République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 10 décembre 2021 à 10h
2e législature - 4e année - 6e session - 36e séance
R 981
Débat
Le président. Nous passons aux urgences votées en début de session en commençant par la R 981, classée en catégorie II, trente minutes. Je cède la parole à M. le député Murat-Julian Alder, auteur.
M. Murat-Julian Alder (PLR). Je vous remercie, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le 9 novembre 2021, l'incident ferroviaire dit de Tolochenaz a eu pour effet de couper le canton de Genève et le district de Nyon de tout accès par le rail au reste de la Suisse, et cela pendant plusieurs semaines. Nous tenons ici à remercier les CFF d'avoir rapidement pris les mesures d'urgence qui s'imposaient, notamment en assurant une liaison par bus entre Allaman et Morges. Nous remercions aussi les entreprises, et leurs salariés, qui ont oeuvré à la reconstruction de la ligne interrompue. Malheureusement, comme l'avait relevé à juste titre notre conseiller d'Etat chargé des transports, ce type d'incident pourrait se reproduire dans les années à venir. Contrairement aux axes ferroviaires Olten-Zurich ou Lausanne-Berne, il n'existe - hélas ! - aucun itinéraire alternatif direct entre Genève et Lausanne. C'est cette lacune ferroviaire que la proposition de résolution 981 se propose de combler.
Ladite résolution, que le groupe libéral-radical a déposée le 17 novembre 2021, procède d'une démarche entreprise avec le PLR vaudois, qui a d'ores et déjà obtenu le renvoi de son objet au Conseil d'Etat de notre canton voisin. Nous remercions aussi les représentants des groupes du Centre et des Verts qui ont rejoint les signataires de notre proposition. Il est vrai que le PLR a pour habitude de rappeler que les résolutions à l'attention de l'Assemblée fédérale doivent être utilisées de manière parcimonieuse. L'importance de l'enjeu pour notre région exige toutefois que l'arc lémanique s'adresse à la Confédération d'une seule et même voix.
Il y a plus de douze ans, l'union sacrée des partis gouvernementaux que sont le PLR, le PDC, les Verts et les socialistes a permis de convaincre le peuple genevois de réaliser le Léman Express. Cette infrastructure ferroviaire historique est un succès incontestable - nous en avons d'ailleurs encore parlé hier soir -, sauf peut-être quand il y a de la neige comme ce matin. Désormais, nous en appelons à une union encore plus grande de la classe politique genevoise afin de convaincre la Confédération, aux côtés de nos homologues vaudois, que l'arc lémanique mérite lui aussi un développement ferroviaire digne de ce nom, au même titre que les régions de Berne ou de Zurich. C'est donc avec beaucoup de plaisir que nous vous invitons à voter la proposition de résolution 981. Merci beaucoup.
Le président. Merci, Monsieur le député. J'en profite pour vous souhaiter, au nom de l'assemblée, un joyeux anniversaire. (Exclamations. Applaudissements.) Monsieur le député Thomas Wenger, à vous la parole.
M. Thomas Wenger (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, il va de soi que le groupe socialiste soutiendra cette résolution. Notre Grand Conseil genevois doit en effet présenter un front politique commun, et celui-ci doit aussi s'étendre, mon collègue Murat Alder l'a dit, à tout l'arc lémanique - soit à nos collègues du parlement vaudois - pour faire du lobbying et demander clairement à Berne d'investir plus dans le réseau ferroviaire entre Genève et Lausanne.
On l'a notamment évoqué en rapport avec le Léman Express: à Zurich, ça fait trente ou quarante ans qu'ils l'ont compris et qu'ils font front commun - quels que soient les partis, de gauche, de droite - pour demander de l'argent, des financements à la Confédération. Qu'ils ont obtenus: ils ont créé depuis trente ans un réseau de S-Bahn absolument incroyable. Berne a suivi, puis Bâle; quant à nous, nous avons toujours plus ou moins tourné le dos à la Berne fédérale.
