République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2786
Proposition de motion de Mmes et MM. Stéphane Florey, Guy Mettan, Bertrand Buchs, Eliane Michaud Ansermet, André Pfeffer, Marta Julia Macchiavelli, Philippe de Rougemont, Yves de Matteis, Marjorie de Chastonay, François Lefort, Christo Ivanov pour le maintien de la gratuité des tests covid à Genève
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 7 et 8 octobre 2021.

Débat

Le président. Nous enchaînons avec l'urgence suivante, la proposition de motion 2786, classée en catégorie II, trente minutes. Je donne la parole à l'auteur du texte, M. le député Stéphane Florey.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Comme l'a rappelé pas plus tard que ce matin notre présidente et conseillère nationale Céline Amaudruz, en ce qui nous concerne, nous avons toujours été et serons toujours pour la gratuité des tests covid, malgré le fait que cette demande ait été refusée au niveau fédéral. Cette motion fait partie d'une action coordonnée entre toutes les sections cantonales qui ont déposé dans tous les parlements ce même texte, afin que la gratuité des tests soit rétablie par le canton.

Ce que nous ne voulons surtout pas à Genève, c'est catégoriser la population, comme on est en train de le faire. C'est pour cela que nous demandons que cette gratuité perdure. Parce que, finalement, à notre sens, il faut respecter le choix du citoyen de se faire vacciner ou non, en fonction de ses convictions ou de sa santé personnelle. En effet, on le sait aujourd'hui, des personnes ne peuvent pas forcément se faire vacciner. Par ailleurs, tout vaccin - on en parlait encore ce matin dans la presse - comporte un risque, qui peut être plus ou moins négligeable selon les personnes. Mais quand on voit ce matin que des pays - nordiques, sauf erreur - commencent à interdire ou à en tout cas fortement déconseiller la vaccination en dessous de 18 ans, ce type de questions interroge. Personnellement, je comprends parfaitement les personnes qui n'ont pas envie de se faire vacciner. Et on voit, même ici à Genève, qu'une partie de la population, notamment des jeunes - pour rester sur la question des jeunes -, se fait vacciner par dépit, parce que ce sont des gens qui aiment bien sortir le week-end, et, pour éviter de faire tous ces tests, par dépit, ils se sont fait vacciner. Mais pour d'autres, ben, tant pis ! Ils sortent moins; quand ils vont au restaurant, ils mangent sur la terrasse, parce qu'ils n'ont toujours pas envie de se faire vacciner. Pour moi, c'est clair, on doit le respecter, tout comme on doit respecter le choix des personnes de se faire vacciner. (Brouhaha.)

Le président. Un instant, Monsieur le député ! Puisque vous parlez de respect: j'entends un brouhaha constant depuis le début de cette séance. (Commentaires. Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Reprenez, Monsieur le député.

M. Stéphane Florey. Merci. Donc, pour poursuivre, nous invitons simplement le canton à continuer à mettre ces tests de dépistage gratuitement à disposition des personnes asymptomatiques résidant dans le canton de Genève - parce que nous ne voulons surtout pas créer un appel d'air et que tout le monde vienne se faire tester gratuitement à Genève: on parle bel et bien ici des résidents.

Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.

M. Stéphane Florey. Maintenant, il y a quand même un intérêt à maintenir la gratuité de ces tests également pour ceux qui sont vaccinés. Parce que, comme vous le savez tous, même lorsqu'on est vacciné, la protection n'est pas garantie à 100%; certains disent même que ceux qui sont vaccinés prendraient encore plus de risques que ceux qui ne le sont pas, se sentant à 200% protégés, alors que non, ils ne sont même pas protégés à 100%. Alors certes, il y a moins de risques que quand on n'est pas vacciné, mais il y a quand même un risque d'être infecté et également de transmettre la maladie. Par conséquent, on voit bien que, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, le test reste un des meilleurs moyens - selon moi et selon ceux qui ont signé cette motion - de lutter efficacement contre le coronavirus. C'est pour cela que nous vous recommandons de réserver un bon accueil à cette motion et de la renvoyer au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

M. Jean Batou (EAG). L'esprit de cette motion est partagé par le groupe Ensemble à Gauche. De manière générale, le fait que le canton réintroduise la gratuité des tests de dépistage et que ces tests puissent être étendus à des catégories de population en situation de précarité nous paraît totalement juste. Nous aimerions ajouter que pour ce qui est de réserver ces tests aux résidents, nous comprenons bien l'idée: il ne faut pas que le monde entier, comme le suggérait M. Florey, vienne se faire tester à Genève, mais je crois que ce n'est pas cela l'enjeu. Le problème, c'est que ces tests devraient être ouverts aux personnes qui résident et travaillent à Genève: tous les jours, des gens viennent travailler à Genève, et s'agissant de la contagion, bien évidemment, le fait qu'ils soient testés est une garantie pour l'ensemble de la population qui vit et travaille dans le bassin genevois.

