République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2018-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : Sauvons l'un des derniers vestiges patrimoniaux du plateau de Saint-Georges
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 6 et 7 juin 2019.

Débat

Le président. Nous abordons à présent la P 2018-B et je passe la parole à M. Stéphane Florey.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Comme vous avez refusé hier ma demande de lecture du courrier 3871 et qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, eh bien c'est moi qui vais le lire... (Exclamations.) ...pour que l'assemblée puisse en prendre connaissance. Il s'agit d'une lettre de Mme Elizabeth Dumont, domiciliée à l'avenue du Petit-Lancy 56, à l'attention de notre cher président. (Brouhaha.)

Le président. Une seconde, Monsieur Florey ! J'attends qu'il y ait un peu de silence pour qu'on puisse mieux s'entendre. (Un instant s'écoule.) Voilà, vous avez la parole.

M. Stéphane Florey. Je vous remercie. Voici donc la teneur de ce courrier:

«Concerne: P 2018-B Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition: "Sauvons l'un des derniers vestiges patrimoniaux du plateau de Saint-Georges"

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les député.e.s,

Je viens d'apprendre par votre secrétariat que vous serez amenés à rediscuter de notre pétition pendant votre session des 6 et 7 juin, suite au retour négatif du Conseil d'Etat.

Cette pétition demandait qu'on révise le PLQ de manière à préserver la maison dite "Maison à la Tourelle". Nous avons été surprises que, bien qu'elle ait récolté plus de 1200 signatures et que cette demande de sauvegarde ait été soutenue par la Commission des monuments, de la nature et des sites, le Conseil d'Etat n'ait pas jugé bon d'étudier un autre modèle de PLQ, avec une implantation différente du bâtiment qui reste à construire. Cela aurait pourtant été possible, et il n'est peut-être pas trop tard pour étudier une solution gardant l'immeuble tel que prévu mais en le décalant et en l'orientant différemment, de manière à préserver la maison.

L'Etat - plus précisément la FPLC, mais c'est un peu la même chose - s'est en effet rendu maître des parcelles sises le long du chemin Daniel-Ilhy, en amont de la Maison à la Tourelle. Une demande de démolition de la 1ère maison du chemin a du reste déjà été déposée au début mai, signée soit dit en passant par un architecte mandataire qui n'est autre que M. Stéphane Lorenzini, conseiller administratif à Lancy (de quoi se poser quelques questions, mais c'est un autre débat). Dès lors, ma question est: pourquoi ne pas utiliser toute la bande le long du chemin Daniel-Ilhy pour y placer l'immeuble qui, si on le réalise comme le prévoit le PLQ, condamne la Tourelle ?

Implanté le long du chemin Daniel-Ilhy et non perpendiculaire à lui, ce bâtiment formerait un angle avec le dernier immeuble déjà construit au lieu de lui être parallèle. Dans l'angle ainsi formé se nicherait ainsi un vrai joli petit parc avec de grands arbres et deux maisons anciennes (la Tourelle et sa voisine, connue sous le nom de Maison Babel et épargnée par le PLQ). Ce changement d'orientation apporterait un peu de variété dans un ensemble formé pour l'instant de gros blocs strictement parallèles et séparés par des cours bétonnées et de tristes bandes d'herbe. Il améliorerait la qualité de vie des habitants des nouveaux immeubles, tout en gardant un bout de l'âme et de l'histoire de ce coin du plateau de Saint-Georges. Serait aussi préservée la continuité esthétique et historique avec les bâtiments de l'Institut Florimont qui seront prochainement mis à l'inventaire... et respecté le voeu de nos 1200 signataires, dont la quasi-totalité des habitants du quartier !

Tant qu'une maison n'est pas démolie et les arbres abattus, il est encore temps de réfléchir à une autre solution. C'est la raison pour laquelle je vous prie instamment de voter un moratoire sur la destruction de la maison à la Tourelle et d'exiger que cette alternative soit sérieusement étudiée.

Je vous remercie pour votre bienveillante attention et vous adresse, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les député.e.s, mes salutations distinguées.

Elizabeth Dumont»

A la lecture de ce courrier et bien évidemment du rapport du Conseil d'Etat, on comprend bien qu'une fois de plus l'Etat n'a pas l'intention d'agir et de respecter la volonté de ce Grand Conseil - une très large majorité avait décidé de lui renvoyer ce texte - alors que pour d'autres pétitions une solution a été trouvée, comme nous le verrons au point suivant avec la P 2031 concernant le secteur d'Onex. Partant de ce constat, on s'aperçoit que finalement c'est un peu à la tête du client, si je puis dire: «Oh ben oui, lui, pourquoi pas, mais l'autre, non, ça ne vaut pas la peine !» Ce sont pourtant des maisons qui se trouvent dans un état de conservation exceptionnel, des maisons qui sont encore habitées et pour le moins largement habitables. Ce n'est pas comme si on venait nous présenter une vieille cabane de jardin toute pourrie, inhabitable, insalubre et tout ce que vous voulez ! Non, ce n'est absolument pas le cas. Leurs qualités architecturales sont largement reconnues par la CMNS ainsi que par l'office cantonal du patrimoine et des sites, et Mme Nemec-Piguet, l'ancienne directrice, sauf erreur, l'a confirmé elle-même. On a donc du mal à comprendre la décision du Conseil d'Etat de ne pas tenir compte - alors qu'on peut le faire - de la volonté des habitants mais aussi du parlement de conserver notre patrimoine bâti et d'inclure d'anciennes maisons de maître dans les PLQ et les constructions. Pour toutes ces raisons, je vous demande de renvoyer la réponse du Conseil d'Etat à son auteur, c'est-à-dire de refuser de prendre acte de ce rapport. Je vous remercie.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. Nous votons tout de suite sur cette demande.

Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la pétition 2018 est rejeté par 48 non contre 28 oui et 2 abstentions.

Le Grand Conseil prend donc acte du rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 2018.