République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1370-A
Rapport de la commission d'aménagement du canton chargée d'étudier la proposition de motion de Mmes et MM. Bernard Annen, Florian Barro, Jacques Béné, Jean-Claude Dessuet, Pierre Ducrest, Jean-Pierre Gardiol, Janine Hagmann, Alain-Dominique Mauris, Geneviève Mottet-Durand, Vérène Nicollier, Yvonne Humbert invitant le Conseil d'Etat à réunir les divers services publics liés à l'environnement dans l'ancienne usine Kugler sise à l'avenue de la Jonction (Maison Verte)

Débat

M. Rémy Pagani (AdG), rapporteur. Encore un rapport qui va, je l'espère, faire l'unanimité de notre parlement. Il s'agit, comme son intitulé ne le dit pas, de l'ensemble de l'aménagement de la pointe de la Jonction, de la rue des Deux-Ponts, en passant par les bords de l'Arve et du Rhône. Nous avons longuement travaillé sur ce projet en commission d'aménagement, projet qui nous a valu des débats très importants, à savoir par exemple quel sort allions-nous réserver à l'ancienne usine Kugler, au dépôt des TPG. Tout cela a donné lieu à de vastes débats, qui ont, pour une fois, donné l'occasion aux députés de se mettre d'accord sur un certain nombre de considérations concernant l'aménagement de cette pointe de la Jonction, notamment d'y construire en priorité des logements.

Nous en étions à ce point, lorsque nous avons déposé ce projet de loi et, malheureusement, de manière un peu provocatrice - ses députés l'ont d'ailleurs reconnu eux-mêmes - le parti démocrate-chrétien a mandaté un bureau d'architectes pour proposer, à notre réflexion, une construction, enfin, plutôt, un machin, qui devrait être construit à la pointe de la Jonction et qui non seulement aurait des caractéristiques très élevées en hauteur, mais qui aurait un impact assez disproportionné par rapport à l'urbanisme qu'on connaît dans ce secteur de notre ville.

L'unanimité, je l'espère, sera retrouvée sur ces bancs aujourd'hui, en ce qui concerne l'ensemble des invites qui vous sont proposées ce soir.

Présidence de Mme Marie-Françoise de Tassigny, première vice-présidente

M. Bernard Annen (L). L'unanimité... Oh, j'espère, Monsieur Pagani ! Malheureusement, l'unanimité pour une non-solution. Car aujourd'hui, en tant qu'auteur de cette motion, je suis obligé de constater que c'est une non-solution qui est proposée. Elle ne mange pas de pain. Nous la soutiendrons certainement. Vous l'appelez une solution, je dirais plutôt que c'est un panaché de petites solutions, avec tout de suite après des réserves et des restrictions. Prenons l'exemple de l'usine Kugler. Vous dites qu'il faut la démolir - il y a eu un vote, en commission. Mais, juste après, à la page 23, il est écrit: «[...]toutefois, cette usine est un des derniers vestiges du début de l'industrialisation», avec une grande réserve mentale. Monsieur Pagani, j'espère que vous nous direz: «Non, Patrimoine Vivant ne s'opposera pas à cette démolition». Si vous nous dites cela, peut-être que j'irai dans votre sens tout à l'heure.

Parlons maintenant du dépôt des TPG. D'aucuns veulent le supprimer, d'autres veulent le mettre ailleurs et ainsi de suite. Expliquez-moi donc comment vous allez vous y prendre pour rencontrer l'unanimité dans ce cadre.

Quant à la construction d'immeubles, tout le monde est d'accord pour construire des logements mais certains ne veulent pas de gratte-ciel. Je ne connais pas la définition exacte de l'expression «gratte-ciel», j'ai appris, dans le projet de loi, que le gratte-ciel comportait six ou sept étages. Chacun a ses jugements de valeur. Je dois avouer que, franchement, je me pose un certain nombre de questions, et que je n'aimerais pas me trouver à la place du gouvernement pour trouver une solution. En effet, à l'époque, il y a déjà trois ans - car cette motion est née du refus par l'ancienne majorité du projet de loi du Conseil d'Etat concernant l'aménagement de ce périmètre - nous avons fait un certain nombre de propositions qui n'ont nullement été retenues. L'ensemble de la proposition de motion en tant que telle a été entièrement balayé. Il eût été un peu plus courtois, vis-à-vis des motionnaires, d'avoir le courage de dire non à la motion et d'en proposer une autre, Monsieur Pagani, car vous savez que c'est tout à fait possible de proposer une motion de commission qui aurait été exactement celle que vous nous proposez ce soir. Mais cela ne concerne que la forme et non pas le fond.

Sur le fond, il va falloir faire quelque chose, mais honnêtement, les uns et les autres, ou ceux qui, à l'intérieur ou en transparence, de votre rapport, Monsieur Pagani, ont un certain nombre de réserves, qu'ils nous disent franchement aujourd'hui qu'ils sont d'accord avec les décisions prises, parce que l'ensemble des critères retenus n'ont pas été votés à l'unanimité. Et, notamment, un certain nombre de critères ont été refusés par votre groupe politique.

