Séance du vendredi 4 novembre 2005 à 20h30
56e législature - 1re année - 1re session - 3e séance

La séance est ouverte à 20h30, sous la présidence de M. Michel Halpérin, président.

Assistent à la séance: Mmes et MM. Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat, Carlo Lamprecht, Micheline Spoerri et Pierre-François Unger, conseillers d'Etat.

Exhortation

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, prenons la résolution de remplir consciencieusement notre mandat et de faire servir nos travaux au bien de la patrie qui nous a confié ses destinées.

Personnes excusées

Le président. Ont fait excuser leur absence à cette séance: MM. Laurent Moutinot, Robert Cramer et Charles Beer, conseillers d'Etat, ainsi que Mmes et MM. Sophie Fischer, Georges Letellier, Christian Luscher, Patrice Plojoux, André Reymond, Véronique Schmied, Alberto Velasco et Olivier Wasmer, députés.

E 1342-A
Prestation de serment de M. CURTIN Pierre, élu Juge à la Cour de justice
E 1335-A
Prestation de serment de Mme SOMMER Monika élue Juge suppléant au Tribunal cantonal des assurances sociales
E 1339-A
Prestation de serment de Mme HARTLIEB Nelly, élue Juge assesseur suppléant au Tribunal de police et chambre d'accusation
E 1338-A
Prestation de serment de M. GALLET Alain, élu Juge assesseur suppléant au Tribunal de police et Chambre d'accusation
E 1337-A
Prestation de serment de Mme ROTENBERGER Annelise, élue Juge assesseur suppléant au Tribunal de la jeunesse

Le président. M. Pierre Curtin, Mme Monika Sommer, Mme Nelly Hartlieb, M. Alain Gallet, Mme Annelise Rotenberger sont assermentés. (Applaudissements.)

Correspondance

Le président. Vous avez trouvé sur vos places l'énoncé de la correspondance reçue par le Grand Conseil. Cet énoncé figurera au Mémorial.

Réponse de M. le Chancelier HENSLER Robert à la présidence du Grand Conseil au sujet de l'avis de droit sur la compatibilité entre la fonction de député et celle de fonctionnaire de police (voir corresp. 2109) (C 2117)

Courrier de la présidence du Grand Conseil aux députés intitulé "Respect de la confidentialité des travaux du Grand Conseil" (C 2118)

Le courrier C 2118, intitulé «Respect de la confidentialité des travaux du Grand Conseil» figurera au Mémorial.

Courrier 2118

Annonces et dépôts

Néant.

Le président. Madame Schenk-Gottret, je vous donne la parole.

Mme Françoise Schenk-Gottret (S). Monsieur le président, je demande lecture de la pétition pour le maintien et le développement des filières professionnelles à Genève et contre la suppression... (Exclamations.) Je demande la lecture de la pétition pour le maintien et le développement des filières professionnelles à Genève et contre la suppression de la filière de Génie chimique à l'Ecole d'ingénieurs-HES de Genève, cela en vertu de l'article 171, alinéa 2, de notre règlement.

Le président. Madame la secrétaire, je vous prie de bien vouloir procéder à la lecture de la pétition 1556.

Pétition 1556

Le président. Merci, Madame Bolay. Mesdames et Messieurs les députés, nous passons maintenant au point 18 de notre ordre du jour.

E 1351
Tirage au sort de la commission de grâce (15 membres titulaires et 16 membres suppléants) (la présidence du Grand Conseil choisit, en plus, la présidence de la commission parmi les vice-présidents de l'assemblée)

Le président. Le tirage au sort, conformément à l'article 203 de la loi portant règlement du Grand Conseil, désigne les députés suivants:

Présidente: Mme Anne Mahrer (Ve)

Titulaires:

M. Jean-Michel Gros (L); Mme Janine Hagmann (L); M. Ivan Slatkine (L); M. Alain Charbonnier (S); M. Antoine Droin (S); M. François Thion (S); M. Christian Bavarel (Ve); M. Damien Sidler (Ve); M. Jean-Marc Odier (R); M. Louis Serex (R); M. Pascal Pétroz (PDC); M. Pierre-Louis Portier (PDC); M. Jacques Pagan (UDC); M. Pierre Schifferli (UDC); M. Sébastien Brunny (MCG).

Suppléants:

M. René Desbaillets (L); M Pierre Ducrest (L); M. Mark Muller (L); M. Christian Brunier (S); Mme Elisabeth Chatelain (S); M. Alberto Velasco (S); Mme Esther Alder (Ve); Mme Catherine Baud (Ve); M. Frédéric Hohl (R); M. Pierre Kunz (R); M. Luc Barthassat (PDC), Mme Véronique Schmied (PDC); M. Eric Leyvraz (UDC); M. Claude Marcet (UDC);M. Eric Stauffer (MCG); M. Maurice Clairet (MCG).

E 1352
Nomination de la commission de réexamen en matière de naturalisation (14 membres titulaires et 1 membre suppléant par groupe ; les membres titulaires sortants ne sont pas immédiatement rééligibles) (La présidence du Grand Conseil choisit, en plus, la présidence de la commission parmi les vice-présidents de l'assemblée)

Le président. Le tirage au sort, conformément à l'article 218 de la loi portant règlement du Grand Conseil, désigne les députés suivants:

Président: M. Jacques Baudit (PDC)

Titulaires:

Mme Beatriz de Candolle (L); Mme Janine Hagmann (L); M. René Stalder (L); M. Roger Deneys (S); Mme Laurence Fehlmann Rielle (S); M. François Thion (S); Mme Emilie Flamand (Ve); Mme Brigitte Schneider-Bidaux (Ve); Mme Michèle Ducret (R); M. Frédéric Hohl (R); M. François Gillet (PDC); Mme Caroline Bartl (UDC); M. Yves Nidegger (UDC); M. Sébastien Brunny (MCG).

Suppléants:

M. Marcel Borloz (L); Mme Mariane Grobet-Wellner (S); Mme Catherine Baud (Ve); M. Patricia Läser (R); M. Michel Forni (PDC); M. Eric Ischi (UDC); Mme Sandra Borgeaud (MCG).

E 1353
Renouvellement des commissions permanentes et ad hoc

Le président. La composition des commissions, établie d'entente entre les chefs de groupe, figurera au Mémorial.

Composition des commissions

Le président. Je précise, à toutes fins utiles, que la composition de ces listes sera tenue à jour par le service du Grand Conseil et consultable en tout temps.

Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons nos travaux avec le point 39 de notre ordre du jour.

PL 9441-A
Rapport de la commission de l'économie chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat modifiant la loi sur le tourisme (I 1 60)
Rapport de majorité de Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC)
Rapport de minorité de Mme Salika Wenger (AdG)
Rapport de minorité de M. Pierre Kunz (R)

Suite du premier débat

Le président. Je vous rappelle que la liste est close, de sorte que les personnes qui s'inscrivent maintenant ne peuvent plus prendre la parole avant le vote d'entrée en matière. Monsieur Roger Deneys, je vous donne la parole.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, mon collègue Alain Charbonnier vous a exposé, juste avant la pause, l'essentiel des motivations socialistes pour soutenir ce projet de loi et, également, nos petites - voire importantes - remarques concernant les dispositifs qui manquent dans ce projet de loi.

Pour mémoire et pour répondre à M. Kunz, notamment lorsqu'il préconise de subventionner le tourisme, je dirai que, si ce projet de loi modifiant la taxe sur le tourisme a vu le jour, c'est parce que les milieux concernés, les hôtels et les milieux économiques de la Rade, n'ont pas été capables de s'organiser entre eux pour assurer la promotion touristique de Genève. La Fondation pour le tourisme a donc été mise sur pied à la demande des milieux économiques pour, en quelque sorte, assurer un certain principe d'égalité entre tous les acteurs concernés, que ce soient les hôtels, les fournisseurs ou les autres milieux qui profitent de la manne touristique. (Brouhaha.) Dans ce sens, il est très clair pour les socialistes...

Le président. Excusez-moi, Monsieur Deneys ! Mesdames et Messieurs les députés, c'est M. Deneys, seul, qui a la parole !

M. Roger Deneys. Merci, Monsieur le président ! Il est très clair pour les socialistes que l'équité de ces taxes doit être avérée et que tous les acteurs concernés par le tourisme à Genève doivent contribuer à la promotion touristique genevoise: les hôtels de la Rade, principalement et directement, mais, également, les fournisseurs des commerces, puisque les commerces situés dans la zone de la Rade doivent aussi y contribuer. Il n'y a en effet aucune raison pour que ces fournisseurs ne soient pas soumis à cette taxe. Dans ce sens, le groupe socialiste souhaite maintenir ce qui s'appelle la «taxe fournisseurs», même si, sur le fond - c'est vrai - la cohérence fait défaut actuellement dans ce domaine. En effet, quatre taxes différentes pour la seule promotion touristique, ce n'est franchement ni simple ni pratique ! En tant que patron d'entreprise, je suis évidemment très sensible à ce genre de problèmes, dans la mesure où cela engendre des tracas administratifs inutiles. Néanmoins, il n'y a pas de raison qu'un fournisseur situé au Petit-Lancy ou à Plan-les-Ouates ne contribue pas à la manne destinée à Genève Tourisme, alors qu'un petit commerce situé aux Pâquis y contribue. A cet égard, le principe d'équité n'est pas obtenu avec le projet de loi actuel - en tout cas pas complètement. C'est presque anecdotique, parce qu'il s'agit de montants relativement modestes, mais cela nous dérange sur le principe.

Par contre, ce qui nous gêne beaucoup plus, c'est que Genève Tourisme, en tant qu'association subventionnée qui touche quand même 11 millions au total, via la fondation - je dis bien 11 millions: ce n'est pas ce qui est écrit dans le rapport, mais il s'agit bien de 11 millions ! - ne soit pas soumise au contrôle de l'Inspection cantonale des finances. Et cela nous semble extrêmement problématique. N'importe quelle association subventionnée dans la République et canton de Genève est tenue de mettre ses comptes à la disposition de l'ICF, et il n'y a pas de raison particulière que Genève Tourisme y échappe ! Certes, un artifice légal le lui permet, car c'est la fondation qui récolte l'argent et qui le reverse à Genève Tourisme... Et le département répond invariablement que la fondation, elle, est soumise au contrôle de l'ICF... Je suis désolé, mais la fondation lui sert de société écran ! Or, fondamentalement, ce qui nous intéresse, c'est de savoir comment est utilisé cet argent au niveau de Genève Tourisme.

En ce qui me concerne, j'ai également des doutes sur l'exactitude des chiffres avancés dans ce projet de loi... Ils ne me semblent pas tout à fait exacts, dans la mesure où Genève Tourisme touche, en plus, une somme de plusieurs centaines de milliers de francs de la part de la Loterie romande pour l'organisation des fêtes de Genève. Alors, certes, on peut dire que c'est la Loterie romande qui finance ces fêtes, mais cela prouve bien que Genève Tourisme touche des fonds en dehors de la fondation. Et puis, les montants totaux des taxes actuellement prélevées auprès des acteurs économiques ne suffisent pas à couvrir les dépenses en matière de tourisme, puisqu'un complément est versé par la Loterie romande. D'une certaine manière, ce n'est pas tout à fait normal. Il vaudrait mieux que les acteurs économiques reçoivent 12 millions par an, et non pas 11 millions, et qu'ils s'organisent entre eux et se répartissent les fonds. Ce n'est pas à l'Etat de les subventionner directement !

Dans ce sens, les socialistes soutiennent ce projet de loi parce qu'il représente tout de même des avancées importantes, notamment en matière de simplification, et, aussi, comme l'a dit mon collègue Charbonnier, parce qu'il introduit le principe de la carte Unireso qui sera mise à disposition des touristes dans les hôtels genevois, comme cela existe, par exemple, à Bâle, et qui, semble-t-il, a beaucoup de succès. Cela permettra à Genève de rattraper un tant soit peu son retard en matière d'accueil touristique de proximité. On ne peut que s'en réjouir.

Les socialistes vous invitent donc à voter l'amendement demandant que Genève Tourisme soit soumis au contrôle de l'Inspection cantonale des finances, parce que c'est une condition importante pour garantir la transparence des dépenses de cet organisme.

M. Christian Bavarel (Ve). Les Verts soutiendront cette loi, car nous trouvons qu'elle va effectivement dans le bon sens.

Lors des auditions, nous avons constaté que Genève Tourisme ressemblait un peu à une usine à gaz: les choses n'étaient pas très claires... Certains modes de perception étaient un peu compliqués et se trouvent simplifiés par ce projet de loi, ce que nous trouvons positif, mais nous souhaitons encore plus de simplifications à terme. Comme M. Deneys vient de le dire, la Fondation du tourisme joue un rôle qu'on nous a expliqué, et nous avons compris les raisons pour lesquelles aujourd'hui on ne peut pas faire sans. Mais il est vrai qu'on a toujours l'impression qu'il y a une structure de trop avec la Fondation du tourisme et Genève Tourisme. Je le répète, nous avons bien entendu les arguments du département à cet égard.

Nous nous réjouissons bien évidemment de la création de la carte Unireso. C'est une mesure qui va vraiment dans le bon sens, car elle permettra aux personnes qui veulent se rendre à Genève de partir du principe qu'elles pourront se passer de leur voiture. Genève doit pouvoir accueillir les touristes sans que cela génère davantage de circulation: il y a déjà suffisamment de bouchons comme cela ! Sachant qu'ils pourront traverser le lac en prenant la Mouette et éviter de prendre une voiture et de se retrouver coincés dans un bouchon du Pont du Mont-Blanc, les gens seront plus enclins à venir à Genève.