Depuis dix ou quinze ans, les choses ont changé puisque nous avons effectivement réussi - en faisant front commun, comme mon collègue PLR l'a également rappelé - à voter les crédits et à en obtenir de la Confédération pour construire notre Léman Express. Je l'ai dit hier et je le redis, même si ça chauffe les oreilles du MCG: ce Léman Express est un véritable succès - pas seulement pour Genève mais pour toute l'agglomération franco-valdo-genevoise - avec plus de 50 000 utilisatrices et utilisateurs par jour, et M. le conseiller d'Etat Dal Busco nous l'a aussi rappelé. Les chiffres sont implacables, et donc déclarer - je reprends les propos tenus hier soir par mon collègue MCG - que c'est un courant d'air quand on va dans les gares du Léman Express, eh bien votre discours, Monsieur Dimier, c'est du vent ! Il suffit d'aller dans ces gares pour voir le monde qui prend les trains du Léman Express, que ce soit à Genève, dans le canton de Vaud ou en France voisine.
Oui, nous devons faire front commun: il n'est pas possible que tout un réseau ferroviaire soit bloqué à cause d'un trou à Tolochenaz. A l'heure actuelle, 60 000 personnes environ prennent le train ou en descendent à la gare de Cornavin; à l'horizon 2030, 100 000 voyageurs sont prévus sur la ligne entre Genève et Lausanne, que ce soit sur des InterCity, des InterRegio, des régionaux ou le réseau du Léman Express et du RER vaudois. Nous devons donc absolument afficher aujourd'hui un front politique commun pour demander plus d'investissements à la Confédération et aux CFF afin de disposer d'un réseau ferroviaire encore meilleur et d'une vraie alternative à la voiture. C'est le seul moyen d'avoir une mobilité plus durable. Merci.
M. François Baertschi (MCG). Pour répondre une fois de plus au député Thomas Wenger, le Léman Express, c'est un flop ! C'était un flop ce matin, avec des retards considérables sur le réseau parce que ce Léman Express, bien qu'il soit en site propre, ne résiste pas à la neige. Il a des retards considérables ! Un député a pu observer trente-cinq minutes - trente-cinq minutes ! - de retard, ce qui veut quand même dire que c'est un flop à ce niveau-là, comme c'est bien évidemment un flop sur d'autres points, malheureusement.
Pour en venir à cette résolution, si le groupe MCG la soutient - et la soutient avec conviction -, nous déplorons malgré tout que le PLR, qui avait lancé... Le PLR lance parfois de bonnes idées, mais il ne va pas jusqu'au bout. C'est notamment le cas de la fameuse boucle ferroviaire: il nous a lâchés en pleine campagne ! Il a lancé le projet d'étudier - étudier, ce n'est pas grand-chose ! - cette boucle ferroviaire, et hop: il nous a lâchés en pleine campagne ! Alors c'est bien gentil, je remercie très profondément le groupe PLR d'avoir déposé cette résolution, mais j'espère qu'il ira jusqu'au bout.
Quant à la fameuse boucle qui était tellement contestée, eh bien elle correspond à la demande de la résolution ! C'est-à-dire un doublement de la voie entre Genève et Lausanne. C'est déjà un début à l'extrémité du réseau, à Genève. Je crois qu'il faut commencer à défendre les intérêts genevois et arrêter de plier devant les CFF qui n'y comprennent malheureusement rien, qui n'ont rien compris à Genève. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Genève a d'abord été reliée au réseau français et que ce n'est qu'ensuite que Cornavin l'a été au réseau suisse via Lausanne. Il faut donc renouer avec la primauté de Genève, la primauté des intérêts genevois, et aller dans cette direction.
