République et canton de Genève

Grand Conseil

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La séance est ouverte à 18h, sous la présidence de M. Eric Leyvraz, président.

Assistent à la séance: MM. François Longchamp, président du Conseil d'Etat, Mauro Poggia, Pierre Maudet et Serge Dal Busco, conseillers d'Etat.

Exhortation

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, prenons la résolution de remplir consciencieusement notre mandat et de faire servir nos travaux au bien de la patrie qui nous a confié ses destinées.

Personnes excusées

Le président. Ont fait excuser leur absence à cette séance: Mme et MM. Anne Emery-Torracinta, Luc Barthassat et Antonio Hodgers, conseillers d'Etat, ainsi que Mmes et MM. Delphine Bachmann, Alexis Barbey, Patrick Dimier, Michel Ducret, Pierre Gauthier, Sandra Golay, Lionel Halpérin, Vincent Maitre, Philippe Morel, Patrick Saudan, Salika Wenger, Ronald Zacharias et Yvan Zweifel, députés.

Députés suppléants présents: Mmes et MM. Raphaël Coudray, Nathalie Hardyn, Ana Roch, Pascal Uehlinger et Céline Zuber-Roy.

Annonces et dépôts

Néant.

RD 1216
Discours du président pour la fin de la 1re législature

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, mon année de présidence se termine dans moins d'un mois avec la législature, dont il faut faire le bilan. L'impression générale que j'en retire est en demi-teinte: nous avons abordé des sujets extrêmement importants, comme le désenchevêtrement des tâches entre l'Etat et les communes ou le nouveau quartier du PAV, mais sans parvenir encore aux résultats escomptés. Le problème de la caisse de pension n'est pas réglé, et le forcing de ces derniers jours en commission n'est pas propice à de bonnes décisions.

Notre parlement n'a pas atteint le degré d'efficience que nous en attendions. Souvent trop divisés, parfois imprévisibles, nous aurions pu faire nettement mieux dans l'intérêt de la république. Nos rapports avec le Conseil d'Etat n'ont pas été suffisamment harmonieux. Je suis persuadé que le modèle traditionnel des partis tel que nous le connaissons aujourd'hui n'est plus vraiment adapté au nouveau siècle numérique, et une discussion de fond s'avérera indispensable pour conserver une démocratie effective. En effet, 38,7% de votants lors des élections, cela veut dire que le groupe le mieux élu - bravo au PLR ! - n'a obtenu que dix voix sur cent personnes pouvant voter à Genève. Nos partis sont des locomotives à vapeur au temps du TGV !

Malgré les efforts de chaque président, de chaque Bureau, nous nous sommes montrés incapables d'alléger un ordre du jour pléthorique - 197 objets rien que pour cette session. Même lors de la séance des extraits, nous ne réussissons pas toujours à épuiser les sujets ! Quand des textes arrivent devant l'assemblée des mois, voire des années, après leur dépôt - j'ai eu entre les mains une motion qui passait pour la vingt-septième fois ! - il y a un problème de fond qu'il n'est plus possible d'ignorer. Et un ordre du jour remplacé en grande partie par des urgences n'a plus de sens. Chers collègues, nous ne pouvons plus fonctionner ainsi, en chargeant le prochain Grand Conseil de résoudre les problèmes que nous n'aurons pas eu le courage d'éliminer. Nous sommes prompts à critiquer le fonctionnement de l'Etat, mais bien incapables de remettre de l'ordre dans notre propre maison.

C'est la raison pour laquelle j'ai déposé un projet de loi demandant une limitation des objets nouveaux par parti. Il porte le numéro 12280, un nombre qui dit la vraie folie d'une marée incessante de propositions: plus de 2300 projets de lois en deux législatures, soit en neuf ans. Est-ce franchement raisonnable et indispensable à la bonne marche de notre démocratie, Mesdames et Messieurs ? Et où est la démocratie ? Réside-t-elle vraiment dans le dépôt d'un nombre de textes si grand - textes dont la qualité n'est parfois pas digne d'un parlement - qu'ils ne peuvent être traités ? Ne serait-elle pas plutôt dans la discussion d'objets en moins grand nombre, plus sélectifs et abordés rapidement en plénière ? C'est ce que je pense. Nous devons agir comme on le ferait dans une entreprise, qui est obligée de prendre des mesures avant que la situation ne devienne intenable. Dans le canton de Vaud, l'année dernière, une session parlementaire a été annulée, faute d'objets. Voilà qui fait réfléchir ! Notre parlement doit se ressaisir et regagner en crédibilité.

A cet égard, il faut constater que nous souffrons d'un grave manque de visibilité. Parce que nous occupons la même salle, trop de gens confondent encore le Grand Conseil avec le Conseil municipal, deux échelles politiques qui n'ont rien à faire ensemble. Pour le bien de notre institution, il faut mettre fin à cette promiscuité délétère entre l'Etat et la commune.

Pendant cette année de présidence, j'ai apporté de modestes mais pragmatiques modifications à nos débats, en visant un meilleur flux des interventions. Avant moi, la coutume était de signaler aux députés le solde du temps de parole: «Il vous reste une minute - vous disposez encore de trente secondes - plus que quinze secondes.» Pour ne plus vous interrompre, Mesdames et Messieurs, je tape désormais sur la cloche quand il reste trente secondes, et nous avons installé un écran qui affiche le temps à disposition. Je pense que ce dispositif est maintenant bien accepté et espère que mon successeur l'adoptera à son tour.

Vous aurez aussi remarqué que je m'adresse à vous de façon différente. Les précédents présidents disaient: «Je cède la parole à Mme la députée Anne Marie von Arx-Vernon». Je trouve cela un peu stupide, non pas de vous donner la parole, chère Madame, bien sûr que non, mais pourquoi spécifier «la députée» ? Je ne passe la parole qu'à des députés; quant aux conseillers d'Etat, je les cite. De même, pourquoi indiquer le prénom, sauf si l'on rencontre deux fois le même nom ? Dans ce cas, je précise: «La parole à M. Olivier Baud» ou «à M. Michel Baud». Enfin, je supprime la mention «je donne». Cela n'a l'air de rien, mais entre «je donne la parole à Mme la députée Anne Marie von Arx-Vernon et «la parole à Mme von Arx-Vernon», il y a bien trois secondes d'écart, qui se traduisent en fin d'année par un gain d'au moins deux heures, vu le nombre de fois que je passe la parole. (Remarque.) C'est peu de choses, mais quand même !