Voilà des mesures que nous sommes heureux de voir mises en place, et nous vous invitons donc à voter ce projet de loi.

M. Gilbert Catelain (UDC). Le projet de loi qui nous est proposé ce soir, et pour lequel le Conseil d'Etat a demandé l'urgence à la dernière plénière, est une sorte de bilan de législature pour le conseiller d'Etat sortant du PDC. De ce point de vue, je pense que l'on ne peut être que déçu.

En fait, il faudrait se demander à quoi servira cette modification de loi... Améliorera-t-elle l'efficacité de l'Office du tourisme à Genève ? La réponse est certainement non. Donnera-t-elle satisfaction aux acteurs du tourisme à Genève ? Globalement, la réponse est non ! Ce projet de loi permettra-t-il d'accroître la fréquentation touristique à Genève ? Nous n'avons aucune garantie que ce soit le cas. La réponse est probablement non ! Cette modification de loi permettra-t-elle d'augmenter la perception de taxes ? Oui, et c'est certainement pour cela que la gauche votera ce projet !

Une voix. Eh oui !

M. Gilbert Catelain. Ce projet de loi est-il directement lié à un contrat de prestation qui vous permettrait d'affecter un montant correspondant des taxes pour assumer cette prestation ? La réponse est non, nous n'avons pas de contrat sous les yeux ! Et, enfin, ce projet de loi est-il favorable ou non à l'emploi ? Malheureusement, la réponse est clairement non !

Je reviens sur le contrat de prestation. Dans les faits - si vous lisez le rapport - la fréquentation touristique à Genève a crû de 10% entre 1994 et 2003. Par contre, ce que ne vous dit pas le rapporteur de majorité, c'est qu'entre 1967 et 2003 la fréquentation touristique dans ce canton n'a que faiblement progressé - et uniquement en valeur absolue, pas en valeur relative !

Je m'explique. En 1967, 1,9 million de touristes sont venus à Genève; 1,9 million de nuitées. Vingt-huit ans plus tard, la fréquentation n'a augmenté que de 300 000 nuitées...

J'en viens à l'argent investi dans l'Office du tourisme, pour mesurer l'efficacité. En 1967, en francs constants, nous avons consacré 1 F par touriste et, en 2003, 4,5 F ! L'Office du tourisme a grossi, a voulu devenir, comme la grenouille, plus grosse que le boeuf - un peu à l'image de l'Etat de Genève qui grossit et qui grossit, mais dont on voit mal l'efficacité des prestations... Et l'on ne peut effectivement que mettre en doute l'efficacité en termes purement financiers !

Les chiffres cités dans ce rapport ne tiennent pas compte, s'agissant de l'argent qui est investi dans cet organisme, des actions de promotion particulières. Je veux parler des hôteliers qui sont sollicités, en plus de leur participation par rapport aux nuitées, pour financer, par exemple, des plaquettes, des catalogues référençant les hôteliers, etc. Les sommes que cela représente ne sont pas prises en considération dans les chiffres qui nous sont fournis.

Au niveau de la perception, le projet de loi qui nous est soumis est de nouveau fondé sur le principe de la vache à lait, à savoir que le touriste à Genève doit participer financièrement aux activités de l'Office du tourisme, alors qu'il apporte une valeur ajoutée au canton. La perception reste trop compliquée, elle n'est pas plus équitable qu'auparavant, et, de plus, elle pénalise l'emploi, puisqu'une des taxes est fonction du nombre d'employés dans les établissements.

Au niveau du fonctionnement, certains trouvent que le projet de loi représente une amélioration, mais nos contacts nous amènent à penser que, globalement, c'est plutôt l'inverse. En tout cas, de nombreux hôteliers ont manifesté, hors commission, leur mécontentement par rapport à ce projet de loi. J'ai fait un test ce soir, je me suis rendu dans l'établissement où va souvent dîner le parti démocrate-chrétien... (Exclamations.) ... qui se trouve à quelques dizaines de mètres d'ici. Il s'agit d'un magnifique hôtel avec un certain nombre d'étoiles... Eh bien, je peux vous dire que le patron de cet établissement n'était même pas au courant de la modification légale qui nous est proposée ce soir et il n'y est pas favorable du tout. Car, finalement, ce projet de loi ne prévoit qu'une seule chose: davantage de perception !

Et puis, certains hôteliers se montrent assez virulents vis-à-vis du fonctionnement de l'Office du tourisme, au niveau des horaires, par exemple: le lundi matin il n'y a personne, et le vendredi après-midi il n'y a personne non plus !

Le président. Monsieur le député, il vous reste une minute pour conclure !

M. Gilbert Catelain. Pas de problème, j'ai bientôt terminé ! Ils mettent également en cause le manque de dynamisme et le peu d'initiatives que prend l'Office du tourisme dans la gestion des foires à l'étranger où, généralement, les hôteliers sont les premiers sur place.

En conclusion, le groupe UDC souhaiterait, par rapport à cette modification de loi, ne pas augmenter les recettes de l'Office du tourisme sans contrat de prestation correspondant. Avec quelques députés, nous nous sommes rendus dans un pays d'Asie où l'office du tourisme local avait un objectif très clair: doubler la fréquentation touristique en cinq ans. Nous devrions profiter de cette modification de loi pour refondre l'Office du tourisme...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !

M. Gilbert Catelain. ... qui est actuellement dirigé par une fondation qui est certainement très politisée, puisque de nombreux anciens politiciens y siègent. En résumé, le fonctionnement de cet organisme se caractérise par un aspect fonctionnariat, peu compatible avec l'économie privée que représente l'économie touristique.

Nous demandons donc le renvoi de ce projet de loi en commission.

Le président. Il est pris note de la demande de renvoi en commission. De toute façon, la liste étant close, n'interviendront maintenant que ceux qui étaient prévus. Monsieur Christian Brunier, vous avez la parole.

M. Christian Brunier (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je ne reviendrai pas sur la position du parti socialiste quant à ce projet de loi, je voudrais juste intervenir sur deux points.

Premier point: certains députés ont prétendu que ce projet de loi était en fait la synthèse de trois projets de lois: un présenté par le parti radical, un présenté par le Conseil d'Etat, et le troisième présenté par le parti socialiste. Ils ont expliqué que la commission avait réussi à faire une synthèse de ces trois projets... Nous ne le pensons pas ! Certes, certains aspects de ce projet représentent un consensus de ces trois projets, mais certaines mesures préconisées dans le projet de loi du parti socialiste, n'ont pas été reprises dans ce projet.

J'en prendrai deux ou trois au hasard. Première chose: la transparence s'agissant de la délimitation des zones de taxation au niveau du tourisme. Vous le savez, certaines zones sont plus taxées que d'autres et certaines sont complètement exonérées... Ce découpage paraît mystérieux ! Par exemple, autour de la Rade, tous les commerces du quartier sont taxés d'un côté du lac, et, de l'autre, seuls les commerces qui se trouvent sur les quais sont taxés... Pourquoi cette différence ?

Autre chose bizarre: la taxe maximum s'applique sur toute la zone de l'aéroport - ce qui est normal, puisque c'est un secteur favorisé par le tourisme - mais la zone s'arrête juste au pied d'un hôtel qui accueille beaucoup de touristes. On peut se demander pourquoi la zone s'arrête juste à cet endroit... Il y a quand même des mystères !

Notre projet proposait un peu plus de transparence à différents niveaux, notamment que les modifications de zones soient publiées dans la «Feuille d'avis officielle» - sinon elles passent bien inaperçues - avec des possibilités de recours pour les milieux touristiques.

Deuxième chose: la transparence par rapport aux activités taxées. Certaines activités professionnelles sont plus taxées que d'autres. Il est assez légitime, sur le principe, que certaines professions qui bénéficient plus du tourisme soient davantage taxées que d'autres, mais il y a, sur ce point également, des mystères... Des professions qui étaient fortement taxées auparavant ne le sont quasiment plus; des corps de métier qui étaient complètement exonérés se trouvent tout à coup très taxés... Et on comprend mal sur quels critères ces modifications interviennent. A ce niveau également, le projet de loi socialiste préconisait beaucoup plus de transparence sur la taxation ou non de telle ou telle profession.

Troisième chose - pour une fois, nous étions d'accord, M. Kunz et moi: le projet de loi socialiste exonérait complètement les petits commerces. Certes, la taxe pour les petits commerces représente une somme qui peut sembler dérisoire à certains - 1000 à 2000 F - mais qui est énorme pour le patron d'un petit commerce, ou en tout cas suffisante pour plomber sa comptabilité en fin d'année. Nous pensons que ces commerces, même s'ils bénéficient du tourisme, doivent être complètement exonérés.

Nous ne demandons pas, comme M. Kunz, que tous les citoyens passent à la caisse à travers l'impôt, mais, étant donné que la taxe est plafonnée pour les entreprises qui gagnent, elles, beaucoup d'argent, nous voulions remonter le plafond. Cela permettrait de demander un peu plus de solidarité aux entreprises qui ont de gros revenus et d'exonérer les plus petits commerces. Cette suggestion est tombée à l'eau, puisque non reprise dans ce projet de loi, en tout cas pas suffisamment, et nous pensons qu'il faut revenir sur ces aspects.

Deuxième point. M. Kunz nous a dit que personne ne remettait en cause la politique du tourisme menée à Genève... Nous la remettons en cause ! Comme cela a d'ailleurs été le cas d'autres partis. Nous ne sommes pas sûrs qu'il faille régler tous les problèmes du tourisme par le biais de ce projet de loi, et son renvoi en commission est certainement peu souhaitable. Néanmoins, nous devons, en tant qu'autorités politiques, nous poser des questions par rapport à la politique du tourisme qui est menée à Genève; elle est relativement peu dynamique ! Les personnes qui sont venues à Genève il y a dix ans et qui reviennent maintenant voient peu de changement: la dynamique est faible dans ce secteur de l'économie; la politique touristique est basée essentiellement sur le tourisme de prestige. Certes, nous en avons besoin, mais nous devons aussi nous occuper des autres formes de tourisme. Je vous signale - et je crois que nous sommes l'une des seules régions du monde à travailler comme cela - qu'il n'y a aujourd'hui aucun représentant culturel au niveau de la politique du tourisme ! Dans toutes les autres villes, la culture est un facteur de dynamisme au niveau de la politique du tourisme, et on ne comprend pas que cela se résume chez nous à une sorte de conseil... D'ailleurs, il faudrait aussi revoir les principes de nomination de ce conseil, parce qu'il manque singulièrement de transparence ! Il est vrai qu'on a l'impression de retrouver un club de notables de certains milieux politiques et d'hôteliers, alors que bien des acteurs et des actrices de la politique touristique ne sont pas représentés. Il faut modifier cela au plus vite !

Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC), rapporteuse de majorité. J'aimerais reprendre quelques éléments évoqués par un député de l'UDC, qui sont, à mes yeux, une preuve de plus de sa mauvaise foi... (Protestations.)

Dans le cadre de la démonstration selon laquelle, dans les années 60, Genève investissait 1 F par touriste, il faut se demander combien ce touriste dépensait... Et quand on indique qu'en 2000 Genève a investi 4 F par touriste, il faut aussi se poser la même question pour pouvoir faire une comparaison. Il me semble qu'il dépense plus que dans les années 60. Il est donc important, quand on avance des chiffres, de les placer dans leur contexte et d'aller jusqu'au bout du raisonnement !

Il est également facile de parler du mécontentement de «certains» hôteliers... Il m'est tout aussi facile de parler de la satisfaction de «certains» hôteliers à l'idée de voir les procédures allégées et combien ils appelaient cela de leurs voeux. Alors, arrêtons avec les «certains»: nous pourrions passer la nuit à nous renvoyer des arguments de ce type !

Il a été question d'un éventuel renvoi en commission de ce projet de loi: c'est un non sens ! L'UDC aurait dû être attentive au rapport de leur commissaire UDC, qui a voté cette loi sans problème. C'est dommage qu'il n'ait pas pu restituer à son groupe les travaux auxquels il a participé !

S'agissant des amendements socialistes...

Le président. Si vous le voulez bien, Madame, nous reviendrons sur les amendements en deuxième débat - si cela ne vous fait rien !

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon. Avec plaisir, Monsieur le président. Vous me redonnerez donc la parole ?

Le président. Oui, bien sûr !

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon. Il va de soi que c'est un non-sens de renvoyer ce projet de loi en commission !

Le président. Je donne à présent la parole à M. le conseiller d'Etat Carlo Lamprecht.

M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés... (Brouhaha.)

Le président. Mesdames et Messieurs, puis-je vous prier de garder le silence et d'écouter les orateurs ? Ceux qui n'ont pas l'intention de les écouter peuvent facilement s'éloigner de cette salle pour se concerter entre eux ! Monsieur le conseiller d'Etat, la parole est à vous !

