République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1854-A
Rapport de la commission de la santé chargée d'étudier la pétition concernant la situation de la psychiatrie adulte
Rapport de Mme Christine Serdaly Morgan (S)

Débat

Mme Christine Serdaly Morgan (S), rapporteuse. Là aussi, nous avons un objet qui est en lien étroit avec ceux que nous avons traités ces derniers mois à la commission de la santé, et également avec le rapport RD 875-A sur la planification sanitaire mentionné précédemment et auquel nous avions assorti une résolution, dont une invite était spécifique à la psychiatrie. Raison pour laquelle, d'ailleurs, nous allons demander non seulement de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, mais également que le Conseil d'Etat la traite de manière simultanée avec la résolution 697 qui accompagnait ce rapport sur la planification sanitaire du canton.

En deux mots, cette pétition a attiré l'attention de la commission de la santé; elle avait pour origine le départ accru de médecins-psychiatres des HUG durant l'année 2012, ainsi que l'annonce d'un certain nombre d'économies dans le cadre du plan Performance. Et au fond, cette pétition alertait le Grand Conseil sur l'absence de politique cantonale en matière de santé mentale... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et sur l'absence de moyens dans ce domaine - je précise que par «moyens» on n'entend pas uniquement les ressources financières, mais aussi les prestations. La commission a donc procédé à un certain nombre d'auditions - évidemment les HUG, mais également la Société suisse de psychiatrie sociale - et elle en a conclu qu'en effet, là aussi, la tendance était à une diminution des hospitalisations, que l'hôpital ne souhaitait pas développer de politique asilaire. Elle a relevé, par contre, que du côté de la communauté, on avait extrêmement peu de structures pour accueillir les personnes présentant des troubles psychiatriques, qu'on se heurtait souvent aux barrières santé social, et que là aussi, pour répondre de manière intelligente aux problématiques qui se posent, il fallait développer des solutions au sein de la communauté, développer des structures intermédiaires, s'appuyer sur les réseaux des acteurs, dépasser les clivages santé et social, et qu'il était temps, précisément, de remettre l'ouvrage sur le métier - remettre l'ouvrage sur le métier puisque le département et notre conseiller d'Etat, au tout début de son mandat, en 2000, avait... (Brouhaha. Mme Serdaly Morgan s'interrompt.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous arrivons au bout des extraits, il s'agit d'un sujet extrêmement important, donc je vous demande un peu d'attention ! Poursuivez, Madame le rapporteur.

Mme Christine Serdaly Morgan. J'aimerais rappeler à notre Grand Conseil que la psychiatrie... (Commentaires.) ...ça peut commencer par le burn-out, donc ça peut être vous et moi demain; la psychiatrie ce n'est pas uniquement la schizophrénie, c'est aussi nos personnes âgées et toutes les problématiques de démence.

Donc, il y a douze ans, disais-je, le département a pris l'initiative d'établir un rapport qui probablement ressemblait passablement à ce que nous préconisons aujourd'hui, mais qui, pour des raisons de mésentente on dira académique, n'était pas prêt à être reçu. Or, aujourd'hui, clairement, l'enjeu est de trouver un équilibre dans cet ancrage communautaire plus fort, de permettre aux professionnels d'avoir des compétences cliniques et pas uniquement des compétences académiques, et c'est la raison pour laquelle nous souhaitons renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat et faire avancer résolument ce dossier-là.

M. Mauro Poggia (MCG). Je remercie Mme le rapporteur de son exposé. Nous avons parlé il y a un instant du vieillissement de la population; en lien avec le vieillissement il y a aussi des maladies mentales qui sont de plus en plus fréquentes, malheureusement, et auxquelles il faut absolument que notre société puisse répondre de manière adéquate. Et je dirai - et c'est ce que je voulais ajouter par rapport à ce qui vient de vous être exposé - que la réaction de notre société face aux personnes atteintes dans leur santé mentale met en évidence le caractère abstrait du découpage actuel des départements. Et s'il y a véritablement un sujet pour lequel il faut que le social et la santé puissent travailler ensemble, dans l'intérêt des patients - nous avons parlé tout à l'heure des personnes âgées, pour qui c'est vrai également - c'est bien le domaine de la psychiatrie. Il n'y a pas uniquement les internements qui peuvent répondre à des problèmes psychiatriques, fort heureusement, mais il y a aussi une manière d'intégrer les personnes atteintes dans leur santé mentale, pour leur donner la dignité dont elles ont besoin. Ces personnes n'ont pas à être mises à l'écart de notre société, elles ont également à lui apporter quelque chose d'essentiel, et notre société doit être en mesure, comme pour les personnes âgées, de répondre de manière différenciée selon les problèmes que présentent ces personnes.

Mme Esther Hartmann (Ve). Je vais être brève. (Brouhaha.) Travaillant pour l'une des associations qui a participé à la rédaction de la pétition, évidemment je ne prendrai pas part au vote. Cela dit, je voudrais quand même saluer l'excellent travail de la commission ainsi que l'excellent travail de la rapporteure, et mentionner que les Verts, à l'avenir, seront très attentifs par rapport au suivi apporté à cette pétition.

Le président. Merci, Madame la députée, votre position vous honore ! Mesdames et Messieurs les députés, je vous fais voter les conclusions de la commission, soit le renvoi au Conseil d'Etat de cette pétition 1854.

Mises aux voix, les conclusions de la commission de la santé (renvoi de la pétition 1854 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 61 oui (unanimité des votants).