République et canton de Genève

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M 2675
Proposition de motion de Mmes et MM. Pierre Vanek, Salika Wenger, Jocelyne Haller, Rémy Pagani : Tuilerie de Bardonnex : patrimoine, savoir-faire, emplois... pour un sauvetage indispensable !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session V des 1er et 2 octobre 2020.

Débat

Le président. L'urgence suivante est classée en catégorie II, trente minutes, et je passe la parole à l'auteur, M. Pierre Vanek.

M. Pierre Vanek (EAG). Merci, Monsieur le président. Je suis contraint d'être bref, même s'il y aurait beaucoup à dire. Je vous montre ici une pièce à conviction. (L'orateur brandit une tuile.) C'est une des tuiles tout à fait uniques produites par la tuilerie de Bardonnex qu'on va essayer de remplacer par des faux, suite à la fermeture de celle-ci ! Il y a deux semaines, j'étais devant la tuilerie et j'ai parlé avec les travailleurs concernés: ils m'ont donné cette tuile et m'ont dit de la montrer au parlement ! Je la déposerai tout à l'heure sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement. Elle pourra peut-être servir - le sautier, M. Koelliker, m'a signalé qu'il manquait des tuiles pour le toit de l'Hôtel de Ville: c'en est déjà une !

Plus sérieusement, Mesdames et Messieurs les députés, il faut voter cette proposition de motion, même si elle n'apporte pas de solutions particulières. Moi, je serais évidemment pour une prise de contrôle cantonale sur cette entreprise, par l'achat de l'outil de production, afin de trouver une solution pour continuer à produire. En tout état de cause, il faut intervenir pour éviter le démantèlement de cette entreprise d'ici la fin de l'année. Des emplois sont en jeu, une vingtaine. Il s'agit d'emplois industriels et ce n'est pas ce dont Genève regorge. Il y a un savoir-faire constitué par des travailleurs durant des décennies entières dans cette usine qui doit être sauvegardé; sans ça, il disparaîtra. Cette usine représente un patrimoine industriel qu'il faut préserver, en plus du fait qu'elle est tout à fait efficace et productive: c'est un instrument de production tout à fait unique, avec une certification ISO 9001. Elle fait partie du patrimoine industriel et elle est aussi indispensable pour la sauvegarde du patrimoine architectural: non seulement notre Hôtel de Ville, mais aussi le collège Calvin, le château de Chillon et le château de Ripaille, en France, sont couverts de ces tuiles-là. Donc, il y a un marché, il y a un débouché pour ces tuiles et il y a une matière première locale, prise dans le terrain. On ne peut pas reproduire ces tuiles ailleurs, sauf à en fabriquer de fausses, ce que l'entreprise envisage de faire.

Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite donc à voter cette proposition de motion avec sa première invite, surtout, qui dit qu'il faut tout mettre en oeuvre avec les partenaires concernés pour garantir la pérennité de cette exploitation. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Vous m'autoriserez encore un mot, Monsieur le président: M. Guinchard, du PDC, a déposé une proposition d'amendement général à toutes mes invites, mais il ne m'a pas convaincu, puisqu'il propose de créer un groupe de travail pour examiner les raisons de la fermeture de l'entreprise. Moi, je ne veux pas examiner les raisons de la fermeture...

Présidence de M. Diego Esteban, premier vice-président

Le président. Vous parlez sur le temps de votre groupe, Monsieur le député.

M. Pierre Vanek. Je veux que ce parlement donne un signal fort contre cette fermeture ! Il est possible de sauver cette fabrique importante pour les raisons que j'ai dites et je vous engage à voter la proposition de motion sans cet amendement. (Applaudissements.)

M. Emmanuel Deonna (S). La tuilerie de Bardonnex à Croix-de-Rozon fait partie de notre histoire depuis 1934. Comme l'a rappelé mon camarade Vanek, l'entreprise a annoncé des licenciements, le démantèlement de l'usine et de son four historique, qui est pourtant un des joyaux de notre industrie. Les travailleurs licenciés, soutenus par le syndicat Unia, luttent donc pour leurs emplois, pour leur entreprise, pour la survie d'un outil industriel et pour la reconnaissance d'un savoir-faire ancestral.