M. Carlo Lamprecht. Merci, Monsieur le président ! Il est facile, Mesdames et Messieurs les députés, après six mois de travaux en commission et alors que la plupart des personnes qui interviennent ce soir n'étaient pas présentes, de faire le procès de Genève Tourisme, de faire le procès des hôteliers, de faire le procès du département, bref, de tout remettre en cause ! Pourtant, pendant ces six mois, tous les membres de la commission ont eu l'occasion de s'exprimer, de faire des propositions, de procéder à des auditions, d'entendre les arguments des uns et des autres. Si ce parlement continue à travailler comme cela, je crains - comme le disait hier soir, M. le président du Grand Conseil - que nous ne soyons, une fois de plus, pas bien partis !

Je rappellerai tout simplement que cette loi sur le tourisme avait été mise en place il y a plus de douze ans par M. Jean-Philippe Maitre, mon prédécesseur, qui avait réussi à fédérer toutes les personnes qui bénéficiaient du tourisme d'une manière générale: les hôteliers - pour commencer, les commerçants - les transports privés, etc., ce qui représente, Monsieur Catelain, énormément d'emplois. Le tourisme est un des secteurs de l'économie le plus générateur d'emplois et de fiscalité. Ce projet, je le répète, a demandé six mois de travail en commission pour être mis sur pied.

Qu'a permis la loi instaurée il y a douze ans ? Elle a permis à Genève Tourisme - qui est une association de droit privé, c'est vrai - de se doter des moyens de promouvoir Genève dans le monde. Et aujourd'hui, vous le savez, les villes se font une concurrence très forte pour essayer d'attirer les touristes.

Vous le savez également, le tourisme à Genève est surtout un tourisme d'affaires, de congrès: ce n'est pas un tourisme de villégiature. C'est une particularité de Genève, et il faut donc, si l'on veut promouvoir notre ville, être présent là où se décident les congrès et les différentes réunions internationales qui peuvent y avoir lieu. Et cette loi avait justement permis à Genève Tourisme d'avoir les moyens d'agir.

On peut toujours comparer les résultats, bien entendu ! Une année est meilleure que l'autre... Vous savez, le nombre des nuitées n'est jamais identique... Le tourisme subit les crises de l'aviation civile, les conséquences indirectes des maladies qui sévissent dans des pays étrangers. Les résultats du tourisme ne sont pas forcément liés à la qualité de la promotion. C'est un secteur qui est tributaire des circonstances, de la conjoncture, des événements partout dans le monde.

Le département n'a pas voulu modifier cette loi, Mesdames et Messieurs les députés: ce projet de loi est le résultat de deux projets de lois issus de vos bancs ! L'un proposait tout simplement d'abroger les taxes pour le tourisme en préconisant que l'Etat prenne la promotion du tourisme en charge - ce serait vraiment le bon moment... L'autre demandait, entre autres, d'exonérer les petits commerçants de cette taxe...

De nombreuses propositions ont été faites, et il a fallu trouver un moyen qui tienne compte des critiques des uns et des autres, pour faire en sorte - c'était l'objectif - que Genève Tourisme continue à avoir les moyens de poursuivre son action - qui est importante pour la promotion de Genève - en essayant de tenir compte des desirata des uns et des autres.

Mais, par rapport aux petits commerçants qui paieraient trop, je vais vous dire très franchement ceci: en tant que président de la fondation - et je reviendrai sur la fondation - je n'ai reçu, en huit ans, qu'une ou deux lettres de commerçants qui se plaignaient de payer trop de taxes ! Ce sont les députés qui s'en plaignent, mais pas les premiers intéressés ! Il faut donc relativiser ce problème: même si tout un chacun connaît ici ou là un ami qui se plaint, il ne faut pas penser que c'est général. En tout cas, je le répète, je n'ai pas reçu de réclamation à ce sujet...

Toutefois, le département a bien été obligé de prendre les choses en main, dans la mesure où les propositions partaient dans tous les sens. Ce projet de loi va permettre à Genève Tourisme de bénéficier des moyens financiers adéquats pour accomplir sa tâche dans la durée.

Le projet de loi du Conseil d'Etat ainsi que les amendements votés en commission reflètent, à mon sens, un compromis raisonnable. Il est en effet difficile de faire un costume sur mesure à chacun ! Notre idée - puisque vous parlez des zones plus ou moins concernées par le tourisme - c'était bien de profiter de l'examen de cette loi pour essayer, bien sûr, de faire payer davantage - car la structure des zones, vous l'avez dit, a beaucoup changé, des hôtels qui n'existaient pas il y a douze ans existent aujourd'hui - tout en faisant en sorte que tout un chacun soit taxé raisonnablement. Et c'est ce que nous avons fait, tout en simplifiant les procédures ! Nous sommes partis du principe qu'il fallait examiner la pertinence des taxes pour le tourisme, perçues auprès de l'ensemble des secteurs économiques directement concernés, et s'il fallait les appliquer à d'autres. Je le répète, la perception a été améliorée, puisque les procédures ont été simplifiées. Du reste, M. le député Gros l'a relevé... Oui, Monsieur Charbonnier, vous pouvez rigoler: c'est sympa, moi je veux bien ! (Rires.) Donc, certains secteurs économiques paient davantage, ce sont les hôteliers, puisque ce sont eux qui bénéficient le plus du tourisme. Dans d'autres secteurs, les taxes ont été allégées: je veux parler des PME et des artisans. Nous avons tenu compte de certains critères, pour répondre, précisément, à certaines préoccupations du projet de loi 8835 qui visait à exonérer de la taxe additionnelle pour le tourisme les entreprises de moins de quatre personnes. Mais, comme je l'ai dit en commission: certaines entreprises de gestion de fortune gagnent beaucoup d'argent, alors qu'elles ne comptent que trois personnes. Ce n'est pas le nombre d'employés qui compte, c'est le bénéfice généré par l'entreprise ! Nous avons tenu compte de ce paramètre. Mais ce n'est pas facile, Mesdames et Messieurs ! Si vous avez mieux à proposer, recommencez tout le travail qui a été fait en commission ! (Protestations.)

Aujourd'hui, un projet de loi vous est soumis: il a été discuté en commission et examiné à fond. Alors, je vous demande, étant donné tout le travail qui a été effectué par les uns et les autres, de le voter pour accorder à Genève Tourisme les moyens d'agir, pour que nous soyons compétitifs sur le plan international !

J'en viens à la fondation. Des versions différentes ont été données. Certains demandent à quoi elle sert... Eh bien, elle sert précisément à demander des comptes à Genève Tourisme suite aux crédits que nous lui allouons, et un programme pour voter le budget ! Des chiffres ont été articulés... Genève Tourisme perçoit 8,9 millions environ, par le biais des taxes, et 900 000 F de l'Etat - ce qui est déjà pas mal par rapport aux difficultés financières que nous connaissons. L'Etat ne peut pas donner 5 millions !

Nous avons essayé, en élaborant ce projet de loi, de laisser tout ce qui était utile et de tenir compte, en partie - il n'est en effet pas possible de tenir compte de tout dans la mesure où certains propositions étaient tout à fait contradictoires - des suggestions qui avaient été faites. Vous pouvez recevoir encore une fois Genève Tourisme - je l'ai proposé - demander des comptes à son directeur et à son président, exiger davantage: c'est encore possible ! Mais, tout de même, ils étaient présents en commission, ils sont venus nous expliquer leur travail ! Vous êtes au courant de tout !

Je vous demande donc avec vigueur, Mesdames et Messieurs, dans l'intérêt de Genève, d'avoir le courage de voter cette loi ce soir !

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs, nous sommes saisis d'une proposition de renvoi en commission de ce projet de loi que je vais vous soumettre. Si cette proposition n'est pas adoptée, nous passerons à la procédure de vote d'entrée en matière.

Mis aux voix, le renvoi du rapport sur le projet de loi 9441 à la commission de l'économie est rejeté par 63 non contre 19 oui. (Exclamations.)

Le président. Vous avez un problème, Mesdames et Messieurs les députés ? (Exclamations.) Monsieur Hodgers, vous voulez prendre la parole ?

Une voix. Oui ! (Rires.)

Le président. Je peux continuer la procédure de vote ? Bien ! Nous sommes à présent en procédure de vote sur la prise en considération.

Mis aux voix, le projet 9441 est adopté en premier débat par 82 oui contre 1 non et 1 abstention.

Deuxième débat

Mis aux voix, le titre et le préambule sont adoptés, de même que les articles 2 à 5.

Le président. Mesdames et Messieurs, nous sommes saisis d'un amendement à l'article 6, alinéa 3, proposé par M. Roger Deneys, Mme Mariane Grobet-Wellner et M. Alain Charbonnier. Monsieur Deneys, vous avez la parole.

M. Roger Deneys (S). J'ai bien entendu les propos du conseiller d'Etat en charge du département. Il est vrai que Genève Tourisme présente ses comptes à la fondation... Mais j'insiste sur le fait que le contrôle qui est effectué n'est pas équivalent à celui que ferait l'Inspection cantonale des finances et qui garantit une transparence complète de l'argent versé par la collectivité publique. Je tiens à souligner que les 11 millions en question représentent de l'argent public ! Prétendre que la subvention ne serait que de 900 000 F et que le reste viendrait du privé n'est pas exact, dans la mesure où les impôts payés par les contribuables, quels qu'ils soient, sont de l'argent public qui est redistribué par l'Etat. Dans ce sens, il s'agit bien de 11 millions qui sont donnés à Genève Tourisme, et confier le contrôle des comptes à une fiduciaire et à une fondation n'est pas suffisant !

Je vous invite donc à voter cet amendement.

Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC), rapporteuse de majorité. Je voudrais simplement préciser une chose, qui est déjà exprimée clairement dans le rapport: Genève Tourisme est une association de droit privé, et la Fondation pour le tourisme est déjà contrôlée par l'ICF. Vous êtes donc en train de proposer une mesure qui n'est pas justifiée !

Cet amendement ne peut pas être accepté.

M. Gilbert Catelain (UDC). Je voudrais en effet avoir la confirmation par le département qu'un contrôle est bien effectué par l'ICF. L'UDC - cela peut paraître paradoxal - est opposé à une étatisation de l'Office du tourisme: puisqu'il concerne une activité privée, il doit être géré de manière privée, sans intervention de l'Etat ! Ou alors, le tourisme à Genève doit être considéré comme une économie socialisée, ce dont nous ne voudrions surtout pas !

L'argument avancé par le parti socialiste tient tout à fait la route: la perception de cette taxe est obligatoire et l'argent recueilli transite probablement par les caisses de l'Etat, puisque 3% du budget sont consacrés au contrôle de cette perception. On peut donc dire qu'il s'agit, de facto, d'un subventionnement par le biais des éventuels bénéficiaires de l'activité touristique à Genève. Il nous paraît donc normal que l'ICF puisse contrôler ces comptes, mais si l'on nous confirme que c'est déjà le cas, nous n'aurions pas de raison de voter cet amendement.

Je voudrais revenir sur l'importance du tourisme à Genève. L'UDC est tout à fait en phase avec le chef du département pour dire que l'activité touristique est essentielle pour l'activité économique genevoise, mais je dirai surtout pour la Ville de Genève qui est la principale bénéficiaire. On pourrait même se demander à cet égard si l'Office du tourisme ne devrait pas être géré par la Ville de Genève plutôt que par le canton. (Brouhaha. Remarques.) Quelqu'un a parlé de l'aéroport... Je suis content de constater l'explosion de la fréquentation de l'aéroport, mais je dois aussi reconnaître que celle-ci n'est pas du tout liée à l'augmentation du tourisme à Genève, puisqu'en trente ans il n'y a eu que 300 000 nuitées de plus, alors que la fréquentation de l'aéroport, elle, a au moins doublé dans le même laps de temps. Il n'y a donc pas de relation de cause à effet entre la fréquentation de l'aéroport et le tourisme à Genève.

Tout cela pour dire que je suis très étonné, puisque le tourisme est si important pour le Conseil d'Etat, qu'il n'alloue que 900 000 F pour cette activité vitale, alors que le même Conseil d'Etat nous «balance» des projets de lois pour octroyer 230 000 F à l'Association VIRES; 500 000 F à l'Association F-Information, 600 000 F à Solidarité Femmes ! Alors, je pose la question: où sont les priorités du Conseil d'Etat ?

Parce que le système que l'on nous propose est coûteux, administrativement ! Car les procédures restent compliquées. Les taxes sont calculées en fonction des nuitées, et ces étoiles, c'est de la chicane administrative ! L'UDC demande des simplifications administratives à tous les niveaux pour favoriser l'activité économique en Suisse et dans le canton de Genève. Puisque cette activité est primordiale pour Genève, il serait beaucoup plus simple - et je suis d'accord avec M. le député Kung... Kunz, pardon ! (Exclamations.) ... puisque, de toute façon, il s'agit d'une subvention déguisée. Donc, il serait beaucoup plus simple que l'Etat subventionne directement l'Office du tourisme. L'affaire serait réglée, et nous économiserions les deux postes du département des finances qui sont chargés du contrôle de la perception et beaucoup de frais administratifs pour l'ensemble des acteurs du tourisme à Genève !

Avant de nous prononcer sur l'amendement, je demanderai que le département nous confirme si, oui ou non, l'Inspection cantonale des finances effectue un contrôle à ce niveau.

M. Christian Bavarel (Ve). Je vais essayer de me limiter uniquement à l'amendement. Cela sera peut-être plus simple... (L'orateur est interpellé.) Oui, il semblerait que c'est comme cela qu'il faut faire !

