République et canton de Genève

Grand Conseil

M 2055
Proposition de motion de MM. Christophe Andrié, Jean-François Girardet, Pascal Spuhler, Thierry Cerutti, Florian Gander, Roger Golay : Etudions les sites potentiels sur le canton de Genève pour accueillir des éoliennes, afin que le canton sorte effectivement du nucléaire et qu'il respecte son engagement en matière d'énergie verte

Débat

Le président. Nous sommes au point 29. Ce débat est classé en catégorie II: trois minutes. La parole est au premier motionnaire, M. le député Christophe Andrié.

M. Christophe Andrié (MCG). Merci, Monsieur le président. Ma motion demande que l'on étudie la possibilité de poser des éoliennes. On a quand même failli mettre une CCF à la STEP d'Aïre. L'idée serait de voir s'il y a des sites potentiels pour placer des éoliennes, éoliennes qui produisent quand même une énergie verte, une énergie propre, sans CO2 et sans énergie nucléaire. Ces éoliennes permettent également de fournir des foyers en électricité. Je demande donc que cette motion soit renvoyée à la commission de l'énergie, afin que cette dernière puisse étudier des sites potentiels et voir s'il est possible de mettre quelques éoliennes sur Genève pour produire un peu d'énergie.

M. Philippe Morel (PDC). L'énergie éolienne est extrêmement intéressante: c'est une énergie propre, renouvelable, non polluante, et il est vrai que, depuis le début des années 1990, les progrès techniques lui ont conféré une efficacité remarquable. De plus, son coût de production est égal à la production hydraulique, et elle est cinq à six fois moins chère que l'énergie photovoltaïque. Son prix est, bien sûr, très compétitif par rapport aux énergies fossiles. Elle pourrait fournir, semble-t-il, jusqu'à 15% de l'électricité mondiale d'ici à 2050. A Genève, elle fournit déjà environ 10% de l'électricité consommée. Les pays qui sont le plus en avance dans ce domaine sont les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Espagne, l'Inde et la Chine. Cette industrie de la production éolienne occupe environ un million de personnes dans le monde et, chose très intéressante, pendant leur durée de vie qui est évaluée à dix ans, les éoliennes produisent quarante à quatre-vingt fois plus d'énergie qu'elles n'en nécessitent pour leur construction et leur destruction réunies.

Les SIG travaillent déjà sur l'industrie éolienne dans trois domaines. Premièrement, ils envisagent des sites d'implantations dans le Jura et dans les Alpes. A Genève cela n'est pas possible, car les vents ne sont pas suffisants, cela a été largement étudié. Il n'est pas non plus possible de placer des éoliennes dans le lac, car les vents sont tournants. Cela a également déjà été étudié et a fait l'objet de discussions, à plusieurs reprises, à la commission de l'énergie. Deuxièmement, les SIG travaillent avec Energie Ouest Suisse sur des sites qui sont construits et qui existent actuellement à l'étranger. Troisièmement, dans le cadre de Swisspower Renewables - avec des partenaires de services industriels d'autres cantons suisses - les SIG travaillent sur des sites étrangers à construire pour lesquels les permis de construction ont déjà été accordés.

En résumé, les SIG travaillent déjà largement sur l'industrie éolienne, et 10% de l'électricité consommée à Genève proviennent de ces ressources. Des développements très clairs sont en vue, et en vue prochainement. Genève ne permet pas, pour des questions de vents, d'établir des éoliennes de manière efficace, ni sur terre ni sur l'eau. Par conséquent, nous pensons que l'entrée en matière sur cette motion n'est pas judicieuse, et nous proposons de la refuser. (Applaudissements.)

