République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 17 novembre 2011 à 20h30
57e législature - 3e année - 1re session - 2e séance
R 682
Débat
Le président. Nous sommes toujours en catégorie II: trente minutes pour débattre de cet objet. Trois minutes sont imparties à son auteur; il en va de même pour les groupes. La parole est à Mme la députée Christina Meissner.
Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, avec cette résolution socialiste, vous avez soutenu les Vaudois très largement et nous vous en remercions. Il est dès lors important de se soucier aussi des Genevois, chose que le présent texte vous demande. Si aujourd'hui ce sont des entreprises situées dans le canton de Vaud qui font l'actualité et qui délocalisent, demain, c'est des entreprises genevoises dont il sera question, ce qui touchera nos habitants. Que dis-je, «demain» ? En fait déjà aujourd'hui, avec la banque Lloyds qui veut délocaliser et l'OMS qui veut supprimer des postes.
La situation va se péjorer, c'est certain. Aussi, pour une fois, nous vous demandons d'anticiper et de prévoir des solutions qui puissent préserver nos emplois. Elargissons également notre vision, de Genève à l'arc lémanique, dont notre conseiller d'Etat a prôné le dynamisme, l'innovation et la créativité. Pour cela, il faut nous engager à préserver ces atouts qui sont les nôtres aujourd'hui et qui doivent le rester demain.
Le monde va mal et ira de plus en plus mal, c'est un fait. L'Europe est en faillite et elle tergiverse par rapport aux solutions à apporter. Ne suivons pas l'Europe, mais plutôt la Suisse, dans une volonté de rester innovants, responsables, soucieux de nos habitants et de nos emplois. C'est la raison pour laquelle je vous demande de suivre pour une fois l'UDC et de voter notre résolution. Merci.
Une voix. Bravo Christina ! (Applaudissements.)
M. Stéphane Florey (UDC). Pour poursuivre mon intervention de tout à l'heure, nous demandons principalement de nous occuper des problèmes genevois, puisque, ainsi que je l'évoquais plus tôt, plusieurs entreprises comme Firmenich, comme la banque Lloyds, qui a déjà annoncé une délocalisation... Mais il y en a bien d'autres, comme Procter & Gamble, sur le territoire de Lancy, entreprise qui cherche désespérément à s'étendre, mais, visiblement, ce n'est pas possible pour le moment. Ils menacent également de délocaliser dans le canton de Vaud; eh bien, une fois de plus, s'ils y vont, c'est ce dernier qui récupérera principalement les emplois ! Et ils pourraient aussi partir dans le canton de Neuchâtel... Si, à terme, on ne leur offre pas une possibilité d'extension, peut-être iront-ils voir à l'étranger ? (Brouhaha.)
Non, même si nous avons soutenu la résolution socialiste, puisqu'elle part d'un bon sentiment et que nous ne pouvons que déplorer de perdre des emplois à Genève ou en Suisse, il est important - et c'est impératif ! - de nous occuper des entreprises genevoises ! De préserver l'emploi à Genève ! Et c'est finalement ce que nous demandons par notre résolution: c'est de s'occuper de nos problèmes ! De balayer devant notre porte ! Mais si ce texte - de même que celui des socialistes - peut apporter des réponses et des solutions pour l'ensemble, non pas du canton de Vaud, mais pour l'ensemble des cantons suisses, bien évidemment que nous y sommes favorables ! (Brouhaha.) Cependant, dans un premier temps, balayons devant notre porte, occupons-nous des problèmes genevois, préservons les emplois de notre canton. C'est pourquoi nous vous invitons également... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...à soutenir cette résolution et à la renvoyer au Conseil d'Etat.
M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, c'est le deuxième texte présenté ce soir sur une problématique que vous n'avez jamais voulu voir pendant les six ans qui viennent de s'écouler ! Aujourd'hui, vous prenez l'ampleur de votre laxisme concernant l'emploi ! Aujourd'hui, vous prenez l'ampleur de la paupérisation de la population et de la montée drastique du social pour les résidents genevois.
