République et canton de Genève

Grand Conseil

M 2046
Proposition de motion de Mme et MM. Philippe Morel, François Gillet, Guy Mettan, Vincent Maitre, Michel Forni, Anne Marie von Arx-Vernon, Bertrand Buchs, Serge Dal Busco, Guillaume Barazzone, Eric Stauffer, Fabiano Forte, André Python, Thierry Cerutti, Mauro Poggia, Jean-François Girardet, Pascal Spuhler, Guillaume Sauty : Nouveau réseau des TPG : des corrections urgentes ainsi qu'un geste commercial et promotionnel s'imposent !
M 2049
Proposition de motion de MM. Florian Gander, Pascal Spuhler, Eric Stauffer, Jean-Marie Voumard : TPG, machine arrière toute

Débat

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes aux points 113 et 115. Je vous informe que ces deux objets sont liés et qu'un débat de cinquante minutes est prévu, dont cinq minutes par groupe, plus trois minutes pour les auteurs. Monsieur le député Philippe Morel, je vous donne la parole.

M. Philippe Morel (PDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, les Transports publics genevois sont bien sûr utiles, indispensables, et je pense que ce Grand Conseil veut leur bien, leur bien pour eux-mêmes et leur bien, bien sûr, pour le transport de nos concitoyens.

Les Transports publics genevois devaient évoluer, passant d'un système d'axes à un système de lignes, passant d'une situation de ville à une situation de métropole. Il est indiscutable que ceux-là mêmes qui rouspètent aujourd'hui le faisaient de la même manière il y a quelques mois à propos de certaines situations liées aux Transports publics genevois. Il fallait les améliorer !

Personne ne contestera que cette amélioration s'est faite avec une certaine difficulté, des problèmes, et de manière parfois un peu chaotique. Même si les personnes qui en sont responsables étaient bien intentionnées et avaient certainement étudié le dossier, on ne peut pas dire que ce départ a été entrepris de manière harmonieuse. On ne peut pas dire non plus aujourd'hui que la situation est réglée et que les Transports publics genevois assurent, de manière satisfaisante pour les usagers, le transport des personnes.

Il reste en effet des problèmes importants au niveau des interfaces. Il reste des problèmes au niveau des abris, de la billetterie et des tickets; il reste des problèmes au niveau des cadences; il reste des problèmes au niveau de la destination finale ou non finale suivant quel tram ou quel bus vous prenez... Bref, c'est encore un peu le capharnaüm pour les utilisateurs !

Cette situation a amené un problème majeur pour les utilisateurs qui en ont bien sûr pâti, subissant des retards et des erreurs. Pour les personnes âgées, très jeunes ou handicapées, cela a parfois conduit à des errements à travers la ville. En effet, comme les numéros de bus n'avaient pas été changés et que les gens n'étaient pas forcément au courant, ils se sont aventurés dans des sentiers qu'ils ne devaient pas utiliser. Il y a donc une répercussion pour les usagers des TPG, mais également pour l'ensemble des usagers de la route. Si vous en doutez, il vous suffit de descendre à Rive pour voir, comme moi tout à l'heure, trois bus et deux trams au milieu du carrefour.

Le groupe PDC et les cosignataires de cette motion demandent instamment que cette situation s'améliore rapidement. Il faut en particulier que les TPG y mettent du leur, mais non pas en poursuivant les contrôles, comme ils le font aujourd'hui - pas plus tard qu'hier dans le tram 12, deux contrôleurs demandaient les billets des usagers. Nous trouvons que c'est inadmissible et qu'actuellement ils doivent être affectés à l'utilisation par les usagers et à l'orientation de ceux-ci, quitte, dans un deuxième temps, à reprendre les contrôles. Du reste, ces contrôleurs ont été l'objet d'une risée qui les a obligés à descendre du tram.

Le président. Il vous reste trente secondes !

M. Philippe Morel. Deuxièmement, nous demandons un geste commercial. Nous pensons que l'amélioration qui sera apportée devra permettre à des gens qui n'utilisent pas les transports publics aujourd'hui de les employer demain. Nous proposons pour cela non pas de dépenser de l'argent, mais d'investir pour que les personnes qui, je le répète, n'empruntent pas les Transports publics genevois aujourd'hui se rendent compte demain, à la faveur par exemple de la gratuité des billets durant un week-end, qu'il est maintenant possible de se rendre de leur domicile à leur lieu de travail grâce au nouveau circuit des TPG. Nous demandons donc...

Le président. Monsieur le député, vous êtes en train d'empiéter sur le temps de parole de votre groupe !

M. Philippe Morel. Nous demandons que notre motion soit renvoyée au Conseil d'Etat pour que ce dossier avance rapidement. Le retour au système antérieur des TPG nous paraît actuellement prématuré.

M. Florian Gander (MCG). Une fois n'est pas coutume, le MCG et le PDC se rapprochent sur certains points de ces deux motions. Le MCG n'est pas un parti opportuniste, comme d'aucuns, qui vont prendre la parole après moi, ne vont pas manquer de le dire. Il se préoccupe bel et bien des Transports publics genevois ! Le MCG évoquait déjà les conditions de travail des conducteurs de bus il y a plus de six mois. Tout allait bien. Notre Grand Conseil a balayé cette motion. Le MCG revient aujourd'hui à la charge non seulement pour les conducteurs de bus mais également pour les usagers.

En effet, ces derniers se retrouvent à nouveau pris en otage par un nouveau réseau qui a été déployé sans essai préalable. On m'a parlé d'informatique, de déploiement de réseau informatique, on m'a dit qu'il pouvait y avoir des bugs... Mais en l'occurrence, il ne s'agit pas d'un bug, parce qu'avant de déployer un réseau, il faut le tester ! Et modifier 70% d'un réseau sans l'expérimenter, ce n'est pas admissible: c'est prendre les usagers en otage ! Ceux-ci se retrouvent coincés dans les transports publics, les transbordements ne sont pas fonctionnels et les personnes à mobilité réduite en pâtissent. Cette situation est tout à fait inadmissible !

Le MCG, par cette motion, demande en priorité de revenir en arrière s'agissant des lignes de tram. C'est tout à fait possible: cela nous a été confirmé par la direction des TPG.

Le MCG préconise également un geste commercial pour les usagers et espère, ce faisant, séduire de nouveaux clients qui, comme l'a dit mon préopinant, n'utilisent pas encore les transports publics.

Il est donc de notre devoir de faire en sorte que le réseau des TPG soit fonctionnel pour tout le monde; et s'il faut éventuellement le modifier ou le développer, il convient de le faire par étapes, car en la matière il faut que les choses se mettent en place progressivement et correctement, dans les règles de l'art.