Ce que propose le parti socialiste me paraît assez intéressant. Effectivement, le problème était bel et bien d'avoir une fondation, qui, elle, est contrôlée, et, à l'échelon au-dessous, Genève Tourisme, qui n'est pas contrôlée, si ce n'est par la fondation, sachant que ce contrôle n'est bien sûr pas d'aussi bonne qualité que celui de l'ICF. Et puis, que l'ICF puisse avoir accès aux comptes ne signifie pas qu'elle doive forcément refaire tout le travail ! Ce qu'il faut, c'est qu'un contrôle sérieux soit véritablement effectué et que l'on puisse avoir accès aux comptes de Genève Tourisme, si nécessaire.

Le département a réussi à nous convaincre que l'organigramme devait rester tel quel, même s'il est un peu complexe, avec ses deux niveaux. Pour notre part, nous aurions souhaité simplifier cette structure, mais les arguments avancés par le Conseil d'Etat nous ont convaincus. Par contre, il me semble extrêmement raisonnable de se donner un outil, comme le propose le parti socialiste. Je vous demande donc de voter cet amendement.

M. Christian Brunier (S). Mesdames et Messieurs les députés, il me semble que nous sommes en train de nous «prendre la tête» pour pas grand-chose !

Tous les programmes des partis politiques ici représentés demandent la transparence financière de l'Etat. La plupart des partis ont été favorables à la création de la Cour des comptes. La transparence implique un principe élémentaire: dès que l'Etat donne de l'argent à une association, il a le droit de contrôle. En l'occurrence - comme par hasard - certains demandent pourquoi il faudrait contrôler cette association... Eh bien, simplement en vertu du principe de la transparence: si l'Etat alloue une subvention, l'Inspection cantonale des finances doit pouvoir contrôler les comptes de l'association qui en bénéfice ! C'est un principe qui me paraît tout à fait élémentaire, et je crois qu'il n'y a pas lieu de discuter plus longtemps sur cet amendement !

Il faut tout simplement le voter, pour être en cohérence avec notre envie de gérer les finances de l'Etat avec plus de transparence et d'efficacité.

M. Roger Deneys (S). Pour compléter les propos de M. Brunier et répondre en partie à M. Catelain - j'espère qu'il m'écoute... - je dirai ce qui suit. Dans le projet de loi actuel, c'est la Fondation pour le tourisme qui est soumise au contrôle de l'ICF et qui encaisse les taxes. Par contre, l'Association Genève Tourisme qui dépense l'argent n'est pas soumise au contrôle de l'ICF ! Et c'est bien sur ce point que réside le problème: on ne contrôle qu'une partie du processus, ce qui est - M. Brunier l'a dit - franchement inacceptable !

M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. J'ai précisé tout à l'heure quel était le rôle de la Fondation pour le tourisme: accepter un budget et vérifier les comptes pour voir si les choses correspondent. Un organisme privé peut contrôler les comptes de l'Association Genève Tourisme qui est une association privée. Comme dans toute association privée, un contrôleur aux comptes avalise les comptes s'ils sont exacts. Maintenant, si vous voulez que l'Inspectorat cantonal des finances ait la possibilité d'examiner les comptes, on peut toujours le demander ! Evidemment, il y a une contradiction entre le contrôle de la fondation et l'Inspectorat cantonal des finances, mais c'est quelque chose que nous pouvons très bien établir ensemble.

Le président. Merci. Vous avez redemandé la parole, Monsieur Brunier ?

M. Christian Brunier (S). C'est juste pour demander l'appel nominal, Monsieur le président !

Le président. Vous êtes soutenu ?

Des voix. Oui !

Le président. Très bien, il en sera fait ainsi ! Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets maintenant l'amendement proposé par M. Deneys à l'article 6, alinéa 3, à l'appel nominal, consistant à ajouter à la fin de la phrase: «...Genève Tourisme est soumis au contrôle de l'Inspection cantonale des finances (ICF).» Le vote est lancé.

Mis aux voix à l'appel nominal, cet amendement est adopté par 43 oui contre 35 non et 3 abstentions.

Appel nominal

Mis aux voix, l'article 6 ainsi amendé est adopté.

Mis aux voix, l'article 7 est adopté, de même que les articles 8 à 14.

Le président. Mesdames et Messieurs, une proposition d'amendement est proposée à l'article 17, alinéa 1, visant à introduire une taxe fournisseurs, sous forme d'une lettre a). Monsieur Charbonnier, vous avez la parole.

M. Alain Charbonnier (S). Merci, Monsieur le président. Comme je l'ai déjà dit lors du premier débat, lors des travaux de la commission - sur le texte du département, je tiens à le signaler - le parti libéral a proposé l'abrogation de la taxe fournisseurs: taxe qui s'applique aux fournisseurs des hôtels principalement. Il s'agit de relativement grosses entreprises qui fournissent les hôtels en produits qui leur sont nécessaires. Je donnais l'exemple de la boulangerie, mais il y en a plein d'autres. Et nous pensons qu'il n'y a pas de raison que ces fournisseurs, qui profitent directement du tourisme et de la bonne marche de ces hôtels, ne soient pas taxés d'une façon ou d'une autre.

On nous dit qu'il est très difficile pour le département des finances de prélever cette taxe... Peut-être ! Mais les derniers chiffres montrent quand même qu'elle a produit 700 000 F ! Alors, au département des finances de faire l'effort ! Nous, nous pensons qu'il est tout de même normal que les grosses entreprises qui fournissent ces hôtels soient taxées, puisque les petites boulangeries - comme je l'ai évoqué tout à l'heure, par exemple au Petit-Saconnex - sont taxées comme «entreprises bénéficiant du tourisme».

Il faut savoir qu'une petite entreprise peut payer jusqu'à 1200 F par année... Or, avec l'abrogation de cet article proposée par le parti libéral, les gros fournisseurs d'hôtels ne seraient pas taxés !

Nous vous demandons donc de soutenir cet amendement pour revenir au texte du Conseil d'Etat et du département de l'économie.

M. Jean-Michel Gros (L). L'un des buts de ce projet de loi était justement de simplifier le prélèvement de ces taxes... Et la taxe fournisseurs était vraiment l'exemple même, avec la taxe additionnelle - dont je ne dirai pas encore plus de mal que j'en ai dit tout à l'heure - d'une taxe tout à fait incomprise par lesdits fournisseurs qui, la plupart du temps, viennent d'autres cantons... (Exclamations.) ... où cette taxe n'existe pas. C'est dire que cela représente un désavantage évident pour les hôteliers.

Maintenant, comment s'applique cette taxe ? Nous ne le saurons jamais, puisque le prélèvement de cette taxe est quasiment incontrôlable, et cela nous a été certifié en commission par le département des finances. Alors, je vous en prie: si, vraiment, vous voulez compliquer à nouveau tout ce qui a été simplifié en commission, autant revenir à la loi initiale sur le tourisme ! Mais le but ici était justement de simplifier le prélèvement de ces taxes en se bornant à limiter les ressources pour la Fondation pour le tourisme à deux taxes et une subvention de l'Etat. C'est tout !

Et je vous prie d'en rester au texte de la commission, car c'est bien dans un but de simplification qu'il a été élaboré !

Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC), rapporteuse de majorité. Je suis en train de me demander à quoi servent les travaux de commission pour qu'il y ait autant d'interventions en plénière, dès lors que nous avons déjà abordé tous les aspects de ce projet de loi dans le détail !

Les personnes - vous m'en excuserez, mais je tiens à le répéter - que nous avons auditionnées longuement nous ont démontré que cette taxe rapportait trop peu d'argent pour justifier de mettre en place des contrôles supplémentaires. De plus, elle va à fins contraires de tout ce qui a été demandé, à savoir la simplification des procédures !

Finalement, cet amendement revient à remettre une couche à un millefeuille qui n'en pouvait plus... Et cette loi apparaît enfin pleine de bon sens. Alors, s'il vous plaît, n'en rajoutez pas ! (Applaudissements.)

Le président. Merci ! Avant de donner la parole à M. le rapporteur de minorité, j'indique que nous avons clôturé la liste: M. Pierre Kunz, M. Maurice Clairet, M. Gilbert Catelain, M. Alain Charbonnier, M. Roger Deneys, M. Christian Bavarel sont encore inscrits. Monsieur le rapporteur de minorité, vous avez la parole.

M. Pierre Kunz (R), rapporteur de deuxième minorité. L'argumentation de M. Charbonnier pour justifier la taxation des fournisseurs des hôteliers, sous prétexte qu'ils seraient les bénéficiaires de l'industrie touristique, est tellement aberrante, intellectuellement parlant, que je ne peux m'empêcher de lui suggérer d'exiger un impôt sur tous les emplois de l'hôtellerie ! Après tout, les emplois de l'hôtellerie profitent aussi de l'industrie touristique ! Alors, taxons-les, pendant que nous y sommes !

M. Maurice Clairet (MCG). Monsieur le président, bonjour ! Messieurs les députés, bonjour ! Je suis un apprenti député...

Je suis artisan boulanger, et je suis tout à fait opposé à cette taxe. En effet, il faut savoir qu'en l'augmentant les hôtels vont automatiquement hausser leur prix. Cela fait boule de neige.

Par ailleurs, vous devez savoir que les livraisons ne rapportent rien du tout ! Si on les fait, c'est simplement pour maintenir les emplois ! Si vous le voulez, vous pouvez venir chez moi, je vous fournirai les chiffres de mon affaire. Croyez-moi, nous bossons dur, entre quinze et dix-sept heures par jour ! Tout à l'heure, à 2h30, je serai debout et je vais travailler au moins quinze heures !

En 1963, quand je suis arrivé en Suisse, il y avait dix pages de pâtissiers et dix pages de boulangers dans l'annuaire téléphonique... Aujourd'hui, il n'y a qu'une page, dont la moitié pour les grandes entreprises de la place de Genève ! Regardez le nombre d'artisans qu'il reste: trois fois rien ! La moitié de ces artisans travaillent avec des apprentis; l'autre moitié, avec des ouvriers. En ce qui me concerne, j'ai vingt-trois employés, et, croyez-moi, ce n'est pas facile de gérer tout ce monde ! (Applaudissements.)

M. Gilbert Catelain (UDC). Nous devons effectivement reconnaître un mérite à cette loi, c'est la simplification. Et 700 000 F pour autant de fournisseurs, cela ne doit pas faire grand chose comme recette par fournisseur. De facto, cette taxe n'a plus de raison d'être !

Par contre, je comprends tout à fait l'argumentation du parti socialiste - contrairement à M. Kunz... (Rires et exclamations.) Le parti socialiste a été très clair dans son discours...

Le président. Monsieur le député, je vous rappelle que vous vous adressez à la présidence, exclusivement ! (Rires.)

M. Gilbert Catelain. En effet, pendant toute la campagne électorale, le parti socialiste a toujours dit qu'il était favorable à plus d'impôts, plus de taxes, et, donc, plus de perception, pour alimenter l'effectif de la fonction publique...

J'admire aussi le discours de la rapporteure de majorité... J'ai presque cru entendre un discours UDC ! (Exclamations et rires.) J'ai pensé qu'elle allait peut-être virer de bord au cours de ces prochaines semaines... (Exclamations.)

Donc, je peux confirmer que nous ne soutiendrons pas cet amendement.

En réalité, la taxe fournisseurs représenterait une sorte de double imposition pour les fournisseurs, ce que ne prévoit d'ailleurs même pas la TVA ! En effet, le système de la TVA - approuvé par le parti socialiste, ces dernières décennies - perçoit la taxe uniquement lors de la vente finale, et c'est toujours le dernier fournisseur qui paye la taxe. Mais, avec une telle taxe, nous serions dans un système où, d'une part, le fournisseur payerait la taxe et, de l'autre, l'hôtelier payerait la taxe de la taxe, puisqu'il paye déjà une taxe sur la nuitée, en ayant déjà payé indirectement la taxe du fournisseur. Donc, cela reviendrait à une double imposition, ce qui n'est pas du tout conforme à la politique fiscale en vigueur dans ce pays.

M. Alain Charbonnier (S). A propos de cette taxe et, en général, de cette loi sur le tourisme, il me semble qu'on s'égare un peu... Certains n'ont pas très bien compris de quoi il s'agit...

M. le président Lamprecht l'a rappelé tout à l'heure, cette loi vient d'un arrangement entre les différents acteurs du tourisme à Genève, et elle a été élaborée à l'époque de son prédécesseur, M. Maitre, de façon que tous les acteurs bénéficiant du tourisme participent à sa promotion sous forme de taxes.

D'ailleurs, le département l'avait très bien compris, puisque l'amendement a été rédigé par le département qui nous l'avait proposé dans son projet de loi ! Cette taxe fournisseurs, dans le Chapitre II, du Titre III, était déjà une simplification de ce qui existait auparavant dans la première loi de 1994. Ce n'est donc pas une complication du tout ! Le but de cette taxe est de maintenir une certaine équité entre les différentes entreprises qui profitent du tourisme.

Tout à l'heure, notre collègue du MCG se plaignait de la situation des «pauvres petits commerçant qui ont de la peine à survivre»... Nous sommes tout à fait d'accord avec lui ! Mais, justement, ce ne sont pas les «pauvres petits commerçants» qui fournissent les grands hôtels: cela nous a été démontré en commission ! Ce sont les grosses entreprises qui ont absorbé les pâtissiers et les boulangers dont vous parliez tout à l'heure - qui les ont fait disparaître - et, maintenant, ce sont eux qui profiteraient plein pot de cette loi sur le tourisme et qui bénéficieraient de l'abrogation de cette taxe fournisseurs !

