République et canton de Genève

Grand Conseil

Chargement en cours ...

RD 1118
Hommage à M. Rémy PAGANI, député démissionnaire

Le président. Je vous informe que nous avons reçu la démission de M. Rémy Pagani de son mandat de député. Je prie M. Lefort de bien vouloir nous lire le courrier 3513. (Un instant s'écoule.) M. Lefort n'étant pas là, je prie M. Zaugg de procéder à cette lecture.

Courrier 3513

Le président. Il est pris acte de cette démission qui sera effective à l'issue de cette séance. Je vous informe que M. Jean Batou, premier vient-ensuite, prêtera serment ce soir à 20h30.

M. Rémy Pagani a siégé au parlement genevois pendant plus de dix ans au total. Elu pour la première fois au Grand Conseil en 1997, il a accompli deux législatures sur les bancs de l'Alliance de gauche, avant d'être à nouveau élu en 2013 sur la liste d'Ensemble à Gauche. Lors de ses mandats, il a présidé la commission judiciaire ainsi que celles des travaux, de l'aménagement, de l'énergie et de l'enseignement supérieur. Il a également été membre des commissions législative, de l'économie, de l'environnement et des visiteurs. Enfin, il a assumé la fonction de chef de groupe de 2003 à 2004. En plénière, M. Pagani est intervenu à de multiples reprises, de façon toujours engagée, que ce soit sur des sujets liés au logement et à la défense des locataires, à l'aménagement ou encore aux travaux.

Outre sa charge de député, M. Pagani a entamé en 2015 un troisième mandat de conseiller administratif de la Ville de Genève.

Nous formons nos voeux les meilleurs pour la suite de ses activités et lui remettons, fidèles à la tradition, un stylo souvenir.

Des voix. Oh ! (Applaudissements. Le président descend de l'estrade, serre la main de M. Rémy Pagani et lui remet le stylo souvenir.)

Le président. Je passe la parole à M. le député Pierre Vanek.

M. Pierre Vanek (EAG). Merci, Monsieur le président. Je vous adresserai deux mots pour dire au revoir à Rémy Pagani, et le mot «au revoir» est probablement exact, puisqu'il est revenu une fois; nous ne serons pas à l'abri d'un retour ultérieur quand cette situation de double mandat sera levée. Je serai bref, parce que nous ne sommes pas ici pour nous envoyer des fleurs et nous avons des choses plus sérieuses à faire, mais j'aimerais dire que je fréquente Rémy Pagani depuis l'âge de quinze ou seize ans... (Commentaires.) ...avec beaucoup de bonheur. Vous avez pu apprécier ses qualités et un certain nombre de ses défauts dans cette enceinte. C'est essentiellement quelqu'un qui se bat pour ses idées, qui se bat pour la justice sociale, mais qui se bat moins pour ses idées que pour des gens et que pour la majorité des habitants de cette ville et de ce canton, pour leurs droits, pour leurs conditions d'existence, pour leurs conditions de travail. Il l'a fait comme syndicaliste, il l'a fait comme député et il continue de le faire comme élu en Ville de Genève. Ces convictions et cet engagement sans faille et continu - je peux en témoigner - matériellement, physiquement et personnellement sur plus de quarante-cinq ou quarante-six ans ne se traduisent toutefois pas par un quelconque dogmatisme ou une ligne qui ne dévie jamais. Il a une grande capacité, et vous le savez, de discussion, de négociation, de construction d'accords et de projets. De ce point de vue là, même si ne plus l'avoir sur le dos peut représenter un soulagement pour certains, je pense que nous sommes tous ici appelés à le regretter, à saluer son départ et à le remercier pour sa contribution dans ce parlement et, pour ma part, à espérer qu'il y revienne à l'occasion, comme il l'a déjà fait une fois.

Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Je vous avoue que mon discours sera des plus spontanés, parce que j'ai envie de rendre hommage à Rémy... (Brouhaha.) Même s'il ne m'entend pas, mais ce n'est pas grave ! (L'oratrice rit. Le président agite la cloche.) Tout comme d'autres, cela fait plusieurs années que je connais Rémy Pagani et en tant que socialiste j'aimerais lui rendre hommage pour son engagement dans la continuité pour la cause du logement. Je l'ai connu il y a de nombreuses années à l'association des habitants de la Jonction alors que je rédigeais un mémoire en sociologie urbaine; je suis parvenue peu à peu à pénétrer ce monde des luttes urbaines. J'ai moi-même beaucoup milité à ses côtés et nous avons pu introduire le droit au logement dans la constitution. Cela a quand même été une fabuleuse victoire de faire reconnaître que chacun et chacune a droit à un toit et que cela constitue un besoin fondamental. J'ai également pu participer à ce qui est devenu aujourd'hui une banalité, à savoir le combat pour la rénovation du patrimoine bâti ordinaire, à ses côtés ainsi qu'aux côtés de nombreux architectes qui ont participé à la rénovation légère du patrimoine; les rénovations lourdes étaient une manière de détériorer et d'abandonner le patrimoine ordinaire de nombreux habitantes et habitants de cette ville. C'est ainsi qu'on a pu conserver des logements bon marché au centre-ville et je pense que les luttes des habitants sont à l'origine de cette fameuse LDTR tant décriée, et si souvent, mais qui encore une fois a eu le mérite de contribuer à garder ce patrimoine en ville. Ce combat-là, Rémy Pagani l'a mené aux côtés de nombreux amies et amis militantes et militants que je connais. C'est ce même parcours d'homme engagé qu'on l'a vu suivre dans la politique institutionnelle. Evidemment, le voir se lancer dans la politique institutionnelle en a surpris plus d'un et plus d'une, mais il a suivi le parcours qu'on lui connaît puisque aujourd'hui il est au Conseil administratif et c'est le même engagement qu'il a poursuivi pour favoriser la construction de logements en ville de Genève. Genève est une commune qui s'est fortement impliquée dans la construction, ce qu'on peut relever et saluer.

Rémy Pagani est aussi quelqu'un qui s'est investi et qui s'investit encore pour les espaces publics et pour faire reconnaître que les espaces publics font partie intégrante de la qualité de la ville. Son parcours de syndicaliste l'a aussi amené à savoir tisser des compromis. Malgré l'image qu'on lui colle parfois, je pense que ce n'est pas un dogmatique. C'est un homme de compromis et il arrive très bien à faire passer des projets qu'il tisse avec des milieux très différents, et aussi avec les milieux immobiliers. J'en veux pour preuve un projet au chemin Jean-Louis-Prévost qu'il reconnaîtra et qu'il a su mener avec l'association des promoteurs-constructeurs genevois. C'est donc la socialiste qui lui rend hommage au nom de son groupe, mais c'est aussi la camarade et amie, et je lui souhaite bonne suite, particulièrement en Ville de Genève où j'espère qu'il fera éclore de nombreux autres projets de logements et d'espaces publics de qualité. (Applaudissements.)

M. Mathias Buschbeck (Ve). Chères et chers collègues, cher Rémy, si cela ne fait que deux ans que nous siégeons ensemble sur ces bancs au Grand Conseil, cela fait maintenant treize ans, je crois, que nous nous retrouvons régulièrement dans cette salle, puisque j'étais au Conseil municipal et toi au Conseil administratif. Nous étions dans le même camp, mais des camps en même temps légèrement opposés, puisque tu étais là-bas en face... (L'orateur désigne l'estrade où siège le Conseil d'Etat.) ...et moi au parlement municipal. Même si nous nous sommes souvent affrontés, nous étions quand même plus ou moins d'accord. C'est donc avec une certaine curiosité et une certaine appréhension que je m'apprêtais à me retrouver sur les mêmes bancs que toi, c'est-à-dire les rangs parlementaires, les rangs de l'opposition au Grand Conseil, et il faut avouer que les Verts et moi-même avons été très agréablement surpris, puisque nous te trouvons extrêmement à l'aise sur les bancs d'un parlement, où tu peux exprimer toute ta colère et tes convictions. Tu as aussi pu déployer toutes tes compétences en commission; j'ai eu le plaisir de siéger avec toi à la commission des travaux où tu as été un peu le collègue Vert que je n'avais pas, puisque nous nous y sommes souvent retrouvés sur des positions communes.