M. Serge Hiltpold (L). Mesdames et Messieurs les députés, le 27 janvier 2012, le MCG a trouvé le chemin de Damas. Après la géothermie, on développe l'éolienne. En ce qui concerne l'éolienne, on en a largement fait le tour à la commission de l'énergie et l'on a constaté que, dans les projets SIG, ces derniers avaient acquis plus de 50% de tout le parc éolien helvétique, et que le travail était tellement bien profilé, par le mandat qu'ils avaient donné, qu'ils avaient même pris la responsabilité et que le chef de projet était maintenant CEO de Swisspower Renewables. Swisspower Renewables fait ce travail, non seulement sur l'éolien, mais aussi dans les marchés de l'hydroélectrique, sur les marchés européens et dans les éoliennes offshore. Maintenant le marché suisse est terminé - en ce qui concerne l'éolien, il n'y a plus de sites potentiels qui sont exploitables - et je crois que la motion arrive largement en retard. Alors je propose simplement de prendre tout cela avec humour, et puis de regarder les invites. «Etudier la possibilité d'installer des éoliennes au milieu du lac Léman»: quand je vois cela, je ne peux que sourire. «Au milieu du lac Léman»: j'invite les amateurs de voile à aller de temps en temps voir le départ du Bol d'Or, où, une année sur deux, les bateaux ne partent pas, n'avancent pas, car il n'y a pas de vent. M. Morel nous l'a dit, les vents sont tournants, il y a des vents thermiques, et c'est simplement impossible d'installer des éoliennes. Il est vrai que, si l'on ne peut évidemment pas mettre les éoliennes sur des sites constructibles - c'est une vérité de La Palice - peut-être que l'on aurait d'autres sites comme les tours du PAV, la traversée du lac, ou bien l'on pourrait décorer des projets urbanistiques un petit peu plus larges. Mais je crois que la pantalonnade a suffi, et le PLR vous invite à rejeter cette motion. (Applaudissements.)

M. François Haldemann (R). Nous avons à traiter d'une motion qui, sur la forme, relève quand même d'une rare malhonnêteté intellectuelle. Pourquoi le titre «sortir effectivement du nucléaire» ? Je crois savoir qu'à Genève il y a eu une votation populaire, conduisant à la modification de la constitution genevoise, qui indiquait clairement que nous ne pouvons pas acheter du nucléaire pour le canton. Les SIG produisent donc de l'énergie hydraulique, éolienne, et également à partir de gaz acheté dans le Benelux, mais il n'y a pas de nucléaire qui est acheté pour les consommateurs genevois. Donc sortir du nucléaire est peut-être une vision suisse, mais ce n'est d'aucune façon le cas pour Genève.

Sur le fond, développer la production électrique renouvelable à Genève est un voeu qui est, je crois, partagé par l'ensemble des groupes parlementaires ici. Mais pourquoi proposer une telle motion sans faire au moins une petite réflexion sur le sujet ? Il suffit de regarder ce que propose l'association Suisse Eole, qui permet de visualiser en quelques secondes que Genève, au niveau de la carte des vents, a le moins bon site de toute la Suisse. Les bons sites sont les Crêtes du Jura, la vallée du Rhône, la région alpine, mais en aucun cas Genève, ni le lac.

Finalement, si l'on nous avait proposé d'avancer sur le projet de Conflan, d'utiliser de la biomasse ou d'autres gisements renouvelables qui existent à Genève, je crois que nous serions très volontiers entrés en matière. Cependant, dans le cas présent, nous nous voyons dans l'obligation de refuser cette motion, que le PLR ne peut accepter.

M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, les Verts seront certainement un peu moins sévères que vous. Pour une fois, le MCG ne parle pas de ses sujets habituels et nous propose quelque chose qui vaut la peine d'être étudié. Alors, il est certain que si l'on imagine de grandes éoliennes produisant de l'électricité à l'échelle d'une collectivité publique, l'on n'est pas dans le sujet. Maintenant, s'il s'agit de favoriser de petites éoliennes, tout comme certains ont un panneau solaire sur leur garage, l'éolienne n'est jamais qu'un moulin à vent - un petit moulin à vent individuel ou à l'échelon d'une exploitation agricole ou encore d'une entreprise sise dans la zone industrielle, comme, au hasard, celle de la Zimeysa. Donc si certains veulent produire un peu d'électricité sur leur toit, peut-être que l'on peut l'étudier.

Nous pensons, chez les Verts, que la solution énergétique arrivera principalement avec des économies; il faudra que l'on économise massivement et que l'on essaie de produire en petites quantités à plusieurs endroits différents. Alors cette motion, pour nous, va dans le bon sens. Nous pensons que l'on pourrait l'étudier à la commission de l'énergie. Il y aura de grosses productions, car il faut pouvoir assurer une production de masse d'électricité pour les collectivités, mais, en même temps, plein de petites productions peuvent être faites. L'on parle aussi d'éoliennes qui se font du point de vue hélicoïdal et vertical, et qui ne sont pas comme de grands moulins, mais qui ressemblent plus à des mixeurs mis dans l'autre sens.

