République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 971
Hommage à Mme CAPTYN Mathilde, députée démissionnaire

Le président. Nous avons reçu de notre collègue, Mme Mathilde Captyn, sa lettre de démission de son mandat de députée, avec effet à l'issue de cette séance. Est-elle là ?

Une voix. Elle arrive.

Le président. Bien. (Brouhaha.) J'espère qu'elle va nous rejoindre, surtout que c'est la Saint-Captyn aujourd'hui ! (Commentaires.) Oui, la Sainte-Mathilde ! Je prie M. Barde de... (Brouhaha.) Ah, la voilà ! Bravo ! (Brouhaha. Quelques instants s'écoulent.) Vous avez la parole, Monsieur Barde: je vous remercie de lire le courrier 3200.

Courrier 3200

Le président. Il est donc pris acte de cette démission. Mme Mathilde Captyn a siégé au Grand Conseil pendant plus de sept ans. Elue une première fois en 2005 sur la liste du parti des Verts, elle a été réélue en 2009. Au cours de son mandat, elle a assumé la présidence des commissions fiscale, des affaires sociales et du logement, ainsi que la vice-présidence de la commission ad hoc justice 2011. Nous relevons également que Mme Mathilde Captyn a présidé la sous-commission de la commission judiciaire et de la police, qui a accompli un important travail dans l'élaboration de la LIPAD. Mme Captyn a, en outre, participé aux travaux des commissions des droits de l'homme, de grâce, de l'environnement et de réexamen en matière de naturalisation. Enfin, elle a assumé la fonction de cheffe - avec «f-f-e»: «cheffe», c'est écrit juste ! - la fonction de cheffe de groupe de 2011 à 2012. Parmi les objets qu'elle a déposés, on relèvera une résolution pour un congé parental à Genève, qui a été adoptée, ainsi qu'un projet de loi sur le même sujet, qui est toujours à l'étude en commission. On retiendra également qu'elle fut l'auteur d'un projet de loi pour l'instauration d'un plan climat régional. Elle s'est, de plus, engagée, par le biais d'une résolution, pour l'accès à la formation professionnelle des jeunes sans statut légal, sujet toujours d'actualité.

En formant tous nos voeux pour la suite de ses activités, nous lui adressons d'ores et déjà nos félicitations pour l'heureux événement à venir et lui remettons le traditionnel stylo - puisque c'est aujourd'hui la Sainte-Mathilde ! (Rires.) Vous n'étiez pas là quand je l'ai signalé. J'ajoute, suite à la lettre que l'on vient de lire, que, sauf erreur, il y a un projet de loi s'agissant de l'organisation de nos sessions. Il y a un PL se trouvant en commission, mais votre président ne sait pas où ce projet en est ! Quoi qu'il en soit, on tâchera de le faire avancer ! Je vous remets le stylo, chère Madame ! (Applaudissements. Le président descend de l'estrade, embrasse Mme Mathilde Captyn et lui remet le stylo souvenir.)

Mme Sophie Forster Carbonnier (Ve). Chère Mathilde, c'est avec émotion et regret que le groupe des Verts te voit quitter la députation. Depuis près de huit ans, tu as en effet été une députée fortement engagée, active et passionnée, que cela soit par conviction, dans le domaine de la petite enfance ou dans la réforme de la justice, ou, à l'insu de ton plein gré, dans le domaine de la fiscalité. Notre groupe a admiré la manière dont tu as su concilier maternité, travail et politique, alors même que le mode de fonctionnement de notre parlement n'est guère adapté aux femmes actives ayant des enfants en bas âge. Mais ce sont, hélas, les horaires et la façon de travailler du Grand Conseil qui l'ont tout de même emporté sur ton enthousiasme et sur ton engagement, ce que nous regrettons vivement ! Espérons que le projet de loi - déposé en effet récemment par notre groupe - sur les horaires de travail de ce Grand Conseil reçoive un bon accueil de la part de nos collègues; cela faciliterait la vie de nombreux miliciens et miliciennes de ce parlement.

