République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1704-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Davantage de bandes cyclables en Suisse romande (Défendons et protégeons les cyclistes)
Rapport de majorité de M. Marcel Borloz (L)
Rapport de minorité de M. Olivier Norer (Ve)

Débat

M. Marcel Borloz (L), rapporteur de majorité. Mesdames et Messieurs les députés, à la lecture de cette pétition, on voit que cette dernière est exprimée en termes généraux, si ce n'est la phrase concernant les pistes et les bandes cyclables, des éléments qui intègrent en l'occurrence déjà les missions de l'Etat. Cette pétition émet le voeu d'aller plus loin et plus vite. Il a été rappelé toutefois que Genève est en avance en la matière par rapport aux autres cantons. En effet, il y a vingt ans, il n'existait que 8 kilomètres de bandes cyclables, alors que maintenant il y en a plus de 300. Je vous rappelle encore que la législation est fédérale concernant cette problématique. Lors de l'audition de la DGM, il nous a été dit qu'un plan directeur avait été initié, avec pour date de réalisation 2010. Il faut en outre préciser qu'il existe une commission des pistes cyclables, dans laquelle siège PRO VELO. La coordination est donc existante, et même institutionnalisée. Les interventions menées sur le territoire de la Ville de Genève, c'est PRO VELO qui en assure la coordination. Il est évident qu'à un moment donné la DGM doit opérer des arbitrages entre différents intérêts contradictoires, et c'est à cet égard que le libre choix du mode de transport est évoqué.

Nous remarquons qu'à Genève l'essentiel est fait pour les pistes et bandes cyclables, mais que le débat risque de porter sur le comportement des conducteurs de deux-roues. En effet, nous voyons trop fréquemment des cyclistes ne pas se conformer à la législation routière et commettre un grand nombre d'infractions, un comportement irresponsable qui risque d'engendrer de graves accidents. Je relève également que la sécurité des cyclistes passe par l'éducation et le respect des lois pour tous les usagers de la route. Nous constatons également trop souvent que, là où il existe des pistes cyclables, les usagers ne les utilisent pas pour de futiles motifs, comme le fait qu'il existe un risque de crevaison ou que le nettoyage des feuilles n'a pas été effectué sur les pistes cyclables - propos tenus lors de l'audition de PRO VELO.

En conclusion, nous avons compris que tout était fait pour que des pistes ou des bandes cyclables soient installées là où cela est possible. De plus, au vu des informations fournies par la DGM et de l'état des aménagements cyclistes à Genève, ce mode de transport n'est pas négligé, mais évidemment certains voudraient rouler seulement sur le réseau primaire, et faire un détour les dérangerait quelque pn... quelque peu, pardon, pas quelques pneus !

Pour terminer, Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à suivre la majorité et à accepter le dépôt de la pétition 1704 sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Norer, qui de toute façon l'aurait eue, qu'il appuie sur le bouton ou pas !

M. Olivier Norer (Ve), rapporteur de minorité. Je vous remercie, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le débat sur la pétition de PRO VELO concernant la création d'infrastructures d'aménagement de pistes et de bandes cyclables a quelque peu dérapé en commission. Il a dérapé peut-être sur quelques feuilles mortes, mais surtout sur une vision des cyclistes de la part de la majorité. En effet, partant du principe que l'on constate que des infractions au règlement sur la circulation routière sont commises et que quelques feux sont grillés, on a clairement fait un procès d'intention aux cyclistes, pour dire que puisque quelques feux sont grillés, nous n'avons pas besoin d'infrastructures routières pour les cyclistes. Cela équivaudrait d'une certaine manière à dire que puisque des personnes commettent des excès de vitesse sur le quai Gustave-Ador, nous n'avons pas besoin de réaliser une traversée du lac.