Il y a différentes solutions qui peuvent être étudiées. Je pense qu'il vaut la peine de renvoyer cette motion à la commission de l'énergie pour regarder ce qu'il en est. Et j'aurais tendance à dire qu'il faut favoriser le MCG lorsque ce dernier arrive à proposer des sujets qui ne sont pas anti-frontaliers, qui ne suintent pas la haine et qui pourraient apporter des solutions à cette collectivité. On pourrait lui dire que, pour une fois, l'une de ses motions est sympa, et que quand il a de bonnes idées, on est d'accord de le suivre.

Le président. Merci, Monsieur le député, de ces propos apaisants. La parole est à M. le député Eric Leyvraz.

M. Eric Leyvraz (UDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, la récente thèse de doctorat de M. Jérôme Faessler à l'Université de Genève - que vous pouvez regarder sur internet et que je vous conseille de lire car elle est très intéressante - a été consacrée aux énergies renouvelables de l'agglomération franco-valdo-genevoise dans la perspective d'une société à 2000 watts. Or, dans cette étude très fouillée, l'on se rend compte que l'énergie éolienne compte tout simplement pour zéro, car nous n'avons pas de gisements suffisants au niveau de la plaine. C'est sur les sommets du Jura que se trouvent les vents intéressants. Et il semble difficile pour un parlement genevois d'imposer à la France voisine la construction d'installations sur le Reculet afin d'alimenter notre cité. D'ailleurs, je pense que cela ne serait pas autorisé dans une zone protégée - il faudrait construire des lignes électriques aériennes - et cela semble peu possible. Cette motion est pleine de bonnes intentions, mais elle est, à mes yeux et malheureusement, tout simplement irréaliste dans son contexte. Si vous voulez la renvoyer à la commission de l'énergie afin de vous assurer de ne pas passer à côté d'une faible probabilité de faisabilité, le groupe UDC ne s'y opposera pas. Mais mon collègue M. Florey vous expliquera sa demande d'amendement, simplement pour rendre cette motion un peu plus réaliste.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Stéphane Florey, à qui il reste une minute trente.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Effectivement, comme cela a déjà été dit, les invites semblent un peu farfelues dans leur ensemble. Toutefois, j'ai bien écouté ce que mes collègues ont dit. Je me suis laissé dire que les éoliennes nouvelles générations avaient besoin de beaucoup moins de vent que les anciennes générations. Donc, finalement, je me suis dit: mais alors pourquoi pas ? C'est pour cela que, sur le fond, je vous propose un amendement qui annule et remplace toutes les invites, et qui demande simplement au Conseil d'Etat d'«étudier si la situation géographique du canton permet une implantation durable et rentable d'un parc éolien», ce n'est pas plus bête que cela. C'est la raison pour laquelle, si cet amendement devait être accepté, il ne me semble pas utile de renvoyer la motion en commission. Laissons le Conseil d'Etat nous rendre directement un rapport pour répondre, finalement, à la seule question qu'il reste à se poser, à savoir si oui ou non une implantation d'éoliennes est possible sur notre canton.

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, on répète sans cesse les mêmes pièces de théâtre. Chaque fois qu'un groupe - que ce soit la gauche, la droite ou le MCG - propose un texte, ce dernier est combattu par nature et non pas sur l'idée du fond par certains autres groupes. Ecoutez, vous pouvez la jeter cette motion, il n'y a pas de problème ! L'on peut passer des années de séances plénières à se critiquer, à chaque fois, les uns les autres. J'ai à peu près tout entendu, notamment «la malhonnêteté intellectuelle» de cette motion ! Monsieur le président vous transmettrez au député PLR qui a tenu ces propos que je ne vois pas en quoi inviter le Conseil d'Etat «à étudier toutes les solutions de terrains non constructibles où l'on pourrait placer des éoliennes», «à étudier la possibilité» - et non pas la réalisation - «d'installer des éoliennes au milieu du lac Léman» et «à étudier les divers solutions pour implanter des éoliennes sans dénaturer le paysage genevois» est d'une malhonnêteté intellectuelle.

