000», et en particulier son volet station-nement;

- la complémentarité souhaitée des modes de déplacement qui ne peut se concrétiser efficacement que par la création de parcs de stationnement d'échanges véhicules privés - transports publics;

- la possibilité de dégager, avec la création de ces «P+R» extérieurs, des espaces pour d'autres usages au centre-ville,

invite le Conseil d'Etat

- à élaborer d'urgence un programme de parkings d'échanges (P+R) basé sur les études de la Fondation pour la construction et l'exploitation de parcs de stationnement permettant de réaliser rapidement ces parkings en nombre suffisant pour assurer un transfert modal significatif en faveur des transports publics;

- à présenter dans les plus brefs délais à l'approbation du Grand Conseil des projets de lois portant sur des crédits de construction permettant de couvrir le coût de construction des projets de parkings d'échange, en particulier:

- parking de l'Etoile aux Acacias,

- parking sous-lacustre à Genève-Plage,

- parking du Bachet-de-Pesay,

- parking de Sécheron.

(P 1123)

PÉTITION

pour la création de 8500 places de stationnement(échange automobiles - transports publics)

Considérant:

- le vote du 9 juin 1996 contre la traversée de la Rade;

- le projet de la Fondation pour l'exploitation et la construction de parcs de stationnement (Fondation des parkings) de construire8500 places de stationnement dans des parcs d'échange situés en périphérie de l'agglomération;

- le plan de mesures OPAir 2002 (lutte contre la pollution de l'air) adopté par le Conseil d'Etat en mars 1991;

- Circulation 2000, en particulier son volet stationnement;

- que les parcs d'échange permettent d'obtenir une bonne complémen-tarité des modes de déplacement (voitures - transports collectifs / deux-roues - transports collectifs);

- que la création de places de parcs d'échange à l'extérieur permettra de libérer des espaces pour d'autres usages au centre-ville: espaces pour les piétons, les cyclistes ou les besoins commerciaux,

la Coordination transports demande:

l'élaboration d'un programme de parcs d'échange - conjointement au développement des transports publics - basé sur les études de la Fondation pour l'exploitation et la construction de parcs de stationnement, permettant de réaliser au moins 1000 places par an pendant 8 ans.

Débat

M. Michel Balestra (L). Nous sommes convaincus de la nécessité d'un réseau de transports publics efficaces, mais le développement du réseau routier et des infrastructures annexes, comme les parkings «visiteurs», est indispensable au développement économique en général et à celui de Genève en particulier.

La motion 1086 fait l'impasse sur le transport individuel. Pourtant, la nécessité du parc automobile est évidente. Preuve en est le nombre des voitures genevoises multiplié par le facteur 30 en cinquante-quatre ans.

Je ne connais aucun produit indispensable et non subventionné qui ait connu une telle expansion.

Les partis de l'Entente veulent affirmer leur attachement à la complémentarité des transports. Ils voteront cette motion demandant la création de parkings d'échange pour autant que ce Grand Conseil accepte l'amendement proposé par les députés Jean-Claude Genecand, Michel Ducret, Nicolas Brunchwig et votre serviteur. Cet amendement, sous forme de troisième invite, tend à équilibrer la motion dans la perspective d'une réelle amélioration de l'accessibilité de Genève. Le voici :

«- à favoriser la construction des parkings visiteurs financés totalement ou partiellement par des fonds privés, en particulier :

 - extension du parking sous-lacustre;

 - parking de la place Neuve.»

Je vous fais parvenir cet amendement que je mets au suffrage de cette assemblée.

Mme Liliane Charrière Urben (S). Permettez-moi, tout d'abord, de relever deux qualités évidentes du rapport de M. Grobet : la clarté et la brièveté.

Si nous voulons une atmosphère respirable, une circulation moins dense, des rues plus agréables, devons-nous insister encore sur les mesures nécessaires à prendre ? Elles sont pourtant claires : un certain nombre de voitures, notamment celles des pendulaires, ne doivent plus accéder au centre de la ville.

Les transports publics doivent être aisément accessibles si nous voulons inciter les gens à les utiliser. Pour ce faire, il faut des parkings d'échange aux abords de la ville, afin d'éviter de transporter des bagages ou des commissions ou encore de traverser des endroits dangereux.

Quatre parkings d'échange sont prévus. Ils sont mentionnés dans les conclusions : le parking de l'Etoile aux Acacias; le parking de Genève-Plage pour que la rue des Eaux-Vives et les quais ne soient plus encombrés; le parking du Bachet-de-Pesay et le parking de Sécheron, celui-ci étant l'équivalent, pour la rive droite, de ce que nous souhaitons pour la rive gauche.

Il faut que ces parkings soient rapidement construits. Vous savez que les caisses de la société des parkings sont vides suite à l'exécution de divers projets. Les plans sont prêts. Ne reste plus au Conseil d'Etat et au Grand Conseil qu'à entreprendre les démarches nécessaires pour que ces plans soient concrétisés et les parkings construits.

