République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 803
Discours du président pour la fin de la 56e législature

Discours de M. Eric Leyvraz, président sortant

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes en dernière session de législature, et il est coutume que le président du Grand Conseil fasse un petit rapport sur la législature écoulée. Mais, tout d'abord, j'aimerais saluer à la tribune les personnes présentes, comme notre ancien collègue et président du Grand Conseil M. Claude Blanc, notre ancienne collègue et présidente du Grand Conseil Mme Christine Sayegh, l'ancien président du Grand Conseil M. Jean-Luc Ducret, ainsi que l'ancien député M. Jean-Claude Dessuet. (Applaudissements.)

Mesdames et Messieurs les députés, nous abordons donc les deux derniers jours de session de cette législature. J'aimerais d'abord vous remercier de la confiance que vous m'avez témoignée au cours de cette année présidentielle qui demande beaucoup, mais qui apporte encore plus par les innombrables contacts, invitations et visites jalonnant l'activité du premier citoyen de la république. C'est avec conviction, assiduité, fierté et beaucoup de plaisir que je l'ai servie, je l'espère à sa satisfaction ! Cette période restera pour moi inoubliable, car j'ai eu la chance de participer à des événements prestigieux: la commémoration du 500e de Calvin, les fêtes pour le 450e de l'Université et du Collège, le 150e rappel de la terrible bataille de Solférino, d'où va jaillir l'idée de la Croix-Rouge.

Comme vous pouvez le constater, une année de présidence est une limite à ne pas dépasser dans un parlement de milice, car on est constamment sur le pont !

J'ai eu la chance d'affermir des amitiés avec plusieurs d'entre vous, de la gauche à la droite, des liens personnels dans la diversité de notre démocratie, bien si précieux et si habituel à nos yeux que nous perdons parfois la notion de son irremplaçable valeur.

Mes remerciements vont aussi aux membres du Bureau, dont le soutien a toujours été précieux. Bonne chance, cher Guy Mettan, futur président ! (Exclamations. Applaudissements.) Un immense bravo à tout le secrétariat général du Grand Conseil, dont la bienveillance à notre égard ne faiblit jamais, même pour résoudre nos problèmes informatiques ! (Applaudissements.) Un applaudissement particulier pour notre cher sautier, Mme Hutter, toujours souriante, et pour son adjoint, M. Koelliker. (Applaudissements. Les députés se lèvent.) Les deux mériteraient carrément un prix Nobel de patience ! Bravo à nos huissiers: Stéphane Baldassari, Christian Roy, Paul Perrin et ses collègues du Conseil d'Etat. (Applaudissements.) Bonne retraite, Jean-Michel Sallin ! Ton sourire à l'entrée de l'Hôtel de Ville va nous manquer; heureusement, nous gardons celui de notre cher concierge Nicola ! (Applaudissements.) Une pensée particulière pour Mme Chételat, notre mémorialiste, qui parfois doit traduire en français des propositions si fumeuses que même l'auteur se demande ce qu'il a bien pu vouloir dire ! (Rires. Applaudissements.)

Pour une fois, pas de fleurs, mais quelques cartons de vins de nos coteaux, provenant d'une excellente cave que l'article 24 m'empêche de citer ! (Rires.)

Mesdames et Messieurs, le bilan d'une législature incombe au dernier des quatre présidents; il y apporte sa note personnelle, sa vision des choses et, comme vigneron optimiste, il voit plutôt le verre à moitié plein !

Osons le dire, ce parlement a bien travaillé, et les preuves sont là ! En 2005, nous avons hérité - j'arrondis les chiffres - de 900 objets en suspens; en 2009, ce nombre s'est réduit de moitié, alors que la quantité d'objets traités n'a fait qu'augmenter: nous en avons traité 2100 en quatre ans ! Les objets importants n'ont pas connu de retard, les projets de lois demandés en urgence ont été traités, les initiatives également, dans les délais légaux. Nous avons aussi voté des lois marquantes et fort discutées: la LIPP et la péréquation financière intercommunale, par exemple, véritables poids lourds parlementaires. Pourtant, nous aurons moins siégé que la précédente législature: 133 heures par an, au lieu de 163 ! Cela a été rendu possible par l'adoption de la loi 9560, qui prévoit les débats en quatre catégories, avec limitation du temps de parole, de la loi 9869, renvoyant les initiatives populaires sans débat directement à la commission législative, de la loi 10215 sur les modifications de l'ordre du jour et, enfin, d'une loi qui nous a fait gagner beaucoup de temps, la loi 10216 qui limite le débat lors de la demande d'un renvoi en commission.

Je remercie également le président Halpérin et les présidentes Mahrer et Bolay de leur contribution précieuse à une meilleure marche de ce parlement, facilitant ainsi la tâche de ceux qui vont nous succéder. (Applaudissements.)