Autre petit changement qui économise à la fois l'énergie du président et un temps précieux, l'énoncé des questions écrites urgentes: j'énumère seulement les numéros, et non plus la question suivie du numéro. Un détail, me direz-vous, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières !

Mesdames et Messieurs les députés, quand on fait de la politique à un haut niveau, on peut s'attendre à tout, sauf à recevoir des remerciements. Je vais faire une entorse à cet axiome. Il ne me revient pas de faire le bilan du Conseil d'Etat, mais j'aimerais tout de même rendre hommage au magistrat Longchamp, qui a décidé de ne pas se représenter. C'est la première fois que nous avions un président pour cinq ans, et cette expérience va certainement conduire le gouvernement à modifier quelques paramètres de la fonction. Pour ma part, je constate combien il a été précieux, dans de nombreux domaines, d'avoir affaire au même interlocuteur pour toute la durée de la législature.

Je tiens à vous remercier, Monsieur Longchamp: vous avez accompli un travail remarquable pour maintenir, garantir et développer les institutions qui font de Genève une grande ville. Vous avez repris en main la FIPOI et tranquillisé la Confédération, laquelle finance une partie de la somme gigantesque de deux milliards de francs au bénéfice de la Genève internationale, destinée à de nouveaux immeubles et à des rénovations, notamment celle du bâtiment des Nations Unies, ce qui pérennise cette institution phare. Vous avez été la cheville ouvrière de ce succès ! Peu de gens s'en rendent compte, car c'était un travail de fond, continu, discret - une mission de l'ombre, en somme. Je suis persuadé que dans cinq ou dix ans, la population réalisera combien vous avez mérité de la république. Merci, Monsieur, cher François; je vous souhaite un avenir radieux dans d'autres occupations ! (Applaudissements.)

En 2009, j'avais institué une nouvelle approche de la remise du stylo souvenir. Je trouvais injuste de ne le remettre que lors d'un départ avant la fin de législature et de ne pas récompenser ceux qui accomplissaient celle-ci sans se représenter à la suivante. Voici donc la liste de nos collègues qui nous quittent sans avoir fait campagne pour une réélection - plusieurs d'entre eux sont devenus et resteront des amis - et dont les stylos respectifs ont été distribués à leurs places: pour le PLR, Mmes Montant et Schneuwly, MM. Aumeunier, Barrillier, Ducret et Halpérin; pour le MCG, M. Girardet; pour les socialistes, Mmes Brunier, Buche et Schneider Hausser, MM. Deneys, Fazio et Frey; pour l'UDC, MM. Baud et Riedweg; pour les Verts, Mmes Flamand-Lew, Forster Carbonnier et Klopmann, M. Käser; pour Ensemble à Gauche, M. Grobet.

Nous allons quitter cette salle pour deux ans et demi et nous ne sommes pas certains de pouvoir gérer la buvette à l'Union internationale des télécommunications, qui nous met gracieusement à disposition une salle magnifique - qu'elle en soit d'ailleurs vivement remerciée. Aussi, je remets avec plaisir un stylo à Mme Geneviève Kim, qui nous sert depuis des années à la buvette du Grand Conseil. Merci, chère Madame ! (Applaudissements.) Peut-être vous retrouverons-nous à l'UIT en septembre, sûrement dans notre nouvelle enceinte en 2021 !

Ma reconnaissance va également à notre sautier, M. Koelliker, à Mme Renfer, à nos huissiers et à tout le secrétariat général du Grand Conseil, véritable ossature de notre institution. Sans eux, nous serions bien souvent perdus ! Un grand merci encore à nos concierges qui tiennent cette bâtisse impeccable. (Longs applaudissements. L'assemblée se lève.)

Enfin, Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais vous exprimer toute ma gratitude pour m'avoir permis de diriger une seconde fois le Grand Conseil genevois. Il s'agit d'une expérience d'un niveau sans égal dans les autres cantons, tant les rencontres sont variées, internationales et importantes à tout point de vue. La tâche exige une grande disponibilité: j'y ai consacré six cent cinquante heures, soit seize semaines de quarante heures, sans compter quelque deux cents événements au contact d'une brillante brochette de personnalités. Selon une légende urbaine, les députés seraient royalement payés; que l'on sache que le travail du président représente la plus noble des fonctions bénévoles !

Votre confiance m'a honoré, j'ai rempli cette charge avec enthousiasme et de bon coeur, et je me suis efforcé de toujours vous représenter avec honneur et élégance. Des amitiés dans tous les partis, où j'ai apprécié des collègues engagés et convaincus, m'ont récompensé de mon engagement. Je vous souhaite à toutes et à tous une heureuse continuation dans les choix que vous avez faits, me réjouis de poursuivre l'expérience au sein du nouveau parlement et vous dis avec conviction: vive le Grand Conseil, vive la république et vive la Suisse ! (Longs applaudissements. L'assemblée se lève.)

A présent, je passe la parole à mon premier vice-président, M. Romain.

M. Jean Romain (PLR). Merci, Monsieur le président, cher Eric. Chers députés, Eric vient d'énumérer tout ce qu'il a changé durant ces longues années - deux fois une législature; je mettrai pour ma part l'accent sur ce qu'il n'a pas changé. Après une année assis à côté du président, je voudrais vous dire le plaisir que j'ai eu à travailler avec Eric Leyvraz. Avec lui, tout est simple, efficace, précis.

Simple, parce qu'Eric Leyvraz est un homme qui déteste les circonvolutions inutiles. Les problèmes, il les prend à bras-le-corps et leur trouve une solution qui, après coup, paraît évidente; c'est son souci de bien faire qui domine, et cela dans un esprit d'irénarque. Efficace, parce qu'Eric a à coeur de ne pas perdre son temps en de stériles déclarations, tout comme de ne pas dilapider l'argent des contribuables; c'est son bon sens de viticulteur qui, très tôt, lui a appris la valeur de l'argent. Un sou est un sou, et celui des autres plus encore peut-être. Précis, parce qu'Eric a le regard juste, tranchant, qui répugne au flou et au dissonant. Il aime les choses claires et les propos succincts; ça, c'est son souci d'homme de goût.

Mais ne vous y trompez pas, chers amis: derrière cet air toujours affable, derrière ce noeud papillon inamovible - et parfois inquiétant justement parce qu'inamovible - derrière ce sourire et ce ton amène pointe un caractère bien trempé, qui sait ce qu'il veut de lui-même et ce qu'il attend des autres. Il le sait d'autant mieux que c'est la seconde fois qu'il préside le Grand Conseil, fait rare dans l'histoire de notre institution, qui, certes, a découlé des circonstances de l'année dernière, mais aussi de la confiance que l'on attribue à un homme, à un «gentleman-farmer», à un amateur de peinture et de poésie.

