République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 16 novembre 2007 à 17h10
56e législature - 3e année - 1re session - 4e séance
RD 712
La présidente. Nous avons reçu de notre collègue Christian Luscher sa lettre de démission de son mandat de député qui prendra effet à la fin de cette séance. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir lire le courrier 2523. (Applaudissements à l'issue de la lecture.)
La présidente. Il est pris acte de cette démission.
M. Christian Luscher a participé aux travaux de notre parlement pendant plus de six ans. Il a été élu sur la liste du parti libéral en 2001, puis réélu en 2005. Il a notamment siégé dans les commissions de contrôle de gestion, de contrôle de la Fondation de valorisation des actifs de la BCGe, de grâce et de réexamen en matière de naturalisation. Il a présidé en 2003 la commission législative et a assumé cette année la vice-présidence de la commission judiciaire et de police.
Ses compétences en droit en ont souvent fait le rapporteur désigné sur la recevabilité ou l'irrecevabilité des initiatives populaires. Son intérêt pour les questions judiciaires l'a également conduit à rendre des rapports sur des projets comme la nouvelle loi sur la police et celle sur la médiation civile ou encore à présenter le rapport sur les violences domestiques.
Son élection au Conseil national l'empêche de continuer à siéger parmi nous. Nul doute qu'il fera bénéficier le Conseil national de ses talents d'orateur et, parfois, de ceux d'acteur, de séducteur et, même, de perturbateur... (Rires.) ...autre de ses qualités reconnues !
Nous formons tous nos voeux pour la suite de son action au sein de la députation genevoise à Berne et lui remettons le traditionnel stylo souvenir. (Applaudissements. Exclamations. Rires.)
M. Olivier Jornot (L). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, permettez-moi, au nom du groupe libéral, de vous adresser quelques mots à l'occasion du départ de notre collègue Christian Luscher.
Illustre fils de son illustre mère, Christian Luscher, tel Virgile au paradis, se laisse conduire par Béatrice, d'abord au Conseil municipal de Troinex où il siège pendant quatre ans, puis dans ce Grand Conseil où il sévit depuis une législature et demie.
Improbable croisement entre un code pénal annoté et une bouteille de crème solaire, Christian Luscher donne la perpétuelle impression de toujours rentrer de vacances ou de s'apprêter à y partir. (Rires.)
Christian Luscher, c'est d'abord une gueule, et si l'on en croit «L'Illustré», c'est même un membre - un membre du parti libéral, cela va sans dire ! Un membre brillant, qui assume les plus prestigieuses présidences, qui monte sur les planches et qui bondit de lucarne en lucarne.
Cher Christian, avant d'être politicien, tu es un homme ! Un homme chaleureux, un homme généreux, d'une humeur égale, toujours entraînant, toujours prêt à nous rassembler, toujours prêt à trancher le noeud gordien du plus épineux problème politique en lançant ton célèbre: «On s'en fout, on y va !» (Rires.)
Mais Christian Luscher, c'est aussi, pour nous qui le côtoyons dans ce parlement, une bête politique. Une bête politique qui pourrait graver au frontispice de son panthéon, pastichant la devise de la République française, «Liberté, Irrecevabilité, Mendicité» ! (Rires.) «Liberté» parce que tu as été de tous les combats pour plus de liberté: rapporteur de la loi sur la police, rapporteur de la loi sur les manifestations, quand elle avait encore un contenu, auteur de la loi sur les mesures d'éloignement, confirmant le principe selon lequel il n'y a pas de liberté sans sécurité ! «Irrecevabilité», tu en es clairement le roi ! Une initiative est-elle longue ? Elle ne respecte pas l'unité de matière ! Elle est trop courte ? Ça la rend probablement contraire au droit fédéral ! Si elle est de taille moyenne, elle doit probablement être inexécutable ! Cher Christian, je regrette que tu ne puisses pas rester avec moi et qu'ensemble nous votions l'irrecevabilité des dix prochaines initiatives populaires rédigées par Christian Grobet ! (Rires.)
Et puis, il y a la «Mendicité». Non pas celle du «PL dix mille quelque chose», mais plutôt celle que nous tous, politiciens, nous pratiquons. Parce que comme tout bon politicien, cher Christian, tu veux être aimé ! Tu es comme ce personnage de la chanson d'Enrico Macias qui chante: «Donnez, donnez, donnez; donnez, donnez-moi» et qui réclame qu'on lui donne de la tendresse. Ce personnage, c'est le «Mendiant de l'amour», et il dit: «Moi je chante pour ceux qui m'aiment et je serai toujours le même.»
Alors, cher Christian, chante, plaide, discours, monte sur les planches, joue ! Sache que nous, on t'aime, mais, de grâce, même à Berne, reste toujours le même ! Bon vent ! (Applaudissements.)