Nous soutiendrons cette résolution. Le message que nous livrons est le suivant: arrêtons avec les projets foireux tels que le Léman Express, c'est-à-dire très coûteux et avec un rapport coûts-bénéfices malheureusement insuffisant. Je n'ai pas dit qu'il était nul: le MCG n'a jamais dit qu'il était nul, mais que c'est disproportionné, mal adapté et que ce n'est pas ce qu'il faut pour Genève. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Nous voulons en revanche des transports publics, des transports ferroviaires de qualité, mais qui soient bien étudiés. C'est cela qui est nécessaire pour Genève et c'est pour cette raison que nous soutiendrons avec conviction cette résolution...
Le président. Merci.
M. François Baertschi. ...en souhaitant qu'elle ne soit pas abandonnée en cours de route. Merci, Monsieur le président.
M. Jacques Blondin (PDC). Au PDC, nous allons évidemment soutenir cette résolution. Je voudrais juste faire un rappel historique: il y a plus de quarante ans que la problématique de cette ligne Genève-Lausanne a été identifiée. Entre-temps, il y a eu les transversales alpines et d'autres projets à Genève, et les milliards de la Confédération sont plus partis vers la Suisse alémanique que vers la Romandie. Il est donc grand temps de poser des questions et de mettre la situation en avant à Berne, mais c'est effectivement à nos élus genevois sous la coupole de faire le job pour que nous puissions, de manière homogène, négocier avec la Berne fédérale en évitant les Genfereien habituelles, quand parfois certains groupes n'arrivent pas à s'entendre avec d'autres.
Et puis profitons aussi de cette résolution pour nous poser la question de cette métropole lémanique. Swissmetro a été discuté il y a pas mal d'années; c'est une hypothèse. La temporalité va évidemment être bloquante dans cette affaire: si on doit discuter de projets à quarante ans, ça va être long. Je pense que le projet de la résolution, c'est d'aller beaucoup plus vite et je me réjouis, à cet égard, d'entendre les propos de M. Dal Busco. Le PDC soutient donc fermement cette résolution. Merci.
M. David Martin (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe des Verts remercie le PLR d'avoir pris l'initiative de déposer cette résolution. Il l'a cosignée avec plaisir, en particulier parce que le texte qu'on adresse à Berne est pour une fois justement de compétence fédérale. C'est donc un message fort que nous devons faire passer.
Vous le savez, le train a un bilan carbone incomparable à tous les autres. C'est un facteur 4 pour tous les trajets en train qui sépare ce mode de transport de la voiture en particulier; le ferroviaire sera par conséquent très important pour l'avenir des transports, tant pour les trajets courts que pour les destinations plus lointaines. Tous les adeptes de la mobilité électrique doivent en effet savoir que le passage à une voiture électrique ne réduit les émissions que de 50% environ. Dans le futur, cette ligne Genève-Lausanne sera donc très importante pour les passagers - pour accompagner le développement de l'arc lémanique, pour les trajets vers Morges, Lausanne, mais également Berne, Zurich ou encore pour desservir toute l'Europe du Nord et l'Europe de l'Est, avec probablement aussi un retour des trains de nuit.
Elle sera en outre fondamentale, et on l'a peu mentionné jusqu'à maintenant, pour le transport de marchandises qui est en très forte croissance et qui va continuer à croître. Il faut savoir que sur cet axe transitent d'importantes quantités de légumes que l'on achète ensuite tous les jours dans les commerces, mais aussi du ciment, du bois - et bientôt, on l'espère, encore plus -, tous les colis que nous commandons sur internet, etc., etc. Cette ligne arrive aujourd'hui clairement à saturation: il n'y a plus assez de sillons si bien que tout se bloque à la moindre anicroche, parfois pour quelques heures, parfois, comme on l'a vu, pour quelques semaines.
Genève est donc bien trop vulnérable avec son raccordement actuel au reste de la Suisse et il est extrêmement important de remédier à ce problème. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Parce que c'est bel et bien en développant une offre de transports en commun de qualité que les gens feront le choix de renoncer à la voiture. Quant au tracé de cette future ligne, les Verts préféreront qu'elle puisse se réaliser sans dommage ni emprise sur les surfaces agricoles...