Ah, chers amis, ce n'est pas rien que d'aimer les lettres dans un monde qui privilégie les chiffres ! J'ai vu plus d'une fois Eric apprendre par coeur des vers - des centaines de vers ! - de beaux poèmes qu'il se plaît ensuite à réciter en public, avec une préférence peut-être pour Heredia. Par coeur ? Non, par le coeur ! Parce que, généreux, Eric Leyvraz aime à faire profiter de ses bontés ceux qui l'entourent, il aime partager, aussi bien les bons vins que les bons mots, il a la gourmandise des choses humaines, parce qu'au fond, c'est un homme bon. Merci, cher Eric, pour cette année, pour ce noeud papillon coloré et pour ta courtoisie.

Des voix. Bravo ! (Longs applaudissements. M. Jean Romain embrasse M. Eric Leyvraz et lui remet un bouquet de fleurs.)

RD 1217
Hommage aux députés qui se retirent

Le président. Mesdames et Messieurs, c'est le moment de rendre hommage aux députés qui se retirent. Pour commencer, je laisse la parole à M. Vanek.

M. Pierre Vanek (EAG). Merci, Monsieur le président, pour votre discours de tout à l'heure, et merci de me passer la parole afin que je puisse adresser un hommage à Christian Grobet qui s'apprête à quitter le Grand Conseil à la fin de cette législature. C'est un exercice difficile, et je m'exprime avec beaucoup d'émotion, parce que pour toute une génération de parlementaires de l'Alliance de gauche - et d'Ensemble à Gauche - Christian Grobet incarne le modèle qui nous a inspirés.

Chaque mois, je viens m'asseoir à cette place, celle qu'occupait en novembre 1993, lors de notre première séance, Christian Grobet, chef de groupe d'une Alliance de gauche qui s'étendait alors jusqu'au siège où se trouve Mme Schneider Hausser - ces temps reviendront peut-être ! De cette place, il dirigeait un parti composé de nombreux jeunes élus sans aucune espèce d'expérience, dont j'étais. Chaque mois, je viens m'asseoir ici et j'ai l'impression d'être un imposteur, parce que le vrai député, celui qui sait faire les choses comme il se doit, c'est Christian Grobet.

Il dispose d'expérience en matière parlementaire, me direz-vous, et pas qu'un peu. En effet, si je fais le bilan de sa carrière... Monsieur le président, vous m'accorderez une minute ou deux sur le temps du parti socialiste, parce qu'il a effectué la moitié de son parcours sous ses couleurs ! (Rires.) Il a débuté dans cette salle comme conseiller municipal, avant de se faire élire trois fois au Grand Conseil, trois fois au Conseil d'Etat qu'il a présidé à réitérées reprises et deux fois au Conseil national durant cette même période. Ensuite, sous la bannière de l'Alliance de gauche, il a siégé trois fois dans cette enceinte, deux fois au Conseil national, puis à la Constituante. Pour finir, il est revenu ici avec nous afin de former ce petit groupe qu'est Ensemble à Gauche.

Seize élections où... (Remarque.) Pardon ? (Remarque.) Oui, bien sûr ! On me souffle d'autres choses à dire, mais il y en a tellement ! Seize élections, donc, où le peuple l'a porté dans cette salle ou dans une autre, lui faisant confiance à juste titre. Le total de ses années de mandat - certaines d'entre elles doivent être cumulées, puisqu'il siégeait à la fois au Grand Conseil et au Conseil national - s'élève, si mon calcul est juste - mais peut-être ne l'est-il pas - à plus de soixante ans d'activité politique ! C'est énorme, Mesdames et Messieurs, et ça me permet de me considérer encore comme un député juvénile et débutant. A une telle échelle, ni moi ni aucun d'entre nous ne sommes près de lui arriver à la cheville.

Vous me direz aussi que tout ça est bien beau, mais que cet homme est sans doute entiché de parlementarisme. Ce n'est pas tout à fait vrai, Mesdames et Messieurs: Christian Grobet est surtout un militant. Tout à l'heure, Alberto Velasco insistait auprès de moi pour que j'indique qu'il a fondé l'Asloca; alors certes, il a été un magistrat remarquable, un grand bâtisseur, un défenseur acharné des locataires, un législateur, il a réalisé des choses extrêmement importantes pour ce canton, mais c'est aussi un militant engagé sur le terrain de manière systématique.

Je vais vous lire un passage d'un débat qui a eu lieu en juin 1994, alors que je venais d'arriver dans cette salle. (M. Pierre Vanek ouvre un volume du Mémorial.) Il ne s'agit pas d'une citation de Christian Grobet, mais d'un reproche qui lui était adressé depuis les bancs du parti radical, plus exactement par John Dupraz, on peut le dire - le parti radical n'est plus là, Christian Grobet l'est encore pour quelques instants. Nous débattions d'une affaire de construction du côté de Sécheron par un promoteur que je ne nommerai pas, il y avait des liens avec la Banque cantonale, bref, nous devions modifier une loi sur l'aménagement. John Dupraz qui, comme chacun sait - enfin, un certain nombre d'entre nous le savent - n'avait pas sa langue dans sa poche, nous a dit ceci: «Et qui est-ce qui distribuait des tracts dans le quartier, nuitamment et furtivement comme un voleur ? M. Grobet ! Nous en avons la preuve. Agir de la sorte lorsque l'on a été président du Conseil d'Etat, c'est vraiment tomber bien bas !»

Non, Mesdames et Messieurs, c'est en fait tout le contraire: agir de la sorte, c'est justement montrer que l'on n'est pas devenu conseiller d'Etat par goût du pouvoir ou par ambition personnelle, et que l'on ne se contente pas de se reposer ensuite sur ses lauriers en profitant d'une belle retraite; agir de la sorte, c'est prouver qu'on s'engage pour des idées, celles-là même que Christian Grobet a continué de défendre avec nous jusqu'au bout, des idées de démocratie par en bas qui l'ont par exemple mené à déposer, cette législature encore, un projet de loi afin de diminuer le nombre de signatures à récolter pour les initiatives et les référendums, objet approuvé par le peuple. Et combien d'autres initiatives et référendums n'a-t-il pas contribué à rédiger et à faire aboutir ! Cette facette de Christian Grobet est remarquable, et au-delà de ses nombreuses casquettes - défenseur des locataires, bâtisseur, et j'en passe - j'aimerais saluer le militant engagé qu'il a été.