Mesdames et Messieurs les députés, nous devons préserver ces emplois: la plupart des salariés concernés travaillent dans cette entreprise depuis des dizaines d'années ! Gasser Ceramic a profité du fait que ces salariés se trouvaient en RHT durant le confinement: les travailleurs n'étaient pas en mesure de se réunir, de discuter et de se concerter avec leurs représentants syndicaux. De plus, les RHT sont normalement octroyées justement pour éviter des licenciements et la pratique de la direction dans cette affaire doit être vivement condamnée !

La tuilerie de Bardonnex est la dernière de Suisse à produire la tuile jaune plate à l'ancienne. Comme l'a rappelé mon collègue Vanek, ces tuiles traditionnelles recouvrent de nombreux monuments, des monuments importants de la région franco-valdo-genevoise, allant du château de Chillon au collège Calvin en passant par le château de Ripaille. La mort de l'usine va compromettre l'entretien de ces monuments historiques.

Heureusement, le Conseil d'Etat a dit qu'il voulait s'engager à pérenniser l'exploitation de la tuilerie de Bardonnex. Maintenant, il doit mettre l'entreprise propriétaire de la tuilerie, Gasser Ceramic, ainsi que le propriétaire du site d'extraction, Argramat Bardonnex SA, devant leurs responsabilités: les droits des travailleurs et l'intérêt de ce site patrimonial doivent être préservés ! (Applaudissements.)

M. Jean-Marc Guinchard (PDC). Monsieur le président de séance, chers et chères collègues, je ne suis pas un nostalgique purement sentimental et je suis rarement d'accord avec M. Pierre Vanek, mais cette situation me touche et j'ai eu l'occasion d'en parler avec lui - de façon fort civile d'ailleurs. La situation me touche parce qu'il y a toute une série de questions pour lesquelles nous n'avons pas de réponse. Je n'arrive pas à comprendre quelques éléments purement économiques puisque la production de cette usine fonctionne, qu'elle tourne à plein régime et qu'il existe un marché important, notamment le marché de la rénovation; elle est utilisée par les couvreurs de notre canton.

La deuxième chose que je ne comprends pas concerne cette fameuse argile qui se situe sur le site de l'usine; ce gisement est une réserve correspondant à quarante ans d'utilisation. Donc, la matière première est là; les débouchés économiques et le marché sont là, il y a quelque chose qui m'échappe vraiment ! Ça vaut la peine de se pencher là-dessus pour savoir exactement quelles sont les raisons et quelle est l'attitude du propriétaire de l'usine, quelle est l'attitude du propriétaire du bien-fonds et comment on peut résoudre ce problème au mieux pour la préservation de notre patrimoine. Aucune argile ni aucune fabrique, ailleurs en Europe ou peut-être dans le monde, ne parviennent à donner à ces tuiles de Bardonnex cette couleur tout à fait particulière et très chaude pour nos latitudes.

M. Vanek a dit qu'il n'était pas d'accord avec l'amendement que je propose. Cet amendement, une modification des invites, tend vers une injonction - incitative et non pas trop directive - au Conseil d'Etat. Surtout, cette modification des invites demande qu'on associe à ce processus les professionnels de la branche, c'est-à-dire le secteur de la couverture qui travaille avec ces matériaux et les utilise dans le cadre de travaux de rénovation, et d'y adjoindre le service du patrimoine de l'Etat, le seul à avoir une réelle vue d'ensemble de ces problèmes et qui pourrait donner des avis fort utiles.

Je vous remercie dès lors de soutenir cet excellent amendement que vous avez reçu par messagerie, que le président vous relira certainement pour que vous en ayez une idée précise. (Applaudissements.)

Mme Danièle Magnin (MCG). Monsieur le président, dans le cas de cette briqueterie de Bardonnex qui existe effectivement depuis 1935, on a une production utile à Genève, d'une couleur de brique de terre. C'est de l'argile glaciaire que l'on ne trouve pas ailleurs et nous serions bien empruntés si nous n'avions plus les tuiles de cette briqueterie et tuilerie de Bardonnex pour la rénovation de notre Hôtel de Ville. Ce serait calamiteux de devoir changer de tuiles !

Ensuite, ce qui me choque profondément, c'est cette politique de grosses entreprises qui en rachètent de plus petites pour les détruire et les fermer en mettant tout le monde à la porte, pour ensuite délocaliser généralement dans un autre pays et y fabriquer un produit qu'elles pourront ensuite vendre plus cher. A titre personnel, je soutiens complètement ce texte et je cède la parole à qui veut la prendre.