Je ne saurai trop vous inviter à voter, avec enthousiasme, les conclusions de ce rapport et les termes de la proposition de motion qui figure en pages 4 et 5.

Je signale une petite correction apportée au titre. Le chiffre de 8 500 a été supprimé, car il est difficile d'indiquer le nombre précis de places dont nous pourrons disposer. Cela étant affaire d'architecte, nous ne voulions pas limiter, dans un sens ou dans l'autre, le nombre de places aménageables.

L'amendement de M. Balestra est certainement intéressant à ses yeux, mais, en ce qui nous concerne, nous souhaitons que la motion soit votée telle quelle. Libre à M. Balestra de présenter une autre motion ou une pétition s'il le souhaite !

Je vous invite donc à voter la motion telle qu'elle figure en pages 4 et 5.

M. Jean Spielmann (AdG), rapporteur ad interim. Le rapport et les discussions tenues à la commission des transports forment un tout cohérent : régler le problème de la circulation au centre-ville à partir du constat qu'il n'est plus possible, pour tout le monde, d'y accéder en voiture. Il faut donc trouver une solution.

Celle-ci, déjà appliquée avec succès en certains endroits, consiste à développer les transports en commun dans les lieux habités et à créer des zones piétonnes en milieu urbain, ouvertes aux cyclistes. Aller, aujourd'hui, à l'encontre de ces dispositions mettrait en cause ce qui, expérience faite, est admis par des couches de plus en plus larges de la population.

Je rappelle les votations sur l'Alhambra, la «cacade» de l'initiative du parti libéral pour dix mille parkings, une proposition mammouth faite juste avant les élections. Celles-ci ayant eu lieu, on n'en a plus entendu parler ! Je ne me souviens d'ailleurs même pas si tous les députés libéraux l'avaient votée. Toujours est-il que nous avions constaté l'impossibilité de concrétiser une telle proposition pour la simple raison que les parkings du centre-ville ne peuvent être rentables, outre le fait qu'il n'est pas souhaitable de les y implanter.

Les projets de parkings présentés ici sont cohérents. Ils sont sis en bout de voie des transports publics, là où des investissements importants sont prévus pour des lignes de tram. Je pense aux Acacias, à Sécheron et, bien sûr, au Bachet. Les conducteurs y gareront leur voiture et emprunteront les transports publics, sur des distances relativement courtes, pour aller en ville

Cette idée devrait faire l'unanimité dans ce Grand Conseil. Il s'agit de faire en sorte que les pendulaires ne viennent plus en milieu urbain en voiture. Ils la laisseront à proximité et emprunteront les transports publics pour se rendre au centre-ville.

Au cours de ces dernières années, on a constaté que cette évolution convenait à la population. Aujourd'hui, personne n'imagine que les rues basses puissent être rouvertes à la libre circulation du trafic motorisé, comme proposé sur les bancs libéraux.

Par conséquent, je vous invite à rejeter l'amendement de M. Balestra. Il mène là un combat d'arrière-garde, qui n'a pas sa place dans une politique cohérente d'aménagement du centre-ville et de la circulation à Genève.

En revanche, je vous demande de voter telles quelles les conclusions du rapport, conclusions acceptées à la très large majorité de la commission des transports.

M. Jean-Claude Genecand (PDC). Je soutiens les conclusions de ce rapport qui invitent le Conseil d'Etat à présenter le crédit de construction des parkings de l'Etoile, de Sécheron et de Genève-Plage.

Selon le rapport du Conseil d'Etat sur la motion 1036, les études du projet définitif du prolongement de la ligne 13, à savoir Sécheron/La Praille, seront terminées ces prochains mois.

D'après les estimations du Conseil d'Etat, les travaux de construction du tramway proprement dit débuteront en 1999 et la mise en service est prévue pour 2000.

C'est dire que ces lignes ont leur raison d'être, puisque leurs têtes aboutiront à des parkings d'échange destinés aux pendulaires se rendant au centre-ville.

Pour le reste, les explications du rapporteur suffisent.

Je vous invite donc à voter les conclusions de la motion.

Quant à l'amendement que j'ai cosigné, il étend la portée de la motion aux parkings soutenus par notre groupe : celui de la place Neuve et le sous-lacustre.

M. Andreas Saurer (Ve). Je vous félicite, Monsieur Balestra...

M. Michel Balestra. Merci !

M. Andreas Saurer. Vous avez fait un excellent travail. Vous êtes d'une efficacité redoutable. Mais dois-je l'avouer ? Les deux personnes auxquelles vous vous êtes adressées sont d'une maniabilité égale à votre constance, certes appréciable et, finalement, assez agréable.

Cela dit, l'attitude des radicaux et du PDC, notamment de MM. Ducret et Genecand, est particulièrement scandaleuse.