Voici un dernier point: le MCG, comme vous le savez, défend les conducteurs des transports publics. Leurs conditions de travail ont été extrêmement difficiles durant le mois de décembre et, suite à la séance de travail de la commission des transports qui a siégé mardi dernier, le MCG est heureux d'apprendre que la direction des Transports publics a auditionné rapidement et en urgence la commission chargée des horaires aux TPG, laquelle va mettre tout en oeuvre dans les plus brefs délais pour améliorer la situation. Quoi qu'il en soit, le MCG reste attentif: il surveillera ce qui va se passer et ne lâchera pas l'affaire. En conclusion, Mesdames et Messieurs les députés, je vous demande de soutenir cette motion.

Mme Emilie Flamand (Ve). Nous, les Verts, regrettons que ces deux motions populistes aient été déposées au Grand Conseil. Certes, le nouveau réseau des TPG a connu un mauvais départ, mais il faut bien reconnaître que depuis janvier les choses vont nettement mieux. Des changements ont déjà été annoncés, qui vont prendre effet progressivement. Du reste, les TPG sont déjà venus en commission présenter les différents points, répondre aux questions des commissaires et exposer les améliorations du réseau. Il faut relever d'ailleurs que les attaques les plus virulentes que nous avons entendues depuis mi-décembre viennent bien souvent de personnes qui n'ont certainement jamais mis un pied dans un tram ou un bus TPG ! (Commentaires.)

Bien sûr, des points restent à améliorer, notamment les aménagements des interfaces. Les associations d'usagers ainsi que les députés de la commission des transports avaient mis l'accent sur ce point, expliquant que cela risquait d'être problématique.

Mais, malheureusement, pas de miracle ! Une majorité du Grand Conseil ainsi que les associations et les lobbies provoitures exigent systématiquement que le trafic individuel motorisé ne soit pas diminué d'une seule unité au centre-ville... On se heurte aux limites physiques de notre centre urbain, Mesdames et Messieurs ! On ne peut pas faire circuler plus de trams, plus de bus, plus de voitures et plus de scooters indéfiniment !

Aujourd'hui, nous nous trouvons devant la nécessité de faire un véritable choix, et ce choix doit être celui de donner la priorité aux transports publics et à la mobilité douce au centre-ville pour éviter la paralysie de tous les usagers.

Nous sommes d'accord de renvoyer la motion du PDC et du MCG à la commission des transports, car certaines des mesures contenues dans le long catalogue qu'elle propose peuvent être intéressantes. Et puis cela nous donnera l'occasion d'étudier les améliorations à apporter à ce réseau.

En revanche, nous refuserons la motion signée par le seul MCG. Voici brièvement une explication pour chacune des invites. La première demande un retour en arrière pur et simple... Nous, nous considérons que l'on ne fait pas le bilan d'un nouveau réseau au bout d'un mois, dont deux semaines de perturbations qui étaient pour la plupart extérieures aux TPG.

La deuxième demande un mois de gratuité... Il faut savoir que rien n'est gratuit: si nous offrons un mois de gratuité aux usagers des TPG, cela coûtera 15 millions de francs à l'Etat !

Enfin, la troisième propose une mesure exceptionnelle consistant à offrir une prime de 400 F par chauffeur... Cela revient environ à 400 000 F pour l'Etat ou pour les TPG: c'est tout à fait exagéré ! Certes, les chauffeurs ont souffert des conditions de circulation, mais aussi des attaques très virulentes qui ont été lancées contre eux par certains dans ce parlement. L'ensemble des collaborateurs TPG ont souffert de cette crise, certes, mais c'est en leur offrant de meilleures conditions de circulation qu'on les soulagera véritablement. (Applaudissements.)

M. Antoine Droin (S). Nous ne pourrons bien entendu pas entrer en matière sur la proposition de motion 2049 du MCG, pour la simple et bonne raison que, demander de revenir en arrière, c'est oublier que l'on va perdre 30% de l'offre actuellement en place avec le nouveau réseau. Ce n'est donc pas une bonne idée et, par conséquent, rien que pour cette raison, nous ne pouvons y souscrire.

J'aborderai la question de la gratuité ou de la remise sur le prix plus tard, quand je traiterai de la proposition de motion 2046 des démocrates-chrétiens.

Cette dernière comporte une liste d'invites à la Prévert; elle compte huit invites, dont trois seulement présentent un intérêt particulier: la première, la deuxième et la quatrième. Il faut relever que les trois dernières invites proposées sont déjà en cours: le département est en effet en train de les mettre en place avec les TPG.

Reste la cinquième invite qui est une aberration complète et qui rejoint la proposition populiste du MCG concernant les coûts. Il n'est tout simplement pas possible d'imaginer que des cadeaux soient faits aux usagers uniquement parce qu'un réseau ne fonctionne pas bien.

L'invite qui concerne le retour en arrière - la troisième - dans la motion du parti démocrate-chrétien m'a fait bien rigoler... En effet, vous envisagez «un retour total ou partiel». Il faudra m'expliquer comment vous concevez un «retour partiel» en mélangeant trois lignes avec le système précédent qui était multilignes: cela risquerait de provoquer une belle cacophonie ! Tant qu'à faire, pourquoi ne pas imaginer que chaque passager puisse décider d'aller où il veut et le faire savoir au chauffeur ! C'est quand même un peu cocasse, et il m'a semblé intéressant de le relever.

Enfin, par rapport à la question des coûts, il faut encore remarquer que les responsabilités sont partagées. Il est en effet clair que le DCTI, le département de la mobilité, la Ville de Genève et les TPG ont tous des responsabilités. Mais nous en avons aussi notre part, parce que, dans le cadre du système de fonctionnement, nous avons voté dans le plan quadriennal une répartition à 50/50 si possible. Cela signifie, si l'on commençait à faire des cadeaux en matière de prix des transports, qu'il faudrait que notre parlement vote les budgets en conséquence pour pouvoir assumer cette proposition.

Pour toutes ces raisons, je vous suggère de ne pas entrer en matière sur la motion du MCG et de renvoyer la motion du parti démocrate-chrétien en commission pour nous permettre de faire le tri calmement. (Applaudissements.)

M. Patrick Lussi (UDC). L'Union démocratique du centre a essayé de raisonner sur la base du principe selon lequel la critique est facile, mais la réalisation ardue. Les propos que je vais tenir maintenant n'ont pas pour objet de critiquer, de blâmer, voire d'affirmer l'incapacité de ceux qui ont mis en place ce réseau. L'idée pouvait être bonne, plus ou moins bonne... Rappelons quand même que ce Grand Conseil a émis quelques réserves sur les transbordements, etc., mais force est de constater que la réalisation de ce réseau, et surtout son utilisation, n'est pas une réussite et que les usagers, dans leur grande majorité, n'en sont pas satisfaits.