Concernant les invites, mon approche diffère légèrement de celle de M. Florey. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé une troisième invite, qui précise qu'en plus de tester toutes les personnes, il faut que celles qui se font tester soient encouragées à bénéficier également d'une vaccination, et pour que cela soit efficace, il faut que les personnes qui se font tester puissent bénéficier immédiatement d'une offre de rendez-vous pour une vaccination. Ainsi, partout où on effectue des tests, on encouragerait les personnes à se faire vacciner et on pourrait aussitôt leur fournir un rendez-vous. Je suis en effet convaincu que si une petite partie des gens refuse de se faire vacciner, en étant totalement hermétique à toute discussion - nous en avons tous autour de nous -, une autre partie des gens qui ne se font pas vacciner seraient prêts à le faire si on les y incitait, si on les convainquait, et cela fait partie de la tâche dévolue à l'Etat. Je crois que je ne dénature pas le sens de cette motion, puisqu'il ne s'agit pas de contraindre, mais d'encourager des personnes bénéficiant d'un test gratuit à se faire vacciner, en étant en mesure de leur proposer immédiatement un rendez-vous. Ce serait un moyen d'accélérer le rythme de vaccination dans notre canton. Merci.

M. Thierry Cerutti (MCG). Bon, c'est vrai que cette motion vend du rêve, parce qu'offrir la gratuité à toutes et tous, c'est un peu dans l'esprit du temps aujourd'hui, où on essaie de mettre en confrontation les pro et les anti. Au MCG, on n'est pas du tout dans cet esprit-là. On se dit que si une gratuité est introduite pour les tests et qu'ils sont pris en charge par le canton, il faudrait dégager un certain montant. Est-ce que le canton a la force financière pour le faire ? La réponse reste en suspens. On n'a pas de réponse aujourd'hui. Nous pensons aussi que la Confédération devrait prendre en charge ces coûts et continuer à le faire. Elle préfère envoyer 1,3 milliard à l'Europe, on ne sait pas pourquoi, mais c'est bien de lui offrir ce montant au lieu de soutenir la population helvétique et plus particulièrement les contribuables de notre pays... Nous dénonçons cela, et nous le dénonçons fermement.

Pour nous, cette motion ne doit pas être renvoyée au Conseil d'Etat. Je pense qu'elle pose de bonnes questions. Il doit y avoir des réponses et on propose de la renvoyer à la commission de la santé pour qu'on puisse obtenir des informations, notamment sur les coûts: combien cela va-t-il coûter ? Il s'agit aussi de savoir si cela va à l'encontre de la politique menée par le canton. Celui-ci mène une politique vaccinale aujourd'hui extrêmement dynamique, qui porte ses fruits dans notre pays - on en est un exemple. Est-ce que voter cette motion, sur le tard ou pas, prétériterait ou non la politique menée par le canton ? Ce sont aussi des questions auxquelles on doit pouvoir répondre. On entend l'argument de l'aspect financier, qui est important pour nos résidents genevois, qui sont aussi prétérités par le coût de la vie à Genève - entre les loyers, les impôts, etc. -, mais on ne doit pas mettre non plus le canton à genoux financièrement en proposant cette gratuité. On ne doit pas non plus aller à l'encontre d'une politique cantonale menée par les sept conseillers d'Etat, qui représentent la quasi-totalité de cette assemblée. Des questions méritent donc d'obtenir une réponse, et le seul moyen, c'est de renvoyer cette motion à la commission de la santé. Merci beaucoup.

Le président. Merci, Monsieur le député. Il est pris note de cette demande de renvoi qui sera traitée à l'issue du débat. Je passe maintenant la parole à M. le député Vincent Subilia.