Sur ce même principe, nous considérons que la pétition, quant à elle, relève un besoin, un besoin tout simple, parce qu'une infrastructure de transport et un aménagement spécifique permettent de garantir une sécurité. Certes, la sécurité est un élément de perception, c'est donc fondamentalement avant tout l'usager de cet aménagement qui conçoit sa sécurité, mais ce sont également les usagers voisins qui conçoivent la sécurité du cycliste, en l'occurrence. En effet, lorsqu'un cycliste circule sur une bande ou une piste cyclable, il est à la fois plus en sécurité pour lui-même, parce qu'il a un espace délimité, mais il garantit aussi une sécurité accrue aux autres usagers, parce que, par exemple, un automobiliste peut le voir. En revanche, si un cycliste est englué au milieu du trafic - ou, par exemple, des deux-roues motorisés - comme on le constate, en zigzaguant entre les véhicules il est largement plus en danger pour lui-même et pour les autres usagers. C'est donc dans un état d'esprit de sécurité globale que la minorité de la commission a considéré que cette pétition avait un intérêt notable.

Ensuite, on a certes réalisé beaucoup d'aménagements à Genève - M. le rapporteur de majorité l'a bien dit - mais nous sommes loin du compte. En effet, de nombreuses routes secondaires et primaires ne sont pas encore finalisées en termes d'aménagements cyclables. A ce propos, on a eu lors de la dernière séance un magnifique débat concernant un aménagement à Avusy. Lors des séances de la commission des pétitions, il a été relevé que, malheureusement, la DGM n'avait pas pu planifier la réalisation d'une piste cyclable lors de la réflexion sur la rénovation du revêtement routier. Puis on est revenu par la suite en disant qu'effectivement on allait l'inclure dans un second train, un second crédit. Mais ne serait-il pas plus simple de penser les aménagements avant de réaliser des travaux ? Dépenser quelques francs de peinture pour aménager une bande cyclable sur le côté ou élargir au passage la route de quelques mètres lors de la réfection d'un revêtement coûte nettement moins cher à la collectivité que de venir après coup avec des mesures de type pansement. Ou alors peut-être qu'effectivement la majorité aime mieux travailler avec des pétitions à gogo et se satisfaire de cette situation, et qu'elle ne préfère pas aménager correctement le réseau routier.

D'autre part, nous avons parlé de libre choix...

Le président. Il vous reste quinze secondes, Monsieur le député !

M. Olivier Norer. Merci ! Le libre choix stipule tout simplement que chacun trouve sa place sur le réseau routier. Pourquoi les cyclistes n'auraient pas le droit à des aménagements, alors que les autres modes de transport en ont ? Pour toutes ces bonnes raisons, la minorité de la commission des pétitions vous invite à renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, il est très probable que certaines revendications pour des pistes cyclables pourraient être fondées, mais malheureusement, quand on joue les «ayato-écolo-cyclistes» et que l'on organise chaque semaine ou chaque mois - je ne me souviens plus - ces mouvements d'humeur de centaines de cyclistes qui viennent insulter les automobilistes, eh bien, quand on se retrouve à la tête de tels mouvements, on ne discute plus. Et puis je serais tenté de dire - Monsieur le président, vous transmettrez - pour ceux qui ont connu David Vincent et le feuilleton télévisé «Les Envahisseurs», que l'on reconnaissait à leur petit doigt, eh bien, que nos amis Verts, comme le V de mon doigt... (M. Eric Stauffer fait le signe des Envahisseurs.) ...ont un peu investi la DGM, la direction générale de la mobilité, et ont un peu touché ou joué aux apprentis sorciers avec les boutons de synchronisation des feux ! Comme vous l'aurez tous remarqué, Mesdames et Messieurs, il n'y a plus un feu qui est synchronisé à Genève, et aujourd'hui, même quand on roule en scooter, on doit s'arrêter tous les 20 mètres parce que rien n'est synchronisé. Donc, finalement, c'est tout fait pour les vélos. Du reste, c'est bien connu, la majorité des cyclistes ne respectent de toute façon absolument pas les règles de la circulation. Il n'y a qu'à voir: on a déploré presque plus de décès de cyclistes sur les routes genevoises cette année 2010 - malheureusement pour eux et pour leur famille - qu'il y a eu de décès de motards, tant les règles de la circulation ne sont pas respectées par ceux qui prennent cette liberté. La liberté ne signifie pas être hors la loi, et finalement cette pétition ne mérite qu'un sort, c'est le sort diplomatique réservé au sein de ce parlement aux superbes pétitions, à savoir le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Jean Romain.