Quels sont les points principaux ? Malheureusement, notre rive - et Jules César en faisait mention à l'époque - ne comptait qu'un pont. Les mesures de restriction, de contournement et de circulation qui ont été prises pour favoriser ce nouveau réseau sont telles qu'il est presque impossible pour le réseau privé de rejoindre des destinations telles que Moillesulaz ou Carouge, et qu'il devient très difficile de se rendre à la gare.

Les gens qui devaient aller à la gare auparavant prenaient volontiers le tram dans la mesure où ils n'avaient pas besoin de transborder, ce qui n'est plus le cas actuellement. Or les transbordements ne sont pas aisés pour certaines catégories de personnes; je pense aux personnes âgées, aux dames enceintes, aux femmes avec une poussette ou aux passagers avec des valises. Je suis persuadé que vous avez tous essayé le trajet, et il faut bien reconnaître qu'il n'est pas si simple que cela de descendre à la place Bel-Air et de traverser pour prendre un autre tram situé de l'autre côté afin de se rendre à la gare. C'est donc un premier point.

L'UDC rejoindra sur le fond chacune des deux motions proposées. Sur la forme, il semble qu'il y ait des excès dans chacune d'elles, car tout le monde y va de sa solution... Pourquoi pas ? Mais, pour nous, il faut en trouver une: si ce n'est pas un retour à la situation ante, il faut pour le moins qu'il y ait une liaison ferroviaire entre la rive gauche et la rive droite de cette ville. D'autres possibilités peuvent être imaginées... (L'orateur est interpellé par une députée.) Non, ce n'est pas vrai, Madame, malgré tout ce que vous dites ! Je sais que mon éminent collègue à la commission des transports s'est cru malin de me sortir une carte, comme si nous ne voyions pas... Eh bien, partez de Carouge... Vous me direz qu'il faut prendre le 15 et faire tout le tour ! Pourquoi pas ? C'est une possibilité aussi ! Quoi qu'il en soit, quand on vient de Moillesulaz ou de Chêne-Bourg, qui sont des secteurs non négligeables de la ville, vous me direz comment aller directement, sans transbordement, à la gare ou à l'aéroport !

L'UDC recommandera donc que ces deux motions soient renvoyées à la commission des transports, parce que nous craignons en l'état, si elles sont directement renvoyées au Conseil d'Etat, que l'on ne s'en sorte pas étant donné la diversité des invites proposées.

M. Daniel Zaugg (L). Mesdames et Messieurs les députés, il y a sept semaines - sept semaines ! - les TPG ont mis en service un nouveau réseau. C'est vrai, les deux premières semaines il y a eu de nombreux couacs, et il existe encore des choses qui ne fonctionnent pas bien. Mais il y a surtout eu un battage médiatique extraordinaire: pas moins d'un article par jour dans les journaux ! Et le PDC a déposé une motion douze jours après. Douze jours après ! On se demande quand ils ont commencé à l'écrire, à voir la taille de la motion ! (Rires.) Le MCG, lui, a déposé sa motion après les vacances... Ce sont des démarches opportunistes, aussi bien de la part de la presse que du PDC ou du MCG.

N'oublions pas que, pour une personne qui se plaint parce qu'elle doit changer ses habitudes et peut-être faire un transbordement alors qu'elle n'en faisait pas avant, il y en a probablement dix qui ont utilisé le tram, sont arrivées devant chez elles et n'ont pas pour autant appelé un journaliste pour dire qu'elles étaient enchantées. Alors, cessons de dire que la majorité des utilisateurs sont mécontents: ce n'est tout simplement pas vrai ! Les mécontents sont ceux qu'on entend; les autres on ne les entend pas ! (Remarque.)

Soyons aussi un peu raisonnables ! Un tel changement de réseau - je reviendrai plus tard sur la vitesse à laquelle il a été mis en place - ça prend du temps. Il en faut aussi pour que les gens changent leurs habitudes, que ce soient les usagers du tram, les automobilistes ou les conducteurs. Et il n'est pas possible d'adapter le système et de tout faire juste du premier coup. Il faut attendre que les gens prennent de nouvelles habitudes, que l'on procède aux réglages nécessaires et c'est seulement à ce moment-là qu'on peut adapter le système.

Il ne faut pas oublier non plus qu'il est facile de dire «y a qu'à», «faut qu'on», il faut changer les horaires, il faut faire ceci, il faut adapter les cadences ! Chaque fois qu'un horaire est modifié, il faut le publier ! Chaque fois qu'un réglage de feu est modifié, cela a des effets des kilomètres à la ronde. Un tel changement ne s'opère pas en sept semaines, et je trouve complètement ridicule que nous soyons en train de débattre de cela aujourd'hui !

Alors, maintenant, que préconisent ces motions - opportunistes, comme je l'ai déjà dit ? Y a qu'à revenir à l'ancien système... Ah ouais ! Ah ouais ! De fait, cela enlève 25% de l'offre que l'on vient de rajouter: alors là, vous allez voir les articles dans la «Tribune de Genève» ! Là, vous allez voir comment les gens vont manifester leur mécontentement !

Une autre invite préconise d'offrir un mois de gratuité... (Brouhaha.) Un mois de gratuité, Mesdames et Messieurs, il faut savoir que cela coûte 8 millions de francs; 8 millions aux frais du contribuable: bravo le MCG ! (Brouhaha.) Monsieur le président, vous pouvez demander un peu de silence ? (Le président agite la cloche.) Merci ! Une somme de 8 millions aux frais du contribuable après sept semaines seulement, je trouve cela complètement exagéré !

Mes principales inquiétudes sont ailleurs, et il y en a quand même quelques-unes. Le vrai problème - et je m'adresse en particulier à Mme Künzler - c'est que, lorsque nous avons accepté le plan directeur des transports collectifs, celui-ci était tout de même assorti de quelques conditions.

Nous avions demandé des interfaces de transbordement sécurisées, nous avions requis des cheminements courts pour ces transbordements et nous avions sollicité une garantie que cela n'ait pas d'impact sur le trafic individuel. Et alors là, Mesdames et Messieurs, c'est la catastrophe ! Ça c'est vrai ! Pour ce qui est des transbordements, c'est l'horreur ! Il faut marcher, et ce sur des tronçons non sécurisés ! Cela signifie que les interfaces n'ont pas été étudiées correctement, et nous pouvons là adresser un gros reproche à la DGM. Non pas aux TPG, qui ont fait ce qu'on leur a dit et qui ne sont pas en charge de ces interfaces. Et le département de l'intérieur et de la mobilité nous a répondu en commission des transports: «C'est la faute à Pagani !» C'est un peu simple, c'est même un peu simpliste: il fallait y penser avant ! Il ne fallait pas le réaliser pour nous dire après que c'est la faute des autres !