M. Vincent Subilia (PLR). Merci, Monsieur le président. Quel bonheur de pouvoir enlever son masque ! Les travaux de notre parlement - et pas seulement: chacun le vit au quotidien - sont rythmés par la pandémie, et si chacun conviendra que les tests constituent l'un des piliers de la stratégie sanitaire adoptée par le canton et au-delà la Confédération, Mesdames et Messieurs, aujourd'hui, le meilleur moyen de lutter de façon efficace contre la pandémie porte un nom très simple, qui s'écrit en six lettres: vaccin. (Commentaires.) C'est de cela qu'il s'agit aujourd'hui. Je vais demander un tout petit peu de silence, parce que c'est... Merci. Je disais donc que le meilleur moyen de lutter contre la pandémie, chacun l'aura bien compris ici - et c'est une question d'appréciation des risques, étant précisé que dans la vie, le risque zéro n'existe pas -, c'est le vaccin. Toutes les études en attestent. Dès lors, si l'on peut envisager que certains ne souhaitent pas s'y soumettre, on peut également s'interroger sur le coût, et je ne parle pas uniquement du coût financier, mis à la charge de la collectivité par celles et ceux qui choisiraient - et, encore une fois, le choix leur appartient - de ne pas se faire vacciner.

Mesdames et Messieurs, au PLR, nous croyons foncièrement en la responsabilité, dont le corollaire est la liberté, qui rime aussi avec solidarité. C'est le triptyque qui doit conduire notre action face à la pandémie. La responsabilité, c'est celle à nos yeux de se faire vacciner. C'est celle qui permettra de renouer avec cette liberté, qui rime également avec convivialité, qui nous est chère. La solidarité, c'est celle de la collectivité, pour nous permettre de nous faire vacciner. Est-il nécessaire, Mesdames et Messieurs, de rappeler ici que sur la planète, dans des Etats moins favorisés, les habitants demandent à pouvoir être vaccinés et n'ont pas le privilège d'accéder à ce sésame ? Je disais pas plus tard qu'il y a une demi-heure que trois pays sur la planète n'ont pas encore amorcé leur campagne de vaccination; qu'en Afrique, c'est moins de 2% de la population qui est vaccinée. Alors vous me direz, Genevois ou Suisses: enfants gâtés, qui, alors qu'on leur tend les bras et la seringue, s'y refusent. Je l'entends. Mais je reviens à l'interrogation fondamentale: appartient-il à la collectivité d'assumer la charge et la charge financière de celles et ceux qui choisissent de ne pas se faire vacciner ? Pour le PLR, la réponse est clairement non. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Il n'est pas admissible que nous absorbions ici les coûts de celles et ceux qui souhaitent se rendre dans un lieu public - pensons à un restaurant, une boîte de nuit - et qui doivent subir un test de convenance, auquel nos impôts - cela a été rappelé à l'instant par le MCG, et je me réjouis qu'ils emboîtent le pas à notre ministre cantonal de la santé...

Le président. Merci.

M. Vincent Subilia. Doit-on les faire supporter par la collectivité ? Et j'irais même au-delà...

Le président. Il faut conclure.

M. Vincent Subilia. ...parce que ces débats nous animent - et j'en ai terminé, Monsieur le président: finalement, sans vouloir polariser ou cliver davantage les fronts...

Le président. Merci.

M. Vincent Subilia. ...doit-on par exemple imaginer que, dans cet hémicycle...

Le président. C'est terminé, Monsieur le député.

M. Vincent Subilia. ...celles et ceux qui sont majoritaires et qui sont vaccinés doivent supporter le fait que les autres ne le soient pas et donc conserver le masque ? C'est la même logique que le vaccin. Vaccinons-nous et nous... (Le micro de l'orateur est coupé. Celui-ci continue de s'exprimer hors micro.)

Le président. Monsieur le député Alberto Velasco, c'est à vous. (Commentaires.)