Je voudrais encore souligner un autre exploit. Mathilde a été notre cheffe de groupe pendant deux ans. Et ce n'est pas une mince affaire chez les Verts ! En effet, les députés Verts ne sont guère connus pour avoir un rapport apaisé à l'autorité, et chaque décision prise est susceptible d'être remise en cause unilatéralement, de manière totalement imprévisible, ou même par distraction. (Rires.) Mais, Mathilde, tu as su être une cheffe de groupe appréciée et tu as même réussi à nous gérer ! Tout en gardant, la plupart du temps, le sourire. Voilà, aujourd'hui nous regrettons de te voir partir mais nous aimerions en même temps te remercier pour toutes ces années que tu as consacrées à faire avancer les idées Vertes. Merci, Mathilde ! (Applaudissements.)

Mme Béatrice Hirsch (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, chère Mathilde, j'imagine la difficulté de quitter cette enceinte parce que tu l'es ! (Rires.) C'est un choix compliqué. On pourrait rêver, un jour, d'un monde politique et d'un système qui permettent à des femmes jeunes, avec des enfants en bas âge, de pouvoir continuer à apporter leurs compétences, leur engagement, à la fonction à laquelle le peuple les a portées. On peut rêver, peut être qu'un jour ça viendra. En attendant, le parti démocrate-chrétien a pu apprécier ton travail, la qualité de tes interventions, même si souvent nous n'étions pas d'accord sur le fond. Personnellement, j'aurais envie de te dire qu'un jour, quand tes enfants auront grandi, si l'envie et la volonté populaire t'amènent à nouveau à pouvoir exercer ces fonctions, tu auras la possibilité de concilier tes différentes passions. Certes, cela demande de faire des choix, mais je te promets, quand les enfants sont plus grands, c'est plus facile !

Alors, Mathilde, le parti démocrate-chrétien te souhaite tout le bonheur possible avec ta famille, avec ce nouveau-né que vous allez accueillir, et il te dit: à très bientôt ! Merci Mathilde. (Applaudissements.)

Mme Prunella Carrard (S). Personnellement, je suis un peu émue. Mathilde, on se connaît depuis très longtemps, on se connaît depuis une petite quinzaine d'années, et je me souviens que lors de l'un de nos nombreux cafés au Remor, en 2005, tu m'as demandé ce que je pensais de ton lancement en campagne. Je n'étais évidemment pas tout à fait d'accord sur le parti, mais enfin, je crois n'avoir trouvé à aucun moment qu'il y pourrait y avoir un problème quant à ton aptitude à faire de la politique; vu ton parcours, je pense avoir eu raison de t'encourager, et tu as bien fait d'y aller ! Tu t'es lancée en 2005, tu m'en as beaucoup parlé, et tu m'as donné envie d'en faire autant. Je me suis donc décidée en 2009, et j'ai ainsi eu le grand plaisir de siéger à tes côtés depuis quatre ans.

Bien sûr, tu t'es beaucoup engagée sur les sujets environnementaux, sur les sujets judiciaires. On a aussi bossé conjointement sur des aspects de politiques culturelles, mais je te connais surtout à travers la commission sociale. Et là, j'aimerais rappeler à quel point tu as été le porte-drapeau de l'initiative pour la petite enfance - cela d'ailleurs fort à propos, je crois ! - et des enjeux relatifs au congé parental. Tu as également apporté un grand soutien à l'initiative socialiste pour les allocations familiales, dont tu as d'ailleurs fait le rapport de majorité, et le groupe socialiste t'en remercie.