M. Jean Romain (R). Merci, Monsieur le néo-président. Mesdames et Messieurs, le groupe radical est dans sa majorité pour le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. En effet, c'est vrai, la pétition mentionne quelque chose d'intéressant, mais la réalisation de bandes cyclables est déjà prise en compte par la DGM. En fait, en bonne partie le travail est déjà fait par l'Etat, et c'est pourquoi Genève, en la matière, est en avance sur tous les autres cantons suisses. (Commentaires.) Pas du tout ! C'est affirmation contre affirmation ! Nous avons auditionné des gens...

La deuxième raison, Monsieur le président, c'est que toutes les fois qu'il est possible de le faire lors de la réfection des routes, eh bien, les pistes ou les bandes cyclables sont toujours intégrées tant que faire se peut dans les projets.

Et la troisième raison, c'est que si le réseau cyclable n'est pas continu - c'est vrai - d'un bout à l'autre du canton, c'est qu'il est tout simplement impossible de le faire d'une manière simplement volontariste. Certaines bandes cyclables sont cependant intégrées en traitillés, ce qui signifie que les voitures peuvent aussi y rouler. Bien sûr, je l'admets, la sécurité est moindre pour les cyclistes, mais enfin c'est un choix, et la DGM doit trancher.

Les cyclistes craignent pour leur intégrité lorsqu'ils circulent, et le problème de la sécurité est effectivement réel. Mais il est également de la responsabilité des cyclistes eux-mêmes de se conformer eux aussi à la loi sur la circulation - je songe en particulier à un élément: contrairement à ce que dit M. Norer, il ne s'agit pas d'un ou de deux feux rouges grillés... Et si la pétition demande, à juste titre, qu'il y ait un respect de la convivialité, c'est de la part de tous les usagers, donc aussi des cyclistes, que ce respect est exigé. C'est pourquoi, dans sa majorité, le groupe radical ici présent vous suggère de suivre le rapport de majorité et de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, je remercie la commission d'avoir étudié cette pétition avec une certaine attention. Toutefois, je n'ai pas forcément l'impression qu'elle ait traité le problème dans l'exact sens que les pétitionnaires ont voulu lui donner, puisque je vous rappelle que, dans le texte, il était indiqué que «les cyclistes doivent pouvoir rouler en sécurité sur des aménagements cyclables». Et, à la fin de la pétition, il est écrit ceci: «Dans ce contexte, nous demandons que soient développés les bandes cyclables et autres aménagements pour plus de respect et convivialité à l'égard des cyclistes.»

Cette pétition visait à développer les aménagements manquants, car certes le réseau genevois est étendu aujourd'hui, mais il est en même temps lacunaire: il y a certains endroits très symboliques, comme le pont du Mont-Blanc, qui en sont l'exemple typique, où vous avez des aménagements cyclables de chaque côté, mais où il y a tout à coup une rupture. Et la conséquence directe de cette situation, c'est que la sécurité des cyclistes est mise en danger.

Alors vous pourriez dire, certes, que ce sont des kamikazes qui font le choix de se comporter n'importe comment, mais, en réalité, c'est évidemment un problème bien plus grave. Parce que tous les cyclistes, y compris ceux qui se conduisent de façon tout à fait civilisée - et, j'ai envie de dire, y compris vos enfants - sont certainement menacés par l'absence d'aménagements cyclables. Pourtant, on aurait quand même intérêt à encourager l'usage de la bicyclette pour se rendre qui au travail, qui à l'école, et, aussi, nous aurions tous intérêt à garantir la qualité de ces aménagements.

J'ai donc l'impression qu'un certain procès d'intention a régné au sein de cette commission, j'en veux pour preuve l'affirmation d'un commissaire libéral, à la page 8, affirmation que voici: «Un commissaire (L) pense qu'il faudrait que les cyclistes utilisent déjà les pistes cyclables existantes avant d'en ajouter de nouvelles.» On pourrait faire une analogie - vous allez la comprendre ou non - avec les places de stationnement pour les voitures: le fait que certaines places ne soient pas utilisées ne signifie pas pour vous qu'il ne faudrait pas en ajouter d'autres. Ici c'est la même chose ! Certains aménagements existent, c'est vrai, certains cyclistes se comportent mal, certes, mais il y a toujours des aménagements qui manquent, et il faudrait donc les réaliser.