M. Alberto Velasco (S). Merci, Monsieur le président. Je souscris en grande partie aux propos de mon préopinant. Effectivement, quand j'entends le discours de l'UDC tout à l'heure sur le vaccin... Mais franchement, le vaccin, obtenu en une année, est une grande avancée médicale et scientifique ! Avant, il fallait quatre, cinq, six ans pour mettre au point un vaccin. Là, une année ! Vous vous rendez compte, si on avait dû attendre quatre ou cinq ans ? Les conséquences économiques ? Que les pauvres auraient subies ! Parce que, vous savez, en cas de crise économique gravissime, les conséquences, ce sont toujours les mêmes qui les subissent - ils les subissent déjà maintenant, alors imaginez-vous ! Non, Mesdames et Messieurs, le vaccin est une grande avancée. Et quand on me parle de liberté... Le mot «liberté» est toujours accompagné d'«égalité» et «fraternité». Evidemment, si on s'arrête à «liberté», chacun peut faire ce qu'il veut. Oui, mais alors il assume aussi ! Et je suis d'accord avec le fait que - cela a été d'ailleurs confirmé par ma visite à l'Hôpital cantonal pour le budget - maintenir cette prestation gratuite représente un coût assez important pour l'hôpital. Et puis effectivement, en Afrique - cela a été confirmé par un conseiller aux Etats qui s'y est rendu - des gens aimeraient pouvoir se faire vacciner, mais ils ne le peuvent pas, parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Alors... (Brouhaha.)

Le président. Un instant, Monsieur le député ! (Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Poursuivez.

M. Alberto Velasco. Je disais qu'en Afrique, on ne vaccine pas les gens non pas parce qu'ils ne le veulent pas, mais parce qu'ils ne peuvent pas, ils n'en ont pas les moyens. C'est ça, la vérité ! Une des solutions, ce serait peut-être que les sommes que vous voulez consacrer à ces tests gratuits - bien sûr, je ne parle pas des personnes qui ne peuvent pas être vaccinées pour des raisons de santé - soient envoyées dans ces pays-là, pour leur donner la possibilité de se faire vacciner. Parce que tant que ces pays ne sont pas vaccinés, le problème subsistera ! Et le risque de contamination subsistera ! Alors franchement, je dois dire que c'est un petit débat de pays de riches.

Cela étant dit, Monsieur le président, nous refuserons cette motion, sauf si la proposition d'amendement de M. Batou venait à être acceptée. Voilà. Merci beaucoup.

M. François Lefort (Ve). La gratuité des tests covid doit prendre fin le 10 octobre, et pourtant, dans toute stratégie de contrôle d'une épidémie, le diagnostic et le suivi sont essentiels. C'est d'ailleurs ce qui aurait dû être fait au début de l'épidémie, mais qu'on a abandonné pour de multiples raisons logistiques et politiques au printemps 2020, pour l'instaurer ensuite au printemps 2021, sous la forme de tests et d'autotests gratuits. Il est essentiel de tester, il est donc essentiel de fournir ces moyens à toute personne en ayant besoin, asymptomatique et vaccinée comprise, pour réduire les risques de transmission de la maladie.

Par ailleurs, rendre les tests payants est créateur d'inégalités et peut conduire des personnes à renoncer à se faire tester pour des raisons financières. Les tests payants sont donc créateurs non seulement d'inégalités, mais aussi d'insécurité, d'autant plus que la majorité de la population étant maintenant vaccinée, cette majorité se croit protégée et ne se fera pas tester en cas de symptômes, car en plus, les autotests sont aussi payants pour les personnes vaccinées depuis juillet 2021.

Pourquoi créateur d'insécurité ? Parce qu'ignorer la situation épidémique ou la minimiser n'enraie pas une épidémie. C'est même la meilleure façon de l'entretenir - ce qu'on a d'ailleurs vu tout au début de l'épidémie, quand certains spécialistes du pouvoir prétendaient qu'il n'y aurait aucun mort en Suisse. Rendre les tests payants: voilà encore un exemple de décision stupide, peut-être la plus stupide dans la gestion de cette épidémie, qui interfère dans le suivi et l'endiguement de l'épidémie ainsi que dans le suivi des effets de la vaccination, tout comme d'ailleurs le fait que le test sérologique covid soit non remboursé, sur décision de l'OFSP, ce qui empêche toute véritable évaluation de la protection de la population vaccinée, guérie ou même asymptomatique qui aurait été exposée sans avoir développé de symptômes. Le fait de rendre les tests payants va seulement conduire à sous-estimer le taux de personnes positives, donc à ignorer le développement de l'épidémie, en particulier au sein des populations aux conditions les plus modestes, et tout cela sous le prétexte que le test gratuit serait un confort hédoniste. Alors vraiment, là on voit que la biologie et la politique ne vont pas bien ensemble !