Le président. Monsieur Deneys, puisque votre micro - je ne sais pas pourquoi - est déjà allumé, je vous propose de prendre la parole... (Le président est interpellé.) Oui, je sais, mais le micro était allumé en même temps que le vôtre, je ne sais pas pourquoi... Alors, si M. Bavarel n'y voit pas un dommage irréparable, je donne la parole d'abord à M. Deneys dont le micro est allumé, puis à M. Bavarel.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Je voudrais plutôt intervenir sur la forme, car je ne veux pas répéter ce qui a été dit par M. Charbonnier.

Effectivement, cette mesure figurait dans le projet de loi initial du département. Monsieur Catelain, peut-être voyez-vous trop bien les socialistes, parce que nous sommes maintenant face à face... Cela vous donne des visions... Quoi qu'il en soit, vous lisez mal le programme socialiste ! C'est comme pour le projet de loi précédent qui avait été déposé - y compris le rapport - avant le vote sur les bilatérales !

Donc, il faut être clair: nous, les socialistes, nous faisons des propositions dans le sens d'une plus grande justice fiscale, mais cela ne veut pas dire que nous voulons absolument plus d'Etat pour plus d'Etat !

En l'occurrence, le projet de loi du Conseil d'Etat incluait cette taxe, et c'est un amendement libéral qui a proposé de la supprimer ! Et, pour répondre à Mme Anne-Marie von Arx-Vernon, je dirai simplement qu'en commission l'amendement libéral a été voté et que nous nous y sommes opposés ! Nous ne proposons rien de nouveau tout à coup, nous persistons simplement dans notre position ! Nous étions opposés à cette suppression: nous le sommes toujours, et nous maintenons simplement notre souhait que cette taxe soit à nouveau réintroduite dans le texte de loi. C'est tout à fait normal et nous sommes tout à fait cohérents avec nous-mêmes ! Nous estimons que tout le monde doit contribuer !

M. Christian Bavarel (Ve). Nous, les Verts, ne soutiendrons pas cet amendement pour une raison très simple, c'est que nous avons constaté que la perception de cette taxe était extrêmement compliquée.

Deuxième chose: certains fournisseurs voulaient bien la payer, d'autres ne la payaient pas, mais personne ne savait exactement qui faisait quoi. Et puis, si l'on veut percevoir cette taxe correctement et de manière équitable, le coût est plus élevé que ce qu'elle ne rapporte. Je vous donne un simple exemple: si vous allez faire des courses à la Migros pour un hôtel ou autre, il faut demander une autre facture, parce que, selon les cas, la taxe fournisseurs s'applique ou pas. Si vous achetez des taies d'oreillers pour un hôtel dans un grand magasin de la place, la facture est encore différente. Tout cela devient très compliqué. Pour acheter du matériel en Autriche ou ailleurs, il faut demander de percevoir cette taxe... Je le rappelle cette mesure implique une procédure extrêmement compliquée. Cette taxe fournisseurs s'applique à tout le monde, même aux fournisseurs de l'étranger... Les Verts sont favorables à une débureaucratisation de l'Etat. En l'occurrence, ce sujet est une véritable «usine à gaz» que l'on ne peut pas accepter !

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je vous soumets donc cet amendement proposé par M. Alain Charbonnier et M. Roger Deneys à l'article 17, alinéa 1, consistant à remettre la lettre a) taxe fournisseurs.

Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 64 non contre 16 oui et 1 abstention.

Le président. Messieurs les auteurs Charbonnier et Deneys, je suppose que je n'ai pas besoin d'entrer en matière sur votre proposition d'amendement au Chapitre II... D'accord, je vous remercie !

Mis aux voix, l'article 17 est adopté, de même que les articles 18 à 36.

Mis aux voix, l'article 1 (souligné) est adopté, de même que les articles 2 et 3 (soulignés).

Troisième débat

La loi 9441 est adoptée article par article en troisième débat.

Mise aux voix, la loi 9441 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 76 oui et 7 abstentions.

Loi 9441

PL 9466-A
Rapport de la commission de l'économie chargée d'étudier le projet de loi de Mmes et MM. Christian Grobet, René Ecuyer, Salika Wenger, Jean Spielmann, Marie-Paule Blanchard-Queloz instituant des mesures urgentes de protection de l'emploi et de maintien des salaires
Rapport de majorité de M. Jacques Jeannerat (R)
Rapport de minorité de Mme Salika Wenger (AdG)

Premier débat

Le président. Qui remplace M. Jeannerat ? (Brouhaha.) Il n'y a pas de rapporteur de majorité ? Monsieur Kunz, votre rythme baisserait-il ? (Rires.) Bien, M. le rapporteur de majorité est Pierre Kunz.

Y a-t-il un volontaire pour remplacer la rapporteure de minorité, Mme Salika Wenger... Je n'en vois pas !

Monsieur le rapporteur de majorité avez-vous quelque chose à ajouter au rapport de M. Jeannerat ? Rien ! Monsieur Jean-Michel Gros, je vous donne la parole.

M. Jean-Michel Gros (L). Merci, Monsieur le président... (Bruit de larsen.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, on m'indique que ces bruits désagréables sont en rapport avec des natels... Je prie ceux d'entre vous qui se trouvent dans le voisinage du premier rang, qui paraît particulièrement sensible, de bien vouloir les éteindre purement et simplement pour permettre aux orateurs qui sont assis devant eux de s'exprimer sans interférences techniques.

M. Jean-Michel Gros. Merci, Monsieur le président ! Mesdames et Messieurs les députés, le seul député sans natel de cette assemblée vous parle... (Rires.) Je voulais vous dire ceci: rarement un projet de loi aura fait l'objet d'un tel consensus en commission de l'économie... Et un consensus défavorable !

Du reste, la brièveté du rapport de Mme Wenger démontre bien qu'il était difficile aux auteurs du projet de loi de trouver un quelconque argument valable - je remarque d'ailleurs que Mme Wenger n'a pas été remplacée à la table des rapporteurs à ce sujet.

Et ce consensus ne se limite pas aux partis représentés dans ce Grand Conseil. Ceux qui sont chargés d'appliquer les mesures d'accompagnement des négociations bilatérales avec l'Union européenne, c'est-à-dire le Conseil d'Etat et les partenaires sociaux, sont du même avis. Le gouvernement, les patrons et les syndicats, tous nous ont dit que ce projet de loi contrevenait au droit supérieur, national et international !

Malgré une étude attentive de la commission de l'économie, fort bien relatée par M. Jeannerat dans son rapport, tout démontre, premièrement, qu'il n'est pas possible d'établir une relation entre augmentation du chômage et libre circulation des personnes, qu'elles soient frontalières ou non; deuxièmement, que les rares mesures du projet de loi qui ne sont pas contraires au droit supérieur existent déjà, notamment au travers de la LIRT - je ne me rappelle plus exactement l'intitulé complet de cette loi - que nous avons votée récemment. Patrons et syndicats ont tenu le même langage devant la commission de l'économie. La Communauté genevoise d'action syndicale, faisant même un pas de plus, a déclaré qu'elle ne pouvait: «adhérer à un projet de loi qui s'appuie sur des sentiments populistes et xénophobes.» Cela figure en page 5 du rapport de M. Jeannerat.

Qui maintenant s'étonnera des dérapages de l'auteur de ce projet de loi dans la campagne en vue de la votation du 25 septembre dernier ? Pas les membres de la commission de l'économie, en tout cas, qui avaient déjà entendu tous ces slogans simplistes lors des séances !

Le groupe libéral n'entrera donc pas en matière sur ce projet de loi. Le peuple a renvoyé l'Alliance de gauche à ses études, que ce soit le 25 septembre ou le 9 octobre. Tout ça, c'est du passé ! Faisons maintenant un sort à toute une série de projets de lois qui, outre le fait qu'ils ne servent à rien, exhalent encore quelques relents nauséeux ! (Applaudissements.)

M. Eric Stauffer (MCG). S'agissant des commissions tripartites, s'agissant des chômeurs genevois, je pense qu'il est nécessaire de remettre ces mesures en vigueur et de les renforcer. Car le nombre de chômeurs, nonobstant ce que le député précédent a affirmé, est intimement lié à l'augmentation des frontaliers - ne vous en déplaise ! - et il est parfaitement inadmissible de ne pas protéger nos travailleurs genevois ! (Remarques.) Ce ne sont pas de propos xénophobes et populistes... (Protestations.)

Il est davantage de notre responsabilité d'augmenter les contrôles afin que les conditions de travail des employés soient respectées. Je vous rappelle tout de même que nous atteignons actuellement quasiment le chiffre de 30 000 demandeurs d'emploi, et tous ne sont pas inscrits au chômage ou à l'Hospice général...

M. Pierre Weiss. C'est faux: 23 000 !

M. Eric Stauffer. Mais vous ne comptez pas, Monsieur le député Weiss, les demandeurs d'emploi qui ne sont inscrits nulle part. Et il y en a ! (Commentaires.)

Je suis donc favorable à ce projet de loi.

M. Gilbert Catelain (UDC). Nous entendons ce soir deux discours contradictoires par rapport au traitement du chômage...

Je dois malheureusement constater que le projet de loi qui nous est soumis ici est un mauvais projet. Il vise non pas à favoriser l'emploi des chômeurs genevois, mais simplement à introduire des chicanes administratives supplémentaires pour les entreprises de ce canton, qui ont déjà une lourde charge dans ce domaine. D'ailleurs, je ne suis pas persuadé que, même dans les milieux du MCG, on soutienne cette position, puisque son président engage de nombreux frontaliers... Du reste, il se vante d'engager un chimiste avec un doctorat pour 7500 F par mois... Donc, il ferait bien de balayer devant sa porte et devant celle du MCG ! (Applaudissements.)

Le problème est bien réel, mais la réponse qui est donnée par le biais de ce projet de loi, elle, est mauvaise. C'est dans cet esprit que le groupe UDC ne le soutiendra pas. Il serait beaucoup plus efficace que le département effectue des contrôles in situ, et non des contrôles administratifs qui ne sont pas vérifiés sur le terrain. Il existe effectivement, à l'heure actuelle, dans tous les cantons, des travailleurs indépendants qui ne sont pas déclarés à l'Office des migrations, au niveau du travail des nonante jours, et dont la perception fiscale échappe à l'Etat. Et déjà maintenant, des ressortissants polonais viennent entretenir les parcs et jardins, des ressortissants allemands viennent poser du carrelage, etc., dont la plupart ne sont pas enregistrés au niveau de l'ODM, parce que les contrôles sont quasiment impossibles. Alors, je le répète, si vous voulez des contrôles efficaces, ils doivent être faits sur le terrain, mais pas sous forme administrative. Et les chicanes administratives, telles qu'elles sont proposées dans ce projet de loi, seraient tout à fait inefficaces.

Je vous propose donc de refuser ce projet de loi, comme l'a demandé le rapporteur de majorité.

M. Eric Stauffer (MCG). Je tiens à dire que les propos du député Catelain sont complètement déplacés... Je rappelle à cette assemblée que l'UDC a pris position contre les mesures suspensives immédiates de l'engagement de frontaliers étrangers au sein de l'administration... (L'orateur est interpellé.) Ce n'est absolument pas illégal ! Nous n'avons pas la réciprocité avec la France: si un citoyen suisse voulait travailler dans l'administration française, il se verrait opposer une fin de non recevoir ! (L'orateur est interpellé.) Cela veut dire qu'il ne pourrait pas travailler dans l'administration française s'il n'a pas le passeport français ! Nous sommes les seuls à Genève à le faire, parce que nous sommes un bon peuple et qu'on abusé de notre bonté !

Toute forme de contrôle, quelle qu'elle soit, pour protéger nos chômeurs est une priorité absolue pour notre canton ! Je dis bien: absolue ! Car derrière les chiffres du chômage, il y a des personnes sans travail qui ont une famille à charge et qui tombent dans la précarité. Et c'est notre responsabilité à tous de tout faire au niveau des contrôles pour qu'il n'y ait pas de dumping salarial !

Le président. Monsieur le député, je vous remercie. Il n'est pas nécessaire de vous emporter, quand tout le monde est calme... (Rires.) Mesdames et Messieurs les députés, La parole n'étant plus demandée, je vous soumets la prise en considération du projet de loi 9466. Je rappelle que la majorité de la commission invite à le rejeter. Comme nous l'avons fait tout au long de la soirée, ceux qui acceptent ce projet de loi voteront oui, ceux qui le refusent voteront non, les autres s'abstiendront.

Mis aux voix, le projet de loi 9466 est rejeté en premier débat par 67 non contre 8 oui. (Exclamations et commentaires.)

Le président. Je souhaite, Mesdames et Messieurs les députés, que nous efforcions de nous en tenir aux interventions qui se font selon l'ordre du jour. Nous passons maintenant au point 41 de notre ordre du jour.

M 1236-A
Rapport de la commission de l'économie chargée d'étudier la proposition de motion de Mmes et MM. Marie-Paule Blanchard-Queloz, Loly Bolay, Fabienne Bugnon, Anita Cuénod, Erica Deuber Ziegler, Laurence Fehlmann Rielle, Antonio Hodgers, René Longet, Louiza Mottaz, Alberto Velasco, Salika Wenger concernant le personnel des missions diplomatiques
Rapport de M. Alain Charbonnier (S)

Débat

M. Alain Charbonnier (S), rapporteur. Je serai relativement bref. Cette motion a pour objet les missions diplomatiques et, plus particulièrement, le personnel de ces dernières, les relations des employés avec leurs employeurs étant très souvent conflictuelles et n'ayant n'ont pas véritablement d'instance légale pour être réglées. Le canton de Genève a instauré à cet effet le Bureau de l'Amiable Compositeur.