A partir de là, je me pose la question de savoir ce que nous allons faire avec ce périmètre. J'aimerais dire qu'accoucher de cela, après trois ans de travail, n'avancera pas à grand-chose. Je suis très triste d'arriver à cette conclusion. Je souhaite, quant à moi, que le Conseil d'Etat soit ferme dans le projet qu'il entend faire, par rapport à la motion. Et si le Conseil d'Etat suit la motion et va jusqu'au bout de vos propositions, à ce moment-là, je m'en réjouirai. Mais alors, attention au virage ! Lorsque le Conseil d'Etat aura fait un projet répondant aux critères et à vos aspirations, s'il y a, d'un côté ou de l'autre, des oppositions, nous vous le rappellerons. J'espère que l'on arrivera à quelque chose, et je me réjouis d'entendre M. Pagani à ce sujet nous dire: «Oui, nous prenons l'engagement de suivre ce projet.» Ainsi le Conseil d'Etat pourra le concrétiser et, enfin, nous pourrons faire quelque chose dans ce périmètre.

M. Jean Spielmann (AdG). J'ai bien lu la proposition de motion et les débats de la commission. Je me rends compte de la difficulté qu'il y a à trouver une solution, cependant il me semble que la question de fond n'a pas été tranchée définitivement.

Si on entend laisser le dépôt des TPG sur la pointe de la Jonction et si on entend, dans un premier temps, développer l'extension de l'EMS des Arénières, il faut savoir que, pour pouvoir exploiter le dépôt, il faudra sortir par le quai des Arénières, donc tourner quasiment autour de l'EMS. Or cela pose une série de problèmes. En effet, ce Grand Conseil a pris la décision d'augmenter la part de personnes transportées - voire même de les transporter jour et nuit - ce qui revient à étendre les prestations des TPG. Cela est évidemment incompatible avec des logements et un EMS à proximité. Dans le fond, il manque la volonté - et le courage - de faire un choix, en décidant par exemple, de réserver cet endroit à du logement - et, à ce moment-là, de faire un développement cohérent et de trouver un autre lieu de dépôt pour les TPG.

Il semble qu'ici on ait opté pour une solution mixte, qui, dans un premier temps, laisserait les TPG en place, démolirait l'usine Kugler, laisserait l'EMS se développer - avec les problèmes de circulation que poseraient les TPG. On se trouvera demain avec des conflits entre les personnes dans les EMS - ou les futurs habitants, si on construit des logements - et le dépôt des TPG. On va vers des difficultés, parce qu'on ne tranche pas. Je crois, pour ma part, qu'étant donné une telle parcelle et une telle diffusion du bruit, lié à son lieu géographique, il ne sera pas possible d'y maintenir le dépôt des TPG et d'y construire du logement, sans que des conflits surgissent demain. C'est pourquoi je crois qu'il faudrait avoir le courage de trancher.

On peut, bien sûr, voter cette motion, parce que, dans le fond, elle ne propose pas de solution définitive. J'attire l'attention de ce Grand Conseil sur le fait que les propositions qui sont faites ne sont pas viables à long terme sans que, à un moment donné, on tranche. Et s'il faut trancher, il faut aussi examiner les frais et les investissements qu'engendrerait une nouvelle extension des TPG. De nouveaux équipements vont arriver, de nouveaux bus, et ce n'est pas idiot d'avoir des dépôts à disposition afin de les garer. A ce propos, cette fois, procédera-t-on comme on l'a fait jusqu'à présent: on construit une ligne de tram, et quelques mois ou une année après, on achète les trams qui peuvent circuler sur cette ligne, et, pendant ce laps de temps, on en loue en Pologne ?

Il faut donc avoir une vision plus orientée vers l'avenir et donner une réponse au dépôt des TPG à la Jonction. Faire des choix s'avère obligatoire; on ne les fait pas ce soir, mais cela ne fait que renvoyer le problème parce que cette solution n'en est pas une véritable.

M. Pierre-Louis Portier (PDC). Le groupe démocrate-chrétien, et en particulier le démocrate-chrétien qui s'adresse à vous, n'est pas aussi pessimiste ou pas tout à fait d'accord avec les propos tenus par M. Bernard Annen.

En effet - et M. Spielmann reprend aussi une partie de ces reproches - c'est vrai qu'une partie du travail de la commission peut paraître relativement peu aboutie. Je vous le concède. J'aimerais que l'on resitue toutefois le travail de la commission, à un moment où beaucoup d'événements se déroulaient à l'usine Kugler - il y a même eu un incendie. Ce que souhaitait le président Moutinot, c'était une réponse très claire à la question suivante: doit-on, oui ou non, maintenir l'usine Kugler ? Cela est vraiment déterminant quant à l'idée d'aménagement que l'on peut se faire ensuite de cette pointe de la Jonction. A cet égard, la réponse est extrêmement claire. Même si, c'est vrai, quelques-uns ont eu des réticences, une grande majorité de la commission s'est très clairement prononcée en faveur de la démolition de l'usine Kugler.

A partir de là, c'est vrai que l'on peut imaginer un certain nombre de choses, et notamment, Monsieur Jean Spielmann, vous avez raison d'évoquer le problème du dépôt des TPG.

J'étais de ceux, je ne vous le cache pas, qui étaient de votre avis, à savoir qu'il fallait sortir les TPG - ou en tout cas leur couvert, qui se situe actuellement dans la zone de verdure - de la pointe de la Jonction. Je dois dire que j'ai été de ceux qui ont été extrêmement sensibles aux propos tenus par les gens des TPG, en particulier à ceux de M. Richardet, qui est venu nous dire combien cette installation du côté de la pointe était précieuse pour les TPG, en soulignant la facilité qu'elle représentait pour se connecter sur le réseau. Il est également vrai que l'on ne nous a pas mis en exergue une solution toute faite, dans un autre site du canton ou de la ville, qui puisse répondre à de telles exigences.