Je conclurai en évoquant un autre aspect du parcours de Christian Grobet qu'on ne cite pas assez, à savoir son engagement à l'échelle internationale, et pas seulement dans le petit bassin genevois, pour la défense de la démocratie et des droits civiques, notamment aux côtés de la Ligue suisse des droits de l'Homme. Il était également observateur pour la Commission internationale de juristes à l'un des derniers procès du franquisme crépusculaire et criminel qui a conduit au garrottage de Puig i Antich en Espagne, tout comme il se rendait régulièrement en Tunisie, au début de ce siècle encore, afin de défendre des opposants à la dictature de Ben Ali traînés en prison. Cette dimension-là, souvent discrète, de l'action de Christian Grobet mérite aussi d'être applaudie.

Mesdames et Messieurs, je vais m'arrêter là, parce que je pourrais continuer pendant des heures sans avoir dit la moitié de ce que j'ai envie de dire en hommage au camarade qui nous quitte aujourd'hui et dont nous poursuivrons les combats dans cette salle, dans d'autres, dans la rue et à travers des initiatives et des référendums. Merci. (Longs applaudissements. L'assemblée se lève. M. Pierre Vanek embrasse M. Christian Grobet.)

Le président. Merci, Monsieur. Quand je vous ai vu ouvrir ce gros volume du Mémorial, j'ai craint que vous ne le lisiez en entier ! (Le président rit.) Madame Engelberts, c'est à vous.

Mme Marie-Thérèse Engelberts (HP). Merci, Monsieur le président. Je souhaite présenter plusieurs hommages sous forme de clins d'oeil. A vous, tout d'abord, Monsieur le président: vigneron mais aussi «distinto», comme on dit en italien, c'est-à-dire élégant tant sur le plan intérieur qu'extérieur. Merci pour votre fair-play !

Au président du Conseil d'Etat, ensuite. Deux souvenirs, Monsieur Longchamp, Monsieur le président, cher François: une carte reçue du Tibet il y a de nombreuses années - presque vingt ans - qui m'a accompagnée dans mes missions au CICR et à mon retour, et puis cette bonne fondue au café de la Fontaine, lieu de ma naissance et source de mes souvenirs de petite enfance... (L'oratrice verse quelques larmes.) Excusez-moi... En Italie, c'est terrible, l'émotion !

Place aux dames, maintenant. A Bénédicte Montant: merci pour ton humour qui n'entrave pas ta rigueur ni ton esprit créatif. Si le PAV te ressemble, il sera bien agréable d'y habiter !

Une voix. Bravo !

Mme Marie-Thérèse Engelberts. A Nathalie Schneuwly, pour nos discussions autour du parcours scolaire des enfants, de ce que représente un fils surdoué, de la recherche de l'équilibre. A Lydia, pour son engagement affirmé et partagé avec nous, une force, une dynamique à la recherche du meilleur pour le bien de tous. Notre travail commun à l'université sur les addictions se poursuivra ! A Isabelle Brunier: l'histoire pour passion, le tricot comme délassement... (Rires.) ...et un bel humour face à celui qui critiquait tes activités manuelles pendant le Grand Conseil.

Aux Messieurs, à présent. A Gabriel Barrillier: sa passion de l'histoire et des institutions, mais aussi nos balades d'adolescents à Evordes... (Exclamations. L'oratrice rit.) Non, mais... En tout bien tout honneur, n'est-ce pas ! (Rires.)

Une voix. Pas besoin de te justifier !

Mme Marie-Thérèse Engelberts. Grâce à lui, j'ai appris un peu de la vie des paysans et des maraîchers. Merci pour cela, entre autres. A Michel Ducret, même s'il n'est pas là: un silence et, tout à coup, une forte tirade qui nous sort de notre torpeur, puis retour à son ordinateur. A Lionel Halpérin, pour la filiation: une chance saisie, l'élégance humaine au service des autres, l'honnêteté intellectuelle et une certaine humilité. A Christophe Aumeunier: nous avons fait le constat que nous ne vivons pas dans le même monde, mais sans aucune agressivité, quoique non sans difficulté de par un certain éloignement. A Jeff, Jean-François Girardet: la motivation de l'instituteur, la passion du métier, une belle joie de vivre. A Christian Frey: la profondeur de l'expérience, un vécu fort et authentique qui s'affirme dans ses paroles et ses actions; une rencontre faite d'estime. A Jean-Louis Fazio: le rire, bien sûr ! Je me souviens de cette rencontre inopinée avec tes parents, un matin gourmand, et voilà toute l'Italie devant moi, la chaleur, la beauté, la poésie. En plus, tu exerces le même métier que mon père. A Roger Deneys, qui essaie tant bien que mal de contenir ses indignations: un moteur à écouter, controversé et aimant fortement le débat. A Olivier Baud, personnalité engagée et sincère, mais qui demeure un peu sombre; vous savez, Mesdames et Messieurs, l'école, les acquis de la fonction publique, c'est un peu lourd à porter, alors il lui arrive d'être sur la défensive.

Ensuite... Y en a-t-il encore d'autres qui partent ? Ah oui, Bernhard Riedweg et sa précision, ses chiffres, sa passion pour l'ordre, autant de choses qui m'échappent - j'ai encore à apprendre à ce niveau. Peur de la page blanche ? Soulignons tout de même sa courtoisie. A Michel Baud, qui me doit une coupe de champagne au premier jour de son travail retrouvé - je crois que ce sera en septembre prochain. Prenons-la à la buvette, par exemple ! A Christian Grobet, enfin, la persévérance, celle de l'homme meurtri mais grand, grand par ses engagements, son militantisme, sa présence et son parcours politique comme personnel.

Merci à toutes et à tous ! Pour terminer, j'aimerais rapidement lire quelque chose de Georges Haldas, lui qui aimait tant Genève et les bistrots: «Et aussi la reconnaissance de la valeur des autres, de leur manière d'être, de leurs talents etc. Condition de cette liberté. La jalousie, elle, est une prison. Mais ne peut reconnaître la voie de l'autre, que celui qui a trouvé la sienne. C'est ce vide qu'on sent perpétuellement en nous, ce manque, cette absence, qui se traduisent par un appel d'être. Un appel de Présence. Le Tao, à cet égard: "On pétrit dans l'argile un vase / Mais sans le vide à l'intérieur / Quel usage en ferait-on ?" [...] Plus j'avance, et plus je prends la mesure de mon incompétence en tout. Mais le don de soi n'a pas besoin, lui, de compétence.» Merci.

Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)

M. Romain de Sainte Marie (S). Mesdames et Messieurs les députés, en tant que chef de groupe, j'ai l'honneur de rendre hommage à nos six députés socialistes qui se retirent au terme de la législature. Mais avant de vous parler d'eux, je tiens à saluer Maria Casares qui, elle, s'est représentée et n'a pas été réélue. On peut la féliciter d'avoir assuré son mandat et, en parallèle, dépassé avec succès la difficile épreuve à laquelle elle a été confrontée.

Revenons-en à nos chers camarades qui nous quittent ce soir. Je commencerai par Irène Buche, que vous connaissez sans doute pour sa discrétion. Certes, elle n'a pas la logorrhée de la plupart des membres de ce parlement, mais quelle efficacité ! Quelle efficacité en matière de droit du bail, de défense des locataires, de justice ! Je pense aussi à tout le travail qu'elle a accompli à la commission judiciaire interpartis, toujours munie de son regard humain. Un grand merci à Irène, députée depuis 2009 ! (Applaudissements.)

Isabelle Brunier est historienne, épicurienne - on a pu le découvrir avec le livre qu'elle vient de publier. C'est elle qui nous remémore les faits historiques du canton, qui rappelle à notre mémoire les monuments de notre patrimoine, et c'est surtout elle qui nous explique, lorsqu'on reçoit un panier de spécialités genevoises à la fin de l'année, comment cuire la longeole pour que celle-ci n'explose pas. Merci beaucoup, Isabelle ! (Applaudissements.)

Jean-Louis Fazio est connu pour son rire, bien évidemment - ça a déjà été évoqué - et puis c'est un comble pour quelqu'un qui travaille le bois au quotidien d'être un bétonneur au Grand Conseil ! Jean-Louis, c'est avant tout le goût des travaux, des grandes infrastructures pour notre canton et - on ne peut pas passer à côté, n'est-ce pas, Jean-Louis ? - de la traversée du lac. Un très grand merci à toi aussi ! (Applaudissements.)

Dans un groupe, il faut toujours un psy. Heureusement que nous avons Christian Frey, psychologue de formation - il aurait pu m'être encore utile à ce niveau-là ! C'est une personne qui tient à avoir et à exprimer sa propre opinion, et aussi, face au chef de groupe que je suis et au rôle d'autorité que je joue au sein de celui-ci, a quelques revendications à émettre. Par ailleurs, peut-être ne l'avez-vous pas remarqué, mais Christian est notre «monsieur extraits», celui qui, après trois heures de caucus le lundi soir, lorsque tout le monde est épuisé et à cran, vient avec un certain flegme vous rappeler l'importance des extraits - qui sont souvent un peu oubliés, c'est vrai - et quelles devraient être les positions du parti... Ceci alors qu'il est quasiment 23h et que tout le monde est déjà en train de quitter la salle ! (Rires.) Merci pour tout, Christian ! (Applaudissements.)

Quant à Lydia Schneider Hausser, c'est notre Jurassienne du groupe, celle qui nous emmène à la Saint-Martin - à titre personnel, elle me l'a carrément fait découvrir. Mais parlons de son fameux accent: au-delà de son implication que l'on sait toutes et tous en matière sociale, je n'oublierai pas le charme de ses «impôts»... (L'orateur prononce le mot avec l'accent jurassien.) ...ceux-là même que les socialistes souhaitent préserver. Voilà qui fait tout ton charme, Lydia, et je pense que ta façon de prononcer ce terme va nous manquer à la commission fiscale ! Merci beaucoup ! (Applaudissements.)

Enfin, Roger Deneys, parfois considéré comme le trublion, le mini-Stauffer... (Rires.) ...du Grand Conseil - d'ailleurs, il part un jour après le grand, c'est intéressant ! - celui qui effraie les téléspectateurs avec ses chemises et leur fait paramétrer leur téléviseur, car ils pensent qu'il y a un défaut dans le réglage des couleurs... (Rires.) Il en porte d'ailleurs une magnifique ce soir ! Roger, qui ne peut s'empêcher de crier «article 24», de vociférer certaines blagues ou d'effectuer des manifestations lors des séances du Grand Conseil ! Sans lui, les prises de parole du groupe socialiste vont diminuer, c'est certain. Roger a également été un véritable missionnaire pour notre parti, adoptant des positions novatrices... (Rires. Applaudissements.) Roger, tu auras compris que je n'ai pas pu m'empêcher de faire ce petit jeu de mots que tu aimes tant ! Mais on le connaît avant tout pour son dernier combat s'agissant des caisses automatiques. Une chose est sûre, Roger: on ne te remplacera pas par un robot ! Un grand merci ! (Applaudissements.)

M. Jean-Luc Forni (PDC). Monsieur le président, permettez-moi, au nom du parti démocrate-chrétien, de m'adresser tout d'abord à l'ensemble de cette assemblée avant de rendre un hommage plus particulier à nos deux collègues et amis qui quitteront le Grand Conseil ce soir.

Chères et chers collègues, nous voici arrivés au terme d'une législature particulièrement difficile. Les trois blocs parlementaires portés au Grand Conseil par le peuple en 2013 ont régulièrement montré leur difficulté à construire de solides et saines majorités afin de relever les défis de notre canton. Plus d'une fois, notre parlement a montré ses faiblesses en préférant le jeu politique au jeu institutionnel. C'est dans ces tensions, ces incompréhensions - parfois même ces rancoeurs - que nous avons été conduits à imprimer un destin politique commun aux Genevoises et aux Genevois. Bien sûr, notre travail parlementaire a été important et sincère, mais nos blocages nous ont inévitablement poussés vers une politique de partis, et non plus vers des visions politiques. Je crois que beaucoup d'entre nous partagent ce sentiment.

Notre mission pour les cinq prochaines années est considérable. En renforçant de manière presque égale les partis dits historiquement gouvernementaux, la population a clairement signifié son intention de voir émerger un fonctionnement institutionnel plus apaisé et constructif. Pour ma part, c'est en tout cas le voeu que je forme pour la prochaine législature. Puisse-t-elle être une législature de vision et non plus de partis, et se révéler fructueuse, avec des députés respectueux et responsables !

