République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2090-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier la pétition : Léman Express, tiens tes promesses !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VI des 9 et 10 décembre 2021.
Rapport de M. Thomas Wenger (S)

Débat

Le président. Le prochain objet qui nous occupe est la P 2090-A. Le rapport est de M. Thomas Wenger, à qui je cède la parole.

M. Thomas Wenger (S), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, la pétition «Léman Express, tiens tes promesses !» a été bien accueillie par la commission qui l'a traitée; vous verrez que la décision, prise à l'unanimité, est de la déposer sur le bureau du Grand Conseil, mais ça ne signifie pas du tout que cette pétition était malvenue. Elle a été signée par 610 personnes de la région de Versoix, où il y avait, comme d'ailleurs dans d'autres régions, beaucoup de problèmes au début de la mise en service du Léman Express. Vous vous souvenez que le Léman Express a eu un peu de mal à démarrer, notamment à cause de problèmes techniques liés aux rames mais aussi en raison d'une grève en France voisine au début de sa mise en oeuvre, puis du covid.

Je voudrais dire aux gens qui ont signé cette pétition, les gens qui habitent dans la région de Versoix et qui peut-être nous écoutent, qu'ils peuvent lire le rapport, en tout cas en diagonale. Il contient une foule d'informations et les réponses du Conseil d'Etat, du département, de Lémanis, des CFF qui expliquent tout ce qui a été fait depuis la mise en service pour améliorer l'offre et le service de notre nouveau réseau ferroviaire.

Il faut peut-être juste rappeler, même si ça fait toujours très mal aux oreilles du MCG, que 50 000 personnes par jour utilisent aujourd'hui ce nouveau réseau. Ça les fait bien rigoler, mais je les encourage à sortir une fois de leur coquille et à le prendre pour voir à quel point il constitue une vraie alternative à la voiture, pour travailler ou pour ses loisirs, que l'on vienne de France voisine, du canton de Vaud ou d'ailleurs dans le canton de Genève. C'est une vraie alternative, efficace, grâce aux transports publics, et nous pouvons en être fiers. Merci. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur. Je rappelle au groupe MCG que nous sommes aux extraits: une seule prise de parole sera donc acceptée. Sans autre remarque de votre part, je cède le micro à M. le député Patrick Dimier.

M. Patrick Dimier (MCG). Merci, Monsieur le président. Un proverbe dit qu'il y a toujours très loin de la coupe aux lèvres, c'est-à-dire entre le rêve et la réalité; je pense que la réalité doit être à ce point difficile pour M. Wenger qu'il a de la peine à l'admettre. Il lui suffit de se rendre dans plusieurs gares du Léman Express pour s'apercevoir que c'est bien entendu le grand bal des courants d'air.

Par ailleurs, ça fait un petit moment qu'on nous sort ce chiffre: 50 000 usagers. Ce sont des mots; il n'y a pas de substance derrière ce chiffre. Plus grave: de ces 50 000 usagers, je dirais que 80% voire 90% sont genevois ! Contrairement à ce que croit ou cherche à faire croire M. Wenger, je souhaite personnellement la réussite de cette infrastructure qui nous a coûté extrêmement cher et est tout à fait essentielle à l'apaisement de la circulation et du trafic pendulaire à Genève. Malheureusement, les frontaliers - 92 000, faut-il le rappeler - sont à 87% usagers de la route et viennent à 92,2% seuls à bord de leur voiture. Il ne faut donc pas tout mélanger.

Comme d'autres dans ce parlement - peut-être dans sa majorité - je souhaite la réussite de cette infrastructure. Elle est là, ce serait par conséquent bien bête de cracher dessus, mais ne venez pas dire des choses qui ne sont pas ! Et il ne faut pas tout mélanger. Pour le reste, ce rapport est bien fait. Merci beaucoup.