Au demeurant, cette pétition a reçu un bon accueil dans tous les autres Grands Conseils romands, et c'est un peu paradoxal que nous lui réservions un sort défavorable. En guise de conclusion, j'aimerais vous proposer de renvoyer cette pétition à la commission des transports, pour qu'elle soit étudiée sous l'angle réel et concret des aménagements manquants, et non sous l'angle passionnel qui a pu régner au sein de la commission des pétitions. Je vous demande donc le renvoi à la commission des transports pour une nouvelle étude de cette pétition.

Mme Jacqueline Roiz (Ve). Cette pétition demande quelque chose qui n'est pas la mer à boire - enfin, qui n'est pas le lac à boire. Elle demande simplement que les cyclistes puissent rouler en sécurité et que l'on tienne compte de leurs besoins lors des aménagements. L'Entente soutient la politique de la mobilité quand il s'agit de faire campagne - là, évidemment, on utilise beaucoup la sauce écolo pour attirer un maximum d'électeurs - mais, dans les faits, elle rejette à chaque fois les initiatives, les pétitions qui vont dans ce sens. Là encore, l'Entente veut déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, ce qui veut dire la laisser dans les limbes de l'administration, et nous savons que l'initiative pour la mobilité douce a aussi été rejetée par la majorité de la commission des transports. Bref, je suis assez choquée de voir que lorsqu'il faut passer à l'action, en fait il n'y a plus personne. (Brouhaha.)

De plus - petite anecdote - je lis dans le rapport que les cyclistes voudraient le beurre et l'argent du beurre. J'ai envie de vous dire qu'en fait ce qu'ils ne veulent pas, c'est devenir des tartines de beurre-goudron... En réalité, la sécurité n'est pas une option mais une nécessité, et je suis assez étonnée que les réactions vis-à-vis des cyclistes soient chaque fois aussi extrêmes. Je vous rappelle que, s'agissant de vos enfants, il est quand même plus rassurant de se dire qu'ils pourront rouler sur des pistes cyclables et aller à l'école par ce moyen de locomotion, sans automatiquement s'habituer à être transportés. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)

D'autre part, j'entends aussi beaucoup la théorie libérale qui parle de responsabilité individuelle... Alors est-ce que, justement, les cyclistes n'expriment pas une vraie responsabilité individuelle ? Puisqu'en fait ils permettent de diminuer la pollution urbaine, de rendre les villes moins bruyantes, de décharger - eh oui, Mesdames et Messieurs de la droite - les routes du trafic automobile et de vous laisser plus de place ! Pour toutes ces raisons, le groupe des Verts souhaite que cette pétition soit renvoyée au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. Patrick Saudan, à qui il reste une minute.

M. Patrick Saudan (R). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, la minorité du groupe radical vous demande de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. En effet, à la lecture du rapport de la commission des pétitions, je suis beaucoup plus en phase avec le rapporteur de minorité: on a plus parlé du prétendu comportement délictueux des cyclistes que de l'aménagement des pistes cyclables. Or il faut savoir que ce comportement délictueux est souvent occasionné par des pistes cyclables qui ne sont pas optimales au niveau de la sécurité.