Durant plusieurs semaines, nous avons discuté en commission et traité de cet amendement. Finalement, MM. Ducret et Genecand ont été d'accord de fixer des priorités dans le cadre d'une politique consensuelle.

Maintenant, on change soudainement de priorité ! Ce n'est pas la première fois, Messieurs Genecand et Ducret - vous qui essayez d'être les champions des transports publics - que vous suivez vos copains libéraux au moment d'opérer un choix clair !

Nous avons là un exemple magnifique de la politique de girouette du parti radical et du PDC. Lors des discussions en commission, vous étiez d'accord; arrive le camionneur Balestra, patatras, tout est fini !

Vous n'avez pas de colonne vertébrale, mes chers amis !

Telle que sortie de la commission, cette motion est parfaitement cohérente. Nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Il faut fixer des priorités. Continuons à avancer sur les points sur lesquels nous sommes d'accord ! Référons-nous à notre débat sur le T.G.V. Mâcon/Paris : après de nombreuses discussions, nous sommes parvenus à un accord.

En l'occurrence, j'ignore jusqu'à quand notre accord sera maintenu avec ces champions du revirement que sont MM. Ducret et Genecand ! Au dernier moment, ils se comportent comme de vraies girouettes !

Il est inadmissible, pour moi, d'accepter l'amendement de M. Balestra, et je vous demande de le refuser. S'il était accepté, les Verts rejetteront la motion.

M. Christian Ferrazino (AdG). Je remercie M. Balestra de son amendement qui a le mérite de faire sortir du bois les partis radical et démocrate-chrétien.

Comme vient de le rappeler M. Saurer, vous ne pouvez pas continuer à pratiquer systématiquement un double langage.

Votre amendement, Monsieur Balestra, va à fin contraire du but poursuivi par la motion et ses deux invites. Néanmoins, vous restez logique, puisqu'il ressort du rapport que seuls les libéraux se sont opposés à cette motion. En revanche, M. Ducret, radical, et M. Genecand, démocrate-chrétien, bien que gênés aux entournures, ont voté cette motion.

Messieurs, vous devez vous déterminer !

A vous d'assumer le choix que vous avez fait en acceptant, en commission, la motion et son titre. Je rappelle qu'il y a eu vote sur ce titre «...parkings d'échange». En effet, seul M. Balestra peut penser qu'un parking puisse être situé au centre-ville, bien qu'en ce lieu il n'y a rien à échanger. C'est un simple parking et non un parking «P + R»... (Dénégations de M. Jean-Claude Genecand.) A voir vos réactions, Monsieur Genecand, il n'est pas inutile de rappeler que le but poursuivi, au départ, était de permettre la construction de parkings d'échange à la périphérie du canton, comme cela se fait dans toutes les villes modernes. Il n'y a que M. Balestra à être à contre-courant, puisqu'il souhaite le contraire de ce qui se réalise aujourd'hui, en matière de transports, dans les villes européennes.

Dès lors, Messieurs, soyez cohérents. Si vous acceptez la construction de parkings d'échange et demandez au Conseil d'Etat de nous saisir d'un projet de loi permettant l'ouverture des crédits nécessaires, vous devez rejeter l'amendement de M. Balestra qui va à fin contraire : des parkings au centre-ville provoqueraient l'engorgement de la cité.

Il vous est impossible de laisser croire que vous pouvez voter et la motion et l'amendement de M. Balestra.

Mon groupe, à l'instar de celui des Verts, rejettera cette motion si elle devait contenir l'amendement de M. Balestra. Cela permettra aux partis radical et démocrate-chrétien de nous montrer, ce soir, de quel côté ils se trouvent en matière de politique des transports.

M. Michel Ducret (R). Cette proposition souligne la nécessité absolue de rendre crédible la politique de report modal sur les transports collectifs, politique défendue, depuis de nombreuses années, par le Conseil d'Etat et la majorité de ce Grand Conseil.

Depuis des années, les automobilistes sont priés de laisser leur voiture «quelque part» et de poursuivre leur trajet en transports publics. Mais ce «quelque part» ne leur a pas été offert.

Venez de la région de la côte vaudoise, venez de Thonon ou d'Hermance, vous aurez beau chercher, vous ne trouverez pas de parking à proximité d'un transport public.

Il est donc essentiel que ces équipements de «P + R» soient réalisés en priorité, afin de rendre crédible la politique de diminution du trafic pendulaire au centre-ville.

La motion 1036 acceptée par ce Grand Conseil en janvier, marquait clairement cette volonté. Il n'y a donc pas lieu d'y revenir.

Cela étant, notre amendement vise simplement à rappeler que ces parcs de dissuasion s'inscrivent dans une politique globale qui s'est appelée «Circulation 2000», puis «Mobilité 2005». Nous n'avons donc rien inventé.