Nous avons décidé de maintenir ce couvert ou de le riper dans une zone adéquate. La zone de verdure, quant à elle, doit non seulement être rendue aux gens du quartier - nous sommes unanimes à ce sujet - mais également à l'ensemble de la population genevoise. J'insiste sur ce point. Il s'agit en effet d'un site unique dans la ville, que peu de Genevois connaissent, mais que je les encourage à découvrir. C'est un site qui est actuellement délaissé, en friche. C'est extrêmement dommage, parce qu'il s'agit d'un site de loisirs et de détente qui pourrait être formidable. Une fois qu'on a décidé de démolir l'usine Kugler, que fait-on ?

Il y a un besoin de logements dans le canton, mais il y a un besoin encore plus grand dans le centre-ville, afin de limiter les déplacements - ce qui rejoint d'ailleurs les préoccupations de développement durable. Selon nous, démocrates-chrétiens, et étant donné la qualité de ce site - situé entre un fleuve et une rivière, entre le Bois de la Bâtie et les falaises de Saint-Jean - il faut y construire du logement et, si possible, en assez grand nombre. Partant de là, nous pensons que nous avons l'occasion formidable, dans ce canton et dans cette ville, de réaliser un acte urbanistique majeur.

C'est vrai, nous sacrifions le passé, M. Pagani l'a relevé. Peut-être qu'aux yeux de certains, l'usine Kugler est un lieu patrimonial, un souvenir d'une époque de ce quartier. Je crois qu'il faut de temps en temps savoir tourner la page. Le moment est venu de le faire quant à ce site, et de faire de ce lieu, qui était destiné à l'industrie, un lieu de vie, un lieu agréable.

Je vous encourage, Mesdames et Messieurs les députés, à voter ce soir ce qui devrait être le premier acte d'une action ambitieuse sur le plan urbanistique de ce canton.

Incontestablement, toutes les difficultés ne seront pas faciles à résoudre. Encore une fois, je suis d'accord avec M. Spielmann, notamment quant au problème de la circulation. Je crois que, forts de ce constat, il faut absolument privilégier les transports publics et limiter les véhicules privés dans ce secteur, car ramener d'autres véhicules privés - outre ceux qui appartiennent aux riverains - serait extrêmement dommageable.

Au cours des travaux de commission, il nous est apparu que tout n'était pas incompatible, qu'on pouvait fort bien faire riper ce dépôt et y construire, sur une galette réservée auxdits TPG, un certain nombre de locaux. En cela, nous rejoignons une autre de nos préoccupations: je veux parler de la mixité. Une des dernières publications qui nous a été distribuée en commission d'aménagement, revient sur la nécessité de retrouver une mixité dans la ville: de l'activité et du logement, si possible avec des gens qui travaillent là où ils vivent, ou, tout du moins, où ceux qui y vivent rencontrent ceux qui y travaillent. Il y a également la possibilité d'installer les différents services de l'Etat, qui sont à la recherche de locaux - je pense notamment à l'OCP.

Enfin, j'aimerais terminer en m'adressant, une fois n'est pas coutume, à M. Pagani. Vous avez parfaitement le droit, Monsieur Pagani, de dénigrer les propositions que font les démocrates-chrétiens à cet égard. C'est vrai que nous avons essayé, avec les petits moyens qui sont internes à notre parti, avec des «architectes-maison» pleins de bonne volonté, d'esquisser des avant-projets pour illustrer nos propos. Quel toupet vous avez, Monsieur Pagani, de qualifier notre projet de «machin». Je ne peux pas accepter une telle attitude, c'est un dénigrement de notre travail de réflexion. En ce qui me concerne, Monsieur Pagani, je ne peux pas dénigrer votre travail de réflexion: il n'y en a pas.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

Présidence de M. Pascal Pétroz, président

Le président. Compte tenu de l'heure qui avance et de l'urgence que nous aurons à traiter tout à l'heure, le Bureau vous propose de clore la liste des intervenants.

Mme Loly Bolay (S). J'aimerais tout d'abord revenir sur les invites de cette motion, afin de répondre concrètement à la demande de M. Portier, concernant l'office cantonal de la population. J'ai appris, en lisant le Journal d'Onex, que l'office cantonal de la population allait s'installer à Onex. C'est un point auquel M. le chef du département du DAEL pourra répondre.

J'aimerais ensuite poser une question à Mme Spoerri, qui, dans son débat, le 14 janvier, a émis l'idée d'un potentiel regroupement géographique des services qui ont une certaine complémentarité. Si l'information, selon laquelle l'office cantonal de la population déménagerait effectivement à Onex dans une année et demie ou deux ans, se confirme, est-ce que certains des services de l'Etat qui ont une complémentarité avec l'OCP seront déplacés - je pense notamment au service des passeports ? Ce rassemblement avec d'autres services, afin de créer une synergie et décloisonner les services de l'Etat - dont la conséquence directe serait une économie pour l'Etat de Genève, ce qui serait déjà quelque chose, par les temps qui courent - aura-t-il effectivement lieu ?

En ce qui concerne l'usine Kugler, beaucoup de choses ont déjà été dites, ce soir. Je dirai que le parti socialiste, comme on l'a déjà dit en commission, n'est pas opposé à la démolition de l'usine Kugler. Cependant, de nombreuses questions qui restent sans réponse. Cette usine présente-t-elle un intérêt architectural, puisque le DAEL préconise d'en conserver l'enveloppe ? A-t-on fait une analyse comparative entre les coûts de démolition et de rénovation ?