Je tiens également, au nom de notre groupe parlementaire comme de l'entier du parti démocrate-chrétien, à remercier les conseillers d'Etat et le président du gouvernement. Pour eux non plus, la tâche n'a pas été facile. Toutefois, en dépit de profonds désaccords de fond, l'esprit de collégialité a prévalu ces dernières années, ce qui est à saluer. Un grand merci encore à chacune et chacun des membres de cet hémicycle dont l'esprit de concertation, d'écoute et de compréhension aura alimenté des débats sereins et productifs. Beaucoup d'entre eux s'en vont aujourd'hui, ce que nous regrettons vivement. Enfin, un grand merci aussi aux quatre présidents successifs de cette législature qui, dans des styles différents, ont mené avec efficacité les travaux de notre Grand Conseil.

A présent, je souhaite rendre hommage plus spécifiquement à nos deux collègues et amis qui nous quittent aujourd'hui, à commencer par la députée indépendante - mais démocrate-chrétienne de coeur - Marie-Thérèse Engelberts, notre ange violet - bien qu'elle soit vêtue de blanc et de noir aujourd'hui, sans doute juste pour démentir mes propos ! J'ai lu sur un site spécialisé que le violet est la couleur par excellence des rêveurs, des personnes spirituelles plutôt que matérielles. Elle posséderait des vertus apaisantes sur les esprits, permettant de calmer certaines émotions, de refréner des colères et des angoisses. L'une de ses nuances, le mauve, accentuerait encore cette dimension rassurante; Marie-Thérèse, c'est tout à fait toi ! Même si notre groupe regrette de ne pouvoir te compter à nouveau en son sein, chère Marie-Thérèse, il tient à te remercier pour ta bienveillance, ta gentillesse et ta loyauté tout au long de ces années passées ensemble. (Applaudissements.)

Je me tourne maintenant vers le député - et par ailleurs président du Conseil municipal de la Ville de Genève - Jean-Charles Lathion, notre force tranquille. Tu es entré dans cet hémicycle en 2013 comme député suppléant, et nous n'avons malheureusement pu te compter que peu de temps parmi nous. Cela dit, ton travail pendant ces deux dernières années au sein des commissions de l'énergie et du logement, que tu as su reprendre au pied levé, est à saluer. Cher Jean-Charles, nous regretterons ta sérénité, ton calme, ta pondération, de même que tes interventions apaisées et apaisantes qui en appellent toujours au bon sens - dont ce parlement manque souvent, hélas.

Chers amis, nos plus chaleureuses et sincères pensées vous accompagnent tous deux à l'aube de cette nouvelle page, et nous vous souhaitons une radieuse continuation au sein de notre parti. Vous méritez l'affection et la considération de tout le groupe parlementaire ! (Applaudissements.)

M. Mathias Buschbeck (Ve). Chers collègues, c'est maintenant aux Verts de rendre hommage aux députés qui ne continuent pas. Je commencerai naturellement par Emilie, notre doyenne. Cela fait douze ans et demi qu'elle siège dans ce parlement. Emilie, c'est l'intelligence même, la rapidité de la pensée, la lucidité, la franchise, un incomparable esprit de repartie. Son parcours a commencé à Collonge-Bellerive, à une époque où les Verts cherchaient à s'implanter entre Arve et lac. Elle est venue un jour au local et a dit: «Je voudrais faire de la politique chez les Verts.» Nous avons répondu: «Quelle bonne idée !» Elle est entrée rapidement au Conseil municipal et, avec l'effronterie qu'il y avait à faire cela à l'époque, elle s'est présentée au Conseil administratif, où normalement tout s'arrangeait à l'avance entre les partis de l'Entente. Elle a mené un combat acharné contre la tranchée couverte de Vésenaz, avec ce référendum que nous avons lancé presque à deux, en nous disant: «Chiche, on y va, on ne va pas laisser faire ça !» Nous avons perdu le combat, mais c'était une belle aventure. Je la remercie pour tout cela. (Applaudissements.)

Sophie, ensuite: c'est la sagesse, la gentillesse, et toujours la volonté de trouver des solutions pour le bien de notre canton. C'est le bien commun qui l'a animée; c'est elle qui apaise ce parlement, notre groupe aussi, c'est elle que nous avons, régulièrement et naturellement, appelée tendrement «maman». (Rires.) Le parcours de Sophie, ce sont d'abord deux candidatures malheureuses, au Conseil municipal de Genève puis à la Constituante; c'est donc sans illusions qu'en 2009, elle s'est présentée au Grand Conseil. Là, elle est élue, à sa propre surprise et à la surprise de tout le monde. Rapidement, elle s'est imposée comme quelqu'un de compétent, elle a d'ailleurs été élue plusieurs fois parmi les meilleurs députés de ce Grand Conseil. Je la remercie pour tout cela. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Mathias Buschbeck. L'hommage à Sarah me permet de lever une petite ambiguïté.

Mme Sarah Klopmann. Aïe aïe aïe !

M. Mathias Buschbeck. On s'appelle «chouchou», «mon coeur». (Rires.) Ma femme est au courant, mais elle était un peu surprise au début. (Rires.) Si on rentre ensemble après chaque Grand Conseil, c'est simplement que malgré ses nombreux déménagements, on a toujours un bout de chemin à faire ensemble à vélo. Il ne se passait rien de... de... (L'orateur rit. Rires.) ...de répréhensible ensuite ! Sarah, c'est la fougue, la spontanéité, cette saine colère qu'elle laissait éclater dans ce parlement. J'ai une certaine complicité avec elle: ça fait quatorze ans que je siège à ses côtés. J'ai pris dix ans à lui avouer que je n'ai pas voté pour elle à sa première élection...

Mme Sarah Klopmann. C'est pas vrai, tu me l'as dit le premier jour ! (Rires.)

M. Mathias Buschbeck. C'est pas vrai !

Mme Sarah Klopmann. Si !

M. Mathias Buschbeck. Sarah, c'est une confidente, et notre amitié durera bien au-delà de sa présence dans ce parlement. Je te remercie, Sarah. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Mathias Buschbeck. Guillaume est arrivé sur le tard, à la suite d'une démission. Il a longtemps été suppléant, mais déjà comme suppléant, il a toujours été présent. Il était investi et nous aidait sur les questions qui nous préoccupaient, notamment celle du logement. C'était le spécialiste que nous n'avions pas, qui nous a permis de soutenir la politique du magistrat dans ce domaine. C'est un redoutable tacticien, un politicien qui a rapidement trouvé ses marques - en témoigne le dernier vote qu'il a gagné tout à l'heure, qui semblait perdu d'avance. Il aura fait un petit passage dans ce Grand Conseil, avant de repartir. Il me permet aussi de faire quelque chose de rare, un hommage à mon propriétaire - je le remercie aussi pour ça, c'est rare qu'on rende hommage à son propriétaire ! (Rires.) Je sais que nous nous retrouverons sur des combats communs par la suite. Je te remercie, Guillaume. (Applaudissements.)