Et je vous demande juste de réfléchir à un petit élément tout simple: la noblesse du politique, c'est aussi de penser à l'avenir et de créer des conditions-cadres qui permettent le développement harmonieux d'un mouvement de société. Or, actuellement, les Genevois votent avec leurs jambes, ils prennent de plus en plus le vélo, et à l'avenir il n'y aura pas plus d'automobilistes, mais de plus en plus de cyclistes. Alors faisons preuve de clairvoyance, aidons le gouvernement à développer un réseau de pistes cyclables digne de ce nom, et renvoyons cette pétition au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

M. Stéphane Florey (UDC). Monsieur le président, vous transmettrez à M. Saudan que les conditions-cadres existent déjà. Je suis désolé de vous le dire ! Les conditions-cadres sont inscrites dans la constitution, et elles garantissent justement le libre choix du mode de transport. Et, par rapport à cela, les aménagements sont réalisés en conséquence. Comme cela a été dit, lorsqu'on refait une route... Par exemple, lorsqu'on a refait totalement la route de Meyrin ou la rue de Lausanne, eh bien on a tenu compte de tous ces critères, en fonction de cet article constitutionnel, pour garantir que tous les utilisateurs, quels qu'ils soient - les piétons, les vélos, les voitures, les transports publics - aient la possibilité de circuler normalement. Par contre, quand j'entends dire du rapporteur de minorité que les vélos ont le droit aux pistes cyclables, au même titre que les voitures... (Brouhaha. Rires.) Vous transmettrez à M. Norer - mais il le sait pertinemment - que ce n'est pas possible, au même titre que les transports publics n'ont pas de site propre sur la totalité du réseau, pour la simple et bonne raison que, Mesdames et Messieurs les députés, on ne va pas démonter la moitié de la ville ou du canton en détruisant des pans d'immeubles entiers pour simplement se payer le luxe d'avoir des voies réservées aux bus et des pistes cyclables telles qu'elles sont demandées.

Alors dans le fond, comme cela a été relevé également dans ce rapport, cette pétition n'amène absolument rien de nouveau. Toutes les solutions existent déjà. Donc, le groupe UDC maintiendra sa position et votera le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Broggini, à qui il reste vingt secondes. (Exclamations.)

M. Roberto Broggini (Ve). Ça va être bref, on va pédaler vite ! Dernier exemple d'une réalisation en bas de la rue de la Servette, place des Vingt-Deux-Cantons - exemple typique ! Il y a une piste cyclable qui descend jusqu'en bas, puis après plus rien... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Et alors, là, c'est particulièrement dangereux ! C'est un exemple, mais ce sont des réalisations qui se font encore actuellement, d'où le fait d'accepter cette pétition pour encourager le gouvernement à ce qu'il y ait la liberté de choix de transport pour tous les modes de transport, y compris les vélos et les piétons. Et nous devons...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !

M. Roberto Broggini. Je termine, Monsieur le président, en disant que M. Zwahlen, président du TCS, préconise que les cyclistes puissent tourner à droite lorsque le feu est rouge. Il nous l'a dit dernièrement en commission, alors si le TCS est pour des solutions innovantes, eh bien on le félicite. (Applaudissements.)

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, pour les démocrates-chrétiens cette pétition est une piqûre de rappel tout à fait judicieuse. Et si nous sommes d'accord de la déposer sur le bureau du Grand Conseil, c'est parce que nous nous sommes engagés, dans le cadre de l'initiative 144 pour la mobilité douce, en tant que cosignataires, à défendre cette vision globale pour les cyclistes, et pas seulement des bandes avec des sites propres et une continuité. Nous faisons confiance au Conseil d'Etat, et en particulier à Mme Künzler, pour mettre en oeuvre, même si pour le moment l'initiative 144 n'a pas reçu le soutien qu'elle méritait en commission des transports, l'essentiel de ce qui est évoqué dans celle-ci - et qui est notamment peut-être issu de cette pétition, ou en tout cas repris dans cette dernière - afin que ce qui est souhaité par les cyclistes pour les cyclistes soit effectivement réalisé. Pour cela, nous trouvons judicieux que cette piqûre de rappel sous forme de pétition soit déposée sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. Voumard, à qui il reste une minute.

M. Jean-Marie Voumard (MCG). Merci, Monsieur le président, je vais être bref. Vous rapporterez peut-être à M. Saudan qu'il faudra qu'il m'explique comment, sur une piste cyclable, un cycliste peut rencontrer quelques problèmes. Je pense qu'il doit faire un amalgame entre les bandes et les pistes cyclables. Je rappelle que les pistes cyclables sont situées en dehors de la chaussée, et protégées par des monuments ou des engins.