Nous avons mis à disposition du public, le mois passé, un site internet où nos sessions sont retransmises en direct, complétant ainsi l'offre de Léman Bleu.

Quant à moi, je me suis permis de prendre une décision pour corriger une injustice: lorsqu'on quitte la députation en cours de législature, on est salué et remercié avec un stylo souvenir. En revanche, lorsqu'on part en fin de législature - après parfois de nombreuses années d'activité - sans se représenter, alors, rien, même pas un petit mot pour les bons services rendus ! Je vais donc lire vos noms, vous qui nous quittez, et vous aurez droit au stylo parlementaire ! L'ordre de citation est celui de la date de la prestation de serment, en commençant par la plus ancienne, pour laquelle je ne suis pas sûr de l'année - il n'y avait peut-être pas encore de Mémorial à cette époque ! (Rires.) Voici les noms: Mme Janine Hagmann (L)... (Applaudissements.) Si vous le voulez bien, on les applaudira tous à la fin ! Je reprends la lecture de la liste: Mme Sylvia Leuenberger (Ve), Mme Nelly Guichard (PDC), Mme Esther Alder (Ve), M. Alain Etienne (S), Mme Laurence Fehlmann Rielle (S), Mme Mariane Grobet-Wellner (S), M. Jean-Marc Odier (R), Mme Françoise Schenk-Gottret (S), M. Alberto Velasco (S), Mme Caroline Bartl Winterhalter (UDC), M. Gilbert Catelain (UDC), M. Jacques Follonier (R), M. Claude Marcet (ind.), M. Damien Sidler (Ve), Mme Sandra Borgeaud (ind.), M. Sébastien Brunny (MCG), M. Eric Ischi (UDC), Mme Virginie Keller (S), M. René Stalder (L), M. Olivier Wasmer (UDC), M. Philippe Guénat (UDC), Mme Ariane Reverdin (L), M. Andreas Meister (Ve), Mme Claudine Gachet (R) et M. Philippe Cottet (Ve). Bravo à tous ! (Applaudissements.)

Je vous avais annoncé une surprise. En juin, lors de la remise des maturités au collège Calvin, j'ai entendu un jeune pianiste-compositeur nous jouer ses variations sur notre hymne cantonal le «Cé qu'è lainô». Enthousiasmé, j'ai demandé à M. Alexandar Maundrell, maintenant étudiant en classe de maturité, de venir nous jouer sa partition, que le DIP, devant sa qualité, a décidé de publier. Nous allons l'écouter tout à l'heure dans la salle des Pas-Perdus.

Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie de votre attention et de votre écoute, et je vous dis: vive la république et vive la Suisse ! (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

Le président. Je passe la parole à M. Mettan, vice-président du Grand Conseil.

M. Guy Mettan (PDC). Cher Eric, si l'on m'avait proposé il y a deux ans de faire ton éloge, j'avoue que j'aurais probablement eu une petite grimace, car je n'ai pas oublié qu'à cette époque nous étions en compétition pour la première vice-présidence de notre Grand Conseil, et que tu m'avais alors battu d'une seule voix. Une petite voix, mais qui fut suffisante pour t'installer sur les premières marches du podium. Cependant, après coup je ne regrette pas du tout ce petit duel, car il m'aura permis de passer deux ans à tes côtés, deux années pendant lesquelles j'ai eu tout le loisir de te connaître et de t'apprécier car, sachez-le, la tâche d'un premier vice-président consiste d'abord à suivre les faits et gestes du président. Et je n'ai pas été déçu !

Lundi dernier, au moment où je m'apprêtais à rédiger cet éloge, j'ai toutefois eu un dernier petit doute en lisant la prose que votre président de parti avait publiée dans la «Tribune de Genève». Comment te transmettre mon estime, cher Eric - estime partagée, j'en suis sûr, par l'ensemble du Grand Conseil - tout en se distançant du contenu de cette annonce ? Mais ici encore, tu nous as aidés, cher Eric, car tu as toi-même pris tes distances par rapport à cette prose. Car il en va de la politique comme de toutes les affaires humaines: il faut savoir distinguer la personne du parti; il faut savoir relever les qualités de l'homme, quel que soit le combat politique que nous menons.