Alors oui, Mesdames et Messieurs, sans amour ni haine, nous soutiendrons également ce texte de l'UDC. Pourquoi ? Parce qu'il est important que tous les groupes représentés ici prennent conscience que la priorité doit être absolument réservée pour l'emploi aux résidents genevois. On dit toujours que l'enfer est pavé de bonnes intentions; il est vrai que c'est un discours un peu nouveau pour nos voisins de l'UDC - celui de réserver l'emploi aux résidents genevois - et cela manque dans ce texte parlementaire.
Aussi, le MCG propose un amendement et demandera le vote nominal, Monsieur le président. Il s'agit d'une nouvelle invite: «à tout entreprendre pour donner la priorité de l'emploi aux résidents genevois.»
Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, vous êtes face à vos contradictions, et la population vous regarde: est-ce que vous voulez protéger les travailleurs genevois ou continuer à ouvrir et à prendre encore et encore plus de frontaliers dans le secteur tertiaire ? Et je corrige tout de suite: lorsque nous n'avons pas les compétences, on va les chercher où elles se trouvent ! Infirmières, ingénieurs, physiciens: aucun problème ! Le MCG est pour ! Mais pour le secteur tertiaire, quand on doit engager un secrétaire, on ne va pas la chercher à Bruxelles ou à Bordeaux ! On va la chercher ici, à Genève, parce que derrière il y a des familles qui ont besoin de vivre ! Voilà le discours que le MCG vous rabâche depuis six ans ! Voilà le discours que vous ne voulez pas entendre ! Eh bien aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, nous sommes dix-sept députés ! Continuez à faire votre politique de l'autruche en privilégiant l'économie, et les hypocrites diront: «Nous sommes contre la délocalisation de Novartis ! Il faut qu'ils restent ici.» Mais vous prônez le contraire à longueur d'année !
Le président. Il vous faut conclure.
M. Eric Stauffer. Je conclus, Monsieur le président, et je demande le vote nominal pour l'amendement et pour le texte. Merci.
Le président. J'en prends note, Monsieur le député. J'observe que dans l'amendement que vous avez déposé sur notre bureau ne figure pas l'épithète «genevois»: j'accepte volontiers de le rajouter.
M. Eric Stauffer (hors micro). Non ! «Les résidents» ! Monsieur le président, nous sommes en Suisse, ce sont les résidents qui doivent avoir la priorité !
Le président. J'ai bien compris votre argumentation, mais dans votre discours vous avez rajouté: aux résidents «genevois». Donc, l'amendement ne portera que sur le terme «résidents». Il sera mis aux voix en fin de débat et le vote nominal sera confirmé par l'assemblée, si elle le souhaite. En attendant, je donne la parole à M. le député François Lefort.
M. François Lefort (Ve). Que dire de cette résolution de l'UDC ? D'abord que les considérants sont justes et partagés. Ce sont d'ailleurs des constats d'actualité plutôt que des considérants. Mais que dire des invites sinon que, malheureusement, elles enfoncent des portes ouvertes. Il faut les lire ! Cette résolution invite «à tout entreprendre pour éviter que des entreprises ne quittent Genève; à renforcer l'attractivité économique du canton; à intervenir auprès du Conseil fédéral, afin d'établir un plan d'urgence, face à une situation économique qui va immanquablement se dégrader dans l'arc lémanique.» Il faut les lire, parce qu'en général les gens qui nous regardent et ceux à qui vous parlez ne lisent pas les textes issus de l'UDC - ou du MCG, d'ailleurs ! Ces invites enfoncent des portes ouvertes, car malheureusement le Conseil d'Etat genevois n'a que peu d'emprise sur les considérants, donc sur l'actualité internationale, l'actualité économique internationale et ses conséquences.
La seule emprise du Conseil d'Etat se trouve sur le territoire de la République et du canton de Genève. Et ce que nous pouvons attendre de lui, c'est qu'il se prépare à la crise européenne et à protéger les plus faibles parmi la population, qui seront les premières victimes de ce que le conseiller d'Etat Unger a appelé tout à l'heure «la guerre économique». Voilà ce que nous pouvons attendre du Conseil d'Etat, et non des invites de la résolution de l'UDC. C'est la seule latitude du Conseil d'Etat. C'est sa seule responsabilité, et nous espérons qu'il y satisfasse.
