République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 20 septembre 2013 à 14h
57e législature - 4e année - 11e session - 68e séance
P 1838-A
Débat
Le président. Nous sommes au point 225. Le rapport est de Mme Anne Marie von Arx-Vernon, qui ne souhaite pas s'exprimer. Je passe donc la parole à M. Roger Golay.
M. Roger Golay (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, comme vous pouvez le constater en lisant le rapport, le MCG s'est opposé au dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, avec bien entendu les Verts et les socialistes, pour différentes raisons. Alors de quoi s'agit-il ? On parle du bâtiment de Confédération Centre, où des commerces sont actuellement en activité. D'importants travaux y sont prévus par une grande banque - on peut la citer, c'est le Crédit Suisse - qui, pour des questions de rénovation et pour sa caisse de prévoyance, entreprend ces travaux à grands frais, et bien sûr il a été décidé par cette institution de prévoyance de donner congé à tous les commerçants. C'est-à-dire que les commerçants qui s'y trouvent actuellement vont avoir une rupture de bail, de façon que ce soient des commerces de luxe qui s'y implantent par la suite, puisque les prix ne seront bien sûr plus du tout les mêmes.
Aujourd'hui, on constate que le centre-ville est de plus en plus désert, qu'il existe déjà beaucoup de boutiques de luxe et que maintenant les Genevois ne peuvent plus faire que du lèche-vitrine, car dès qu'on entre dans l'une de ces boutiques, on est presque mal à l'aise, parce que l'on n'a pas les moyens de pouvoir s'offrir quelque chose. On ne peut donc que contempler ce qui s'y trouve depuis l'extérieur.
Moi je pense par conséquent qu'il faut qu'on puisse intervenir dans cette affaire, puisqu'il ne faut pas que le centre-ville n'appartienne qu'à une catégorie de consommateurs. Et là je pense que le Conseil d'Etat a un rôle à jouer, même s'il s'agit d'un sujet qui est totalement d'ordre privé et que, bien entendu, nous, Grand Conseil, de même que le gouvernement, pouvons difficilement intervenir lorsqu'il est question d'entreprises privées. Mais on parle du Crédit Suisse, c'est un partenaire qui est fiable, comme toutes les autres banques renommées à Genève de vieilles familles genevoises. Quand il s'agit de banques universelles comme l'UBS ou le Crédit Suisse, on ne traite pas avec un petit partenaire, avec un propriétaire qui ne pense qu'à faire du rendement ! Il serait donc intéressant que le gouvernement puisse entreprendre certaines démarches pour essayer d'influencer cette entreprise de manière à maintenir encore les commerces qui s'y trouvent actuellement. En effet, ils vont devoir partir, parce qu'ils n'auront simplement plus les moyens de pouvoir rester, il faut donc essayer de trouver des solutions pour ces commerçants.
Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC), rapporteuse. Mesdames et Messieurs les députés, je vous prie de m'excuser, j'ai une extinction de voix, mais je tenais à rappeler que des auditions très sérieuses ont été effectuées à la commission des pétitions, que les préoccupations qui sont évoquées ont été abondamment commentées et que nous avons eu l'assurance qu'il y aurait une mixité des commerces. C'est la raison pour laquelle il y a eu une majorité de 7 voix contre 5 qui a abouti à l'acceptation du dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie donc de suivre les conclusions de la commission et du rapport.
Le président. Merci, Madame la députée. Economisez votre voix ! La parole est à M. le député Melik Özden.
M. Melik Özden (S). Merci, Monsieur le président. Cette pétition exprime une réelle préoccupation des commerçants, surtout des petits commerçants. Il s'agit de maintenir des petits commerces au centre-ville de Genève et de ne pas laisser uniquement l'espace aux commerces de luxe, il faut donc entendre cette préoccupation. Les commerçants en question ont reçu leur congé, ils sont préoccupés et les promoteurs n'ont pas pu donner beaucoup de détails sur leur projet futur. Il est donc évident que, même s'il s'agit d'un bail privé, les collectivités publiques ont un rôle à jouer, et comme nous discutons depuis hier du plan d'aménagement cantonal, celles-ci devraient donner une orientation, jouer un rôle dans l'aménagement du centre-ville et être attentives au maintien des petits commerces au centre-ville. Pour toutes ces raisons, nous soutiendrons le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.
M. Stéphane Florey (UDC). Au-delà du fait que certains petits commerçants se sont inquiétés de voir leur bail résilié, il ne faudrait pas oublier, Mesdames et Messieurs les députés, qu'il y a déjà un petit moment vous avez voté une loi sur l'énergie, et en réalité le voeu pieux de ce propriétaire est de se mettre aux normes. Ce bâtiment est ancien, c'est un gouffre énergétique et il souhaite simplement pouvoir rénover afin de se mettre aux normes figurant dans cette loi. Et comme cela a été également souligné, il ne faut pas oublier que, quand Confédération Centre a ouvert, c'était un temple du luxe ! Cependant, ce temple du luxe n'a pas fonctionné, car les Genevois ne veulent pas de ce genre de centre commercial, et c'est pour cela que, au fil des années, les boutiques de luxe ont fermé et d'autres, un peu moins luxueuses, s'y sont implantées. Il n'y a donc aucune crainte à avoir de ce côté-là.
En résumé, la majorité de la commission a estimé qu'il était normal que tout propriétaire puisse rénover son bien, se mettre aux normes et réaliser des économies d'énergie. C'est pour cette raison que la majorité de la commission vous propose de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je vais mettre aux voix les conclusions de la commission, soit le dépôt sur le bureau.
Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1838 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont rejetées par 38 non contre 23 oui et 2 abstentions.
Le président. Je vous suggère donc de passer au vote sur le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.
Mis aux voix, le renvoi de la pétition 1838 au Conseil d'Etat est adopté par 43 oui contre 24 non.