Evidemment, même si nous ne pouvons que saluer le fait que tu aies abandonné ce double mandat qui forcément te pesait, tu manqueras à ce parlement et à cette commission, puisque tu les quittes maintenant. Maintenant que tu pourras dégager un peu de temps pour ton mandat de conseiller administratif, nous espérons que tu pourras enfin mettre en oeuvre les engagements que tu as pris auprès des Verts dans la plate-forme de l'Alternative, qu'il s'agisse par exemple de la mise en oeuvre de l'initiative 144 sur les pistes cyclables pour laquelle la Ville de Genève a une responsabilité... (Remarque.) ...qu'il s'agisse de la piétonnisation de la place Neuve votée quasi par l'unanimité du Conseil municipal, et un collègue me remerciera de te faire ce petit rappel... (Commentaires.) ...ou encore bien sûr de la mise en place de zones piétonnes attendues depuis longtemps par la population. Je te souhaite une bonne suite, Rémy ! (Applaudissements.)

Mme Nathalie Fontanet (PLR). Monsieur le président, chers collègues, je ne vous cache pas que le PLR est partagé à propos de la démission de M. Pagani, adversaire politique de taille s'il en est. Evidemment, nous nous réjouissons que son groupe ait décidé d'interdire le double mandat. M. Pagani ne pourra donc plus sévir que dans un seul des deux conseils ! Si nous avions pu choisir à sa place, cela aurait certainement engendré d'interminables négociations entre le groupe PLR Ville de Genève et le groupe des députés pour déterminer lequel des deux se serait porté volontaire pour continuer à affronter pareil contradicteur. Cela dit, Monsieur Pagani, sachez que notre groupe se serait volontiers dévoué pour soulager la Ville de Genève ! (Rires.) Plaisanterie mise à part, nul doute que vos activités nous donneront l'occasion d'entendre parler de vous et certainement de croiser quelquefois le fer. Mais avant cela, que cette fin d'année vous soit belle, Monsieur Pagani, ainsi qu'à ceux qui vous sont chers, et bonne route, même si vous n'allez pas très loin ! Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)

M. Michel Amaudruz (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, cher Monsieur Pagani, je crois pouvoir dire que même si ce fut de façon très occasionnelle au cours de notre vie ardente, nous avons eu l'occasion parfois de nous croiser, de nous disputer. La première fois que je vous ai rencontré, c'était à l'époque où vous étiez syndicaliste. C'était très mouvementé et très folklorique. Pour moi, ce sont de bons souvenirs et je suis heureux de vous voir me sourire ! Ensuite, c'était au Conseil municipal, à la commission des travaux et des constructions, et c'est surtout là que je vous ai apprécié. J'ai pu apprécier votre engagement, votre dynamisme, votre conviction, votre altruisme mais aussi votre objectivité. De façon surprenante, je me suis parfois demandé si vous ne vous étiez pas trompé de parti, parce que dans le souci d'une bonne république et de la construction qui vous tenait à coeur, vous teniez à bout de bras les promoteurs immobiliers avec plus de chaleur et de conviction que n'importe quel libéral convaincu ! Je crois donc qu'incontestablement, malgré les critiques dont vous faites l'objet - c'est d'ailleurs une qualité que d'être critiqué - vous avez fait preuve d'un engagement qui mérite dans cette optique-là notre respect. (Commentaires.) Il est certain que nous avons souvent été divisés sur quantité de problèmes, mais n'est-ce pas de la contradiction, Monsieur Pagani, que viennent l'intelligence et la réflexion ? Quoi qu'il en soit, nous aurons un dernier point commun: nous sommes arrivés ensemble et nous partons main dans la main ! (Rires. Applaudissements.)