Le président. Merci.
M. David Martin. ...et naturelles, et pourquoi pas plutôt sur la partie occupée aujourd'hui par le réseau routier. Merci beaucoup.
M. Christo Ivanov (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, les cantons suisses alémaniques, et surtout leurs grandes métropoles Zurich, Berne et Bâle, ont en effet compris depuis longtemps comment trouver des financements à Berne. On a vu comment Zurich a financé son métro et toutes ces véritables oeuvres d'art, car avec les problèmes liés au franchissement de la Limmat, ça a été un véritable exploit technologique - j'ai eu l'occasion de visiter les chantiers, c'était impressionnant. Eux, ils ont compris et ils ont su développer leur réseau. Nous, à Genève, nous sommes toujours en retard d'une guerre et il s'agit aujourd'hui de rattraper ce retard à l'échelle nationale. Bien que nous soyons l'un des maillons importants du pays, nous voyons des faiblesses à l'heure actuelle - au niveau de l'arc lémanique également.
Le groupe UDC soutiendra la résolution déposée par le groupe PLR et autres signataires demandant d'inscrire dans la planification ferroviaire, à l'horizon 2035, la construction d'un tracé alternatif et d'une troisième voie en surface ou en sous-sol. On peut effectivement se poser la question d'enterrer le chemin de fer - on l'avait envisagé lors d'un projet de métro entre Genève et Lausanne. Ça peut véritablement être une possibilité sur l'ensemble du tracé entre Genève et Lausanne.
En ce qui concerne le Léman Express, que j'ai pris ce matin, j'ai été atterré de voir les retards accumulés de trente-cinq minutes à Genève-Champel, puis le train s'arrêter à Cornavin au lieu de continuer jusqu'à Coppet, privant ainsi les voyageurs de la suite de leur trajet. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a de nombreux retards et annulations de trains - sans d'ailleurs que les voyageurs en soient informés. J'espère, Monsieur le conseiller d'Etat, que vous ferez le nécessaire pour que ces problèmes soient résolus. Le groupe UDC votera cette résolution. J'ai dit, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je cède maintenant la parole à M. le député Bertrand Buchs pour une minute et quarante-huit secondes.
M. Bertrand Buchs (PDC). Merci, Monsieur le président. Je m'interroge sur le débat, parce que j'entends toujours les mêmes paroles depuis dix ans, c'est-à-dire: il faut agir à Berne. Et depuis dix ou quinze ans, on n'a rien fait pour avoir une deuxième ligne de chemin de fer entre Lausanne et Genève. Tous les jours - ce n'est pas seulement quand il y a un trou à Tolochenaz, mais tous les jours - les trains ont du retard ! J'ai une assistante médicale qui vient de Lausanne et il n'y a pas un jour où elle n'est pas en retard ! Les personnes qui attendent à la gare de Lausanne ne savent par ailleurs absolument pas si le train va arriver ou pas.
Il y a donc tous les jours des dysfonctionnements sur cette ligne parce que, comme l'a très bien dit M. Martin, elle est complètement surchargée. Ce n'est pas dans dix, vingt ou trente ans que vous allez avoir un problème: c'est dans peu de temps que cette ligne ne pourra plus fonctionner et que les gens ne pourront plus l'emprunter pour se déplacer. Les gens vont donc reprendre leur voiture pour se rendre au travail: ça ne sert à rien de prendre le train puisque le train est aléatoire; vous ne l'avez jamais à la même heure, vous ne savez jamais quand.
Et puis j'aimerais quand même dire ici, puisque j'ai la parole, que je fustige la prise de position des CFF, qui ont été en dessous de tout dans cette affaire. Ils n'ont présenté aucune excuse et donné aucun dédommagement aux personnes qui ont perdu des heures de travail et ils ne se sont pas excusés auprès du gouvernement genevois. Je vous remercie.