Ensuite, au niveau du trafic automobile, vous reconnaîtrez que l'on n'a jamais aussi mal circulé que depuis que ce réseau a été mis en place, mais Mme Künzler m'a répondu qu'il n'y avait aucun problème de trafic automobile à Genève... Je pourrais la croire et lui accorder une certaine crédibilité si elle prenait de temps en temps la voiture ! Non, Mesdames et Messieurs, le seul mérite de ces motions, c'est qu'elles existent... (Rires.)

Le président. Monsieur le député, il vous faut conclure !

M. Daniel Zaugg. Je conclus immédiatement, Monsieur le président ! S'agissant de la motion du PDC - c'est une liste à la Prévert, mais il est possible de l'amender - nous pouvons la renvoyer sans autre à la commission des transports. Cela nous permettra de nous renseigner et de procéder à des auditions.

Maintenant, pour ce qui est de la motion du MCG, si vous voulez la renvoyer à la commission des transports, vous pouvez, mais franchement il faudra faire un amendement général, car on ne peut même pas supporter le titre ! La seule chose qu'on pourra garder, c'est le numéro ! (Rires.) Alors faites-en ce que vous voulez ! Moi, je vous propose de la «basketter» ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à Mme Elisabeth Chatelain, qui dispose de deux minutes et demie.

Mme Elisabeth Chatelain (HP). Merci, Monsieur le président. Bien faire, se taire et laisser braire... (Rires.) D'habitude, j'aime bien cette méthode, mais en l'occurrence un peu trop d'âneries ont été écrites dans ces motions et un certain nombre ont également été dites ce soir !

Les TPG sont devenus l'exutoire de toutes les grognes du canton. Tout ce qui ne va pas à Genève se reporte sur eux: il en fallait un ! Les TPG n'ont certes pas fait tout juste, c'est sûr, mais ce ne sont pas eux qui gèrent toute la question de la mobilité dans le canton. C'est la DGM, avec la régulation des feux - un jour entier était réglé sur «nuit», c'est original ! - et qui organise aussi les flux. Cela n'a pas toujours été bien étudié. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) C'est aussi le DCTI: ce service est en charge des infrastructures, des rails, de l'endroit où vont passer les trams. C'est enfin la Ville de Genève, qui n'a peut-être pas fait tout faux, mais qui a tergiversé. En effet, en termes d'interfaces, quand on met plusieurs mois à décider d'abattre un arbre ou pas, de modifier un trottoir ou pas, cela n'aide vraiment pas. Et puis il y a les conflits entre tous les modes de transport, qui n'arrangent rien non plus. Et quand en plus la police fait grève, c'est le bouquet !

Ces dysfonctionnements sont ponctuels et sont en cours de régulation, mais ils sont utilisés par différents groupes plus ou moins représentatifs - et plus ou moins informés - et souvent à des fins qui ne sont pas forcément celles de soutenir l'intérêt public. On voit même les vieilles gloires de l'association de soutien aux porteuses de prothèses mammaires s'en mêler, ce qui montre le niveau du débat !

Il est quand même un point positif qui n'a pas encore été soulevé dans ce débat. C'est même un point très positif, qui remplit un grand vide à Genève. Tout le monde croyait qu'il était difficile de trouver des ingénieurs de la circulation dans ce canton... Eh bien, non ! Il y en a au moins cinquante dans cette salle et cinquante mille dans la population ! Même des personnes qui ne roulent qu'en gros 4X4 entre deux parkings deviennent, en deux jours, de fins spécialistes des interfaces, du nombre de lignes de tram nécessaires, de la cadence des véhicules !

Le président. Madame la députée, il vous faut conclure !

Mme Elisabeth Chatelain. Il est dommage que chacun propose une solution uniquement liée à ses propres intérêts. De vraies vocations sont nées, et j'espère que les services de Mme Künzler pourront engager toutes ces nouvelles compétences. (Rires.)

Un dernier rappel pour vous qui êtes dans cette salle et pour les téléspectateurs aussi... Le grand changement du réseau TPG a été approuvé ici, dans cette salle, par le plan directeur des transports collectifs et par le contrat de prestations des TPG, votés à la majorité par ce parlement ! Dire maintenant qu'il faut tout changer est vraiment de l'hypocrisie ! J'espère que chacun va réussir à se calmer, retrouver la raison, attendre que les ajustements soient mis en place et laisser les professionnels travailler.

Le président. Et, en ce qui vous concerne, je vous prie de conclure votre intervention !

Mme Elisabeth Chatelain. Au nom de tous ceux et celles qui font un énorme travail pour élargir notre réseau des transports publics, je vous remercie de m'avoir écoutée. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. Je donne la parole à Mme Dominique Rolle, à qui il reste cinq minutes.

Mme Dominique Rolle (MCG). Merci, Monsieur le président. En plus de tous les ratés qui ont été précédemment évoqués, je voudrais en signaler un autre - c'est un scoop - qui n'a pas été mentionné. Il y a deux aiguillages, à la place Bel-Air et à Plainpalais, qui ne sont plus utilisés dans le nouveau réseau, mais qui ont coûté des millions de francs aux contribuables... J'aimerais bien savoir pourquoi ces deux aiguillages ne sont plus rentabilisés.

Par ailleurs, je pense qu'il faudrait quand même envisager de révoquer tous ceux qui sont responsables de la gabegie que nous connaissons aujourd'hui.

Enfin, j'aimerais aussi savoir pourquoi ce changement a été introduit en décembre, alors que c'est le plein rush commercial de fin d'année, et non pas en juillet ou en août. Cela aurait justement permis de faire les essais qui ont été demandés. (Commentaires.) Encore un raté !

Voilà, pour une fois, j'abonde dans le sens du PLR qui dénonce l'argent du contribuable dépensé à mauvais escient. Eh bien, justement, avec les deux aiguillages dont je vous ai parlé, je me joins à eux ! J'en profite pour demander le renvoi des deux motions - 2046 et 2049 - à la commission des transports.