Le parti socialiste n'est pas opposé non plus à la construction de logements dans l'usine Kugler. Cependant, nous pensons qu'il serait pertinent de se concerter avec la ville de Genève et surtout avec les associations de quartiers. En effet, il ne faut pas oublier qu'il y a énormément de bruit dans cette zone.

Voilà ce que je comptais dire pour l'instant. Mon collègue Alain Etienne complétera.

Présidence de Mme Marie-Françoise de Tassigny, première vice-présidente

M. Alain Etienne (S). Les socialistes renverront cette motion au Conseil d'Etat.

Je dois cependant formuler un regret à l'égard de l'une des invites concernant l'usine Kugler. M. Portier a pesé de tout son poids dans cette décision, en proposant de ne pas tenir compte de la présence de l'ancienne usine Kugler. Comme l'a souligné Mme Bolay, lorsqu'elle parlait du patrimoine: avant de prendre une décision, il faut disposer d'une analyse précise afin de savoir ce qu'il en est de la valeur patrimoniale des bâtiments.

J'aimerais ensuite rappeler que, actuellement sur ce lieu, il y a toute une activité. Nous aurons l'occasion d'en discuter lorsque nous parlerons de la pétition qui concerne les utilisateurs de l'usine Kugler. Il y a eu cet incendie, mais il y avait toute une activité - la maison de quartier utilise ce lieu - ce qui prouve qu'il y a un besoin réel de locaux.

C'est vrai que le PDC a proposé, comme par hasard il y a quelques semaines, dans la semaine suivant le dépôt de cette motion, des tours à la pointe de la Jonction. Il faudrait d'abord demander à la ville de Genève quels sont les besoins en matière de logements. La ville de Genève s'est engagée à construire 150 logements par année sur son territoire communal, mais ça n'est peut-être pas à cet endroit-là qu'elle veut du logement, et je pense qu'une concertation devrait avoir lieu avec elle. La ville de Genève est déjà un lieu très densifié, très bâti; elle a besoin d'espaces verts, d'espaces libres.

J'aimerais revenir - et j'y reviendrai toujours - au territoire de Frontenex- La Tulette: si on avait déclassé ce périmètre en zone de développement, on aurait pu construire des tours, comme il y en a à la Gradelle. A la Gradelle, l'urbanisme fonctionne et le PDC aurait pu proposer des tours à cet endroit, chose qu'il n'a pas faite.

Je regrette cette invite sur la démolition de l'usine Kugler, cependant, le parti socialiste renverra cette motion au Conseil d'Etat.

M. Christian Grobet (AdG). Je voulais intervenir dans le même sens que M. Etienne, à savoir qu'il est inconcevable d'imaginer l'aménagement de ce secteur de la ville de Genève, sans y associer très étroitement la ville. Tous les projets urbanistiques, qui ont été imaginés du temps du gouvernement monocolore, ont échoué en ville de Genève, lorsque l'Etat a voulu imposer des solutions qui n'étaient pas acceptées par la population locale. Ce partenariat avec la ville de Genève est indispensable, c'était la première chose que je voulais dire. Il semblerait, entre parenthèses, que la ville n'ait même pas été entendue.

Vous savez, Monsieur Portier, vous venez tirer des plans sur la comète, mais c'est un peu facile de dire qu'il faut faire un ouvrage emblématique, une grosse tour majestueuse, sur la pointe de la Jonction, pour empiler la population et surdensifier la ville. Si la ville de Genève votait une résolution pour construire une tour comme celle-là sur la commune de Veyrier, vous hurleriez, vous protesteriez, vous diriez: «C'est un scandale qu'on bafoue pareillement l'autorité communale !» Vous adoptez un double langage, Monsieur Portier. Je me permets de vous le dire, en tant que magistrat ou ancien magistrat de Veyrier. Car lorsqu'on veut faire ne serait-ce qu'une petite densification dans votre commune, vous hurlez, alors que vous trouvez normal de densifier la ville de Genève.

La ville de Genève est la ville la plus dense de toutes les villes suisses. Vous n'avez nullement l'intention de faire un ouvrage emblématique, vous voulez pouvoir dire à la population que vous allez construire 200 logements d'un coup. C'est une surdensification inacceptable dont vous n'admettez même pas le dixième dans la chasse gardée de votre clientèle électorale à la Gradelle. On ne peut pas à la fois dire que l'on ne veut pas densifier, de manière pourtant raisonnable, à la Gradelle, et vouloir surdensifier au centre de la ville - dans un quartier que je connais bien et que vous ne connaissez manifestement pas, pour y faire de telles propositions. Il n'y a pas de zone de verdure.

Vous vivez dans une commune dans laquelle il y a des jardins partout, c'est superbe; à la Jonction, la ville de Genève a dû racheter, à prix d'or, le parc Gourgas, qui est le seul endroit où les enfants peuvent jouer. Alors vouloir encore surdensifier ce quartier est une provocation inadmissible !

En ce qui concerne le dépôt des TPG. Il est absolument invraisemblable de prétendre aujourd'hui que l'on pourrait évacuer un dépôt pour lequel on a fait un investissement de 40 à 50 millions de francs. Ce dépôt est indispensable au fonctionnement du réseau des TPG, qui auront d'ailleurs besoin d'un troisième dépôt sur la rive droite, afin de faire face à tous les achats de trams qui seront faits. On ne peut pas se séparer de ce dépôt de la Jonction qui est très bien centralisé et qui est un élément fondamental du fonctionnement des TPG, vous le savez.