En réalité, si vous refusez cet amendement, vous rejetterez, en même temps et une fois de plus, «Circulation 2000» et «Mobilité 2005» que vous n'hésitez pas, d'autre part, à appeler de vos voeux à tout bout de champ.

Le scandale, Monsieur Saurer, c'est la pratique du self-service dans un concept global ! Personnellement, je suis acquis aux transports publics, mais en ne perdant jamais de vue la complémentarité.

Ce choix, Monsieur Ferrazino, je l'ai fait depuis plus de vingt ans. Il s'inscrit dans le cadre d'une politique globale des déplacements. Il n'est pas conciliable avec une vision bornée de l'avenir.

L'amendement ne détruit pas l'esprit de la motion. Il rappelle simplement que ces parkings de dissuasion s'inscrivent dans un ensemble. Nous aurions pu ajouter un deuxième amendement précisant qu'il fallait développer, en parallèle, les transports publics. Nous ne l'avons pas fait, car c'est l'évidence même que les parkings de dissuasion sont faits pour encourager l'usage des transports publics. Nous aurions encore pu ajouter toute la politique de «Mobilité 2005». Mais la proposition faite ici ne mange pas de pain !

M. Nicolas Brunschwig (L). Certains propos de M. Spielmann méritent corrections et commentaires.

M. Spielmann prétend qu'il est impossible de construire des parkings rentables au centre-ville. Les succès populaire et financier du parking du Mont-Blanc prouvent le contraire et révèlent surtout un besoin.

Le taux d'occupation du parking de Saint-Antoine démontre, lui aussi, qu'il répond à une demande.

Preuve est aussi donnée que l'on peut respecter l'environnement en construisant des parkings qui ne génèrent ni pollution ni trafic exagéré.

Monsieur Spielmann, si nous voulons des zones piétonnes attrayantes, nous devons les ceinturer de parkings «visiteurs». Toutes les villes qui possèdent de telles zones piétonnes ont des parkings situés à deux cents ou trois cents mètres de distance.

S'opposer à des parkings au centre-ville, c'est s'opposer à des zones piétonnes et, subséquemment, au succès économique du centre-ville. En revanche, c'est favoriser la construction de complexes en périphérie, en France voisine ou dans le canton de Vaud.

Ce n'est pas agir dans l'intérêt de la population genevoise, notamment dans celui des chômeurs que vous êtes censé défendre. C'est en tout cas ce que vous dites.

Mme Claire Chalut (AdG). Nous avons plaisir à entendre les pourfendeurs des transports publics. Nous savons, maintenant, que les libéraux défendent les transports publics ! Mais ils le font d'une manière assez particulière, puisqu'ils refusent systématiquement les moyens nécessaires à leur développement.

C'est donc difficile de défendre un projet et de refuser, en même temps, les moyens de sa concrétisation.

Je crois que la ville de Genève sera bientôt la seule ville d'Europe à mener une politique des transports aussi inconséquente, aussi mal ficelée ! Les parkings d'échange sont indispensables. Preuve en est la circulation dans les rues Basses : ce sera bientôt aux conducteurs du tram 12 de demander aux gens de se pousser ! Sans doute ne le prenez-vous jamais, mais c'est effrayant de voir le nombre de trucs qui roulent. Les voitures sont là du matin au soir, en dépit d'un panneau interdisant la circulation, et c'est le tram 12 qui ne peut presque plus passer.

Votre état d'esprit est assez obtus. En effet, dans une grande ville comme celle d'Ulm, tout le centre est réservé aux piétons. Pour y circuler, on peut louer des vélos et tout marche très bien.

Genève pourrait envisager un aménagement de ce genre. Ainsi, vous pourriez faire un peu de sport et perdre vos kilos en trop. En tout cas, cela vous mettrait un peu de plomb dans la cervelle !

M. Jean-Claude Genecand (PDC). Je m'explique au sujet de ma signature de l'amendement. Monsieur Saurer, je n'ai évidemment pas changé de position et, par rapport à la circulation, je ne la renie pas.

Dieu sait, pourtant, si je me suis trouvé en porte-à-faux avec mes différents collègues de l'Entente ! Ce n'est donc pas aujourd'hui que je vais changer de position.

Pour ce qui est du consensus, il m'a semblé qu'au niveau rose/vert l'on avait approuvé la création du parking de la place Neuve et que l'on s'est démis par la suite. Au début, M. Ramseyer avait obtenu un consensus concernant ce parking, puis, sous la pression, la plupart des élus ont renié leur position initiale.

Je prends Strasbourg pour référence. Dans cette ville, les parkings sont proches du centre et la circulation modelée «en poche». Cela signifie que le trafic de transit est supprimé, mais qu'il est possible d'atteindre le centre en voiture à partir des parkings.

Les parkings d'échange diffèrent évidemment des parkings du centre-ville.

C'est par volonté d'obtenir et un consensus et le vote du texte par ce parlement, que j'ai cosigné cet amendement. Je ne désire nullement la construction de nombreux parkings. En l'occurrence, il ne s'agit que de l'extension du parking sous-lacustre et de la construction du parking de la place Neuve.