Cette motion date de 1999, donc du temps a passé avant qu'elle soit traitée en plénière, mais elle reste tout à fait d'actualité, puisque différents événements surviennent régulièrement, repris par la presse, s'agissant de l'activité du Bureau de l'Amiable Compositeur et, bien sûr, du personnel des missions diplomatiques.

A l'époque, la commission était arrivée à une quasi-unanimité pour renvoyer cette proposition de motion au Conseil d'Etat. Je vous suggère, pour ma part, de la renvoyer en commission de l'économie, de façon que celle-ci puisse se pencher sérieusement sur ce sujet, qui est, je le répète, toujours d'actualité.

Je pense qu'il serait intéressant pour les nouveaux membres de la commission de l'économie de démarrer la législature en examinant ce sujet brûlant.

M. Yves Nidegger (UDC). Le renvoi en commission de cet objet est totalement inutile. Il existe des lieux pour traiter ces litiges: ce sont les prud'hommes, où je siège chaque semaine.

Dans ces cas, les permis humanitaires sont totalement inutiles, dans la mesure où il suffit d'être présent à la première audience. Ensuite, il y a suffisamment d'avocats spécialisés dans ce type d'affaires pour les suivre jusqu'au bout... (Commentaires.) Il s'agit - et je le constate aussi - d'une porte ouverte à des abus assez fréquents, qui consistent à ouvrir une action en justice, parfois sans aucun motif, sinon celui, précisément, d'obtenir un permis humanitaire qui peut durer très longtemps...

Je propose donc que l'on débatte immédiatement de cette proposition de motion et qu'on l'envoie aux oubliettes !

M. Pierre Weiss (L). Le groupe libéral suivra la proposition faite par M. Charbonnier, c'est-à-dire le renvoi de cet objet en commission. Il y a, en matière de personnel des missions diplomatiques, des questions qui ont évolué depuis le moment où cette motion a été déposée. Il convient donc de la traiter avec un soin particulier, eu égard à la position de Genève et à ses relations avec les missions diplomatiques et les organisations internationales.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1236 à la commission de l'économie est adopté par 60 oui contre 6 non et 1 abstention.

M 1614
Proposition de motion de Mme et MM. Gabriel Barrillier, Jacques Follonier, Pierre Froidevaux, Hugues Hiltpold, Jacques Jeannerat, Pierre Kunz, Bernard Lescaze, Jean-Marc Odier, Marie-Françoise De Tassigny pour une adaptation des institutions régionales franco-genevoises aux exigences nouvelles de l'aménagement du territoire, de la mobilité et de la libre circulation des personnes

Débat

M. Gabriel Barrillier (R). Tout d'abord, je profite de l'occasion... (Bruit de larsen provenant du micro de l'orateur.) ... pour remercier le chef du département de l'économie, de l'emploi et des affaires extérieures de son engagement pendant huit ans au service de la région. Vous aurez tous compris que cette motion n'est pas une critique ou un constat d'une quelconque insuffisance de son travail ni de celui du Conseil d'Etat... (Bruit de larsen.) Mais - et peut-être pourra-t-il le confirmer - la région a bougé, et il faut donner un coup d'accélérateur dans l'organisation de cette région de bientôt un million d'habitants... (Bruit de larsen.)

Le président. Puis-je prier vos voisins, Monsieur l'orateur, de cesser de jouer avec le natel qui vous dérange !

M. Gabriel Barrillier. Je ne vois pas de natel ici !

Le président. Vous n'y êtes pour rien, c'est derrière vous !

M. Gabriel Barrillier. Voilà, Monsieur le président, j'ai mis de l'ordre !

Le président. Mais la preuve est faite que le groupe radical est extrêmement sensible aux ondes malfaisantes... (Rires.) Vous avez la parole, Monsieur l'orateur !

M. Gabriel Barrillier. L'autre jour, vous avez assisté aussi, Monsieur le président, à une séance - pas la dernière, je l'espère - de l'Association genevoise... (Le micro de l'orateur émet un nouveau sifflement qui déclenche les rires de l'assemblée.) Alors là, c'est fort !

Une voix. Eteignez-les !

Une voix. Ils sont éteints !

M. Gabriel Barrillier. Alors, je vais poursuivre avec un autre micro ! Donc, il s'agissait d'une séance de l'Association genevoise pour l'encouragement des relations interrégionales. C'est un constat d'échec, mais cela montre que la situation a évolué et que les institutions doivent s'adapter. Du travail a déjà été effectué, mais nous pensons qu'il faut mener une réflexion à ce sujet.

Alors, au lieu de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat, je suggère à l'assemblée de la renvoyer à la commission des affaires communales, régionales et internationales.

Mme Morgane Gauthier (Ve). Les Verts soutiendront la proposition du groupe radical d'étudier cette motion en commission.

En effet, le sujet traité est très important. On ne peut plus raisonner qu'au niveau du canton et des frontières cantonales: il est nécessaire d'avoir des discussions avec nos voisins français et les autres cantons !

Les invites de cette motion soulèvent des problématiques réelles, auxquelles le canton est confronté, que ce soit au niveau des déplacements individuels motorisés ou de l'aménagement du territoire. Cependant, les considérants ne reflètent pas tout à fait la réalité, puisqu'il existe déjà des GLCT - Groupement Local de Coopération Transfrontalière - qui ont été mis en place depuis la signature de l'Accord de Karlsruhe. Il y en a déjà dans notre canton, par exemple pour le traitement de certaines eaux usées ou encore pour des projets qui, heureusement, ont été abandonnés entre-temps, comme le Rectangle d'or... Et puis, d'autres acteurs collaborent de manière transfrontalière: des associations, qui mènent des actions conjointes d'un côté et de l'autre de la frontière - je pense au WWF, par exemple, ou au parti des Verts, qui a tout de même fondé le premier parti européen. Donc, les coopérations transfrontalières existent.

Par contre, les invites nous semblent quelque peu difficiles à mettre en oeuvre, du fait qu'elles demandent la mise en place d'un conseil interrégional avec pouvoir décisionnel... Cela nous paraît un tant soit peu compliqué et peu envisageable avec deux entités nationales - la Confédération suisse et l'Etat français.

Malgré cela, les Verts vous proposent d'étudier cette motion en commission pour favoriser des coopérations transfrontalières actives. Nous soutenons donc, Monsieur le président, son renvoi en commission.

Le président. Je vous remercie, Madame la députée. Mesdames et Messieurs, je vous rappelle que lorsque nous traitons d'un renvoi en commission, on ne devrait en principe s'exprimer que sur le renvoi en commission. C'est particulièrement utile si vous avez l'impression que le renvoi en commission a une chance d'être accepté. Naturellement, vous prenez la parole, une personne par groupe, sur le renvoi en commission, et je donne la parole à M. Christian Brunier.

M. Christian Brunier (S). Merci, Monsieur le président. Avant d'annoncer que le groupe socialiste soutiendra, bien entendu, le renvoi en commission, je voudrais tout de même en expliquer la raison.

On l'a constaté ce soir - malheureusement - on l'a vu ces dernières semaines dans la vie politique genevoise: des gens rêvent - qu'ils soient de droite, de gauche, ou ni de l'un ni de l'autre, d'ailleurs - de construire un mur autour de Genève... Ils pensent qu'il est possible de vivre isolés, repliés sur nous-mêmes - ce sont peut-être des adeptes de l'Albanie ou de pays de ce type... Ce n'est pas une bonne solution.

Eh bien, quoi qu'il en soit, la population genevoise vit depuis plusieurs années de manière transfrontalière: les gens ont indifféremment leurs loisirs en ville de Genève, en Haute-Savoie ou dans le pays de l'Ain; certaines personnes travaillent à Genève, mais logent de l'autre côté de la frontière et l'inverse. Il y a un peu tous les cas de figure.

Certains attaquent les frontaliers, mais il est très difficile de savoir qui est qui aujourd'hui, puisque beaucoup de Genevois et de Genevoises sont établis de l'autre côté de la frontière et que des Français sont établis à Genève. C'est donc de plus en plus compliqué, parce que les gens profitent - et c'est salutaire pour notre avenir - des possibilités régionales. Il n'y a pas d'avenir pour Genève et la région sans passer par une vraie réflexion régionale !

Donc, les institutions et le monde politique ont toujours un peu de retard sur la façon dont les gens vivent. Nous sommes encore très cloisonnés au niveau des politiques. Néanmoins, une forte évolution a eu lieu ces quatre dernières années, et je tiens, sur ce point, à saluer l'effort du gouvernement. Cela fait huit ans que je suis parlementaire... Il y a huit ans, les relations entre la France voisine et la Suisse, Genève en particulier, étaient relativement rares - les gens se croisaient dans les cocktails, mais ils se connaissaient très peu. Depuis quelques années, des dynamiques se sont créées. Elles sont certainement insuffisantes, mais c'est un bon début. En matière d'environnement - des exemples ont été donnés tout à l'heure - des vrais projets communs ont vu le jour. En matière de transports aussi, avec le CEVA pour lequel les barrières cantonales tombent. Mais les barrière politiques tombent aussi, puisque ce projet est quasiment unanimement soutenu par ce parlement, et cela depuis plusieurs années. On voit également qu'en matière d'aménagement des projets commencent à être réfléchis ensemble. Alors, bien sûr, c'est insuffisant ! Bien sûr qu'ils n'entrent pas suffisamment dans une dynamique de développement durable, néanmoins une réflexion s'engage. Et dernièrement, au niveau de la formation professionnelle, de vrais projets sur Annemasse ont été mis sur pied. Donc, tous ces efforts sont salutaires et indispensables !

Mais il faut aller plus loin ! Peut-être le parti radical rêve-t-il un peu... Les Verts disaient à l'instant que les invites étaient difficiles à mettre en application... Toutefois, je pense que c'est la bonne direction. Il faut parfois être un peu utopistes pour réussir de grandes choses !

En tout cas, les socialistes seront ravis de travailler sur ces projets en commission, pour entrer à moyen ou à long terme dans cette dynamique et y contribuer.

M. Eric Stauffer (MCG). Le Mouvement citoyens genevois est favorable au renvoi en commission de cette motion. Toutefois, j'aimerais quand même savoir si certains d'entre nous sont là pour défendre les intérêts des frontaliers ou ceux des résidents genevois... En effet, à tellement défendre les frontaliers, Monsieur...

M. Christian Brunier. La région !

M. Eric Stauffer. La région... Oui ! Alors, il fallait vous présenter comme député dans l'Ain, Monsieur ! Ici, nous sommes à Genève pour défendre les Genevois... (Brouhaha.) Et tous les résidents genevois ! Nous soutiendrons donc le renvoi en commission de cette motion ! Je vous remercie.

M. François Gillet (PDC). Le groupe démocrate-chrétien se réjouit de pouvoir discuter de ce sujet important en commission.

M. Pierre Weiss (L). Nous sommes, au groupe libéral, également favorables au renvoi en commission de cette motion, notamment pour la raison évoquée par notre collègue Gauthier, du groupe des Verts.

J'aimerais ajouter aussi que la question du financement d'un fonds de formation professionnelle de base méritera d'être étudiée attentivement par la commission des affaires communales.

Je terminerai en demandant que l'approche des problèmes en matière de relations régionales se fasse sans haine.

M. Gilbert Catelain (UDC). Nous vivons effectivement dans un bassin économique qui dépasse largement nos frontières, et l'activité économique de ce canton, depuis des lustres, va bien au-delà de la frontière politique de 1815, qu'on le veuille ou non. Indépendamment du débat des frontaliers, qui n'est pas l'objet de cette motion, nous proposons le renvoi de cette dernière en commission.

Nous sommes simplement sceptiques sur l'invite demandant la création d'un organisme décisionnel au niveau de la région, sachant que la France, de par son centralisme parisien, est de toute manière très réticente à aller dans ce sens. Nous avons pu constater, par exemple dans le cadre de l'accord de coopération policière et douanière, lors de patrouilles mixtes, que la France ne peut pas - en se fondant sur les Accords bilatéraux II signés à Berne - permettre, dans l'attente de l'intervention d'organes étrangers, l'interpellation d'une personne qui serait poursuivie. La France devrait modifier sa Constitution pour cela. Cette invite serait donc vite confrontée à de gros obstacles juridictionnels.

M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. Je salue cet intérêt pour la région. Il ne s'agit pas que du problème du chômage, Monsieur Stauffer ! Il s'agit d'une région qu'il faut développer dans l'intérêt de tout le monde, pour créer des emplois, des relations nouvelles, car nous vivons tous ensemble ! Il n'est pas question de générer du chômage à Genève: il faut séparer les deux choses !

Quoi qu'il en soit, cette proposition vient à point, pour appuyer les démarches que nous entreprenons depuis plus de trois ans pour revoir la situation, à la lumière de l'actualité et des problèmes consécutifs aux accords bilatéraux, car, dans notre développement économique, nous avons rencontré - c'est vrai - beaucoup de difficultés par rapport à nos partenaires français.