Maintenant, faut-il faire du logement à cet endroit ? Cela peut paraître séduisant. J'aimerais cependant souligner quelque chose, que vous ne connaissez pas, parce que vous ne côtoyez que les gens qui vivent dans vos quartiers de villas à Veyrier. Vous ne connaissez pas les gens de la Jonction... (Manifestation dans la salle.)...qui protestent contre le bruit des bus. (L'orateur est interpellé.)Parfaitement ! Je connais bien le problème. Les gens, à la Jonction et à Saint-Jean, se plaignent du bruit des moteurs de bus qu'il faut chauffer tôt le matin en hiver. On peut donc étudier la question du logement, mais j'aimerais souligner que, lorsqu'on a imaginé de faire du logement au-dessus du dépôt qui a été construit à la Jonction, finalement, le Grand Conseil, dont vous aviez la majorité à l'époque, n'a pas voulu de logements à cet endroit, précisément en raison des nuisances du dépôt. Il faudrait peut-être ne pas être trop amnésiques.

Quant à l'ex-usine Kugler, j'aimerais appuyer ce qu'a dit M. Etienne. Je trouve déplorable cette façon que l'on a, à Genève, de ne pas porter d'intérêt à l'égard de notre patrimoine. L'usine Kugler est probablement le seul exemple qui reste de bâtiments construits au début de l'ère industrielle de notre canton. Vous verrez que les associations de patrimoine se battront pour le maintien de ce bâtiment, comme elles se sont battues pour toute une série de bâtiments que les propriétaires ont délibérément dégradés pour tenter de les démolir. Tout le monde se pâme d'admiration à l'égard de l'ancienne prison de Saint-Antoine, qui, je le rappelle, devait être démolie; à l'égard de l'hôtel Métropole, qui devait être démoli; à l'égard du quartier des Grottes, qui devait être rasé; à l'égard du quartier de Villereuse, où il devait en être de même. Tout le monde, aujourd'hui, même dans vos milieux, se pâme d'admiration devant ces réussites en matière de restauration. C'est vrai que l'usine Kugler est aujourd'hui en mauvais état. Vous verrez, le jour où elle sera rénovée, que c'est un bâtiment remarquable.

Il y a quand même eu certains députés qui se sont préoccupés du maintien de la dernière cheminée industrielle de Genève. Je ne sais pas comment cette cheminée s'accordera avec la tour de M. Portier, la cheminée se trouvant à dix mètres de cette dernière, mais, permettez-moi de vous dire, en tant que militant en faveur de la protection du patrimoine, que c'est grotesque de vouloir maintenir cette cheminée sans maintenir le bâtiment qui l'accompagne. Il y a des règles élémentaires, en matière de protection du patrimoine, qui veulent qu'on ne garde pas simplement un symbole à titre décoratif, mais que c'est bien entendu le bâtiment lui-même qui doit être préservé. Situé dans un quartier qui est déjà assez dense comme ça - et qu'il n'y a donc pas besoin de densifier davantage en faisant des tours de trente étages - ce bâtiment mérite d'être restauré. Une partie de ses locaux peut très bien être affectée à des bureaux, une étude a été faite, par le département, de manière tout à fait correcte. Quant à l'ancienne partie, la Halle, elle devrait être affectée à d'autres besoins. Il faut interroger la ville de Genève à ce sujet, je suis persuadé qu'elle aura des propositions intelligentes à faire. Elles seront en tout cas meilleures que votre projet, Monsieur Portier. Et puisque vous dénigrez ceux qui osent le critiquer, je me permets de vous dire que je pense qu'il y a des projets qui sont de meilleure qualité que votre tour de trente étages.

Présidence de M. Pascal Pétroz, président

Le président. Merci, Monsieur le député. Je vous félicite pour votre ponctualité, vous avez parlé sept minutes et une seconde. Bravo. Cela étant, vous vous rappelez sans doute que lorsque M. Jean Spielmann a été mis en cause hier soir, je lui ai donné deux minutes pour répondre. Je considère que M. Portier a été mis en cause, je lui donne également deux minutes pour répondre, pas une seconde de plus. Monsieur Portier, vous avez la parole.

M. Pierre-Louis Portier (PDC). Je vous remercie, Monsieur le président, il ne m'en faudra même pas deux, il ne m'en faudra qu'une.

D'habitude, lorsque je fais l'objet de telles attaques, je m'énerve. Ce soir, je n'ai pas du tout l'intention de m'énerver. Je constate, Monsieur Grobet, comme je l'ai constaté lors de la séance précédente, que, lorsque vous n'avez plus d'arguments, vous passez alors aux attaques personnelles. Vous me ressassez chaque fois le lieu privilégié dans lequel je vis. Je ne vous ferai même pas la liste de toutes les réalisations que la commune de Veyrier a connues en matière de logement, vous êtes au courant que nous sommes en train d'en préparer une autre. C'est assez bas de votre part de m'attaquer sur ce point.

J'aimerais encore apporter une précision. Lorsque vous dites qu'il n'y a pas de zone de verdure, vous avez raison. Vous voyez que nous pouvons être d'accord. Mais si vous aviez mieux étudié votre dossier, vous auriez pu voir que dans le «zoning» actuel, il est prévu une zone de verdure, qui est déjà classée comme telle, mais qui est occupée par le dépôt des TPG. Ce que nous voulons faire, c'est justement la réhabiliter. Ne nous faites donc pas de procès de mauvaise intention !

Monsieur Grobet, je vous observe, votre carrière politique est intéressante, dans cette République, mais je m'aperçois que vous ne changez pas. Vous avez mené de bons combats, d'autres nettement moins bons, mais je crois que vous vous arc-boutez sur un certain nombre de choses.