C'est donc pour les raisons que je viens de vous exposer que le groupe des Verts ne soutiendra pas la résolution et s'abstiendra, contrairement à sa prise de position sur la résolution socialiste. Merci, Mesdames et Messieurs les députés.
M. Ivan Slatkine (L). Je vais être très bref, pour vous dire que le groupe libéral-radical a un peu le sentiment d'être face à une coquille vide quand il lit cette résolution. Cela dit, en entendant certains de mes préopinants, j'aimerais cependant relever que la Suisse, même si, politiquement, elle ne fait pas partie de l'Europe, elle y vit ! Si bien que quand l'Europe va mal, la Suisse également. Alors, vouloir s'isoler et penser qu'on peut y parvenir est une grave erreur. Il faudrait plutôt être solidaires de nos voisins européens, plutôt que de leur vomir dessus.
La deuxième chose que je voulais dire quant au fait de sauver des emplois, c'était qu'il fallait remercier - si on peut le faire - la Banque nationale suisse, car s'il y a un acteur qui agit pour sauver des emplois dans notre pays, qui lutte pour que le franc suisse ne devienne pas trop cher par rapport aux monnaies étrangères, c'est bien elle, et il faut lui donner toute notre confiance. En effet, grâce à elle et à ses décisions stratégiques intelligentes, elle a sauvé énormément d'emplois dans notre pays. Je tenais à le dire.
Dernier point que je crois aussi important: si l'Europe va mal aujourd'hui, c'est parce qu'elle est surendettée. Il faudrait qu'ici, dans ce parlement, nous ayons en tête que si nous continuons à dépenser de l'argent de manière inutile, comme nous le faisons - comme nous allons en parler plus tard dans la soirée - bientôt nous serons dans le même wagon que l'Europe ! Quand nous ne serons plus capables de rembourser notre dette, les agences de notation nous donneront de mauvaises notes, les taux d'intérêts remonteront, et là ce ne sont pas que les emplois qui sauteront, c'est tout l'état social que nous avons construit ensemble. (Applaudissements.)
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, je m'adresserai bien sûr au groupe UDC. En tant que socialiste, j'ai été assez heureuse de vous entendre défendre cette résolution, quand vous dites qu'il faut diversifier, qu'il faut faire attention, car avoir trop de multinationales sur un territoire comme celui de Genève nous fait courir un risque. Il y a quelque temps, le parti socialiste émettait cette crainte en disant qu'il fallait absolument que nous diversifiions notre tissu économique pour ne pas dépendre de structures qui vivent dans la mondialisation uniquement. Et là, nous sommes rejoints par un autre groupe, dans cette direction, c'est-à-dire dans l'idée de faire attention à l'implantation exagérée des multinationales dans le tissu économique cantonal.
Bien sûr, la crise du franc fort est une réalité pour beaucoup de domaines, voire de segments économiques, mais elle est aussi - et on vient de le voir dans la résolution précédente - un certain prétexte pour passer à une vitesse supérieure des augmentations de profits attendus exagérément du travail des sociétés. Ces profits vont effectivement bénéficier à quelques personnes, que ce soit aux directeurs, aux actionnaires et au monde financier.
Le risque, avec les énormes firmes, est la spéculation financière, plutôt que d'avoir, comme l'a relevé précédemment un autre député, la responsabilité sociale des entreprises implantées sur un territoire. Et je crois que c'est notre devoir, en tant que socialistes mais aussi en tant que députés et en tant qu'Etat, de penser à instaurer des règles ou des limites à l'expansion d'une économie sans bornes face à l'être humain. En ce sens, que ce soient des autochtones, des étrangers, des frontaliers ou des Européens, ce sont avant tout des hommes et des femmes qui doivent vivre, qui ont une famille et qui ont à s'intégrer dans un monde qui, comme on le voit, est un monde qui se rétrécit. Il est vrai que nous sommes à Genève et que l'entreprise, comme l'Etat, doit penser aux habitants du canton, mais nous ne pouvons pas exclure... Je crois que vous trompez de cible quand vous pointez vers des personnes...
Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée.
Mme Lydia Schneider Hausser. ...et des groupes d'individus. (Commentaires.) Nous avons plutôt affaire à des systèmes économiques dans lesquels il faudra, à travers l'économie, apporter quelques règles qui défendent tout simplement l'homme, le citoyen et le travailleur ! Merci.
Le président. Monsieur Patrick Lussi, vous avez la parole pour une minute.
M. Patrick Lussi (UDC). Merci, Monsieur le président. Je vais essayer de faire vite. Je voulais d'abord répondre à un de mes préopinants qui nous reprochait de ne pas parler du Genevois. Non ! C'est un projet concernant l'arc lémanique; c'est un problème suisse; c'est un problème d'emploi; c'est un problème de mondialisation libérale; c'est un problème de conserver l'emploi chez nous. Et je rejoindrai ma collègue socialiste sur ce point: quand nous déposons cette résolution, ce n'est pas pour savoir qui va occuper le poste, mais cela concerne ce lieu qui se trouve ici et les personnes autorisées à y travailler.
Deuxièmement, pour mon préopinant Vert - dont je sais la grande contenance et la grande intelligence, mais sa rhétorique partisane n'a pas lieu d'être ce soir... (Brouhaha.) Vous faites de nos invites une description visant à nous diminuer, voire à nous ridiculiser ! «A tout entreprendre pour éviter que les entreprises quittent Genève»: oui, il s'agit d'engager des actions syndicales, d'un dialogue de participation à opérer.
Le président. Il vous faut conclure.
M. Patrick Lussi. «A renforcer l'activité économique de Genève», c'est l'un des points que l'on évoque, parce que, jusqu'ici, on nous disait qu'il fallait offrir plein d'avantages pour que les entreprises restent chez nous; malheureusement, nous avons quitté l'ère de la rentabilité, pour entrer dans celle de la profitabilité ! Or, le profit implique actuellement de délocaliser... En effet, le profit, avec des salaires indécents à l'étranger, c'est mieux qu'une bonne qualité de production chez nous... Pour finir: «Intervenir auprès du Conseil fédéral»...
Le président. Ah, Monsieur le député, vous abusez !
M. Patrick Lussi. Je termine par ceci, Monsieur le président. Notre but est de voir s'il ne faut pas changer les règles. Car, malgré ce qu'a déclaré notre collègue libéral, depuis 1291, la Suisse a fait en étant hors de l'Europe et je suis persuadé que cela va continuer ! Je vous invite donc à voter cette résolution.
Le président. La parole est à M. le député Alain Meylan, pour une minute trente.
M. Alain Meylan (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais vous dire - dans le délai imparti - quelques mots par rapport à l'amendement proposé par le MCG, à savoir la priorité au marché des résidents. Bon, les résidents, on ne sait pas trop qui c'est, mais bref... La priorité est complètement contraire aux accords bilatéraux... (Remarque.) ...qui ont quand même permis, il faut s'en souvenir - et qui permet encore - le développement économique de notre pays, de notre canton et de notre arc lémanique. Le taux de chômage est à moins de 3% en Suisse et autour de 5% à Genève. On a créé des emplois à Genève plus qu'ailleurs dans le pays. Nous nous trouvons dans un développement économique incontestable. Certes, nous allons peut-être au-devant d'une situation un peu plus délicate, mais on vit dans ce système-là - grâce à ce système-là - et c'est bien celui qui a été voulu par le peuple - système dans lequel on fonctionne, et plutôt bien. Alors, revoir les accords bilatéraux - car mettre cette priorité revient à cela - veut dire faire de même avec les accords sur les transports, sur la formation professionnelle et sur les échanges internationaux, soit tout ce qui fait notre accroche, de vivre dans l'Europe, une Europe qui a certes des turbulences, mais qui nous a amené - et continue - de la richesse; eh bien, tout cela serait remis en question, et ce serait parfaitement inadmissible. On ne peut donc pas répondre à cet amendement de manière positive !
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. François Lefort, pour une minute.