M. François Gillet (PDC). Je crois qu'il faut être clair: l'objectif du PDC, avec le dépôt de cette motion, n'est pas d'aller crucifier les TPG. Nous cherchons au contraire à trouver le moyen le plus rapide... (Commentaires.) ...d'améliorer la situation. Vous savez que nous avons toujours soutenu le développement des transports publics dans le canton, ainsi que le nouveau contrat de prestations; nous avons défendu l'amélioration du réseau. Et c'est précisément parce que nous nous sommes toujours engagés dans ce sens que nous nous sentons à présent en droit de dénoncer les dysfonctionnements rappelés dans la motion. (Remarque.) On me dit que tout est réglé. Non, certains éléments ont été améliorés, mais de loin pas tous ni suffisamment.

Nous insistons tout particulièrement sur un point qui a été évoqué plusieurs fois ce soir: la gestion - on peut le dire - catastrophique des interfaces de transbordement. Et pourtant Dieu sait si en commission des transports nous avions insisté sur la nécessité de traiter cet aspect avec énormément de soin ! Aujourd'hui, force est de constater que le problème n'est de loin pas réglé. Alors on nous apprend tout récemment qu'un groupe de travail a été mis sur pied pour envisager des issues. En tous les cas, à travers cette motion nous demandons que des solutions aux principaux problèmes identifiés soient trouvées au plus vite.

Si nous soumettons cette requête, c'est précisément parce que nous sommes convaincus que le but est qu'aujourd'hui à Genève davantage de nos concitoyens laissent leur voiture au garage et prennent les transports publics. C'était l'objectif du nouveau contrat de prestations qui prévoyait une augmentation de l'offre de l'ordre de 30%. Ce qui s'est produit malheureusement ces dernières semaines va à fin contraire. Et le but de cette motion est de régler au plus vite les problèmes pouvant l'être.

Mesdames et Messieurs les députés, malgré beaucoup de critiques, vous avez dit ce soir que vous étiez prêts à renvoyer notre motion en commission. Dans ce cadre - cela a été dit par Mme Flamand et d'autres - nous avons déjà pu discuter de la situation et je crois qu'aujourd'hui il est important de mettre la pression sur le Conseil d'Etat dans son ensemble. Je rappelle qu'un des points forts du discours de Saint-Pierre portait précisément sur le développement de la mobilité et des transports publics dans le canton. Le Conseil d'Etat doit à présent prendre d'urgence les choses en main pour résoudre les problèmes qui demeurent encore.

Nous n'allons de ce fait évidemment pas nous opposer... (Un téléphone portable sonne.) ...à un renvoi de cette motion en commission, mais nous aurions effectivement souhaité que le Conseil d'Etat puisse répondre rapidement, c'est pourquoi nous préférons qu'elle lui soit directement renvoyée. Merci.

Le président. Merci. Je prie les députés de bien vouloir utiliser la fonction «silence» de leur téléphone portable. La parole est à M. le député Jacques Jeannerat.

M. Jacques Jeannerat (R). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le nouveau réseau abandonne, pour les lignes de tram et une bonne partie des lignes de bus, le concept dit «des axes», c'est-à-dire deux lignes desservant un axe pénétrant et se séparant au premier noeud de transbordement majeur. Ce concept, introduit il y a dix ans, a minimisé les transbordements obligatoires, autrement dit il a créé un maximum de trajets directs. Le nouveau réseau impose donc davantage de transbordements. Or les transbordements à Genève ne correspondent pas du tout aux normes reconnues. Idéalement, il devrait y avoir un transbordement de quai à quai ou au minimum sans devoir traverser des axes routiers ouverts au trafic. C'est notamment le cas dans les sites que nous connaissons bien en Suisse à Zurich, Berne et Bâle.

Un deuxième risque est lié au fait d'avoir des lignes de tram à horaires très denses. Sur la ligne 12, on prévoit actuellement un convoi toutes les quatre minutes. Comme la configuration et la gestion des carrefours ne permettent pas, en Suisse en général et à Genève en particulier, d'atteindre l'attente zéro pour les trams devant les feux de circulation et que l'affluence des voyageurs est très importante dans les grands arrêts, cela occasionne des bousculades à ces arrêts. Il y a alors parfois des paquets de deux, voire trois trams qui encombrent le réseau, et donc l'horaire ne peut plus être respecté.

Vu qu'une seule ligne dessert les arrêts et qu'un grand nombre de voyageurs doit transborder, parce que les trajets directs ont fortement été réduits, les usagers ont tendance à monter dans le premier véhicule arrivant, tout en le ralentissant à chaque fois. Ce phénomène est connu. Une étude de l'EPFZ déclare très clairement que l'intervalle idéal pour une ligne de tram est de six minutes entre chaque véhicule; en dessous de ce laps de temps, il y a systématiquement des paquets. A Zurich par exemple - il faut aller vérifier dans l'horaire, ce que j'ai fait - la cadence entre les trams est de sept minutes et demie. Et puis à certaines heures, il y a un dédoublement d'une partie de la ligne sur un parcours bien déterminé - c'est important.

Si les TPG veulent exploiter un réseau de trams stable, à la hauteur des attentes des clients même en cas de grande affluence, il faudra optimiser le réseau, sans revenir à un système que l'on avait avant 2011, et appliquer l'exploitation telle qu'elle existe dans les autres villes de Suisse. Je crois qu'on a voulu faire un schéma de métros, alors que ceux-ci roulent en site propre, avec des interfaces qui leur sont également spécifiques, ce qui n'est pas le cas ici.

Il s'agit aussi de définir un intervalle unique valable sur toutes les lignes du réseau; comme je l'ai dit, idéalement c'est sept minutes et demie, et les études de l'EPFZ sont très claires à ce sujet. Cela se passe relativement bien à Zurich. A Genève, on peut imaginer des doublements de lignes à certaines heures: par exemple la 12 et la 14 pourraient avoir une branche allant de Meyrin sur le Rondeau de Carouge ou une autre de Moillesulaz sur Bernex. C'est techniquement possible, c'est clair.

Enfin, le nombre de transbordements doit être drastiquement baissé à Bel-Air et à Cornavin, les deux noeuds d'échange les plus importants. Ceci fluidifiera les départs à ces arrêts qui sont des «hubs» - pour reprendre un terme du monde aéroportuaire - pendant les périodes de grande affluence. De plus, il faut savoir que la régulation des feux mise en place en décembre n'est pas adaptée au concept des trois lignes, car le passage d'un axe à l'autre s'effectue à un carrefour non régulé par les feux. Il faut simplement fixer des priorités, comme l'ont fait les trois réseaux toujours cités en exemple et qui sont ceux de Berne, Zurich et Bâle.