Par conséquent, l'amendement ne va pas à l'encontre de la motion. Il la complète et répond à la volonté de consensus de tout ce parlement.

M. René Longet (S). Si le but de M. Genecand est d'obtenir un consensus, ce n'est en tout cas pas celui de M. Balestra.

Bien au contraire ! On est en train de détruire le consensus obtenu en commission.

Cet amendement Balestra, auquel se sont associés deux députés membres de la commission des transports, dénature complètement ce que nous avons fait en commission. Les explications laborieuses de MM. Genecand et Ducret prouvent que nous avons raison de dénoncer ce type de démarche.

Nous avons travaillé à partir d'un concept parfaitement clair que nous pouvons développer, à savoir la création de parkings, certes, mais des parkings de dissuasion et d'échange. Vous greffez tout autre chose sur ce concept et soulevez une multitude de problèmes bien avant que la conception «C 2005», qui vient d'être soumise en consultation, ne nous parvienne. Vous préjugez d'un débat politique sur la nature des parkings «visiteurs» et parlez de parkings financés totalement ou partiellement par des fonds privés, ce qui signifie partiellement par des fonds publics aussi. Je le dis en défense aux discours permanents des libéraux sur les économies.

N'occultez pas la clause générale que vous voulez nous imposer avec les deux exemples que vous venez de citer. Cela n'a rien à voir avec la motion ! C'est comme si l'on greffait, tout à coup, une motion sur le métro léger sur la motion T.G.V., issue d'un consensus et présentée récemment à la presse.

Alors que nous avançons pas à pas dans ce dossier, vous mélangez les affaires et suscitez une vaste confusion politique. Pour nous, il est exclu d'entrer en matière sur ce type de concept.

Le concept des parkings «visiteurs» doit être analysé à la loupe, et c'est bien là que réside le problème. Selon les rapports existant entre les visiteurs, les différents usagers du parking et les habitants, vous faussez complètement la politique des transports. Vous le savez, Monsieur Balestra, et c'est pour cela que vous voulez greffer votre amendement sur la motion votée en commission.

Cette proposition a déjà été faite à la commission qui, dans sa sagesse, a refusé cet amalgame. Je vous propose de faire de même ce soir.

M. Christian Grobet (AdG). Une fois de plus, je constate que les partis de l'Entente veulent dénaturer le sens d'une proposition tel qu'il avait été donné au départ.

La motion a été déposée au lendemain de l'échec du projet de la traversée de la rade, afin de favoriser une autre politique de transports. C'est pourquoi cette motion parfaitement claire - sa teneur figure en pages 4 et 5 du rapport - insiste uniquement sur la création de parkings d'échange.

Ceux-ci sont absolument nécessaires si l'on veut vraiment diminuer la circulation au centre-ville, objectif numéro un de la motion.

Le fait d'inciter les automobilistes à garer leur voiture en dehors de la ville et à poursuivre leur trajet en transports publics semble, sur le plan théorique, recevoir l'approbation de tous les milieux. Mais quand il s'agit de passer à la mise en application, que constatons-nous ? Depuis quatre ans, aucun parking d'échange n'a été construit à Genève !

La politique du Conseil d'Etat a été de bloquer le projet d'extension du tramway en avançant un projet de métro léger qui, nous le savons, n'a guère de chance d'aboutir. Par conséquent, on a bloqué les études sur les branches Acacias/Sécheron du tram 13 et stoppé, du même coup, celles sur les parkings d'échange.

Nous avons dû insister à plusieurs reprises, dans cette enceinte, pour que la Fondation des parkings se décide, début 1997 - c'est-à-dire quatre ans après la délivrance de l'autorisation préalable du parking de l'Etoile - à ressortir ce dossier qui dormait au fond de ses tiroirs pour solliciter l'autorisation définitive de construire.

Quant au parking d'échange de Sécheron, les différents représentants de l'Etat, que nous avons auditionnés, ont été incapables de nous indiquer son emplacement. Ils nous ont demandé de nous adresser à M. Joye que nous n'avons jamais entendu devant la commission.

Par voie de conséquence, cette motion ne porte que sur un objectif très précis : la poursuite active de la politique de construction des parkings d'échange engagée voici dix ans.

M. Longet a bien fait de rappeler que M. Balestra, dont on sait l'intérêt qu'il porte aux transports publics et la vocation à défendre le «tout-automobile», propose de réaliser, dans le centre-ville, deux parkings qui n'ont rien à y faire... (M. Michel Balestra rit.) Vous pouvez bien rigoler ! La commission n'a pas accepté votre proposition, car elle avait, à ce moment-là, un certain intérêt à réaliser des parkings d'échange. Aujourd'hui, d'après M. Genecand, nous aurions été, soi-disant, favorables au parking de la place Neuve.