M. François Lefort (Ve). Il faut dire un mot de l'amendement du MCG, et il faut le lire. Il invite tout simplement «à tout entreprendre pour donner la priorité de l'emploi aux résidents.» Nous parlons aussi aux gens qui vous écoutent à la télévision, Monsieur Stauffer ! Cet amendement, nous ne le soutiendrons pas... (Remarque de M. Eric Stauffer.) Parce que j'imagine que cela a dû faire plaisir aux Suisses de l'étranger - les 60 000 Suisses de l'étranger - qui habitent dans les deux départements voisins... (L'orateur est interpellé par M. Eric Stauffer. Le président agite la cloche.) ...qui ne sont pas des résidents, et qui ne méritent donc pas la priorité de l'emploi que vous voulez réserver à ces derniers.
Nous ne soutiendrons pas cet amendement. (Remarque de M. Eric Stauffer.) Car la communauté dont nous parlons, Monsieur Stauffer, c'est celle des gens qui travaillent à Genève ! Quand il est question de communauté, il s'agit des étrangers et des Suisses qui travaillent à Genève et qui font la prospérité de cette république. Mesdames et Messieurs, nous vous appelons, bien sûr...
Le président. Il vous faut conclure.
M. François Lefort. ...à ne pas soutenir cet amendement qui est une offense à tous ces gens-là. Merci. (Applaudissements.)
M. Philippe Morel (PDC). Effectivement, nous sommes dans une spirale infernale qui a commencé en 2007, spirale avec des hoquets, des hauts et des bas, et que l'on voit et matérialise mieux par les valeurs boursières, même si elles sont futiles. Mais tout de même, depuis cette année-là, la situation s'aggrave: les licenciements augmentent, ainsi que la dette, évidemment, et le franc - comble du malheur ! - prend une valeur défavorable à notre pays.
Puis, si l'on parle de la bourse, il faut savoir que nos banques ne sont plus du tout en position, puisque l'UBS a perdu 80% de sa valeur, le Crédit Suisse, 70%, et qu'effectivement nous sommes dans une situation gravissime. L'Europe l'est, la Suisse en fait partie. L'ensemble est dérégulé.
Alors oui, il faut donner la priorité aux résidents, mais il faut aussi leur permettre de vivre à Genève, d'y avoir des logements et de se déplacer. C'est un problème que l'on doit aborder. Au PDC, la question nous paraît suffisamment importante, sérieuse, grave... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et surtout assez prolongée dans le temps pour que cette résolution mérite toute notre attention. Or, comme l'a dit un de mes préopinants, c'est un peu une coquille vide; alors remplissons-la et renvoyons-la en commission, pour que des réflexions, des chiffres et des analyses soient approfondis, et que l'on revienne avec un projet concret, qui ne soit plus, à ce moment-là, une coquille vide, mais une véritable proposition de résolution concernant ce problème. Je vous remercie.
Le président. Monsieur le député Stauffer, conformément à la demande que vous avez effectuée, je vous donne trente secondes.
M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Je voulais simplement démentir une contre-vérité qui a été dite par notre collègue, M. Lefort, qui a mis en exergue les Suisses de l'étranger. Quand nous parlons des «résidents», il est évidemment question des Suisses et des étrangers résidant dans notre pays, qui doivent avoir la priorité de l'emploi ! Je ne laisserai pas mettre les gens les uns contre les autres ! D'abord, on favorise nos résidents et, ensuite, s'il y a encore de la place, on invite les gens de l'Europe. Point ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
M. Jacques Jeannerat (R). Chers collègues, en effet, si les constats et les considérants de cette résolution sont justes et exacts, il faut reconnaître que les trois invites sont plutôt à classer dans les intentions générales. Or, on est effectivement à mi-chemin entre une coquille vide et une lapalissade.