Le président. Vous êtes bien gracieuse de céder la parole, Madame Magnin ! Je la donne à M. Daniel Sormanni.

M. Daniel Sormanni (MCG). Merci, Monsieur le président de séance. Effectivement, ce qui se passe à la tuilerie de Bardonnex est proprement inadmissible. Cette tuilerie fonctionne très bien; les équipements fonctionnent; le filon de l'argile est encore tout à fait exploitable pendant au moins une dizaine d'années. C'est un non-sens de la démanteler !

Bien évidemment, cette tuilerie n'appartient plus, j'allais dire à elle-même: elle est propriété d'une autre société qui veut démonter les équipements pour les emmener ailleurs. De fait, nous n'aurons plus les tuiles qui sont nécessaires ne serait-ce que pour la rénovation de l'Hôtel de Ville et de notre salle du Grand Conseil. Bien entendu, ce n'est pas seulement pour cette raison, mais nous devons défendre les postes des employés de la tuilerie et nous devons nous opposer à ce démantèlement inutile.

Une des raisons pour lesquelles ils veulent le faire, c'est tout simplement le libéralisme. Vous transmettrez à M. Guinchard, Monsieur le président de séance: c'est le libéralisme économique débridé qui fait que les propriétaires - pour des raisons qui leur sont propres, financières certainement - veulent démanteler cette entreprise. Et vous savez très bien que le MCG - ni gauche ni droite - n'est pas pour ce libéralisme débridé. Par conséquent, nous nous opposons bien évidemment à ce démantèlement, nous soutiendrons cette proposition de motion avec vigueur et nous vous invitons à faire de même.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Patrick Dimier pour trente secondes.

M. Patrick Dimier (MCG). Merci, Monsieur le président. Nous sommes comme les Gaulois, nous ne voulons pas que le ciel nous tombe sur la tête. Bien entendu, comme Astérix, nous veillerons à ce que le «barde-onnex» puisse continuer à jouer le plus longtemps possible. Tout ça pour dire que nous devons soutenir cette proposition de motion ! Merci à ceux qui l'ont déposée, c'est vraiment essentiel.

M. Pierre Eckert (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, comme vous le savez, les Vertes et les Verts ont toujours été pour la préservation d'une certaine production locale, des circuits courts et des savoir-faire locaux. Il est aussi important que la préservation de cette tuilerie serve réellement à la production: on a entendu parler d'une éventuelle transformation de tout ça en musée. Je pense que ce n'est pas une bonne idée, la production doit pouvoir se poursuivre. On entend aussi que ça deviendra peut-être difficile d'exploiter ce filon: c'est peut-être une bonne idée que cette entreprise fasse du recyclage en réutilisant ou en rénovant des tuiles qu'on pourrait refondre d'une façon ou d'une autre; on pourrait adapter un certain nombre de procédés industriels pour le futur.

Nous partageons l'objectif des motionnaires d'une intervention très énergique auprès du Conseil d'Etat. La proposition d'amendement qui nous est proposée par le PDC ne va pas résoudre la question et nous devons intervenir de façon ferme. Je constate aussi que nous faisons face une fois de plus à une dérive du libéralisme économique, avec la reprise d'activités locales par de grands groupes qui veulent fermer celles-ci pour utiliser une usine plus grande ailleurs. Le savoir-faire local de cette entreprise est important. Comme cela a été dit, passablement de toits de notre république voire de la région transfrontalière sont couverts avec ces tuiles. On m'a fait remarquer tout à l'heure qu'on est en train de couvrir une partie de la ville de Carouge avec ce genre de tuiles et je pense que c'est important de conserver ce savoir-faire local, non seulement industriel mais aussi artisanal, dirais-je. Je vous recommande donc de refuser l'amendement du PDC et de soutenir avec ferveur la motion proposée par Ensemble à Gauche.

M. Serge Hiltpold (PLR). Monsieur le président, je ne sais pas si j'ose parler après tous ces spécialistes du bâtiment et entrepreneurs, mais je vais tout de même me lancer. (Rires.) Tout d'abord, je reconnais la qualité du travail de la tuilerie de Bardonnex et j'invite tous les donneurs de conseils à se mettre à leur compte et à reprendre cette entreprise. (Commentaires.)