En résumé: un retour en arrière ? Non, c'est absurde; il y a du bon dans le concept qui a été mis en place, mais il faut l'adapter. Pour le groupe PLR, il est hors de question d'accepter telles quelles les deux motions proposées; elles doivent aller en commission pour être étudiées. Et j'y demanderai une audition de l'EPFZ, qui a réalisé une étude parfaite sur ce dossier. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme la députée Loly Bolay, à qui il reste deux minutes.

Mme Loly Bolay (S). Merci beaucoup, Monsieur le président. Quand on lit l'audit sur la DGM de septembre 2011 - c'est tout récent - on voit qu'on reprochait au service l'absence d'une approche globale de la mobilité. Certes. C'est un fait. A présent on en vient à la colère, à la grogne, au mécontentement des usagers. Après les travaux qu'a vécus Genève, on peut comprendre que les gens en ont eu assez: assez des travaux, assez ensuite du changement. Le 70% du réseau des TPG a été modifié.

Il a été dit que les changements ont été opérés parce que tous les pays européens l'ont fait à la même date. Mais faut-il faire comme tous les pays européens ? Ne faut-il pas prendre en considération le fait que les Genevois avaient déjà vécu un cauchemar avec ces travaux ? Le département et les TPG sont déjà revenus en arrière sur les lignes 3 et 7, c'est une bonne chose. Maintenant certains nous disent qu'il faut revenir en arrière sur tout. Moi je crois, comme l'a indiqué M. Jeannerat, qu'il est effectivement nécessaire d'adapter le réseau et surtout d'écouter les associations d'usagers. J'ai bien l'impression qu'elles ne l'ont pas forcément été. Elles ont été auditionnées, consultées, il y a eu une concertation, mais elles n'ont sans doute pas été assez écoutées.

Alors moi je demande, comme l'a dit mon collègue, que l'on renvoie la motion PDC à la commission des transports pour étudier tout cela, mais aussi pour tenir compte des avis des gens du métier et du terrain, et pas seulement de ceux des technocrates, qui parfois méconnaissent la réalité du terrain. Le groupe socialiste soutient donc la motion PDC.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député Vincent Maitre, à qui il reste une minute et demie.

M. Vincent Maitre (PDC). Merci, Monsieur le président. Puisqu'il ne reste qu'une minute et demie, je serai très bref. Mesdames et Messieurs les députés, le groupe démocrate-chrétien vous a parfaitement compris. Cette motion est abominable et mauvaise. Elle l'est même tellement que vous avez tous décidé à l'unanimité de la renvoyer en commission. Elle est tellement mauvaise que vous avez été au moins deux par groupe à devoir vous exprimer en long, en large et en travers à son sujet. Nous vous en remercions et nous avons bien compris votre position. Et puis elle est tellement mauvaise - rendez-vous compte ! - que nous avons même entendu un libéral défendre les TPG. Vous êtes un visionnaire, Monsieur Zaugg, je vous en félicite.

M. Daniel Zaugg. Merci ! (Rires.)

M. Vincent Maitre. On a également eu droit à des arguments totalement empreints de socialisme, j'allais dire. M. Droin nous avouait que ce n'est pas parce qu'un système ne fonctionne pas que la gratuité se justifie. Alors on commence à bien comprendre que vous avez une notion de prestation/contre-prestation relativement aléatoire. Pour ma part, j'ai plutôt appris que, lorsqu'un service public qui se doit d'exister s'avère efficace, c'est à ce moment-là qu'éventuellement une rétribution se justifie. Il n'y a pas de raison de ponctionner des citoyens pour un service qu'ils n'ont pas au final et qui ne marche pas.

Le président. Il vous faut conclure.

M. Vincent Maitre. Je conclurai tout de suite. Cette motion est en définitive tellement mauvaise que les TPG, la DGM et même le département compétent en Ville de Genève, qui campaient sur leurs positions au début pour nous dire que ce système était le meilleur et qu'il n'y en avait point comme nous, ont quand même au final été d'accord de faire une autocritique et d'admettre qu'il y avait des choses à revoir et un mea culpa à adresser à la population.

Je vous remercie donc encore d'avoir taclé cette motion et dit tout le mal que vous en pensiez en la renvoyant en commission et en étant d'accord de travailler dessus.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Florian Gander, à qui il reste trois minutes trente.

M. Florian Gander (MCG). Merci, Monsieur le président, ce sera largement suffisant. De nouveau, beaucoup de choses ont été dites, notamment que notre motion est populaire, populiste, comme à chaque fois. Je ne vais même pas revenir dessus, puisque nous en avons déjà parlé il y a six mois, alors qu'il n'y avait absolument pas de problème aux TPG, donc pas d'intérêt.

La motion a effectivement été déposée le 10 janvier. Pourquoi à cette date ? Elle a été écrite quasiment deux jours après le déploiement du nouveau réseau, mais le MCG a tenté de donner sa chance à ce dernier. On s'est dit qu'on allait attendre, en sachant que c'était une période de vacances et qu'il y avait l'horaire de fêtes. Après il nous a été dit que le 9 janvier ce serait l'horaire plein, où tout allait repartir comme cela devrait fonctionner maintenant. Et voyant qu'à cette date rien n'a marché et que les gens étaient toujours mécontents, le MCG a décidé de déposer ce texte.

Mais rassurez-vous, chers collègues, cela fait bien longtemps que les TPG ont des problèmes et que nous sommes derrière pour essayer de défendre les conducteurs et les usagers ! Ainsi, par respect pour le travail des députés - en l'occurrence, par rapport au texte que j'ai écrit - puisque les trois points rejoignent ceux du texte PDC et que vous avez accepté de soutenir le renvoi de leur motion à la commission des transports, je vous demande de bien vouloir accepter également que la M 2049, qui porte exactement sur le même sujet et que l'on pourra certainement traiter simultanément en commission, suive le même chemin. Je vous en remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Stéphane Florey, à qui il reste une minute trente.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Que les fervents défenseurs de l'article 24 se rassurent: je ne prendrai pas part au vote. Néanmoins, il faut quand même rectifier un minimum de choses... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...parce que de grosses énormités ont vraiment été dites de part et d'autre. Notamment, vous transmettrez à Mme Rolle: ne venez pas parler de ce que vous ne connaissez pas ! L'aiguillage de Plainpalais et l'autre que vous avez cité servent toujours autant, parce qu'ils sont utilisés comme boucle de remise à l'heure en cas de problème sur le réseau. Ça, il faut quand même le savoir, donc il n'y a aucun investissement perdu; le matériel est correctement utilisé, je vous rassure.