M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, ça fait plaisir, et aussi bizarre, de voir votre parlement parfaitement unanime sur un objet. Mais c'est pour la bonne cause, et vous avez bien raison de montrer cette belle unanimité. Comme vous avez pu le constater - plusieurs d'entre vous l'ont relevé - les gouvernements vaudois et genevois se sont manifestés extrêmement vite dans le cadre de cette affaire. Nous sommes intervenus auprès du Conseil fédéral pour demander précisément qu'on porte une attention bien plus forte à cette problématique; en ce sens, le trou de Tolochenaz a été un révélateur. Chacun a ainsi pu réaliser ce qui peut arriver si un accident de ce type se produit - il s'est produit et va se reproduire; il a donc été un révélateur.
Je pense que la prise de conscience a été forte, elle a été importante, pas seulement parce que la métropole lémanique est le deuxième pôle de développement économique du pays, mais parce que c'est une évidence. Et je dois dire que nous avons été tout à fait surpris - ma collègue Mme Gorrite, du gouvernement vaudois, également -, mais agréablement surpris, par la réaction de Mme Sommaruga qui nous a très rapidement invités à une réunion pour échanger sur ces problèmes. La prise de conscience de la cheffe du DETEC, tout comme celle de l'Office fédéral des transports, est à mon sens très forte suite à cet incident.
Alors que va-t-il se passer maintenant ? La planification ferroviaire se fait par étapes: tous les cinq ans environ, on attribue quelque 6 milliards de francs à l'amélioration de l'infrastructure. C'est à peu près ce que nous permet de faire le fonds d'infrastructure ferroviaire, alimenté d'approximativement 1,2 milliard par année, qui doit être réparti sur l'ensemble du pays. Ce pour quoi nous plaidons, gouvernements vaudois et genevois, c'est pour une plus juste répartition mais aussi un effet de rattrapage. Outre la particularité que cette ligne entre Genève et Lausanne est la seule liaison ferroviaire entre deux grandes villes à ne pas bénéficier d'une redondance, le degré de vétusté sur ce tronçon est effectivement assez conséquent.
Il y a la volonté d'améliorer tout ça: on a par exemple commencé à le faire, il y a une quinzaine d'années, entre Coppet et Genève lorsqu'on a ajouté une troisième voie qui aujourd'hui sert pour le Léman Express. C'est à peu près la même chose qui est prévue entre Morges et Allaman à l'horizon 2035, soit une troisième voie, pour un investissement de 700 millions environ, mais dans une logique, entre guillemets, de «rapiéçage», c'est-à-dire qu'on rajoute un petit tronçon après l'autre. Force est de constater qu'avec l'avancement de l'urbanisation sur tout le tracé, ce sera de plus en plus difficile de réaliser ces projets. Il y aura des recours, les délais seront extrêmement longs, et c'est pourquoi un tracé nouveau, alternatif, qui a déjà fait l'objet d'un certain nombre d'études prospectives, doit être maintenant privilégié; on doit mettre en place cette solution.
Il faut par ailleurs veiller à ce que les prochains investissements, notamment ceux qui sont déjà acquis - les 700 millions dont je vous parlais -, aient ce qu'on appelle une compatibilité ascendante. Il ne faut pas que ces 700 millions soient investis dans une logique de rapiéçage: il faut qu'ils soient investis pour que l'ouvrage que l'on va réaliser entre Morges et Allaman soit compatible avec une nouvelle ligne; ce montant devra peut-être - et même certainement - être augmenté. C'est l'idée et je pense que c'est ce vers quoi on se dirige.