Monsieur Grobet, je crois que vous avez fait votre temps, je vous demande de tourner la page. (Quelques applaudissements. Rires.)

M. Rémy Pagani (AdG), rapporteur. L'intensité de notre débat démontre à quel point nous pouvons, les uns et les autres, nous trouver sur des planètes différentes, ou, en tout cas, avoir des divergences très importantes.

Cela dit, Monsieur Annen, il ne faut pas se tromper de débat. Le projet de motion que vous avez déposé concernait la maison verte, qui a été décidée ailleurs. On n'a donc pas repris ni détourné votre motion, on a pris l'essence de votre motion, qui concernait la pointe de la Jonction, et on en a fait autre chose.

Cela dit, Mme Bolay l'a relevé à juste titre, l'OCP a trouvé un point d'ancrage à Onex et c'est tant mieux.

En ce qui concerne ma réflexion, dont M. Portier se permet d'affirmer qu'elle fait défaut: je dois avouer ne pas comprendre la raison pour laquelle M. Portier a passé une heure ou une heure et demie avec moi, dans les locaux de la Tribune de Genève, pour débattre ensemble de ce que devrait être l'urbanisme à Genève. Qu'a-t-on fait, à ce moment-là, si ce n'est de réfléchir ensemble à des solutions ?

Les propositions que nous avons formulées, à cette occasion, sont des réflexions de l'Alliance de gauche. Ces dernières, assez claires aujourd'hui, figurent dans cette motion. Il n'est pas dit dans cette motion, Monsieur Portier, ou vous, Messieurs qui êtes intervenus préalablement, que le bâtiment emblématique pourrait être, devraitêtre une tour de seize étages; il est dit qu'on donne mandat à des architectes, à des urbanistes afin qu'ils proposent des mesures architecturales pour mettre sur pied des bâtiments emblématiques. Cela pourrait très bien être tout ou partie de l'usine Kugler.

Nous n'avons pas adopté de position définitive, et je vous renvoie au compromis - parce que c'est bien un compromis que nous avons passé entre nous, Monsieur Annen - le terme est très clair. Nous mandatons des architectes et des urbanistes, ce n'est pas notre métier, en envisageant de ne pas tenir compte du maintien du bâtiment de l'usine Kugler. Cela veut bien dire ce que ça veut dire, à savoir de voir s'il est possible de tenir compte ou pas de l'usine Kugler. Nous verrons quels projets seront proposés.

Je crois qu'aujourd'hui une étape doit être franchie dans ce dossier, afin de donner mandat au département de mettre une petite équipe sur pied, qui aille de l'avant, qui fasse des propositions sur l'ensemble des points que nous avons relevés et sur lesquels nous avons trouvé un consensus.

Si, les uns et les autres, nous ne nous en tenons pas à ce consensus, nous retomberons dans les débats qui ont déjà eu lieu aujourd'hui, des débats importants mais qui doivent donner lieu à des décisions de compromis qui permettent d'avancer. En l'occurrence, ce consensus devrait amener à un certain nombre de logements, sans une densification excessive de ce quartier, des logements adaptés à sa vie populaire. Ces constructions sont nécessaires aujourd'hui, puisque désormais, vu le développement de la ville, la pointe de la Jonction est un quartier du centre-ville.

M. Jean Spielmann (AdG). Permettez-moi de revenir rapidement sur les arguments qui ont été développés par M. Portier.

En ce qui concerne le logement, nous avions déposé, en son temps, un projet de loi qui visait à déclasser une zone agricole. C'était un sujet totalement tabou, mais on considérait que la crise du logement était telle qu'il pourrait être utile de trouver des parcelles d'un seul tenant et de faire construire des logements à cet endroit-là. On avait choisi, mal nous en a pris, sur le territoire de la commune de Veyrier, du côté de Pinchat, les terrains dits de la Mobag, et quelle levée de bouclier n'avions-nous pas déclenchée ! Or, c'était et c'est toujours un lieu qui n'est pas tellement utilisé par l'agriculture - à part pour quelques moutons qui y paissent - qui permettrait de faire une construction d'un seul tenant. Vous vous y étiez opposé avec la plus grande vigueur, au niveau de la commune de Veyrier, et les personnes, les pauvres, qui défendaient le projet, avaient passé un mauvais moment. Il faut construire du logement à cet endroit-là, on pourrait faire une très belle opération, et on y viendra, ce périmètre sera urbanisé.

Je connais chaque mètre carré de la pointe de la Jonction - pour y avoir pratiqué beaucoup de sports aquatiques - je peux vous dire que des problèmes majeurs vont se poser, dans l'hypothèse de la construction de futurs logements à cet endroit - je ne parle pas des logements qui sont déjà construits avant la rue de la Pêcherie, et qui se trouvent avant le dépôt des TPG, mais de ceux qui se situent après l'usine Kugler, du côté des TPG, et sur les quais des Arénières, et de l'autre côté. Vous rencontrerez des problèmes importants, d'abord parce que le mélange des eaux froides de l'Arve et du Rhône provoque une humidité et un brouillard importants, et qu'on peut trouver mieux pour construire des lieux d'habitation; ensuite, parce que construire du logement à cet endroit exige impérativement qu'on prenne une décision concernant les TPG.