Pour ces raisons, les Verts, en majorité, soutiennent la demande faite au Conseil d'Etat de mettre gratuitement ces tests de dépistage du coronavirus à disposition des résidents genevois et, maintenant avec la proposition d'Ensemble à Gauche de modifier la première invite, des personnes travaillant dans le canton de Genève, donc des résidents et des gens travaillant à Genève, asymptomatiques, vaccinés ou non. En revanche, nous ne soutiendrons évidemment pas l'amendement modifiant la troisième invite également présenté par Ensemble à Gauche, dont la nouvelle marotte semble le chemin vers la vaccination obligatoire, sans récompense de 50 francs en plus !

Le président. Merci, Monsieur le député. Je rends la parole à M. le député Stéphane Florey pour une minute et trente secondes.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Rapidement, nous soutiendrons les amendements proposés. Pour nous, cela ne change pas le principe demandé par la motion. En revanche, Mesdames et Messieurs, ayez le courage de vos opinions: ne renvoyez pas cette motion en commission ! Ce n'est pas dans six mois que la population attend une réponse. Maintenant, si vous n'avez pas le courage, vous allez à la buvette ! Mais n'allez pas noyer le poisson en commission ! Cela ne sert strictement à rien. Par conséquent, soit vous acceptez le principe de la gratuité, soit vous dites clairement ici que vous n'en voulez pas ! Mais ayez au moins ce courage-là !

Dernière chose, vous transmettrez à M. Subilia, Monsieur le président, que je peux lui retourner la réflexion: pourquoi est-ce la collectivité qui paie pour les drogués ? (Exclamation.) Le Quai 9 nous coûte une blinde par année, donc... (Commentaires. Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) ...est-ce que moi je devrais payer pour ça ? Non, ce n'est pas normal ! Et pourtant, on paie ! Est-ce qu'on doit payer pour les alcooliques ? Je veux dire, à un moment donné... On ne force pas les gens à boire ! (Commentaires.)

Le président. Merci.

M. Stéphane Florey. Donc pourquoi on paie ? Ben on paie quand même, parce qu'on est solidaires ! Voilà. C'est pour ça qu'aujourd'hui, on dit que la gratuité est nécessaire...

Le président. Il faut conclure.

M. Stéphane Florey. ...pour toutes les raisons évoquées. Et je demande de ne pas renvoyer cette motion en commission, mais ayez au moins le courage de vos opinions...

Le président. Merci, Monsieur le député.

M. Stéphane Florey. ...en acceptant les amendements. Je vous remercie.

Mme Delphine Bachmann (PDC). Le groupe PDC est d'accord sur le fait qu'il ne sert à rien de noyer le poisson en commission. Cela étant dit, il ne partage pas l'opinion des rédacteurs de ce texte. Je me demande où est passé notre sens de la responsabilité. J'entends beaucoup de choses ici, par exemple que les gens ne vont pas aller se faire tester s'ils sont malades, etc. Je rappelle que la gratuité des tests est supprimée exclusivement pour des tests qui relèvent du ludique ! Aller au restaurant, ce n'est pas obligatoire, aller en boîte de nuit, au cinéma, non plus. Je ne suis pas ici pour faire l'apologie de la vaccination, mais à un moment donné, dans la vie, on fait des choix et on en assume les conséquences ! Pour moi et pour le parti démocrate-chrétien, le choix est vite vu: nous n'avons pas envie de faire payer à l'intégralité de la population les sorties en boîte de nuit des étudiants ! (Remarque.) Donc, aujourd'hui, les tests sont maintenus pour les personnes qui ont une raison de se faire tester - s'il y a des symptômes, s'il y a une suspicion. A partir de là, je pense que l'essentiel est couvert. L'épidémie ne va pas repartir parce que les gens asymptomatiques qui veulent sortir en boîte ne se font pas tester. Par conséquent, le PDC refusera l'amendement et refusera ce texte. Je vous remercie.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. Monsieur François Lefort, il ne reste plus de temps au groupe des Verts. Monsieur Jean Batou, il ne reste plus de temps au groupe Ensemble à Gauche. Pour conclure ce débat, je cède la parole à M. le conseiller d'Etat Mauro Poggia.

M. Mauro Poggia, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous en conjure, ne donnez pas à la population le message que voudrait donner cette motion ! Toutes les mesures que nous avons mises en place depuis dix-neuf mois, toutes les aides qui ont été versées, toutes les subventions qui ont été accordées pour des milliards de francs en Suisse l'ont été précisément pour tenter d'arriver à cette immunité collective, que l'on pensait atteindre à 70%, mais dont on se rend compte aujourd'hui, étant donné la contagiosité et l'agressivité du nouveau variant, qu'elle ne sera vraisemblablement atteinte qu'avec un taux supérieur, autour de 85%.