Après, Mesdames et Messieurs les députés, vous faites comme vous voulez. Nous, nous sommes élus pour essayer de trouver des solutions. On amène modestement notre pierre à l'édifice, et on essaye de trouver des pistes, d'inciter - puisque c'est le rôle du pouvoir législatif - le pouvoir exécutif à essayer d'envisager des solutions. Certainement que les services industriels ou bien le gouvernement n'ont pas attendu la motion du MCG pour se pencher sur le problème, mais cela peut donner la petite impulsion politique qui fait que, quelquefois, de grands projets se réalisent.

Là où je veux en venir, Mesdames et Messieurs les députés, c'est que les libéraux additionnés des radicaux, qui ont été aux commandes de ce canton pendant des décennies, n'ont jamais su prévoir, et n'ont jamais donné l'autonomie énergétique au canton de Genève, par manque de vision et par manque de prévision. Ce ne sont même pas de bons gestionnaires puisqu'ils ont plombé les finances pendant des décennies - il n'y a qu'à voir le scandale de la Banque cantonale de Genève. Alors finalement, Mesdames et Messieurs, c'est comme vous voulez. La population qui nous regarde sera juge encore une fois. Et finalement, comme je l'ai toujours dit, Monsieur le président, le PLR n'a qu'à regarder le MCG pour avoir le constat de son propre échec. Plus vous vous détériorez, plus vous avez des propos aussi bas et plus le MCG monte, parce que la population n'est pas dupe.

Alors je vous le demande, Mesdames et Messieurs, soutenez ce projet de motion qui n'a pas plus d'ambition que d'essayer de donner des pistes au gouvernement... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...pour essayer de trouver des solutions, et améliorer la capacité et l'autosuffisance en matière énergétique sur le canton de Genève avec des énergies non fossiles, avec des énergies renouvelables qu'est le vent.

Mme Marie Salima Moyard (S). Mesdames et Messieurs les députés, revenons au fond si vous me le permettez. Le problème de cette motion, car le parti socialiste regarde le fond des textes et non leurs auteurs, c'est qu'elle nous permet - ce qui est peut-être une chance - de vérifier que cette idée est très jolie sur papier mais qu'elle est parfaitement irréaliste dans les faits. Outre les économies d'énergie qui doivent occuper le centre de notre débat sur l'énergie - et l'on regrette que cela ne soit pas suffisamment le cas - la production d'électricité renouvelable doit évidemment être la visée essentielle en matière d'énergie pour le canton.

Evidemment, l'énergie éolienne est une excellente source d'électricité non polluante, avec très peu d'emprise au sol, pas de CO2; c'est une matière première inépuisable et renouvelable et d'un très bon rendement également, donc parfait. Très bon rendement, évidemment s'il y a du vent ! Effectivement, les éoliennes de nouvelle génération sont de plus en plus capables de produire de l'électricité avec de moins en moins de vent - et c'est quelque chose de formidable - mais il en faut quand même un peu.

Donc, comme le disaient M. Hiltpold, M. Haldemann, ainsi que M. Leyvraz, il y a eu des études. Ainsi, l'on dirait que le MCG a écrit cela sur un coin de table, sans même se soucier des travaux scientifiques qui étaient faits dans ce canton, notamment l'excellente thèse de M. Faessler - dont je vous recommande également vivement la lecture - et, évidemment, les statistiques de Suisse Eole. Même plus proche de nous, il y a le rapport sur la CCF et toutes ses alternatives renouvelables, ainsi que sa page 40 que je cite - la question avait déjà été posée, et je crois bien que c'était déjà par un député MCG - «Est-il envisageable d'installer des éoliennes sur le lac Léman ?», réponse des SIG: «Non, car les conditions de vent ne sont pas idéales, ni sur le lac Léman, ni sur le Petit lac (avec des conditions d'air similaires à celles sur terre). En plus, ce type de projet serait enclin à soulever de nombreuses oppositions.» - l'on peut encore passer par dessus cela - «De surcroît, le lac n'est pas uniquement de nationalité helvétique», et il y a également la question de la protection. Donc, il y a des questions techniques: il faut un vent, et un vent stable, ce que nous n'avons pas actuellement, et qui, malheureusement, ne risque pas tellement d'évoluer.