M. Grobet vous l'a dit tout à l'heure, les dépôts, construits pour plus d'une quarantaine de millions de francs - dont on n'a pas encore réglé ni le problème du transfert des actifs ni celui de la manière de gérer tout cela - viennent d'être construits. Où voulez-vous donc mettre les bus - alors que l'on a décidé de mettre les bus à cet endroit, de mettre l'équipement électrique ailleurs et que les trams devraient être sur la rive droite, comme l'a dit M. Grobet, parce que c'est à cet endroit-là qu'il nous faudra construire un nouveau dépôt des TPG ? Cela signifie qu'on y laissera donc les bus. Or pour que les bus fonctionnent l'hiver, il faut les faire chauffer avant qu'ils ne commencent à rouler, c'est-à-dire entre 4 et 5h du matin. Nous avons reçu de multiples pétitions d'habitants - dont certains habitent à Saint-Jean - qui ne supportent pas le bruit de ces véhicules. Alors qu'il nous faut trouver des solutions à ce problème, vous voudriez construire des logements supplémentaires immédiatement à côté du dépôt lui-même. (L'orateur est interpellé.)Oui, en hauteur. Il n'y a rien de mieux que cela pour diffuser le bruit ! Faire une tour à cet endroit, c'est vraiment une idée géniale !

Il y a un autre argument en défaveur de cette proposition. On sait déjà qu'au quai des Arénières, où l'on développera la construction de l'EMS, il y aura des problèmes de convivialité entre les pensionnaires de l'EMS, les habitants et le dépôt parce qu'ils se trouvent sur les lieux où se fait le nettoyage et l'entretien des véhicules. En effet, lorsque les véhicules ont terminé de circuler, ils passent dans des tunnels de lavage sous les futures fenêtres de l'EMS. Je suis persuadé que d'ici très peu de temps, nous recevrons des pétitions, des réclamations concernant le bruit, entérinant ainsi l'incompatibilité de ces deux formes d'activité.

Par conséquent, ou bien vous faites un choix et vous trouvez une autre solution pour les TPG - pour moi, le lieu va très bien et on peut le garder - ou bien vous le laissez en place, mais, il faut savoir qu'il est incompatible avec le déclassement de cette zone de verdure en logements, parce que si vous y construisez du logement, vous rencontrerez pétitions, problèmes et conflits ingérables à cause du bruit, de problèmes liés à la circulation et, encore et surtout, pour des questions de développement du secteur. En effet, si l'on veut continuer à développer les TPG en prolongeant leur activité plus tard dans la nuit et plus tôt le matin, les désagréments seront encore plus grands.

Par conséquent, la proposition de faire du logement à haute densité à cet endroit est une mauvaise solution et je pense qu'il faut avoir le courage politique de faire un choix. Si vous construisez des tours à la Jonction, il vous faut nous dire où vous comptez mettre le dépôt des TPG. Si vous voulez maintenir le dépôt des TPG, vous ne pourrez pas construire de logements, parce que c'est tout simplement incompatible.

M. Bernard Annen (L). Lorsque je suis intervenu en tout début de ce débat, je disais que la proposition qui nous est faite ce soir était une non-solution. M. Pagani se réjouissait de l'unanimité du vote de la commission et de celle, qu'enfin ce soir, on allait trouver ici, et il nous demandait de voter cette motion. J'étais d'accord de voter cette motion, mais à chaque ligne de son rapport, on devinait des «réserves mentales», dont les plus fortes ont été émises aujourd'hui par son propre groupe. Ce sont des objections que nous connaissons depuis fort longtemps, qui reviennent aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle je suis étonné de ne pas trouver lesdites critiques dans ce rapport, fait par M. Pagani.

M. Pagani essaie de se défendre. Je le comprends: je ne me suis jamais trouvé dans une situation telle que celle dans laquelle vous vous trouvez, à savoir d'être un rapporteur de majorité avec une si forte critique de mon propre groupe. Je peux toutefois concevoir que ça n'est pas facile. M. Pagani revient à la lecture et dit: «à la deuxième invite, finalement, on demande d'étudier la possibilité de supprimer ou de ne pas supprimer l'usine Kugler.» Que dit effectivement le texte de la motion ? «En avisant de ne pas tenir compte du maintien de l'usine Kugler.» Vous m'avez habitué, Monsieur Pagani, à maîtriser relativement bien le français. Ce texte signifie qu'il faut supprimer l'usine Kugler. Je pense donc qu'il y aura tellement d'oppositions - que ce soit de la part de Patrimoine Vivant, M. Grobet nous en a fait la démonstration; de la part de M. Spielmann, en tant qu'administrateur des TPG; celle de M. Etienne, avec toutes les restrictions qu'il a mentionnées tout à l'heure - que nous allons droit dans le mur. Nous n'allons rien faire du tout et tout le monde le déplorera.

Alors, stupéfaction ! On nous propose d'aller négocier avec la Ville de Genève. Trois ans de travail et personne n'a eu l'idée de demander une audition de la Ville de Genève sur un territoire qu'elle abrite, et sur un périmètre et un site aussi sensibles que cela ! Qu'il y ait une guerre entre la Ville et le Canton, ça n'est pas mon affaire. Ne venez pas nous dire, après trois ans de travail, que la solution consiste dans le fait d'allez discuter avec la Ville de Genève !

Nous allons soutenir cette motion, tout simplement pour donner l'impulsion au Conseil d'Etat - même si j'ignore comment il s'en sortira - pour qu'il fasse quelque chose. Qui, dans cette salle, serait opposé à l'agrandissement de l'EMS des Arénières ?

Je crois qu'il faudra procéder par étapes, et vous n'y couperez pas. Votons cette motion, soutenons-la, en demandant au Conseil d'Etat de procéder aussi par étapes, de négocier - M. Moutinot le fait - dans l'ensemble des communes, la possibilité d'un développement ou d'un autre, mais faisons quelque chose !