Enfin, Boris - mais ce n'est pas un départ, c'est une pause, puisqu'il est le premier vient-ensuite de notre liste, et il n'y a aucun doute qu'il reviendra prochainement dans notre parlement. Boris est un infatigable bosseur, un homme de dossiers, exigeant, hargneux sur les principes; c'est aussi quelqu'un qui met une bonne ambiance, un infatigable foireur. (Rires.) Est-ce qu'un jour arrivera, Boris, où tu diras «je rentre» avant moi ? J'attends ce jour, on fera la fête jusqu'à ce qu'il arrive ! Merci, Boris. (Rires. Applaudissements. MM. François Lefort et Mathias Buschbeck offrent des fleurs à Mmes et MM. Emilie Flamand-Lew, Sophie Forster Carbonnier, Sarah Klopmann, Boris Calame et Guillaume Käser.)

M. Christo Ivanov (UDC). Monsieur le président - si vous permettez que je m'adresse à vous - cher Eric, bravo pour cette magnifique année de présidence, la deuxième, pour avoir dirigé ce Grand Conseil parfois agité, bavard, souvent dissipé, avec tact, classe, élégance et efficacité. J'aimerais aussi rendre hommage à nos collègues députés qui nous quittent ce soir, soit parce qu'ils ont atteint trois législatures, c'est-à-dire douze ans, soit parce qu'ils n'ont pas été réélus ou vaqueront désormais à leurs occupations professionnelles. Il faut les remercier pour avoir travaillé avec ardeur, sérieux et engagement pour notre république. Bon vent pour leur avenir professionnel, pour les uns, et bonne retraite pour les autres ! Vous allez nous manquer.

Je passe à l'hommage à nos deux collègues députés qui nous quittent, le premier étant Michel Baud. Issu d'une famille établie à Céligny depuis dix siècles, Michel Baud nous quitte à la fin de cette législature pour reprendre une activité professionnelle qui lui sied à merveille, celle d'armurier. Michel Baud, élu en 2013, a siégé dans les commissions du logement, d'aménagement, de l'énergie; il a été durant deux ans conseiller municipal à Carouge. Son fait d'armes dans ce parlement, si j'ose dire, est l'acceptation de sa motion sur le maintien du stand de tir cantonal de Bernex, le tir étant le sport national en Suisse. Bon vent à toi, cher Michel, tu vas pouvoir tirer ailleurs ! (Rire. Applaudissements.)

Maintenant, les choses se compliquent: hommage au député Bernhard Riedweg. (Exclamations.)

Des voix. Quelques chiffres !

M. Christo Ivanov. Quelques chiffres, oui ! (Exclamations.) Bernhard Riedweg, surnommé «le Chiffre»... (Exclamation.) ...d'après un roman de Ian Fleming, «Casino Royale», pour les connaisseurs - vous aurez compris le lien. Député depuis janvier 2012 - il avait remplacé Céline Amaudruz, élue au Conseil national - il est aussi conseiller municipal de Puplinge depuis dix-sept années, je crois. Bernhard Riedweg a siégé dans de nombreuses commissions: les droits politiques - commission qu'il a présidée - l'économie, les transports, la CACRI, etc., la liste est longue et je ne vais pas vous abreuver de tous ses titres de gloire. Roi de la statistique, spécialisé, que dis-je, expert de l'OCSTAT et, en plus, docteur émérite en mathématiques, je vais résumer son travail de stakhanoviste des chiffres par deux citations qui, je crois, le caractérisent à merveille: «Si les chiffres ne mentent pas, il arrive que les menteurs chiffrent», et «Son tonneau des Danaïdes ne cessait de se remplir de chiffres que son cerveau percé laissait fuir». (Rires.) Bon vent à toi, cher Bernhard, qui vas prendre une retraite bien méritée dans le canton de Vaud, pas très loin du village de notre président, au bord du lac Léman, avec certainement un bon coup de blanc ! (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

Mme Françoise Sapin (MCG). Le Mouvement Citoyens Genevois aimerait rendre hommage à Jean-François Girardet. M. Girardet, fils d'agriculteurs de Russin, profondément attaché à Genève et à notre magnifique terroir, instituteur à Meyrin pendant trente-sept ans, tout d'abord à l'école primaire de Champs-Fréchets, puis à celle de Bellavista, a été conseiller municipal sous différentes couleurs politiques de 1991 à 2016. Ses interventions pointues étaient remarquées dans l'hémicycle communal. Elu au Grand Conseil en 2009 sous les couleurs du MCG, il a effectué deux législatures avec notre mouvement. Il s'est tout naturellement illustré dans les commissions de l'enseignement et de l'enseignement supérieur; cependant, il serait beaucoup trop long d'énumérer ici toutes les commissions dont il a fait partie durant ces neuf ans. Dans un autre domaine, il s'est pleinement engagé dans les activités militaires: c'est ainsi que le premier-lieutenant, puis le capitaine Girardet a retrouvé son soldat lance-mines Mauro Poggia comme député puis conseiller d'Etat. En 2013, c'est un autre membre de ses troupes qui est arrivé en la personne de François Baertschi. En ce qui me concerne, je te remercie, car tu as été mon mentor à Meyrin et souvent aussi au Grand Conseil. Mon cher Jeff, de tout coeur, nous te souhaitons une excellente retraite, pleine de belles promenades dans la nature, comme tu aimes les faire, et surtout, une bonne santé pour que tu profites longtemps de ce que tu aimes. (Applaudissements. Mme Françoise Sapin offre des fleurs à M. Jean-François Girardet et l'embrasse.)

J'aimerais aussi dire quelques mots pour ceux qui nous quittent ce soir: Christian Decorvet, Henry Rappaz, Jean Fontaine et Sandra Golay. Le MCG les remercie de leur engagement pour le Mouvement et la politique cantonale et leur souhaite bon vent pour la suite. (Applaudissements.)