Monsieur Genecand, vous savez fort bien que les Verts et l'Alliance de gauche ne cessent de réitérer, depuis dix-huit mois, leur opposition au parking de la place Neuve et qu'il y aura référendum si le Conseil municipal accorde le droit de superficie.

Vous êtes suffisamment informé des problèmes de transports pour connaître notre position.

Dans la commission des transports, personne n'a jamais dit que nous étions favorables au parking de la place Neuve. C'est vous qui, maintenant, sortez cela pour amender la motion, pressentant que ce dossier, qui doit être traité pour lui-même, est en butte à certaines difficultés.

Si l'amendement, qui reprend une proposition rejetée en commission, était voté, la motion serait vidée de tout son sens. Vous aurez ce que vous vouliez, c'est-à-dire une politique de non-consensus. Vous continuez à mener une politique fausse. D'ici un mois, nous verrons si la population vous suit.

M. Jean Spielmann (AdG), rapporteur ad interim. Nous sommes placés devant un problème important. De la politique des différents partis en matière de transports, il résulte deux ceintures de parkings, l'une autour de l'agglomération, l'autre proche du centre, avec un ou deux parkings à l'intérieur de la petite ceinture.

Si l'on suit le tracé de l'ancienne petite ceinture des transports publics, nous avons ces parkings : Cornavin, Rive, Villereuse, Saint-Antoine et Plainpalais, auxquels s'ajoutent les parkings des grands centres commerciaux, comme La Placette ou ceux situés aux Eaux-Vives et aux Pâquis. Les parkings jalonnant le tracé de la petite ceinture sont donc suffisamment nombreux.

Ceux qui veulent s'en persuader n'auront qu'à vérifier leur taux d'occupation et se référer au débat sur l'initiative libérale «Dix mille parkings». Monsieur Brunschwig, le relevé des taux d'occupation, de part et d'autre de la petite ceinture, a démontré l'inutilité d'une telle initiative. De plus, les financements privés nécessaires à sa concrétisation étaient introuvables. C'est ce qui vous a fait renoncer à votre propre projet.

A partir de là, le deuxième réseau de parkings à la périphérie de l'agglomération - Nations, Balexert, Onex, Carouge - mérite d'être complété, car ils sont susceptibles d'intéresser les pendulaires qui pourront y garer leur véhicule avant d'emprunter les transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail.

Des parkings situés en tête de ligne ou à proximité de l'agglomération sont particulièrement indiqués. Je pense notamment à ceux de Genève-Plage, des Acacias, du Bachet-de-Pesay et de Sécheron. Un tel ensemble couvrira largement les besoins.

Voyons ce qui se passe à l'intérieur de la petite ceinture. Des potentiels existent. Il est possible d'agrandir le parking de Plainpalais, sa capacité pouvant être doublée.

Aujourd'hui, il n'y a aucune raison de construire de nouveaux parkings à l'intérieur de la petite ceinture. Un seul motif pourrait expliquer une telle prise de décision : la volonté d'un retour au «tout voiture», une politique remise en cause depuis longtemps.

Il y a suffisamment de parkings à l'intérieur de la petite ceinture. En revanche, il en manque à l'extérieur. La motion tend à remédier à cette situation. Par contre, elle n'a rien à voir avec la création d'un parking à la place Neuve et l'extension du parking sous-lacustre. Ces propositions sont de nature idéologique et ne répondent pas aux besoins réels en matière de transports.

Si une majorité se dégage pour accepter cet amendement, il n'y aura pas de motion sur les parkings d'échange et la guerre aux voitures reprendra de plus belle. Vous l'aurez voulue, mais il n'est pas sûr que vous la gagnerez.

Seule une politique responsable de construction de parkings à proximité de la petite ceinture et à l'extérieur doit être retenue. Il ne saurait y en avoir d'autre.

Flatter les automobilistes comme vous le faites ne sera pas plus payant que votre initiative «Dix mille parkings» : vous avez été obligés de la retirer, faute de pouvoir la concrétiser !

M. Jean-Philippe de Tolédo (R). Quand nous parlons de parkings d'échange, nous parlons de transfert modal. Dès lors, les deux modes de transport doivent être connectés.

A écouter les discussions tenues dans ce Grand Conseil, je constate que le plan de circulation de M. Ramseyer fait l'objet de nombreuses oppositions de personnes me faisant face, notamment de M. Grobet.

Aussi longtemps que le tracé du tram n'aura pas été défini, je ne vois pas où seront construits ces parkings d'échange. (Contestations.) Votre proposition n'est pas celle de tout le monde. Je comprends fort bien que l'on veuille obtenir un projet de tram solidement établi avant de passer à celui de la construction de parkings d'échange.

En revanche, pour satisfaire à une forte demande, nous pouvons tout de suite commencer la construction des parkings du centre-ville.

Ces parkings pourraient servir de parkings d'échange. C'est d'ailleurs le cas de celui du Mont-Blanc.