M. Raymond Wicky (PLR). Mesdames et Messieurs, chers collègues, juste un petit témoignage: j'habite une région où on apprécie particulièrement le Léman Express parce qu'il permet à un certain nombre d'habitants d'avoir une liaison avec la ville, voire avec le canton voisin - je pense notamment aux étudiants. Par contre, en ce moment, je n'arrête pas de recevoir des doléances concernant les horaires: des trains qui ne sont pas à l'heure, des trains supprimés. Encore une fois, c'est une superbe réalisation, mais il faudrait vraiment que nos CFF et nos partenaires fassent là un effort. Merci.

Mme Françoise Nyffeler (EAG), députée suppléante. Nous constatons aussi la belle réalisation qu'est le Léman Express. Il reste néanmoins un grand nombre de problèmes, notamment par rapport à l'accès à cette infrastructure et à la création de parkings et d'autres transports publics à proximité des gares, ce qui effectivement rend son utilisation pas toujours évidente. Nous espérons vraiment qu'il y aura des projets beaucoup plus importants d'accès nettement facilité au Léman Express, particulièrement à destination des frontaliers. Merci.

M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, si on avait voulu imaginer un scénario catastrophe pour la mise en service du Léman Express, on n'aurait pas pu imaginer une réalité autre ! Il y a eu une grève de plusieurs semaines, puis cinq ou six semaines de fonctionnement - un peu chaotique, il faut le reconnaître - juste avant le covid, et ensuite une pandémie qui a été très problématique pour l'ensemble des transports publics. Cela s'est accompagné de problèmes liés notamment à la formation du personnel, notoirement insuffisant - on l'a su et le nouveau patron des CFF, M. Vincent Ducrot, l'a d'ailleurs parfaitement assumé.

Il était compliqué de mettre en place un projet si ambitieux dans des conditions aussi difficiles - c'est dans ce contexte-là que cette pétition a été lancée -, mais force est de constater aujourd'hui que la situation a quand même évolué de manière très favorable. D'abord en matière de fréquentation: alors que la fréquentation des transports locaux comme les TPG - la même tendance prévaut du reste dans l'ensemble du pays - stagne à présent, depuis plusieurs semaines, à environ 82%-83% par rapport à la même période avant la pandémie, le Léman Express a dépassé cet automne déjà, et allégrement dépassé, les chiffres les plus élevés pour se rapprocher d'ailleurs de ce que l'on espérait pour trois ou quatre ans après le début de son exploitation, c'est-à-dire pratiquement 50 000 personnes par jour. On les a dépassées depuis maintenant quelques semaines, sans compter les trains RegioExpress qui parcourent aussi le réseau jusqu'à Annemasse.

Nous sommes donc au-delà des attentes; il y a certes encore des imperfections, mais je pense que les griefs exprimés au travers de cette pétition sont désormais largement réglés, ou en tout cas estompés. Et nous continuons à travailler à améliorer la qualité du service. Dès lors, c'est un constat extrêmement réjouissant que l'on peut faire aujourd'hui, n'en déplaise à certains qui depuis des années fustigent ces investissements, fustigent ce projet - y compris à l'heure actuelle, même face à la réalité des chiffres qui est tout à fait réjouissante: la gare d'Annemasse est la deuxième gare la plus fréquentée avec presque 6000 montées par jour. Ça montre bien que le Léman Express répond également à des besoins de l'autre côté de la frontière et que lorsqu'on met en service des infrastructures et des prestations de ce type-là, les gens les utilisent.

J'aimerais aussi, mais c'est peut-être trop leur demander, que les adversaires de la première heure arrivent à faire le constat que le résultat est à la hauteur de ce qu'on espérait - peut-être qu'eux ne le font pas, mais c'est le cas de tous les autres. Merci de votre attention.

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, la parole n'étant plus demandée, je vous fais voter sur les conclusions de la commission, à savoir le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des transports (dépôt de la pétition 2090 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 80 oui contre 9 non.