La résolution que vous vous apprêtez à voter avec une belle unanimité est le pendant de celle que le Grand Conseil vaudois a votée. Ce sont donc deux textes importants, qui vont vraiment donner une assise très forte à notre action, et je ne peux que vous remercier et remercier les auteurs de l'objet pour cette initiative - initiative coordonnée entre les deux parlements. On l'a fait au niveau des gouvernements et c'est très bien que ça se fasse au niveau des parlements. Ensuite, on verra évidemment comment les choses se dérouleront. Il faudra développer tout le travail de lobbying et les alliances. Cette problématique a d'ailleurs été mise en exergue - et soutenue - par la Conférence des transports de la Suisse occidentale, soit les cantons, représentés par les conseillers d'Etat chargés des transports; nous avons donc aussi le soutien de cette conférence. On va par conséquent dans le bon sens et je vous remercie vivement pour votre soutien.
Je voudrais me permettre, Monsieur le président... J'avais envie de le faire hier soir à la faveur d'un texte qui était traité, où on a entendu pour la énième fois les sempiternelles, comment dirais-je, doléances et critiques formulées par M. Baertschi, du MCG. Il a recommencé aujourd'hui; ça devient franchement pénible, Monsieur Baertschi. Ce matin, il y a effectivement des problèmes... (Remarque.) C'est pénible; c'est totalement faux et gratuit, à dire la vérité ! (Remarque.) Vous vous affichez en expert de la chose ferroviaire mais en réalité, vous ne faites qu'aligner des contrevérités et des absurdités ! Ce que je voulais donc vous dire, c'est qu'il y a effectivement des problèmes sur le réseau aujourd'hui, mais pas seulement sur celui du Léman Express. Les informations sur la situation sont en train de nous parvenir... (Remarque.) ...et c'est l'ensemble des réseaux de transports qui sont aujourd'hui affectés, vous le voyez bien. Je suis venu en tram; j'ai eu la désagréable surprise d'être stoppé à un carrefour parce qu'il y avait des voitures en travers, au demeurant pas équipées pour l'hiver... (Remarque.) ...ce n'est donc pas toujours la faute des transports publics. Heureusement d'ailleurs que notre réseau de transports publics, en particulier de trams, se développe et le LEX également: c'est justement grâce à ça que la circulation n'est pas totalement congestionnée. Toujours est-il que mélanger un objet qui concerne les grandes lignes et la liaison au reste de la Suisse avec des histoires de boucles qui n'ont strictement rien à voir et le Léman Express, c'est vraiment du n'importe quoi ! En général, je ne tiens pas ici, devant vous, des propos musclés, disons - je suis beaucoup plus modéré -, mais là, à dire la vérité, il y en a franchement un petit peu marre. Merci de votre attention. (Applaudissements.)
Des voix. Bravo !
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs, je vous rappelle que l'usage veut qu'on ne s'exprime pas après le conseiller d'Etat; en l'occurrence... (Protestations.) Laissez-moi terminer ! ...en l'occurrence, Monsieur Baertschi, vous avez été cité nommément et je vous accorde vingt à trente secondes pour répondre, mais ce n'est pas pour amorcer un nouveau ping-pong.
M. François Baertschi (MCG). Non, je ne me permettrai pas. Et contrairement au magistrat, je serai respectueux de ses propos. Si je respecte tout à fait sa vision des choses, je remarque que l'inverse n'est pas vrai. Nous avons des opinions différentes; je crois que le débat démocratique veut qu'il y ait un respect réciproque entre les députés et le Conseil d'Etat, quelles que soient...
Le président. Merci.
M. François Baertschi. ...les opinions des uns et des autres. Je respecte votre opinion; je ne suis pas du tout d'accord avec vous, néanmoins je vous écoute...
Le président. Merci.
M. François Baertschi. ...et je prends note de vos idées et de vos opinions.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, j'invite l'assemblée à se prononcer sur la prise en considération de ce texte.
Mise aux voix, la résolution 981 est adoptée et renvoyée à la Confédération suisse par 78 oui et 2 abstentions.