Chère Madame Chalut, vous n'avez pas besoin d'aller en Allemagne pour trouver ce que vous cherchez. Vous oubliez une ville : Genève ! C'est là que cela se passe le mieux ! Durant des années, des bicyclettes ont été mises à disposition des usagers au parking du Mont-Blanc ? Savez-vous ce qui s'est passé ? Personne ne les a utilisées ! Elles étaient pourtant prêtées gratuitement.

Il faut que vous sachiez aussi que le parking du Mont-Blanc est un modèle de transfert modal. Pourquoi ? Avec le billet de ce parking, vous bénéficiez de la gratuité des transports publics pendant une heure. C'est un transfert modal idéal, et il est bon qu'il soit connu, afin que les usagers profitent de cette prestation bien sympathique.

La collaboration se développe intelligemment. Quand on trouve des solutions judicieuses, les choses devraient se faire. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas.

J'en viens à l'amendement. Il tombe sous le sens ne serait-ce qu'en raison de la situation des finances publiques. Il n'est plus possible, aujourd'hui, de demander à l'Etat d'investir dans tous les projets. Il faut que les privés participent activement au financement des entreprises d'avenir.

Je soutiens donc fermement cet amendement.

Mme Elisabeth Reusse-Decrey (S). Je ne reviendrai pas sur le fond, beaucoup de choses ayant été dites.

Cette motion demande la réalisation rapide de parkings d'échange. Aujourd'hui, vous voulez y intégrer des parkings au centre-ville. Ce faisant, vous la dénaturez totalement.

Ce n'est pas surprenant de la part de M. Balestra, mais ça l'est nettement plus de celle des deux autres groupes, particulièrement des deux autres signataires de la précédente motion.

Si vous voulez des parkings au centre-ville, déposez une autre motion, mais ne mélangez pas les genres ! Votre amendement n'a rien à faire dans la motion 1086.

Comme déjà dit, cet amendement, pour nous, est inacceptable.

J'ai une proposition à vous faire, Monsieur Balestra, parce que je suis sûre que vous ne voulez pas «voter idiot». Or, pour le moment, j'estime que vous «voterez idiot», parce que vous ne connaissez même pas les taux d'occupation et le nombre des places libres dans les parkings du centre-ville. Je demande donc le renvoi en commission afin que nous disposions, pour les six derniers mois, du relevé exact des places libres dans les parkings du centre-ville. Chiffres en main, vous pourrez éventuellement faire une motion privilégiant la construction de nouveaux parkings.

Pour l'instant, nous n'avons pas ces chiffres. Néanmoins, si vous vous déplacez en ville à vélo ou à pied, vous vous rendrez compte des places inoccupées affichées électroniquement. Leur nombre est considérable.

Par conséquent, je demande le renvoi de cette motion en commission. Une fois les chiffres précités connus, nous voterons la motion. Et j'ose espérer que M. Balestra retirera son amendement si les chiffres attestent qu'il a tort.

M. Michel Balestra (L). Je n'accepterai pas le renvoi de la motion en commission. Je m'en explique :

Tous les concepts de «Mobilité 2005» et de la politique des transports sont basés sur la complémentarité.

Contrairement à ce que dit M. Spielmann, nous n'avons pas renoncé à l'initiative «Dix mille parkings» qui prévoyait des parkings d'échange et des parkings «visiteurs». Nous l'avons soumise au peuple, nous avons été battus, mais avec 48% de voix en notre faveur, alors que nous étions seuls à la défendre. Si j'obtenais 48% de voix d'ici un mois - on peut toujours rêver ! - je m'estimerais comblé !

Mais trêve de plaisanterie ! Pour vous, Monsieur Spielmann, la complémentarité signifie la priorité absolue aux transports publics. Pour nous, cette complémentarité réside dans le développement de transports publics efficaces mis en parallèle avec celui de bonnes infrastructures destinées aux transports privés.

Le piquant de l'affaire est que j'accepte votre concept du développement des transports publics, que je vote votre motion, c'est-à-dire votre proposition de construire des parkings d'échange, mais en vous demandant d'accepter, en retour, la création - financée par des fonds privés ! - de postes de travail et d'emplacements, au centre-ville, dans des parkings qui ont obtenu le consensus général de tout ce qu'il y a comme ingénieurs, milieux concernés, etc. Mais là, le courage vous manque pour voter... Preuve est faite que vous n'êtes pas pour la complémentarité et que vous êtes l'ayatollah des transports publics !

Je rappelle qu'un des points du manifeste du parti communiste prévoyait le transport public obligatoire. Votre attitude ne m'étonne donc pas.

M. Andreas Saurer (Ve). Si M. Balestra souhaite réellement un débat sur l'ensemble des transports publics et la libre circulation, nous pouvons l'avoir, mais je ne suis pas convaincu que ce soit le bon moment.