M. Guy Mettan (PDC). C'est à moi qu'échoit le plaisir de faire l'éloge de M. Pagani, non pas pour exprimer le plaisir de le voir quitter nos bancs mais bien le regret. Il se trouve qu'effectivement, j'ai eu la chance de siéger avec lui d'abord au Conseil municipal il y a une douzaine ou une quinzaine d'années. J'ai déjà apprécié ses talents en tant que conseiller municipal. Ensuite, nous partageons les mêmes bancs à la commission des travaux où j'ai également pu apprécier le commissaire pragmatique, compétent et en fait agréable, car M. Pagani vaut beaucoup mieux que la réputation sulfureuse qu'on lui attribue sur les bancs de la droite: si c'est un homme combatif, je sais que c'est aussi un homme au coeur tendre, mais il le cache ! (Commentaires.) Je tiens donc à dire que pour ma part et au nom du groupe, nous avons apprécié ce talent et cette combativité. Je regrette aussi le départ de l'auteur de romans policiers, un aspect moins connu de M. Pagani. En effet, j'ai eu sur ma table de nuit un de ses romans qui m'a accompagné non pas pour m'endormir parce que cela voudrait dire alors qu'il serait soporifique, mais au contraire parce qu'il était excellent et très agréable à lire - je vous recommande la lecture de ses romans policiers ! Bref, si le parti démocrate-chrétien se joint aux éloges qui ont été faits, c'est pour souhaiter à M. Pagani une excellente suite dans sa carrière politique à la Ville. (Applaudissements.)

M. François Baertschi (MCG). Rémy Pagani ne manque pas de talents, qui ne sont pas uniquement politiques. Il a un talent d'écrivain, comme l'a relevé Guy Mettan, et a aussi eu un talent de syndicaliste, ce qui n'est pas une tâche aisée. Il est certain que défendre des personnes en difficulté, des employés qu'il est parfois difficile d'aider et de soutenir dans des combats face à leur employeur, est quelque chose qui passe souvent inaperçu. Parfois, il y a un peu de publicité, une chose que vous savez bien faire, que vous avez appris à faire et pour laquelle vous étiez très doué. En politique, je dois vous reconnaître une faculté que peut-être personne ne vous reconnaît parmi nous tous, mais que je souligne parfois à l'intention de certains des membres du MCG quand ils ne réussissent pas dans une élection ou se trouvent en queue de liste, ce qui arrive souvent dans la vie politique. Je leur dis: «Regardez ! Lors de sa première élection, je crois, dans les années 90, Rémy Pagani est arrivé très très bas en queue de liste et il est ensuite parvenu au sommet !» Pour nous, vous êtes donc un exemple de réussite politique indépendamment des idées des uns et des autres et des causes que nous pouvons défendre. Vous avez su vous battre, même dans des situations difficiles, et avez réussi à rencontrer des succès pour vous-même et pour votre parti. Alors rien que pour cela, je tenais à vous rendre hommage, Monsieur Pagani. (Applaudissements.)

M. Rémy Pagani (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés et députées - je ne me tromperai plus ! (Rire.) ...je tiens d'abord à vous remercier vraiment très chaleureusement de l'ensemble des hommages, qui sont habituels dans cette enceinte. Je tiens aussi à remercier l'équipe de Mme Hutter du service du Grand Conseil, parce que ce sont vraiment des fidèles que j'ai rencontrés eux aussi quand j'ai siégé la première fois et qui sont toujours là. Je crois que nous pouvons aussi féliciter cette équipe-là. Je tiens personnellement à vous féliciter, à féliciter toutes les personnes qui nous aident dans notre travail de député. J'aimerais aussi - cela ne va pas être long - adresser mes remerciements... Vous savez très bien que ma démission est liée à la question du double mandat et donc que, quand on me chasse d'un côté, je reviens de l'autre ! Ce n'est peut-être qu'un au revoir, j'espère... (Remarque.) ...parce que je ne vais pas abandonner cette charge ainsi, en tout cas pas définitivement. J'aimerais enfin vous remercier toutes et tous, du moins la majorité de ce parlement, pour avoir fait droit à la Ville de Genève en lui permettant de retrouver son siège d'administrateur au sein de cette belle institution que sont les Transports publics genevois. Je crois que la Ville de Genève avait droit à ce siège, que ce soit moi ou un autre, et je tiens vraiment à remercier ce parlement de cette très sage décision. (Remarque.) Voilà ce que j'avais à dire, mais j'aurais en plus un petit souhait, qui serait un petit cadeau de Noël: certains ont dit que j'étais là pour faire avancer Genève et donner les infrastructures nécessaires et utiles à notre cité, que ce soit le CEVA, la gare Cornavin ou encore la nouvelle Comédie; j'espère que vous serez sages dans cette décision. Je vous remercie de votre attention, et bon vent à toutes et à tous ! (Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député.