D'autre part, vous transmettrez à M. Deneys, Monsieur le président, qu'il n'y a effectivement pas de pistes cyclables sur le pont du Mont-Blanc, mais qu'il existe la plus grande bande cyclable pour les vélos sur le pont des Bergues, lequel jouxte le pont du Mont-Blanc. Donc si vous voulez créer une bande cyclable plus grande que celle-là, libre à vous, Monsieur Deneys !

Enfin, lors de l'audition de la DGM en commission, il a été fait mention qu'ils ont confirmé que dans le cadre de tous les travaux ou nouveaux projets routiers ils envisageaient, dans la mesure des possibilités, les pistes et bandes cyclables adéquates. De ce fait, le MCG vous demande de soutenir le rapport de majorité.

Mme Fabienne Gautier (L). Je prendrai la parole en tant que cycliste, et cycliste de ville, parce que je ne prends mon vélo qu'en ville - quand je le prends à la campagne, ce n'est pas le même, c'est un vélo de course. En ville, je ne me déplace donc qu'à vélo, et la problématique est effectivement que, pour les vélos, les personnes les plus dangereuses sont les autres cyclistes, parce que ces derniers ne respectent pas la loi sur la circulation routière. Et ça, il faut en être tout à fait conscient.

Je ne parlerai pas des chantiers actuels qui sont effectivement pénibles pour les cyclistes, mais c'est passager, comme on nous le répète régulièrement. Il faut donc faire avec pendant un certain temps.

Il existe effectivement des aménagements, mais ces derniers ne sont pas respectés par les cyclistes. Prenez tout simplement les Rues-Basses, qui sont interdites aux vélos: on y voit pourtant tout le temps des cyclistes, lesquels sont dangereux pour les personnes âgées qui ne les entendent pas venir. Ils n'ont qu'à emprunter la rue de la Rôtisserie, dans un sens comme dans l'autre ! La seule partie des Rues-Basses sur laquelle ils peuvent circuler est celle qui se situe à hauteur de Confédération Centre. Et si tout le monde respectait cela, si tout le monde respectait les pistes cyclables, on pourrait en créer de nouvelles ! Mais d'abord - comme l'a dit Mme von Arx-Vernon - il faut avoir une vision globale de la mobilité en général, et non pas uniquement de la mobilité douce.

On peut tout à fait créer des pistes cyclables, comme cela s'est fait dans beaucoup de villes. En Allemagne, par exemple, vous voyez un trottoir pas trop grand, une piste cyclable, des voitures stationnées, et après, la voirie. Nous ne pouvons pas agrandir davantage la voirie à Genève, ce serait au détriment des immeubles. On ne peut pas non plus démolir des bâtiments, car on perdrait du logement. Il faut donc choisir, et faire les choses intelligemment. Nous ne sommes pas contre un développement de la mobilité douce au centre-ville ! Il y a beaucoup de personnes chez nous et de plus en plus de jeunes qui se déplacent à vélo, notamment en ville - vous le répétez assez souvent - et qui n'ont qu'une voiture par ménage. Mais ils respectent la loi sur la circulation routière ! Et si tous les cyclistes commençaient par le faire, ce serait déjà un gros progrès, car ils seraient moins dangereux pour les piétons. Et on ne parle pas de l'éclairage... On a vu que, le jour où la police était chargée de contrôler l'éclairage des vélos, elle a mis un maximum de contraventions ! Car rouler sans éclairage est aussi est un non-respect des piétons. En résumé, que les cyclistes commencent d'abord à respecter la loi sur la circulation routière et les piétons; ensuite, on pourra envisager d'autres choses pour eux ! Nous soutiendrons donc le rapport de majorité, lequel vous invite à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Madame la députée. Mesdames et Messieurs, vous savez combien ce parlement est sensible aux fautes de plume - c'est très tendance dans cette république. Ainsi, afin de corriger l'une de ces fautes, je passe la parole à M. Deneys.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. J'aimerais simplement signaler que, lors de l'audition des pétitionnaires, nous avons reçu Mme Guinand Maitre, présidente de PRO VELO Genève, ainsi que Mme Klopfenstein, et non «Klopstein», comme c'est indiqué par erreur pour l'ensemble de l'audition. (Exclamations.) Merci de bien vouloir faire cette correction !