Rappelez-vous: lorsque, le 3 février dernier, les Assises transfrontalières se sont tenues, une proposition a été faite de créer un grand gouvernement régional. Eh bien, le préfet de région, M. Lacroix, préfet de la région Rhône-Alpes, a tout simplement qualifié cette idée «d'utopique»... Mais les utopies d'aujourd'hui seront peut-être les réalités de demain !

La création d'un tel conseil signifierait la mise en place d'une instance supranationale, à laquelle l'Etat français et la Confédération abandonneraient une partie de leur souveraineté; une instance à laquelle vous-mêmes, Mesdames et Messieurs les députés, vous déléguerez peut-être une bonne partie de vos compétences. Par rapport au droit international et européen actuel les choses semblent effectivement quelque peu utopiques.

J'ajouterai, sans entrer dans les détails - et cela a été souligné par Mme la députée Morgane Gauthier - que les nouveaux outils à notre disposition actuellement, à travers l'élargissement de l'Accord de Karlsruhe, nous permettent de réaliser des groupements locaux de coopération transfrontalières et de mettre en route un certain nombre de projets pour aller de l'avant ensemble. Mais il est vrai que nous devons anticiper l'avenir, et il est important d'aborder ce problème au début de cette législature parce que le temps passe vite.

Un plan d'agglomération est actuellement en cours, qui va sans doute nous obliger les uns et les autres à penser différemment à la gouvernance transfrontalière. Et je dois dire que c'est très volontiers que le Conseil d'Etat poursuivra ses efforts pour faire évoluer les instances transfrontalières et leur fonctionnement dans le sens que vous proposez.

Il faut simplement savoir, Mesdames et Messieurs les députés, que cela risque de prendre du temps et de l'énergie, car Genève ne peut pas décréter unilatéralement la création d'un nouvel organisme transfrontalier. Nous devons pour cela recueillir l'adhésion de la Confédération et des collectivités de l'Etat français, sans lequel, au-delà de la décentralisation, rien ne peut véritablement avancer. Il me semble que la situation n'est pas encore tout à fait mûre pour cela, mais qu'il est important de commencer à mener une réflexion pour, ensuite, agir.

En conclusion, je vous remercie d'avoir déposé ce projet de motion. Je crois qu'il faut la renvoyer en commission et lui porter toute l'attention qu'elle mérite.

Le président. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets donc le renvoi de cette proposition de motion à la commission des affaires communales. Ceux qui y sont favorables voudront bien appuyer sur le bouton vert; ceux qui, par hypothèse, ne le seraient pas, appuieront sur le bouton rouge ou sur le blanc...

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1614 à la commission des affaires communales, régionales et internationales, est adopté par 64 oui (unanimité des votants).

Le président. Nous prenons le point 44 de notre ordre du jour, puisque nous avons déjà traité ensemble les points 43 et 38.

M 1627
Proposition de motion de Mmes et MM. Christian Brunier, Anne-Marie Arx-Vernon Von, Ariane Wisard-Blum, Patrice Plojoux, Pierre-Louis Portier, Alain Etienne, Thierry Charollais, Jocelyne Haller, Esther Alder, Pierre Weiss pour clarifier le financement de la solidarité internationale

Débat

M. Christian Brunier (S). Monsieur le président, je vous signale que l'intitulé de la motion comporte une erreur. Il faut lire: «...pour clarifier le financement de la solidarité internationale» et non: «... pour clarifier le financement de la Genève internationale». Nous avions demandé à l'époque que cette correction soit apportée, mais j'imagine qu'il n'est pas trop tard.

L'histoire de cette motion est relativement simple. Chaque année, le rapport sur la solidarité internationale vient devant la commission des affaires communales, régionales et internationales. C'est vrai qu'il y a des points d'accord entre tous les partis, mais il y a aussi des points de divergence, notamment sur le fait d'attribuer un certain pourcentage à la solidarité internationale. Or nous n'allons pas faire le débat ce soir, nous aurons bien des occasions de le faire durant cette législature !

Par contre, nous avons pu discuter de la nécessité qu'il y ait une certaine transparence au niveau du financement, pour permettre aux députés de mieux comprendre ce qui se passe en matière de solidarité internationale. Et nous avons trouvé un accord qui a réuni tous les partis, sauf l'UDC - si je ne me trompe pas. Presque tous les commissaires ont donc signé cet accord qui demande, au niveau de la bonne gestion et de la transparence, que les subventions culturelles soient bien différenciées des subventions pour la solidarité internationale. Vous le savez, à travers la solidarité internationale, il est arrivé que des financements ont été effectués pour des activités purement culturelles. Je prends un exemple: cette année, une subvention a été attribuée à Black Movie, qui est un bon festival, mais il s'agissait en réalité de soutenir le cinéma japonais... Il nous a semblé que ce n'était pas forcément dans ce domaine que la solidarité internationale devait s'exercer... C'est certainement une bonne chose de subventionner des bons festivals sur le plan culturel, mais il ne faut pas mélanger les genres. Cela pour la clarté financière.

Par ailleurs, nous avons demandé que les subventions soient bien consolidées. Qu'on comprenne bien: il s'agit de savoir ce que l'Etat donne à telle association ou à telle autre. Sur ce point aussi, je crois que nous sommes en dehors du débat polémique et partisan. Chaque député - chaque citoyen et citoyenne, d'ailleurs - a le droit de savoir exactement quels sont les montants attribués par l'Etat à chaque association.

Enfin, dernière chose, nous avons demandé de bien distinguer les subventions attribuées à la Genève internationale de celles octroyées à la solidarité internationale.

Je m'explique. Jusqu'à présent, l'argent destiné à la solidarité internationale servait aussi - et tout était mélangé - à subventionner, par exemple, la venue de délégations de pays du Sud à Télécom ou à financer l'installation de missions diplomatiques de pays très pauvres. Nous pensons que Genève doit, en tant que cité internationale, favoriser ce type de démarches - nous sommes pratiquement tous favorables au développement de la Genève internationale, car nous savons que c'est un point fort du canton - mais, par souci de bonne gestion, de transparence financière, nous trouvons qu'il serait sain de bien distinguer les types de subventions au niveau de la comptabilité de l'Etat. Voilà !

Cette motion a été votée par la commission presque à l'unanimité; elle va dans le sens d'une bonne gestion de l'Etat et d'une plus grande transparence. J'appelle donc ce parlement à la voter massivement.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. La parole n'est plus demandée... Je vais donc mettre aux voix le texte de la motion... (Exclamations.) Le renvoi en commission a été demandé ? Non ! (Exclamations.) Non, non ! Je regrette beaucoup... (Le président est interpellé.) Ah, excusez-moi, Monsieur le président ! M. Catelain a aussi demandé la parole. Nous allons donc procéder paisiblement. Monsieur Catelain, vous avez la parole.

M. Gilbert Catelain (UDC). Je ne vois pas pourquoi cette motion ne serait pas renvoyée en commission ! Pour ma part, je propose... (Exclamations.) Ce qui a semblé bizarre au groupe UDC, c'est que la commission des finances - et, apparemment, pas dans son intégralité - ait proposé de voter cette motion. Il faut en effet se demander si c'est le rôle de la commission des finances de traiter cet objet, puisque le problème est uniquement technique, ou si ce n'est pas celui de la commission des affaires régionales, par exemple... (L'orateur est interpellé.) Mais j'ai bien compris que c'était la commission des finances ! (Exclamations.) Bon, eh bien. je renonce ! (Rires et exclamations.)

Le président. Monsieur le député, je vous remercie de cette manifestation d'humilité ! La parole est à M. le député Brunier.

M. Christian Brunier (S). Je voudrais juste expliquer à M. Catelain...

Le président. Est-ce vraiment nécessaire, Monsieur Brunier ? Je crois que M. Catelain a compris...

M. Christian Brunier. Je veux juste dire un mot sur la procédure ! Monsieur Catelain, ce serait bien que vous vous renseigniez auprès de votre représentante, Mme Bartl ! Nous avons étudié, comme je l'ai dit, le rapport sur la solidarité internationale de l'année. Et un certain nombre de critiques ont été formulées, partagées quasiment par tous les partis. Nous avons donc décidé - c'est traditionnel dans les commissions - d'élaborer une motion de commission. Tous les commissaires l'ont soutenue sauf votre représentante, qui s'est abstenue parce qu'elle avait été absente durant l'élaboration de la motion...

Nous la traitons maintenant en plénière, et nous l'allons pas la renvoyer à la commission qui l'a écrite: cela serait idiot, et je crois que ce parlement a d'autres priorités ! Nous ne pouvons pas nous amuser à renvoyer des motions aux personnes qui les écrivent !

Le président. Parfaitement, Monsieur le député ! Parfaitement: nous avons d'autres priorités ! La parole est à M. le député Portier.

M. Pierre-Louis Portier (PDC). Monsieur le président, notre collègue - le député Catelain - ayant maintenant compris, je renonce à prendre la parole. Je voulais également lui expliquer la problématique.

Le président. Nouvel et appréciable témoignage d'humilité... La parole est à M. le conseiller d'Etat.

M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. En quelques mots, pour terminer, je remercie tout d'abord la commission pour le travail qu'elle a effectué. Nous approuvons les propositions issues de ses travaux et nous vous demandons tout simplement de renvoyer cette proposition de motion au Conseil d'Etat, qui va essayer de mettre en oeuvre ses invites.

Mise aux voix, la motion 1627 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 57 oui et 8 abstentions.

Motion 1627

M 1640
Proposition de motion de Mmes et MM. von Anne-Marie Arx-Vernon, Nelly Guichard, Mario Cavaleri, Philippe Glatz, Guy Mettan, Pascal Pétroz, Pierre-Louis Portier, Patrick Schmied pour la création d'un centre de compétences unique pour les entreprises en faveur du développement

Mise aux voix, la motion 1640 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 46 oui et 11 abstentions.

Motion 1640

M 1641
Proposition de motion de Mmes et MM. Anne-Marie Arx-Vernon von, Nelly Guichard, Mario Cavaleri, Guy Mettan, Pascal Pétroz, Pierre-Louis Portier, Patrick Schmied demandant au Conseil d'Etat de favoriser l'emploi des chômeurs âgés par un allégement des cotisations sociales à la charge des employeurs

Débat

Le président. La parole n'étant pas demandée, je vous soumets cette proposition de motion... Oui, Monsieur Weiss, je vous donne la parole.

M. Pierre Weiss (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, il s'agit d'une motion qui a une incidence sur la prévoyance professionnelle, et je crois qu'il serait imprudent de l'adopter telle quelle. Je propose, par conséquent, son renvoi à la commission de l'économie.

Mise aux voix, la proposition de motion 1641 est renvoyée à la commission de l'économie par 60 oui contre 6 non.

M 1644
Proposition de motion de Mmes et MM. Rémy Pagani, Jocelyne Haller, Nicole Lavanchy, Salika Wenger, Jacques François, Jean Spielmann relative à la lutte contre le chômage

Mise aux voix, la proposition de motion 1644 est rejetée par 60 non contre 7 oui et 2 abstentions.

M 1646
Proposition de motion de Mme et MM. Jean Spielmann, Christian Grobet, Salika Wenger, René Ecuyer : contrôle du marché de l'emploi

Mise aux voix, la proposition de motion 1646 est rejetée par 59 non contre 6 oui et 2 abstentions.

R 495
Proposition de résolution de Mmes et MM. Rémy Pagani, Françoise Schenk-Gottret, Christian Bavarel, Jocelyne Haller, Jeannine De Haller, Marie-Paule Blanchard-Queloz, Alain Charbonnier, Salika Wenger, Christian Grobet, David Hiler, Michèle Künzler, Antonio Hodgers demandant l'extension facilitée des conventions collectives, des salaires minimaux et l'annulation de licenciements abusifs de syndicalistes (Initiative cantonale)

Débat

M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. Permettez-moi de réagir à cette proposition de résolution et de rappeler un certain nombre de points !

Tout d'abord, le Conseil de surveillance du marché de l'emploi - on y revient et on voit son importance - est l'autorité compétente en matière de politique générale du marché du travail. Dans le cadre des mesures d'accompagnement de la libre circulation des personnes, ce conseil assure la fonction de commission tripartite au sens du code des obligations. Ainsi, dès la détection de cas de sous-enchère abusive et répétée, le Conseil de surveillance du marché de l'emploi propose, lui, l'extension facilitée des conventions collectives ou l'édiction de contrats types de travail avec des salaires minimaux - impératifs !

Je relève que le fait de ne disposer de ces moyens qu'en cas de sous-enchère abusive et répétée ne se discute pas. En effet, à quoi servirait-il de normaliser des relations de travail dans le secteur économique si ces relations ne posent pas de problème particulier ? Il s'agit, bien sûr, d'intervenir rapidement et efficacement lorsque des abus sont répétés. Alors, il ne faut pas commencer à se disperser et aller mettre des gendarmes derrière chaque employeur: il faut véritablement agir quand il le faut ! Et ça, le Conseil de surveillance du marché de l'emploi le fait ! Or, autant le préciser d'emblée, le département et les partenaires sociaux n'ont pas ménagé leurs efforts - je le répète - pour préparer et appliquer les mesures d'accompagnement de façon pragmatique !