M. Cyril Aellen (PLR). Je vais essayer de me dépêcher, parce que c'est bientôt l'apéro, paraît-il, et que nous avons neuf PLR qui ne siégeront plus parmi nous le 15 mai 2018: vous comprendrez donc que je sois extrêmement bref dans mes déclarations. Tout d'abord, ce qui compte pour le PLR, c'est d'avoir eu un groupe particulièrement uni durant cette législature, avec des débats internes très nourris, mais toujours respectueux. Cela est dû entre autres à nos deux chefs de groupe successifs, que j'aimerais remercier, Serge Hiltpold et Nathalie Fontanet. (Applaudissements.) Mais mes premières pensées, si vous le permettez, iront à Pierre Weiss: le parlement a perdu l'un des siens, le PLR aussi. Nous étions un groupe uni, et c'est avec une grande tristesse que nous avons vu Pierre Weiss partir. Ensuite, d'autres nous ont quittés pour faire d'autres choses: Ivan Slatkine, Frédéric Hohl, Renaud Gautier, Benoît Genecand, Pierre Ronget, Daniel Zaugg, mais tous ceux-là, nous les retrouverons tout à l'heure pour fêter avec eux cette fin de législature.

Gabriel Barrillier a été député durant quatre législatures, trois comme radical, une comme PLR; un député travailleur, toujours positif, premier citoyen du canton en 2012 et 2013. Grâce à toi, cher Gaby, chaque député libéral a pu mesurer l'importance des précieuses qualités d'un «rad-soc» des Eaux-Vives. (Longs applaudissements. L'assemblée se lève.)

Lionel Halpérin a effectué une seule législature. Il nous laissera en particulier le souvenir de son engagement pour l'adoption du projet de loi sur la laïcité, voté hier. Il a présidé la commission des Droits de l'Homme, soutenu par son père Michel, député avant lui. Comme lui, il quitte le Grand Conseil pour la tâche de bâtonnier, comme lui, nous l'espérons, il nous reviendra pour siéger parmi nous. (Applaudissements.)

Bénédicte Montant, l'architecte engagée, est une députée qui n'a jamais hésité à donner à tous les collègues du groupe un éclairage différent sur les problèmes rencontrés. Elle nous a sans cesse obligés à revoir nos certitudes, avec exigence, intelligence et élégance. Elle manquera au groupe PLR. Nous penserons souvent à toi, à chaque fois que nous aurons des difficultés à résoudre, et nous avancerons ainsi de façon positive. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Cyril Aellen. Michel Ducret a adressé au président du Grand Conseil une lettre dont il désirait qu'elle soit lue; nous avons très bien compris que ce n'était pas possible, mais en substance, il nous disait cela: il a siégé trente et un ans dans cette salle, la première fois dans les années 80. Il a siégé dix-huit ans comme conseiller municipal, puis la première fois comme député en 1993. Sa devise était: «Servir et non se servir.» Sous son air souvent bougon se cachent un coeur tendre et un esprit positif. Michel, il le dit, aime son pays, aime son canton, et cela se voit. (Applaudissements.)

Christophe Aumeunier est un homme discret, mais travailleur et sportif, technicien hors pair au Grand Conseil: il décortique les projets de lois, il analyse, il mesure. Son raisonnement est toujours fondé sur une argumentation solide. Intransigeant sur ses valeurs, il les défend avec conviction, sans jamais se soucier de ses propres intérêts. Quel bonheur d'avoir pu te côtoyer, cher Christophe, durant ces cinq années ! (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Cyril Aellen. Nathalie Schneuwly a été élue sur la liste radicale lors de la législature précédente alors qu'elle était professionnelle de l'immobilier, elle est revenue parmi nous comme PLR alors qu'elle était fonctionnaire. (Rires.) Probablement l'influence des libéraux ! Elle a décidé de consacrer plus de temps maintenant à d'autres activités, elle continuera certainement à servir notre canton en sa qualité d'employée au sein de l'administration cantonale et nous la croiserons sans doute. C'était particulièrement agréable de travailler avec elle. Merci, Nathalie ! (Applaudissements.)

Patrick Malek-Asghar a été député suppléant, il est maire de Versoix. Il a relativement peu siégé durant cette législature, mais ce n'est pas grave, il reviendra bientôt ! Nous saurons alors apprécier toutes ses qualités, que j'avais moi-même pu connaître puisque je l'ai beaucoup côtoyé lorsque nous étions, lui, président du parti radical, moi, président du parti libéral. (Applaudissements.)

Pascal Uehlinger, l'avant-dernier arrivé dans notre groupe, toujours positif, très entreprenant, nous reviendra aussi, probablement, même si l'électeur lui a demandé de patienter un peu. Ce serait une excellente nouvelle pour nous. En attendant, il a d'autres activités pour la collectivité, notamment comme conseiller administratif dans sa commune de Thônex. (Applaudissements.)

Nathalie Hardyn, la dernière arrivée, est probablement la victime de la politique de la priorité aux résidents: elle a décidé d'aller s'établir de l'autre côté de la frontière, comme beaucoup de nos concitoyens. Le Grand Conseil, et le PLR aussi, perdent ainsi une députée extrêmement rigoureuse, une spécialiste des transports, mais aussi une collègue agréable, loyale, pourvue d'un esprit d'équipe remarquable et remarqué. (Applaudissements.)

Le groupe PLR a été un groupe uni, uni pour un travail sérieux, uni sans se prendre au sérieux, et c'est probablement ce qui nous a permis de nous développer un peu. Mais le PLR a aussi la valeur du partage, et j'aimerais, si vous le permettez, prendre encore une minute pour dire que le Grand Conseil voit également le départ de Magali Orsini, une femme indépendante d'esprit, fondamentalement ancrée à gauche. Nous ne partageons pas ses idées, mais nous avons apprécié de siéger avec elle. Merci, Magali. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Cyril Aellen. Pascal Spuhler, député indépendant, a commencé à siéger avec le MCG. Il a été, vu du groupe PLR, un député travailleur, fiable et courageux. Le groupe PLR tout entier lui souhaite bon vent pour la suite et gardera un excellent souvenir de son passage au Grand Conseil. Merci pour ton engagement, cher Pascal. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

Le président. Un grand merci, Mesdames et Messieurs, pour ces hommages bien mérités ! Pour clore la séance, vous trouverez sur vos places les perles entendues dans cette salle ces cinq dernières années. Elles ont été précieusement recueillies par les rédactrices et rédacteurs du Mémorial, que je remercie pour le travail de haute qualité accompli tout au long de la législature. (Applaudissements.)

Mesdames et Messieurs, je lève cette dernière séance. Nous allons maintenant passer à un objet très sérieux, l'apéritif ! A cette occasion, je suis heureux de vous offrir mes vins. Encore une fois, merci à toutes et à tous, ce fut un immense plaisir de présider ce Grand Conseil !

Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)

La séance est levée à 19h05.