Pourquoi obtenir cette immunité collective ? Non pas pour que le virus soit éradiqué, non pas pour qu'il ne circule plus, parce que nous savons qu'il continuera à circuler, mais pour que son rythme de circulation au sein de la population permette une prise en charge par nos hôpitaux de celles et ceux qui seront gravement atteints. Le but, c'est d'écraser la vague - passez-moi l'expression -, d'écraser absolument cette vague et de l'étaler sur le temps, pour que nous puissions donner le répit qu'attend notre personnel soignant, qui a tant été mis à contribution.

Or, avec cette motion, nous nous retrouvons à discuter d'une mesure qui ira dans un sens diamétralement opposé à celui de tous les messages qui ont été donnés ! La liberté individuelle implique une responsabilité individuelle. Celles et ceux qui décident aujourd'hui de ne pas se faire vacciner en ont le droit, c'est parfaitement légal et ils méritent notre respect. Mais ils le font sur la base d'un raisonnement qui fait passer leur intérêt personnel avant celui de la collectivité.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

M. Mauro Poggia. Et ils ne peuvent pas demander à cette même collectivité de leur offrir des tests de confort - parce que c'est bien de cela qu'il s'agit ici - pour continuer à vivre totalement normalement, comme s'ils avaient fait le choix responsable que les autorités sanitaires de l'ensemble du pays leur demandent de faire. Comme cela a été très justement dit, les tests continueront à être pris en charge par la collectivité pour les personnes présentant des symptômes; pour celles identifiées comme personnes contact; dans le cadre de testings ciblés et répétitifs en entreprise ou dans les hautes écoles; pour les personnes qui visitent des patients ou des résidents dans les institutions de santé; pour les personnes qui n'ont pas accès à la vaccination - que l'on pense aux jeunes de moins de 12 ans, aux femmes enceintes jusqu'au premier trimestre de grossesse ou aux personnes pour qui la vaccination est contre-indiquée. Pour elles, le test sera toujours à disposition et à charge de la collectivité, mais non pas pour aller au restaurant, au fitness ou aller danser en discothèque ! Je pense qu'à un moment donné, les choix impliquent des responsabilités. Mesdames et Messieurs, vous qui à longueur d'année, surtout à l'extrême droite, êtes les champions de la responsabilité individuelle et de l'absence de l'intervention de l'Etat, lorsqu'on vous dit: «Assumez vos responsabilités individuelles !», vous répondez: «Non, nous voulons un Etat qui se substitue à notre propre responsabilité !» (Commentaires. Applaudissements.)

Certes, c'est une motion, et je pourrais vous dire: «Votez ce que vous voulez, nous verrons bien ce que nous en ferons !» Mais non, parce que c'est un message important que nous donnons à la population. La vaccination est aujourd'hui le seul moyen que nous ayons à disposition pour revenir le plus vite possible vers la normalité. Aujourd'hui, Genève est à la traîne en matière de vaccination. Cela signifie que les messages envoyés - et le Conseil fédéral n'est pas en reste lorsqu'il vient avec des propositions parfois assez excentriques... Nous devons nous serrer les coudes, être ensemble, avec un message clair et uniforme. Cette motion n'est pas acceptable, je vous demande de la rejeter. Merci.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs, la parole n'étant plus demandée, je vais vous faire voter sur les deux amendements que nous avons reçus de M. Jean Batou, en commençant par la première proposition, qui modifie la première invite en y ajoutant «ou travaillant» après le terme «résidant». (Commentaires. Un instant s'écoule.) Nous avons plusieurs votes à faire, merci de rester attentives et attentifs !

Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 47 non contre 36 oui et 3 abstentions.

Le président. Nous passons au deuxième amendement de M. Jean Batou, qui consiste à ajouter une troisième invite qui se présente comme suit:

«- à encourager toute personne bénéficiant d'un test gratuit à se faire vacciner, en étant en mesure de lui proposer immédiatement un rendez-vous.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 55 non contre 27 oui et 5 abstentions.

Le président. Nous votons à présent sur la demande de renvoi à la commission de la santé, formulée au cours du débat.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2786 à la commission de la santé est rejeté par 70 non contre 16 oui et 2 abstentions.

Mise aux voix, la proposition de motion 2786 est rejetée par 55 non contre 20 oui et 13 abstentions.