Monsieur le président, parmi les nombreuses qualités dont vous avez fait preuve tout au long de votre présidence, voici celles que j'ai relevées: il y a d'abord celle du bon président que vous avez su être; comme vous le savez, il est facile d'être président, mais il est difficile d'être un bon président. Or vous avez été un bon président parce que vous avez su rester à l'écoute tant des députés que des membres du Bureau. Vous n'avez pas décidé tout seul dans votre coin, mais vous avez constamment pris la peine de consulter et de laisser s'exprimer les avis, fussent-ils contraires aux vôtres. C'est primordial pour une démocratie. Vous avez aussi été d'un fair-play exemplaire, puisqu'à la première séance vous m'avez déjà laissé vous remplacer quelques instants ! Vous avez encore su faire preuve d'une patience quasiment illimitée; comme vous le savez, il y a parfois de drôles de pistolets parmi les députés, et il y a parfois même de vrais pistolets ! (Rires.) Mais même dans les cas les plus délicats, et même quand les personnalités les plus expansives ou les plus expressionnistes de notre parlement cherchaient à s'exprimer - je pense par exemple à Janine Hagmann, lorsqu'elle s'apprêtait à prendre pour la xième fois la parole pour nous vanter la somptueuse mécanique des HES; je pense à notre ami Jean-Claude Ducrot, quand il s'apprêtait à partir dans l'une de ses envolées lyriques favorites; je pense aussi à Eric Stauffer, qui trépignait d'impatience pour prendre la parole devant son micro - eh bien dans chacun de ces cas, cher Eric, vous avez su rester calme, serein, garder le contrôle de vos nerfs et conserver votre humour, tout en étant ferme, sur le fond comme sur la forme. Bravo, c'était une prouesse !

Durant votre présidence, vous avez aussi su rester neutre et impartial, ce que toutes les députées et les députés de ce Grand Conseil reconnaissent volontiers. Comme c'était la première fois que votre parti accédait à la présidence, certains avaient pu avoir des doutes, or vous les avez magistralement levés; tout au plus a-t-on pu noter une affection particulière pour Gilbert Catelain et Olivier Wasmer, quand ils essayaient de ranimer un débat qui s'étiolait, en prolongeant le temps imparti de quelques secondes.

Durant votre présidence, enfin, vous avez fait preuve d'une efficacité peu commune; vous avez notamment réglé le problème de la salle du Grand Conseil pour la Constituante; vous avez su aussi régler les tensions avec Léman Bleu concernant les retransmissions de nos séances, qui ont fait l'objet d'un nouveau contrat sans augmentation de prix. Vous avez aussi installé la diffusion de nos séances sur internet grâce au streaming.

Enfin, vous avez dignement représenté notre Grand Conseil à l'extérieur. Avec nos anciens présidents Michel Halpérin, Anne Mahrer et Loly Bolay, vous nous avez représentés avec votre bonhomie et votre élégant noeud papillon lors de dizaines de manifestations, partout dans le canton et parfois aussi à l'extérieur de celui-ci.

J'aimerais enfin dire un dernier mot sur l'homme qui s'est manifesté derrière le président. Toutes ces qualités que vous avez exprimées lors de votre présidence, vous les portez en vous; elles ne sont pas artificielles et composées pour la galerie, pour se donner une image sympathique ou positive. Comme un vrai vigneron, vous avez su rester simple et direct; à aucun moment vous n'avez pris la grosse tête. A force de vous fréquenter, cher Eric, j'ai pu apprécier tout cela.

Au nom du Bureau, au nom de Mme le sautier et de toute l'équipe du secrétariat général du Grand Conseil, que vous avez su diriger avec compétence et doigté, je tiens donc à vous remercier et à vous dire que l'on vous regrettera. Puissent les qualités présidentielles dont vous avez fait preuve au Grand Conseil vous être utiles dans votre future carrière - je pense à votre parti, pourquoi pas, ou ailleurs dans la république.

Pour vous prouver que tout ce que j'ai dit est sincère, je vous ai même préparé une petite surprise, à savoir une bouteille de mon vin, pressé en Valais et provenant des grappes de ma vigne, pressées sur mon pressoir. C'est l'avant-dernière bouteille que j'ai en ma possession, puisqu'il a malheureusement fallu arrêter le pressoir et arracher la vigne il y a quelques années. C'est avec plaisir que je vous en fais cadeau ! Je vous le dis tout de suite, elle n'est pas pour la dégustation, parce que pour cela je préfère le vôtre, mais c'est un collector ! Merci de votre attention et bonne chance, Eric ! (Applaudissements. M. Guy Mettan remet la bouteille à M. Eric Leyvraz, lui donne une accolade et lui offre un bouquet de fleurs pour son épouse.)

Le président. Merci, Mesdames et Messieurs les députés, merci, cher Guy, pour cette bouteille, je ne savais pas que tu étais un collègue vigneron ! Je me réjouis de la goûter. On va la boire ensemble, cela me fera un immense plaisir. Merci beaucoup !

J'en profite pour saluer à la tribune d'autres personnes qui viennent d'arriver: M. Brunier, notre ancien collègue, accompagné de son épouse, Mme Blum Brunier, ainsi qu'une ancienne présidente du Grand Conseil, Mme Decrey Warner. (Applaudissements.) Merci d'être là !

Les chefs de groupe peuvent maintenant s'annoncer s'ils veulent prendre la parole pour rendre hommage aux députés qui ne se représentent pas.