Tu as été la première femme enceinte de cette législature, je fus la seconde, et tu m'avais bien prévenue de la difficulté de s'asseoir sur ces sièges avec un ventre de neuf mois... Je comprends que tu n'aies pas envie de réitérer l'expérience ! (Rires.) Tu m'avais également prévenue de la difficulté de parler de manière distincte et avec brio, tout en gardant son souffle lorsqu'on est à huit ou neuf mois de grossesse... C'est presque impossible. Aujourd'hui tu es à nouveau enceinte, et c'est l'une des raisons qui fait que tu renonces et que tu quittes notre Grand Conseil - c'est aussi parce que j'ai des enfants que je ne me représenterai pas, donc Dieu sait si je comprends ta décision. Seulement, il est vrai que - message très personnel - avec les vies de fous qu'on mène, j'appréciais ces moments où l'on pouvait se retrouver au Grand Conseil, cela nous donnait au moins une occasion de se voir régulièrement, et je vais regretter cela. Voilà ! Tout de bon, ma belle ! (Applaudissements.)

M. Renaud Gautier (L). Madame la députée, chère Mathilde, une fois de plus vous êtes le sujet - ou plutôt l'objet - d'une dissension au PLR... (Rires.) ...où tout le monde voulait parler de Mathilde. J'ai gagné, simplement parce que je suis le seul homme, aujourd'hui, qui va te parler. Je m'en excuse donc - auprès de Nathalie, par exemple.

Alors, Mathilde, qu'est-ce que c'est ? C'est d'abord l'explication d'un concept extrêmement compliqué: l'empreinte carbone ! Si l'on n'est pas Vert, on ne connaît l'empreinte carbone ! Mais il suffit d'un passage à la buvette avec Mathilde, qui vous explique que l'empreinte carbone c'est ce que cela coûte de voyager - puis qui vous dit, quelques minutes après, qu'elle part en vacances à l'autre bout du monde... C'est ce qui fait le charme de Mathilde. C'est en même temps cette connaissance de la doctrine et son amour de la contradiction de celle-ci. (Commentaires.)

Mathilde, tu viens de nous dire ici que vous n'êtes que 28% de femmes dans ce parlement. Vous êtes bien évidemment la meilleure moitié de celui-ci ! Et c'est vous dire que les 28% que vous êtes signifient beaucoup plus... (Commentaires.) ...que ce que vous représentez ! D'ailleurs, on a eu l'occasion de le voir pas plus tard que tout à l'heure.

Enfin, c'est vrai que tu es intervenue dans différents domaines que tu connaissais particulièrement bien - nous aussi, du reste - comme le programme de la réforme de la justice. On voit d'ailleurs combien cela nous coûte maintenant - merci Mathilde, de t'en être si bien occupée ! Tu as été quelqu'un de toujours disponible, de toujours ouvert au dialogue. Je n'ai jamais perçu chez toi - et pourtant, Dieu sait si j'ai essayé parfois de te pousser dans tes retranchements ! - aucune forme de dogmatisme - que d'autres, au masculin et au féminin, peuvent avoir, dans ce parlement. C'est te dire si l'on va te regretter !

Mais, comme l'a dit tout à l'heure ma préopinante, la question du siège, quand on est enceinte... Mathilde, reviens !... nous allons changer cette salle ! Et, promis, nous veillerons à ce que les futures députées enceintes puissent s'asseoir confortablement ! Tu prends donc quelques vacances jusqu'à cet automne, et tu reviens... Nous allons commencer les travaux très bientôt et nous aurons un siège spécialement pour ton troisième et ton quatrième enfant. (Rires.)

Mathilde, bon vent pour la suite ! Au nom du groupe PLR en son entier, je voudrais te dire que nous avons eu beaucoup de plaisir à faire ce bout de chemin avec toi et que nous te souhaitons tous le meilleur pour l'avenir ! (Applaudissements.)