Maintenant, il y a un élément intéressant dans la réflexion globale. Je me souviens d'un débat sur la végétalisation des toitures avec M. Lefort où je m'étais opposé aux toits plats et à cette végétalisation. En fait, il s'agit typiquement d'un choix d'aménagement et de construction: depuis dix ans, on déclasse en zone de développement, pour construire des bâtiments R+6 - des barres aux toits plats, des constructions en béton. Même la CMNS, qui comporte de nombreux spécialistes, exige des toits plats à Satigny ! Donc, depuis dix ans, il n'y a plus une seule construction avec une coupe à deux pans, trois pans et une toiture mansardée. C'est un choix architectural ! Ces fameuses propositions de motions en sont le résultat: il n'y a plus de construction avec toiture à deux pans ! Où est-ce qu'on fait des toits à deux pans ? Dans la zone villas que vous combattez et qui est mise à mal ! C'est ma première réflexion.

Ma deuxième réflexion porte sur le fait que parmi tous ces spécialistes de la CMNS - architectes, anthropologues, historiens de l'art - il n'y a plus un seul entrepreneur ! Plus un ! La Fédération genevoise des métiers du bâtiment a proposé des candidats: zéro personne ! Le président de l'Association genevoise des toitures et façades a été président de la CMNS, mais on n'a plus un siège dans cette commission. Voilà le résultat avec ces fameux spécialistes !

Maintenant, sur la technique, je suis tout à fait d'accord. Vous pouvez aller à Ballenberg, c'est magnifique: on y voit toute la fabrication des tuiles à l'ancienne, à l'argile crue. Mais il faut savoir évoluer; en 1950, au collège Calvin, au château de Chillon, il y avait aussi des artisans qui savaient travailler, poser des tuiles, et on savait fabriquer ces tuiles. Maintenant, il y a une technique qui s'appelle l'engobage et ça marche très bien; on peut aller vers d'autres solutions. Moi, je suis tout à fait attaché à la tuilerie de Bardonnex, mais ce n'est pas en étatisant la production qu'on va trouver une solution! C'est le grand problème, on a affaire à une technocratisation de tous les secteurs !

On se fait donner des leçons par des enseignants qui soutiennent que c'est magnifique et qu'il faut garder ça: commencez par travailler avec des entreprises locales ! Je peux vous dire que les couvreurs ne prennent pas les stocks de Bardonnex parce qu'ils sont en général 1000 ou 1500 francs trop chers sur 50 000 balles; on préfère prendre quelqu'un d'autre. Poussez la réflexion jusqu'au bout ! Quand vous attribuez des marchés, vous ne demandez pas trois ou quatre offres pour 1500 francs de travaux à quatre entreprises qui perdent leur temps. Allez jusqu'au bout de vos idées !

Je demande le renvoi à la commission de l'économie afin qu'on puisse enfin entendre les secteurs concernés ! (Applaudissements.)

M. Pierre Vanek (EAG). Très rapidement, deux-trois mots concernant d'abord l'aspect proprement syndical: il y a aussi un problème de respect des droits des travailleurs puisque les propriétaires de cette usine ont profité des RHT et des vacances pour manger le délai de consultation que ce licenciement collectif aurait normalement dû entraîner. Je m'excuse de revenir sur cet aspect-là, mais c'est quand même important aussi !

Ensuite, sur ce qui vient d'être dit à propos des toits plats: en tout cas, il n'est pas question de transformer avec des toits plats ni le collège Calvin, ni la cathédrale Saint-Pierre, ni l'Hôtel de Ville, ni les nombreux monuments qui vont devoir être entretenus et refaits avec ces tuiles ! Il existe en effet une technique d'engobage qui permet d'imiter les tuiles qui viennent de Bardonnex. Le patron de la boîte le disait lui-même, ils vont produire un ersatz. L'unique différence résidera dans le fait que la nouvelle tuile sera engobée de jaune pour représenter la tuile classique de Bardonnex - la représenter ! Pour la préservation du patrimoine, on tient à une certaine authenticité et il me semble parfaitement légitime de vouloir conserver la production existante.