En conséquence, il semble au parti socialiste assez inutile de placer trop d'espoir dans cette motion. Son seul intérêt, pour un renvoi en commission, serait de prouver au MCG qu'il se trompe. C'est pour cela que le parti socialiste ne s'opposera pas au renvoi en commission - c'est peut-être quelque chose de pédagogique. Quant à l'amendement de M. Florey pour l'UDC, il est effectivement un peu plus adéquat que les invites actuelles, mais cela ne change pas grand-chose au fond du problème, puisque le monde scientifique genevois a, lui, déjà la réponse à ces questions. Et il serait bien, quand même de temps en temps, que notre Grand Conseil prenne acte des travaux de la communauté scientifique pour les traduire en actions politiques. C'est pour cela que, comme je vous l'ai dit, nous ne nous opposerons pas au renvoi en commission, mais que nous serons plutôt enclins à refuser la proposition de motion.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le premier motionnaire Christophe Andrié, à qui il reste deux minutes.

M. Christophe Andrié (MCG). Merci, Monsieur le président. Effectivement, des évolutions sont à signaler en termes d'éoliennes: l'on produit de plus petites éoliennes tout aussi performantes. Le but n'est pas de mettre des éoliennes qui mesurent 250 mètres de haut au-dessus du canton de Genève, mais le but est d'étudier des solutions afin de produire de l'énergie verte, voir si les choses ont évolué depuis les dernières études, essayer de voir si des emplacements se sont libérés - des endroits où l'on pourrait placer des éoliennes - et essayer de trouver des solutions pour produire de l'énergie verte.

Quant à la réflexion de mon collègue radical concernant l'énergie nucléaire, l'on trouve cette dernière à Genève, parce que l'on ne peut pas trier les petits neutrons, et enlever les petits neutrons qui arrivent des sources de centrales nucléaires. L'on achète une partie de notre énergie en France et elle provient d'énergie nucléaire.

Et bien sûr, ce ne sont pas quelques éoliennes ou bien ma motion qui changeront quelque chose au problème, mais je pense que cela vaut la peine de s'y intéresser et d'essayer de trouver des solutions, tant on recherche des solutions avec la géothermie, mais aussi, pourquoi pas, avec le vent grâce aux progrès de la science dans ces éoliennes. C'est pourquoi je vous demanderai de renvoyer cette motion à la commission de l'énergie afin qu'on l'étudie, que l'on cherche des solutions, et que l'on voit les progrès que l'on a pu effectuer en la matière.

M. François Gillet (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, évidemment l'énergie éolienne est une source d'énergie très intéressante dans le domaine des énergies renouvelables. Les SIG, dans leur politique de diversification, sont déjà - et cela a été dit - bien engagés dans la production d'énergie éolienne, mais, effectivement, pas sur le territoire cantonal, parce que - et cela a été dit - nous n'avons pas les conditions adaptées ici pour développer ce genre d'installations. J'ai entendu l'argumentation des Verts qui nous disent que l'on pourrait avoir de petites installations décentralisées, mais cela ne ressort pas de la motion qui nous est présentée aujourd'hui. Cette motion laisse entendre que l'on pourrait, grâce à des installations sur ce canton, se détacher plus rapidement des énergies non renouvelables. Ces réflexions ont clairement déjà eu lieu à la commission de l'énergie, des rapports nous ont été présentés, et cela ne fait pas dix ans, c'est récent - cela ne fait même pas deux ans. Donc j'ai peine à croire qu'il y ait eu de tels changements en deux ans, changements qui amèneraient aujourd'hui une nouvelle donne et qui donneraient de la pertinence à cette motion.

La proposition d'amendement de M. Florey est, je dirais, encore moins crédible, puisque que nous savons clairement la réponse à la question qu'il souhaite apporter: le territoire genevois n'est pas adapté à l'énergie éolienne, en tout cas au sens où nous l'entendons.

Donc, renvoyer cette motion en commission pour s'entendre redire et réexpliquer les éléments que nous avons entendus il y a un tout petit peu plus d'une année ne semble pas utile. Maintenant, si cette motion est malgré tout renvoyée en commission, eh bien nous l'étudierons. Mais je crois que, aujourd'hui, oui, il y a un intérêt pour Genève à diversifier sa production d'électricité, et oui, il faut que cette électricité soit en partie éolienne, mais elle ne sera pas produite sur le canton de Genève. Des financements doivent être lancés en partenariat - comme cela a été dit - avec Swisspower ou dans d'autres cantons. Voilà la raison pour laquelle le groupe PDC ne soutient pas ce renvoi en commission.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député François Haldemann, à qui il reste quarante-cinq secondes.