Pour vivre tous les jours au coeur de l'action en tant que conducteur de tram, je peux dire qu'il y a actuellement deux problèmes majeurs dans le nouveau réseau qui entraînent une grogne des usagers. Ce sont premièrement les terminus intermédiaires, parce qu'il n'y a rien de plus désagréable que de monter dans un tram et de devoir descendre à la rue du Stand pour prendre le suivant qui vous amènera plus loin. C'est aussi désagréable pour le conducteur que je suis que pour le client qui rouspète. Oui, il rouspète, c'est vrai. C'est la première chose à rectifier au plus vite, dès que nous aurons suffisamment de trams, parce que je vous rappelle...

Le président. Monsieur le député, il vous faut conclure.

M. Stéphane Florey. ...qu'il y a encore vingt-cinq trams qui vont arriver. La deuxième chose a déjà été dite, mais je le rappelle, ce sont les feux I Phase. Là, on peut clairement incriminer la DGM, parce que cela fait des années que ce problème perdure, qu'on le dit, et ce n'est toujours pas réglé. L'autre jour, j'ai simplement perdu trois minutes avec un feu I Phase qui ne m'a jamais donné la priorité au carrefour des Esserts. Trois minutes !

Le président. Monsieur le député, c'est votre intervention qui perdure, il faudrait donc l'interrompre.

M. Stéphane Florey. J'ai terminé. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Eric Stauffer, à qui il reste deux minutes.

M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, laissez-moi tout d'abord vous dire que si le parti MCG est opportuniste, alors le PDC l'est aussi. Pour la motion 2046 du PDC, sur les dix-sept signataires, sept sont MCG. Je vous renvoie aux signataires, vous verrez que nous l'avons signée avec vous. Donc finalement, nous sommes sur la même voie.

Maintenant, il faut dire que le MCG et les TPG, c'est une longue histoire qui dure depuis six ans. Nous avions demandé notamment la gratuité des transports pour les apprentis et les mineurs, parce qu'on sait bien que cela coûte dans le budget des familles. Nous avons toujours été là pour favoriser la qualité de vie de nos concitoyens, mais force est de constater qu'il y a quelque chose qui ne roule pas aux TPG. J'en veux pour preuve que... Je vais essayer de vous le faire écouter, c'est une petite vidéo. (L'orateur fait entendre un son strident enregistré sur son téléphone portable.) C'est le tram qui passe à la place Bel-Air. Si vous entendez bien... Vous voyez: c'est neuf, ça hurle !

Le président. Monsieur le député, vous avez la parole, mais vous n'avez pas à utiliser des supports autres que votre voix et votre conscience.

M. Eric Stauffer. Non mais ce sont les sifflements du tram quand il passe à la place Bel-Air ! Des voies neuves, des trams neufs et je vous prie de croire - je m'excuse auprès des téléspectateurs dont le téléviseur a un peu grincé - que les passants doivent se boucher les oreilles à la place Bel-Air tellement c'est insupportable !

Alors, Madame la conseillère d'Etat, je sais que vous n'êtes pas en salopette bleue sur le terrain en train de poncer les voies des trams, mais vous avez des gens qui travaillent pour cela; vous avez des ingénieurs qui travaillent pour cela ! Et franchement, une grande majorité de ce parlement se pose la question de savoir ce qui cloche au sein de votre département et pourquoi cela ne fonctionne pas. Nous vous demandons par conséquent très respectueusement, Madame la conseillère d'Etat, de mettre bon ordre et sans délai pour que finalement le réseau des Transports publics genevois serve aux citoyens et non à quelques ingénieurs qui doivent justifier leur salaire. Merci. (Exclamations.)

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, une chose nous rassemble tous visiblement, c'est une attente très importante face au réseau des TPG; nous voulons tous qu'il fonctionne et il est vrai que les graves dysfonctionnements qui ont eu lieu en décembre sont inadmissibles. De nombreux Genevois en ont souffert; qu'ils soient usagers des transports, automobilistes ou piétons, c'était juste insupportable et inacceptable. C'est la raison pour laquelle j'ai été préoccupée et j'ai demandé qu'une réunion, à laquelle j'ai convié les TPG et la DGM, soit organisée le 9 janvier au département pour régler les choses. J'ai exigé qu'un bilan soit établi sur le réseau et que les points noirs soient identifiés. Il y a un listing complet de l'ensemble d'entre eux; cela se poursuit encore, nous regardons ce qui est à accomplir et chaque semaine les choses sont améliorées.

Pour répondre point par point aux invites de vos différentes motions, je vais déjà aborder la première chose. Les mesures que nous avons prises tout de suite, c'est l'accélération d'une mesure attendue depuis plus de six ans, à savoir la voie de bus sur le pont du Mont-Blanc. D'ici un mois - fin février, début mars - ce sera fait. C'est une chose qui va vraiment améliorer grandement les transports publics. Il y a aussi eu le retour du 3 sur son tracé d'origine, et là je crois que c'était à la demande générale. Il ne faut pas brusquer les choses, ni des trajets qui sont pratiquement génétiquement inscrits chez les Genevois depuis plus de cent ans; il ne faut pas changer des habitudes qui réussissent. Ça, ce sont des mesures qui ont été prises. Depuis, nous essayons également d'identifier les points où les choses sont difficiles, et beaucoup de chauffeurs nous signalent de légers dysfonctionnements. C'est aussi comme cela que nous pouvons perfectionner le réseau.

S'agissant des contrôles de police à la rue du Rhône, ma collègue et moi-même avons opéré des contrôles supplémentaires. C'est encore insuffisant, c'est vrai, je le reconnais. Nous devons aussi demander à la Ville de participer, puisque M. Maudet ne veut pas que la police municipale vienne s'il n'y a pas la police cantonale. Eh bien voilà ! Nous sommes confrontés à différentes difficultés de cet ordre, mais je continuerai, je persévérerai. Je vous rappelle qu'il y avait 5000 infractions par jour et qu'il n'y en a plus que 500. Cependant, il faut continuer, parce qu'il est inacceptable que la loi ne soit pas respectée.

J'en viens maintenant aux aménagements qui ont été critiqués. Un groupe de travail a été mis en place avec mon collègue Mark Muller et Rémy Pagani, qui sont chargés de l'aménagement du territoire et des constructions. C'est bien là que cela doit se passer et nous sommes réellement en charge du dossier. Et je pense me montrer assez insistante pour qu'ils fassent quelque chose. Quant au retour à l'ancien réseau, nous en parlerons tout à l'heure.