J'entends bien M. Guinchard quand il dit que son amendement se veut plus incitatif, mais mes invites le sont à mon sens plus. Moi, je demande au Conseil d'Etat de tout mettre en oeuvre avec les partenaires concernés. Je n'ai pas entrepris une énumération exhaustive de la composition du groupe de travail comme tente de le faire M. Guinchard en évoquant notamment une délégation des services du patrimoine: le Conseil d'Etat se débrouillera pour trouver les partenaires qu'il faut et les entendre, y compris les patrons du secteur. C'est tout à fait évident et possible avec mon texte.

Monsieur Hiltpold, je n'ai pas proposé une nationalisation ou quoi que ce soit d'approchant dans mon texte ! Je propose simplement que ce Grand Conseil émette un cri du coeur, un coup de gueule, pour dire que nous voulons défendre cette entité qu'est la tuilerie de Bardonnex. Il y a là un patrimoine industriel qui s'incarne dans le capital humain et l'expérience détenue dans les mains et les cerveaux des ouvriers qui travaillent là-bas. Il serait vraiment dommage de perdre cela et, de ce point de vue là, je vous invite à voter notre proposition de motion. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je cède la parole à M. Olivier Cerutti pour vingt-cinq secondes.

M. Olivier Cerutti (PDC). Merci, Monsieur le président de séance. Mesdames et Messieurs les députés, c'est vrai que j'ai les mains très fines, mais je fais partie de ces gens qui savent ce que c'est que lancer la tuile, parce que mon grand-père et mon arrière-grand-père sont couvreurs depuis 1910 ici, dans le canton de Genève. C'est un métier, M. Hiltpold l'a très bien dit et il s'est exprimé d'une manière honorant tout à fait ces métiers de la construction.

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Olivier Cerutti. Je vais terminer, Monsieur. Même si ça prend une minute de plus, je pense que... (Rires. Exclamations.) C'est de la négociation ! Simplement...

Le président. C'est terminé, Monsieur le député !

M. Olivier Cerutti. Les invites de M. Guinchard sont claires, elles ne demandent pas au Conseil d'Etat de faire de l'interventionnisme...

Le président. C'est la dernière phrase, merci, Monsieur le député ! Le temps est écoulé.

M. Olivier Cerutti. Simplement, il demande de mettre les gens autour d'une table et de faire un constat !

M. Christo Ivanov (UDC). Le groupe UDC Genève est favorable à cette motion pour maintenir le savoir-faire et l'emploi à Genève, comme cela a été dit. Cette tuilerie appartient à notre patrimoine et aux Genevois. Je souscris tout à fait à ce qu'ont dit mes préopinants Serge Hiltpold et Olivier Cerutti: je pense qu'il est important de renvoyer cette motion en commission pour écouter les professionnels de la branche et étudier l'amendement du groupe PDC. Le groupe UDC soutiendra donc le renvoi en commission.

M. Mauro Poggia, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat accueillera favorablement cette proposition de motion. Cette tuilerie est évidemment une source d'emplois, mais elle est aussi un outil de préservation du patrimoine. Des contacts ont déjà été pris avec le propriétaire et les employés seront reçus prochainement. Si vous renvoyez ce texte en commission, il est évident que cela n'interrompra pas les démarches du Conseil d'Etat, qui souhaite effectivement en savoir plus sur les conditions dans lesquelles on a décidé de se séparer de cet outil de travail.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous fais voter sur la demande de renvoi à la commission de l'économie.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2675 à la commission de l'économie est rejeté par 46 non contre 43 oui et 1 abstention.

Le président. Nous avons reçu une demande d'amendement général de la part de M. Guinchard. Je vais vous en faire la lecture; ce sera la seule fois, je vous prie donc de rester attentives et attentifs. Cet amendement remplace l'intégralité des invites de la proposition de motion par les invites suivantes:

«- à créer rapidement un groupe de travail regroupant le propriétaire du terrain, la société exploitante, deux représentants du secteur de la couverture et un délégué des services du patrimoine de l'Etat;

- à examiner avec eux les raisons de la fermeture de l'entreprise et les conditions de sa viabilité future;

- à veiller au respect des droits des travailleurs concernés, notamment en cas de licenciement collectif, et à encourager, le cas échéant, la mise en place d'un plan social;

- à rendre compte au Grand Conseil, dans les meilleurs délais, de ces interventions et de leurs effets.»

Mis aux voix, cet amendement général est rejeté par 58 non contre 37 oui.

Mise aux voix, la motion 2675 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 72 oui contre 18 non et 1 abstention.

Motion 2675