Monsieur Balestra, il est absolument faux que les ingénieurs de la circulation préconisent des places de stationnement au centre de la ville.

Nous avons fait venir des spécialistes à la commission des transports et leur avons demandé si la création de telles places leur semblait judicieuse ou non. Ils nous ont répondu par une autre question : «Sont-elles compatibles avec un plan de circulation ?». C'est à cette question que les spécialistes ont répondu. Ils ont dit qu'il était toujours possible de «trouer» le centre-ville pour des places de stationnement et de prévoir des feux pour régler la circulation, tout en précisant qu'il ne s'agit pas de la solution optimale et encore moins d'une solution nécessaire.

M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Je suis presque gêné de dire que la commission a fait du bon travail en remaniant cette motion et en réalisant que le Conseil d'Etat était conscient de l'importance des «P + R» à construire.

La commission a donné un tour consensuel à ses travaux, et nous sommes prêts à accepter cette motion.

Il n'empêche que si les parkings d'échange sont nécessaires les parkings d'accès «visiteurs» le sont aussi...

C'est pourquoi nous défendons le projet de la place Neuve, main dans la main avec le Conseil administratif de la Ville de Genève. Le projet est en suspens en Ville de Genève et pas chez nous. Malheureusement, nous ne pouvons pas interférer dans les travaux de la Ville.

Chacun en appelant à la volonté populaire, je signale qu'un sondage de la «Tribune de Genève» a fait ressortir deux besoins clairement exprimés : le besoin prioritaire de «P + R» et celui de parkings «visiteurs».

Les motionnaires le savent bien, puisqu'ils font allusion à des concepts qui, tous, comportent les deux types de parkings.

La motion rappelle que les «P + R» sont une priorité; cela me paraît sain, la Fondation des parkings ayant vocation de construire des «P + R» en priorité.

Il n'empêche que le travail consensuel qui a été conduit donne lieu à un affrontement ici même, ce que je regrette profondément.

Je le dis comme je le pense ! Depuis 1994, j'ai toujours proclamé que nous suivions une ligne politique claire portant sur deux axes, le premier étant la complémentarité, le second, la considération des besoins de l'économie en général et celui du commerce en particulier.

C'est la raison pour laquelle je distingue mal comment vous pouvez continuer à vous affronter au nom de tels concepts. Ils sont clairs, et je vous invite à vous y référer. Ce sera ma conclusion.

M 1086-A

Mise aux voix, la proposition de renvoyer ce rapport à la commission des transports est rejetée.

La présidente. Je mets aux voix l'amendement de MM. Michel Balestra, Michel Ducret, Jean-Claude Genecand et Nicolas Brunschwig. Il propose une troisième invite dont la teneur est la suivante :

«- à favoriser la construction des parkings visiteurs financés totalement ou partiellement par des fonds privés, en particulier :

 - extension du parking sous-lacustre;

 - parking de la place Neuve.»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mise aux voix, cette motion ainsi amendée est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

(M 1086)

motion

pour la réalisation rapide de parkings d'échange

LE GRAND CONSEIL,

considérant :

- le vote du 9 juin 1996 s'opposant à la création d'une nouvelle traversée routière de la Rade;

- le projet de la Fondation pour l'exploitation et la construction de parcs de stationnement (dite «Fondation des parkings») de construire 8 500 places de stationnement dans des parcs de stationnement d'échanges («P+R») situés en périphérie de l'agglomération;

- les plans de mesures OPAir 2002 de lutte contre la pollution de l'air adoptés par le Conseil d'Etat en mars 1991 et OPB de lutte contre les nuisances sonores, encore à l'étude;

- le plan de circulation «C 2000», et en particulier son volet station-nement;

- la complémentarité souhaitée des modes de déplacement qui ne peut se concrétiser efficacement que par la création de parcs de stationnement d'échanges véhicules privés - transports publics;

- la possibilité de dégager, avec la création de ces «P+R» extérieurs, des espaces pour d'autres usages au centre-ville,

invite le Conseil d'Etat

- à élaborer d'urgence un programme de parkings d'échanges (P+R) basé sur les études de la Fondation pour la construction et l'exploitation de parcs de stationnement permettant de réaliser rapidement ces parkings en nombre suffisant pour assurer un transfert modal significatif en faveur des transports publics;

- à présenter dans les plus brefs délais à l'approbation du Grand Conseil des projets de lois portant sur des crédits de construction permettant de couvrir le coût de construction des projets de parkings d'échange, en particulier:

- parking de l'Etoile aux Acacias,

- parking sous-lacustre à Genève-Plage,

- parking du Bachet-de-Pesay,

- parking de Sécheron;

- à favoriser la construction des parkings visiteurs financés totalement ou partiellement par des fonds privés, en particulier :

- extension du parking sous-lacustre;

- parking de la place Neuve.

P 1123-A

Mises aux voix, les conclusions de la commission des transports (dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.