Je pense que l'on aurait pu avoir quelque chose d'un peu plus musclé, je vais donner deux ou trois exemples. Il aurait pu être demandé au Conseil d'Etat d'accélérer la densification en zone industrielle pour répondre au problème de Procter & Gamble. On aurait aussi pu inviter les syndicats à devenir actifs, et non simplement réactifs comme ils le font dans le cas de Novartis. Devenir actifs, c'est être de véritables partenaires responsables: en se mettant autour d'une table, avec les partenaires sociaux, notamment afin d'avoir des nocturnes et des dimanches d'ouverts pour le commerce genevois - le commerce s'ouvre en période de crise. Eh bien non, à Genève, nous n'aurons, de nouveau, pas de dimanches ouverts à l'approche de Noël, parce que les syndicats ne sont pas responsables ! On aurait aussi pu demander à des communes, dont certaines sont riches, de s'abstenir de ponctionner la taxe professionnelle pour les années 2011et 2012, afin d'aider les entreprises en difficulté... Rien de cela dans cette résolution: que des intentions générales. On ne peut pas s'opposer à vos intentions générales !
Des voix. Ah !
M. Jacques Jeannerat. Donc, nous allons quand même soutenir cette résolution. Mais ces intentions sont tellement générales que je n'arrive pas à comprendre pourquoi les Verts et les socialistes ne vont pas voter «oui», comme ils l'ont fait avec la résolution précédente.
Je vous invite ainsi à relire ce texte, ce sont des intentions générales, s'il vous plaît, votez-le.
Le président. Monsieur François Lefort et Monsieur Thierry Cerutti, votre groupe respectif a épuisé son temps de parole. Madame Christina Meissner, votre temps de parole a été épuisé par votre collègue, M. Lussi. Je donne la parole à M. le vice-président du Conseil d'Etat, Pierre-François Unger.
M. Pierre-François Unger, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, pareille résolution peut être reçue par le gouvernement, sans difficulté. J'espère qu'il en accomplit un peu plus, d'ailleurs, que ce qui figure dans les invites. Nous travaillons quand même à plein temps, a priori; nous ne sommes pas complètement miliciens.
«A tout entreprendre pour éviter que des entreprises quittent Genève», c'est sans doute à la fois leur faciliter de rester et couper les voies aériennes, routières et ferroviaires qui leur permettraient de s'en aller. Ce n'est pas exactement comme cela que l'on envisage les choses. Nous imaginons que d'avoir des liens avec le reste du monde est plus facile dans un canton exportateur où l'on gagne 2 F à l'extérieur pour 1 F à l'intérieur. Cela devrait aussi régler le problème de ceux qui prônent des protectionnismes un peu forts et qui se disent que l'on devrait retourner dans une espèce de pays à l'abri de tout ce qui pourrait nous arriver de l'extérieur, sans se rendre compte que l'on serait incapables de vivre de notre intérieur.
En effet, dans les secteurs comme l'horlogerie genevoise de luxe ou la chimie des parfums et des arômes, s'il fallait écouler les produits à Genève, cela déboucherait sur quelque chose comme douze emplois dans le premier secteur et huit dans le deuxième. On est complètement «hors-sol» avec des propositions d'une pareille platitude. Néanmoins, ce qui est plat n'est pas rempli d'aspérités, et, à cet égard, nous pouvons recevoir cette résolution si vous le souhaitez.
J'aimerais tout de même vous dire que, pendant ce temps, nous avons créé plusieurs clusters qui sont tous industriels. Vous semblez l'ignorer, mais nous avons fondé une structure qui s'appelle BioAlps, connue dans le monde entier, qui s'occupe de toutes les sciences du vivant à travers leurs capacités productives dans l'industrie. Nous avons conçu un cluster des technologies de l'information et de la communication, qui siège à Genève et qui est un fleuron de nos industries lémaniques. Nous en avons imaginé un autre appelé Micronarc, qui s'occupe des micro et nanotechnologies - lesquelles sont des technologies de grand avenir dans lesquelles l'innovation est immense - et qui siège dans le canton de Neuchâtel pour l'ensemble de la Suisse romande. Puis, comme vous le savez, nous aimerions créer, sans doute avec la bienveillance du parlement, un cluster concernant les cleantechs, et notamment un incubateur pour celles-ci, qui est essentiel, afin d'entrer dans un domaine écologiquement incontournable et économiquement indispensable.
Alors nous pourrions parler de tout cela, mais pour ce faire il est vrai qu'il faut des terrains industriels, il faut pouvoir les densifier et les occuper de manière plus rapide que ce n'est le cas maintenant. Il faut pouvoir loger les gens qui travaillent, ainsi que, naturellement, ceux qui - hélas ! - ne travaillent pas.