Le président. Ce sens du détail vous honore, Monsieur le député ! La parole est maintenant à M. Bertschy, à qui il reste une minute.

M. Antoine Bertschy (UDC). Merci, Monsieur le président. Cela me suffira largement ! Cette pétition n'est rien d'autre que la mèche qui va mener au pétard - cela fera plaisir à notre collègue Broggini ! (Rires.) - de l'initiative 144. Moi je le dis d'avance à nos amis citoyens: si vous avez aimé les travaux pour le tram, vous allez adorer cette pétition, mais surtout le pétard qui arrivera par la suite. J'en ai terminé, Mesdames et Messieurs les députés. (Applaudissements.)

Le président. Mouais ! (Rires.) La parole est à Mme la conseillère d'Etat Michèle Künzler.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition part franchement d'un bon sentiment. Qui peut être contre la sécurité des cyclistes ou de tout autre citoyen ? Je crois que l'on a du travail à faire, et tout cela dans la complémentarité des modes de transport. Effectivement, la mobilité douce est le troisième pilier de la mobilité: il y a les transports collectifs, les transports individuels, et la mobilité douce est un autre pilier, absolument nécessaire. Nous sommes tous d'abord piétons, c'est cela, la mobilité douce; ensuite, certains d'entre nous sont cyclistes, ou le sont à certains moments. Mais il n'y a pas d'automobiliste de naissance ou de cycliste de naissance. Nous sommes d'abord des êtres humains, qui choisissons de façon rationnelle, on l'espère, notre manière de nous déplacer.

Nous avons le projet de déposer très bientôt le plan directeur de la mobilité douce, qui concerne à la fois les piétons et les cyclistes. Nous avons effectivement l'objectif de construire de nouvelles pistes cyclables. Mais ce qui manque n'est pas énorme, car il y a déjà beaucoup de pistes cyclables. Simplement, les endroits cruciaux ne sont parfois pas bien mis en valeur, et il manque de la signalisation et du fléchage. Tout cela doit donc être repris.

Quant au problème de discipline que l'on a soulevé, il existe effectivement, mais je crois qu'à Genève il y a une indiscipline généralisée - que ce soit de la part des piétons, des cyclistes ou des automobilistes. Quand je vois les façons de se comporter et les infractions qui sont commises chaque jour, c'est bien cela qui augmente l'insécurité à Genève, et ce n'est pas normal. Nous allons du reste bientôt mener une action à la rue du Rhône, parce que je ne trouve pas concevable - et ma collègue Isabel Rochat non plus - qu'il y ait 5000 infractions par jour à la circulation routière. Ce n'est juste pas admissible ! Nous aurons donc une action, qui concernera les cyclistes indisciplinés, mais aussi les automobilistes indisciplinés. Je pense que, là, il faut avoir une vraie action pour la sécurité, et cette action passe à la fois par des mesures constructives, mais aussi parfois par des mesures répressives.

Je vous remercie donc de nous renvoyer cette pétition, et je vous rappelle que les pétitions de même nature qui ont été adressées aux parlements des autres cantons ont été acceptées très favorablement. Le canton de Fribourg a même intégré l'obligation de créer des pistes cyclables dans la législation. En conclusion, 4000 personnes ont signé cette pétition, et je pense qu'elle revêt un véritable intérêt.

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous sommes donc en procédure de vote, laquelle prendra l'allure suivante: nous voterons d'abord sur le renvoi à la commission des transports, tel que demandé par l'un d'entre vous. Si cette proposition est refusée, nous voterons le dépôt sur le bureau du Grand Conseil - soit les conclusions de la majorité - et, le cas échéant, le renvoi au Conseil d'Etat, comme le préconise la minorité. En cas de refus, cette pétition sera alors classée.

Mis aux voix, le renvoi du rapport sur la pétition 1704 à la commission des transports est rejeté par 61 non contre 13 oui et 5 abstentions.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1704 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 47 oui contre 30 non et 2 abstentions.