République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2665-A
Rapport de la commission des affaires communales, régionales et internationales chargée d'étudier la proposition de motion de Christian Zaugg, Jocelyne Haller, Olivier Baud : Relance des pourparlers entre l'Etat et la Ville concernant la Bibliothèque de Genève
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 22 et 23 septembre 2022.
Rapport de M. Emmanuel Deonna (S)

Débat

Le président. Nous traitons à présent la M 2665-A. Le rapport est de M. Emmanuel Deonna, à qui je cède la parole... pour autant qu'il vienne à la table des rapporteurs - s'il vous plaît, Monsieur, avec votre carte ! (Un instant s'écoule.) A vous la parole.

M. Emmanuel Deonna (S), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, la nouvelle loi sur la culture sera présentée au Conseil d'Etat au cours de ces prochaines semaines. Notre plénum pourra ainsi se prononcer sur la mise en oeuvre de l'initiative populaire 167 «Pour une politique culturelle cohérente à Genève». La motion 2665 porte sur les pourparlers entre l'Etat et la Ville concernant la Bibliothèque de Genève. Ce texte dépasse donc l'enjeu de la nouvelle loi sur la culture. Elle demande de tout mettre en oeuvre pour préserver et valoriser le patrimoine de la Bibliothèque de Genève.

La commission des affaires communales, régionales et internationales a approuvé cette motion à l'unanimité. Avec ses collections prestigieuses, la Bibliothèque de Genève rayonne bien au-delà des frontières genevoises et des frontières nationales. Lors d'une visite de commission, nous avons pu rencontrer la direction et les responsables de la conservation. Nous avons pu constater les immenses défis logistiques auxquels la bibliothèque est confrontée: vieillissement du bâtiment, exiguïté des accès, nouvelles normes et spécifications en matière de conservation. Il nous est apparu que la sécurité des collections, tout comme celle des employés de la BGE, est aujourd'hui potentiellement menacée.

C'est pourquoi, par cette motion - votée comme je le rappelle à l'unanimité -, nous appelons la Ville de Genève à assumer pleinement ses responsabilités financières et morales dans ce dossier, quitte à solliciter l'appui des autorités cantonales. La Bibliothèque de Genève mérite un soutien plein et entier des collectivités publiques. Je vous remercie.

M. Christian Zaugg (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je sais gré à la CACRI d'avoir traité avec sérieux la problématique de la Bibliothèque de Genève. La visite des lieux, chacun le reconnaîtra, a été à cet égard assez édifiante. Les niveaux ont été progressivement divisés et les étages ajoutés les uns aux autres, avec pour conséquence que la sécurité des collections n'est plus garantie.

Je ne devrais peut-être pas le dire, mais il suffirait d'une étincelle, d'une bougie non éteinte, et tout pourrait se consumer et disparaître sur-le-champ. Pourtant, il s'agit là d'une bibliothèque qui contient des ouvrages, ou plutôt devrait-on dire des oeuvres, de première importance, et notamment des manuscrits ou des lettres de Voltaire, de Calvin, de Jean-Jacques Rousseau, d'Horace-Bénédict de Saussure, j'en passe et non des moindres !

Elle est largement fréquentée par les étudiants de la Faculté des lettres et satisfait à un besoin social, culturel et pédagogique de première importance. D'ailleurs, elle a porté pendant longtemps l'appellation de Bibliothèque publique et universitaire.

La commission a décidé de s'appuyer sur la détermination de la Ville de Genève avant d'aller plus loin, et de proposer ensuite un partenariat qui associerait la Ville et l'Etat. Entre-temps, la Ville a déposé un crédit d'étude de près de 11 millions pour la rénovation et l'extension de l'institution, ce qui conduit à penser que le crédit définitif pourrait tourner autour de 100 millions. Il faudra, dans ce cadre, réaliser un abri pour ces biens culturels dans le périmètre compris entre le bâtiment d'Uni 1 et la bibliothèque. Il conviendra alors et en sus de soutenir la Ville de Genève, comme cela avait été le cas pour la Nouvelle Comédie.

Je vous recommande donc, pour toutes ces raisons, de soutenir la motion ainsi amendée et de préserver de cette manière un patrimoine inestimable.

M. Raymond Wicky (PLR). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, chers collègues, si notre groupe a effectivement soutenu cette motion, c'est essentiellement parce qu'il est urgentissime d'améliorer la sécurité des objets de valeur qui se trouvent dans cette bibliothèque et bien entendu des collaboratrices et des collaborateurs qui y travaillent.

Mais à ce sujet, compte tenu de mes anciennes fonctions - je suis à la retraite depuis plus d'une dizaine d'années maintenant -, j'aimerais quand même souligner que cette problématique, contrairement à ce qu'on aurait pu comprendre de certains propos de mes préopinants, n'est pas une nouveauté qui date d'il y a deux-trois mois ou deux-trois ans. Je me souviens avoir déjà eu, dans le cadre de ma carrière, l'occasion de monter au créneau pour mettre en évidence l'importance de la sécurité, qui doit être extrêmement pointue; en l'état actuel des choses, on ne peut pas garantir que la sauvegarde de ces biens culturels soit assurée.

D'ailleurs, cette problématique n'était pas propre à la bibliothèque, mais on avait exactement le même problème - et je crois qu'il a été réglé depuis à satisfaction - avec l'herbier du Jardin botanique. En l'occurrence, la situation s'est largement améliorée, pour ne pas dire qu'elle est en totale conformité avec les besoins en matière de sécurité, mais c'est vrai qu'à la Bibliothèque de Genève, c'est toujours une véritable catastrophe.

Notre groupe a donc décidé de soutenir cette motion dans cette optique. Les développements ultérieurs seront remis sous la loupe dans le cadre, probablement, de la même commission, la CACRI. Merci de votre attention.

M. Daniel Sormanni (MCG). Je dirai trois mots, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux... (L'orateur rit. Exclamations.) Les députés ! Le bâtiment de la Bibliothèque de Genève est dans le même état que celui d'Uni Bastions, dont les travaux ont commencé il n'y a pas si longtemps. Je pense que c'est du même acabit. Le crédit d'étude a été voté, les choses vont donc dans la bonne direction.

Maintenant, concernant l'entretien et la préservation de ces biens, sauf erreur, la Bibliothèque de Genève sert aussi de dépôt légal pour toute une série de documents du canton, notamment les affiches, etc. Je pense qu'il faut effectivement les protéger, mais c'est en route. La Ville a peut-être mis un certain temps, mais tout comme l'Etat, pour l'entretien de ces bâtiments - «un certain temps», si on peut employer ce terme, puisque c'est quand même une honte d'avoir laissé les bâtiments d'Uni Bastions en arriver à ce point pour entamer des rénovations qui coûtent fort cher au contribuable ! Par conséquent, chacun devrait balayer devant sa porte avant de s'occuper de celle du voisin.

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Vincent Subilia, c'est à vous. (Commentaires.) Ah oui ! (Remarque.) Excusez-moi, Monsieur le député, nous sommes aux extraits, et M. Wicky ayant déjà parlé... (Commentaires. Rires.) Merci, Monsieur le député ! La parole n'étant plus demandée, je mets aux voix cette proposition de motion.

Mise aux voix, la motion 2665 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 69 oui et 1 abstention.

Motion 2665