A cette occasion, je me permettrai de corriger une chose que l'on a pu lire dans les journaux il y a une année, qui aurait fait dire à M. Hiler et à M. Longchamp que l'on avait une préférence nationale dans l'emploi. Non ! Nous avons une préférence pour que, lorsqu'on veut remplir un poste, on se renseigne auprès de l'office cantonal de l'emploi pour savoir s'il y a une personne capable de l'occuper. C'est une chose aussi simple que ça ! Ce n'est ni une préférence nationale, ni cantonale, mais c'en est une pour donner des emplois à ceux qui n'en ont pas. Et c'est à cette occasion que nous nous sommes offusqués du comportement de plusieurs agences de recrutement qui, par simplification, réalisent - d'ailleurs à des tarifs défiant toute concurrence vers le haut - des recrutements complètement «hors-sol», alors qu'il aurait suffi d'un coup de fil pour pouvoir engager quelqu'un à l'office cantonal de l'emploi.
Je tenais donc à clarifier que ce n'est pas une préférence nationale. Nous sommes dans un pays qui bénéficie des bilatérales et de la libre circulation, ce qui ne doit pas nous empêcher d'avoir tout de même la considération la plus grande pour les personnes à la recherche d'un poste, chez nous, avec un office cantonal de l'emploi qui se modernise, qui est plus performant jour après jour et auquel nous devrions penser.
Ainsi, Mesdames et Messieurs, envoyez-nous cette résolution - ou ne le faites pas. En réalité cela ne changera rien, puisqu'une résolution est un acte parlementaire qui ne demande pas de réponse, mais une action. Nous ferons notre possible pour répondre à ces non-actions. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Madame Schneider Hausser, votre groupe a épuisé son temps de parole.
Nous sommes en procédure de vote sur la demande de renvoi de la proposition de résolution à la commission de l'économie. (Remarque.) Monsieur Stauffer, vous avez demandé la parole ?
M. Eric Stauffer (MCG). J'ai demandé le vote nominal pour tous les sujets. Le renvoi en commission a été proposé ensuite, et cela inclut aussi cette proposition.
Le président. Donc vous demandez également le vote nominal pour le renvoi en commission.
M. Eric Stauffer. Pour tous les votes sur le sujet. Absolument.
Le président. D'accord. Nous passons au vote sur le renvoi de cet objet à la commission de l'économie.
Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de résolution 682 à la commission de l'économie est rejeté par 75 non contre 8 oui et 1 abstention.
Le président. Nous passons au vote de l'amendement proposé par M. Stauffer.
M. Eric Stauffer (hors micro). J'ai un deuxième amendement !
Le président. Si vous le permettez, nous allons commencer par nous prononcer sur votre premier amendement. Vous voudrez bien nous faire parvenir le deuxième, afin que nous puissions le distribuer aux chefs de groupe.
Le premier amendement consiste à ajouter l'invite suivante: «à tout entreprendre pour donner la priorité de l'emploi aux résidents.»
Mis aux voix à l'appel nominal, cet amendement est rejeté par 51 non contre 24 oui et 7 abstentions.
Le président. Je soumets au vote le deuxième amendement de M. Eric Stauffer. Il consiste à ajouter l'invite suivante: «à tout entreprendre pour donner la priorité de l'emploi aux résidents qui sont au chômage». (Commentaires. Exclamations.)
M. Eric Stauffer (hors micro). Je vous promets que, cela, ce sera sur les affiches du MCG ! Je vous le promets !
Le président. Je vous en prie, Monsieur le député, pas de menaces s'il vous plaît !
M. Eric Stauffer (hors micro). C'est un fait !
Le président. C'est une menace !
Mis aux voix à l'appel nominal, cet amendement est rejeté par 32 non contre 31 oui et 16 abstentions.
Le président. Je vais à présent mettre au vote la proposition de résolution 682.
Mise aux voix à l'appel nominal, la résolution 682 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 57 oui contre 3 non et 24 abstentions.