Je reviens maintenant aux considérants de cette proposition de résolution: si je les mets en parallèle avec le travail accompli par la commission tripartite de notre canton, je constate ceci. Premièrement, il est faux de dire que depuis le 1er juin 2004 la sous-enchère salariale permet à l'ensemble du patronat genevois de baisser drastiquement les salaires... Ce n'est pas le cas ! En effet, sous la délégation de ce Conseil - je l'ai déjà indiqué tout à l'heure - le groupe de travail composé par la CGAS, l'UAPG et l'OCIRT a contrôlé systématiquement les demandes de permis dès le 1er juin de l'année passée, demandes qui sont avalisées à la signature du travailleur et de l'employeur. Or, les observations de ce groupe de travail sont similaires à celles recueillies avant le 1er janvier 2004. Sur la dernière période étudiée, soit du 1er au 31 mars, 904 demandes ont été examinées, et seules 34 demandes - ce qui représente 4,1% - posent des problèmes importants du point de vue du respect des salaires et/ou de la durée du travail en usage.

Deuxièmement, il est tout aussi faux d'affirmer que les nouvelles mesures d'accompagnement, fruit d'un travail tripartite, arrêtées le 17 décembre 2004 par l'Assemblée fédérale, apportent peu de changement quand on les compare à celles déjà en vigueur... C'est tout à fait autre chose ! En effet, ces nouvelles mesures comportent toute une série d'améliorations. On le voit: que l'on se place au niveau fédéral ou cantonal: on ne peut que constater que le tripartisme a d'ores et déjà fait son oeuvre. Ainsi, les moyens actuels mis à disposition des autorités et des organes du contrôle compétent en matière de libre circulation des personnes paraissent clairement suffisants. Mieux: je dirai même qu'ils garantissent une qualité accrue aux relations du travail local !

Alors, je vous demande Mesdames et Messieurs les députés, de bien vouloir rejeter la présente résolution, et de ne pas l'adresser à l'Assemblée fédérale.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Monsieur le député Bavarel, vous avez demandé la parole: je vous la donne.

M. Christian Bavarel (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, effectivement, dans ce canton, les gens expriment leurs craintes par rapport à une sous-enchère salariale, par rapport aux salariés des entreprises défendus par les syndicalistes. Ce que je vous demande, c'est de bien vouloir renvoyer cette résolution en commission pour étudier en profondeur les problèmes qu'elle soulève et examiner quel est le dispositif mis en place actuellement pour la surveillance du marché de l'emploi. C'est extrêmement important de le faire: cela permettra peut-être de lever certaines craintes. Alors que nous sommes en train d'avancer avec les accords bilatéraux, je pense qu'il est essentiel de faire ce travail en commission, et de le faire sérieusement ! Au retour des travaux de la commission, cette assemblée pourra décider. Mais, je vous en prie, faisons au moins ce travail au préalable !

Le président. Merci, Monsieur Bavarel. Je voudrais saisir cette occasion pour vous rappeler, Mesdames et Messieurs les députés, qu'en principe nous essayons d'intervenir avant les représentants de l'exécutif, pour le bon ordre de nos débats et pour leur efficacité. Cela étant, nous sommes saisis d'une demande de renvoi en commission. Monsieur Charbonnier, vous voulez vous exprimer à ce propos ?

M. Alain Charbonnier (S). Oui, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, nos travaux ont pris un coup d'accélérateur, et nous avons probablement un peu de peine à suivre... (Exclamations.) Veuillez nous excuser, Monsieur le président Lamprecht, d'intervenir après vous !

Je vais m'exprimer sur le renvoi en commission demandé par M. Bavarel. Beaucoup d'entre vous nous reprochez souvent d'intervenir au niveau cantonal sur des lois fédérales... Cette fois, nous vous avons écouté, nous intervenons au niveau fédéral à peu près sur le même sujet que celui abordé précédemment; il concerne le marché de l'emploi, sa surveillance et les mesures d'accompagnement, suite à l'ouverture des bilatérales.

Par rapport à cette résolution, nous tenons vraiment à ce que les mesures soient prises au niveau fédéral et que les effets soient répercutés sur le canton de Genève.

M. Gabriel Barrillier (R). Monsieur le président... (Le micro émet des sifflements.) Je n'ose plus parler... Je suis interdit de parole dans cette enceinte ! (Rires.)

Le président. C'est le micro qui résiste, Monsieur le chef de groupe !

M. Gabriel Barrillier. Voilà ! Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, le groupe radical s'oppose au renvoi en commission. Tout a été dit ce soir sur ces mesures d'accompagnement... (Nouveaux sifflements du micro.) Il est donc inutile de renvoyer cet objet en commission, et nous espérons que nous serons suivis.

Le président. Merci, Monsieur le chef de groupe. J'espère qu'à la prochaine séance de ce parlement votre micro sera moins sensible aux ondes que vous émettez... Je donne la parole à Mme la députée von Arx-Vernon.

Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC). Merci, Monsieur le président. Je serai très brève. Le groupe PDC s'opposera au renvoi en commission. Le président Carlo Lamprecht a expliqué dans le détail tout le processus et toutes les procédures. Je crois que tout le monde a compris et qu'il ne sert à rien de répéter les choses. Il est donc inutile de renvoyer cette proposition de résolution en commission.

Le président. La parole n'est plus demandée... Monsieur Bavarel, c'est bien à la commission de l'économie que vous souhaitez renvoyer cette proposition de résolution ?

Très bien ! Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets donc ce renvoi.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de résolution 495 à la commission de l'économie est rejeté par 42 non contre 36 non et 3 abstentions.

Le président. Je mets maintenant aux voix la proposition de résolution elle-même.

Mise aux voix, la proposition de résolution 495 est rejetée par 45 non contre 36 oui.

P 1490-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Sauver le projet de réinsertion socio-professionnelle pour les femmes à Zone Bleue
Rapport de Mme Ariane Wisard-Blum (Ve)

Débat

Mme Ariane Wisard-Blum (Ve), rapporteuse. Permettez-moi de présenter brièvement ce que défend cette pétition. Zone Bleue est une association qui poursuit deux buts: le premier est l'accueil des jeunes enfants, car Zone Bleue est une halte-garderie située dans le quartier des Grottes, destinée aux enfants du quartier âgés de 2 à 5 ans et ceux dont les parents suivent des cours à l'Université ouvrière de Genève. Cette activité est très largement subventionnée par la Ville de Genève, et ce n'est pas le sujet de la pétition que nous traitons aujourd'hui.

L'autre but, poursuivi depuis 1995 par Zone Bleue, est la réinsertion socioprofessionnelle des femmes faiblement qualifiées en recherche d'emploi. Zone Bleue propose des stages, des cours de français et des cours qui permettent à ces femmes d'avoir une meilleure estime d'elles-mêmes et qui les aident à construire un projet professionnel. Il faut relever que ces stagiaires participent évidemment aux activités de la halte-garderie Zone Bleue.

Ces activités de réinsertion étaient soutenues financièrement par l'Office cantonal de l'emploi jusqu'en 1999. En 1996, la loi ayant changé, l'Office cantonal de l'emploi fait alors une enquête sur ces programmes d'occupation temporaire et lance un appel d'offres pour le type de travail qu'effectuait Zone Bleue. Malheureusement, cette association n'a pas été retenue: une autre institution de la petite enfance a été choisie. Toutefois, ce nouveau projet a dû être stoppé, car les parents des enfants du quartier où se trouvait la garderie n'y ont pas adhéré.

Actuellement, Zone Bleue, sans assurance financière, persévère dans son programme de réinsertion, après un arrêt de six mois. Paradoxalement, malgré son désengagement financier l'Office cantonal de l'emploi continue d'y envoyer des stagiaires... Par ailleurs, la directrice du service de la prospective de l'Office cantonal de l'emploi a reconnu en commission l'excellent travail effectué par Zone Bleue, et elle a informé la commission qu'une demande d'aide financière de Zone Bleue était à l'étude par son service.

Par conséquent, la majorité de la commission des pétitions s'est déclarée favorable aux petites structures qui offrent à des femmes en difficulté la possibilité de se former tout en reprenant confiance en elles, cette confiance si essentielle pour reprendre pied dans la vie et retrouver du travail.

Pour toutes les raisons évoquées et pour assurer le financement de ce projet admirable, sérieux et d'une grande qualité, la majorité de la commission vous prie, Mesdames et Messieurs les députés, de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

M. Claude Aubert (L). Mme Wisard-Blum a parfaitement expliqué les travaux de la commission... Une seule chose pourrait être ajoutée, c'est la signification qu'il faut donner au renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat ou au dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Nous avions en effet proposé le dépôt dans la mesure où il signifie que la question a été étudiée et que tout le monde est maintenant au courant du problème posé par Zone Bleue, alors que le renvoi au Conseil d'Etat, d'après la nouvelle loi que nous avons votée il y quelque temps, indiquerait qu'il y a matière à examen. Par conséquent, le renvoi au Conseil d'Etat ne voudrait pas forcément dire qu'on demande à ce dernier d'entrer en matière sur cette question mais de l'examiner. Or, le département nous a clairement montré qu'elle était déjà examinée. Il nous semble donc inutile de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

Nous demandons donc, comme nous l'avions proposé, le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

M. François Thion (S). Le parti socialiste souhaite renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, pour les raisons évoquées par Mme Wisard Blum.

L'Association Zone Bleue effectue un excellent travail. Nous avons auditionné les membres du comité qui sont des personnes extrêmement sérieuses; cette association répond à un réel besoin d'insertion pour ces femmes.

Nous demandons donc le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.

Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC). Il est tout à fait cohérent de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, parce que celui-ci est parfaitement bien placé pour pouvoir donner une réponse, d'autant plus que Zone Bleue peut travailler à la fois avec l'Office cantonal de l'emploi, qui cherche des places en permanence pour des stagiaires, et, également, avec le Bureau de l'intégration, qui s'est saisi et préoccupé de l'avenir de Zone Bleue.

II faut donc faire confiance au Conseil d'Etat, et c'est pourquoi le PDC ira dans le sens des conclusions de la commission.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1490 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 51 oui contre 24 non et 3 abstentions.

RD 444-A
Rapport de la commission des affaires communales, régionales et internationales chargée d'étudier le rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur les conséquences au niveau cantonal des accords bilatéraux sectoriels conclus entre la Suisse et la Communauté européenne
Rapport de M. Pierre Weiss (L)

Débat

Le président. Monsieur le rapporteur, vous avez quelque chose à ajouter: je vous donne la parole.

M. Pierre Weiss (L), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Au fond, je n'ai qu'une chose à ajouter à ce rapport, qui est en réalité un point d'histoire - l'histoire de nos relations avec l'Union européenne - c'est qu'il faut aujourd'hui prendre acte du rapport du Conseil d'Etat. C'est à cela que je convie cette assemblée.

Le Grand Conseil prend acte du rapport de la commission RD 444-A.

RD 533-A
Rapport de la commission des affaires communales, régionales et internationales chargée d'étudier le rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil concernant la politique de la solidarité internationale pour l'année 2003
Rapport de M. Pierre Weiss (L)

Débat

Le président. Monsieur le rapporteur, désirez-vous ajouter quelque chose ? Je vous donne la parole.

M. Pierre Weiss (L), rapporteur. Monsieur le président, vous avez vu ce soir combien nous avons réussi à accélérer le rythme de nos travaux, pour des raisons qui sont apparentes à tous... Je n'ai, par conséquent, rien à ajouter à mon rapport ! (Rires.)

Le président. Personne ne demande la parole... Si, M. Brunier la demande ! Je vous la donne, Monsieur le député.

M. Christian Brunier (S). Je serai très bref. Je tiens simplement à expliquer notre abstention en commission.

Nous avions émis toute une série de critiques sur des financements qui ne nous semblaient pas aussi clairs que cela. Or nous venons de voter une motion, il y a quelques minutes, pour avoir plus de transparence sur le financement de la solidarité internationale...

Alors, même si ce rapport ne nous convenait pas vraiment, étant donné que nous sommes satisfaits d'avoir élaboré une bonne motion, nous avons décidé de nous abstenir. Cette abstention n'est en tout cas pas une façon de critiquer le travail effectué par le service de solidarité internationale de l'Etat, qui fait un excellent travail avec peu de moyens. Cela méritait d'être signalé.

Le Grand Conseil prend acte du rapport de la commission RD 533-A.

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, j'ai encore une communication à vous faire, petite modification à la liste des commissions qui vous a été donnée tout à l'heure. Je vous indique que Mmes et MM. les députés libéraux ont modifié en partie les listes: M. Desbaillets remplace M. Aubert aux affaires communales; Mme Béatriz de Candolle remplace M. Amsler à l'aménagement et M. Gros, toujours à l'aménagement, remplace M. Cuendet; à la Fondation de valorisation des actifs de la BCGe, M. Amsler remplace M. Borloz; à l'énergie, M. Borloz remplace Mme Favre.

Je vous fais cette communication pour que nous n'en restions pas à une indication contradictoire entre ce que je vous ai dit tout à l'heure implicitement et ce qui figurera au Mémorial.

I 2039
Interpellation de M. Rémy Pagani : Où sont passées les recettes provenant du travail du personnel employé par "Job Service" ?

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais vous signaler que, ne pouvant pas être développée par son auteur, l'interpellation 2039 de M. Pagani - point 53 de notre ordre du jour - est close.

L'interpellation 2039 est close.

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais vous remercier de la concentration dont vous avez fait preuve ce soir et lever cette séance. A bientôt !

La séance est levée à 22h50.