M. François Haldemann (R). Merci, Monsieur le président. Je vais essayer d'être bref. La «malhonnêteté» en question est surtout de laisser croire que Genève doive sortir du nucléaire. C'était le seul propos que je voulais tenir. Genève ne dépend pas du nucléaire !

Concernant les radicaux et les libéraux, je suis convaincu qu'ils peuvent être fiers d'avoir travaillé sur de grands projets tels que Verbois, Chancy-Pougny et le Seujet qui sont aujourd'hui la plus grande production renouvelable du canton. (Remarque.) J'aimerais aussi dire... (Remarque.) ...par rapport à... (Remarque.)

Le président. Ah, basta ! Laissez les orateurs s'exprimer !

M. François Haldemann. ...cette motion, qu'il est absolument inutile de renvoyer, quand bien même... (Remarque.) ...Mme Moyard souhaite que les vertus pédagogiques puissent vous être bénéfiques. En fait, nous avons autre chose à faire dans cette commission de l'énergie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Renaud Gautier, à qui il reste une minute.

M. Renaud Gautier (L). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, entendre le député-candidat parler de moulin à vent ou de moulin à parole est toujours un rare moment de bonheur. (Commentaires.) Il sait là de quoi il parle. Mais je dois malheureusement corriger factuellement un point: oui, Monsieur le député Stauffer, Genève a été indépendante énergétiquement, avant la révolution industrielle...

Une voix. Arrête s'il te plaît.

M. Renaud Gautier. ...à l'époque où les Gautier présidaient le Conseil des Deux-Cents. Alors soit.

Une voix. Ce n'est pas vous qui allez donner des leçons de conduite à ce sujet.

M. Renaud Gautier. Etes-vous favorable au fait de revenir à la situation d'avant la révolution industrielle, où, somme toute, tout le monde ne pouvait pas habiter la haute ville et où, effectivement, l'indépendance énergétique supposait, comme corollaire, l'absence d'un certain nombre de ce que l'on appelle maintenant le confort. Alors on peut envisager cette hypothèse-là. Je ne suis pas certain que l'ensemble de vos électeurs vous suivent, Monsieur Stauffer. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur le député Florian Gander, il vous reste cinq secondes. Voulez-vous prendre le temps qu'il reste à votre député motionnaire ?

M. Florian Gander. Non, pour cinq secondes cela ne sert à rien.

Le président. Bien. Alors, Monsieur le député Eric Stauffer, allez-vous prendre le temps qu'il reste à votre collègue motionnaire ?

M. Eric Stauffer. C'est de cinq secondes dont vous avez parlé.

Le président. Non. Ecoutez quand je parle. (Remarque de M. Eric Stauffer.) Ecoutez, les facultés d'entendement sont normalement, selon Descartes,... (Remarque de M. Eric Stauffer.) ...équitablement réparties ! Alors, je répète, à votre intention, qu'il reste cinq secondes à M. Gander, mais qu'il reste davantage de temps à votre député motionnaire. Si vous étiez... (Remarque de M. Eric Stauffer.) ...moins empressé à vous cabrer, je vous aurais indiqué le temps, ce que je fais maintenant, c'est-à-dire une minute et dix secondes. Voulez-vous prendre le temps de votre député motionnaire ? (Réponse de M. Eric Stauffer.) Voilà, alors vous avez la parole pour une minute et dix secondes.

M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Avant de toujours partir dans les insultes ou dans les... (Rires.) ... à-propos... Rigolez, Mesdames et Messieurs, mais rira bien qui rira le dernier à ce petit jeu. La seule chose que je veux vous dire, puisque vous parlez de prévisions, de Chancy-Pougny, du Seujet, etc., rappelez-moi, c'est quel pourcentage de la consommation énergétique des Genevois ? (Commentaires.)

Une voix. 12.