C'est vrai, des dysfonctionnements ont eu lieu. Durant les trois premières semaines, plus de 290 trams n'ont jamais rejoint Bernex ni Meyrin - 290 ! Cette dernière semaine, il n'y en avait plus que 18 qui faisaient des rebroussements. C'est encore un peu trop, mais je pense qu'il y en aura toujours un par jour qui procédera à un rebroussement en raison d'un incident quelconque; c'est toutefois vraiment le maximum tolérable. La première fois, ce n'était juste pas possible. Il faut que tous les trams poursuivent leur route jusqu'à Bernex, car il est vrai que les terminus intermédiaires sont insupportables et incompréhensibles pour le client. Dès la fin de cette année, nous aurons suffisamment de trams pour le réaliser. Par contre, à l'origine il était prévu que ces véhicules soient affectés à la ligne 12. Nous sommes donc en train de procéder à une étude fine sur les différents parcours et sur les usagers, afin de savoir si c'est plutôt la ligne 12 qu'il faut renforcer ou la 14. Nous aurons le résultat rapidement et la solution sera choisie de façon à correspondre aux besoins des utilisateurs.

S'agissant du geste commercial, certains l'ont déjà évoqué, un mois de service des TPG coûte 15 millions de francs. Nous avons ainsi d'autres priorités pour utiliser cet argent. Je suis persuadée que ce qui est important, pour vous, pour moi et surtout pour les usagers, c'est que les prestations soient là. L'objectif du contrat de prestations n'est pas de distribuer des sous aux usagers, mais de fournir des prestations. Et mon travail consiste à m'assurer qu'elles seront faites et que l'on dispose réellement de celles pour lesquelles nous avons payé. C'est vraiment l'un des objectifs majeurs des prochains mois. Nous aurons bientôt une vitesse commerciale plus importante, je l'ai dit, pour le pont du Mont-Blanc. Il y aura également une brochure - qui aurait déjà dû être distribuée - que j'ai demandée et qui facilitera la vie des usagers en leur montrant les meilleurs endroits pour transborder, parce qu'actuellement l'information sur ce point n'est pas forcément dispensée.

Au cours de la séance que j'ai convoquée le 9 janvier, j'ai demandé que l'on communique chaque semaine. Tous les vendredis sortira un bulletin d'informations comportant toutes les nouveautés et améliorations produites. Dans le même temps, comme nous l'avons fait tout à l'heure, nous avons informé la commission des déplacements et également convoqué la commission des partenaires. Là les usagers, les personnes à mobilité réduite, les personnes avec des difficultés particulières sont associés, et ils l'étaient déjà avant. Nous allons refaire le tour du réseau avec eux. Cela a dès lors également été accompli. De plus, à ma demande, les TPG ont poursuivi le service de steward urbain, c'est-à-dire que des gens se trouvent aux places de transbordement principales pour orienter les usagers, leur permettre de prendre le bon bus ou les renseigner. C'est une bonne chose et cela continuera encore un petit moment.

Sur l'importance que le MCG accorde aux chauffeurs - ce que nous faisons aussi - je pense qu'il faut vraiment remercier le personnel des TPG pour toutes les mesures et tout le travail accompli. Les deux premières semaines ont été un enfer. Certaines personnes ont eu des dépassements d'heures de travail, mais des mesures ont déjà été mises en place, c'est-à-dire qu'elles pouvaient être remplacées à tout moment quand elles n'avaient pas eu le temps de prendre leur pause. Toutefois, cette possibilité a été peu utilisée. J'ai écrit personnellement avant Noël à tous les chauffeurs pour qu'ils soient remerciés de leur travail et de la qualité de leur engagement. J'invite aussi les usagers des transports à faire preuve de patience face aux gens qui accomplissent un métier stressant et difficile. Vous voulez - le MCG - des excuses de la part des TPG. Je crois que le président du conseil d'administration et le directeur général des TPG l'ont fait en reconnaissant publiquement leurs erreurs le 9 janvier. Cela a été fait au cours de cette séance. (Commentaires.)

S'agissant de l'opportunité de revenir en arrière, je ne pense vraiment pas que ce soit la solution et je crois que la plupart des gens ici tombent d'accord sur ce point. Nous avons augmenté de 25% les prestations. Il y a 1000 courses supplémentaires par jour. Et je crois que, si les communes plus «périphériques» - entre guillemets - ne se plaignent pas, c'est qu'elles disposent tout à coup de cadences incroyables. Depuis Vésenaz, point que nous avons renforcé, il y a un bus toutes les quatre minutes et demie. Dans certaines communes, la cadence horaire a passé d'un bus par heure à un bus tous les quarts d'heure. Il y a donc vraiment une augmentation massive des prestations, qui doit encore être mise en valeur. Pour l'instant, on a tellement l'impression qu'il y a une difficulté que les gens n'ont pas tous perçu le plus qui est offert. Pour cela, il est nécessaire de se montrer exigeant et je le serai, avec vous.

Le changement a été opéré pour passer à un système de métropole. Nous sommes dans un système qui a besoin de grandir. Ce pas a été entrepris maintenant, avec ses problèmes de jeunesse et de départ. Mais je crois que, pour les dix prochaines années, nous avons un système fiable, un réseau qui peut grandir et subvenir aux besoins de mobilité de la plupart des habitants de notre canton. Ma seule préoccupation est celle-ci: que les gens disposent d'un réseau fiable, qui est celui que vous avez demandé, celui que nous avons proposé au travers du contrat de prestations et du plan directeur. Et je m'engage à revenir de toute façon en commission avec toutes les propositions nouvelles et à obtenir vraiment un réseau qui fonctionne, parce que nous en avons tous envie et besoin. C'est ce à quoi je m'engage, parce que je crois que nous y parviendrons réellement. Je compte aussi sur votre appui. Merci. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous allons procéder au vote de ces deux motions, pour lesquelles le renvoi à la commission des transports a été demandé.

Une voix. Vote nominal ! (Appuyé.)

Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de motion 2046 à la commission des transports est adopté par 84 oui contre 4 non et 3 abstentions.

Appel nominal

Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de motion 2049 à la commission des transports est rejeté par 55 non contre 32 oui et 1 abstention.

(L'appel nominal n'a pas pu être enregistré.)

Le président. Le renvoi en commission de la M 2049 du MCG ayant été refusé, nous allons à présent voter sur sa prise en considération.

Une voix. Vote nominal ! (Appuyé.)

Le président. Nous passons donc au vote à l'appel nominal. (Un problème se produit lors du lancement du vote.) De façon que le vote nominal puisse être enregistré, nous allons le refaire, car il y a eu un problème. (Un instant s'écoule. Un problème se produit à nouveau au moment du vote. Commentaires.) Le vote est relancé !

Des voix. Ah !

Mise aux voix à l'appel nominal, la proposition de motion 2049 est rejetée par 56 non contre 24 oui et 9 abstentions.

Appel nominal