M. Rémy Pagani (AdG), rapporteur. D'un point de vue technique, une des invites doit disparaître de la motion, puisque l'office cantonal de la population a trouvé refuge ailleurs. Il faudra donc que vous proposiez de supprimer l'invite, puisqu'elle est devenue caduque.

Cela dit, Mesdames et Messieurs les députés, un débat s'est engagé au sujet de l'édification de tours, à la Jonction. Nulle part, en commission ou dans les invites, il n'a été question de soutenir la possibilité de construire des tours à la Jonction. Le débat a été clair, en commission, et si nous avions voulu implanter des tours à la pointe de la Jonction, nous nous serions mis d'accord sur un libellé d'invite, chose qui n'a pas été faite.

Cela dit, Monsieur Annen, je trouve un peu déplorable de se fixer sur l'usine Kugler ou sur les TPG, parce qu'il y a d'autres secteurs qui méritent de l'attention, à la pointe de la Jonction. Je rêve, Monsieur Annen, d'une pointe de la Jonction sans voitures. Pourquoi des urbanistes et architectes ne se mettraient pas ensemble pour nous proposer un projet cohérent qui, non seulement, Monsieur Portier, mettrait la pointe de la Jonction en zone de verdure de manière effective, mais qui créerait aussi un véritable lieu de vie par le biais d'une idée architecturale et urbanistique qui prenne l'ensemble de cette pointe en compte. Ce n'est qu'après que nous discuterions de l'avenir de l'usine Kugler.

La méthode que nous proposons ici est de prendre en considération l'urbanisation de l'ensemble de cette pointe de la Jonction. Les questions relatives à l'usine Kugler et aux TPG viendront ensuite - quoique la question des TPG ait déjà été réglée en commission. Il est évident que nous ne soustrairons pas quarante millions de francs d'investissements du jour au lendemain, ce serait stupide. Nos concitoyens pourraient nous le reprocher, à bon escient, d'ailleurs.

J'aimerais aussi dire que la pointe de la Jonction ne se résume pas seulement à l'usine Kugler: il y a la rue des Deux-Ponts et la rue des Falaises. Il y a là un «no man's land», l'usine Bayler, par exemple. Toute une série d'endroits doivent être pris dans une urbanisation et une architecture cohérentes, qui permettent d'améliorer la qualité de la vie. Il faut que nous trouvions une équipe d'architectes et d'urbanistes qui connaissent très bien ce quartier

M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. Je ne sais pas si c'est l'approche de Noël qui me rend optimiste, mais je trouve néanmoins que ce débat et les conclusions de cette motion sont tout à fait positives. En effet, vous fixez un certain nombre d'objectifs, dont certains sont réalisables à court terme - par exemple, l'agrandissement de l'EMS; d'autres, en revanche, comme le déplacement du dépôt des TPG, se révèlent être des objectifs à long voire très, très long terme. Mais c'est bien le travail qu'il convenait de faire. En effet, il s'agissait de se poser la question de savoir ce que, idéalement, vous voudriez à cet endroit, sachant que pour y parvenir, il faudra procéder objet par objet, selon un emploi du temps qui sera par ailleurs différent. Il est vrai que la question de l'office cantonal de la population ne se pose plus: cela peut continuer à figurer historiquement dans la motion mais un bail a été signé pour cette administration à Onex.

Le processus se déroulera sous votre strict contrôle, parce qu'il y aura forcément soit des investissements soit des mesures d'aménagement de votre compétence. Cela fait que vous aurez l'occasion de vous reprononcer sur ce dossier, mais, maintenant, nous irons dans le cadre que vous avez déterminé en commission - apparemment ce que la plénière va ratifier - et c'est sur cette base que l'on peut engager des études, que l'on peut aussi discuter avec la Ville de Genève - Monsieur Annen, j'avais de la peine à discuter d'une chose dont je ne savais pas si vous la vouliez. A partir de maintenant, les choses seront plus claires, et il est possible que des interactions conduisent à des modifications, nous verrons cela. Nous aurons au moins une chose: une orientation générale du Grand Conseil. Or c'est ce que je voulais avant de dépenser le moindre centime, puisque le précédent projet du Conseil d'Etat avait été refusé, mais que la majorité «refusante» était composée de toute une série de minorités qui n'étaient pas d'accord entre elles. Aujourd'hui, et je vous en félicite, vous arrivez, sans régler tous les problèmes, à donner une idée de ce que vous voulez à la pointe de la Jonction. Je me rallie volontiers à cette idée, parce qu'elle me paraît raisonnable.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Avant de procéder au vote sur la motion proprement dite, nous allons d'abord voter sur la proposition d'amendement qui consiste à supprimer l'antépénultième invite, dont la teneur est: «en examinant en particulier l'opportunité d'y installer les locaux de l'office cantonal de la population».

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mise aux voix, la motion 1370 ainsi amendée est adoptée par 62 oui contre 1 non et 3 abstentions.

Le président. J'ai deux nouvelles à vous annoncer. Vous les connaissez d'ailleurs déjà. La première est une bonne nouvelle: il est 19 heures, heure à laquelle nous devions en principe achever nos travaux. La seconde et mauvaise nouvelle, si j'ose dire, est que nous avons voté, il y a deux heures, l'urgence pour le point 92. Nous allons donc passer au point 92. J'espère que les travaux pourront se faire relativement rapidement, de manière que nous puissions tous rentrer dans nos foyers à une heure raisonnable.