M. Eric Stauffer. 12% ou 15% peut-être, 20% au grand maximum ! Zurich est 100% autonome en matière énergétique, parce qu'il a eu l'intelligence d'investir dans des barrages hydroélectriques. Gouverner c'est prévoir ! Et ce n'est en tout cas pas l'apanage du PLR, c'est une certitude aujourd'hui. (Commentaires.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur le député Serge Hiltpold, je suis désolé, votre groupe a épuisé son temps de parole. Je donne la parole à Mme la conseillère d'Etat... Monsieur Andrié, vous avez souhaité la parole. Il vous reste vingt-cinq secondes.

M. Christophe Andrié (MCG). Merci, Monsieur le président. Je vais donc profiter de ces vingt-cinq secondes pour vous dire que ce n'est pas le temps que cela va nous prendre d'étudier ces éoliennes, le but est de trouver des solutions. Je vous demanderai vraiment de soutenir ce projet et d'investir, peut-être, un petit moment pour trouver une solution, pour étudier les projets et pour pouvoir améliorer la qualité de vie ici aussi.

Mme Isabel Rochat, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, je crois que l'on peut saluer toute initiative, toute motion ou toute résolution visant à améliorer notre capacité de production qu'elle soit électrique ou thermique. Je pense qu'il est absolument nécessaire que nous soyons tous extrêmement au clair sur ce nous pouvons et ce que nous devons faire. S'agissant de l'éolien, les SIG ont annoncé que nous pourrions, en 2015, augmenter d'une valeur de 15 gigawatt-heure, à savoir chauffer et fournir de l'électricité pour 400 000 ménages grâce aux nouvelles énergies renouvelables. C'est une réalité à laquelle nous devons tous tendre.

Il est certain que beaucoup de choses ont été dites, et que je suis extrêmement ouverte à débattre en commission avec vous de tout projet tendant vers cet objectif. Cela dit - et cela a été rappelé par des députés - il est vrai que des études ont été faites, et je me réfère à l'amendement qui a été déposé, qui élargit un peu le champ d'investigation, et qui ne se contente pas uniquement de parler d'eau, mais qui mentionne également la surface géographique du canton. Cela a été rappelé, des études récentes démontrent, malheureusement, et je dis bien malheureusement, que le territoire genevois dans son ensemble ne reçoit pas assez de vent de façon à pouvoir produire une énergie satisfaisante au moyen d'éoliennes, et l'on peut le regretter. Alors, il est vrai que les oppositions que nous connaissons sur les crêtes du Jura et les oppositions que nous connaissons dans d'autres communes en Suisse sont regrettables. Ceci dit, il ne faut pas baisser les bras.

Je vous propose de venir en commission présenter - à l'instar de ce qui avait été fait - tous les projets qui tendent vers cet objectif. L'on ne peut pas parler d'hydrolienne, malheureusement cela n'est pas possible. C'est une bonne idée, mais qui n'est pas réaliste. Il y a beaucoup de projets qui sont maintenant en attente, et qui doivent être présentés en commission. Il y a l'utilisation de l'eau du lac - je reviens donc sur l'eau du lac - pour refroidir des bâtiments, comme le projet GLA/GLU, qui va devenir le GLNation: il s'agit donc d'utiliser l'eau du lac - non pas le vent mais l'eau - de manière à refroidir des bâtiments sur les deux rives. Ainsi, ce sont des projets réalistes, que je vais vous présenter en commission avec les SIG, et qui vont permettre de pouvoir utiliser les ressources locales, puisque c'est quand même le but. S'agissant de l'énergie hydroélectrique, je crois que les prises de participation - dont on aura peut-être l'occasion de parler dans les deux ou trois points suivants - tendent effectivement à utiliser l'énergie hydroélectrique d'une façon beaucoup plus efficiente pour le canton de Genève.

Donc, si c'est une motion qui ne manque pas de souffle, je crois que la commission l'a malheureusement déjà traitée. De plus, les études démontrent qu'il n'y a pas assez de vent à Genève. Avec regret, je vous propose de ne pas traiter cette motion en commission.

Le président. Je vous remercie, Madame la conseillère d'Etat. Nous allons passer au vote sur le renvoi de cette motion à la commission de l'énergie.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2055 à la commission de l'énergie et des Services industriels de Genève est adopté par 37 oui contre 31 non et 12 abstentions.