Mme Christina Meissner (UDC). Chère Mathilde, je ne sais pas quand tu as décidé de donner ta lettre de démission au parlement, mais qu'elle parvienne, comme ça, au milieu du budget, je dois dire que comme diversion, c'est réussi ! Cela étant, je sais ton engagement et je regrette de ne pas avoir pu partager plus que même pas une législature entière avec toi. Le parlement, en tant que milicienne, en tant que femme, avec une famille, étant très engagée dans le milieu associatif et, en plus, cheffe de groupe, je connais, ce n'est pas facile. Et, de ce point de vue-là, je crois que tu mérites véritablement d'avoir les remerciements en tout cas des Verts, qui t'ont eue pour les aider et, peut-être, un peu les discipliner.

Moi je n'ai pas fait le choix de la famille ni des enfants, mais des hérissons... Et j'ai juste envie de finir par une petite histoire, afin de mettre encore une touche de légèreté avant de revenir au budget. (Brouhaha.) Chère Mathilde, tu es passée deux fois en tant que marraine de hérissonnes se trouvant chez moi. La première hérissonne, c'était la dernière venue de l'année 2011, je n'ai malheureusement pas réussi à la sauver. La deuxième était membre d'une grande fratrie composée de parrains de parlement, très intéressants: en effet, ton petit frère hérisson était Jacques - que je ne vois pas; un autre était Roberto - qui n'est pas là aujourd'hui; il y avait aussi un petit Eric - qui, lui, est juste devant en train de faire le rapport; et il y avait une petite Marie-Thérèse. Tu vois que ta fratrie était bien bariolée ! Cette fois-ci, ça a marché, de 120 grammes tu es passée à un bon kilo, et tu as pu être libérée, entourée des hérissons du secrétariat général - puisqu'il s'agissait de deux huissiers, Christophe et Laurent - qui sont partis. Voilà, c'est une petite histoire, mais c'est grâce à ces hérissons que j'ai pu penser à chacun de vous dans ce parlement, et notamment à toi, Mathilde ! Je te souhaite d'avoir, avec ton futur bébé, autant de plaisir que j'en ai eu avec «la petite Mathilde», quand elle était chez moi ! (Rires.) Bon départ dans ta nouvelle carrière de maman - et certainement d'autre chose, car tu resteras assurément très active dans le milieu associatif, je n'en doute pas une seconde ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. Mesdames et Messieurs, nous passons au point 5b: RD 972, rapport oral de...

Une voix. Il y a Mme Engelberts !

Le président. Ah !... Excusez-moi, j'ai cru que votre nom figurait dans la liste précédente ! Madame la députée - avec mes excuses - vous avez la parole.

Mme Marie-Thérèse Engelberts (MCG). Merci, Monsieur le président. C'est en mon nom que je prends la parole, chère Mathilde ! Pour moi, tu es l'exemple de la couleur que tu portes aujourd'hui, c'est-à-dire celle de beaucoup d'engagement, de vivacité, d'éclats de rires incroyables. On lit beaucoup sur ton visage et à travers tes gestes... Quand tu es vraiment contrariée et mécontente, c'est suffisamment clair.

Moi je suis très fâchée de ce départ - et de ceux qui vont venir - parce qu'il correspond exactement à ce qu'on a été amenés à vivre il y a un certain nombre d'années, c'est tellement répétitif que c'est lassant ! Et je trouve que c'est vraiment dommage ! Je me demande comment on peut résister, finalement; avoir des enfants, avoir une famille, s'occuper d'un milieu associatif et faire de la politique - et on devrait pouvoir y arriver... Alors c'est dire que je soutiendrai en tout cas très largement la motion qui a été proposée pour un réajustement des horaires; j'en ai déjà au moins voté trois ou quatre, mais ça ne fait rien... (Brouhaha.) ...je crois qu'il faut continuer. Je trouve vraiment très dommage que tu nous quittes pour toutes ces raisons-là - et pour plein d'autres que je ne connais pas. Alors bonne route, bonne chance ! (Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie toutes et tous pour ces hommages bien mérités. Nous passons au point 5b de l'ordre du jour - il s'agit d'un rapport oral.